• Bal de Noël • Introduction & Couronnement

Invité

Et Minuit sonne. Si d'habitude, les princesses s'enfuient et voient leur robe redevenir haillons, à Keimoo, ce soir la magie demeure.
Les filles sont belles, les garçons sont charmants, certains dansent, d'autres goûtent au buffet.

Minuit, c'est l'heure pour lui d'entrer en scène.
Minuit, c'est l'heure du Couronnement.

La musique s'arrête, les lumières se rejoignent et illuminent la scène.

- Mesdemoiselles, Messieurs ... Je suis honoré de vous voir réunis ce soir, parés de vos plus beaux atours pour le Bal de Noël de Keimoo. J'ai vu des costumes stupéfiants de beauté, simples dans leur élégance, brillants d'originalité. Remercions le Comité des Elèves pour leur engagement et l'école pour avoir permis à de telles festivités d'avoir lieu !

S'il y a des critiques, il les ignore.

- Duchesses et Marquis, Comtesses et Barons, il est l'heure. Vous avez illuminés la nuit de vos lueurs, mais vous avez choisi celle et celui qui, à vos yeux, brillaient le plus.

Il sort une petite enveloppe de sa poche, l'ouvre délicatement et lit l'inscription. Un petit sourire fait sa place au creux de ses lèvres.

- Il possède l'élégance et la tenue d'un parfait gentleman, et son sourire en fait craquer plus d'une. Véritable Prince de cette académie, il était presque prédestiné à devenir votre Roi : Lawrence E. Swanster !

Son regard se pose sur le ci-nommé, prolongé par son bras.

- Si sa Majesté veut bien se donner la peine ...

En attendant, il lui reste un nom à introduire.

- Voilà bien longtemps que sa magnifique chevelure n'a pas ravi nos pupilles, mais elle a consenti à nous honorer de sa présence ici ce soir, et pour cela, elle mérite amplement son titre de Reine : Cammy Logan.

Lawrence, puis Cammy vous posterez en premier à la suite de ce message. Puis aux autres participants de poursuivre ♥ Cette fois, vous n'êtes pas limités en nombre de posts cependant, respectez l'ordre de passage de chacun.

Ceux qui figurent sur le Wall of Shame ne peuvent pas participer.

THE BEHEADED KING.

Peu importe où il se trouve, peu importe à qui il parle, qui sont les gens qui l’entourent et qui vivent ce moment avec lui, lorsque minuit sonne et que le couronnement se voit annoncé à la salle, Lawrence Evelynn se fige de manière presque solennelle. Il lance un regard à Saki Ôsen, sa cavalière, un regard qui se voit indéniablement touché de mélancolie. Il la fixe, un bref instant, et semble lui dire, sans toutefois user de mots, qu’il n’a pas la moindre envie de monter rejoindre l’annonceur. Puis, aussi vite qu’il est apparu, l’inconfort filtre hors de son visage et se voit remplacer par un sourire. Un sourire qui se veut poli, qui se veut fier, qui se veut être tout ce que la foule à envie d’observer.

Je ne suis pas plus un roi qu’un prince. Et pourtant, Prince Swanster porte une dernière fois son sourire sur Saki, avant de rejoindre le présentateur. Tout au long, il lorgne la foule du regard, attrape l’étirement de lèvres malsains, goguenard, qui brouille le visage d’un Kohaku qui se tient plus loin, attrape les tenues étoffées de beauté qui animent la soirée et fini par le déposer sur Cammy Logan au même moment qu’on la proclame Reine.

Si l’idée de la voir être nommée à ses côté l’enchante, dissipe un tantinet la nausée qu’il cache aisément derrière la prestance de sa posture et l’affabilité de son sourire, il ne peut s’empêcher de réceptionner toute la situation comme une lourde ironie. Ses yeux bleus cherchent ceux de la rouquine, tente de déceler le ressenti de la jeune femme. Là où il a pu constater que sa soirée se déroulait sans anicroches et qu’il est lui-même celui qui l’a rendu éligible au titre de reine, le populaire se demande vaguement si elle appréciera avoir à s’exhiber aux yeux curieux des figures du bal. Il doute.

Il doute, mais son sourire est tellement pratiqué que rien ne vient le percer. Seuls Saki et Kohaku peuvent deviner ce qui se trame derrière la coquille stellaire qu’il affiche intarissablement. La première, simplement parce qu’il lui a donné l’occasion de s’en douter de par leurs précédents échanges et le second parce qu’il est celui qui s’amuse à ficher ses doigts dans des plaies métaphoriques pour les élargir.

Lawrence entrouvre les lèvres, remercie le représentant ayant fait part des résultats du vote à la foule, il remercie ensuite la foule et se détourne du corps pour s’approcher de Cammy avec la ferme intention de l’aider, si besoin, à se rendre au cœur de la foule.

Il espère secrètement qu’elle refusera et qu’elle lui donnera, ainsi, l’opportunité de lui proposer une fuite. Une fuite du bal qu’il avait pourtant entendu si impatiemment. Lawrence ne saurait trop dire pourquoi la scène lui semble soudainement amère. C’est peut-être la question de Saki, peut-être la couronne fleurie d’Hell. Ou peut-être simplement qu’il n’arrive pas à occuper son esprit, ce soir, valdinguant entre responsabilité et plaisir. Il y a trop de paraître et pas assez d’être et Lawrence, depuis un moment, à de plus en plus de mal à s’y perdre.

Il rencontre la forme de Cammy et lui tend le bras, sans laisser son sourire vaciller, sans montrer d’hésitation.

« Vous m’accompagner, ma Reine ? Je crois qu’il est d’office de présenter une danse au public. »

Mais je préférerais franchement imiter les vieux contes en fuyant sur les douze coups de minuits.

« Et puis, je veux danser avec toi depuis le début de la soirée. »

Mais nous pourrions danser à l’extérieur, ailleurs.

Il hoche la tête en signe de salutations à l’endroit de Yun-Jin avant de recroiser le joug du visage de Cammy.

( Suite du post entamé ici. )

Tandis que l'annonceur faisait son petit discours, les pieds de Cammy avaient regagné la terre ferme. La danse que venait de lui offrir Yun-Jin n'avait aucune égale si ce nétait une étreinte chaleureuse. Tandis que les regards étaient tous tournés vers la scène, celui de Cammy était rivé sur le sol, à l'endroit même où sa coiffe s'était vue déchiquetée en moins de temps qu'il n'en fallait pour le décrire. Un petit rire étouffé s'était volontairement échappé de la responsable de ce vandalisme, la même dont la robe avait fini par tourner au pourpre après une douche au jus de raisin.

Sans surprise, le nom de Lawrence fut prononcé. Cammy éprouva une forme de déception mais finit par hausser les épaules. Elle s'en fichait pas mal en vérité, mais aurait tout de même préféré entendre le nom de son cavalier officiel. Yun-Jin avait été d'une compagnie exemplaire. Ce titre lui revenait bien plus qu'à Lawrence. Ceci dit, le roi proclamé jouait parfaitement la comédie, comme tout politicien qui se respecte. Il souriait, se tenait droit, captait l'attention de tous.
L'assistance dont elle-même faisait partie il y avait quelques heures, devait voir Lawrence E. Swanster comme un beau jeune homme, populaire évidemment puisque c'était ce qu'il était, affable et de compagnie agréable. Depuis ce soir, Cammy le voyait sous un angle différent. Elle devait se rendre à l'évidence: ce qu'elle savait de lui n'était que ce qu'il voulait bien lui montrer, comme à tout le monde. Aux yeux de Lawrence, elle ne devait pas être plus intéressante qu'un autre badaud de l'assemblée. Au moment où ce flot de pensées fusaient en elle, Cammy scrutait chaque visage, chaque sourire, chaque éclat de la populace. Le blond avait beaucoup d'admiratrices, de groupies même. La rouquine aperçut même des larmes de joies sur le visage de l'une d'elles. Plus que de l'admiration: de l'adulation.

Vint alors le dégoût. Non pas du jeune homme, mais d'elle-même. En fin de compte, elle ne valait pas mieux que ces hystériques criant alors le nom de l'Anglais. Portant la main à son front, elle pria Yun-Jin de rejoindre leur table. Elle n'avait que faire de ce couronnement ridicule, il fallait qu'elle se préparât à prendre congé, et rentrer chez elle. A moins que Yun-Jin lui fisse une meilleure proposition comme faire une petite balade en cette nuit de Noël.
Tandis, qu'elle récupérait sa petite canne et revetissait son boa de plumes argentée - après avoir envoyé un message à ses parents leur informant ainsi du bon déroulement de la soirée qui touchait à sa fin - elle s'immobilisa: son nom venait d'être prononcé. Il y eu comme un silence assourdissant. Quelques chuchotements se faufilèrent, des injures ? L'incompréhension marquait clairement ses traits. Paniquée devant tous ces visages rivés vers elle, notamment celui de Lawrence aux lèvres indéfiniment arquées, elle tourna le sien vers son cavalier et murmura à son intention en accrochant fermement sa veste, à la limite de la crise de nerfs:

- Yun-Jin, qu'est-ce qu'il se passe !?

Avant même d'obtenir une réponse, une voix douce et familière s'éleva dans l'air, juste derrière l'ex-étudiante. Un frisson la parcourut toute entière ; elle écarquilla les yeux avant de, lentement, se retourner.

"Vous m’accompagner, ma Reine ? Je crois qu’il est d’office de présenter une danse au public."

Reine.

Tout s'expliquait alors. Elle avait été élue Reine du Bal. Elle dévisagea Lawrence au beau sourire habituel, au beau costume, à la belle allure, belle prestance. C'était forcément lui qui l'avait inscrite sur la liste des candidates au titre. Qui d'autre ? Il l'avait invitée, était venue la chercher. Il avait du forcément découvrir que Yun-Jin avait été son cavalier en 2010. Il savait tout, avait tout organisé. Ca ne lui paisait pas du tout. Cammy alla même jusqu'à penser qu'il avait truqué les votes pour qu'elle soit élue Reine. A cette simple pensée, son sang entra en ébullition et seule la colère habitait désormais les traits de l'Australienne.

"Et puis, je veux danser avec toi depuis le début de la soirée."

Cammy ferma les yeux, maitrisant ainsi l'envie qu'elle avait de le gifler devant tous ses admirateurs. Cependant, elle n'avait pas envie de ruiner l'ambiance, ne serait-ce que par égard envers le Comité qui avait mis du coeur à l'ouvrage dans l'organisation de l'évènement. De plus, elle se devait de reconnaitre que s'en prendre au plus populaire de l'Académie n'était pas la meilleure idée de l'année. Enfin, elle ne voulait pas faire honte à Yun-Jin. Les lèvres pincées, elle baissa la tête. Elle se sentait humiliée, blessée dans son amour propre, embarassée à l'idée de devoir jouer les hypocrites.

- G..gladly, Y..our Grace.

Tandis que des applaudissements et sifflements s'élevaient autour d'eux, Cammy se saisit délicatement du bras de Lawrence mais prit le soin cette fois de garder sa canne. Tout en accompagnant son nouveau cavalier vers l'endroit où il l'emmènerait, la demoiselle tourna une dernière fois son visage vers Yun-Jin, regrettant de ne pas avoir la possibilité de finir la soirée à ses côtés. Le regret qu'elle éprouvait alors n'avait rien à voir avec le précédent. Son couvre-chef piétiné n'était que peu de chose comparé à la compagnie perdue du chevalier obscur. Cammy avait l'impression de s'être un peu rapprochée de ces princesses ou autres dames issues de noblesse, qu'elle avait si savemment étudiées. Celles qui furent promises, pour des raisons essentiellement diplomatiques, à des hommes qu'elles ne connaissaient pas, n'aimaient pas et qui pouvaient avoir l'âge de leur père ou de leur grand père. Elles se devaient toutefois d'accomplir leur devoir. Cammy se perdait un peu trop dans ce rôle, elle le savait, et pourtant ça lui semblait naturel. Le contact visuel d'avec Yun-Jin rompu, l'Australienne planta ses iris sur un point fixe qui ne fut ni une personne, ni un objet du décor mobile: ce fut donc la toile du chapiteau quelque mètres plus loin, un peu en hauteur. De cette manière, elle se tenait droite, la tête haute quand bien même elle désirait se cacher dans un trou de souris pour ne plus avoir à exhiber cette chevelure, symbole principal de son identité, d'un brin désordonnée.

Elle n'avait plus prononcé le moindre mot.

Si sa façade ne s’égraine pas, son cœur, lui, plonge dans les abysses d’une déception onéreuse. Une inspiration, rien qu’une, pour solidifier sa contenance, trop belle, trop parfaite, trop prévisible. Lawrence semble briller, mais se sent flétrir sous l’intensité de la rage qui bouillonne dans les tréfonds des prunelles de Cammy. Une reine tout aussi erronée que le roi qui trône au-dessus d’une foule ingénue. Le peuple ne sait pas choisir ses politiciens, visiblement, il se fait berner par les belles histoires, par les belles façades. Par les beaux cons et les jolies dames. Qu’il s’agisse d’un bal festif dans un cadre scolaire ne change rien à la donne.

Lawrence ressent l’envie de vomir, haut de cœur discret, soubresaut interne. Invisible. Parce que c’est plus facile de voir la prestance et la brillance là où ne persiste qu’une coquille sanguinolente qui lutte pour ne point être vide.
Cammy tient sa canne et Lawrence ne peut qu’en tenir compte.

Définitivement, rien d’autre que de l’amertume n’émane des titres lancés et Lawrence songe à disperser sa couronne fleurie aux quatre vents, à la déposer sur la tête du premier venu avant de prendre ses jambes à son cou. Oh, tu sais, dirait-il à Andrea, le président, pour se justifier le lendemain, j’ai eu un malaise et je suis parti avant de répandre le contenu de mon estomac partout sur le sol, tu vois ? L’élu du hasard se verrait certainement plus à même à profiter du titre que le présent roi, de toute manière.

Parce que c’est une saleté de titre en toc.

Roi.

Le roi des faux-semblants, le roi de rien du tout.

Le vil sentiment qui le ronge depuis le début de la soirée, un brouillard à l’arrière de son crâne, ne se voit qu’intensifié maintenant qu’il a vu la colère noircir les traits de l’australienne, la même qu’il a si assidument tâché de convaincre à s’intégrer à la soirée. Il y a cette sensation d’échec cuisant qui lui broie le diaphragme alors qu’il guide Cammy, sans la lâcher du regard, vers le centre de la salle, pour l’esquisse d’une danse. Il ne voit que ce dédain et n’entend que cette canne qui tinte contre le sol.

Lentement, sa destination se profile et il glisse l’une de ses paumes sur l’une des hanches de Cammy, sans vraiment réfléchir au fait qu’il ne connait à peine les danses appropriées au thème de la soirée, ou plutôt, qu’il n’a pas particulièrement envie de se souvenirs du charleston et des ses compagnes mouvementées.

Doucement.

Il entrouve les lèvres, laisse son sourire vaciller une seconde, avant de le remettre en place. Parce que les excuses de Lawrence sont souvent voilées de mensonges et que, lorsqu’il veut montrer qu’elles comptent, il préfère garder un visage neutre. Après tout, personne ne s’excuse avec le sourire. Les gens sont trop fiers pour le faire.

Bien trop fiers.

« I’m sorry. »

Il la fixe et sourit. Quelques mèches blondes viennent valdinguer sur son front et barbouille son visages de stries claires et volages.

« Were you enjoying yourself with Mister Yun-Jin ? »

Il détourne le regard, lance une expression convenable aux gens qui les regardent, aux autres qui lui sifflent qu’il ne devraient pas danser un slow, que ce n’est pas le soirée appropriée pour ce genre de danse. Il fait mine de rire et de secouer la tête, bon enfant.
Mais ses paroles dissonent et la foule n’a pas besoin de les entendre, n’est-ce pas ?

« It sure seemed like you did. »

Une certaine rancune transparaît dans ses mots et Lawrence la sait pertinemment déplacée, mal lunée dans le décors des paillettes, n’est-il pas le roi ? La royauté est aigre, égoïste. Il se refuse toujours, maintenant qu’il a réussi à détacher ses prunelles de son visage, à regarder Cammy. Il promène son regard sur la foule et esquisse lentement, pour be pas brusquer davantage sa cavalière, les mouvements appropriés.

Puis viens la cacophonie. Passagère, revigorante, toujours suintante d’une exactitude qui perfore Lawrence du désir de rire avec la même hystérie que son ami.

« WOUHOU. BEHEAD THE KING, BEHEAD THE KING. OFF WITH HIS LITTLE HEAD. IT’S ALL FUCKING PLASTIC ANYWAY ! »

La voix de Kohaku s’élève au-dessus de la cacophonie admirative des élèves qui toisent le duo royal avec une fascination presque malsaine tant elle est pointue. Bien entendu, certains couples se détachent de la masse et ondulent entre eux, des fantômes heureux que Lawrence jalouse éhontément, mais aucun ne scande avec la même voix que celle qu’utilise Kohaku et la majorité se complait à s’ébahir devant les festivités. La créature blanche, fièrement travestie pour l’occasion, gueule dans une langue sélecte qui ne sera pas comprise par tout les étudiants, crache son anglais à l’intention de Lawrence et des quelques têtes qui comprendront, dans une idée de jeu plus que de provocation.

Et Lawrence ne peut s’empêcher de sourire à s’en fendre les joues.

Joshua fait tourner sa partenaire, avant de s’en éloigner, se dirigeant, funambule sur ses hauts talons jusque dans le sillage de son partenaire au corps de calcaire, Zakuro Fea. Il ne regardera pas le sourire de Swanster, mais le devinera, habile dans ses machinations, et agrippera les avant-bras de son rônin, trop aguicheur pour être naturel, trop arrogant pour qu’on daigne s’interposer.
Et il sortira, entrainant le colosse à sa suite.

Et Lawrence continuera de sourire trop largement.¸

« Il a une drôle d’aise avec les mots, ne crois-tu pas ? »

Traductions:

En contraste avec le brouhaha en l'honneur du Roi, le silence était étrange. Sans doute reflétait-il l'étonnement de tout le monde. Celui de Yun-Jin aussi. Pas qu'il pensait que Cammy ne méritait pas ce titre – après tout, il avait voté pour elle – mais parce qu'il ne pensait pas qu'elle avait autant de notoriété, elle qui avait disparu de Keimoo depuis si longtemps … Comme tout le monde, Cammy était surprise, mais seulement elle en était anxieuse. Il pouvait voir sur son visage que cette mise en lumière soudaine n'était pas de son goût. Elle s'accrocha à lui, comme elle avait fait avant et son regard tourmenté lui fendit le cœur.

- Yun-Jin, qu'est-ce qu'il se passe !?

Elle n'avait pas compris, ou alors trop bien compris, ce qui était en train de se passer. Mais il n'eut pas le temps de la protéger et de l'emmener loin de ce tumulte que Swan s'imposait à eux.

"Vous m’accompagner, ma Reine ? Je crois qu’il est d’office de présenter une danse au public. Et puis, je veux danser avec toi depuis le début de la soirée."

Yun-Jin se figea. Il lui tendait son bras. Allait-il vraiment l'obliger danser devant tout le monde dans sa condition ? Il perçu le signe de tête mais ne répondit pas.

- G..gladly, Y..our Grace.

Quoi ? Il ne put s'empêcher de la regarder, dérouté.

- Cammy …

Mais elle ne l'écoutait pas. Sous la clameur de la foule – saluante ? huante ?- Cammy s'avança au bras d'un autre et s'éloignait de lui pour aller danser. Elle lui lança un dernier regard, il crut y lire de la peine, mais il ne savait plus très bien. Il retourna dans l'ombre s'y fondant aussi doucement qu'il en était sorti.
Il laissa échapper un soupir. Et maintenant ...? Maintenant, elle était Reine et dansait avec son Roi. Il ne savait que penser. Etait-elle heureuse de la situation ? Que ressentait-elle pour ce blond ? Probablement des sentiments compliqués, comme ça l'est toujours au début. Il se remit à penser à Shiki et cela l'énerva profondément. D'une, parce qu'il se rendit compte que ça ne lui avait pas effleuré l'esprit tout le temps qu'avait duré sa danse – et il aurait bien voulu que ça continue – ; de deux parce que présentement, il aurait préféré quelque chose de plus réconfortant et non de déprimant.

Cammy dansait, Swan dansait, Shiki ne dansait pas, Yun-Jin ne dansait pas. D'un coup d'œil, il vit aussi que Saki non plus ne dansait pas. Ce fut son seul et maigre réconfort qui bien sûr ne fut pas suffisant. Alors il se dirigea vers le bar et se fit servir un peu d'alcool, rien de plus méchant que du champagne pour attendre patiemment de voir si Cammy lui accorderait assez d'attention pour qu'ils échangent leurs numéros.

Et ainsi la soirée touchait à son terme. Pour Shiki, ça avait été un véritable désastre : il avait réussi à se faire un «ennemi » - exagérons gaiement - de plus à cause de sa mauvaise humeur et de son insociabilité du moment. Si on devait demain lui imposer de rétablir son caractère comme jadis, sans quoi on massacrerait toute sa famille, il y avait fort à parier que la tâche serait particulièrement rude tant l’ex-populaire avait changé. S’il fallait résumer en peu de mots, ça c’était donc présenté ainsi : on lui pique sa cavalière, une populaire critique cette dernière, il l’arrose de jus de raisin, il se retrouve ensuite avec un mec pour cavalière – le comité se foutrait-il se sa gueule ? – il passe ses nerfs sur ce dernier, s’efforce de ne pas abuser de vermouth-cola, se ronge les sangs en voyant une Saki très séduisante avec le mec le plus populaire de l’Académie, passe sa soirée à épier leur moindre faits et gestes en dépit de la bonne ambiance que tente de lui imposer Ichibei. Au final, Il aura passé sa soirée attablé au buffet. Même Cammy avait l’air d’avoir passé de meilleurs moments, malgré son handicap. Chaque fois qu’il avait regardé en direction de la rouquine, il avait aperçu une forme massive à ses côtés, qui était allé jusqu’à la porter. Cependant, à chaque fois qu’il avait voulu discerner les traits du visage de l’individu aux cheveux courts, il y avait toujours quelqu’un pour détourner son attention. Son binôme en premier lieu, ou un autre couple sur la piste. Il avait fini par laisser tomber.

Le couronnement eut enfin lieu. Et comme il l’espérait, Lawrence E. Swanster fut proclamé Roi de pacotille. Il allait enfin pouvoir récupérer sa cavalière, et quitter les lieux. 25 décembre. Il sortit de sa poche son téléphone et envoya un texto à Lun : « Happy Birthday ». Pas besoin d’en rajouter plus.
Le silence se fit dans la salle pour une raison particulièrement étrange : Cammy venait aussi d’être proclamée Reine. Le « rebelle » n’était apparemment pas le premier surpris. Qui aurait cru qu’une ancienne Intello subissant les railleries de ses consœurs pouvait avoir autant de succès ? A coup sûr, les votes masculins devaient y être pour quelque chose tant les doux traits de la demoiselle ainsi que le mystère entourant les malheurs de cette dernière étaient projetés sur le devant de la scène. Pour la première fois depuis qu’il avait été séparé de Saki , Shiki étira un petit sourire. Cammy faisait une belle Reine, à l’instar de celles de l’époque. Droite, presque fière, elle avançait au bras de Swanster sans accorder le moindre regard pour l’assemblée générale. La musique repris alors. Shiki chercha alors son amie, après avoir pris poliment congé de son binôme. Mais avant de la trouver, son regard heurta la-forme-pas-si-massive-que-ça, de l’individu qui avait été le cavalier de Logan, se frayer un chemin jusqu’au buffet. Un petit quelque-chose, dans son allure, lui semblait familier. Petit regard alentour, toujours pas de Saki. Il tapota ses doigts sur sa cuisse, du pied également, en signe de réflexion. Ça ne durerait que quelques instants. Juste quelques mots. Pour remercier cet homme qui avait eu la courtoisie de porter son amie, affligée par les conséquences du séisme sur sa personne. Shiki s’approcha donc du buffet et vit la main tendue de l’homme vers une coupe, n’ayant toujours pas eu l’occasion d’apercevoir son visage. Ce qui ne devrait plus tarder. Etirant un sourire naturel, il lança le même avertissement qu’à Rokkaku, avec amabilité cette fois. Il voulait finir la soirée sur une bonne note avant de partir.

- Vous ne devriez pas prendre cette coupe si vous ne savez pas réellement ce qu’elle contient.

Tout autour d’eux, des couples commençaient à se former sur la piste et bientôt, l’attention de tous y serait rivée.
Pour Shiki en revanche, ce fut comme un tremblement de terre plus féroce encore que l’été précédent lorsqu’il découvrit enfin l’identité de cet homme qui l’avait intrigué une bonne partie de la soirée. C’était comme si les rôles avait été inversés par rapport à février 2010 et pourtant, une fois de plus, c’était vers lui qu’il revenait.

Il ne put dire qu’un seul mot, dans un souffle. Ce n’était même plus de l’étonnement, mais de la stupéfaction. Le sourire était retombé, et ses olives furent incapables de se détacher désormais des orbes sombres de celui qui avait été, et reste encore, la cause de sa déchéance, de sa chute. De sa damnation. Dans le plus noir secret, il était le seul homme qu’il n’ait jamais…

- S..sempai…

Aimé.

Suite ici.

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