Le cauchemar de Noël. [For Kuntiti again]

Bientôt Noël... Perspective qui ne manquait pas de rendre Saya encore plus maussade qu'elle ne l'était ces derniers jours, puisqu'au Japon, Noël était la fête des amoureux. Elle aurait préféré le fêter à l'occidentale, avec un sapin, des cadeaux, un bon repas, comme elle l'avait fait en Angleterre. Malheureusement, ce ne serait pas le cas. Elle allait passer le réveillon toute seule, à moins bien sûr que ses rares amis célibataires ne consente à l'accompagner dans son cafard. Remarque, rien de tel qu'une fête entre amis; A voir.

Ce jour-là, il neigeait. Saya avait voulu aller en ville pour profiter de ce beau manteau blanc, et peut-être acheter quelques vêtements, mais elle le regrettait à présent. Dans la rue, les couples se succédaient, l'air joyeux, contents de faire des achats ensemble, ou tout simplement de se promener. Ca ne rendait la jeune fille que plus déprimée. Elle entra dans un magasin pour échapper à cette vue. Le premier qu'elle vit. Pas de chance, c'était pire à l'intérieur... Elle ressortit. Cette fois, c'était décidé, elle allait rentrer. Elle fonça droit devant elle, regardant le sol pour éviter de voir tous ces couples qui s'acheminaient à ses côtés. Elle avait les mains dans les poches et le nez enfoui dans son écharpe, car il ne faisait pas chaud. Elle décida de prendre un raccourci pour aller plus vite. Un raccourci peu fréquenté, ce qui n'était pas plus mal.

Elle aurait dû regarder devant elle plutôt que ses pieds. Elle aurait dû rester dans les rues fréquentées. Certes, on était en pleine journée, mais Saya se trouvait pas loin des quartiers dits "chauds". Seulement, la jeune fille n'était pas du genre prudente. Elle était trop sûre d'elle pour imaginer avoir des ennuis. Elle n'en avait d'ailleurs jamais eu, même quand elle était allée en Angleterre avec une fille qu'elle connaissait à peine. Elle n'avait pas peur, par conséquent. Quand elle entra en collision avec quelqu'un, elle était loin de se douter de ce qui allait se passer. Surprise, elle leva la tête. Un type plutôt grand se tenait devant elle. Il n'était pas seul. Ils étaient deux à la regarder, avec un sourire qui sur leur visage désagréable ressemblait plutôt à un rictus.

- Alors ma jolie, on se promène toute seule ?

Elle leur adressa un regard agacé.

- Je me promène pas, je suis pressée. Salut.

Elle voulut continuer son chemin, mais l'un des hommes lui agrippa le bras.

- Tu vas pas nous quitter comme ça ! T'as l'air gelé, ça te dit d'aller prendre un verre ?

Elle soupira.

- Non, merci. Je suis pressée j'vous dis.

Encore une fois, elle tenta d'esquiver. Mais les deux bonshommes ne lâchèrent pas prise.

- On te laisse pas le choix en fait.

Cette fois, Saya commença vraiment à s'énerver.

- Mais moi non plus ! Foutez-moi la paix !

Elle se débattit, mais l'homme qui la tenait la maintenait fermement.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, maigrichonne comme tu es ?

Saya était peut-être maigrichonne, mais elle était têtue et coriace. Elle donna un coup de pied dans le mollet de l'homme qui lâcha prise sous la douleur, puis entreprit de s'enfuir, malheureusement le compère de l'autre veillait et l'enserra. Elle se débattit à nouveau, et commença à avoir vraiment peur. Elle ne les avait pas pris au sérieux au départ, mais cette fois, elle était en très mauvaise posture. Et celui qu'elle avait frappé n'avait pas l'air d'apprécier du tout. Elle s'en voulait de ne pas être plus forte ou plus agile. Si elle avait été sportive, elle leur aurait peut-être échappé. Ils n'avaient pas l'air bien costaud en plus... Elle regarda avec angoisse l'homme s'approcher d'elle avec colère.

- Connasse ! Tu croyais franchement pouvoir t'échapper aussi facilement ? Tu vas voir ce qu'on fait aux petites garces dans ton genre.

Ne pas pleurer, surtout ne pas pleurer. Ne pas montrer sa peur ni sa faiblesse. Elle se débattit à nouveaux, tentant de griffer et de mordre celui qui la tenait, mais elle n'y arriva pas, ne réussissant qu'à le faire éclater de rire. Son bourreau quant à lui esquissa un sourire narquois.

- Tiens-la bien, on va regarder ce que ça cache, tout ça...

Pour toute réponse, Saya hurla. Même si la rue était déserte, quelqu'un allait bien l'entendre et lui venir en aide non ?

- Tu perds ton temps, les gens sont trop occupés avec Noël pour perdre du temps à venir t'aider. Ils ont pas que ça à faire.

Horreur. Cette fois, elle était perdue. L'homme s'approcha d'elle et arracha le tee-shirt qu'elle portait, laissant voir son soutien gorge. La jeune fille continua à se débattre, la peur donne des ailes comme on dit. Elle donna de nouveaux coups de pied qui ne changèrent pas grand chose. Elle les insulta. Ne pas pleurer. C'était la dernière des choses à faire. Elle voulait montrer qu'elle était forte. Elle aurait voulu le montrer...

[HJ : Aaah j'adore comme notre RP fait cliché, c'est magnifique xDDD On dirait une vieille série... ou un manga x) A part ça, Saya n'est pas européenne mais bien japonaise, elle a juste vécu un an en Angleterre]

Alors que la pauvre Saya se croyait à la merci des deux sales types, une tornade venue de nulle part surgit soudain. Un garçon qui fit rapidement battre en retraite les deux agresseurs grâce à quelques techniques de Kung Fu. Les deux hommes tentèrent au début de se défendre, pensant sans doute qu'ils auraient le dessus sur un gamin. Mais le jeune homme était agile dans ses mouvements, et vue la raclée qu'ils prenaient, les deux hommes eurent tôt fait d'abandonner le combat, se sauvant en courant.

Pendant l'affrontement qui sembla avoir duré une fraction de seconde, la jeune fille ne reconnut pas la tornade aux cheveux blancs. A terre, car traumatisée, elle ne réalisait pas vraiment ce qu'il se passait. Ce ne fut que lorsqu'elle vit les deux bourreaux partir qu'elle comprit enfin et fondit en larmes, larmes qu'elle avait eu peine à retenir jusqu'à présent. Mais des larmes de soulagement. Son sauveur, qu'elle avait oublié l'espace d'un instant, s'agenouilla près d'elle et lui passa la main dans mes cheveux.

- ça vas ?

Elle ne l'avait toujours pas reconnu avec ses yeux brouillés de larmes. Elle était encore sous le choc, et tout ce qu'elle voulait, c'était pleurer. Elle n'avait plus vraiment la notion des réalités [ça se dit ça ?]. Elle saisit le morceau de tissu que lui tendait le jeune homme et s'essuya les yeux et le nez avec, ce qui ne changeait pas grand chose puisqu'elle continuait de pleurer. Elle se releva grâce à l'aide de son sauveur.

- On va où alors ?

Elle n'en savait rien, elle ne savait même plus où elle était. Elle regarda le garçon. Cette voix, ce sourire... Elle les connaissait, bien sûr. C'étaient ceux de son prince charmant. Celui dont elle était amoureuse... Tout ça se confirmait à présent qu'il l'avait sauvée. Elle sourit, aussi, heureuse. Ses larmes continuèrent de couler, mais c'était cette fois des larmes de bonheur. Tout était bien qui finissait bien, ils allaient rentrer au château, se marier et avoir plein d'enfants... Le prince posa sa main sur la joue de la princesse, qui ferma les yeux. Car il allait l'embrasser, tout simplement. Un baiser qu'elle attendait depuis si longtemps...

- Saya Kuroizumi! C'est toi !

L'intéressée rouvrit brusquement les yeux. Elle n'était pas une princesse, elle n'était pas dans un conte de fées, et surtout, comble de l'horreur, son prince charmant était... Kun-Ti Bai ?! Elle s'essuya à nouveau les yeux pour en être bien certaine, et son sourire s'effaça immédiatement. Voilà pourquoi elle avait reconnu cette voix, voilà pourquoi elle craquait autant pour ce sourire... Et là, elle réalisa que c'était pire que tout. Elle le détestait, et elle avait à présent une dette envers lui. Une immense dette de surcroît. Et lui, il était là, fier de lui, comme toujours. Avec son sourire hypocrite, comme toujours. Et voilà qu'il lui donnait un jus de fruits. Et voilà qu'à nouveau, elle se retrouvait comme un animal abandonné qu'on venait de sauver. Quelle horreur. Et dire que l'espace d'une seconde elle avait souhaité qu'il l'embrasse...

A présent qu'elle avait bien les yeux en face des trous, elle se rappela d'un détail important, et baissa les yeux vers sa poitrine, pour s'apercevoir qu'elle était en soutien-gorge. Immédiatement, elle plaqua ses bras sur ses seins, puis remonta la fermeture éclair de sa veste. Heureusement qu'on était en hiver, car elle se serait retrouvée sans aucun recours si elle n'avait porté qu'un tee-shirt. Quelle honte tout de même... Elle aurait dû refuser la brique de jus de fruits, mais elle lui faisait trop envie. Elle l'arracha littéralement de la main du jeune homme et l'ouvrit fébrilement pour en boire un peu, puis la lui rendit.

- Merci. Merci pour tout, en fait.

Son ton était agacé, son regard embarrassé. Elle ne lui avait pas dit en le regardant dans les yeux. Ca lui arrachait la figure de lui dire ça. Mais elle n'avait d'autre choix que de reconnaître que son apparition avait été une bénédiction. Même si elle eût préféré que ce fût quelqu'un d'autre.

- Tu veux qu'on retourne à l'académie ?

Elle avait du mal à supporter la main du garçon sur son épaule. Non pas qu'il fût repoussant, au contraire, mais pour les raisons précédemment citées. La honte, et la haine. Qui se confrontaient toutefois à la reconnaissance.

- Ouais. Faut que je me change, et que je me repose, surtout. En plus, j'ai froid.

Elle se dégagea rapidement et se mit en route sans attendre.

- Surtout, épargne-moi ton cinéma habituel. J't'ai déjà dit que j'étais pas un chaton abandonné. De toutes façons, j'aurais très bien pu m'en sortir toute seule.

A la définition de "mauvaise foi" dans le dictionnaire, une photo de Saya aurait été parfaite pour l'illustration. Elle ne se rendait même pas compte des inepties qu'elle sortait tant elle était aveuglée par son ressentiment. Mais, tandis qu'il marchait, elle repensa à son calvaire, et réalisa à quel point elle était injuste. Elle s'arrêta brusquement, comme s'il avait fallu qu'elle ne bougeât pas pour annoncer ce qu'elle avait à dire. Son regard s'adoucit alors et, même si elle ne pouvait toujours pas regarder Kun-Ti dans les yeux, elle parla avec plus de sincérité.

- Non, je dis n'importe quoi. Sans toi, je m'en serais pas sortie. Ca me fait mal de le dire, crois-moi, mais j'ai une dette envers toi, j'en ai conscience.

Elle leva alors les yeux vers lui, à la fois pleine de reconnaissance et d'antipathie. Le mélange des deux donnait un air de défi à la jeune fille. Un regard qui disait "tu vois, je n'ai plus honte, j'assume mes paroles". Mais ses lèvres tremblantes trahissaient son malaise.

Arg, encore son sourire à cent mille watts. Elle posa sa main devant ses yeux tant ça l'éblouissait. Ou peut-être parce qu'elle ne voulait pas être séduite... Elle ne devait pas se faire avoir par ses simagrées. Il s'approchait d'elle. Elle baissa la main, pour se la voir prise par celle du jeune homme. Il serra Saya contre lui, et cette dernière en eut le souffle coupé. Qu'est-ce que c'était que ça ? Elle avait le coeur qui battait à tout rompre. Elle déglutit avec difficulté tandis qu'il approchait les lèvres de son oreille.

- Merci. Fait attention aux voitures, Saya.

Aux voitures ? Pourquoi aux voitures ? Elle ne voyait ni n'entendait de voiture, tout ce qu'elle sentait c'était le corps bien chaud de Kun-Ti contre le sien. Et quand il brisa son étreinte, elle ressentit une immense déception. Elle aurait aimé que ça dure des heures. Mais il avait gardé la main de la jeune fille dans la sienne.

- Tu viens avec moi à la koibito no kai ?

Elle leva les yeux vers lui, abasourdie, la bouche à demi-ouverte. Est-ce qu'elle avait bien entendu ? Il l'invitait à la fête de Noël ? La fête des amoureux ? Pourquoi donc ? C'était à elle de lui offrir quelque chose pour ce qu'il avait fait, pas l'inverse... Elle était complètement déstabilisée, ne sachant que répondre. Enormément de filles auraient tué pour être à sa place. Elle chercha ses mots, tandis que le jeune homme se retournait.

- Attends moi là s'il te plais.

Il lâcha sa main et lui désigna un banc. Sans comprendre, elle obéit. Que voulait-il faire. Elle s'inquiéta tout de même, elle ne voulait pas qu'il la laisse seule. Elle réalisa alors qu'elle se trouvait dans une grande rue marchande, avec plein de monde, ça la rassura. Kun-Ti se dirigea vers un magasin de vêtements. Elle grimaça. Etait-ce bien le moment d'aller s'acheter des fringues ? Et voilà, le Kun-Ti de ses rêves venait d'être remplacé par le Bai prétentieux qu'elle connaissait. Comment avait-elle pu imaginer qu'il fût si romantique ? De toutes façons, elle n'en avait rien à faire. Elle ne supportait pas l'hypocrisie de ce type. Il la menait en bateau, c'était évident. Elle devait dire non. Mais d'un autre côté...

Elle leva devant elle la main qu'avait serré le jeune homme quelques seconde plus tôt. Elle sentait encore sa chaleur... Après tout, peut-être qu'elle devait dire oui... Elle avait une dette envers lui, non ? Elle était obligée de dire oui finalement. Elle soupira. Dans quel pétrin s'était-elle encore fourrée ? Elle n'eut pas le temps de réfléchir plus, Kun-Ti revenait, des paquets à la main. Elle grimaça de plus belle. Il avait vraiment acheté des vêtements...

- Tiens.

Ebahie, elle le regarda sortir des vêtements féminins et lui tendre. Un tee-shirt qui ressemblait à celui qui avait été déchiré... Une veste en cuir... Ca avait dû coûter cher. Et surtout, une magnifique robe verte. Pour la fête de Noël ? Elle était estomaquée. Essayait-il de l'acheter ? Comment connaissait-il sa taille d'ailleurs ? Oh, il avait dû en voir passer des filles comme elle, c'était sans doute pour ça. Elle ne savait pas trop si elle devait le remercier ou lui jeter tout ça à la figure.

- T'aurais pas dû.

Non, ce n'était pas une formule de politesse. Elle le pensait vraiment. Elle tâta tout de même le tissu de la robe avec émerveillement, et ne put s'empêcher d'ajouter :

- Elle est magnifique.

Mais c'était un cadeau du garçon qu'elle détestait. Ca la titillait. A nouveau, elle avait une forte envie de lui dire ses quatre vérité. Mais tout de même, il l'avait sauvée, et il avait dépensé de l'argent pour ces vêtements, en ayant la délicatesse de remplacer le tee-shirt qu'elle avait perdu. Elle ne tenait pas particulièrement à ce tee-shirt, mais elle aurait pu, et ça restait un geste touchant. Finalement, elle trouva un compromis.

- Merci. C'est d'accord, je veux bien t'accompagner à la fête mais... c'est pas parce que tu m'as achetée avec ces fringues. C'est uniquement parce que j'ai une dette envers toi.

En gros, elle voulait dire "ne crois pas que tu m'auras aussi facilement". Même si un bout de chemin avait été fait. Il était quelque peu remonté dans son estime. Pour le moment. Elle restait sur ses gardes, malgré tout. Elle ne devait surtout pas se laisser séduire. Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire. Elle avait quand failli craquer deux fois durant ces derniers minutes. Bon, d'accord, la première fois, elle était sous le choc. Mais quand même... Elle se leva, et sourit au jeune homme. Tiens, c'était sans doute la première fois qu'il voyait un vrai sourire de la part de Saya... Elle n'avait pas été très généreuse avec lui jusqu'à présent.

- On y va ? J'ai hâte de rentrer pour me réchauffer.

Sans gêne, elle prit le bras du garçon pour marcher. Plutôt satisfaite d'elle-même, elle avait décidé qu'elle pouvait s'offrir le plaisir de marcher en compagnie d'un beau garçon, comme s'ils avaient formé un couple. Elle était plutôt contente, non pas de marcher en sa compagnie - enfin, si, un petit peu -, mais d'avoir échappé au pire, d'avoir eu des vêtements neufs et surtout d'aller à la fête de Noël. La seule ombre au tableau, serait la réaction d'Etsuko en apprenant ça. Elle allait se moquer d'elle, c'était certain. Mais Saya lui expliquerait bien que c'était sa dette envers le jeune homme, qu'elle n'avait pas eu le choix. Ainsi, elle passerait la fête en charmante compagnie, rendant par la même occasion de nombreuses filles jalouse, et elle n'aurait rien d'autre à faire. C'était parfait. Elle en avait le sourire en marchant, sans réaliser que Kun-Ti risquait d'imaginer autre chose.