#Métro ~ Chinoiserie part III

Tout est trouble. Tout est flou. Tout grésille autour de la tête de Kintaro. Des images de lumière dansent devant ses yeux. Son cerveau ne parvient pas à comprendre ce qu'il lui arrive. Les informations sont trop confuses. Quelque part, une douleur sourde lui vrille les quelques neurones qui s'ébranlent pour se remettre en activité. Du nerf, mon garçon, tu peux le faire ! Voilà une étrange pensée. Faire quoi ? La lumière semble revenir, peu à peu. Mais elle reste très sombre. Des cris, trop entremêlés pour être correctement compris, retentissent de toute part. Kintaro a soudainement une grande inspiration, probablement un mouvement de panique,e t tente de se redresser, sans grand succès. Il sait qu'il a mal, mais pas encore bien où. Autour de lui, la rame se dessine de plus en plus nettement.

Et soudain, tout lui revient.

Le métro. Il était monté dedans, pour repartir à l'Académie. Il se disait qu'assister le directeur était à la fois un honneur, mais aussi un devoir, en tant que concierge. Il avait donc voulu prendre de l'avance pour être efficace. Pour plaire à ce cher homme qui l'avait accepté malgré son passé. Le calme avant la tempête, cette rame de métro. Sans prévenir, sans crier gare, alors qu'il ne restait plus que trois personnes à la station, tout avait soudainement commencé à trembler. Kintaro n'avait pas hurlé. Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu. Ses machoîres crispées étaient son moyen d'évacuer le stress, quand d'autres agitent les bras, s'enfuient en courant, hurlent, ou relâchent leur sphincter. Les yeux écarquillés par l'incroyable scène, il s'était senti soudainement transporté, comme flottant en l'air, une fraction d'instant avant l'impact. Un impact qui avait envoyé valdinguer le concierge, qui n'avait aps eu la force de s'accrocher à une barre. Le mur avait eu un effet néfaste sur la rame de métro, et l'occupant majeur (majeur en âge, entendons-nous ! Jamais il ne viendrait à l'idée du brave concierge de se sentir majeur en terme de narration !) avait pris un sacré coup, lui coupant le souffle.

Et le pire advint. Les secousses se firent de plus en plus grandes. Kintaro n'avait pas pu réagir. Il n'avait pas eu le temps de penser à protéger les autres personnes, mais s'il avait eu sa tête, il aurait sûrement cherché à le faire. Malheureusement, le premier impact lui avait un peu embrouillé l'esprit. Tout son univers réduit bascula sur le côté, alors que la rame de métro s'affaisait de même.

Kintaro tenta un deuxième mouvement pour se relever. Il n'y parvint pas, mais remarqua que le "sol" était glissant au toucher, et brisé en plusieurs endroits. Coupant, à ces endroits, justement. Il renonça à se relever, puis deux pensées lui vinrent à l'esprit.

"Est..... est-ce que..... vous... vous êtes... vous allez bien ?"

Kintaro toussa. La poussière et les décombres ne manquaient pas. IL n'arrivait pas encore à analyser ses propres blessures. Et il valait mieux pour l'instant qu'il ne le sache pas, sans quoi sa réaction serait terrible et inutile. Après s'être inquiété des deux autres passagers, Kintaro pâlit. Où étaient les clés de l'Académie, celles qu'il avait en permanence sur lui ?

Le monde tournait. Il y avait du verre, du sang, de la lumière et puis surtout ce bruit. Ce bruit insupportable. Un mélange de hurlement d'effroi étouffé par les parois et de crissement métallique abominable. Ça bougeait dans tous les sens. L'idée que ça soit moi, et non le reste du monde qui soit en mouvement ne m’effleura pas l'esprit. Je voyais des couleurs qui défilaient, probablement des objets trop rapides pour que je puisse les identifier. Et puis aussi, une espèce de poteau métallique qui me heurta de plein fouet dans le bas du dos. J'avais fermé les yeux au moment de l'impact. Ensuite, mon corps a dû valdinguer encore un peu dans ce monde terrifiant avant que tout ne s'arrête brusquement.

Silence de mort.

J'ouvris les yeux. La douleur était partout. Des frissons remontaient le long de ma colonne vertébrale, me clouant dos au sol sans me permettre le moindre mouvement.
Des bribes de souvenirs commencèrent à retrouver leur place dans ma tête. Ce qui m'empêchait de bouger actuellement était probablement temporaire. De tels frissons j'en avais déjà ressenti. Une fois. Lorsque j'étais tombée d'un toboggan dans un parc quelconque où m'avait emmené ma mère. J'avais atterri sur le dos et j'avais alors pu observer ma mère hurler et tous mes petits camarades courir dans tous les sens sans pouvoir articuler le moindre mot. La pire des tortures à mes yeux. Ma tête refusait de fonctionner correctement. Les souvenirs n'étaient pas assez rapides, trop futiles, trop lointains. Ce que je voulais c'était savoir comment j'en étais arrivée là.

Un flash. Un rire connu. Des yeux semblables aux miens. Un sourire. Un métro.

Voilà. C'était ça. Simplement ça. J'étais montée dans le métro en compagnie de mon frère jumeau, je le suivais jusqu'au musée de la ville quand il était arrivé... Quelque chose. Et nous en étions là. Moi, incapable de bouger, incapable de hurler, le corps en feu. Et Akio... Où était Akio ?

J'ai alors entamé une lutte mentale avec mon corps. Et je l'ai remporté. S'était-il passé des minutes, des heures ? Je n'en savais rien. Mais j'avais réussi. J'avais bougé. Le bout des doigts certes, mais c'était un début.

Aussitôt les douleurs s'étaient précisées. Ma jambe droite me brûlait atrocement. Un œil dessus me permit de constater qu'un gros éclat de verre s'y était fiché. Répugnant. Vraiment. Je l'arrachai sans réfléchir et me détournai du spectacle, sentant le sang chaud couler à flots le long de la blessure. C'était sûrement profond.
Ma jambe mise à part, je n'étais pas en si mauvais état. Mon flanc droit me lançait désagréablement mais pouvait se bouger sans trop de mal, ça ne devait pas être cassé. Et mon poignet du même côté refusait tout appui. Probablement foulé ou quelque chose comme ça.
C'était là les plus gros de mes problèmes, physique s'entendait. Le reste n'était que quelques marques et coupures bénignes.
Plus important encore. Je pouvais désormais bouger presque librement. À quatre patte, traînant ma jambe réticente derrière moi, je cherchai mon frère.

"- A...Akio... ?"

Mes lèvres tremblaient, le son était faible, mais dans le silence ambiant j’espérais qu'il l'avait entendu. J'entendis quelques morceaux de verre se déplacer sur le sol et puis le bruit caractéristique d'un souffle, une respiration, une vie.

"- Akio ?"

Mais ce ne fut pas Akio qui me répondit. Je ne connaissais pas cette voix. C'était une voix rauque, une voix d'homme un peu déboussolée et incertaine.

"- Est..... est-ce que..... vous... vous êtes... vous allez bien ?"

Ce n'était pas Akio. Mais quelqu'un était là. C'était déjà un début. Les battements de mon cœur se calmèrent un peu. Je cherchai des yeux la source de cette voix.
Je le trouvai contre une des parois du métro. Blessé également. Mais trop loin pour que je puisse deviner où. La poussière dansant devant mes yeux, les larmes qui avaient coulé sans que je ne m'en rende compte, tout cela brouillait ma vue. Je répondis.

« - Ça va. Je crois. Je suis vivante...et vous ? »

Je bougeai encore un peu. M’avançai dans sa direction. Quelque chose de doux caressa mes doigts, se démarquant du sol rugueux. Une mèche blonde. Mon cœur manqua un battement.

« Akio ? Akio tu m'entends? Ça va ? »

Ma voix s'était subitement débloqué. C'était un cri de panique et de joie mêlée. Mon frère était là. Et vivant. Enfin, ça en avait l'air. N'osant pas le secouer, j'attendis, anxieuse.

J'étais allongé sur le ventre, ma tête était posée sur l'une des fenêtre du métro, qui était brisée et qui était à présent le sol. J'étais conscient mais j'étais encore plongé dans le noir. Je venais de me souvenir de ce qu'il venait de se produire. Nous étions dans le métro avec Jun et puis soudainement un tremblement de terre avait fait dérailler le métro et projeté, ma sœur et moi sur les fenêtres.
Même si j'étais étourdi par le choc, j'entendais et sentais tout. Je ressentais une douleur dans mon bras, tellement forte que les autres blessures n'existaient presque pas. Puis une voix attira mon attention une voix que je connaissais par cœur prononça mon nom faiblement, c'était celle de Jun. Il fallait absolument que je vérifie si elle n'était pas blessée. Juste après avoir pensé ça j'ouvris mes yeux. Ma vision était encore trouble, je pouvais apercevoir que le sol et une ombre qui s'approcher petit à petit de moi. Elle arriva auprès de moi, caressa avec douceur mes cheveux et déclara :

Akio ? Tu m'entends ? Ça va ?

Écouter la voix de Jun me fit comme un électrochoc dans ma tête et réveilla ma conscience qui me cria de ne pas rester planté là et de faire quelque chose. Je me redressai, me mis à genoux face à elle et lui répondit avec un ton sérieux pour qu'elle ne panique plus.

"Je suis là, ne t'inquiète pas ! Je vais te sortir de là ! "

Après avoir prononcé ces paroles je lui fis un beau sourire, même si ce n'était pas le moment je le faisais pour la rassurer un peu, lui montrer que je ne l'abandonnerai pas et qu'elle pouvait compter sur moi.
Alors que je m'approchai à quatre pattes d'elle ma main toucha un liquide rouge et chaud. Quand je remontai jusqu'à sa source, je vis l'entaille que Jun avait sur sa jambe, je devais faire quelque chose sinon sa blessure risquait de s'aggraver. Je réfléchis quelques instants pour essayaient de trouver une solution, je regardai vite fait ce qu'il y avait à porter de main, il n'y avait rien d'utile dans cet endroit, je fouillai ensuite mes poches. À l'intérieur il y avait mon téléphone portable, des mouchoirs, mon portefeuille et mon gel hydroalcoolique. La solution était là ! Le gel est un désinfectant, je pouvais l'utiliser pour désinfecter sa plaie. J'ai toujours su qu'être hypocondriaque pouvait avoir un avantage. Je sortis ma bouteille et mon mouchoir puis j'ordonnai à Jun :


" Allonge toi ! Je vais désinfecter ta blessure, je te préviens ça risque de piquer un peu. "

Elle avait beaucoup saigné, mais elle arrivait à faire quelque mouvement. Je l'aidai à se coucher avec mon bras droit, j'évitais un maximum d'utiliser le gauche, si je le bouger le gros morceau de verre qui était enfoncé dedans me faisais mal. J'étais obligé de le  gardait car si je le retire, ça commencerait à saigner. J'avais prévu de me soigner quand j'aurai fini avec ma sœur.
Je pris en mouchoir que j'imbibais de gel puis le passa sur toute la jambe de Jun. Le gel enfin appliqué je devais maintenant arrêter le sang de couler. Il fallait le faire avec un tissu et le seul qu'on possédait était celui de ma chemise. Je n'avais pas le choix. J'expirai un grand coup et retirai le verre qui était planté dans le haut de mon bras. Un gémissement de douleur sortit sans que je m'en rendis compte. Ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur mon sort, il fallait continuer les soins. Je retirai ma chemise et la déchirai. Je la passai sur la jambe de ma sœur et la serra assez forte pour que le sang nous coule plus. Je soupirai et lâchai à Jun :


" C'est bon j'ai fini,  évite de trop bouger ! "

Jun ne risquant presque plus rien, je devais faire la même chose avec moi. Je fis les mêmes gestes que ceux que j'avais faits pour elle. J'arrachais un nouveau morceau à mon vêtement, qui ressemblaient maintenant plus à un chiffon qu'a une chemise et demandai à ma sœur :

"Tu veux pas m'aider à le mettre ? "

Dans un mouvement de panique, Kintaro chercha les clés de l'Académie. Les deux autres passagers aussi infortunés que lui semblaient s'occuper d'eux. Lui était grand, par comparaison. Un adulte capable de s'occuper de lui-même, et seul. Du moins, tentait-il de s'en convaincre. Le concierge tatônna autour de lui, frénétiquement, respirant fort et rapidement dans un réflexe étrange. Finalement, il finit par retrouver le trousseau tant désiré à quelques centimètres sur sa droite. Rassurée, il voulu prendre soin de les remettre à l'intérieur de sa veste d'un bleu profondément azuré, mais...

"Tu veux pas m'aider à le mettre ?
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !"

Dans un autre mouvement, guidé par la peur la plus pirmale, l'homme des cavernes se sépara de sa veste et de sa chemise, entâchées par son propre sang. Le simple contact de ce liquide réveillait en lui une phobie, née de mésactions involontaires. Les pensées submergèrent Kintaro, qui ne savait plus où il était, revoyant devant ses yeux une scène atroce, et remplie de morceaux de cervelle. Et pourtant, il était désormais là, dans le métro, le regard fixé dans le lointain, une expression de peur totale accrochée au visage, torse nu, ses vêtement déchirés traînant à côté, sa main droite tenant le trousseau de clé à s'en percer la main. Puis soudain, dans un mouvement incohérent, le concierge chercha à novueua à se redresser, avec toute la peine du monde. Dans la lumière blafarde qui avait résisté au séisme, on pouvait distinguer de nombreuses plaies sur son torse, l'origine du sang. Kintaro ne le remarqua pas immédiatement, mais il avait également quelques côtes cassées. L'impact du métro contre le mur était ce qui l'avait le plus plus abîmé.

Mais avec toute l'énergie d'un apeuré déséspéré, Kintaro se précipita vers l'une des vitres les plus proches, dans l'espoir de trouver une issue, avant de devenir claustrophobe, en plus d'être apeuré par son propre sang.

"Sortir... il faut sortir... tout de suite.... d'ici... ... AIE !"

Tout ce que réussit à faire le grand dadais fut de se couper, à quatre pattes, s'entaillant le smains sur les débris de vitre qui jonchaient le "sol" de la rame. Observant ses mimines couvertes de ce liquide abhorré, Kintaro ouvrit la bouche, mais aucun son ne s'en échappa cette fois. Il finit par tomber à genou, impuissant, apeuré. La situation lui échappait complètement. Dans le sens où il n'avait absolument plus conscience d'où il était ni dans quel état, et il ne prêtait guère attention aux deux élèves qui partagaient son destin.

La peur avait pris le dessus et l'écrasait.

Piquer un peu ? Un euphémisme. Je venais de finir le bandage de fortune pour le bras de mon jumeau et la douleur me sciait toujours autant la jambe que lorsque la première goutte d'alcool y était tombée. Peu à peu je la sentais s'engourdir sous l'effet du garrot mais ça n'était pas plus agréable. Et puis il y avait cette horrible odeur métallique qui commençait à me faire tourner la tête, celle du sang qui était partout.

À travers le fouillis de mon cerveau terrorisé, une petite voix essayait de me sauver. Doucement Jun, doucement. Calme toi. Tu dois réfléchir, rapidement, efficacement, et alors tout ira bien. Combien de temps allait tenir nos bandages de fortunes... Combien de temps encore avant que je ne sente plus ma jambe du tout ? Allions nous mourir ici ? Enfermés dans ce tombeau de métal pour l’éternité ? Bien sûr que non. Ça va aller Jun, réfléchi, tu as trouvé Akio. maintenant tu dois...

"- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !"

Le cri me fit faire un bon. Je me retournai et mes yeux tombèrent sur l'autre occupant du métro, sa chemise couverte de sang à la main. Le mal de tête me repris mais je m'obstinai à garder les yeux sur lui, comme pour essayer d'habituer mon corps à cette vision et ces odeurs infâmes.
Ça brûle. J'ai mal. J'ai peur.

"Sortir... il faut sortir... tout de suite.... d'ici... ... AIE !" .

Sortir. C'était ça. Il fallait sortir. Là, tout de suite, maintenant. Fuir, fuir très loin de se bout ce métal géant qui nous gardait prisonnier. Ensuite, tout irait bien.

L'homme qui était en notre compagnie y avait pensé avant moi mais il avait dû arriver quelque chose puisqu'il était désormais à genoux, immobile au milieu des décombres.
Je m'approchai de lui.

" - Ça va ?"

Mais je ne pris pas la peine d'écouter la réponse. Je venais de la remarquer. Au-dessus de nous. Une toute petite, minuscule lueur d'espoir. L'une des vitres qui composaient désormais notre plafond était légèrement brisée. Inspirant une grande goulée d'air et de poussière mêlée au goût répugnant du fer, je décidai de me mettre debout. Ma main valide empoigna les assises renversées et je me redressai tant bien que mal. Évaluant la situation. Reprenant doucement mes esprits.

" - C'est pas assez large. On ne passera pas. Il faut les briser."

Le seul adulte de la pièce étant visiblement or d'état, je m'adressai surtout à mon frère, qui semblait bien plus réactif que nous deux réuni.

" - On devrait chercher un peu, il doit bien y avoir ...vous savez ce truc rouge qu'on voit toujours partout dans les transports à côté des vitres... Un genre de marteau..."

J'avais retrouvé un peu d'assurance. Nous allions sortir. Nous le devions. De l'autre côté nos parents nous attendaient, nos amis.  
Appuyée sur le dossier en mousse d'un des sièges, tout mon équilibre gardé par cette main et n'étant pas sûre de pouvoir me relever à nouveau si je lâchai, je me contentai de fouiller le wagon des yeux. Cherchant ce petit objet rouge auquel personne ne prête jamais attention, et pourtant si précieux dans un tel moment.

Jun accepta de m'aider. En quelque seconde elle avait fini. Rien qu'en regardant l'expression de son visage, je pouvais deviner ce qu'elle ressentait. Sa blessure lui faisait probablement mal, en plus de ça je savais qu'elle était terrifiée. Ma pauvre sœur, elle qui est si gentille, si fragile si innocente. Elle ne méritait pas de subir tout ça. Il fallait que je la sorte d'ici impérativement. Je la remerciai de son aide et commençai à chercher une sortie. Mais un cri résonna dans tout le métro, il était tellement soudain et fort qu'il me fit sursauter.

"- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !"

Quelqu'un d'autre était là, je posai mon regard dans la direction du bruit. C'était un homme adulte, il devait pouvoir nous aider mais d'abord il devait se calmer. Je ne sais pas pourquoi il réagissait ainsi mais je pouvais pas le laisser comme ça.

"Sortir... il faut sortir... tout de suite.... d'ici... ... AIE !"

Ma sœur se dirigea vers lui et elle lui dit quelque chose que je n'avais pas entendu. Elle regarda vers le haut quelques secondes avant de me dire.

" - C'est pas assez large. On ne passera pas. Il faut les briser. On devrait chercher un peu, il doit bien y avoir ...vous savez ce truc rouge qu'on voit toujours partout dans les transports à côté des vitres... Un genre de marteau...

A cet instant j'avais peur pour Jun, je craignais qu'il ne lui arrive malheurs. Si une nouvelle secousse arrivait, sa jambe fragilisait risquerai de céder et elle pourrait se casser quelque chose. Je devenais peut-être un peu paranoïa mais pour moi elle était aussi fragile que de la porcelaine. Je ne pouvais pas me retenir de lui dire

«  Jun ! Évite de bouger, tu es blessée je te rappelle ! Laisse, je vais m'occuper de la vitre.»

Je m'approchais juste après de l'homme pour examinaient ces blessures. Vu d'extérieur, il n'avait pas l'air très blesser, il avait juste quelque coupure un peu partout . La seule chose que je pouvais faire pour l'aider était de lui passer du désinfectant dessus. Pour évitait qu'il bronche, je lui dis d'une voix calme et douce pour essayer de le calmer accompagnée d'un beau sourire.

« Vous inquiéter pas Monsieur, on va sortir de là. Mais avant je vais désinfecter vos blessures. Ne bougez pas ! Respirer un bon coup tout va bien ! »

Pour mon plus grand bonheur, il me laissa faire. En le regardant de plus prés, j'avais l'impression que je l'avais déjà vu mais je me souvenais pas où. Toute façon ça réglerait pas notre problème de savoir ça, pas la peine de le savoir toute de suite.
Bref je devais briser la vitre, pour ça j'avais eu l'idée d'attraper les barres en haut puis de me balancer, mes pieds frapper la vitre mais n'arrivais pas à la détruire. J'avais essayé 5 fois avant de lâcher et de me retrouver allonger sur le sol. Du coup j'avais maintenant un bleu dans le dos, mon bras qui me faisait encore mal et la vitre qui était toujours là. Finalement je décidai par dire à Jun :


«  Je vais essayais de trouver ton marteau sa sera peut être plus simple. »

Marteau. C'était Kitnaro qui devenait marteau. Complètement écrasé, dominé par sa peur, il était incapable de réagir. Il n'était même plus au niveau d'un enfant terrorisé. C'était bien pire. Il était plus proche de l'état de coquille dont l'esprit se serait absenté que d'être pensant. Lourde séquelle d'un passé martyrisant, d'un manque de confiance extrêmement développé, et surtout, d'une phobie née d'un accident. Le seul adulte de la situation ne prêtait pas attention à ce qu'il se passait autour de lui. Il entendait les phrases, mais n'arrivait pas à les assimiler. Pas pour le moment. C'était un état second. Une partie de lui comprenait, entendait et savait ce qu'il fallait faire. Mais ce n'était pas la partie aux commandes.

Heureusement, deux éléments allaient chambouler ça : la voix, et la douleur. En fait, surtout la douleur. Extérieurement, Kintaro n'avait pas l'air en trop mauvais état. Coupures, bleus, du sang mais en quantité encore raisonnable. Ses dégâts étaient surtout internes. Côtes enfoncées, organes touchés. Rien de mortel à court terme, plus inquiétant à long terme si aucun traitement, aucun soin n'étaient entamés. Une douleur écrasante au ventre, conséquence de ses mouvements récents, le compressa. Dans saa bouche, un goût immonde de fer se fit sentir: le sang. Mais il ne le crachait pas, trop effrayé, paralysé par la situation.

"Vous inquiétez pas Monsieur, on va sortir de là. Mais avant je vais désinfecter vos blessures. Ne bougez pas ! Respirez un bon coup tout va bien !"

La voix parvenait à peine à ses oreilles, mais la sensation qui suivit s'accentua avec les secondes. Ses plaies et coupures ventrales commençaient à le brûler, à le piquer, et prenaient un malin plaisir à le torturer. Cette sensation désagréable de désinfectant contre une blessure le ramena brutalement à la réalité. Il cracha enfin son sang accumulé en bouche, pendant qu'Akio s'étalait après avoir vainement tenté de briser une des vitres au "plafond", une rare vitre ayant résisté à l'impact.

"Je... Je..."

Tout reprenait une place logique et cohérente dans son esprit. La sensation de brulûre couvrait largement celle du sang chaud lui ruissellant sur la peau, et de ce fait, il n'y prêta pas beaucoup attention. Tant qu'il aurait mal, il serait plus apte à réfléchir. Il entendait des paroles, mais n'arrivait toujours pas à tout analyser. Marteau ? Vitre ? Un marteau brise-glace, il devait y en avoir un à proximité, non ? Kintaro ne fit pas attention à la vision de son propre torse, plus concentré sur les clés qu'il tenait en main. Des mains écharpées. Il les rangea dans la poche de son pantalon, avant de se mettre à tâton dans les débris du métro.

"Je vais essayer de trouver ton marteau, ça sera peut être plus simple.
- Le concierge a un marteau."

L'objet était plutôt petit, mais par bonheur, il était resté près de son habitacle rouge, et côté "sol" de la rame. Kintaro le tendait à l'élève le plus proche de lui, l'air hagard. Peut-être avait-il l'air d'un psychopathe. Mais le marteau était important. Il en était certain.

Après s'être jeté contre la vitre de toutes ses forces, Akio rebondit de façon spectaculaire sur le sol et compris que, oui, nous avions vraiment besoin d'un marteau. J’eus peur pour lui sur le coup mais il ne semblait pas en trop mauvais état. De toute façon, je n'avais pas la force nécessaire pour l'aider.

" - Le concierge a un marteau."

Je me tournais vers l'origine de la voix. Concierge ? Ce pourrait-il que cet homme soit... le concierge de Keimoo ? Ce n'était pas vraiment le moment de s'en soucier. L'homme semblait avoir les yeux dans le vague, pas tout à fait rattaché à ce qui se déroulait. Le choc ne l'avait pas vraiment épargné apparemment....
Je tendis ma main libre pour lui prendre le brise-glace des mains. Et prit un temps de réflexion pour ne pas reproduire la même erreur que mon frère.

Ne pas penser à la douleur, penser à sortir.

Ma main droite ne semblait pas très apte à fournir un effort, le poids seul du marteau suffisait à m'arracher une grimace de douleur. Dans cet état, elle était complètement inutilisable pour frapper une vitre. Seulement voilà. Mon autre main était actuellement agrippée dans la mousse du siège. Si j'avais le malheur de l'en détacher, je ne tiendrais pas plus de quelques secondes  avant de m’effondrer...

Il doit bien y avoir un moyen...

Non. C'était techniquement impossible. Je tendis finalement le marteau à Akio ne sachant pas bien quoi en faire.
Je dut faire un mauvais mouvement, ou peut-être me pencher un peu trop puisqu'au moment précis où la main d'Akio se refermait sur l'objet, ma jambe valide décida qu'elle en avait marre de supporter tout ce poids et je glissai de nouveau à terre malgré moi. Le choc de mon atterrissage me laissa un frisson dans la colonne mais ne fut pas si violent que ça. Mais c'en était déjà trop.
Je finis en position assise, appuyée contre le siège et ne cherchai pas à me relever. Au lieu de ça, mes yeux se levèrent vers la faible lumière qui provenait de l'extérieur. Allions-nous vraiment réussir à sortir ? Je fixai le verre au-dessus de ma tête avec l'horrible impression que nous étions voués à finir enterrés ici à jamais.
Avalant une grande goulée d'air pour garder les idées claires. J'articulai quelques mots à l'intention de mon frère.

"- Vas-y j'y arriverai pas... On va sortir de là hein Akio ?"

Oui. Nous allions sortir. Ce trophée rouge désormais entre les mains de mon jumeau en était la preuve. Alors pourquoi me sentais-je de plus en plus désespérée ? C'était comme si, tout espoir de sortir de ce métro m'abandonnait peu à peu...

Tu n'aurais pas du te lever Jun...

Mes yeux se fermèrent, l'espace d'une fraction de seconde.

aussi rapide pour poster qu'une tortue avec des boulets au pieds. Désolée >.<

Ma technique du coup de pied sur la vitre n'avait pas marché. Je me relevais et m'étira. Cette chute ne m'avait rien fait. Tant mieux sinon je n'aurais pas pu m'occuper de Jun. Je regardais les alentour pour trouver ce fameux marteau. Un miracle se produisit, l'homme trouva le brise-glace.

" le concierge a un marteau  "

L'homme qui se disait être un concierge le confia à ma soeur. Elle n'était pas en état de bouger. J'étais le seul à pouvoir m'en charger et elle l'avait compris. On pouvait clairement voir qu'elle n'avait plus de force, elle avait déjà beaucoup forcé sur sa jambe. Je lui avais pourtant dit qu'elle ne devait pas la bouger. Pourquoi toutes les filles que je connais ne font jamais ce que je leurs demande où n'accepte pas mon aide. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Il y avait des problèmes plus importants à régler. L'arme entre mes mains, Jun s'assit contre l'un des sièges du métro renversés et me demanda :

Vas-y j'y arriverai pas ......  On va sortir de là hein Akio ?

Sa voix était rempli de désespoir, comme si elle savait à l'avance qu'on allait y passer, qu'on ne sortira jamais d'ici. Je comprenais qu'elle avait peur et qu'elle était affolée mais, elle devait garder son sang-froid. On allait forcément sortir d'ici, parce que nos amis et notre famille nous attendaient dehors. Connaissant ma mère, si elle apprend ce qui se passait ici elle serait morte d'inquiétude. Une raison de plus qui me poussais à sortir d'ici le plus vite possible. Les parents adoptives de Jun auront probablement la même réaction. Cela servirait a rien de s'apitoyait sur son sort. Je m'approchais de Jun et je la serrais dans mes bras pour lui murmurer à l'oreille :

Je te le redis encore une fois Jun, ne t'inquiète pas ! Je ne te laisserai pas ici ! Je te le jure !

Je la libérais de mon étreinte et me dirigeais vers la vitre. Elle était toujours entière mais, plus pour très longtemps. J'étais trop petit pour atteindre la fenêtre. Je pouvais demander au concierge de m'aidait mais, je ne voulais pas, il était encore sous le choc. Je préférais monter sur le rebord d'un siège, j'avais pris 10 bons centimètres, voir plus grâce à ça, j'arrivais maintenant à toucher le plafond aisément. Avant de commençais la démolition, j'avais criée :

Ne restez pas en dessous !!

Sans attendre plus longtemps, je frappais la vitre avec le marteau de secours et la brisa en mile morceaux. J'en avais fait qu'une bouchée. J'attrapais les bordures de la fenêtre et l'escalada. La moitié de mon corps était sortie. A gauche on apercevait la station. Le métro était dans un sale état et les murs aussi. La collision a dû être brutal. Il n'y avait aucun bruit et aucun signe de vie d'une autre personne au alentour. La seule chose qu'il y avait c'était minuscule cailloux et toute cette poussière qui tombé d'en haut. J'allais sortir quand une pierre sortie de je ne sais où s'écrasa sur ma tête et me fis retombé dans le métro. Heureusement que cette pierre m'avait fait revenir à l'intérieur parce que quelque seconde plus tard, une partie du « plafond du tunnel » s'effondra sur le métro. Bloquant toutes les fenêtres du métro. On ne pouvait plus sortir, j'avais essayé de pousser ces pierres qui gêner mais, ma force n'était pas suffisante, nous étions obliger de trouver un autre moyen de sortir.