Leeeet's gooo to the Maaaall ♪

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A peine les fêtes de fin d’année étaient-elles passées que l e petit vieux avait décidé de fermer temporairement sa boutique, afin de passer un peu plus de temps avec le reste de sa famille qui habitait un peu plus dans le sud du pays. Wunjo lui avait proposé de tenir la boutique seul en son absence mais le patron lui avait répondu –avec raison- qu’il y aurait probablement trop de monde pour qu’il puisse gérer ça tout seul. C’est donc ainsi que le blondinet se retrouva –bien malgré lui- en vacances.

L’idée d’avoir des vacances supplémentaires lui plaisait plutôt bien : ça lui laissait non seulement le temps de se reposer –après les émotions des fêtes, la rencontré de la famille de Kuro, les beuveries- mais aussi de faire un point pour la nouvelle année. La nouvelle année, c’était aussi en quelque sorte l’anniversaire de son départ de la mafia. Il y a un an, il avait tout plaqué et était devenu « Dan Ebels », honnête citoyen, vendeur de jouets. En vérité, peu de gens l’appelait Dan, la plupart de ses amis ayant pris l’habitude de l’appeler Wunjo. Seules ses nouvelles connaissances le connaissaient sous son sobriquet canadien. La seule exception étant Ethan, avec qui il s’était lié d’amitié après son changement d’identité, mais qui le connaissait déjà du temps où il travaillait pour l’Organisation, et qui avait donc lui aussi associé le blondinet au prénom « Wunjo ».

L’ennui de cet « anniversaire », c’était que Wun ne pouvait pas franchement le fêter avec Kuro. Il aurait bien voulu, car après tout, c’était le genre de petites victoires que l’on souhaite partager avec ceux qu’on aime, mais pour cela il faudrait en premier lieu lui parler de son passé, et ça, c’était tout bonnement hors de question.
Ceci étant dit, Wunjo ne manquait pas non plus franchement d’amis sachant ce qu’il était avant. Bien sur, il ne risquait pas d’aller fêter ça avec Akim, qui lui en voulait encore probablement de s’être carapaté de la sorte. Mais des gens comme Ethan, Yoite ou Shiro avaient suivi de plus ou moins prêt ses péripéties. Ellen, aussi. Mais il n’allait bien évidemment pas fêter ça avec elle, ça équivaudrait à fêter leur séparation.
L’idée d’organiser une petite fête pour les 1 an de Dan Ebels l’amusa un instant, mais il songea que ce serait probablement trop d’effervescence pour un secret supposé rester…secret. Pour sûr.

Ce qui ne l’empêchait certainement pas d’avoir envie de partager cette petite victoire personnelle avec quelqu’un. Et pour ce genre de chose, qui de plus désigné que son « bro » ? S’il y avait bien une personne qui l’avait regonflé à bloc, l’encourageant et lui rappelant qu’il avait été très courageux de tout arrêter, c’était bien Ethan.

Avachi sur son canapé, les pieds sur la table basse, Wun attrapa son portable dans sa poche et envoya un sms à Ethan, lui demandant s’il avait déjà repris les cours ou s’il avait un peu de temps libre. Entendons nous bien Ethan n’avait JAMAIS de temps libre, mais il avait du temps compressible. Généralement il se faisait plutôt disponible lorsque Wun venait jouer le chiot qui veut jouer –ce qui en équivalent Wunien correspondait la plupart du temps à aller noyer leurs organes vitaux dans une piscine de gnôle.
Il attendit la réponse –qui ne tarda pas, à croire qu’Ethan s’étai greffé son portable- et esquissa un sourire. Dans la foulée, il envoya un texto à Kuro lui disant que s’il voulait passer dans la journée il pouvait rester à l’appartement mais qu’il ne serait pas de retour avant le soir tard, au cas où.

Le blondinnet troqua son pantalon de pijama contre une tenue à peu près sortable –c’était une question de point de vue évidemment, d’après Ethan aucune fringue de Wunjo n’était véritablement sortable- à savoir son éternel jeans, qui semblait avoir 100 ans au moins tant il tombait en lambeaux et un de ses pulls blancs épais et grossiers mais diablement confortables. Il vint parfaire sa tenue par sa paire de boots increvables d’un marron douteux. Honnêtement, le blond prenait presque un malin plaisir à choisir ses vêtements les plus affreux lorsqu’il allait voir son bro, sachant parfaitement que ce dernier s’en agaçait si facilement. Comme de toute façon il savait qu’il allait recevoir une remarque, autant accentuer encore un peu la chose.

Il enfourcha son vieux scooter qui malgré son allure de cheval boiteux lui était bien utile pour zigzager entre les voitures, lui permettant d’une part de ne pas avoir à toujours se déplacer à pieds mais aussi d’éviter les bouchons. Non il n’y avait pas à dire, c’était un brave engin. En quelques minutes, il arriva dans le quartier où Ethan créchait, qui n’avait pour sûr rien à voir avec le coin Bougu où Wun logeait. N’importe qui voyons les deux bros ensemble devait se poser des questions quant à leur relation. A première vue, ils n’avaient rien en commun. En y regardant de plus près… ils n’avaient toujours pas grand-chose en commun à vrai dire. Mais ils s’entendaient étonnamment bien. A part qu’Ethan s’acharnait régulièrement à vouloir lui refaire sa garde robe.

Il sonna comme un fou furieux à la porte, s’amusant d’imaginer la tête d’Ethan en train de grogner de l’autre côté de la porte. Et lorsque la porte s’ouvrit, le brun put découvrir un blondinet avec un sourire tranchant son visage en deux. Il était visiblement de bonne humeur.

« Devine quel jour on est ! »

Fut la première chose qu’il lui jeta à la figure, en profitant au passage pour rentrer dans l’appartement sans qu’on ne lui demande vraiment. Ethan était habitué à ce qu’il prenne ses aises. Il râlait parfois pour la forme mais au fond, le brun devait savoir que c’était une cause perdue.
Il tira sur ses boots pour les enlever et les envoyer valdinguer au sol non loin de la porte, sachant que les remarques allaient fuser s’il foutait des gravillons et de la terre plein l’appartement.

« Dan a un an aujourd’hui. J’ai signé un papier officiel avec mon nouveau prénom il y a tout pile un an. »

Expliqua-t-il alors, ne quittant pas son sourire. Le papier, c’était le bail de son appartement, qu’il occupait toujours aujourd’hui, bien qu’il soit un peu petit et franchement mal placé. C’était la première fois qu’il louait un appartement en règle, il en était fier, quelque part. L'appartement avait d'ailleurs plus une valeur sentimentale qu'autre chose puisque à part ça il n'avait rien de particulièrement intéressant. Mais enfin, on finit par s'habituer à sa grotte.

« Du coup, je me suis dit que ça méritait un verre de la victoire. T’as encore la vodka que j’ai amenée ici la dernière fois ? »

Wunjo s’acharnait à ramener son alcool fétiche chez Ethan parce que c’était sa version à lui du « bon vin » pour célébrer quelque chose. Le populaire ne devait pas être franchement du même avis, mais enfin… Wun ne disait pas non plus non au vin, cela dit, mais il n’y connaissait pas grand-chose et n’en achetait jamais lui-même. Ca et le fait qu’après toutes ces années passées en Russie, il avait été presque élevé à la vodka. C’était comme le calva du normand, le cidre du breton, et le Gewurtztraminer de l’alsacien. Bref, c'était essentiel.

Invité

Assis sur sa table basse, Ethan était en train de réviser ses cours depuis le début de l'année. Il avait refusé de célébrer les fêtes de fin d'année avec sa famille, autant Noël que le le jour de l'an, prétextant que ses études lui prenaient trop de temps. Et puis, il avait de nouveau fourré son nez dans les affaires familiales. Il n'avait tenu qu'un mois sans réclamer des dossiers des affaires, histoire de suivre tout ça de loin. Ca avait été plus fort que lui. Et un mois, finalement c'est pas très long quand il suffit simplement de se mettre à jour, sans avoir besoin d'étudier, ni de rendre un compte rendu fictif. Au final, il se retrouvait avec plus de temps libre qu'en tant normal. Si au début il en avait été ravie, maintenant c'était autre chose, c'était difficile de faire quelque chose de nouveau quand on a une vie chronométré à la minute. Il s'emmerdait royalement en fait. Surtout qu'il avait mis plus de verve que d'habitude à étudier dans le seul but d'oublier cette histoire de fiançailles. Il avait très bien compris qu'il appréciait un peu trop Miya. Ses moues boudeuses et enfantine. Ses caprices et ses colères quand elle voulait le tuer. Le jeune homme ne savait pas trop si c'était tant mieux qu'il l'apprécie ou si c'était encore pire. Dans tous les cas, c'était trop jeune pour avoir la bague au doigt. Il voulait rester faire son petit bonhomme de chemin sans penser aux autres.

Il jeta son crayon sur la table en soupirant de lassitude, avant de s'enfoncer dans son canapé en s'étirant. Ca ne servait à rien de réviser ses cours. Il les connaissait déjà par coeur. Le sport avait juste apaiser son esprit le matin. D'ailleurs, il devait songer à se calmer à ce niveau. Sa masse musculaire avait augmenté, mais il commençait à ressentir de légère douleurs aux articulations du genou. 15H de sport par semaine, c'est peut être pas une bonne idée. Dommage, il en aurait bien fait cet après midi aussi. Au final, cette journée se montrait ardue, avec cette foutue date de 14 février qui s'approchait dangereusement. Mais c'était sans compter le sms divin de Wun qui le fit sourire. Il se rappelait encore la première fois qu'il l'avait vu, il était en train de négocier avec le père de ce dernier avant d'être frapper par les yeux vairons du russe. Et il l'avait revu à Keimoo il y avait quelques mois où il avait faillit lui rouler dessus avec son Audi. Il avait fini par lui payer un verre pour la simple curiosité de savoir ce que foutait la mafia à Keimoo. Au final, il avait appris quelque chose de bien plus intéressant : Wun avait quitté l'Organisation. Il ne lui avait jamais dit, mais il était très impressionné par ce geste. Après tout, il ne suffit pas de poser sa lettre de démission et de partir. Ça devait demander une énorme quantité d'énergie de rester constamment sur ses gardes, sans oublier l'anxiété que cela devait procurer. Et pourtant, il ne s'était jamais plaint, le russe avait juste été découragé de temps en temps, mais rien de plus normal, quand on a des meurtriers à ses trousses, n'est ce pas ? Wun avait toujours sa santé mentale après tout... Quoique...
Au final, il avaient passé du temps ensemble, tous les deux pour descendre la pression, s'amusant à draguer des pimbêches pour finalement les casser en beauté. Si bien que ça avait fini par être un jeu entre eux. Comment ça c'est sadique ? C'est pas grave. Le 14 février ce petit jeu sera fini. Il doutait que Miya soit d'accord. Lui même aurait mauvaise conscience (Oui, il en a une). Déjà que pour le moment c'était limite...

Bref, revenons au sms : Ethan lui répondit qu'il avait toute la journée de libre. Pour une fois aux yeux de certains, d'ailleurs. Ça lui ferait du bien de se retrouver avec Wun. Son « bro » avait le don de lui faire oublié tous ses soucis, puisqu'il avait le don d'être lui-même prise de tête. Ethan avait passé des heures a essayé de le convaincre de changer sa garde robe. Sans succès... Pour le moment. Ce n'était qu'un question de temps. Et bien que l'aîné des Matthews ne soit pas réputé pour sa patience, niveau tenacité... Il se révélait très chiant. Comme Wun. On se demandait parfois qui était le plus têtu entre les deux énergumènes. Mine de rien, ils avaient beau avoir un caractère opposé, les gens ne devaient pas vraiment s'étonner de les voir s'entendre merveilleusement bien au vu de leur tendances à vouloir être en contradiction avec le monde. Et puis, Wun l'aidait à tout relativiser, et Ethan lui apportait euh... Il savait pas. Le fric, tient.

Le jeune populaire alla s'habiller pour sortir, troquant son pantalon en lin pour un jean bon marché selon lui, un g-star, et un pull Armani gris foncé dont les manches, le col en V et le bas était gris clair. Ethan se demanda vaguement quelles horreurs Wun allait trouver à mettre pour venir le voir. Il débordait d'imagination celui là. Et l'Américain était persuadé qu'il faisait exprès de choisir les plus moches pour venir lui faire coucou. Il adorait enquiquiner et foutre la honte aux autres. Bien heureusement, Ethan avait appris à prendre ça... Relativement bien. Ça l'empêchait pas de râler, ceci dit.

D'ailleurs, il était en train de tambouriner à la porte, sans doute histoire de l'emmerder. Manque de bol, le jeune homme avait désormais l'habitude, si bien qu'il s'en amusait plus qu'autre chose. D'ailleurs, il fit exprès de prendre un temps fou pour ouvrir la porte. Le jeune homme se disait qu'il ferait mieux de lui donner un double, juste pour lui couper l'herbe sous les pieds... Quoique non en fait, Miya avait aussi une clef. Il redoutait que ces deux là se rencontre. Il aurait sans doute le cul entre deux chaises. Il le sentait arriver gros comme une maison. Entre Miya et sa tendance à être froide avec les étrangers (oui, c'est lui qui dit ça) et Wun qui n'aimait pas les femmes... Bref, cette pensée fut très vite effacée en voyant l'immense sourire du blond qui fut contagieux. Ethan avait une banane en sourire, c'est rare. Il s'écarta légèrement pour le laisser passer, histoire d'être sûr qu'il ne se touchent pas. Pas qu'il aimait pas ça, mais ça le mettait mal à l'aise.

Quel jour on était ? La question le prit au dépourvu. On était mardi, et alors ? Cependant, il ne dit rien se disant que ce devait être le un jour particulier. Il était pas foutu de se rappeler quoi. Il doutait pas que Wun allait l'aider à voir plus clair. Ouais, le russe, c'est Optique 2000.
D'ailleurs, il avait mis plus de temps à rentrer que d'habitude. Il devenait plus « poli » ? Ah bah non. Il jeta ses chaussures avec négligence sur le parquet.

-Putain vos chaussures, merde ! C'est pas difficile de les ranger. Respectez un peu les maniaques et ceux qui nettoie !

Il avait aussi pensé à Miya qui lui avait le coup. Japon = chaussures à l'entrée, non ? Apparament c'était foutu pour ces deux là de leur inculquer quelque chose. Il venait de penser ENCORE à Miya là, non ? Quelle garce, même sans penser aux fiançailles, elle s'invitait joyeusement dans ses pensées comme par magie. Il grogna de mécontentement sous les yeux de Wun. Bof, il prendrait ça pour les chaussures, qu'il remit bien d'ailleurs. Et s'il remarquait que c'était pas ça, bah... Tant pis, il lui dirait la vérité. C'était son « bro » après tout.

Ethan releva les yeux sous sa déclaration. Un an déjà ?! Ça semblait tellement récent et lointain à la fois. Donc ça faisait quand même moins d'un an qu'ils se connaissaient... 9 mois exactement après un calcul rapide. C'était étrange. Il avait l'impression de le connaître depuis bien plus longtemps. Sans doute les manières de Wun de prendre ses aises partout.
L'américain lui arracha pratiquement le papier des mains, ne pouvait s'empêcher de se demander si le russe ne s'était pas fait avoir avec la location. Non, il est pas du tout protecteur et méfiant. Jusqu'à ce qu'il se dise que ce n'était pas vraiment le moment de lire ça, mais plutôt celui de se réjouir pour le blondinet.

-Tu vas peut être m'inviter un jour dans ton fabuleux appartement !

Il lui fit un sourire railleurs, son regard était bien heureusement malicieux. Ethan ne savait pas vraiment s'il voulait le voir, puisqu'il était habitué aux grands espaces (suffisait de voir son appartement) et il se sentait oppressé dans les endroits clos, bien qu'il ne piquait pas une crise de panique. Un léger mal à l'aise apparaissait quelques secondes sur son visage, avant de le voir déguerpir style de rien.
Il tendit le bail de bail de l'appartement à Wun, lui faisant un sourire qui voulait dire « bien joué ».

-Non je l'ai jeté. C'est du désinfectant cette sous marque. Et puis, Dan a un an, faut lui acheter des cadeaux !

Comment ça c'était LA bonne excuse pour acheter des fringues à Wun ? Mais il n'avait pas l'intention de lui offrir que ça, voyons ! Faut bien qu'il se donne bonne conscience, après le supplice qu'il lui fera vivre. Un immense sourire illuminait son visage. Lui, il était déjà content de bouger en compagnie du russe. De toute façon, tout, plutôt que de rester enfermer. Contrairement aux apparences qu'il pouvait donner, Ethan n'était absolument pas casanié.

-Allez remet ce qui te sert de chaussures. On va voir ce qui te ferait plaisir ! Et après, tu auras le droit à ta bouteille, voire plusieurs.

Ethan prenait déjà sa veste et ses clefs de voiture, pressé de partir de chez lui. Il avait bien l'intention de faire céder Wun, quitte à le voir bouder toute la journée. Dans le pire des cas, il savait qu'il réussirait à le dérider avec un verre.

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C’était aussi pour ça que Wun aimait bien Ethan : parce que le type, il avait des canapés, des fauteuils, des chaises, des trucs où poser ses fesses à en revendre, et il s’asseyait quand même sur sa table basse comme s’il vivait dans un 10 mètres carré et qu’à l’emmenagement, il avait du choisir entre utiliser sa table basse comme canap ou utiliser son canap comme table.
Bon en l’occurrence, Wunjo ne l’avait pas vu sur sa table basse puisque à son arrivée, Ethan était en toute logique derrière la porte. Mais pour le principe, son bro avait la classe.

Wun ne se retint pas d’observer avec amusement la tête d’Ethan lorsqu’il avait balancé ses chaussures. De ce côté-là, Thathan était très très très prévisible. Mais c’était drôle. Ok, s’ils avaient été colocataires, ça n’aurait probablement pas été très drôle longtemps, mais là, voir occasionnellement un agacement pur et simple s’afficher sur son visage pour au fond si peu, c’était comique. Il pinça les lèvres, cherchant à dissimuler son amusement. Peine perdue. Ethan le connaissait, et il connaissait encore mieux ce petit sourire en coin mal dissimulé.

Sautillant d’une jambe à l’autre pour manifester son excès d’enthousiasme –pas parce qu’il venait de jeter ses chaussures, juste parce que… bah c’était un jour sympa- il pencha la tête, observant Ethan les sourcils levés ?

« Vos ? Tu m’vouvoies maintenant Bro ? Arrête tu m’intimides là …»

Se moqua-t-il gentiment, sachant pertinemment –ou devinant, en tout cas- que Miya avait du être inclue dans le lot. Ethan se plaignait souvent de ses mauvaises manies pour ce qui était des chaussures. Ethan avait ses petites obsessions… Et le voilà qui se mettait à grogner. Wunjo haussa un sourcil, se demandant si c’était juste le rangement qui justifiait ce son de protestation primaire ou s’il y avait baleine sous gravillon –et non, je ne traite pas Miya de baleine et la bague de fiançaille de gravillon voyons ! Il décida de ne pas creuser –en tout cas pas tout de suite- histoire de ne pas plomber l’ambiance dés le début, se contentant d’afficher son sourire infatigable.

De manière générale, les grognements et irritations d’Ethan n’atteignaient pas l’humeur de Wun parce qu’il savait que ça ne durait jamais très longtemps, le brun n’arrivait pas à rester fâché avec lui plus d’un certain temps. C’était l’effet ‘gamin’ de Wunjo probablement. Il décida donc de passer directement au sujet plus sympathique de la journée à savoir, ‘l’anniversaire’ de Dan –on aurait presque dit que Dan était son môme, à sa façon d’en parler.
Le blondinnet le laissa s’emparer du bail, tout sourire, s’amusant de le voir aussi ‘business-like’ sur des sujets assez bannals. De toute façon, s’il s’était fait avoir à la location, c’était il y a un bon bout de temps déjà. Et ce n’était un secret pour personnel que Wun cherchait un nouvel appart. Le sien était petit, assez cher pour ce que c’était et puis… et puis ça ne ferait pas de mal d’avoir un peu plus de place pour accueillir Kuro, ou même des amis à lui.

« Mon appart, tu l’as plus ou moins vu. Imagine un truc de la taille de tes WCs mais avec toutes les pièces dedans »

Répondit-il dans un ricanement. Il s’autorisait souvent à se moquer de son propre logement. Il avait tellement fréquenté de squatt insalubre qu’un appart aux normes –enfin, presque aux normes- même petit lui semblait top. Et s’il le critiquait souvent sur le ton de la plaisanterie, il ne s’en plaignait pas vraiment.
Evidemment, il exagérait un peu sur la description. Mais clairement, l’appartement était misérable question taille par rapport à celui d’Ethan. Il devait faire maximum 25 m². Sans doute plutôt 22 d’ailleurs.

« Et puis de toute façon, je vais en changer dés que possible. Mais bon symboliquement, c’est la naissance administrative de mon autre moi »

Un autre soi qui, honnêtement, lui pesait. Desfois, lorsqu’il était avec les gens qui connaissaient sa véritable identité, il en oubliait qu’il était censé être Dan. Il n’aimait pas Dan. C’était chiant de ne pas toujours pouvoir être soi-même. Mais même s’il se sentait moins en danger, plus à l’aise, et qu’il avait l’impression que sa vie prenait un cheminement stable et normal, il ne pouvait juste pas continuer de vivre sous le prénom Wunjo Ivanova, qui avait une jolie prime aux fesses. Non, il n’aimait pas Dan. Mais il aimait ce qu’il signifiait : sa liberté.

« Tu pourras inspecter mon nouveau bail pour voir si rien ne cloche »

Ajouta-t-il, accompagnant ses dires d’une bourrade amicale sur l’épaule. Ethan c’était un être complexe. Son simili-avocat, son coach en hygiène de vie, son conseiller financier et bancaire. Bon, son bro, aussi, tout simplement. Et malheureusement pour lui, récemment, son bro voulait étendre ses fonctionnalités à celle de conseiller vestimentaire. Enfin pas si récemment que ça. Il avait toujours critiqué le look négligé de Wunjo.

« Hey ! Jette pas mes affaires ! »

Grogna-t-il, juste pour la forme. Ce à quoi Ethan pourrait facilement répliquer « Hey, étale aps tes affaires chez moi ! », ce à quoi Wun.. n’aurait rien à répliquer. Parce que c’était un peu vrai, qu’il s’étalait. Chose impressionnante dans la mesure où il n’avait pas beaucoup d’affaires….
Cela dit, il oublia rapidement cet affront, car l’annonce des cadeaux lui fit plisser les yeux d’un air suspicieux. Il sentait qu’il y avait comme une arnaque dan cette bonne nouvelle –non parce qu’il ne fallait pas se voiler la face : Wun adorait les cadeaux.

« Ok…ehm… et par cadeaux, tu entends quoi exactement ? »

Demanda-t-il, ne cachant pas l’amusement dans sa voix, même si quelque part, l’agacement n’était pas loin. Si Ethan refoutait sur le tapis cette histoire de fringue, Wun allait l’étrangler avec une cravate –et une moche, en prime, genre bleue avec des psykokwack jaunes dessus, juste par pur esprit sadique !
En fait, Wun n’aurait probablement rien suspecté si Ethan n’avait pas un sourire SI rayonnant qui lui tranchait le visage en deux. C’était circonspect ! Qu’il soit content pour lui, c’était une chose, et c’était probablement sincère, mais pour qu’il se réjouisse à ce point, c’était qu’il avait un plan en tête.

« Elles sont cool mes chaussures ! »

Protesta-t-il, tout en obtempérant. Il réagissait toujours de manière très primaires et impulsives aux commentaires d’Ethan, ne prenant le temps de réfléchir à l’information véritablement importante dans la phrase qu’après s’être indigné –comme avec la bouteille jetée ou les godasses. C’était presque trop facile.

« Euh… minute là, tu m’emmènes où exactement ? »

Continua-t-il, croisant les bras et se plantant devant la porte pour soit-disant bloquer le chemin. Honnêtement, il n’y mettait aucune volonté. Ethan pouvait bien le choper par le bras et le tirer jusqu’à sa voiture, ça ne serait pas bien difficile. D’autant que Wun n’était pas franchement lourd –ni franchement musclé. Et puis, en vérité, il était au moins un peu excité à l’idée de sortir se faire acheter des cadeaux. Ouais, même des fringues. Il pourrait peut être grapiller un chapeau cool ou des chaussures marrantes. Et puis, il restait un gros gamin s’enthousiasmant pour pas grand-chose.

« Je peux conduire ? »

Demanda-t-il tout sourire. La question avait été posée plus pour emmerder Ethan qu’autre chose. Wun connaissait la réponse, et c’était non. Il conduisait comme un pied. Il conduisait comme il menait sa vie : beaucoup trop dangereusement et sans aucune précaution. Comme il n’avait pas de voiture à lui, ce n’était pas franchement un problème. Il se débrouillait avec son scooter. C’était un miracle qu’il ne l’ait pas encore plié celui-là d’ailleurs. C’était aussi plutôt accommodant, parce qu’on ne pouvait pas franchement dire que le compte bancaire du blondinnet lui permettait de changer de scooter comme de housse de couette. Bon et puis les transports en commun, fallait bien le dire, c’était chiant. C’n’était probablement pas Ethan qui allait le contredire sur ce sujet. Wun se demanda si Ethan avait déjà du prendre un transport en commun à Keimoo… Il aurait payé cher pour voir sa tête dans un métro en heure de pointe –bon pas si cher que ça, c’était de l’argent dépensé idiotement mine de rien….

Invité

En voyant le sourire mal dissimulé de Wun, Ethan pinça les lèvres, se retenant de lui dire que c'était absolument pas drôle. Mais il désespérait pas à lui faire comprendre qu'un jour les godasses, ça se range soigneusement.

-Bah ouais. Apparemment je dois jouer le majordome.

Ce n'était pas très difficile de le mettre de mauvaise humeur en fait. Heureusement, il avait appris à se calmer et à éviter de prendre des proportions énorme pour pas grand chose au final. Wun faisait ce qu'il voulait, enfin presque. Même si c'était frustrant les trois quarts du temps, c'était pour ça qu'il l'appréciait. Enfin en partie. Il préférait nettement la manie du russe à s'extasier pour tout et n'importe quoi. Mais genre... Vraiment tout. Un bonnet de toutes les couleurs et le voilà le plus heureux des hommes... Enfin des gosses. Le russe avait le quotient émotionnel d'un gamin de 7 ans. Heureusement, Ethan adore vraiment les enfants. Et c'est sans ironie.

Donc, il pouvait pas vraiment s'empêcher de s'inquiéter pour lui question contrat et finance où il était souvent en galère. Même si l'américain était certain au final, qu'avec ou sans lui, Wun arriverait à se débrouiller tout seul. Parce qu'on pouvait dire ce qu'on voulait... Il était toujours en vie. Rien que de penser qu'il pourrait se prendre une balle en pleine au détour d'une ruelle paralysait Ethan de terreur. Il chassa très vite cette pensée plutôt macabre. Le blond était bel et bien là. Et il était bel et bien chiant et plein de couleurs de douteuses sur lui.
Il parla d'une possible visite de l'appartement, même si le quartier ne le tentait pas. Encore moins lorsque Wun lui précisa que son studio représentait la taille de ses toilettes. Il préféra se dire que c'était plutôt sa salle de bains. On peut pas vivre dans un 9m², si ? Donc environ 20m² sans doute. Ethan afficha tout de même une mine de dégoût. Comment on pouvait réellement vivre dans un truc de cette taille. Il imaginait l'immeuble en toit de chaume, et les murs en terre battu, sans isolant, où on pouvait entendre les pas du voisin du dessus. Le couloir à la limite du délabré. Y avait plus qu'à imaginer des rats se baladant de ci de là, et l'appartement de Wun était un décor idéal pour un film d'horreur.
Comment ça, il exagérait ? Peut être, mais passer de 600m² à 20m²... Non merci. Il tenait à son espace. Déjà qu'il le trouvait pas énormément grand...

-Ouais, bah... Laisse tomber. Je veux pas le voir finalement.

C'était pas vraiment son truc de visiter une pièce en faisant seulement un pas. Même si ça représentait son nouveau lui administratif.

-Au moins ton appart' à un bon côté... J'imagine...

Non, parce que celui là ou un autre, ça revenait au même. Un prénom au bas d'une feuille officielle. Cependant, Ethan se retint de le dire. C'était pas son but de démoraliser. Mais il se promit de lui trouver un appartement dans les moyens du russe. Quitte à payer toutes les rénovations avant, s'il fallait. Un truc qu'il estimait décent. Pas glauque, et où risquait pas de se faire dépouiller à chaque coin de rue.
Il releva aussitôt la tête du bout de papier, le regard plein d'espoir lorsque Wun lui offrit la possibilité de lire le prochain bail. Et il sorti spontanément un :

-C'est vrai ?!

Pour le coup, c'était Ethan qui ressemblait à un gosse à qui on avait promis un bonbon avant de manger. Wun c'est les gadgets, Ethan les contrats... Chacun son dada... Le populaire se renfrogna un peu sous sa propre joie, et la petite tape sur l'épaule, devinant que Wun se moquait gentiment de sa petite habitude à vouloir tout contrôler. Il aurait bien répliquer un « Mais, arrête de foutre de ma gueule » mais ça aurait fait un peu le gosse boudeur.
Alors forcément quand le sujet changea de nouveau, le populaire y sauta à pied joint. Et puis franchement, là c'était l'hôpital qui se foutait de la charité. Comment il pouvait râler d'avoir perdu une bouteille d'alcool dégueulasse ? Il haussa les sourcils pour la peine.

-Tu jettes bien les tiennes !

Et toc ! Répartie à la con ! En même temps, c'est impossible de faire des réparties sérieuses avec le russe. Il n'avait pas vraiment le raisonnement d'Einstein. Il pointa du doigts les chaussures parfaitement rangé grâce à bibi. Ca ne le dérangeait absolument pas que Wun s'étale chez lui. Bien au contraire, ça prouvait qu'il se sentait à l'aise. Bon, c'était le cas partout mais quand même. Il avait plus l'impression que le blond c'était son frère. Le vrai. De sang. Pas parce qu'il se considérait comme tel. Et contrairement aux apparences qu'il pouvait donner, il était très familles malgré son âge. A force d'être ballotter à droite à gauche, ayant comme seul repère fixe une moman manipulatrice et excentrique ça aide pas. Et puis, maintenant elle vivait, comme le reste de la famille d'ailleurs, de l'autre côté de l'océan Pacifique. Ca commençait légèrement à lui casser les buritos. Même s'il se sentait très bien sur cette petite île, et qu'il n'avait aucune envie de retourner à Manhattan. Ville de merde d'ailleurs.

-Je sais pas. Tu m'as prévenu aujourd'hui, je te signale. J'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir.

Autant lui faire la surprise pour les fringues. Sinon quelque chose lui disait, bizarrement, qu'il serait plus difficile pour lui de faire bouger Wun. Ok, il est pas lourd, ok, il est moins musclé, ok il est plus petit physiquement. Mais il était certain que si le russe ne voulait pas, c'était difficile à le faire bouger. Et même en admettant qu'il réussisse... Le voir tirer la tronche sur le trajet, merci, mais non merci. Et puis voir sa tête en train de découvrir la FABULEUSE surprise, ça pouvait être drôle.

-Humf, question de point de vue...

Sérieusement... Ses chaussures étaient moches. On aurait dit que l'ex mafieux avait fait 10 ans de randonné avec. Il se demandait comment ces antiquités ne disait pas encore bonjour avec les semelles.

Où qu'il l'emmenait... ? Euh... Il le regarda dans les yeux très sérieusement, et très intensément, histoire de bien capté l'attention de Wun.

-Au Mali. Le soleil, le sable, les vacances, les tueries, le sang et tout ça. Je me disais que ça te brancherai. Et je trouve ça sympa de se prendre une balle en pleine tête en ouvrant sa porte, tu crois pas ?

Il aurait présenté une conférence de presse, il n'aurait pas pu être aussi sérieux. En même temps... C'était quoi cette question idiote ? Ethan roula des yeux, se permettant de lui faire un petit sourire en coin moqueur, avant de le tirer vers la sortie.
Il ferma son appartement à clefs, emportant le blond avec lui, il faillit louper une marche à la question. Personne n'avait le droit de conduire sa voiture. C'était la sienne. Son petit bijoux, son trésor, sa peluche, son jouet (onéreux pour un jouet, certes)... Bref, il y tenait. Alors que Wun qui avait un scooter datant de la 1ère guerre mondial, demande d'y toucher, c'était... hum... Euh...

-Lol ?

Arrivé au garage,, il monta dans la voiture, s'attachant, et attendant que Monsieur Ivanova (Ou Ebels, mais c'est moins classe) fasse de même. Si le russe était un danger public autant pour lui que pour les autres, l'américain, c'était l'inverse. Personne ne le verrait conduire ne serait ce qu'avec un verre d'alcool dans le sang. Il respectait scrupuleusement le code de la route. Sauf pour les limitations de vitesse, mais personne ne le fait, alors on s'en fout. Ca arrive à Ethan d'être un rebelle dans l'âme... Parfois... Rarement en fait. Il est d'une rigueur navrante ce petit.

Il prit la direction du centre ville, avant de tomber sur un bouchon anormalement long. Il aurait bien fait demi-tour, mais la voiture derrière lui barrait légèrement le chemin. Sal*pe ! Il mit alors ses warnings, et une fois à l'arrêt, Ethan n'attendit même pas avant de descendre de la voiture, allant voir directement ce qui se passait. Et il revint deux minutes plus tard la mine contrariée et frustrée.

-Accident... Putain d'accident ! Il aurait pas pu se planter ailleurs le mec ? Ay lieu de faire chier le monde ?

La compassion c'est qualité, et la patiente une vertue. Mais il n'avait ni l'un, ni l'autre. Et ça faisait encore moins parti de son vocabulaire. C'était plus le mot « call-girls » et « mafia » son truc. Il soupira de lassitude et de frustration commençant déjà à pianoter sur son volant en signe d'impatience.

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La réponse à la demande de Wun ne tarda pas, et si sur le fond, le blondinet s’était effectivement attendu à un refus net, la forme le surprit tout de même un peu. Lol ? Très bien… si même les grands business men de ce monde se mettaient au langage kikoolol, où allait le monde ? DLC probablement…

Loin de s’offusquer, le russe pencha la tête sur le côté, le dévisageant avec un amusement non dissimulé.

« Dis voir… si t’étais dans un vraiiii sale état et que je devais t’emmener d’urgence à l’hosto, tu me laisserais la conduire ta voiture ? »

Demanda-t-il, un sourire au coin des lèvres. Il ne se vexait pas le moins du monde du fait qu’Ethan refuse de lui laisser conduire son bébé. Il trouvait ça juste très drôle et aimait bien le taquiner à ce sujet là. En fait il aimait bien le taquiner sur un nombre infini de sujets… Il fallait bien dire qu’avec son caractère particulier et ses manies, l’américain était une ressource sans fin de sujets de plaisanterie.

« Je vais finir par être jaloux quand je vois la relation fusionnelle que t’as avec elle ! »

Ajouta-t-il, esquissant une fausse moue boudeuse. Il ne pensait évidemment pas un mot de ce qu’il venait de dire –heureusement d’ailleurs, sinon le brun aurait matière à s’inquiéter- mais il était vrai qu’Ethan était probablement un chouia trop protecteur et possessif avec son audi. Bon c’était une sacrée audi. Wunjo et son scooter pourrave ne pouvait probablement pas comprendre ce lien propriétaire-véhicule.

Il suivit cependant docilement son Bro jusqu’à son joujou sur roues, et prit place sur le siège passager –ou place du mort- où il attacha sagement sa ceinture –inutile d’essayer de ne pas la mettre, Ethan irait probablement le ligoter avant d’accepter de démarrer sans qu’il ne soit correctement attaché. Sécurité, c’était le mot d’ordre –enfin… un de ses mots d’ordre.

Fronçant les sourcils dans la voiture, Wun essaya d’analyser le chemin qu’ils empruntaient pour en déduire où son Bro pouvait bien l’amener. Ethan avait habilement –mais pas très subtilement- évité la question lorsqu’il la lui avait posée directement. Après… c’était de Matthews dont on parlait… le fait qu’il évite une question ne voulait pas forcément dire qu’il avait quelque chose à cacher, c’était juste dans sa nature d’user et abuser du sarcasme –de ce côté-là, Wun et Ethan étaient faits pour s’entendre….

« T’es pas en train de m’emmener au shopping center hein ? »

Demanda-t-il, haussant un sourcil inquisiteur alors qu’il se tournait vers le conducteur.

« Parce que si c’est le cas, je te décapite avec un cintre ! Autant te dire que ce sera long et douloureux »

Ajouta-t-il, l’air affreusement sérieux et menaçant. Même si les menaces en l’air de Wunjo, Ethan en avait vaguement l’habitude à force. Ca faisait une bonne année qu’il le supportait, il avait bien fallu qu’il s’habitue.
Mais bien loin des considérations meurtrières du russe, Ethan semblait bien plus préoccupé par sa route et par le trafic de plus en plus lent, alors que le traditionnel embouteillage pointait le bout de son nez. Quelques minutes plus tard à peine, et la voiture roulait au pas, quasi à l’arrêt, au milieu de la cacophonie typique composée de klaxons et d’engueulades.

Contrairement à Ethan, qui était une vraie pile sur patte, Wunjo était plutôt relax. Sa bonne humeur semblait presque inépuisable. Lui-même n’aurait pas franchement pu dire pourquoi. Peut être était-ce la réalisation qu’il avait bel et bien réussi à couper les ponts avec la mafia –si ce n’est l’épisode Zyed qui était venu un peu entâcher sa nouvelle vie- et qu’il était encore vivant, un an plus tard. De toute façon, s’il fallait faire le bilan après cette année passée, il n’y avait finalement presque que du positif. Les deux points noirs étant Akim et Ellen. Mais il n’avait pas envie de se prendre la tête aujourd’hui, d’autant qu’il n’avait pas non plus 1000 occasions de passer du temps avec Ethan. Et puis… il fallait bien équilibrer son soudain air ronchon.

Alors qu’il s’enfonçait dans son siège, s’installant confortablement le temps que les bouchons se fluidifient, il écarquilla un peu les yeux en voyant l’électron à ses côtés bondir hors de la voiture et disparaitre au loin, au milieu des klaxons et des gens mécontents. Wun ne put retenir un petit sourire devant cette réaction impatiente, se contentant de son côté de mettre la radio histoire d’avoir un peu de musique. Il en profita également pour vérifier son portable : pas de message de Kuro. Il n’avait pas du avoir son sms encore.
Le temps qu’il ait vérifié, et un Ethan fulminant revenait déjà. Le voyant approcher, Wun baissa le son de la radio jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un murmure, levant le nez vers lui, attendant plus de détails sur la situation.

Laissant la furie reprendre place derrière le volant en aboyant son mécontentement, le blondinet ne put retenir un nouveau sourire. Ethan contrarié pour de si petites choses, ça le faisait toujours rire, et ce même s’il savait que ça n’allait que l’allait que l’irriter d’avantage.

« Wow wow wow… faut se détendre un peu mon grand ! »

Lança-t-il, sur un ton plutôt amusé, glissant sa main dans la nuque d’Ethan sans trop lui demander son avis. Il lui pinça doucement les cervicales pour appuyer ses dires et lui prouver qu’il était noué comme un lacet le pauvre bougre.

« Sérieusement… t’as du fric à ne plus savoir qu’en faire et tu te payes même pas un masseur perso ? Faut revoir tes priorités ! »

Ajouta-t-il, retirant sa main, observant Ethan avec un regard de chat joueur, attendant sa réaction. Il ne comprenait pas bien pourquoi le brun était aussi tendu. Il devait sûrement y avoir quelque chose de plus qu’un simple embouteillage : certes, les bouchons étaient toujours emmerdants, mais de là à avoir les nerfs en pelotte comme ça…

Tirant sur sa ceinture pour avoir un peu de mou, se tournant vers Ethan pour se retrouver face à lui et de profil par rapport au pare brise, il plaça un de ces bras sur le dossier de son siège, se penchant un peu vers lui, plissant les yeux, l’observant d’un air presque docte, comme s’il l’étudiait.

« C’est l’abstinence qui te rend aussi à cran ? »

Lâcha-t-il soudainement, l’air plaisantin, haussant les sourcils pour masquer son envie de rire. C’était plus fort que lui : il adorait faire tourner Ethan en bourrique. Certes, ce n’était pas gentil de se moquer de lui alors que le pauvre bougre faisait vœu de chasteté involontaire –plus ou moins en tout cas- mais il fallait aussi se dire que cette situation, l’américain l’avait acceptée. Partant de là, Wun s’autorisait à le titiller là-dessus de temps à autre. Il avait déjà partagé son avis là-dessus avec son bro, ce dernier pouvait donc s’attendre à recevoir de plus en plus ce genre de commentaire.

Invité

-Si j'étais dans un vrai sale état, je ne pourrais pas te l'interdire... Question rhétorique !

Ethan lui fit un regard amusé. Le mieux serait sans doute d'appeler l'ambulance. Quoique... Wun devait avoir l'habitude de conduire dangereusement et il était toujours en vie. Peut être pas les voitures qu'il avait empruntée par contre... Heureusement l'américain tenait tout de même plus à sa vie qu'à sa titine. Même si elle était canon. Un bruit de moteur dont n'importe qui tomberait amoureux. Un putain de bon son. Des gentes faites sur mesure. Tout comme l'intérieur aussi... Il devait vraiment choisir entre sa voiture et sa vie ? Non, parce que, ça faisait pas mal de temps qu'il l'avait, ce n'était pas une vulgaire caisse pour lui. Y avait des souvenirs dedans.

-Oh ? Qu'est ce que ça va être quand j'aurais ma moto alors... Une Suzuki GSR 750. Noir et blanche. Design agressif et épuré. Un putain de diamant ! Faudrait absolument que je t'amène faire un tour dès que je l'aurais. Et t'aura peut être envie d'une après... Et je pourrais te faire un cadeau comme ça...

Avec ses yeux qui brillent, on avait juste un peu de mal à lui dire « ta gueule ». C'était limite s'il allait pas sautiller sur place en train de répéter « C'est génial, hein ? ». Dire qu'à l'académie, Ethan était connu pour être froid, distant et calme. Le bel enténébré mystérieux on repassera pour cette fois... En même temps, personne ne devait l'imaginer comme ça en fait. Plus en gros connard, vu sa tendance à engueuler quiconque l'empêchait de suivre convenablement un cours. Au moins, personne n'avait idée de venir l'enquiquiner...

Sauf si Wun avait été étudiant. Il voyait déjà les câlins à tout va, devant tout le monde. Le truc trop gênant en fait. Il pourrait même pas tenter de le repousser, puisque de un, Ethan était pas foutu de dire non au russe, de deux, entre se payer la honte devant tout le monde ou voir le blond bouder ET râler pendant X temps... L''américain choisissait sans hésitation la première solution. C'était moins chiant, et moins culpabilisant. Oui, Ethan apprend à avoir une conscience avec Wun.

Shopping center... Euh... Un grand sourire hypocrite et amusé, s'arrêtant surtout sur l'histoire du cintre où il imaginait son aîné en train de s'énerver parce qu'il n'arrivait pas à le décapiter comme il voulait.

-T'aurais plus de chance de me tuer en m'étranglant avec...

Il se mordit la lèvre pour ne pas exploser de rire sous son regard menaçant, avant de secouer légèrement la tête pour se reconcentrer sur la route où il déclencha très vite les warnings. L'américain détestait perdre du temps. Il avait plus tendance à courir partout en regardant l'heure sur son portable. L'expression courir après le temps, prenait tout son sens quand on le fréquentait. Alors autant dire que le mec qui venait de se planter, il avait bien envie de l'étrangler. Et Wun qui lui balançait un sourire radieux, ça le tuait. Comment ça le faisait pas chier ces conneries ? Ils ne pouvaient pas se voir quand ils voulaient, et passer trois quarts d'heure dans un embouteillage ce n'était pas exactement une bonne journée. Ca faisait 45 minutes de perdu en moins de 24h. C'était comme faire une grasse mat', une perte de temps énorme alors qu'on pourrait faire plein de choses.

-Je suis très détendu !

Ou pas... Il le savait lui même. Et le ton défensif qu'il avait employé ne rendait pas ses paroles très crédibles. En même temps il cherchait pas vraiment à le cacher. C'était plutôt un automatisme... Comme le « ca va ? » on répondait automatiquement oui, alors qu'en fait, on a juste envie de se défenestrer à condition qu'il y ait un trampoline en dessous.
Il frémit légèrement lorsqu'il senti la main de Wun sur sa nuque, et une grimace de douleur se dessina brièvement sur son visage. Réellement, il n'y avait que le russe pour taper là où ça fait mal. Au sens littéral comme au figuré. La dernière fois qu'ils s'étaient disputés, monsieur Ivanova, avait quand même réussi l'énerver en une seule phrase. La moutarde était directement montée au nez, et ça avait soulevé un AUTRE problème, plus ou moins réglé.

-Ouais, enfin déjà quand c'est toi je me raidis quand tu me fais un câlin, alors ne pense même pas comment ça serait avec un inconnu... Qui me touche... Et que je vois pas ce qu'il fait...

Seule exception, c'était les call-girls. Mais, il pouvait garder le contrôle avec elles. Donc forcément ça aide. Non parce qu'il était tout simplement hors de question de laisser un étranger montrer ses faiblesses. Cervicales complètement nouées, c'était quand même avouer qu'il était sous tension. Et qui disait sous tension, disait qu'il avait des soucis à gérer un bout de sa vie. Et c'était impensable qu'un inconnu le sache.

Il recula un peu en voyant Wun s'approcher avec ce même regard malicieux qui disait « Je prépare un mauvais coup », et dieu qu'il arrivait merveilleusement bien ses plans où Ethan passait plus de temps à rougir qu'à se défendre convenablement. Un an qu'il le connaissait, mais il n'arrivait toujours pas à s'y faire à ces conneries. Enfin conneries... Disons que les bisous dans des endroits chelou du style le cou où un peu trop près des lèvres faisaient parties des conneries... Pas pour Wun. C'était normal pour lui. ABSOLUMENT normal... Et comment on explique à quelqu'un que ça prête à confusion quand on commençait à s'habituer à ces manies, et qu'on savait aussi que c'était simplement une marque d'affection Wunesque ? Ca serait une bonne question pour un psy, ça.
Enfin là, c'était pas un bisou qu'il lui avait fait, mais simplement une pique, et il en était soulagé. Non parce que les bisous en public ça le fait pas. Et il avait pas envie de repousser le blond pour qu'il boude.

-Ouais, mais non. En fait... Je suis tombé amoureux de toi... J'espère toujours attirer ton attention, mais tu vois que Kuro... Pour ça que je suis tendu, enfin entre autre. Mon abstinence et le fait de te voir et que tu fasses des câlins et des bisous, ça me donne vraiment envie, et je dois me contrôler pour pas que tu remarques quoique ce soit. C'est gênant, et du coup, je stresse...

Un visage sérieux et un regard timide parfaitement bien joué. Si on ne le connaissait pas, il n'y aurait aucun doute qu'on le croirait. Il finit tout de même par esquisser un sourire amusé, trop fier de sa connerie. Il se montrait rarement aussi spontané. Même avec Kim ou Miya, avec qui il entretenait plus un rapport de force. Le premier l'aidait à rester à son maximum, et la deuxième tentait de le dépasser dans des domaines où il excellait, ce qui ne l'aidait pas franchement à se détendre avec son esprit compétitif et arrogant.
Wun, lui, il semblait s'en foutre royalement. En fait, ils en avaient jamais parlé et ça lui allait très bien. Le populaire préférait leur relation enfantine.

-Plus sérieusement, ça a toujours été douloureux à ce niveau là. Ça date pas d'hier.

Bon techniquement, il était plus stressé que d'habitude entre l'approche des examens de fin d'année (Mais au final, il était en avance sur ses révisions) et surtout cette foutue date de fiançailles qui approchait vite. Trop vite. En plus un 14 Février... Ironie quand tu nous tiens... Le sommeil n'avait pas été exactement au rendez-vous en plus. Mais il n'avait aucune envie d'en parler, ça finirait par lui prendre la tête, puisqu'il n'y avait aucune solution. Il fallait juste attendre que ça passe. Malheureusement, la patience ne faisait pas parti de ses qualités. Et puis c'était l'anniversaire de Wun, enfin Dan... Ça embrouille facilement la tête cette histoire aussi.

-Ca bouge enfin !

Avec sa tête qui disait : « Il était temps » », et il avança lentement mais sûrement sans avoir à remettre au point mort trop souvent, vers le centre commercial plus vite que prévu. D'ailleurs il sentait le mode boudage de Wun arriver à des kilomètres, et il prit les devants.

-Y a pas que des fringues là-bas ! Donc ne boude pas, ne râle pas. Et de toute façon, il te faudrait prochainement un costume trois pièces. Pas de poisson. Après on dépensera ce que tu veux, sauf de l'alcool, évidemment...

Comment ça il savait déjà qu'il allait réclamer de la vodka ? Wun est prévisible... Sur certain point. Mais en attendant, Ethan lui... Il avait jamais foutu un pied dans une galerie commercial pour faire les magasins...

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Honnêtement, si Wunjo s’était attendu à ce genre de déclaration venant d’Ethan, il aurait fermé sa gigantesque gueule. Mais comme il était trop tard pour les regrets, le blondinet se retrouva bouche scellée à écouter son cadet lui déballer son paquet. Ses sourcils passèrent de hyper-froncés à méga-haussés, exprimant tour à tour le doute puis la surprise –ou la surprise puis le doute, c’était un peu confus dans son esprit. Durant deux petites secondes, la panique prit la relève, laissant une armada de question envahir sa tête, allant de « oh putain depuis quand ? » à « il a quand même pas pris mes bisous pour un acte manqué ? » et autres trucs du genre. Toutes ces questions en deux petites secondes, oui. Puissantes comme une lame, rapides comme l’éclair, nous sommes Sonic l’électronique, nous sommes Sonic le sympathi…

Et puis tilt ! Comme si on venait de placer un gros mur en béton sur le trajet des questions et qu’elles s’étaient lamentablement écrasées contre lui comme des mouches en plein vol. Les neurones avaient du retrouver le chemin de la maison et se reconnecter entre eux, car l’évidence frappa le petit blond de plein fouet : Ethan ne pouvait pas de manière sensée et réaliste lui dire un truc pareil. Ca n’avait juste aucun sens. A moins qu’ils ne soient :
a) Dans un rêve
b) Dans une dimension parallèle
Clairement, dans un rêve, Ethan ne l’emmènerait pas faire les boutiques pour le resaper. Et dans une dimension parallèle… ok ça c’était possible. Mais Wun n’avait pas envie de croire que même dans les dimensions parallèles il se tapait un appart minable et un métier sous-payé, donc c’était à rayer du domaine des possibles.
De méga-haussés, les sourcils replongèrent à hypra-froncés, ne trahissant cette fois plus le doute mais carrément la frustration d’avoir foncé dans le piège comme un chien sur un steak.

« Putain ! T’es con ! J’ai failli y croire pendant quelques secondes ! »

S’exclama-t-il, se mettant à marteler de ses deux poings l’épaule d’Ethan pour manifester son mécontentement. Non mais sérieusement, c’était pas drôle ce genre de blague ! Il avait paniqué, pendant un moment, le Wun. Pourtant Ethan était loin d’être un acteur exemplaire… Parfois le blondinet pouvait être d’une naïveté affligeante. Vexé comme un pou de s’être laissé avoir par la petite scène improvisée d’Ethan, il croisa les bras sur sa poitrine, baissant la tête, dévisageant le brun par en bas d’un regard qu’il voulait noir. Cela ne dura cependant pas bien longtemps : Wun était incapable d’en vouloir trop longtemps à Ethan pour des conneries de ce genre. Il était par contre très doué pour la bouderie longue-durée sur des sujets plus sérieux.

Se détendant un peu, Wun accueillit la nouvelle remarque d’Ethan par un haussement de sourcil, l’observant comme s’il ne le prenait pas du tout au sérieux, avant de rouler des yeux et de lui jeter un regard désabusé.

« T’as raison. J’suis sûr que si je te disais « non mais t’inquiète pas, je tousse à en cracher mes poumons mais ça date pas d’hier, ça fait 3 ans que ça dure » tu lâcherais rapidement l’affaire… »

S’il y avait bien une chose qu’Ethan ne maîtrisait absolument pas, c’était le « laisser tomber ». Il ne laissait jamais tomber. Il était à peu près aussi têtu que Wun dans le domaine, mais le blondinet était probablement plus fourbe et manipulateur avec le brun que l’inverse : il savait quand lâcher l’affaire, comment, et quand la remettre sur le tapis pour obtenir ce qu’il voulait. L’ennui, c’était que ça ne marchait qu’avec Ethan. L’avantage, c’était que ça marchait sacrément bien avec Ethan …

Il fut sorti de ses pensées par l’exclamation du brun, suivie d’une accélération de la voiture, signe que le trafic revenait à la normale. Wun se laissa retomber contre son siège, laissant dériver son regard vers la vitre, observant attentivement le chemin emprunté. Avant même qu’il ne puisse servir une râlerie ou une pique concernant leur destination, le brun le devança en annonçant d’hors et déjà la couleur, malgré la moue boudeuse de son bro.

« Pourquoi sauf de l’alcool ? On est pas justement censé acheter de l’alcool pour fêter les grands évènements ? »

Répliqua-t-il immédiatement, bondissant sur le commentaire d’Ethan comme si sa vie en dépendait. Pas que le blondinet soit alcoolique –quoique certain argueraitque si- mais il fallait bien avouer qu’il aimait lever le coude. Il trouvait l’image de deux frères buvant un coup ensemble tout en philosophant sur la vie plutôt poétique –si tant est que Wunjo ait une sensibilité poétique quelconque.

Mais ce n’était pas le seul point piquant dans les dires d’Ethan : au-delà du fait que la vodka n’était visiblement pas invitée à la fête, il y avait surtout le fait que le costume de pingouin, lui, soit l’invité d’honneur. En s’imaginant dans un costume trois pièce, Wun ne put retenir une légère grimace.

« Et puis ça me va pas ces machins trop tirés à quatre épingles là, ça fait tâche sur moi… »

Grogna-t-il, tout en sachant que ce n’était pas vraiment négociable. Il râlait plus par principe qu’autre chose, puisque de toute façon Ethan connaissait déjà son avis sur le sujet des costars et compagnie. Et puis… il avait beau ne pas aimer ces fringues là et ne pas déborder d’enthousiasme à l’idée d’hériter d’un frérot maqué, il n’en était pas non plus au stade de refuser de participer aux cérémonies et tout le patacaisse. Ca ferait probablement de la peine à Ethan, et ce n’était pas le but. En fait à part manifester sa frustration d'enfant capricieux sur-possessif, il n'y avait pas franchement de but... Mais il ne fallait pas non plus s’attendre à ce qu’il y mette de la bonne volonté : c’était de Wun, dont on parlait, il était doué pour faire des caprices et agir comme s’il avait le quart de son age…

Lorsque la voiture fut finalement garée, Wun ouvrit la portière, s’extirpant du bolide en traînant un peu les pieds –pour la forme- les bras croisés sur sa poitrine.

« Et puis d’abord, qui a décidé qu’à ces machins là on devait porter des costumes ? J’sais pas on peut avoir l’air classe avec un pull… ou même un t-shirt à manches longues…. J’demande pas non plus à porter une salopette… »

Il pouffa un instant, imaginant subitement un mariage avec les mariés en salopettes noires et blanches. Non, définitivement, la salopette était à rayée de la liste des invités. Il secoua la tête, chassant de son esprit ce tableau grotesque, reportant son attention sur Ethan, l’observant dans l’expectative.

« Bon ben… Je te suis hein. Commençons par le plus pénible, comme ça on garde le meilleur pour la fin »

Déclara-t-il, enfonçant ses mains dans ses poches pour accentuer encore d’avantage le look de l’ado hippie que ses parents forcent à aller chez le coiffeur, débordant de motivation et de bonne volonté.
Même si en l’occurrence, il ne savait pas trop ce que le « meilleur » était puisque Ethan avait d’hors et déjà annoncé que l’alcool n’était pas sur leur liste de course. Depuis quand est-ce qu’il faisait la fine bouche pour s’en coller une entre bros lui d’ailleurs ? Wun grogna intérieurement, songeant qu’il n’avait jamais été prévenu que les fiançailles s’accompagnaient d’un balai dans le cul. Seul point positif dans cette constatation : le balai, contrairement au suppositoire, ça se retire !

Invité

Ethan perdit très vite de sa superbe pour sa petite blague en entendant la leçon de morale de Wun. Il était réellement inquiet pour si peu ? C'était pas comme ci il était bloqué après tout. Ca tirait seulement un peu. Et puis, il avait l'habitude désormais. En plus, des fois ça l'arrangeait bien, il se sentait un peu rassuré avec ce mal qui faisait partit de lui depuis plusieurs années, et ça l'aidait à rester dans le monde des vivants d'une certaine façon. Le stress avait toujours été dans sa vie, et il en avait besoin pour avancer. Mais ça, pas sûr de son frère le comprenne... Alors pinça les lèvres jugeant le terrain un peu trop glissant pour lui. Il se demanda vaguement si Wun s'était retenu sur un autre problème où il s'était malencontreusement pris un poing dans la gueule, ou s'il n'y avait pas pensé pour le coup. Dans les deux cas, valait mieux ne pas tenter le diable, il se savait perdant dès le début. L'idée de se faire encore plus engueuler à propos de sa TEI ne l'enchantait pas vraiment, bizarrement... Surtout qu'il était conscient de n'avoir aucun argument valable. Le russe avait beau joué les gamins, il savait miraculeusement se transformer en adulte quand il fallait... Et ça, ça n'arrangeait absolument pas l'américain. En plus, il avait la manie de le faire culpabiliser. Mécanisme qui marchait très bien sur sa petite -ou grande- personne. Wun avait bien faillit réussir à les lui faire prendre ses médicaments. Malheureusement, Ethan était bien trop intransigeant sur ce sujet pour écouter qui que ce soit.
Et puis, son bro avait bien cherché ce poing... Quelque part... Ok, le populaire s'en voulait toujours, mais le nain enfoncé dans son siège avait semble-y-il déjà oublié. Parfois c'est cool les mémoires de poissons...

Et les mémoires sélectives... Ethan venait de lui dire qu'il pouvait acheter ce qu'il voulait, sauf de l'alcool et voilà que Wun rebondissait sur ça... Au lieu d'imaginer un cadeau qui lui ferait plaisir, comme une télé, un lecteur blue-ray, un ordi ou autre trucs que le blondinet ne pouvait probablement pas s'acheter. En plus, il avait dit qu'ils n'achèteraient pas... Pas qu'ils consommeraient pas. C'était la faute de l'autre saucisse s'il n'avait pas pensé à Anthony. Ok, il était discret, mais quand même...

-Ravie de savoir que tu ne penses qu'à boire...

Un petit sourire taquin en sa direction pour lui signifier que ce n'était qu'une pique, malgré le ton ironique qu'il avait pris. Et non, il n'avait pas l'intention d'avouer au minimoys qu'il avait bel et bien pensé à l'alcool. Autant lui faire la surprise, il sera encore plus content, après le supplice qu'il allait lui faire vivre. Ethan ne lui avait pas encore avoué que ça serait du sur mesure. Par conséquent... Beaucoup plus long que de choisir avant de sortir du magasin. Sadique ?... Mais non, riche...

Et il pinça une nouvelle fois les lèvres se retenant de dire que c'était Wun la tâche. Le russe était un peu trop susceptible pour entendre ça, et il craignait qu'il le prenne mal. En même temps... C'était quoi cette idée de s'attacher à quelqu'un qui balance des vacheries toutes les deux minutes ? C'était être masochiste... Enfin, on pouvait dire la même chose d'Ethan. Lui, il détestait qu'on lui boude... Et tout le monde connaissait la spécialité de son bro... Surtout l'américain.
Lorsqu'il fut garé, le jeune homme prit soin de prendre son portable et son kit main libre avec une idée en tête, avant de sortir de sa voiture, et de suivre grincheux d'un sourire amusé. Monsieur maniaque venait de l'imaginer en salopette avec des tâches de peinture rouge et jaune.

-Je ne doute pas que tu seras sexy avec seulement un pull et attirer les pimbêches au comportement de vierge effarouché, mais tu es en couple, alors il vaudrait mieux mettre un truc qui fait tâche sur toi...

D'ailleurs en y pensant... Ethan pencha la tête sur le côté avec un air interrogatif.

-Au fait, Kuro a un costume ?

Fallait être un peu beaucoup con pour avoir oublié ce détail... Pourtant il avait pas oublié que Wun était en couple. Il avait pas oublié non plus qu'en général quand on invite une personne, on invite aussi le conjoint... Alors pourquoi, il n'y avait pas pensé plus tôt ?
Cependant, il ne resta pas vraiment dessus, puisque ce magnifique petit détail, -détail plus grand que Wun, mais c'est pas grave, tout le monde est plus grand que lui- souleva une autre question en voyant cet air ronchon. Il venait aussi de penser qu'il n'avait jamais demandé l'avis du russe en fait, et Ethan n'était pas sûr que ce dernier veuille vraiment venir... Il lui lança un regard désolé. C'était peut être un message pour lui dire qu'il ne voulait pas mettre les pieds dans une cérémonie...

-Je sais que c'est pénible, mais... T'es pas obligé de venir, tu sais ? Ca me semblait naturel que tu viennes, mais je veux pas te forcer. C'est pas grave si tu viens pas...

Si, c'était grave, et ça se voyait sur son visage, mais c'est pas grave. Chacun fait culpabiliser l'autre comme ça... Il donna une petite tape sur l'épaule du blond tout en lui adressant un léger sourire pour le remonter le moral. Mine de rien, il comprenait la douleur du russe. Mais il y pouvait rien. C'était pas lui qui avait décrété que mariage = costume.
Le jeune homme se dirigea d'un pas assez rapide vers le centre commercial, sans doute aussi pressé que son frère de se débarrasser de cette corvée. Et puis, soyons honnête, Wun grognait pour tout et n'importe quoi. Si un jour il ne le faisait pas... Ça inquiéterait carrément son cadet. Même si pour le coup, ça lui faisait tout de même mal au coeur de le voir ainsi pour cette histoire. Il avait un peu l'impression de l'entraîner dans sa chute. Après tout, c'était son problème, et son bro avait sans doute d'autres soucis en tête. Etait ce vraiment utile de mettre un autre fardeau sur ses épaules ? Certes, il ne doutait pas que Wun en avait largement les capacités... Mais il avait peu peur que ce soit une goutte de trop.
Il se pinça l'arrête du nez, tentant de repousser ses pensées... Un peu trop noir. Ça le mettait à l'ouest, et c'était pas l'idéal quand on était sur un escalator. C'est si facile de se péter la gueule...
Il adressa un sourire qui se voulait innocent, mais qui au final ressemblait à celui d'un gosse trop fier d'avoir en tête un petit plan diabolique.

-Tu m'en voudra pas, mais ça sera du sur mesure... Et j'en demanderai deux. Je ne te fais absolument pas confiance pour en prendre soin, au vu de la gueule de tes fringues...

Aussi délicat qu'un cachalot... Le russe n'avait pas vraiment de quoi être étonné de toute façon, ça faisait un an qu'il le supportait.
Et c'est devant le magasin de prêt à porter qu'il entraîna son frère de coeur en le prenant par l'épaule histoire qu'il ne s'enfuit pas ou qu'il reste traîné en faisant semblant de s'intéresser au cravate. Il s'adressa au vendeur directement avec une fausse amabilité et ton relativement autoritaire.

-Bonjour, je voudrais deux costumes sur mesure et indémodable. Mais pas du noir et blanc. Classique et élégant, sans fantaisie. Donc pas de rayures sur la veste et le pantalon. Pas de cravate avec des motifs de fleurs ou de pois. Des rayures fines s'il doit y en avoir. Et c'est pour lui...

Il poussa un peu le blond pour qu'il soit devant lui, réprimant un sourire amusé. Il le voyant déjà en train de râler parce qu'une aiguille lui avait piqué le mollet ou autre truc dans le genre. Il plaignait le vendeur pour le coup. M'enfin, c'était pas comme ci c'était une petite commande.

-Sur ce, j'ai des affaires à régler... Je reviens dans une heure. A plus tard, Dan !

Et hop, un petit sourire sournois. Une vengeance pour les chaussures qu'il avait balancé dans son appartement ! Il sortit son portable et son kit main libre en sortant, passant un bref coup de fil à Anthony avec un air horriblement sérieux, qui ne semblait absolument pas aimable. Personne n'aurait idée de venir lui parler spontanément en voyant sa tête.

Et c'est véritablement une heure plus tard que l'américain revint avec un petit paquet, et une enveloppe avec du papier kraft, avec un sourire de gamin et les yeux pétillant de malice.

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Sentant bien qu’Ethan se fichait ouvertement de sa poire en prétextant vouloir préserver son couple, Wun plissa les yeux, le dévisageant comme il le ferait avec une fourmi volante : méfiant, sur ses gardes, sachant que la fourmi volante est prête à tout.

« Trop aimable de se soucier de ma vie de couple »

Commenta-t-il, sans y croire une seule seconde. Quitte à porter un truc qui faisait tâche sur lui, Wun aurait encore préféré porter de vraies tâches, mais personnes ne lui demandait son avis. La question du brun lui fit hausser un sourcil, et il l'observa quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Non... Et d'ailleurs comme il a pris un peu de poids dernièrement et que plus aucun pantalon ne lui va, il voulait savoir si ça t'allait s'il venait en short ou bermuda »

Il garda son sérieux 4 secondes au mieux avant de lui faire un grand sourire moqueur, l'air de dire 'je t'ai trollé'. C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas s’empêcher de taquiner son cadet. Et ce dernier le lui rendait d’ailleurs très bien.
Mais le sujet devint soudainement beaucoup plus sérieux alors qu’Ethan abordait de front le sujet de la présence de Wun au mariage. Le russe le sonda un instant du regard, cherchant à savoir s’il était tout à fait sincère ou s’il essayait juste de se montrer arrangeant. Au fond, ça n’avait pas vraiment d’importance : le blondinet avait beau grogner, y mettre de la mauvaise volonté et tutti quanti, il ne se permettrait pas de ne pas être présent pour son bro pour un tel jour.

« Si, je viendrai »

Déclara-t-il simplement dans un petit sourire qu’il voulait réconfortant. Il suivit docilement Ethan dans le centre commercial, quoiqu’il fut tenté de se la jouer gamin capricieux et de traîner des pieds pour retarder l’échéance. D’un autre côté, le plus vite c’est fait, le plus vite ils en étaient débarrassés, il fallait envisager les choses ainsi.
Mais lorsque le brun lui annonça soudainement qu’ils étaient sur le point de faire du sur mesure, il ne put empêcher sa moue mi-boudeuse mi-grognon de faire son come back.

« Du sur mesure ? Mais ça va prendre des plombes ! »

En vérité, Wun n’en avait pas la moindre idée, puisqu’il n’avait jamais fait faire du sur mesure. Il s’apprêta à grogner un peu plus, histoire de manifester son mécontentement, mais Ethan était déjà passé à autre chose, s’adressant directement au vendeur. Le blond haussa un sourcil critique en direction de son bro, songeant que si un client lui avait parlé avec une telle supériorité il lui aurait volontiers explosé l’arcade sourcilière. D’un autre côté il bossait dans un magasin de jouets, pas dans une boutique de luxe…. Il fallait bien s’accommoder de sa clientèle.

Maigre consolation : il comptait bien noyer Ethan de râleries et de commentaires pendant que le vendeur s’occuperait de lui. Ca, c’était sans compter le plan « échappatoire » de l’américain, qui détala du magasin à la vitesse du Shinkansen en se contentant d’informer son frère le plus concisément possible, ne lui laissant surtout pas le temps de réagir.

« Ethan ! Traître ! »

Cria-t-il suffisamment fort pour que le fuyard l’entende, et ce sous le regard pour le moins interloqué du vendeur.

Et le cauchemar commença.
Wun essaya au mieux de ne pas trop remuer pendant que le jeune homme prenait ses mesures, mais ce n’était pas chose aisée. Le blondinet n’avait jamais vraiment su tenir en place et rester planté là à ne strictement rien faire était un supplice pur et dur –qu’il ferait tôt ou tard payer à ce sadique d’Ethan. Il l’imaginait déjà jubiler dans son coin !
Le russe commença à poser des questions au vendeur, cherchant à s’occuper l’esprit puisqu’il était de toute façon coincé ici. Le temps passa finalement relativement vite –même si les jambes commençaient à s’engourdir. Alors que le vendeur lui annonçait qu’ils en avaient presque fini, Wun vit au loin la silhouette d’Ethan se rapprocher à pas rythmés d’eux. A croire qu’il avait planqué une puce sur le russe.

Le voyant s’approcher, Wun esquissa un petite sourire et déclara, s’adressant au vendeur, mais élevant suffisamment la voix pour que Ethan l’entende distinctement :

« Enfin voilà. Il était très très très saoul ce soir là le Monsieur Matthews, ce qui justifie toutes ces péripéties »

Le vendeur esquissa un sourire complice, comprenant parfaitement ce que Wun essayait de faire, sourire qui disparut instantanément dés que le brun fut suffisamment proche pour distinguer son expression. Plaisanter sur le dos d'un client comme un Matthews n'était probablement pas l'idée même de la démarche professionnelle ambitieuse.
Le blondinet attendit que son bro arrive à leur hauteur pour lui lâcher, d’un air faussement désinvolte.

« Tiens ? Déjà de retour ? On parlait de toi justement »

Il ponctua son commentaire d’un sourire insolent. Le vendeur se redressa au même moment, hochant la tête d’un air satisfait pour signaler que les retouches étaient finies. Wun écarta les deux bras, imitant parfaitement la croix du Christ, hochant les sourcils d’un air dubitatif.

« Alors ? J’ai l’air de quoi ? A part d’un crétin. »

Il fit un tour sur lui-même, jouant maladroitement le mannequin à l’œuvre, avant de disparaître dans une des cabines pour se changer et récupérer ses bons vieux vêtements plus confortables quoique moins classes.
Cela ne lui prit que quelques minutes et il réapparut au moment où le vendeur partait dans l’arrière boutique, probablement pour emballer le costume proprement.

« Tu as d’autres tortures pour moi prévues dans la foulée ? »

Cela dit, Wun avait beau plaisanter sur le sujet, la vérité c'était que ce mariage le stressait. De manière générale, être entouré de beaucoup de monde l'angoissant depuis son changement d'identité, même s'il ne l'avait confié à personne. Et si en plus le monde en question venait d'un milieu aisé -pour ne pas dire carrément riche- c'était pire. D'autant que s'il était témoin il ne pourrait pas totalement éviter l'attention des gens. En même temps, il ne pouvait pas refuser d'être témoin. Déjà parce que ça ne se faisait pas, et surtout parce qu'il ne voulait pas décevoir Ethan. Il savait que cet événement était déjà une grosse épreuve pour lui, la moindre des choses était de le soutenir, et ce même s'il ne voyait pas le mariage d'un très bon œil.

Cela dit, ne pas se défiler ne voulait pas pour autant dire qu'il n'appréhendait pas ce moment. En plus il devrait probablement faire un discours... Oh putain. Un discours. Il n'y avait pas vraiment songé avant. Wun n'était jamais allé à aucun mariage, mais il lui semblait, d'après les films du moins, qu'un discours était de mise. Une toute nouvelle appréhension dans les yeux, il se tourna vers Ethan, se mordillant la lèvre.

« Je suis censé faire un discours à ton mariage ? »

Demanda-t-il alors, sans passer par 4 chemins –de toute façon passer par 4 chemins n’était pas franchement son fort. Il essaya de dissimuler le fait que ce genre d’exercice le terrifiait d’avance derrière un sourire un peu maladroit, mais Wunjo pouvait parfois faire un très mauvais acteur. Il allait bien falloir pourtant apprendre à donner le change s’il ne voulait pas tout simplement pourrir l’ambiance de la cérémonie.

À vrai dire, Wun comptait beaucoup sur la présence de Kuro. Il ne lui en avait pas vraiment parlé et n'avait donc pas eu l'occasion d'en discuter avec lui, mais il espérait que son petit ami pourrait venir le soutenir. Sinon le blondinet se sentirait bien seul. Parce qu'au final, à part Ethan, il ne connaîtrait personne au mariage, et de toute évidence son bro n'aurait pas beaucoup de temps à lui consacrer ce jour la. À part lui il connaîtrait ... Anthony. Qui lui aussi serait débordé. Et c'était tout. Wun ne connaissait pas la famille d'Ethan -ni sa fratrie, ni ses parents. Le russe fronça les sourcils, réalisant qu'il n'avait effectivement jamais rencontré la famille de son "frère", ironie du sort. Comment pouvaient être ses parents ? Il n'en avait pas la moindre idée, mais cette nouvelle réalisation ne faisait que le stresser d'avantage. Se tournant vivement vers Ethan qui faisait face au vendeur –qui était revenu avec d’énormes sachets-, Wunjo le dévisagea, les sourcils fléchis, marquant une certaine appréhension.

« Et j'ai même jamais vu tes parents ! Oh bon sang... Si ça se trouve ils vont penser que je suis genre un vautour qui en veut à ton fric ! Je vais me sentir comme Jack dans Titanic quand ils l'invitent à leur resto là... J'aurai le costume mais je ferai quand même hyper tâche .... »

Et voilà que le garçon faisait une crise de panique en direct au futur marié. Le plus ridicule dans tout ça, c'était qu'à l'entendre on aurait cru que c'était lui qui allait se marier avec Ethan et craignait la rencontre avec sa belle famille. On pouvait croire que Wun exagérait un peu l'événement, mais pas de son point de vue : il n'avait jamais rencontré les proches d'Ethan, alors forcément, même si leur attention serait forcément focaliser sur Miya et pas sur lui, il n'avait pas envie de faire une impression déplorable ... L'estime que le blond se portait frôlait parfois dangereusement le zéro absolu.

Invité

Il n'avait pas pu s'empêcher de sourire amusé sous l'insulte du « traitre ». En même temps... Il n'avait jamais caché son horreur de faire les magasins. Encore plus de jouer les statuts pendant une heure. Que demander de pire à quelqu'un incapable de faire une grasse matinée alors que son corps réclame à bouger toute une journée, sans se poser ? De plus, rester avec Wun ne servait à rien dans le sens qu'il n'avait aucune utilité à part rester rester assis comme un piquet à écouter les jérémiades du russe. Y avait des choses beaucoup plus productif quand même. Dans le genre acheter des cadeaux dont Grincheux ne pouvait absolument pas s'offrir, et dont il devait trouver comme « superflus ». Fallait bien que l'argent servent et Ethan n'était pas réputé pour jouer l'écureuil. Il ne regardait jamais les prix de ses achats personnels. En même temps être propriétaire d'un compte en banque qui lui permettait de pouvoir vivre plus que confortablement sans avoir besoin de travailler tout en s'offrant énormément de largesse, ça aide. Comme quoi, négocier un salaire avec son propre père, quitte à faire du chantage, ça pouvait avoir des effets bénéfiques.

Néanmoins, être riche avait aussi ses inconvénients, notamment celui de devoir faire TRES attention à son image. Particulièrement quand les concurrents vous attends au tournant. Ce qui était le cas avec ce fils prodige. Dans le milieu des affaires, il avait déjà sa réputation : Connard intransigeant. Alors forcément s'il fait des erreur... Système qui ne semblait pas effleurer une seule seconde le cerveau de Wun. Ethan ne songea même pas que ça aurait pu être une blague, ayant bien trop peur à ce niveau là, de faire un faux pas. Si bien que l'américain répondit au sourire insolent par un regard glacial digne des températures polaire, imaginant déjà l'effet domino de qu'aurait pu dire le russe. Il ne devait pas être le seul riches à traîner ses fesses ici. Et quoi de mieux que de balancer les petits secrets des uns des autres pour attirer la clientèle ?

-Très élégant.

Ne se dépatissant pas de sa mauvaise humeur, Ethan nota tout de même que Wun dans un costard... Il était digne de figuré dans une publicité pour parfum. Malheureusement pour le cadet, avec tout ce qu'il traînait comme casserole, ce n'était pas vraiment envisageable, sans mettre en danger la sécurité du blond. Sauf si la mafia avait une amnésie aussi tenace que soudaine le concernant... Ce qui était... Peu probable.
C'est seulement une fois que Wun alla se changer qu'Ethan dirigea son attention sur le vendeur.

-Il a dit quoi ?
-Rien, Monsieur.

Un regard des plus autoritaires et froid, il n'eut pas besoin de plus de quelques secondes pour faire bafouiller le vendeur se mettant à regarder le sol. Ah que c'est bien d'être riche, et d'être capable de plomber un commerce en claquant des doigts. Surtout quand on a 22 ans. Les plus vieux avaient la hantise de subit l'impulsivité des plus jeunes.

-Je vous assure. Apparemment, il voulait seulement vous embêter pour l'avoir laissé ici. Il ne semblait pas très à l'aise.

Et le regard d'Ethan vint s'adoucir lentement, offrant un léger sourire discret, comme pour s'excuser de son comportement inconvenant. Et il accueillit Wun bien plus chaleureusement que précédemment.

-Non, pas aujourd'hui. Sinon, tu seras trop fatigué pour faire perdre du poids à Kuro. Je ne tiens pas au bermuda et autre.

Un faux sourire adorable, et des paroles pleines de sous entendus. Un regard des plus malicieux, contrairement à quelques minutes. Heureusement, le russe était habitué à ses brusques changement d'humeurs, si bien qu'il ne devait pas réellement s'en formaliser.
Fouillant la poche intérieure de son manteau pour ressortir son portefeuille, et sa carte gold, Ethan s'apprêtait à payer avant d'être interrompu par la question de Wun... Qui semblait on peut plus dans le rôle de témoins. A l'entendre et à la voir, le mariage était pour bientôt.

-Sans te vexer, je pensais demander à Kim de le faire. Pas besoin de deux discours.

A vrai dire, il ne savait même pas s'il y aurait un discours. Wun l'avait pris au dépourvu avec sa question, et il s'était empressé de balancer un mensonge. Il n'en avait pas encore parler avec Kim. De plus, il ne savait même pas quel type de mariage ça serait. Mondain ? Intimiste ? Américain ? Français ? Japonais ? Pouaf... Wun était en train de le stresser avec sa question à deux balles, malgré son air impassible. Mais merde quoi, ils étaient là, juste pour faire deux costumes. Pourquoi le torturer ainsi ? C'était pas sa faute à lui. Mais vraisemblablement, le blond en menait encore moins large.
Délaissant ce dernier -avec l'espoir de l'avoir rassuré- il composa le code de sa carte tout en laissant un pourboire devait représenter la moitié du salaire de Wun. Non pas qu'il voulait en mettre plein la vue, contrairement avec son Audi, mais c'était la façon de l'étudiant de dire « bon travail »

-Quelqu'un viendra les chercher...

Un sourire très rapide entre chaleur et froideur, déjà bien il sourit à un inconnu, il se tourna vivement vers Wun se demandant s'il ne se foutait pas de sa gueule. Apparemment non, au vu de la panique qu'il affichait, tirant un soupir à Ethan.

-J'ai jamais vu Titanic.

Il entraîna l'aîné en posant son bras sur l'épaule de ce dernier vers la sortie, comme le ferait un grand frère tentant d'être rassurant, tout en saluant le vendeur. Comment son bro pouvait stresser à ce point pour quelque chose de si lointain ? Il n'y avait même pas de date. Le jeune homme songea alors qu'il n'avait sans doute jamais mis un pied dans une cérémonie.

-Alors un : Les fiançailles ne sont pas passées donc le mariage n'est pas pour tout de suite, et fais moi confiance, j'y veillerais. Sauf si je change d'avis... Deux, ton plus gros danger concernant ma famille, c'est ma soeur, mais tu lui dis tout de suite que tu es homo, tout se passera bien... Sauf pour Kim, mais il se démerdera avec la sangsue. Trois, tu as déjà rencontré mon père, et c'est une force tranquille...

Cette fois, il se mit en face de Wun le regardant dans les yeux, histoire d'être sûr que le russe fasse la corrélation papa Thathan et mafia. Il n'avait pas pris la peine de baisser le ton. Pourquoi faire de toute façon ? Il n'y avait aucun mot qui relevait de la méfiance.

-Quant à ma mère... Elle n'était absolument pas riche avant de se marier avec mon père. Donc y a plus de chances qu'elle te dise de manger plus, comme tu es fin comme une brindille. De toute façon, ils sauront que n'es pas un vautour si tu râles. Au contraire, ils comprendront comment tu arrives à me supporter, ok ?

Il fit une petite tape sur l'omoplate du russe avec un sourire rassurant, histoire qu'il arrête de son prendre la tête. Surtout qu'Ethan n'avait pas voulu le lancer sur ce sujet, il avait juste préféré se débarrasser de cette corvée tout de suite en étant sûr qu'il était libre.
Ce n'était pas le sujet du jour en plus. Et c'est avec un sourire malicieux qu'il montra le petit sac qu'il avait toujours en main, et l'enveloppe en papier Kraft.

-Viens, on va se poser, j'ai des cadeaux de dernières minutes. Ca sera un peu plus joyeux... Enfin, j'espère.

Il fit une légère grimace en disant long sur son appréhension que le blond aime ou pas. Et c'est dans un café « normal » qu'Ethan entraîna Wun, histoire qu'il soit à l'aise. Il commanda une bière d'une voix absente restant se faire un scénario sur « S'il aime pas ? » envisageant tout les solutions possible pour se sortir d'un possible mauvais pas. Au final, y avait toujours un « mais » de trop, et l'étudiant donna finalement l'enveloppe histoire de se débarrasser du plus vite possible du cadeau qui le stressait le plus. Et il attendit avec un air impatient que Wun l'ouvre, le laissant découvrir, ses lèvres semblant déjà prêtes à donner toutes les explications possibles et imaginables.
C'était des simples photos d'un appartement miteux, avec de la moquette en guise de tapisseries, une cuisine qui ne donnait franchement pas envie de cuisiner, et elle n'était pas vraiment équipée, une salle de bains vieillotte, et un salon qui puait le renfermer rien que sur ses photos. Après il y avait des plans, laissant à penser qu'il était assez grand, seul point qui semblait positif. En gros... On pouvait croire à une grosse blague, si ce n'est le sérieux du populaire. Et avant que le russe ne dise quoique ce soit, Ethan prit les devants.

-J'avais l'intention de te l'offrir à Noël après les rénovations, mais je me suis dit que c'était pas plus mal que tu choisisses avec Kuro et l'architecte. Comme ça vous pourriez faire ce qui vous plaît, et vous l'aurez plus rapidement que si c'est moi qui m'en occupe. Ca correspond aux critères que tu recherchais. Mise à part le jardin, mais ils acceptent les animaux. C'est un 55m². J'ai acheté l'appartement, donc à toi de voir si tu veux devenir propriétaire, mais faudra voir avec les impôts et les taxes si tu as les moyens. J'ai pas eu le temps de vérifier. Sinon, je peux te louer dans tes moyens...

Non, parce qu'il était hors de question que Wun devienne dépendant de son argent. Il avait déjà le caractère de gamin, fallait pas pousser le bouchon.

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Honnêtement, si Wun avait entendu la discussion brève entre Ethan et le vendeur il ne se serait pas gêner pour engueuler son bro. Le populaire ne lui faisait pas peur, même lorsqu'il faisait les gros yeux -bon, un peu quand même quand il faisait ses espèces de crise d'ultra violence dont il avait oublié le nom parce que Wun et les termes médico-psychologique ça faisait 2. Et puis il n'aimait pas bien cet état d'esprit dictant que l'argent permettait tout, même si de toute évidence c'était souvent le cas. Heureusement, Ethan avait été suffisamment discret pour que le blondinet n'entende rien ce qui allait éviter les haussements de ton. La seule chose que l'ex mafieux avait remarqué c'était la subite mauvaise humeur du brun. Cela avait-il un rapport avec ses grognements dans la voiture et ses atroces nœuds dans le cou ? L'américain était parfois extrêmement doué pour jouer l'huître -et la on dira que c'est l'hôpital qui se fout de la charité : l'un et l'autre agissent pareil, la seule différence c'est que l'un à plus de fric que l'autre.

Et lorsqu'il sortit de la cabine habillé à nouveau normalement, la mauvaise humeur d'Ethan semblait avoir disparu. Wun haussa un sourcil interrogatif mais ne dit rien, se contentant de se demander silencieusement s'il faisait partie d'un tour de magie : au lieu de faire disparaître quelqu'un dans une boîte, on faisait disparaître les grincheuseries.
Cela dit ça lui allait, il préférait un Ethan joueur qu’un Ethan grognon. Il répondit à sa pique par une grimace de provocation, se contentant de répondre :

« Tss, discrimination contre les gros en plus »

La suite logique des évènements fut le paiement de ces magnifiques costumes sur mesure pour lesquels Wun avait tant souffert –si si, et c’est ce moment que choisit le Russe pour ramener ses angoisses à la surface, les faisant sortir de nulle part, hors sujet avec le reste de la conversation. D’abord ce fut le problème du discours, auquel Ethan avait une solution toute prête qu’il soumit à Wun. Pour toute réaction, ce dernier esquissa un sourire fin, clairement pas aussi jovial et spontané que ses grands sourires habituels mais mieux que le pli d'inquiétude qui marquait son front il y a quelques minutes à peine.

« C'est une bonne idée »

Convint-il lorsque Ethan lui proposa que Kim fasse les discours. C'était effectivement une bonne idée car Wun était nul en discours et qu'il ne saurait probablement pas où se mettre au milieu de tous ces gens qui n'étaient pas du même monde que lui. Étonnamment, ça ne lui posait aucun souci de jouer au fils de milliardaire au milieu de toutes ces bonnes gens, comme il l'avait fait à de nombreuses reprises lorsqu'il était encore dans la mafia, mais devoir assumer son propre rôle, ça ne l'avait jamais mis à l'aise et pas plus aujourd'hui qu'auparavant. Cela dit, le fait que Kim s'occupe de faire le discours déclencha malgré tout un pincement de jalousie chez Wun. Un genre de complexe d'infériorité qui lui soufflait que l'autre blondinet dans la vie d'Ethan -à croire qu'il faisait une fixette sur cette couleur entre sa fiancée son meilleur ami et son bro- était bien plus adapté à la vie de l'Américain et bien plus à la hauteur que lui -par exemple Kim ne flipperait probablement pas juste à l'idée de faire un discours ou de rencontrer la famille d'Ethan. Wun se garda cependant de partager ce sentiment avec son bro, songeant qu'il allait encore passer pour un lunatique à lui dire que le discours le faisait flipper mais qu'il était quelque part un peu triste qu'on lui retire cette mission. Intérieurement il se trouva particulièrement chiant et se félicita donc de fermer sa grande bouche pour ne pas encore empirer l'image que son bro avait de lui, se contentant de maintenir un visage jovial pour clore la discussion sur ses appréhensions... Du moins, temporairement.

C'était sans compter sur son subconscient qui avait décider d'activité toutes ses appréhensions concernant ce fameux mariage. Après le discours ce fut au tour de la famille d'Ethan. Wun devait bien admettre que son bro était parfois d'une patience infinie le concernant, prenant le temps d'essayer de le rassurer point par point. Essayer, c'était le mot. Ce dont Ethan ne se rendait probablement pas compte, c'était qu'il pouvait aligner tous les arguments logiques qu'il voulait, les appréhensions diverses de Wun cachait un malaise sûrement plus profond, un savant mix de peur de l'engagement, peur de perdre ses proches, et tout un tas de phobies irrationnelles mais incontrôlables.

Et honnêtement l'idée de se débarrasser de la sœur d'Ethan en balançant qu'il était homo ne lui plaisait pas trop. Il n'avait jamais eu honte de ses penchants et était même plutôt ouvert sur le sujet mais il avait déjà l'impression qu'il ferait tâche dans le décor, il n'avait pas tellement envie d'ajouter ça au tableau -d'autant qu'il ne savait pas quel serait l'avis des invités. Encore une fois, Wun se fichait généralement de choquer, de faire polémique, de contrarier, de provoquer, mais là le contexte était différent. Ethan ne lui pardonnerait probablement pas s'il déclenchait un scandale, quel qu'il soit.

« Ca devrait aller alors »

Il esquissa un sourire reconnaissant à Ethan parce que même si le réconfort n'avait pas franchement fonctionné c'était quand même sympa d'essayer. D'autre part, il avait formulé ses peurs une fois à son bro, il n'allait pas non plus le harceler avec ça. Ce serait particulièrement égoïste si l'on prenait en compte le fait qu'Ethan avait probablement 15 fois plus de raisons de se faire du souci.

Le blondinet clôt donc psychologiquement le sujet, s'autorisant à penser à autre chose, répondant au sourire et la tape dans le dos d’Ethan par un sourire et un hochement de tête. Il accueillit le sujet des cadeaux avec d’avantages d’enthousiasme : de ce côté-là, le russe était un vrai gosse, raffolant de cadeaux et de surprises. Le commentaire de l’Américain le surprit cependant un peu et il haussa un sourcil, se demandant ce qui l’attendait pour que le brun appréhende sa réaction. Il le suivit malgré tout jusque dans le café où ils prirent place, et il commanda comme Ethan. Zieutant le lieu autour de lui, il hocha une nouvelle fois un sourcil.

« Un café fréquenté par le commun des mortels ? Que t’arrive-t-il ? »

Le taquina-t-il d’entrée de jeu, sourire en coin à l’appui, bien trop content de changer de sujet de conversation –même si le précédent sujet avait été soulevé par lui.
Et c’est finalement dans un silence presque religieux qu’il lui tendit l’enveloppe. Wun la prit entre ses mains, zieutant Ethan avec une certaine appréhension –pas qu’il soit flippé par le cadeau, c’était plutôt son étrange silence qui le perturbait. L’enveloppe contenait des photos d’un appartement que le blondinet ne connaissait pas. Il fit défiler les photos, un air d’incompréhension pure et dure s’inscrivant sur son visage. Qu’est-ce que c’était que ce truc ? Il les regarda chacune 3 fois, ignorant le plan qui ne lui évoquait pas grand-chose, avant de relever les yeux vers son bro, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

« Tu as inscrit mon appartement au concours de l’appart le plus pourri et c’est mon concurrent le plus sérieux ? »

Plaisanta-t-il, songeant que l’humour était toujours mieux qu’un regard paumé signifiant qu’il ne pigeait rien à la démarche. Heureusement, Ethan prit les devants, ne le laissant pas poser de questions plus sérieuses, se lançant dans une explication. Au fur et à mesure de celle-ci, les sourcils de Wun se froncèrent de plus en plus, pas par désapprobation, mais parce qu’il n’était pas sûr de saisir. Il secoua la tête, l’air un peu dans les choux.

« Attends-tends-tends … »

Marmonna-t-il, même si en fait l’américain avait déjà cessé de parler.

« De quoi tu parles ? T’as acheté un appartement et tu me demandes de m’occuper des pl….. oh… »

Ca y est, ça avait fait tilt. Le petite ampoule s’était allumée dans la tête de Wunjo alors que les neurones se reconnectaient entre eux et qu’il réalisait enfin les tenants et les aboutissants –enfin surtout les tenants là.

« Tu m’as acheté un appart ?! Mais t’es cinglé ! »

Il avait un peu haussé le ton. Pas par colère ou énervement, juste par surprise. Les voisins avaient tourné les yeux vers eux, se demandant probablement quel était le problème de cet urluberlu qui se faisait offrir un appartement et qui trouvait à y redire. Réalisant qu’il avait un peu oublié la discrétion, il baissa à nouveau le ton, se penchant par-dessus la table.

« Ca va pas la tête ? Un appart ! J’veux dire…. Même un appart où faut tout refaire… tu peux pas offrir des apparts comme ça ! Je sais que t’as assez d’argent et blablablabla mais… tu… bordel ! Ah mais putain… t’es taré ! T’as un grain ! »

Ok. C’était peut être ce que les english appelleraient « overreacting », mais Wun trouvait ça totalement invraisemblable d’offrir un appart à un ami. Même si au final le coût de l’appart à l’échelle de la fortune d’Ethan revenait probablement à offrir une console de jeux videos pour quelqu’un d’autre.
Le temps que l’idée infuse dans son cerveau confus, et la surprise mêlée à l’abasourdissement se transforma en une forme d’excitation enfantine que Wun connaissait bien. Il avait envie de trépigner, de sauter par-dessus la table au cou d’Ethan. Mais celui-ci risquait fortement de le remettre à sa place, puisqu’il avait été assez formel et clair sur le « pas de câlin en public ». Se retenant de mettre son attaque-câlin à exécution –et ça lui coûtait- il laissa un grand sourire couler sur son visage, trahissant son euphorie toute nouvelle.

« T’as un grain »

Répéta-t-il une deuxième fois, mais avec un grand sourire de bienheureux sur le visage cette fois-ci. C’était à traduire par « merci », en langage Wunien. Il avait déjà zappé les détails –l’histoire de l’architecte, des taxes, de savoir s’il devait en être le propriétaire ou le locataire, tout en fait, ne gardant en tête que cette information totalement improbable et folle : Ethan lui offrait un appart. Les yeux brillants comme un enfant devant le père Noël, il se mordit la lèvre, essayant d’imaginer à quoi pouvait ressembler l’appartement après un sérieux ravalement de façade. Il reposa son regard sur son bro, songeant qu’il avait quand même envie de lui faire un gros calin, remuant sur sa chaise comme s’il ne savait pas quoi faire de ses jambes et de ses bras puisqu’il ne pouvait pas les refermer sur le brun comme un koala sur son tronc. C’était frustrant, et lorsque le serveur apporta les bières, il se jeta sur la sienne pour en vider le quart, passant son énergie là-dessus plutôt que dans l’étranglement involontaire d’Ethan.

Ceci étant fait, il croisa les bras, ne sachant toujours pas comment contenir son énergie et sa gratitude, lâchant finalement le mot :

« Merci ! »

Mais c’était plus par politesse qu’autre chose, son attitude générale à la réception du cadeau criait déjà des remerciements par millier. Quand on disait que Wun était plus doué avec le langage corporel qu’oral….

Invité

-Je pensais que tu serais plus à l'aise parmi le commun des mortels.

Il haussa les épaules légèrement d'un air indifférent avant d'esquisser sourire discret. Il avait très bien compris la pique mais Ethan avait décidé d'y répondre sérieusement. Mais au final, il se disait qu'ils auraient mieux fait de retourner à son appartement. Au début, il avait certes passer à refaire la garde robe du russe, mais là... Il avait la flemme. Les magasins c'est pas son truc. D'habitude, il demande à un créateur et il donne ses mesures. Passer son temps à regarder essayer Wun des fringues... Non quoi. Surtout que ce dernier voulait pas non plus. Et puis, être en public c'était pas ce qui le mettait le plus à l'aise non plus. Bien au contraire. Pour citer Wun, Ethan « avait un balai dans le cul ». L'ironie c'était que c'était un homosexuel qui disait ça. En y repensant c'était assez drôle, ce qui tira un sourire amusé à l'américain. Ça l'aidait franchement à attendre la réaction de son aîné. On va dire que son air d'incompréhension n'aidait pas franchement à faire redescendre la pression. Par contre la remarque humoristique tira une grimace de dégoût au cadet. Il vivait dans QUOI bordel ? Un bidonville ? Une poubelle ? Un cagibi ? Une cave ? Un appartement abandonné ? Ethan était habitué au luxe et il était en train de se dire qu'il avait bien fait de ne pas être allé chez Wun. Il aurait sans doute chopé des saloperies. A se demander comment c'était possible que le russe soit toujours en bonne santé. La vodka ça aidait sans doute...

Mais pour en revenir au sujet... Il faisait exprès de pas comprendre là ? Non, pas que Wun était con, mais ça ne l'aidait absolument pas à se détendre cette tête ! Il préparait déjà les arguments au cas où le russe lui dise que c'était « trop ». Le hic, c'était que pour l'américain-pété-de-thunes y avait rien de trop dès qu'il s'agissait de ses proches. Et surtout pas pour Wun. Il n'avait jamais eu de « vie » à lui. Il n'avait pas fait les même études que tout le monde. Le russe s'était contenté de survivre au service de son pôpa. Sans rien construire, autant d'un point de vue personnel, professionnel que matériel. Kuro lui apportait le personnel, le professionnel... Sans diplôme, Ethan ne pouvait pas l'aider. Alors s'il pouvait d'un point de vue financier, pourquoi pas ?
Il manquait juste la partie émotionnel. Ethan était conscient que son bro était plus proche du quotient émotionnel d'un gosse que d'un adulte. Et ça lui allait très bien. Il trouvait ça... Touchant. Wun avait beau râler, grogner, être chiant au possible à bouder et jouer à l'huître, son bro+ restait terriblement attachant avec ses attaques câlins, ses petites moue inquiète pour lui, et dépitée.

Il sortit brusquement de ses pensées par le haussement de voix du blond le faisant sursauter. Ethan ne put s'empêcher de rester à droite et gauche d'un air inquiet, n'ayant aucune envie d'attirer l'attention. Pitié, pas de dispute en public. Il savait qu'il aurait dû aller à l'appart' ! Pourquoi il s'était pas écouté ?! Il lui adressa une moue suppliante de « pitié m'engueule pas ». Lequel est le plus gosse de ce duo improbable ? On dira Ethan pour le coup.

-Mais... L'argent c'est fait pour être dépensé. Et t'as besoin d'un appartement ! Je t'évite le prêt et les intérêt !

Le jeune homme n'osait pas trop dire qu'il lui offrait aussi les rénovations. Il ne savait pas si le russe avait compris ça. Une nouvelle une par une... Ou pas. Il avait un peu peur que Wun le prenne mal dans le style « Tu me prends pour un jambon ? ». Et puis, il avait un peu peur d'un « non »clair et nette digne d'une personne butée. Malheureusement, Wun l'est. Et pas qu'un peu. Bien heureusement, l'immense sourire du blond l'aida à se détendre et il poussa un profond soupir.

-Mon grain te permet d 'économiser sur les meubles. Ça sera plus facile pour toi.

Et le sourire de Wun était contagieux puisque le brun se mit à afficher le même sourire, trop content de lui faire plaisir et ça le mettait de très très très bonne humeur. Et son côté joueur ne prit que davantage d'ampleur, puisqu'il regarda son bro se dandiner sur sa chaise semblant avoir des puces. Il resta le regarder d'un air malicieux alors que ce dernier enfilait la moitié de son verre manquant de faire éclater de rire Ethan.
Il bu une gorgée de la sienne seulement quand Wun posa son verre. Mauvaise idée puisqu'un « merci » s'échappa des lèvres du russe, ce qui était rare. Non, son bro était loin d'être un ingrat. Il était simplement plus du genre à transmettre ses émotions par des gestes, tout comme lui. Mais un « merci » restait tout de même rare, si bien que l'américain manqua de s'étouffer en avalant de travers. La grâce incarnée ce mec. Il toussa plusieurs fois avec un énorme sourire, faisant tourner quelques têtes de nouveau vers eux. Qu'importe, pour une fois Ethan s'en foutait. Le russe avait manqué de le tuer en plus de ça, mais il était très heureux. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi léger, surtout depuis Novembre.

-De rien, ça me fait plaisir.

Et Wun restait trépigner sur sa chaise, ce qui lui donnait envie de le laisser encore un peu bouillir par esprit sadique et joueur. Cependant, essayez de dire non à un gosse qui fait une moue de « s'il te plaît, ça ne me ferait plus plaisir » c'est très dur. Comme là. Ethan commençait à avoir pitié de le voir se retenir pour faire un câlin. Et puis soyons honnête, l'étudiant le voyait justement comme un enfant, bien qu'il savait qu'il pouvait encaisser beaucoup de chose sans juger et sans rien raconter. Qu'il était là si besoin est, et que Wun ne demandait qu'un bout de ses inquiétudes. Conclusion, il savait qu'il avait beaucoup de chance le compter parmi ses proches, et il se promit de s'ouvrir un peu plus au russe. Mais pas aujourd'hui.

-Un second cadeau et tu pourras te lâcher. C'est ton anniversaire après tout, je peux faire l'effort d'enlever mon balai dans le cul, n'est ce pas ?

Un sourire malicieux et taquin. Les cadeaux c'était pas fini, effectivement. Mais le brun stressait beaucoup moins. Parce que c'était moins onéreux. Mais qui avait bizarrement plus d'importance pour lui. Ou qui allait en avoir ? Ethan en avait aucune idée, mais ça lui plaisait de penser qu'on pouvait stocker des souvenirs dans les objets. Peu importe lesquelles.
Il lui tendit le petit paquet où se trouvait un bracelet. Il n'avait pas pris le plus cher, mais un des plus simple, espérant tout de même que ça plairait à son bro et que ça conviendrait à sa personnalité.

-Je ne l'ai pas pris pour sa valeur monétaire, hein.

Ethan savait que Wun préférait les présents moins chers et avec plus de valeur sentimental. Sauf que l'américain était carrément subtil à ce niveau là. La raison ? Imaginez un type d'1,85m, 83kg avec un air froid... En bref, un videur de boite, offrir un truc sentimental à un autre type. Bah ça fait gay. Quoiqu'en fait, offrir un bracelet c'était pas hyper viril non plus, en y pensant. Mais il a une excuse. Ça vient d'une de ses boutiques.

♦ Civil - Dealer - Bookmaker Age : 37 644 **KMO** :

« Hey, j’ai rien de commun ! Mortel à la limite… genre mortellement cool »

C’était, évidemment, dit sur le ton de la plaisanterie. S’il y avait bien une chose que Wun n’était pas, c’était prétentieux. Il avait même généralement plutôt le problème inverse, même s’il donnait assez bien le change en jouant les grandes gueules à tout bout de champ.

Cela dit, il avait beau faire le malin, une fois qu’il avait compris ce qu’était véritablement le cadeau d’Ethan –c’est-à-dire… pas une participation au concours de l’appartement le plus naze- il n’en menait pas large. Il était à mi-chemin entre choqué qu’on puisse sérieusement dépenser autant d’argent pour un simple cadeau, et ému qu’on puisse dépenser autant d’argent pour lui. Peut être aussi un peu mal à l’aise, parce qu’il pensait sincèrement qu’il ne méritait pas un cadeau d’une telle ampleur. Mais Ethan et lui n’avait pas la même notion des ampleurs, et ceci expliquait tout le reste.

L’argument infaillible du brun était toujours le même : l’argent est fait pour être dépensé. Wun et lui avaient eu tant de fois cette discussion que le blond n’avait plus rien à dire face à cet argument. Il comprenait l’idée, qui était loin d’être absurde, mais ça le mettait quand même très mal à l’aise de se faire offrir des choses de valeur. Il se mordilla la langue, ne trouvant rien à y redire. De toute façon, l’euphorie l’avait déjà gagné, effaçant au passage ses beaux idéaux, laissant place à la surexcitation enfantine qu’on lui connaissait bien.

Il finit même par lâcher un merci, mot ô si rare dans la bouche du blondinet. Rare, mais sincère. Il faudrait être véritablement ingrat pour ne pas être reconnaissant lorsqu’un ami vous offre carrément un appartement en même temps. Wun avait juste du mal à sortir ce mot là. Il était beaucoup plus doué pour parler avec les gestes, à coup d’enlacement, de bisous et de câlins. Manque de bol, c’était tout pile ce que Ethan souhaitait éviter, particulièrement en public. Et là, du public, ce n’était pas ce qui manquait.

En attendant, s’ils espéraient passer inaperçu, c’était plutôt louper. Ils avaient essentiellement l’air de deux gros niais, à s’observer l’un l’autre avec de grands sourires béats. Un œil extérieur pourrait presque les prendre pour de simples d’esprit. Et ce n’était pas encore fini… puisque Ethan lui annonça dans la foulée qu’il avait un deuxième cadeau pour lui. Wun ne s’attarda cependant que très peu de temps sur cette information, le reste de la phrase lui décrochant un petit rire. Il était vrai qu’il charriait souvent son bro à ce sujet : lui reprochant d’être trop coincé, ou, de manière plus imagée, d’avoir un balai dans le cul.

Le russe déballa précautionneusement le paquet, se demandant ce que son bro lui avait encore réservé. Comme toujours lorsqu'il recevait des cadeaux, Wun était surexcité ... Après tout il était comme un enfant, et un enfant se réjouit toujours de recevoir des cadeaux. Cela dit, il était aussi peu habitué à en recevoir, les présents ayant été plutôt rares entre ses 13 et 23 ans, et sans aller jusqu'à le gêner, ça lui faisait systématiquement une drôle de sensation.
Il resta donc dans un premier temps muet. Totalement muet. Les yeux rivés sur le bracelet ~~en plastic vert pomme avec des cœurs roses~~, très simple, élégant. Lorsqu’il faisait encore partie de la mafia et qu’il était censé jouer un riche héritier, il avait souvent porté des bijoux de valeur, le temps d’une soirée. Mais c’était la première fois qu’il en possédait un, rien qu’à lui. Il n’était même pas sûr d’oser le porter, craignant probablement de le perdre avec sa maladresse et son côté tête en l’air.

Ce ne fut qu’au bout de plusieurs minutes qu’il réalisa qu’il fixait toujours le bracelet sans avoir lâché un mot. Il releva les yeux vers Ethan –qui attendait visiblement une réaction- et toujours en silence, il lui tendit le bracelet d’une main et son poignet de l’autre, l’air de dire « aide moi à le mettre ». Certes il aurait pu aussi passer 4 minutes à se galérer avec sa dextérité légendaire, mais si c’était pour que de toute façon le brun perde patience et ne le lui prenne des mains pour le lui accrocher, autant jouer la carte de l’efficacité… pour une fois.

Il attendit sagement qu’Ethan ne le ferme avant de ramener sa main devant ses yeux pour constater le résultat. Pour sûr, il avait la classe. Ca lui changerait de ses breloques habituelles. Il allait juste devoir faire 4 fois plus attention à ne pas le perdre ou l’abîmer par mégarde.

Et puis, sans crier gare, le blondinet bondit de sa chaise, faisant au passage sursauter les gens de la table d’à côté qui ne s’attendaient probablement pas à une telle pulsion, et contournant la table, il alla se planter à côté d’Ethan pour le serrer dans ses bras comme s’il s’agissait d’une énorme peluche. Il en profita pour glisser ses bras autour du cou de l’américain et une main dans les cheveux pour les lui ébouriffer. C’était vil, surtout lorsque l’on savait qu’Ethan laissait rarement, voire jamais quelque chose au hasard dans son look. Mais Wun avait peu de considération pour cela, trop heureux d’avoir été autorisé à jouer le bisounours en public.

« Tu gères frérot »

Déclara-t-il, ce qui ressemblait tout de même plus à l’attitude du Wun normal que les grandes déclarations de gratitude.

Comme à leur habitude, les Japonais pure souche autour d’eux se contentèrent de leur jeter des regards en coin gênés plutôt que de leur jeter des œillades outrées, espérant faire croire qu'ils n'avaient rien remarqué -pour sur deux hommes qui se câlinent au milieu d'une troupe de Japonais paisibles ça passait tout à fait inaperçu….
Wun se fichait au fond de leur réaction : qu’ils les dévisagent d’un air choqué ou qu’ils les évitent du regard, pour lui c’était du pareil au même -pour Ethan, en revanche, ça n’était probablement pas pareil. Mais il avait donné son autorisation, donc il avait dû se préparer mentalement à l’offensive Wunienne, non ?

Il en profita pour admirer à nouveau sa récente acquisition avant de lâcher, dans un petit rire.

« J’suis sûr qu’il vaut plus cher que mon scooter ! »

C’était dit sur le ton de la plaisanterie, mais l’ironie voulait que ce fût probablement vrai. En même temps, vu la valeur monétaire de l’espèce de bécane à peine fonctionnelle qui lui servait de véhicule, ce n’était probablement pas bien difficile.

« Bon. Après les cadeaux et les câlins, la logique voudrait qu’on enchaîne par la bouffe et les boissons, non ? »

Proposition subtile de quitter le centre commercial, ses boutiques, sa foule, et d’aller se réfugier dans le calme et l’intimité d’un endroit plus privé pour continuer les festivités. Car non, Wun n’avait toujours pas abandonné l’idée que la picole était incontournable pour fêter, et ce peu importe ce qu’on fêtait. Et puis au moins, s’ils étaient seuls tous les deux, il n’aurait pas à se retenir de le bisouter ou de la câliner, et tant pis si ça embêtait Ethan. C’était l’anniversaire de ‘Dan’, ça valait bien un ticket « câlins à volonté », non ?

Invité

Le câlin il ne pensait pas qu'il le verrait venir. D'habitude Wun le prenait en traître. Au début, Ethan avait galéré à s'y habituer. Manque d'expérience des grandes marques d'affection de la part d'un homme, surtout qu'il avait toujours su que le russe préférait les mecs alors forcément ça aide pas, mais à force de se faire engueuler comme un malpropre et d'entendre Wun râler et de se comporter en gosse, au final le jeune homme s'y était fait. Pire même, il imaginait désormais difficilement une vie sans les nombreux câlins du blond.
Bon par contre en public, c'était toujours pas ça. Il n'avait pas pu s'empêcher de se raidir et de lancer des coups d'oeil inquiet aux alentours. Bien heureusement, il se détendit assez rapidement. Ce n'était pas si terrible que ça finalement. Même s'il n'avait pas non plus l'intention de dire « Vas y, en fait c'est cool en public tu peux te lâcher quand tu veux ». Non ça resterait exceptionnel. Par contre, il ne put s'empêcher de râler quand Wun se mit dans l'idée de lui ébouriffer les cheveux.

-Wun, je galère déjà à les coiffer, rajoute pas une couche-euh !

Oui parce que l'effet « saut du lit » ça ne fait pas très sérieux. Manque de bol pour l'américain son système capillaire décidait toujours de revenir en bataille, alors si en plus le russe les aidait... Monde cruel. Et pourtant, il ne put s'empêcher de garder son sourire amusé. Alors crédibilité zéro, il donnait juste l'impression de râler pour la forme.

-Je gère toujours, voyons !

Un sourire amusé, il espérait juste que Wun ne lui sorte pas un « mouais » dubitatif. Parce qu'entre ses crises de violences, sa manie d'ignorer sa santé et tout ça, il gérait absolument pas. Heureusement, le russe n'était pas trop moralisateur, et heureusement, il était le seul à être au courant. Sinon il donnait pas cher de sa peau. On avait beau avoir plusieurs années d'expériences sur les arts martiaux, ça aidait pas franchement quand on voulait tenir tête à ses proches. Surtout quand c'est Wun. La majeure partie du temps il se conduisait en ado en mal d'affection, alors quand il se comportait en adulte... Ca faisait peur. Et en général c'était pas pour rien. Donc ça puait toujours pour son matricule. Et Ethan, il pouvait pas lutter, vu qu'il n'avait pas spécialement l'habitude des remontrances. Sauf avec sa mère, mais... C'est sa mère, donc ça compte pas.

-En même temps ton scooter, il vaut 300 yens. Et encore, je suis généreux

Donc en gros, le russe gagnerait plus en le foutant à la casse. Par contre, il se garda bien de lui dire que le bracelet coûtait plus cher qu'un scooter de gamme moyenne et tout neuf. Mais comme le blond n'était pas trop du genre à se poser des questions à ce niveau, c'était parfait.

-Quoi les câlins sont déjà fini ? Fas fossible... fais devoir me fuifider, fe furvivrais pas, finon.

Avez-vous déjà vu... Ethan zozoter ? Maintenant oui. La faute à Wun et sa spontanéité. La faute à Wun et sa légèreté. Il y a encore un an, l'américain n'aurait JAMAIS osé faire ça, même dans un cercle proche. Et il fallait que le blond arrive avec ses manies bizarres et ses gros sabots pour que le cadet se détende peu à peu. Mais genre VRAIMENT peu à peu. Il but sa bière d'une traite et laissa un billet qui paya amplement les boissons avant de se lever, redevenant très sérieux en moins de deux minutes.

Et c'est un retour à l'appart où Wun fut accueillit par des bouteilles de Gin, de vodka et un gâteau. Le gâteau est indissociable de l'anniversaire, en plus de toute la mal bouffe qu'Anthony avait ramené. Mais bizarrement, l'américain avait plus l'impression que c'était son anniversaire avec tous les câlins et les bisous qu'il reçut plutôt que celui du russe. Et puis, il découvrait les Disneys, autant dire qu'il balança pas mal de conneries : « Je veux un dragon en animal de compagniiiiiiiie, Wun ! » et des « Je suis un lama »... La faute à Wun tout ça. Et un peu celle de l'alcool et de la glace. Non parce que le gâteau c'est pas suffisant quand on s'appelle Ethan.

Autant dire que l'étudiant n'avait pas été aussi relax depuis... Novembre. Par le contre le lendemain, le retour à la réalité fut un peu plus difficile. Mais au moins, le russe avait vu un corps d'apollon les cheveux en vrac et se prendre un peu tout et n'importe quoi dans la gueule en plus de le voir en mode ours et la tête qui voulait dire « Me parle surtout pas tant que j'ai pas pris mon café et ma douche »

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