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 Until we bleed ~ [CLOS]

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Kuro Maiden

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MessageSujet: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 17 Sep 2012 - 21:51

Je frotte mes mains l’une contre l’autre, pour me réchauffer, alors que ma tête rentre dans mes épaules, sous la vague de froid qui vient de me secouer. Je tourne la tête sur ma gauche, alors que je n’ai rien entendu. Il est tard. Après les journées plutôt chaudes qu’on vit en ce moment, les nuits sont rapidement fraîches, quand elles ne sont pas carrément à mourir de froid. Je lève finalement le nez vers le ciel. Plutôt clair, les étoiles commencent vraiment à percer et à montrer le bout de leur nez. Un sourire s’empare furtivement de mes lèvres. Je m’ébroue, à la façon d’un chien mouillé, soufflant étrangement entre mes lèvres, les faisant vibrer. J’ai mal au cul, assis sur le béton froid, juste devant cette porte. Depuis combien de temps j’attends maintenant ? Deux heures ? Coup d’œil à ma main. Oui, c’est ça. Je suis arrivé devant chez lui à vingt heures et là, on approche des vingt-trois. Je pose doucement l’arrière de la tête sur la porte, ramenant mes genoux vers ma poitrine, les jambes un peu écartées et je fixe un point invisible devant moi.

Avec Wunjo, ça a toujours été étrange. Quand ce n’était pas tout simplement flippant.

Notre première rencontre, autour d’une glace, alors qu’il me racontait un bout de ma vie. J’avais beau ne l’avoir jamais vu, lui j’avais la sale impression qu’il m’avait déjà trop vu. Ce qui ne m’avait pas empêché de l’inviter à venir aux thermes avec moi quelques temps après. Pour quelqu’un dont je pouvais penser qu’il me connaissait trop, j’avais finit par lui céder ce qu’on ne peut donner qu’une fois : on avait couché ensembles. Le reste de notre week-end ? En amis. Rien de plus. Je n’avais pas franchement reparlé de tout ça. Pas parce que je regrettais, loin de là ! Simplement parce que je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas quelle position adoptée – sans mauvais jeu de mot, p’tit cochon ! – et encore moins ce que je devais faire. Avec une fille, c’était plus simple. Les hommes jouent le rôle de protecteur et on se prend dans les bras, on se parle doucement blablabla. Mais avec un mec, qu’est-ce qu’on fait hein ? On se cajole ? Mon dieu, ce ne doit pas être du tout le style de Wunjo !

Je croise mes bras sur mes genoux et je pose finalement mon front sur mes poignets, le nez ainsi baissé sur le sol. Je ferme les yeux, soupirant. S’il ne rentre pas très vite, c’est un mort qu’il va trouver sur le seuil de sa porte. Un voisin ouvre son portillon. Je ne relève même pas le nez, le bruit vient de lui, je ne peux pas confondre avec la possible venue du brun.

Ensuite, on s’est revu quelques fois, sans grand étalage de nos vies. Un peu comme des coïncidences. Même si je venais frapper chez lui, je ne restais jamais bien longtemps. Après, rien. Silence. Wunjo n’a pas donné signe de vie pendant… je ne sais plus… Peut-être un mois. Un peu plus ou un peu moins. Quand il est revenu, il avait changé de nom et de couleur de cheveux. Je ne sais pas si ça m’a choqué. Je n’en ai pas eu l’impression. Mais je pense que ça a dressé une sorte de barrière en moi. Que quelqu’un change de coupe, oui. Mais pourquoi est-ce qu’il avait changé de nom ? Je n’ai jamais osé lui demander. En fait, à partir de là, je n’ai jamais osé lui parler vraiment. Quand je venais le voir, c’était pour me contenter de constater qu’il était encore en vie. Une façon d’alléger ma conscience. Une façon comme une autre de ne pas me laisser ronger par la culpabilité.

J’vous jure, j’ai vraiment eu l’impression de l’abandonner. Et là, assis sur le seuil de sa porte, j’ai vraiment envie d’abandonner. Je commence à trembler, à claquer un peu des dents. Je rentre mes mains dans les manches de mon gros pull et remonte les épaules, pour protéger mon cou du froid qui devient de plus en plus mordant. Pestant un peu, je regarde de nouveau droit devant moi, me demandant quel premier mot je vais bien pouvoir lâcher en premier. J’hésite rapidement entre putain et merde. Mais il se peut que je ne puisse finalement plus desserrer les mâchoires. Dire qu’il y cinq heures, j’étais encore en jeans et t-shirt sur la plage !

La suite a été beaucoup plus simple et sera évidemment plus rapide à raconter : Wunjo a coupé les ponts. Ca s’est fait tout seul, en douceur. De toute façon, ça sonnait un peu comme une évidence. A croire qu’il n’y avait que moi qui refusais de croire qu’il pourrait me rayer de sa vie. Je ne pense pas être du genre fleur bleue, cui-cui les p’tits oiseaux. Mais il faut avouer – et ça, je ne m’en suis rendu que bien plus tard – que j’éprouve une réelle affection pour Wunjo et que je tiens peut-être un peu trop à lui.

Ca sonne un peu malsain dit comme ça. Ceci dit, bordel, je suis planté devant chez lui depuis trois heures ! J’ai froid, j’ai le nez qui brûle, j’ai mal au cul et j’ai perdu déjà trois doigts de pieds ! Je me lève d’un coup, comme si j’avais vu quelque chose. Alors que non, j’ai juste envie de mourir à rester planter là. Alors je commence à faire les cent pas. Je ne dois pas réfléchir à ce que je vais dire. Sinon, ça va faire comme avec Tsu et je vais perdre pied. Tsu. Lui, s’il pouvait crever de froid ! Je renifle et me maudis intérieurement de penser ça.

Je m’arrête.

Finalement, mon seul regret est que j’aurais peut-être du le cajoler. Même rien qu’un peu.


Dernière édition par Kuro Maiden le Mar 27 Nov 2012 - 21:31, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyJeu 20 Sep 2012 - 11:48



Pour sûr, à une telle heure tardive, ce n’était pas du boulot que Wun rentrait. Etant en pleine semaine il évitait tout de même d’aller se mettre une mine dans les bars –le but n’étant pas non plus de perdre son boulot- mais cela ne l’empêchait généralement pas de consommer d’autres substances pas franchement conseillées. Le pauvre bougre en était arrivé au stade où les pétards ne lui faisaient plus grand effet, mais où l’absence de weed le rendait nerveux et désagréable. La dépendance, l’appelleraient certains. Lui… il ne l’appelait pas du tout, il se contentait de la constater. La bonne nouvelle, c’était qu’après sa séance fumette après le boulot, il était à nouveau d’humeur égale, stable, supportable. Quoiqu’être supportable lui était bien égal puisqu’en vérité personne n’avait besoin de le supporter ces temps-ci. A part son patron, les clients, son dealer, et de temps à autre un voisin ou un ami, sa vie sociale était assez…Terne. Volontairement terne. Pour une raison qui lui échappait lui-même, le bonhomme avait décidé qu’il devait sombrer un peu tout seul avant de… de faire quoique ce soit de constructif en fait. C’était un peu l’idée, non ? Détruire pour mieux reconstruire. Tout le monde n’approuverait pas… et c’était aussi pour ça que le brun n’avait soumis l’idée à personne. Pas d’avis, donc pas de contre-avis. Mathématique.

Sa petite virée post-boulot s’était quelque peu éternisée ce soir là, car le russe avait voulu passer à la pharmacie. Manque de chance pour lui, les pharmacies fermant avant qu’il ne finisse son propre job, il avait dû courir à gauche et à droite pour trouver une pharmacie de garde, ce qui expliquait sa venue si tardive. D’un autre côté, Wun n’attendait personne, et n’avait donc aucune raison de se presser particulièrement. Bien au contraire, plutôt fatigué, il avait traîné le pas sur tout le chemin, balançant à bout de bras le sachet blanc contenant ses courses : des décontractants musculaires dont il n’avait absolument pas besoin –puisque pas de déchirure musculaire jusqu’à preuve du contraire- mais qui constituaient un excellent substitut aux somnifères en terme d’assommoir pré-sommeil.

Alors qu’il se rapprochait de la rue relativement sombre –quoique plutôt bien éclairée pour le quartier- où se trouvait son studio, Wun distingua au loin une silhouette qui semblait….rôder près de son entrée ? Il ne voyait pas de meilleur mot pour décrire ce que faisait l’ombre en question : s’agiter, marcher, s’arrêter, et tout ceci dans un périmètre assez proche de la porte de l’immeuble. Le russe fronça les sourcils. Il ne savait pas trop si c’était parce qu’il avait repris ses sales habitudes et renoué avec de mauvaises fréquentations, ou si c’était simplement symptomatique de la prise de drogue, mais il était anormalement paranoiaque ces temps-ci… A comprendre plus que d’habitude, car tout ancien élément échappé de la mafia a de bonnes raisons de faire preuve de paranoia après tout…

Se rapprochant d’un pas prudent, il glissa sa main dans sa sacoche, dans la poche intérieure, et referma ses doigts sur son cran d’arrêt, comme pour se rassurer. Il dut attendre d’être suffisamment proche pour pouvoir enfin distinguer le visage de la silhouette pour finalement relacher sa prise, un élan de soulagement envahissant subitement ses veines alors qu’il reconnaissait ce visage. Le soulagement fut rapidement balayé et remplacé par… de la surprise.

« Kuro ? »

Lança-t-il, son ton ne cachant pas vraiment son étonnement. Il soupira doucement en réalisant à quel point sa question était ridicule, et il s’attendait presque à une réponse type « Non non, c’est Saint Pierre ». Il l’aurait mérité, en tout cas.

« Qu’est-ce que… Oh merde. Tu dois te les geler… »

Réalisa-t-il à voix haute, se dirigeant d’un pas précipité vers la porte d’entrée, fouillant au passage son sac pour trouver ses clefs. En temps normal, il aurait probablement D’ABORD clarifier deux trois trucs avant de se précipiter sur l’appartement, mais là, il avait peur que le pauvre Kuro se transforme en iceberg avant même d’avoir pu lui dire quoique ce soit.
Il fit jouer la clef dans la serrure, ouvrit la porte, la tint pour que le brun rentre après lui, grimpa les escaliers d’un pas lourd, jusqu’à arriver à son appartement. Encore une fois, il ouvrit la porte, et pénétra le studio, invitant le glaçon à le suivre.

Il alluma la lumière qui inonda tout l’appartement, révélant un certain… désordre. Comme toujours, Wun vivait dans une sorte de chaos propre. Il ne supportait pas la poussière, et nettoyait donc régulièrement, mais ranger était le plus souvent au dessus de ses forces. Ses habits étaient éparpillés aux quatre coins du studio, étendus sur des chaises, des poufs, par terre, ou bien sur le canapé lit déplié. Wun ne l’avait en fait jamais replié, trop fainéant pour s’adonner à ce genre d’exercice tous les jours. Le reste du désordre était un savant mélange de livres, paperasses, DVD, magazines… bref, la vie d’un jeune homme normal de 26 ans. Car oui, Wunjo, ou Dan, était normal maintenant. Avec des légers soucis d’humeur, de drogues, de relations humaines, mais relativement normal par rapport à…Avant. Mais ça, bien sur, peu de gens pouvaient le dire.

« Bah euh… rentre. Assis toi. Si tu veux. Enfin fais comme chez toi… »

Lâcha-t-il, alors que lui-même ôtait son imper’ noir et son écharpe de laine pour les jeter sur une chaise ne croulant pas encore sous trop de choses, dévoilant ainsi l'atroce t-shirt qu'il avait porté toute la journée pour son boulot, à savoir un machin violet flashy avec une grenouille faisant du ski dessus -pour sûr, ça jurait avec sa garde-robe habituelle.

Pour une raison que lui-même ne parvenait pas tout à fait à saisir, Wun se sentit particulièrement con, ainsi exposé à la lumière, aux yeux de Kuro. Il avait conscience d’avoir très mauvaise mine : des cernes creusaient ses yeux, eux-mêmes rougis par la fatigue, son visage s’était à nouveau creusé, pas par manque d’alimentation cette fois-ci, mais plutôt marqué par le stress ou l’angoisse, et il avait retrouvé son teint cachet d’aspirine de ses mauvais jours. Kuro l’ayant déjà vu plusieurs fois depuis son changement de vie, il ne serait probablement pas trop perturbé par ses cheveux noirs –enfin, plutôt bruns chocolat maintenant que la couleur déteignait- et ses yeux bleus. En revanche, Wun ayant coupé les ponts peu après s’être rabiboché avec ses vieux vices, l’ex surveillant ne s’attendait probablement pas à le voir si… fatigué ? Bah. Wun nota pour lui-même que Kuro n’avait pas non plus l’air d’être dans une forme olympique… mais ça devait sûrement avoir un lien avec le fait qu’il ait poireauté dehors dans le froid, à bien y réfléchir.

« Hm… tu veux boire un truc ? Chaud. Ou manger peut être ? »

Suggéra-t-il finalement, réalisant que justement, le pauvre bougre avait probablement besoin de se réchauffer. Même si bon…manger à 23h… ce n’était peut être pas l’idée première. Et puis, c’était toujours mieux que de demander « Et sinon…. T’es venu pour…quoi ? » qui démangeait furieusement la bouche de Wun, même s’il n’osait pas franchement poser la question. Il ne savait même pas pourquoi. Ce n’était pas qu’il craignait une réponse plus qu’une autre, puisque à ce stade il était tout bonnement incapable de penser à UNE seule bonne raison. Il comptait sur le fait que… bah que Kuro était bel et bien venu dans un but précis, et qu’il finirait donc par en parler. Logiquement. Même si clairement, la logique, ça n’avait jamais été leur fort…
Et leur fort, c’était quoi au juste ? L’humour, peut être. Pas de chance alors. Si Kuro était venu voir le Wunjo jovial, c’était un peu mal barré. Oh bien sur, son cynisme ne s’était pas fait la malle du jour au lendemain. L’ironie, il en abusait toujours. Mais là tout de suite, il était un peu fatigué pour les plaisanteries, il fallait bien l’avouer.

« C'est une ... drôle d'heure pour rester planté dehors... non ? »

lança-t-il tout de même, songeant que pousser un peu sa curiosité ne ferait pas de mal.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyJeu 20 Sep 2012 - 23:48

Je n’ai pourtant pas eu énormément de temps pour les regrets. Entre les thermes avec Wunjo et une visite chez lui plus tard, j’avais revu Tsu. Le même à qui je souhaitais une mort lente il y a une dizaine de minutes, en effet. Il avait enfin daigné venir chez moi. Après lui avoir balancé les clés, au bas de cet escalier, il en avait mis du temps, à ramener son cul. Mais, après tout, avec l’avertissement que je lui avais lancé, pour un mec déjà en couple avec un autre homme, il y avait de quoi hésiter. « Si tu ne viens pas, tant pis. Si tu viens, tu sais ce qui se passera. » Forcément. Moi-même, je crois que je n’aurais même pas pris la peine de venir. Mais lui, il l’avait fait et s’était passé la fatalité que j’attendais depuis des années. Pourtant, après la victoire, c’est un goût amer qui m’était resté dans la bouche. Ce en quoi la visite suivante chez Wunjo avait joué un rôle déterminant ! Avant d’aller le voir, j’avais envie de me pendre. Après ? J’avais envie de sauter d’une fenêtre, avec la corde autour du cou accrochée à un solide piquet, un flingue sur la tempe et le bidon d’eau de javel. Franchement, ça allait. Tranquille.

Maintenant ? Je peux affirmer – sans ironie, cette fois – que je vais bien. J’ai maigri, je n’ai pas coupé mes cheveux depuis plus d’un an. J’ai perdu un peu de muscles. Mais c’est mieux qu’il y a quelques temps. Le moment où Wunjo coupait les ponts, j’étais au ras des pâquerettes. Non, je ne suis pas à plaindre, ce n’est pas franchement ce que j’attends. Disons juste qu’une mère qui vous questionne sur quand elle pourra annoncer qu’elle sera grand-mère, un père qui vous secoue pour que vous soyez mieux qu’un petit surveillant dans une faculté si prestigieuse, des amis qui vous présentent des femmes à tour de bras, des gens qui vous demandent ce que vous devenez et comment s’appelait le blond avec vous trainiez tout le temps que vous étiez jeune… Je suis heureux, définitivement, que peu connaissent mon homosexualité.

Penchant que j’ai fini par m’avouer. J’ai arrêté de me voiler la face la première fois que Wunjo a coupé les ponts et quand je me suis aperçu que je n’avais personne avec vraiment partagé… Un corps. Et surtout quand j’ai bien vu que les nanas ne me faisaient plus aucun effet. Allez vous prendre dans la gueule que vous ne bandez pas parce que vous êtes ailleurs, mais que, finalement, vous y arrivez en pensant à – je ne sais pas, moi – Matt Dallas. Oui, l’acteur qui joue un gamin sans nombril. Celui-là même. J’ai 24 ans et je suis gay. Etrangement, j’en faisais tout un drame, mais c’est bien ce que je vis le mieux.

J’ai finit par rester planté là, comme un con, face à la porte de l’immeuble de Wunjo. Je fixais mon pâle reflet dans la vitre, sans vraiment chercher à me voir. Je me rassurais avec la première compagnie que je trouvais. Et s’il ne rentrait pas cette nuit ? Et s’il courait après une autre carotte ? Je crois que je n’oublierai jamais cette conversation. Quand j’y pense, il y a deux sentiments qui se mêlent en moi : la honte – avouons que c’était une approche de merde – et la satisfaction. C’était vraiment… Enfin je suis heureux que ça ait été lui. Je ferme les yeux, laissant mes dents claquer et mon corps trembler. N’étant plus capable de le tenir au chaud, j’allais le laisser faire. Je colle juste mes paumes, encore glisser dans les manches de mon pull, contre mes oreilles. Ca doit bien faire déjà une demi-heure que mes cheveux – bien que plus longs – ne les protègent plus assez.

La dégaine, quand je me tourne vers Wunjo, figé derrière moi, avec le nez rouge, les lèvres gercées et les mains collées aux oreilles, les bras pliés de chaque côté de ma tête. Non, vraiment, la classe. Je le fixe, peut-être presque aussi interloqué que lui. Je lis sur ses lèvres mon prénom mieux que je ne l’entends et je laisse enfin mes bras retomber mollement le long de mon corps, les poings serrés pour tenter de retrouver mes doigts. Je souris. Simplement. Je voile un peu son soupire par mon sourire. Au reste, je ne réponds pas. Oui, je me les gèle, oui. Mais, tout comme à la question de savoir si c’était bien moi, je pense que la réponse est évidente et que son esprit de déduction est assez aiguisé pour que je m’abstienne de parler. Je voudrais garder l’air chaud que j’arrive encore à maintenir dans mon corps tout froid. Je me contente de le suivre des yeux, jusqu’à me tourner de nouveau vers mon reflet, réellement soulagé d’y trouver enfin celui de Wunjo.

Je le suis, sans lâcher un traître mot. Je rentre dans le hall et monte les marches deux par deux, constatant presque avec surprise que j’ai encore des genoux ! Mais, manque de chance, j’ai des fourmis dans les fesses. J’ai du rester deux heures assis dessus, juste avant que Wunjo n’arrive, donc ça, finalement, ça ne me surprend pas vraiment. La lumière me brûle les yeux et je baisse le nez au sol, plissant les paupières. Juste le temps de faire deux pas et de m’adapter. Je relève la tête et passe une main dans mes cheveux, les remettant en arrière. Je ne fais pas attention au désordre. Au fait, je parcours même l’appartement des yeux, m’arrêtant sur tout et n’importe quoi, du moment que je n’ai pas à croiser le regard du brun. J’ai bien vu, dehors, même avec l’éclairage faible et glauque de la rue, qu’il avait pris un sacré coup de… Qu’il était bien bas. J’appréhendais de le voir maintenant. Je savais que je n’aurais pas peur de lui, mais je ne voulais surtout pas réagir avec ma franchise habituelle. Si on n’avait pas passé tant de temps sans se voir, je l’aurai fait. Mais les circonstances étant ce qu’elles sont…

J’avais déjà un pris les devants sur son invitation à rentrer et j’étais en train de libérer un pouf de ses fringues. Je m’y laisse tomber, soupirant d’aise et regarde le plafond, avant de me refoutre en boule, ne parvenant pas à me réchauffer. Je ne tourne la tête vers Wunjo qu’à la question de savoir si j’ai envie de boire ou manger. Non. Ni l’un, ni l’autre.

Un café.


Et merde. Je le fixe, ne le parcourant même pas des yeux. J’ai simplement planté mon regard dans le sien. Le reste a suivit tout seul : son teint, le fait qu’il ait maigri, les poches sous les yeux, les cheveux ternes… J’en oublierai presque de sourire. Mais, de toute façon, j’ai les zygomatiques en bouillie et on va dire que c’est uniquement pour ça que j’affiche un air trop sérieux. Et puis, j’ai envie de lui poser un tas de questions et je sais qu’en quittant ses yeux maintenant ça va sortir tout seul. "Pourquoi t’as plus donné de nouvelles ?", "Qu’est-ce que tu fais maintenant ?", "T’en es où dans ta vie professionnelle ?", "Et personnelle ?", "C’est quoi tout ce bordel ?", "Pourquoi t’as coupé les ponts ?", "J’ai foiré quelque chose ?", "Tu ne me fais pas confiance ?", "Enfin, je suis quoi pour toi, moi ?", "T’as coupé tes cheveux ou… ?", "T’es déçu ?", "Comment va ton chat ?"… Non, vraiment, Kuro, tais-toi. Je finis par baisser les yeux et regarde mes mains, les doigts rougies par le froid.

S’il te plaît.


C’est quoi cette question, Wunjo ? Depuis quand tu passes par des détours aussi sérieux que celui-là ? Ta gueule, Kuro.

Quand je suis arrivé, c’était une heure décente pour venir voir quelqu’un.


Blanc. Réel blanc. Pas de soupir. Je ne lève pas les yeux de mes paumes ouvertes et tournées vers le ciel.

Et, pour répondre à la question qui doit te bousiller le cerveau : non, je ne sais pas pourquoi je suis ici.


Enfin, si j’ai bien une idée. Mais ce serait trop long à expliquer. Et je ne suis pas bavard, tu le sais bien Wunjo. C’est toi qui parle. Je tourne ma tête vers lui, le regardant de nouveau, l’air toujours trop sérieux qui ne me va pas si bien. C’est toujours toi qui parle trop. Pas moi. Et puis c’est toi qui a décidé de partir, je ne vois même pas pourquoi c’est moi qui reviens. Je me mords la lèvre, retenant la question du pourquoi de justesse. Si c’est juste parce que t’as pas eu la force de porter tes couilles et d’assumer… Mais je n’ai rien à dire pour ce qui est d’assumer les choses. Vraiment rien à dire. Là encore, je me mets de nouveau à regarder tout autour de moi, pour ne pas avoir à supporter davantage de voir sa gueule de déterré. Puisque, même en creusant, je ne vois pas d’autres termes pour le définir.

Je finis par bouger mon cul et venir vers lui.

Je viens t’aider pour le café, peut-être que ça va me réchauffer.


Je n’ai pas vraiment réussi à arrêter de trembler depuis que nous sommes rentrés. Et l’ambiance n’y aide pas. Je n’attends pas sa réponse et me dirige vers sa cuisine. Même si je n’ose rien toucher, parce que je ne sais pas ce qu’il essaye de me cacher.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 24 Sep 2012 - 12:58



Wun haussa un sourcil à la requête de Kuro. Un café ? A cette heure ci ? Drôle d’idée. Cela dit, il n’était probablement pas au courant du contenu des placards de Wun, et le café étant ce que la plupart des gens buvaient en quantité, il était plus sûr de demander ça que… un chocolat chaud, par exemple. Il haussa les épaules, l’air de dire « comme tu veux », et ouvrit un placard pour y récupérer le café moulu en boîte qu’il n’ouvrait en fait que très rarement, n’étant pas un grand amateur de café à la base.

Levant le nez de sa préparation il esquissa un sourire vaguement désolé lorsque Kuro lui fit remarquer qu’il était arrivé à une heure décente. L’ex blondinet se garda bien de lui demander depuis combien de temps il attendait. Il était de toute façon un peu tard pour y remédier, autant enterrer le sujet.
Il hocha la tête lorsqu’il ajouta que, pour information, il n’avait pas la moindre idée du pourquoi il était venu. Bon eh bien… c’était une chose de dite. Etonnamment, Wun se sentit plus léger après cet aveu. Il ne savait pas bien si c’était parce que de fait, Kuro était à peu près aussi paumé que lui, ou si c’était le soulagement de ne pas avoir à répondre à des questions qu’il pourrait juger….délicates.

« Nous voilà bien avancés… »

Commenta-t-il seulement , un vague sourire flottant sur ses lèvres alors qu’il sortait une tasse d’un autre placard pour le café.
Lorsque Kuro déclara soudainement vouloir se joindre à la préparation, il se poussa un peu, lui laissant de la place derrière le comptoir séparant cuisine et coin salon.

« Ok, je te laisse aux commandes »

Répondit-il, un sourire en coin. Il en profita pour retourner du côté de son lit –et du bordel. Pas qu’il ne cherche à fuir Kuro, mais il comptait utiliser ce temps libre pour se changer –le t-shirt violet le faisait définitivement se sentir comme un imbécile prépubère.
Sans trop se gêner –certaines choses ne changeaient pas- il ôta l’immondice mauve, l’envoya voler vers un panier en plastique contenant de toute évidence du linge sale, avant de fouiller sur un fauteuil pour trouver un truc à se mettre. Il finit par trouver un épais chandail beige qu’il enfila à la place du t-shirt.

Ceci étant fait, il fila rapidement dans la salle de bain afin de se débarrasser de sa lentille bleue. Il l’ôta, la mit dans son liquide physiologique, et retourna dans son salon-cuisine. Il se fichait pas mal que Kuro le voit avec ses yeux vairons, puisque de toute façon la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, Wun avait ses yeux dépareillés. De manière assez ironique, les gens qui l’avaient connu en tant que Wun étaient plus perturbés de le voir avec deux yeux bleus qu’avec ses yeux originaux.

Il regagna le petit comptoir séparant plus ou moins sa cuisine à l’américaine de sa chambre/salon et prit place sur un tabouret haut, faisant ainsi face à Kuro. Il l’observa un instant en silence en train de se dépatouiller avec la cafetière.
Pensivement, il tendit le bras, attrapant du bout des doigts la main de Kuro, la serrant brièvement dans ses doigts. Effectivement, elle était encore froide, témoignant que l’ex-surveillant avait du mal à se réchauffer. Il lâcha sa main, ramena ses bras sur le comptoir, les avant-bras pliés, il se pencha, s’installant sur ses avant-bras comme sur un oreiller, observant le brun en face de lui d’en bas.

« T’as mauvaise mine »

Murmura-t-il, un sourire désolé sur les lèvres.

Et là on dit : Bravo, Wunjo. Kuro faisait des efforts pour ne pas lui cracher ses 4 vérités à la figure, et voilà la cavalerie qui arrivait avec ses gros sabots, faisant tout le contraire. Mais la vérité, c’était que Wun voulait qu’on lui dise qu’il avait une tête de zombie. Il n’avait pas envie qu’on le prenne en pitié, naturellement –qui souhaiterait ça ?- mais ça ne voulait pas non plus dire qu’il avait envie de subir la procession des hypocrites, défilant devant lui en s’extasiant sur sa bonne mine et son rayonnement. L’ex-blondinet avait toujours fait preuve d’une franchise déroutante, parfois même insultante, et il s’attendait à ce qu’on le lui rende, quelque part.

« Si tu as toujours froid, tu peux prendre une douche chaude »

Suggéra-t-il. C’était un commentaire très non-wunesque. En temps normal, on aurait pu s’attendre de sa part à une réplique très tendancieuse, tirant carrément sur la proposition à connotation sexuelle, manquant cruellement de subtilité et de bon goût. Mais sa relation avec Kuro avait toujours était un peu bizarre au fond, et ça lui semblait presque…. déplacé de faire des sous-entendus lourdingues dans cette situation.
Oui, Wunjo était perturbé.

Pour une raison inconnue ; il avait l’impression d’être le vieux professeur de maths à la retraite, à moitié mourrant, que ses anciens élèves viendraient voir parce qu’au fond ils ont encore un peu d’affection pour ce petit vieux qui les a initiés aux chiffres et que s’ils n’étaient pas passés le voir ils plieraient probablement sous le poids de la culpabilité. A ceci près que Wun était nul en maths et qu’il n’avait jamais appris à Kuro à compter, bien sur.
Mais l’idée était là. Il avait envie de dire au brun que ce n’était pas parce qu’il avait été son premier mec, sexuellement parlant, qu’il devait se sentir obligé de venir lui rendre visite comme on rend visite à son grand-père malade pour voir s’il va bien.

Mais il ne dit rien, ayant bien conscience que ça sonnerait encore plus pathétique et misérable qu’il ne l’était en réalité.
Il se contenta donc d’afficher un faux sourire et de commenter, sur le ton léger que Kuro lui connaissait bien.

« Ca va te flinguer ton sommeil de boire un café maintenant »

Fit-il remarquer, doucement, l’oreille gauche toujours collée sur son avant-bras gauche, zieutant Kuro comme un chat observerait un humain en action.
Même si … bon… à ce stade, niveau flingage de sommeil, attendre un individu devant chez lui, dans le froid, jusqu’à 23h, c’était déjà du haut niveau de suicide sommeiller. En même temps, même s’il ne savait pas pourquoi Kuro était venu –vu que le brun lui-même n’en savait visiblement rien- , quelque chose lui disait qu’a priori, il n’était pas venu pour faire la sieste sur son canapé… ça il pouvait le faire chez lui, non ?


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMer 26 Sep 2012 - 21:45

Et pour ce qui est d’avoir des choses à cacher, son sourire ne me fait que me conforter dans cette idée. Je baisse les yeux un moment, essayant de me résonner moi-même, comme un grand. Après tout, Wunjo est franc, mais jamais franchement sur ce qui le concerne, ce qui le touche vraiment. Je m’attendais à quoi ? A ce qu’il se jette dans mes bras, presque en pleurs et qu’il me confie ses malheurs ? Non Kuro, là, tu confonds avec Sophie.

Quand je relève le nez, c’est juste pour aller prendre la relève dans la préparation du café. Et pendant qu’il se change, moi, je continue de me perdre dans mes pensées. Un regard hésitant sur son corps et me voilà replonger dans la tasse. Je la prends, la repose, la prend de nouveau et finit par la changer de meuble, la posant près de la cafetière. Un filtre, quelques cuillères et de l’eau, plus tard, je regarde le liquide qui s’écoule au goutte-à-goutte dans le bocal. Si, j’vous jure, parfois les détails primaires sont géniaux pour éviter de zieuter là où il ne faut pas.

Mais quelle excuse trouver quand c’est le fruit défendu – on reste dans la cuisine, c’est à la bonne franquette, chez nous ! – qui vous oblige à lever le nez sur lui ? Quand il prend ma main, mon premier réflexe est de vouloir la lui retirer. Pulsion instinctive que j’essaye de calmer, espérant que ça soit passé comme une lettre à la poste. Genre, t’as pas vu à quel je suis fébrile, Wunjo, hein ? Ou alors, si tu l’as vu, tais-toi. J’amorce un sourire en coin quand je peux enfin noyer mes yeux dans ceux uniques de Wunjo. Sourire qui se casse la tronche dès qu’il me lâche. Je reviens donc à ma cafetière.

Sa réflexion me fait rire. Juste un ricanement, étouffé un peu dans la gorge. Je n’ai même pas desserré les dents. Au contraire, je me mets à bouffer l’intérieur de mes joues, pensif. Mais je ne vais pas me perdre plus loin dans mes pensées. Quand j’entends ma voix, froide, sèche et cassante s’élever, j’en ai moi-même un frisson :

T’as vu ta gueule, à toi !?


J’ose un regard et soupire, fermant les yeux un moment, avant de regarder la tasse, cette fois. Habituellement, je me serai peut-être excusé d’avoir été si impulsif, si bref et si catégorique. Mais là, il m’avait fallu lâcher ça comme une merde pour me rendre compte que j’étais en colère. Pas énervé, non, juste… Furieux, bouillonnant. En colère. Contre Wunjo, contre Tsu, contre moi, contre ma mère qui veut être mamie, contre mon père qui souhaite que je sois quelqu’un d’autre, contre ces gens qui me demandent ce que je deviens et le nom du blond avec qui je passais mon temps, contre mes amis qui tentent de me marier à n’importe quel vagin ambulant… Contre le monde entier. Et contre cette putain de cafetière qui me fait passer pour un demeuré parce que je sais jamais doser correctement le café et que ça va être du jus de chaussettes et ce frisson qui me gèle le cul encore un plus.

Et merde.

Je crois que je serai incapable de répéter ce que Wunjo vient de me dire. Je n’ai même pas écouté. Entendu, mais de loin. J’inspire lentement et prend le bocal, éteignant la cafetière. J’ouvre la partie où il y a filtre, pour le faire refroidir et je me sers mon café, tremblant encore un peu. Noir, sans sucre. J’ai envie d’une cigarette. Je plaque mes paumes sur la tasse qui chauffe doucement, osant enfin reporter toute mon attention sur Wunjo. Dernière réplique, à laquelle je ne rétorque rien, mais qui sonne comme un feu vert.

Sérieusement, Wun...


Temps de pause. Histoire de ménager le suspens pour rien.

C’est quoi ce bordel ?


Et va pas te défiler en me parlant du bazar de ton appartement, j’te sens v’nir. Le grand bordel qu’est ta vie. Mes doigts me brûlent maintenant, à vouloir fusionner avec la tasse, toucher le café bouillant à travers la porcelaine.

Il n’y en a qu’un qui m’avait fait me torturer autant, mais maintenant c’est toi qui tient le beau rôle. J’ai envie de te sauter dessus, de t’étrangler à moitié au milieu de toute cette merde et puis de te réanimer avec amour. C’est fou, ça ! Non, je te prends pas pour un vieux crouton fan de calculs, certainement pas. J’ai juste envie de te secouer et que tu me dises tout. Que tu répondes à toutes mes questions, pulsions et hésitations. Mais tu ne diras rien, hein ? Va falloir que je te pousse au cul ou que je m’assois sur ma curiosité. J’ai envie de te bouffer, c’est royal !

Oh et puis laisse...


Je pose la tasse sur le petit comptoir. Je n’y ai même pas touché. Je me redresse et met le bocal dans l’évier. Pour ce qui est de répondre à mes pulsions, je le fais déjà moi-même. Je n’ai pas envie de me battre avec toi, c’est tout. Je m’approche de la porte et lève un peu mon pied, pour remettre mon lacet dans ma basket, m’appuyant sur la poignée, prêt à partir.

Je vais rentrer. Merci pour le café.


Et merde. Et merde. Et merde...
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 1 Oct 2012 - 11:14



Evidemment, Wun avait bien remarqué le tressautement de la main de Kuro lorsqu’il s’en était emparé comme un voleur à l’étalage s’emparerait d’une pomme sur un marché. Mais il ne fit aucun commentaire, ne cherchant même pas à analyser la raison pour laquelle le brun avait essayé de se soustraire. C’était un fait avéré : il était nul en analyse, alors pourquoi se torturer l’esprit à essayer ?

Il esquissa un vague sourire lorsque Kuro lui retourna la remarque. Il l’avait un peu cherchée, celle-là, au fond. Il eut envie de répondre « Oui, tous les jours » mais se retint. C’était pourtant vrai. Son reflet lui renvoyait sa sale tronche tous les matins, et tous les matins il écourtait le temps passé à s’observer dans la glace.

Pendant ce temps là, Kuro avait enfin réussi à finir son café. Ca semblait plutôt laborieux, cette affaire. Mais la boisson était prête, et dans sa tasse, la tasse entre les mains frigorifiées de l’ex-surveillant qui reprend enfin la parole.
La question déclencha un lever de sourcil chez Wun. Il avait bien compris que Kuro parlait de sa vie, et pas de son appart’, mais il se demandait un peu comment ça pouvait transparaitre aussi vite… Certes, il avait mauvaise mine. Mais il aurait très bien pu être simplement malade. Une bonne grosse angine lui aurait donné le même air défait. Alors comment pouvait-il savoir qu’il y avait… autre chose ?

Wun allait lui poser la question, mais Kuro reprit la parole avant même que l’ex-blondinet ait pu déserrer les lèvres, annonçant… qu’il partait.
Pris de court, le russe le regarda poser la tasse sur le comptoir et s’éloigner vers la porte sous le regard ahuri de l’ancien mafieux.

« Donc…. Tu es venu chez moi, t’as poireauté 2 heures dans le froid juste pour utiliser ma cafetière, m’engueuler, et te casser ? »

Demanda-t-il, haussant les sourcil, le ton à moitié cynique, à moitié franchement abasourdi. Il ne comprenait plus rien, et ne cherchait pas à le cacher au vu de son air paumé. Il se reprit ceci dit assez vite, fronçant les sourcils, croisant les bras dans son pull beaucoup trop large.

« Ou alors tu es juste venu vérifier que j’étais vivant, et tu retournes vaquer à tes occupations ? »

Il eut un ricanement un peu … amer. Il ne savait plus faire que ça ces temps-ci, de toute façon, ça devenait un fichu automatisme.

« Fallait pas te donner autant de mal. Les types comme moi ça ne crève pas si facilement. Certains te diraient même que c’est bien le problème »

Ajouta-t-il, parlant de lui comme une sorte de…cafard au fond, pensant à l’Organisation qui, encore à ce jour, devait être à sa recherche avec l’ultime espoir, envie, de lui faire la peau –non sans l’avoir torturé un peu avant, c’est qu’il y avait beaucoup de rancœur accumulée maintenant entre Wunjo et sa vieille employeuse. Il se félicita presque intérieurement de pouvoir y faire référence, même de manière subtile, sans avoir le sang qui se glace ou des montées d’angoisse. Non il n’y avait pas à dire, de ce côté-là, il avait fait du progrès. Mais c’était à peu près tout, niveau progrès…

« La prochaine fois essaye le coup de fil. T’auras moins froid et t’auras moins l’air de te dégonfler à la dernière minute »

S’il le provoquait ? Oui, parfaitement. Etait-ce conscient ? Wun ne savait pas bien. On ne pouvait pas dire qu’il soit vraiment content que Kuro soit venu le voir, puisque, comme expliqué précédemment, il avait l’impression d’être un vieux qu’on colle en hospice et à qui on rend visite de temps à autre pour vérifier qu’il respire encore. Maintenant, pour une raison qui lui échappait un peu, il n’avait pas non plus envie que le brun s’en aille. Mais il ne voulait pas lui dire, de peur d’encore avoir l’air misérable et pitoyable. Jusque là Wun n’avait jamais vraiment eu des problèmes de fierté déplacée –à part avec Akim bien sur- mais là, même lui avait conscience de traîner au fin fond du gouffre.

Il contourna le comptoir pour rejoindre Kuro, planté devant sa porte, sur le départ. Arrivé là, il frappa du plat de la main sur la porte, aussi bien dans le but de la bloquer, empêchant Kuro de partir le temps qu’il ait dit ce qu’il avait dire, que de faire un peu de tapage, pour manifester son mécontentement –et ça marchait plutôt bien, la porte branlante produisant un bruit de claquement sec.

« Tu crois que je ne vois pas la tronche que tu tires quand tu m’regardes ? »

Lâcha-t-il, la mâchoire serrée, l’air aussi aimable qu’un loup enragé, pour vous donner une petite idée –mais un loup enragé un peu malade, franchement dit.

« Si t’as un surplus de pitié, vas donc à la soupe populaire, au lieu de venir jusque chez moi me la jeter à la gueule »

Ajouta-t-il, avec plus d’agressivité qu’il ne l’avait voulu. Wun était inexpliquablement furieux. Ca relevait presque de l’impossible, de le mettre dans un tel état, alors qu’il était encore sous les effets de l’herbe. A moins que cette dernière ne fasse plus suffisamment effet sur lui, ce qui n’était pas totalement absurde non plus étant donné sa consommation actuelle. A bien y réfléchir c’était même cette consommation qui le rendait beaucoup plus à fleur de peau. Qu’importe, seul le résultat comptait, et le résultat n’était pas franchement agréable à voir.

Wun retira sa main, jusque là toujours plaquée sur la porte, libérant la voie à Kuro.

« Ouais, ma vie c’est de la merde en ce moment »

Déclara-t-il, simplement, comme s’il venait de constater que son pull était gris ou ses cheveux noirs.

« Et alors ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? »

Demanda-t-il, levant les bras d’un air impuissant, presque théatralement, les laissant retomber, ballants, le long de son corps, alors même que la colère redescendait, s’évaporait, lui faisant réaliser qu’une fois de plus, il s’était donné en spectacle pour… probablement pas grand-chose. Mais le sang lui était monté à la tête, et, comme toujours, avide d’actions plutôt que de réflexion, il s’était laissé bêtement submergé.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 1 Oct 2012 - 18:45

Genre. Non franchement, j’ai envie de lui casser la gueule là. Oui, je me suis énervé, mais ça c’est le summum de la bêtise. Le paroxysme de la connerie. Le pompon. Il a poussé un peu trop loin le bouchon. Je relève le nez et le regarde, les sourcils froncés. Il se prend pour qui ? Et surtout, il me prend pour quoi ? Il me coupe l’herbe sous le pied, avec son rire. Je n’ai même plus envie de l’envoyer chier. A la suite de son ramassis de conneries, j’ouvre la bouche et la referme aussitôt. Je fais le poisson en somme. Rien d’autre ne bouge : j’ai toujours la main poser sur la poignée, prêt à partir comme un voleur.

Je le suis des yeux quand il bouge, attendant sagement la suite, à continuer de bouillonner intérieurement. Puis c’est finalement sa main que je suis du regard. Surtout quand elle se plaque violemment contre la porte. Ma seule réaction est de lâcher la poignée, laissant mon bras retomber discrètement contre mon corps. La suite, je l’entends, je l’écoute, je l’imprime. Comment je le regarde ? Je n’en sais moi-même rien. Je n’ai jamais réussi à faire en sorte que mon corps mente aussi bien que ma bouche. Je frissonne.

Quand Wunjo libère la sortie, je le regarde de nouveau. Et cette fois, j’en ai bien conscience, je crois que je n’exprime plus rien. Ni pitié, ni peine, ni colère. Je le fixe, droit dans les yeux, parce que je ne sais pas franchement regarder autre part que je porte mon attention sur quelqu’un. Et puis, s’il me reproche de fuir, qu’il aille se faire mettre. Je cligne plusieurs fois des yeux, jette un coup d’œil à la tasse sur le comptoir et revient finalement au brun. J’arque un sourcil, juste le temps de me dire que je crois bien que je le préfère en blond.

Honnêtement, j’aimerai vraiment savoir en quoi sa vie peut être si merdique. Mais il est bien là, mon problème : je meurs d’envie de le savoir. Ca me rend autant mal à l’aise que coupable. Je reprend mon tic – manger mes joues – le temps de lever la main vers son visage et de saisir son menton entre mes doigts froids. Je l’oblige, sans vraiment me préoccuper de savoir si ça lui convient ou non, à tourner la tête sur le côté.

Wunjo… T’es con. Genre vraiment abruti, quand tu t’y mets.


Ma voix est beaucoup plus douce, plus posé, unique témoin que je ne suis plus en colère. Pas contre lui. Enfin pas en ce moment-même. Je regarde rapidement l’appartement, par-dessus son épaule, pour revenir bien vite à lui, sans le lâcher.

Tu donnes plus de nouvelles. Et je sais pas à quoi tu t’associes, vieux crouton ou torchon sale, qu’importe. Et en ça, t’es con. Tu coupes les ponts, comme ça, sans raisons…


J’hausse les épaules et affiche une moue ironique. C’est bon, tu comprends ce qui me gonfle, maintenant ?

Et tu m’accuses de te considérer comme une vieille merde quand tu m’as pris pour un con ?


Je fronce les sourcils, encore une fois, et je tourne la tête de Wunjo pour le voir de face, cette fois.

Si c’était ça, j’aurais même pas pris la peine de bouger mon cul et surtout – surtout – je l’aurais pas laissé geler trois heures, et non pas deux, sur le seuil de ta porte. Franchement, donne-moi une médaille rien que pour ça.


Je soupire et le lâche enfin, lui rendant son entière liberté de mouvement.

Je m’énerve parce que je me sens bien avec toi, sauf que j’ai mal aux tripes. J’te passe les détails et la finalité qu’on pourrait tirer des p’tits papillons dans le ventre, parce que je sais pas si tu serai trop fier ou carrément flippé. J’aurai trop peur que t’en ait rien à foutre, en vrai.


Et voilà. Quand je commence à parler un peu, je déballe toujours tout, comme une diarrhée verbale. Et ce n’est qu’en ces cas-là que je me rends compte que j’en ai franchement besoin.

J’hausse de nouveau les épaules. Mon regard se trouve soudainement attiré par mes chaussures. Je bouge mon pied, un peu nerveux, et serre le poing, pour réchauffer mes doigts.

Alors, ouais, je me dégonfle. Non, j’ai pas pitié de toi, juste un peu de moi. T’as l’air HS et moi j’ai pas envie de t’imposer tout… ça. De m’imposer moi avec ta gueule de merde. Je reviendrai plus tard ou pas. Parce que ce sera peut-être pareil, alors on va pas risquer de perdre du temps hein.


J’ose le regarder, mangeant encore mes joues, ce qui me donne toujours l’air passablement bête, mais je ne m’en rends jamais compte.

Mais j’ai soudainement envie de casser la gueule à ceux qui trouvent que le fait que tu vives soit un problème.


Moment de blanc. Nouveau suspens inutile.

Si tu veux bouffer ta soupe froide, ne compte pas sur moi.


C’est bon, je me tais. J’ai trop parlé. Et puis, j’ai mal au ventre. J’ai faim et j’ai les intestins qui veulent se faire la malle par la gorge. J’ai cette désagréable impression que mon cerveau grésille, comme après une aspiration de Poppers, mais sans l’euphorie. Juste la tête qui bourdonne. En plus, j’ai du choper la crève. Et finalement, ce café, je le boirai bien. Alors retiens-moi vraiment.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMar 9 Oct 2012 - 7:55



Le fait que Kuro continue d’afficher cet air vide et inexpressif ne faisait qu’attiser la colère soudaine et plutôt inexpliquable qui agitait Wun. Et plus il gesticulait en s’énervant, plus le brun en face de lui semblait se fermer comme une huitre. Lorsqu’enfin il reprit la parole, ce fut un soulagement pour l’ex-blondinet, même si ce fut pour se faire dire qu’il était….con.
Il haussa un sourcil interrogateur, que Kuro ne devait pas bien voir puisqu’il lui tenait la tête de profil. Il esquissa un mouvement pour se dégager –c’est que ça faisait un peu mal- mais l’ex-surveillant le tenait fermement. Il abandonna l’idée de se libérer et se contenta d’attendre, se demandant où il voulait en venir.
Ce n’était certainement pas la première fois qu’on le lui disait, et probablement pas la dernière car c’était au fond la vérité. Il vivait d’ailleurs plutôt bien avec cette vérité et ne s’en offusquait plus. Il se demandait juste pourquoi Kuku éprouvait le besoin de rappeler ce fait avéré là maintenant.

Wun ne répondit pas immédiatement aux reproches de Kuro –en partie parce que sa mâchoire était… disons coincée- mais il cligna des yeux en guise d’approbation, histoire de dire qu’il comprenait. Il ne répondit pas d’avantage à la question qu’il posa ensuite, déjà parce que celle-ci était rhétorique, mais surtout parce que, encore une fois, on lui tenait le menton. Menton que Kuro le força à tourner, le maintenant face à lui. Wunjo plongea sans hésitation ses yeux vairons dans ceux visiblement fatigués de son compagnon, attendant qu’il lui rende sa liberté de mouvement. Et lorsque ce fut enfin fait, il se passa les doigts frénétiquement sur la mâchoire, comme pour détendre cette partie de son visage, sans lâcher le brun du regard.

Cette situation le mettait mal à l’aise. Presqu’aussi mal à l’aise que lorsqu’il avait eu l’idée –stupide- de se déclarer à Ellen. Il se souvenait d’un temps où mentir avec cohérence lui semblait bien plus facile. La vie de quelqu’un de « normal » ne lui correspondait de toute évidence pas du tout, mais maintenant qu’il était coincé avec ça, il fallait bien avancer.

« Je t’ai pas pris pour un con…. »

marmonna-t-il entre ces dents, roulant les yeux d’un air à moitié exaspéré, comme si Kuro mettait toute la mauvaise volonté du monde à essayer de comprendre la situation et les réactions de Wun. Pour sa défense, essayer de comprendre le mode de fonctionnement de Wun, c’était comme essayer de comprendre le russe sans jamais avoir eu de cours ou de contact avec la civilisation russe : pas forcément très facile. Et comme Wun était un autiste profond en matière de communication, ça n’arrangeait pas grand-chose.

« J’avais des trucs à régler tout seul avant de… »

Il laissa sa phrase en suspens, lui-même ne connaissant pas vraiment la suite de ce qu’il voulait dire. Avant de quoi, d’ailleurs ? Wun n’avait jamais été très doué pour se projeter dans l’avenir. Quand il était encore dans l’Organisation il n’avait pas besoin de le faire, puisque les patrons le faisaient gracieusement pour lui. Maintenant qu’il avait récupéré son libre arbitre, il s’était contenté de décisions de survie, rien sur le long terme. Il avait en vérité toujours vécu comme s’il pouvait crever le lendemain –et c’était probablement le cas lorsqu’il était encore dans l’Organisation- et cette mauvaise habitude était un peu difficile à perdre.

Il zieuta Kuro, semblant clairement hésiter sur la démarche à suivre. Devait-il lui parler franchement de son « léger » souci de drogues ? Devait-il inventer une jolie excuse, comme il était si doué pour le faire ? Quelque part, il sentait bien que Kuro ne marcherait pas avec n’importe quel mensonge bateau de sa composition. La question était de savoir en quoi le fait que Kuro ne le croit pas était un problème, au fond. Wun était définitivement un garçon plein de paradoxes. Il avait lui-même coupé les ponts avec le brun, et maintenant il n’avait pas envie que celui-ci tourne le dos et s’en aille loin de lui. Au fond, si déjà il avait fait l’effort de revenir vers Wunjo, ne méritait-il pas au moins la vérité ? Il ferait ensuite ce qu’il voulait de cette vérité : la croire, la nier, l’accepter, la renier, mais au moins, il partirait ou resterait pour les bonnes raisons, et pas pour un jeu de mensonges grotesques.

Il n’avait toujours pas cessé de fixer Kuro lorsque doucement, il commença à remonter la manche de son pull trop large le long de son bras. Il la remonta jusqu’à la moitié de son biceps, libérant ainsi l’avant-bras et le coude. Retournant son bras, il tapota doucement de l’index de l’autre main le creux de son coude où la veine était légèrement bleuie, comme après…disons…. Un peu trop de prises de sang. Il ne fallait pas non plus sortir de Tôdai pour comprendre que dans son cas, ce n’était pas de prises de sang dont il était question. A dire vrai, Wunjo ne se shootait pas énormément. Il tournait beaucoup plus à la weed ou à la cocaïne, mais il voulait juste faire passer le message et c'était certainement plus limpide et rapide ainsi qu’en déversant sa réserve de dope sous le nez de Kuro.

Il esquissa un sourire désolé en direction de son compagnon, ne sachant pas vraiment quoi dire. Il n’en était pas fier, oh non, mais il avait probablement déjà écoulé son quota de culpabilité pour le soir et la semaine. Et puis, il avait décidé qu’il lui devait la vérité, alors … il la lui donnait, même si de toute évidence il n’était pas très inspiré pour y mettre une jolie forme.

« Bref. Tu vois. C’est le genre de truc qu’on gère…hem…. Tout seul »

Déclara-t-il en guise d’explication. Il lâcha la manche qui retomba immédiatement, dissimulant à nouveau tout son bras.

Sauf que visiblement, il n’était pas le seul à vouloir la jouer actions et vérités (enfin vérités et vérités surtout pour l’instant) ce soir là. Voilà que Kuro se lançait lui aussi dans le déballage des secrets de l’âme.
Wun l’écouta avec l’expression de quelqu’un qui vient de se cogner violemment la tête à une cloche, clignant des yeux d’un air passablement débile. S’il était fier ? Non. Plus…. Content que fier. Si ça le faisait flipper ? Non plus. Par contre, ça le…surprenait. Oui c’était le mot. Lui aussi, en fait, il était bien avec Kuro. Mais ce n’était pas la question. Wun savait pertinemment qu’il valait mieux couper les ponts avec son entourage dans pareilles situations. De toute façon, tôt ou tard ses proches se seraient doutés de quelque chose et auraient d’eux même coupé les ponts, autant anticiper.

Il fronça les sourcils au bout de plusieurs secondes, parvenant finalement à digérer l’info.

« Minute… »

Lâcha-t-il finalement, comme si ses neurones avaient finalement réussi à se reconnecter.

« T’es pas sensé genre… courir après ta carotte blonde ? »

Certes, pas mal de chose avait pu se passer pendant qu’ils ne s’étaient pas vus, mais aux dernières nouvelles Kuro semblait encore assez…disons…accroc. Quoique à bien y réfléchir, ils n’avaient pas abordé le sujet depuis un bon moment. Une ou deux fois, le russe lui avait demandé ce qu’il en était de sa carotte, ou autre formulation Wunienne, mais Kuro n’avait jamais réellement répondu sérieusement, se contentant de prendre ce genre de questions comme une petite private joke entre eux, probablement. Et Wun n’avait pas insisté, songeant, à peu de chose près, « pas de nouvelle, bonne nouvelle », ou quelque chose dans le genre. Après tout, si Kuro n’avait pas envie de discuter de sa vie amoureuse avec lui, c’était tout à fait son droit.

Mais là… la question s’imposait de nouveau. Histoire de réussir à faire sens de tout ce bordel. Wun se surprit à rougir bêtement, et il maudit intérieurement ses réactions de môme de 14 ans. Il songea qu’à force de crier et de s’énerver, Kuro prendrait cela comme une marque d’agitation. Peut être ne se poserait-il même pas la question. Ce n’était pas comme s’il venait de lui balancer qu’il avait des soucis de drogue pour ensuite, dans la foulée, venir faire une consultation type Docteur M’amour… il y avait suffisamment de choses dont se soucier pour ne pas s’attarder sur des changements de pigmentation épidermique.

Wun ferma les yeux un instant, esquissant un léger sourire alors que Kuro venait de lui dire qu’il casserait bien la gueule à ceux qui lui voulaient la peau. Mauvaise idée, songea-t-il, sans le dire à haute voix. Mais il ne répondit rien. Il ne voulait pas se lancer dans cette discussion, ça allait encore finir dans des révélations de secret et tutti quanti. Maintenant que tout ça était –plus ou moins- derrière lui, il n’avait plus envie d’impliquer dans ce genre d’emmerdes des gens qui ne méritaient pas de tremper là dedans.

Il rouvrit les yeux, faisant un pas sur le côté, s’adossant à la porte d’entrée –et de sortie, accessoirement.

« De toute façon je peux pas te laisser partir maintenant… »

Dit-il, tapotant nerveusement le bois de la clanche du bout des doigts, dévisageant Kuro, guettant ses réactions. Le pauvre bougre venait de se prendre une sacrée vague d’information dans la tronche, ça et le fait d’avoir passé 3 heures dehors, il devait être pour le moins….sonné ?

« Tu seras retrouvé mort gelé dehors demain matin si je te laisse filer là tout de suite »

Déclara-t-il, haussant les sourcils avec un air de défi sur le visage, l’air de dire « Ose me contredire… ». Kuku était, généralement, plutôt bon, pour contredire Wunjo. Mais là, il avait déjà l’air d’un rescapé du titanic, difficile de prétendre le contraire…

Voici donc la technique Wunjo, consistant plus ou moins à annoncer à quelqu’un qu’il n’était ni plus ni moins qu’un drogué, et qu’il lui interdisait maintenant de partir d'ici… Très vendeur, et probablement très rassurant aussi. Nul doute que Wun savait vendre sa compagnie. Et on se demandait encore pourquoi il était tout seul …

« Tu vois, j’en ai pas rien à foutre »

Ajouta-t-il finalement, faisant référence à ce que Kuro lui avait dit, un peu plus tôt. Et… c’était tout. Au fond, si Kuro voulait partir, il lui suffisait de pousser Wun et de sortir. Ce dernier n’était pas dans un état franchement combattif.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 15 Oct 2012 - 19:30

C’était comme une pause dans le temps. Une sorte d’arrêt sur image. Mes yeux s’étaient rivés sur cette tâche dans le pli du coude. Mon cerveau s’était littéralement vidé et j’avais occulté cette information. Pour reprendre ma tirade, tout simplement. J’avais tout bonnement oublié ce que je venais de voir. C’était passer à la trappe.

Voir Wunjo s’appuyer sur la porte, pourtant, me fait redescendre lentement sur terre. Après la purge de mes sentiments, j’en étais à essayé de lâcher mon nombril pour aller du côté de celui du brun.

Je te préfère en blond.


Et paf ! dans les dents ! Je soupire, réalisant que j’arriverais presque à m’exaspérer moi-même. Sans rien ajouter de plus, ni sur Tsu, ni sur la drogue, ni sur le fait que j’ai attendu des plombes au bas de son immeuble, ni sur rien, je lui tourne le dos. J’ai suffisamment parlé pour le mois. J’ouvre ma veste, humide, qui doit certainement me donner encore plus froid et l’enlève finalement, dévoilant un pull trop grand, en laine à grosses mailles écrues, fait par môman. Je la laisse tomber sur le tas de fringues que j’avais poussé juste avant et retourne cherche la tasse de café. Pour finir mon petit manège, je me laisse tomber sur le canapé, fronçant les sourcils de voir que le kawa a essayé de se faire la malle. Je suce la goutte sur mon doigt et les remets sur la porcelaine encore chaude. Et enfin, je reporte toute mon attention – bien qu’un peu amoindri par tout ça – sur Wunjo.

Je n’ai pas vraiment envie de parler du petit souci de mon premier amant, ne sachant pas si ce dernier aurait envie de répondre à mes questions. Après tout, si c’était un problème à gérer seul, c’était peut-être un moyen de me faire comprendre qu’il n’avait pas envie de s’épancher sur le sujet. Et, honnêtement, je n’ai pas encore digérer l’information. Un peu comme un décès. Ouais, c’est exactement ça : un bout de Wunjo a crevé en moi. Et je n’arrive pas encore à dire si je suis surpris ou déçu ou… En colère. Ce qui ne changerait pas du quotidien, tiens.

Je détourne les yeux et les pose sur ma tasse, buvant une gorgée ridicule du bout des lèvres. J’avale, essayant de cacher ma tête entre mes épaules, éclipsant un frisson de confort. Du jus de chaussettes. Mais ça ira. Je passe ma langue sur mes lèvres et regarde mes doigts, qui commencent à rougir de se réchauffer un peu brutalement.

Tsu. J’ai merdé. Je ne pourrais jamais rien envisager avec lui. Alors je ne cours plus après, je le regarde juste de loin et je m’insurge d’être qu’un con. Mais ça va. Maintenant, tu sais à peu près où ça en est. On va continuer de ne pas en parler.


Et puis merde. Je le regarde de nouveau, cédant aux questions qui me brûlent les lèvres.

Wunjo, ça fait longtemps ?


La drogue, bien sûr. Je voudrais savoir s’il se dopait déjà quand on se parlait encore. S’il a été assez habile pour me le cacher ou si j’ai été assez aveugle pour ne pas le voir. Mes yeux descendent lentement sur le bras qu’il m’a montré, mi-curieux, mi-terrifié par ce que le pull cache. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est le pourquoi. Il a un job, un appartement, des aventures… Une vie paisible et pas de problèmes horribles. A première vue. Je fronce les sourcils à cette idée et le regarde dans les yeux. Je me lève, pose la tasse sur un truc stable et m’avance vers lui.

Et pourquoi t’as commencé ? Ou replongé, j’sais pas. J’sais plus.


Je secoue lentement la tête de droite à gauche. Je crois que je n’arrive même pas à le juger. Je veux juste comprendre. Que tout ce merdier devienne clair et que les non-dits soient enfin dévoilés au grand jour. Et tant pis si ça part en éclats de voix, du moment qu’il me répond. Du moment que je sais maintenant et que je n’ai pas l’air d’un imbécile qui vient se plaindre qu’il ait coupé les ponts alors que ses problèmes à lui sont radicalement plus importants que les miens.

Tu sais couper les cheveux ?


Ne cherchons pas à comprendre comment j’ai pu passer du coq à l’âne de façon aussi rapide, je n’en sais rien moi-même. Je sais juste que j’en ai marre de cette tignasse et que son changement de couleur à lui me donne soudainement envie de changer de tronche aussi.

Et puis, maintenant juste devant lui, j’ai de nouveau ce nœud qui me vrille l’estomac. J’inspire un grand coup et puis cède à la pulsion qui me saisit, sans chercher à savoir si elle est raisonnable ou non. Je glisse ma main encore un peu froide sur sa joue, la fait doucement dériver sur sa nuque et pose finalement mes lèvres contre les siennes. Juste comme ça, juste un peu, juste parce que j’en crève d’envie. De ça et de pas grand-chose d’autre. Et parce qu’un baiser, même furtif, ça me paraît bien mieux pour traduire ce que je n’arrive pas à lui dire.

Que je m’en fous, d’une certaine façon qu’il se shoote. Que ce n’est pas ça qui ça me faire moins l’apprécier. Que je me fais du souci pour lui. Qu’il m’a manqué. Qu’il n’a pas intérêt à recommencer. Que je voudrais ne plus avoir à attendre trois heures sur le seuil de sa porte. Que ce n’est pas d’un café dont j’ai vraiment envie – encore moins d’un aussi dégueulasse que celui que je viens de faire.

Et j’approfondis mon baiser. Histoire d’appuyer un peu tout ça.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyVen 19 Oct 2012 - 14:36



Ils avaient l’air fin, tous les deux, dans leurs pulls trop larges et passablement laids. Ils avaient toutes leurs chances de gagner au concours du pull le plus horrible, bien qu’ils aient de rudes concurrents comme Duke dans Haven et son gilet couleur vomi, John Watson dans Sherlock et ses pulls collectors, ou encore billy the kid dans Expendables 2 et son pull triple épaisseur.

Pour sur, ils se valaient, que ce soit côté fringues, visages déterrés, ou airs désabusés. C’était un peu comme les retrouvailles des jouets cassés.

Wun hocha la tête, se contentant de répondre un « Je vois » à l’explication de Kuro sur sa « carotte ». Si ce dernier ne voulait pas en parler, ce n’était sûrement pas Wun qui allait insister. Il savait ce que c’était de vouloir garder un « jardin secret » , le sien s’apparentant d’ailleurs plus à un pâturage ou une vallée qu’un petit jardin… Et puis, s’il était vrai qu’au tout début, il avait abordé Kuro pour passer le temps et l’asticoter un peu sur son obsession, il s’était en vérité assez rapidement lassé de ça, d’autant qu’il voyait bien que ça ne mettait pas l’ex-surveillant au mieux de son moral.

Il releva le nez une seconde fois lorsque Kuro lui demanda si ça faisait longtemps. Il ouvrit la bouche une première fois, puis renonça. La réponse dépendait de la question. Depuis quand avait-il replongé ? Quelques mois à peine. Depuis combien de temps touchait-il à la drogue –de manière plus ou moins régulière- ? Plutôt… 10 ans. Songeant que la deuxième réponse le ferait probablement flipper, il préféra ne pas demander de précision quant à la question.

« Depuis… mars, environs »

Répondit-il. Il avait coupé les ponts assez rapidement avec ses proches, en vérité. Il savait que les changements étaient visibles trop rapidement : affaiblissement physiques, sautes d’humeur, agressivité, il n’avait pas trop joué avec sa chance, et avait disparu de la circulation dés début avril, avec des excuses plus ou moins crédibles –allant de « j’ai trop de boulot » à « on verra ça la semaine prochaine ».

Il le regarda se lever et s’approcher doucement, songeant qu’il avait un peu la bougeotte, ce qui équilibrait plutôt bien avec Wun qui lui restait planté comme un piquet devant la porte. Comme si Kuro allait se lever et s’en aller en courant. On ne savait jamais avec lui…
La question suivante tomba, et Wunjo pinça les lèvres, visiblement pas 100% à l’aise avec le sujet. La vérité, c’était qu’il ne pouvait pas tout dire à Kuro. Il ne pouvait par exemple pas lui dire que c’était la seule réponse qu’il avait trouvé à l’angoisse de se faire attraper par la mafia à tout moment, qui lui causait des insomnies et des troubles alimentaires. Il pouvait, en revanche, lui parler du reste.

« Le stress. »

Répondit-il d’abord, songeant que « le stress » était un bon substitut à « j’ai peur de creuver chaque jour ». C’était vague, et donc vrai sans être tout à fait exact.

« J’ai aussi eu un souci avec mon frère en mars… enfin on ne se parle plus quoi »

Ajouta-t-il, songeant qu’il simplifiait quand même sacrément l’histoire en l’expliquant ainsi, mais que de toute façon il ne pouvait pas rentrer dans les détails sans monopoliser Kuro pendant au moins 4 heures.

« Et puis… disons que tu n’es pas le seul à avoir des problèmes de carotte »

Conclut-il, un sourire piteux sur le visage.

« Mais bon. C’est de l’histoire ancienne. »

Et il ne mentait pas. Le temps avait passé, de l’eau avait coulé sur les ponts. Il avait eu du mal à encaisser et digérer cette histoire avec Ellen. Il avait même été carrément déprimé à une époque, mais il pensait honnêtement que ça lui était passé. La drogue n’y était sûrement pas pour rien. L’ennui, c’était qu’il avait en quelque sorte remplacé un mal par un autre. Ca ne voulait pas dire que s’il croisait la jeune fille demain il arriverait à lui faire face avec son plus beau sourire et son détachement habituel, mais il avait plus ou moins tiré un trait là-dessus.

Il espérait que Kuro ne lui en demande pas plus, parce que histoire ancienne ou pas, ça ne faisait jamais du bien de revenir là-dessus, même brièvement. Heureusement, ce dernier semblait également d’avis de passer à autre chose.
Sa question arracha un petit rire à Wunjo, tant celui-ci ne s’était pas attendu à un tel détournement de conversation. Il secoua la tête, dans un soupir amusé.

« Ouais. A peu près aussi bien que je ne fais les couleurs »

Répondit-il, faisant un petit signe de main vers sa propre chevelure, indiquant par là que c’était quand même très loin d’être fameux. Disons qu’il savait se servir de ciseaux. De là à dire qu’il savait couper les cheveux… c’était probablement discutable.
A peine avait-il débité sa connerie que Kuro s’était encore d’avantage rapproché. La sensation de ses doigts froids sur la joue de Wun arracha un frisson à ce dernier, qui sentait son cœur se mettre à battre furieusement sans trop de raison. Mais il ne bougea pas, se contentant de fixer le visage beaucoup trop proche du brun. La main, toujours fraîche, glissa sur sa nuque, et l’instant d’après, il sentit les lèvres de Kuro contre les siennes.

Il accueillit le baiser chaleureusement, sa main droite venant se poser dans le creux du cou de Kuro. C'était doux, apaisant. Ça n'avait rien à voir avec le premier baiser qu'ils avaient échangé, il y avait presqu’un an, plus bestial et enflammé. Il ferma les yeux, calmé, presque rassuré par cette chaleur fébrile malgré la fraîcheur des lèvres de Kuro. Il y a 1 minute à peine, son coeur s'emballait comme un cheval affolé et voilà qu'il ralentissait de nouveau, timidement, mais sûrement. Wunjo ne s’amusa pas à essayer d’analyser cette initiative, il se contenta de l’accepter, d’en profiter. Il pressa sa bouche un peu plus contre celle de Kuro mais sans chercher à enfiévrer d’avantage le baiser, comme par peur de briser la tendresse.

En vérité, Wun n’avait pas embrassé –ou fait quoique ce soit avec- quelqu’un depuis… un sacré bout de temps. Contrairement à ce que Kuro semblait croire, au sujet de ses aventures, le russe s’était calmé ces derniers mois. Il ne savait pas bien si ça avait été la déprime, ou la reprise de la drogue, mais il avait quelque peu… perdu l’intérêt. Il n’avait pas cherché à rencontrer des gens, et même lorsque l’opportunité s’était présentée, il l’avait simplement refusé. La tête ailleurs, il n’avait pas eu envie de se compliquer d’avantage l’existence. Le coup de Yoite le traînant à l’hôpital pour faire des tests par peur d’avoir une MST l’avait probablement aussi un peu refroidi. En fait, il ne savait pas quelle était la véritable raison, mais le résultat était là. Il n’avait pas senti de lèvres contre les siennes depuis un certain temps, et il avait oublié la douce chaleur que cela procurait. Il avait aussi oublié que Kuro embrassait diablement bien. Pour son excuse, ça faisait encore plus longtemps qu’il ne l’avait pas embrassé.

Il laissa le baiser se finir calmement, leurs lèvres se détachant lentement, doucement, restant proches bien qu’elles ne soient plus liées. Wun rouvrit les yeux, les levant vers ceux de Kuro, toujours un peu plus hauts que les siens. Il esquissa un petit sourire, beaucoup plus détendu que les prétendus sourires crispés qu’il avait l’habitude d’afficher pour donner le change ces derniers temps. Ses mains quittèrent le cou de Kuro et descendirent pour venir se poser, sans trop de gêne, sur les hanches du jeune homme. Elles s'installèrent là, tranquillement, presque chastement, et ne bougèrent plus alors qu'il reprenait la parole.

« Alors, tu la veux cette coupe de cheveux ou ... ? »

Demanda-t-il.
Visiblement, le côté « sautons du coq à l’âne » était contagieux. En même temps, il avait toujours été question d’âne entre eux, que ce soit d’âne et de carotte ou d’âne et de coq. Bon et puis... jouer à la coiffeuse lui paraissait une activité pas trop stressante. Moins stressante que de devoir encore dévoiler des trucs à Kuro -non parce que bon... il allait finir par vraiment lui ficher les j'tons et le faire fuire s'il continuait.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMar 13 Nov 2012 - 16:35

J’ai encore froid, mais plus de la même façon. Je chasse les obsessions morbides qui commencent à enfumer mon esprit, essayant de profiter de notre baiser. Enfin du mien, auquel Wunjo répond d’une façon qui me rassure plus qu’autre chose. L’espace d’une seconde, j’ai eu peur – oui peur – qu’il me repousse. Même si je pense qu’il l’aurait plutôt fait au coup du « je t’aime » camouflé sous une image. Quand ses lèvres quittent les miennes, je rouvre les yeux, me demandant encore si c’était vraiment une déclaration ou une sorte d’appel au secours. Et, de nouveau, je laisse ces pensées s’envoler. Parce que je préfère ne pas réfléchir à tout ça : la drogue, les sentiments, les carottes plus très fraîches et jenesaisquoiencore.

Sa voix me sort de mes torpeurs d’adolescent transi et je remonte mes yeux de ses lèvres à ses mirettes. Ma main va dans l’autre sens, tombant de sa nuque sur son torse, pour finir sur une des siennes. Je reste un moment à le regarder et enfin ses paroles prennent sens.

Oui, ouais, ok.


Non, vraiment, j’approuve, on l’aura compris. J’ai baissé le nez, soudain fuyant, sans raison apparente, sans même savoir pourquoi. J’ondule un peu mon bassin, pour échapper à ses mains, alors que je sens le rouge me monter aux joues. Je déteste être trahi comme ça par mon corps. Quel salaud. Je tourne le dos et fige mon regard sur une porte, derrière laquelle j’espère qu’il y a la salle de bain.

Je passe sous la douche rapidement.


Je déglutis, ne lui accorde aucun regard et fais comme chez moi. Puisque c’est ce qu’il m’a permis de faire, non ? Et que j’ai toujours été très à l’aise chez les gens. Sauf là. J’ouvre la porte et remercie en un éclair tous les dieux qui me passent en tête pour m’avoir fait avoir une putain d’intuition : je tombe nez à nez avec une douche. Un dernier regard à Wunjo, jeté par-dessus l’épaule et je referme derrière moi, m’appuyant sur la porte. Je suis un gosse. C’est vrai, c’est quoi ce manque crucial de maturité ? Je soupire, hasarde un coup d’œil autour de moi, jusqu’à trouver une pile de serviettes, qui me semblent être une pile propre. J’en prends une et la pose sur le lavabo.

Le temps de me mettre nu et de fermer la douche et me voilà sous le jet d’eau, le nez en l’air. Les yeux fermés, je laisse l’eau brûlante fouetter ma peau un moment et lui tourne finalement le dos, regardant mes pieds, distrait.

C’était donc une déclaration ? Ou peut-être que j’essayais d’avoir toute son attention ? Non, j’aurais fait autrement que m’ouvrir sur un mensonge. Mais j’ai encore trop parlé. Si, ça arrive parfois et je le regrette toujours. Seulement, c’est aussi toujours après que je me rends compte que j’en ai trop dit. Après tout, est-ce que j’aime Wunjo ? C’est un peu impossible de revenir en arrière, de lui dire que, finalement, ce ne sont peut-être pas des papillons qui me vrillent les tripes quand je le vois. Mais ce serait quoi d’autre ? Je suis donc condamné à entretenir cette fable ? Comme si j’avais besoin de me forcer à avoir des sentiments pour lui.

Je passe mes mains dans mes cheveux, pour les mettre en arrière et qu’ils soient bien sous le jet, fermant de nouveau les yeux, le visage face au plafond.

Pourquoi est-ce qu’il a replongé dans la drogue ? Il a un frère ? Il ne m’en avais jamais parlé. Je n’ai jamais posé de questions non plus.

Je fixe maintenant le mur en face de moi. Putain, je n’ai jamais posé aucune question à Wunjo ! Je ne demande jamais rien aux gens, mais je fais parfois semblant de m’intéresser à eux, un minimum. Mais avec lui, c’est flagrant. Est-ce qu’un jour, au moins, je lui ai demandé s’il allait bien ? Vraiment bien. Est-ce que j’ai déjà eu un geste naturel envers lui ? Pas quelque chose d’habituelle… Un peu comme si, au final, je n’avais jamais rien eu à lui dire et que je n’avais jamais cherché à savoir s’il avait, lui, des choses à avouer.

Je finis ma douche et éteint l’eau. Quand j’ouvre la douche, la buée attaque immédiatement le plafond et le miroir. J’enroule mes hanches dans la serviette et sort, pour me sécher. Je reste un moment nu, la serviette enturbannée sur la tête cette fois, pour égoutter mes cheveux. Je passe ma main sur la glace, pour y voir mon visage, un peu flou et soupire. Je remets la serviette autour de moi et sort de là, laissant la fraîcheur du salon m’entourer.

Wun…


Comme un besoin de rattraper mon retard, de combler mes lacunes avec les siennes. Comme si poser enfin toutes les questions qui avaient pu me brûler les lèvres et toutes celles qui ne m’ont même pas effleuré l’esprit devenait un élan de vie pour moi.

Je m’approche de lui et croise les bras, m’appuyant au mur le plus proche de moi. Je remonte un peu les épaules, comme si je voulais y cacher ma tête, mais c’est juste que l’eau de mes cheveux encore mouillés perle dans mon dos. Je le fixe et inspire longuement, comme pour prendre mon élan.

Le stress ? C’est genre vraiment le stress qui t’a poussé à te piquer ? T’angoissais pour quoi ?


Moment de blanc, histoire de lui faire comprendre que non il n’y échappera pas et que non j’ai encore un tas d’autres interrogations.

Tu as un frère ? Tu ne m’en as jamais parlé, de ton frère… Et comment tu peux arriver à faire croire au reste du monde, enfin au moins à moi, que tout va bien ? Alors que je te retrouve avec ta gueule de fraîchement déterré après quelques mois seulement…


J’avance encore vers lui, levant les mains pour les loger dans mes cheveux trempés, comme si j’essayais de contenir mes pensées.

J’étais pas énervé par pitié tout à l’heure.


Je montre machinalement la porte d’un signe évasif de la main, comme pour resituer le moment dans l’espace.

Ce qui me gonfle, c’est de n’avoir rien vu et de pas avoir été foutu de lâcher un peu mon nombril pour aller voir du côté du tien si tout allait bien.


Je croise de nouveau les bras, l’espace d’un instant, pour finir par les laisser mollement retomber le long de mon corps. C’est bon, j’ai mis le doigt sur le pourquoi du comment j’ai les tripes qui se tordent quand je suis avec lui : je m’en veux encore plus qu’avant. Enfin, j’essaye secrètement de me dire que c’est pour cette raison, parce que je culpabilise. Je baisse encore le nez, en soupirant.

Et là encore…


Je suis égoïste. Un vrai gosse. Un putain de gamin. Je remonte à ses yeux, soutenant un éventuellement regard. Pour une fois, je me sens encore moins bien qu’avant d’avoir ouvert ma gueule. C’est sûrement pour ça que je ne chercher jamais à savoir les choses sur les gens.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyVen 16 Nov 2012 - 15:36



« Euh… Ok »

Fut tout ce que Wun trouva à répondre en réaction au soudain besoin de Kuro de filer sous la douche. Quelques secondes plus tard à peine, le brun avait disparu dans la salle de bain, laissant un Wun perplexe derrière lui.
Il resta un moment immobile, planté dans son salon. Cette situation lui rappela soudainement celle qui avait eu lieu il y a un peu plus d’un an aux thermes. Juste après qu’ils aient eu leur relation sexuelle, Kuro avait disparu à la vitesse de l’éclair sous la douche, laissant derrière lui un Wun en proie aux doutes et à la torture mentale. Un peu comme là.

Il fronça les sourcils, essayant d’analyser et de comprendre cette réaction bizarre. Comme d’habitude, ce n’était pas son fort. Est-ce que Kuro essayait de l’éviter ? Allait-il tout simplement se barrer d’ici au pas de course ? Non, ça n’avait pas de sens. Il ne prendrait pas une douche juste avant de partir ?
Le brun secoua la tête. Réfléchir à cela ne faisait que le perdre d’avantage sans lui apporter aucun élément de réponse, autant laisser tomber pour l’instant et laisser l’autre lunatique finir avec sa douche.

En attendant, le russe décida de s’occuper à autre chose. Il commença par ranger un peu ses affaires, rapporta la tasse de café dans l’évier, la vida, et la lava. Il en profita pour faire le reste de la vaisselle restante. Ca ne luit prit pas bien longtemps, et le bruit de la douche lui indiqua que Kuro n’avait toujours pas terminé.
Soupirant, il se dirigea vers son placard et fouilla dedans, en sortant un pantalon de jogging et un sweat gris, ainsi qu’un boxer noir. Il ne savait pas bien si l’ex-surveillant voulait se changer après s’être lavé mais il supposait que des vêtements fraichement sorti du placard lui tiendraient plus chaud que les siens, imprégnés par le froid extérieur. Le pantalon serait probablement un peu court, Kuro étant plus grand que lui, mais le reste devrait lui aller. Il posa le tout sur son canapé-lit avant de lui-même aller s’asseoir sur un des tabourets, finissant de ranger ses affaires.

Il leva le nez de son bazard en entendant Kuro prononcer son nom, et il tourna ses yeux vers lui, l’air interrogateur. En remarquant la tenue plutôt…légère du jeune homme, il fronça les sourcils. Sérieusement… Il allait lancer la conversation avec juste une serviette autour de la taille ? Avait-il au moins une vague idée de l’effet qu’il faisait en se trimballant à moitié nu ? Wunjo ferma les yeux quelques secondes, essayant de se focaliser sur autre chose. Et ce n’était pas facile. Se mordillant la lèvre, il rouvrit les yeux alors que la voix de Kuro le ramena à la réalité et il fronça brièvement les sourcils en entendant sa question.

« Je pensais qu’on avait clos le sujet »

Bredouilla-t-il, comme pris au dépourvu.
Non, évidemment que non. Kuro n’allait pas se contenter de quelques informations floues et vagues en guise de réponses, il aurait pu vaguement s’en douter, non ? Bah non. On était à côté de ses pompes ou on ne l’était pas.

Il ouvrit la bouche. La referma. Il n’était pas sûr de ce qu’il devait dire. Ce n’était même pas un problème de savoir s’il fallait dire la vérité ou non, lui-même n’étant pas franchement d’accord avec… lui-même justement. Ca compliquait.

« … c’est ... ouais c'est le stress, en quelque sorte. »

Il soupira, levant les yeux au ciel, continuant de se bouffer les lèvres sans merci, parce que ça détournait la douleur.

« C’est genre... tu te lèves, un matin, tu regardes où t’en es, et ce qu’il y a derrière moi. T’as rien construit, rien bâti. T’es tout seul, t’as rien, t’es pas heureux mais pas non plus spécialement malheureux. T’es… »

Il écarta les mains, comme pour chercher dans l’air le mot le plus approprié.

« … tout vide. Tu comprends ? »

Il leva les sourcils, comme pour demander silencieusement à Kuro s’il voyait ce qu’il voulait dire ou s’il était en train de le perdre dans un baratin abstrait de dépressif qui ne faisait que foutre les j’tons aux autres gens, au fond.

« Alors j’ai pris le seul truc qui ait jamais réussi à m’faire oublier le grand néant : de la drogue »

Super la morale de la fable. Si ta vie c’est de la merde, n’essaie surtout pas d’y remédier, drogue toi. Et on se demandait encore pourquoi la fable Wunjoesque n’avait pas été intégrée aux fables de Lafontaine ?
Restait maintenant à espérer que sa petite histoire –pas franchement guillerette- n’allait pas faire fuir Kuro au pas de course, parce que ce n’était pas le but. Il avait ramené le sujet sur le tapis, Wun lui avait donné la vérité. Ce qu’il allait en faire ? Il s’en fichait. Tant qu’il ne se barrait pas avec.
Heureusement : Kuro changeait de sujet tout seul en enchainant les questions. Après la drogue, la famille. Super. A croire qu’il avait décidé de se faire tous les sujets qui fâchent.

« J’ai… un frère ouais. Adoptif. J’en parle pas, parce que ça m’énerve, et qu’on passe notre temps à s’engueuler de toute façon. »

Répondit-il, simplement, sans réfléchir. Réflechir, ça ne lui réussissait de toute façon pas.

« Ma mère est morte. Mon père biologique est un connard avec un grand C et on a… perdu contact. Voilà, comme ça tu connais tout l’arbre généalogique »

Conclut-il dans un petit sourire. Des choses qu’il n’avait jamais dites à personne au fond. On ne lui avait jamais demandé non plus. Alors certes, Kuro n’avait demandé que pour son frère…mais comme ça, tout était dit.
Et il disait la vérité. Oh bien sur la vérité était quelque peu…altérée. Disons qu’il avait omis certaine chose. Il n’avait pas dit qu’Akim n’était pas exactement son frère, ni par contrat ni par le sang, mais qu’il avait simplement grandi ensemble. Il n’avait pas envie de parler d’Akim en fait. Il n’avait pas non plus dit que son père était un parrain de la mafia russe pour des raisons assez…évidentes. En fait, il avait dit ce qui était le plus proche de la réalité, et l’information essentielle était là : sa famille était éparpillée et détruite.

« Je ne suis pas super… esprit famille, comme tu t’en doutes »

Ajouta-t-il, ce qui expliquait, selon lui, pourquoi il ne parlait pas de sa famille. Ca et le fait que à part sa mère morte, le reste appartenait à une grosse organisation mafieuse russe. Léger détail.

« Bon voilà. Maintenant tu en sais plus que je n’en sais à ton sujet »

Ce qui n’était pas bien difficile puisque au fond, à part son histoire avec Tsu, Wunjo ne savait pas non plus grand-chose de Kuro. Il n’avait pas vraiment osé lui en poser après s’être imposé de sa vie de manière assez…égoïste.
Descendant de son tabouret, il se rapprocha de Kuro qui était toujours planté contre le mur. Ce dernier ne semblait pas savoir quoi faire de son corps, croisant les bras et les décroisant d’un air relativement… nerveux. Wun songea en souriant que lui, par contre, savait très bien ce qu’il ferait de ce corps. Il fronça les sourcils un instant, songeant que son cerveau prenait vraiment des libertés niveau pensées et idées mal placées.

Il les chassa avec son balai mental et tendit la main, attrapant celle de Kuro du bout des doigts, la tirant jusqu’à lui, jusqu’à ses lèvres, lui embrassant le bout des doigts dans un sourire rassurant.

« Hé, pas besoin de culpabiliser. Je suis bon acteur, si je n’ai pas envie qu’on sache, alors ça ne se sait pas. Et puis… ce n’est pas comme si tu étais mon père. Ou mon grand frère ou… quique ce soit censé veiller sur moi. J’étais qu’un type qui t’étais tombé dessus par ennui et que t’as embarqué avec toi aux thermes… par ennui aussi, après tout. Je vois pas pourquoi t’aurais du te ronger les sangs pour moi »

Lança-t-il, raisonnant, tentant de rassurer Kuro qui semblait aimer se torturer l’esprit. C‘était logique après tout. Kuro n’était pas supposé culpabiliser pour ça, pour ce qui s’était passé il y a 5 mois, et Wunjo n’était pas sûr de comprendre pourquoi il le faisait maintenant, pourquoi soudainement. Etant donné leur relation à ce moment là, il n’y avait pas de bonne raison pour que le brun se soit senti investi de la mission « d’ange gardien ».

Les choses avaient-elles changé depuis ? Oui, probablement un peu. Beaucoup même.

Posant les mains sur les bras de Kuro, les frottant doucement du bout des doigts, il tenta un sourire sécurisant –même si clairement, dans son état, c’était à peine crédible. Un peu comme si un malade en phase terminal vous regardait par en dessous en vous disant « T’inquiètes pas, ça va aller ». Mais enfin. Le cœur y était.

« Après, si tu te sens trop coupable…rien ne t’empêche de me réconforter »

Au moins, même dans la dépression, il était encore joueur, son habituel sourire en coin dansant sur ses lèvres. C’était plutôt bon signe de sa part. Réalisant soudainement sa proximité avec un Kuro en très légère tenue, il ôta ses mains, laissant retomber ses bras le long de son corps, recommençant à se mordiller stupidement la lèvre. Cette espèce de gêne était ridicule. Après tout, ils venaient de s'embrasser. Certes... mais Wun avait l'impression qu'il n'avait pas le droit de le toucher tant qu'ils n'avaient pas réglé leurs comptes. Et bizarrement, il avait l'impression qu'il y avait une montagne de choses à clarifier entre eux. En temps normal, il se serait probablement fichu des "clarifications", mais de toute évidence, ils n'étaient pas en temps normal.

« Tiens… si tu veux te changer. Tu vas attraper froid comme ça »

Déclara-t-il, désignant les vêtements posés sur le canapé-lit.

‘Tu vas attraper froid comme ça étant l’excuse la plus arrangeante possible dans ce genre de situation. C’était en tout cas plus valable que, « habille toi, tu es trop sexy comme ça » ou que « ton corps me distrait, cache toi ». Oui enfin c’était une excuse commode quoi. Wun ordonna silencieusement à ses idées d’aller se faire foutre, songeant qu’il aurait bien pris un décontractant musculaire maintenant pour se mettre hors d’état de nuire.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyVen 16 Nov 2012 - 21:04

"Clot le sujet" ? Mais, le problème, vois-tu, mon cher Wunjo, c’est que ce genre de sujet n’est jamais clos. Il y a toujours des questions. Celles auxquelles on ne pense pas tout de suite, celles dont on ne peut pas présager la nature, ni la venue, celles qu’on n’ose pas poser, celles qui restent sans réponse, celles qui sont niées et reniées, celles dont on craint la réponse, celles que l’on ne daigne pas écouter. Et un tas d’autres. Alors pour clore le sujet, il faudrait commencer par s’y épancher, s’y noyer, crever dedans et revenir en rampant. Voilà comment je considère un sujet clos. Le sujet clos, c’est le sujet mort dans l’âme.

Je l’imite alors que je le vois ouvrir et fermer la bouche, comme je l’ai fait, quand j’étais coincé devant cette porte. Je lui jette un regard, comme pour la remercier de ne pas m’avoir cédé et d’être restée sagement fermée. Je reporte toute mon attention sur Wunjo, assez rapidement. Pour me rendre compte tout aussi facilement qu’il prend le même tic que moi : se bouffer les lèvres. Que moi et la plupart des gens. Quand ils sont nerveux. Wun ? Nerveux ? J’arque un sourcil, mettant tout ça sur le fait que ce n’est pas un super-héros, qu’il faudrait que je parvienne à le descendre du piédestal sur lequel je l’ai perché… Et quand plus, il se drogue. Détail s’il en est un. Je finis par froncer les sourcils, essayant de me figurer l’image qu’il décrit.

A savoir si j’ai compris ?

Tu te lèves un matin, tout seul, avec l’autre côté du lit vide et froid. Tu sais même pas trop où t’en es, parce que tu vois même plus quand ça a commencé et t’ose même plus espérer que ça puisse finir. Le peu que t’as construit, ce sont des châteaux de cartes. T’as pas assez à donner et surtout pas la foi d’offrir ce qu’on attend de toi, parce que c’est pas possible. T’es pas heureux, t’es pas malheureux. T’es juste une loque, tu t’ennuies à longueur de temps. Ta vie c’est un néant rempli de sable. Et encore, le sable, c’est quand t’as de la chance.


J’hausse une épaule. Taisant la conclusion pour qu’il la devine seul : j’ai pas pris de drogues. Et je ne m’en porte pas mieux, mais pas pire non plus. Ceci dit, je n’ai pas affirmé à un seul petit moment que ce pouvait être ce que je ressentais aussi. A lui de décider si c’est ça ou si j’ai simplement été objectif sur son sort. Je soupire et baisse les yeux, réponse muette au fait que oui, j’ai compris. J’ai aussi compris que, depuis mars, ce n’était pas la première fois. Que tu avais replongé. Je tique, aspirais bruyamment de l’air entre mes dents, mais je ne l’interromps plus.

Je relève juste mon regard sur lui, sans redresser la tête, quand il parle de sa mère. Je comprends la moitié de la révélation suivante, mais j’en devine le contenu. Mais son sourire déclenche immédiatement le mien. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me plaît bien. Bon, donc… Une famille en morceaux. Dans mon esprit, ça se range tout seul dans le tiroir « sujet sensible ». La drogue s’y met aussi. Le cas du frère adoptif va dans la case « danger zone ». J’ai vachement envie de parler avec Wunjo, soudainement ! A part de carotte, de cheveux, échanger quelques baisers et s’envoyer en l’air, y’a un moment où on construit quelque chose de durable avec un tel cas ? L’idée fait grandir mon sourire, qui devient moqueur. La vache, ça la fout mal après l’annonce du décès de sa mère. Mais je crois qu’il ne m’en tiendra pas rigueur, hein ?

Je le suis des yeux quand il vient vers moi, daignant enfin relever le nez. L’espace d’une seconde, je fronce les sourcils, comme si j’avais besoin de créer un pseudo barrière de défense face à son approche. Barrière qui éclate littéralement dès qu’il me touche. Alors que je me raidissais à un simple contact – à l’épisode du café – juste avant, voilà maintenant que c’était ce qui me faisait un peu défaillir. Juste un peu. Juste comme ça. Juste parce que c’es Wunjo. Et que j’adore ça.

Et merde.

Comme hypnotiser, je ne trouve qu’à répondre, mollement :

T’étais qu’un type…


Prend-le comme tu veux, Wunjo. Ca m’a échappé. J’occulte son sourire, parce que je suis un peu noyé dans ses yeux vairons. J’entrouvre la bouche, prêt à lancer quelque chose que j’espère concret… Enfin je ne sais plus, j’ai déjà oublié. Lavé, le cerveau, siphonné ! L’entendre à nouveau me fait cligner des yeux plusieurs fois, un peu hébété, très stupide. Son contact m’arrache un frisson et mon dieu, Wunjo, j’ai qu’une serviette pour… Tout te cacher, merde ! Je souris, par automatisme d’abord, puis plus naturel ensuite, surtout quand je perçois sa gêne – super, on est donc deux à être dans cet état.

Je finis par suivre son doigt du regard, pour le quitter et poser mes yeux sur le petit tas de fringues, sur le canapé.

Ouais…


Et là, j’étouffe un rire. Je n’ajoute rien, lui tourne le dos et me dirige vers le lit pliant. Arrivé là, je minaude, parce que j’en ai besoin pour détendre l’atmosphère et parce que c’est une pulsion soudaine. Et que je suis soupe-au-lait comme personne. Et qu’il est habitué. Alors bon…

Dis plutôt que t’as un mal fou à te concentrer alors que je suis presqu’à poil…


Et j’étire mes bras au-dessus de ma tête, allongeant mon corps. J’arrête mon petit manège, restant comme ça, lui jetant un regard arrogant par-dessus mon épaule. Juste une envie de jouer, Wunjo, t’excites pas, tu dois me couper les cheveux… Je laisse mes bras retomber le long de mon corps, ce qui entraîne la serviette vers le sol. Je l’attrape de justesse et, dans le même élan, je la jette sur le brun – que je préférais vraiment en blond ! – visant la tête.

Fais attention, si la serviette est là, c’est qu’elle n’est plus sur moi…


Nouveau rire. Non, je ne me moque pas de lui. Je n’oserai pas, voyons. Disons juste que s’il ne me suit pas, au moins ça aura le mérite de lui prouver que non, je ne vais pas fuir comme il le craint tant, non je n’ai pas peur de lui, ni de sa vie, non je ne le prends pas en pitié. Et oui, vraiment, je crois que je l’aime… Beaucoup.

J’enfile le boxer, sans vraiment prendre mon temps, mais sans me presser non plus. Je n’ai pas de pudeur. Pas beaucoup, en tout cas. Comme nous n’avons pas de tabou, dans ma famille… Sauf celui de l’homosexualité, bien sûr. Sinon, ce serait bien trop simple ! Je mets ensuite le jogging et marque une pause, le sweat dans mes mains.

Tu sais… Si jamais, un jour, comme ça…


J’enfile le pull et me tourne vers lui, avant de le rejoindre et de m’installer sur le tabouret, le fixant sans ciller.

… tu préfères parler ou faire autre chose que te droguer, gueuler sur ton frère ou je-ne-sais-quoi-encore…


J’hausse les épaules, un sourire qui se veut encourageant qui se dessine lentement mais sûrement sur mon visage.

Viens me voir. Ou appelle-moi. Si tu veux.


Je pique un fard et baisse les yeux. Bah voilà, ne sois pas si téméraire, Kuro !

Je suis pas génial question réconfort, je suis plutôt du genre à creuser la tombe des autres… Mais c’est mieux que ce tu fais là, donc…


Je bouge nerveusement mes pieds, comme un gamin qu’on vient de gronder ou qui confesse une bêtise. Ou comme celui qui veut prouver à l’autre qu’il tient réellement à lui.

Si tu veux. Je serai là.


Puisque de toute façon, je n’ai pas vraiment envie d’être autre part.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptySam 17 Nov 2012 - 17:08



Il écouta attentivement la réponse que Kuro avait à lui offrir, hochant la tête. Kuro parlait-il de lui-même ? Dur à dire. Comme s’il voulait se dévoiler mais tout en se laissant une porte de sortie. Wun cligna des yeux. S’il était lui aussi un peu cassé, un peu bousillé, au fond, ils s’étaient probablement bien trouvés … non ?
Wun esquissa un maigre sourire. Il faillit lui répliquer que s’il avait connu la drogue avant, il n’aurait probablement pas hésité à y replonger lui aussi, mais décida de se taire. Le but n’était pas de lui donner de mauvaises idées, surtout pas. Le russe ne voulait pas avoir le dernier mot à tous les prix non plus, il fallait parfois admettre que oui, il avait été faible. Il le savait déjà, ce n’était pas nouveau. Et Kuro le savait aussi maintenant, après l’avoir vu au fin fond du gouffre. La bonne nouvelle, c’était qu’il ne pouvait que le voir en meilleur état dorénavant.

« Eh bien… on n’a plus qu’à monter un club. On dormirait ensemble dans le même pieux, comme ça on ne se réveillerait pas tout seul, et on se ferait des pokers le dimanche après-midi pour tuer l’ennui »

Répondit-il, un sourire aux lèvres.
Bon, de préférence, Wun s’arrangerait bien pour qu’il ne soit que deux dans le club. Il voulait Kuro dans son lit, pas la moitié de la population keimoosienne dépressive –et puis, ça nécessiterait un lit diablement grand.

La touche d’humour semblait faire son effet : Wun s’ouvrait un peu plus, plaisantait un peu plus, Kuro osait un peu plus. Le brun s’étonna d’ailleurs de l’effet que lui faisait le jeune homme. Paumé au milieu de ses idées noires, il ne pensait pas qu’on arriverait à lui faire sortir la tête de l’eau sans une bonne dose de dope.
Poubelleman lui tira un nouveau sourire alors qu’il frémissait comme un adolescent au moindre contact. Il n’était qu’un type, ouais. Est-ce qu’il était plus qu’un type maintenant ? Il l’espérait. Il le croyait. Sinon Kuro ne serait pas là, maintenant, tout de suite, après 3 heures d’attente dans le froid, chez lui… si ? Rha… pourquoi fallait-il qu’il se sente aussi insécure dans des moments pareils ? C’était d’autant plus ridicule qu’il débordait d’assurance en temps normal. Dés que les choses devenaient un peu sérieuses, Wunjo mutait en adolescent –le comble pour quelqu’un n’ayant, en fait, jamais eu d’adolescence….

En voyant Kuro se dirigeait vers le lit avec les vêtements, Wun retint un soupir de soulagement. Fin du supplice. Enfin presque. Fin de la tentation au moins. Le jogging et le sweat étaient loin de mettre en avant le côté sexy de quelqu’un, c’était donc une barrière admirable aux idées déplacées. Enfin…c’était sans compter sur Kuro qui passait visiblement de la gêne à l’aisance avec une facilité déconcertante.
Le commentaire du jeune homme lui tira un petit rire, parce qu’il n’aurait pas pu tomber plus juste.

« Fais gaffe à tes chevilles »

Répliqua Wun, cachant sa gêne derrière un lèvement de sourcil sarcastique. Et voilà que Kuro faisait son show, s’étirant, dévoilant son corps dans toute sa longilignité. Et hop, un mouvement de travers –à moins que ce ne soit au contraire un mouvement calculé- et la serviette se déroba. Les doigts de l’ex-surveillant l’attrapèrent au dernier moment, pour venir la lancer au visage de Wunjo. Ce dernier cligna des yeux, surpris de voir un objet non identifié lui arriver en pleine figure.

« Qui êtes vous ? Qu’avez-vous fait du puceau innocent complètement paralysé qui m’a emmené aux thermes ? »

Se moqua-t-il gentiment, se souvenant d’un Kuro complètement paniqué qu’il avait du convaincre de manière plutôt…physique de poursuivre l’aventure.
Le temps qu’il se débarrasse du bout de tissus, et Kuro était déjà en train d’enfiler le boxer. Wun ne se gêna pas pour autant pour le reluquer. Ce n’était de toute façon pas la première fois qu’il le voyait nu, pas la première fois qu’il l’observait de manière insistante avec une lueur lubrique dans les yeux, et pas la première fois qu’il mourrait d’envie de poser ses mains sur son corps.

« Ne me provoque pas… »

Murmura-t-il d’un ton bas, la voix presque rauque, un sourire en coin mi-amusé mi-intéressé sur les lèvres. C’était facile, de le stimuler ainsi, mais il ne fallait pas s’étonner s’il lui sautait dessus par la suite.

Kuro fit une pause, restant torse nu, visiblement prêt à relancer la conversation. Wun fronça les sourcils. Enfile le sweat grogna-t-il par pensée, incapable de se concentrer. Il le fallait bien, voilà que le brun reprenait la parole. Il délivrait les informations avec une certaine lenteur. Le russe ne sut dire si c’était calculé, ou s’il était juste… timide ? Connaissant Kuro, ça pouvait être les deux. Il oscillait entre culot et gêne avec une absence de logique phénoménale. Wun attendit qu’il achève son idée avant de parler, bouger, ou faire quoique ce soit. Et même après. Durant quelques secondes, il dut garder le silence, et rester totalement figé. Bêtement il était… touché. C’était bête à dire mais au fond, peu de gens avait offert à Wunjo ce que Kuro offrait de faire. Quelque part, l’ex mafieux l’avait bien cherché. Après tout, c’était lui qui systématiquement essayait d’éloigner les gens qui avaient tenté de se rapprocher. Cette fois-ci, il n'avait pas la moindre envie d'éloigner Kuro. C'était même plutôt l'excès inverse.

« Merci »

Murmura-t-il, doucement. Il se sentait ridicule à le remercier... ou plutôt, il se sentait vulnérable. Et un peu niais. Mais ses erreurs passées –nombreuses –lui avaient –finalement- fait comprendre qu’il devait communiquer d’avantage, et dire ce qu’il pensait. Particulièrement lorsque la personne en face de lui était à peu près aussi bouchée que lui. Et si lui était nul pour piger les sous entendus et les subtilités, il n’y avait pas de raison pour que les autres soient plus doués que lui.

Cela dit, ils avaient l’air malins maintenant, l’un et l’autre plongés dans leur espèce de timidité d’adolescents.
N’ayant pas franchement envie que la gêne s’installe durablement, Wun hocha la tête, un sourire en coin retroussant la commissure de ses lèvres.

« Mais ça risque d’être… genre… souvent. »

Ajouta-t-il, haussant les sourcils d’un air provocateur.

Il essaya d’oublier à quel point ce pouvait être frustrant, quelque part, de savoir que la seule personne à qui il pouvait parler librement était aussi une personne à qui il ne pouvait pas tout dire. Mais il ne pouvait pas lui dire toute la vérité. Pas maintenant. Il avait bien compris que Kuro était tolérant, très tolérant. Mais il devait aussi avoir ses limites, et Wunjo craignait que « je suis un ancien mafieux-dealer avec la mafia russe aux fesses et une ex tarée avec mon enfant qui m’en veut » ne soit au-delà de cette limite. Dans le doute, il n’avait pas envie de s’y risquer. Il avait l’impression d’avoir déjà beaucoup poussé sa chance ce soir, et avait cru voir le jeune homme déguerpir une bonne demie douzaine de fois. Il ne comptait pas jouer sur le fil jusqu’à voir cette crainte là se concrétiser.

Peut être… plus tard. Quelque part, même s’il ne lui avait pas révélé ses histoires sombres, il s’était probablement plus ouvert à Kuro qu’à quique ce soit d’autre. Ce dernier devrait s’en contenter pour l’heure. D’un autre côté, il ne pouvait pas savoir que Wun cachait encore beaucoup de choses sous sa carapace. En attendant, ils avaient déjà un peu progressé niveau communication.

Se dirigeant vers Kuro, le reluquant de la tête aux pieds, Wun étouffa un petit rire.

« T’as l’air malin avec mon fut’ trop court… »

Commenta-t-il, visiblement amusé.

« Je te préférais sans »

Ajouta-t-il, lui jetant volontairement un regard lubrique, juste pour le voir rougir de nouveau. Il se demanda un instant s’il allait se lasser un jour de le voir passer du chat prédateur à la souris hébétée d’un instant à l’autre, sans prévenir. Probablement pas.
Se faufilant derrière Kuro, il glissa ses doigts dans sa chevelure sombre et désordonnée, l'air plongé dans ses réflexions.

« Alors, prêt à te faire massacrer ta coupe de cheveux ? »

Demanda-t-il, tout en ouvrant l’un des tiroirs du bar pour en sortir une paire de ciseaux, qu’il posa sur le comptoir, observant la tignasse noire d’un air pensif. Il avait de jolis cheveux. Pourquoi voulait-il les couper au juste ? Besoin de changement ? Bah. Ce n’était pas Wun qui allait le lui reprocher. Parfois il fallait tourner la page.
Il tira sur la capuche du sweat et la rangea sur le côté pour qu’elle ne le gêne pas. Rassemblant tous les cheveux dans une de ses mains, il les souleva légèrement, dévoilant la nuque de Kuro où il déposa un bref baiser, juste pour le taquiner –et parce que à défaut de pouvoir l’embrasser et lui ôter en vitesse le sweat pour le tripoter, ça le ferait patienter.

« Et toi ? Ta famille. Ca ressemble à quoi ? »

Demanda-t-il, soudainement, sorti de nulle part. Il n’y avait pas de raison. Kuro connaissait la sienne, il voulait connaître celle de Kuro. Et détourner le sujet de lui, au passage. Il était toujours plus facile de parler des autres que de soi, après tout. Et si le brun connaissait ses petits secrets, il pouvait bien en retour lui en dévoiler quelques uns. C'était donnant-donnant. Wun aussi voulait apprendre à connaître ce drôle de bonhomme qu'il avait décidé impulsivement de suivre dans la rue il y a un an. Rattraper un an de perdu, perdu à chasser des chimères, en faisant le plein d'informations, en quelque sorte.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptySam 17 Nov 2012 - 23:38

Je me contente d’hausser les épaules à son pseudo-avertissement. Que ce soit le pus souvent possible, c’est encore mieux. Mais je ne lui dirai pas, parce qu’il doit s’en douter. Si je lui dis ça, ce n’est pas pour filtrer ses appels et décrocher quand il n’y a rien à la télévision. Son petit air pervers m’arrache un sourire amusé et j’étouffe un rire. Vraiment, il lui en faut peu. Mais c’est bien là ce qui fait tout son charme.

A l’énoncé du jogging trop court, je baisse le nez, tendant un peu les jambes devant moi. Effectivement, il est trop petit pour moi. De pas grand-chose, pour ma défense, ce qui excuse que je ne m’en étais pas rendu compte. Mais, après tout, il y a avait ici bien plus intéressant qu’un pantalon un peu feu de plancher. J’hausse les épaules, me répondant silencieusement que c’est un détail.

T’as qu’à être…


Plus grand. Mais la fin de ma phrase est occultée complètement par mes joues que je sens devenir rouge écarlate. Je lève les yeux vers Wunjo, sans me redresser, laissant à mes cheveux le loisir de couvrir un peu mon visage. Enfin, s’ils n’avaient pas été encore mouillés, ça aurait sûrement mieux fonctionné. Je m’éclaircis la gorge, réalisant bien assez tôt que ce devait être l’effet voulu que de me faire piquer un fard. Je soupire d’aise et roule des yeux, pour lui faire comprendre qu’il est idiot. Gentiment idiot.

Je suis pourtant un peu soulagé qu’il change de sujet – presque aussi bien et aussi rapidement que moi, dis donc ! Je souris un peu, en coin, juste comme ça.

Que ce soit toi ou moi qui le fasse… Tu vois déjà bien que ça ne ressemble à rien.


Je suis mon propre coiffeur. Parce que je me fous un peu d’avoir une coupe sortable ou non, du moment qu’ils ne sont pas courts comme l’éthique le veut, mais que je peux quand même les attacher quand ils me gonflent. Après tout, j’ai toujours fait comme ça et on ne m’a jamais fait aucune remarque. Si, ma mère. Ma gentille maman. Toujours le mot qu’il faut…

Je le suis des yeux, puis mon attention se porte sur la paire de ciseaux. Il ne manquerait plus qu’ils soient à bonds ronds et on aurait le pompon ! J’étouffe de nouveau un rire. Je baisse les yeux de le sentir dans mon dos et un frisson réveille ma peau quand il touche mes cheveux. Mais quand il s’attaque à la nuque, juste avec ce baiser, c’est un frisson plus électrique qui dévale mon échine et se déchaîne dans mes reins. Comme un message nerveux. J’ai toujours été sensible, juste à ce niveau-là. Tsu l’avait deviné assez rapidement et avait pris un malin plaisir à toujours faire joujou. Je ferme les yeux, essayant de le chasser de mes pensées, tout en m’insurgeant d’oser me le rappeler à mes bons souvenirs juste maintenant. Juste là, avec Wunjo. C’est salaud. Tsu est un salaud.

Ma famille ?


Je pose cette question un peu comme ça, bêtement, pour gagner du temps. Parce que j’ai un mal fou à reprendre le cours original de mes pensées. J’inspire longuement et soupire comme un enfant que ses parents exaspèrent. Ca reflète assez bien l’état d’esprit dans lequel je me trouve quand je passe trop de temps avec eux, finalement. Je baisse le nez sur mes mains. Je ne sais plus quoi en faire – de mes mains, bien entendu, pas de mes parents… Je les pose sur mes genoux, les remonte un peu sur mes cuisses, ferme un poing sur le jogging, puis le rouvre… Pour finir par jouer nerveusement avec mes doigts. Pourquoi ? Aucune idée.

Y’a rien de bien intéressant à dire, tu sais.


Encore une façon de gagner du temps. Mais je lui devais bien ça, non ?

Ma mère est femme au foyer. Mon père est architecte, il voyage souvent. Mais il n’a jamais été dans le stéréotype, tu sais, des films américains, où les enfants sont déçus du père qui ratent leur spectacle de fin d’année… Non, moi, il a toujours été là. Il voyage un peu moins depuis que je suis parti de la maison, pour mieux s’occuper de maman. Voilà.


Soit pas bête, Kuro. Là, tu n’as rien dit. Je soupire, une nouvelle fois, et noue mes doigts entre eux, avant de réfugier mes mains entre mes cuisses, pour arrêter de laisse paraître ma nervosité.

Quand j’a rencontré Tsu… Ou plutôt que j’ai décidé de le quitter… Enfin, tu vois, ma mère veut des petits-enfants. Je suis fils unique. Le malaise.


Je marque un temps de pause. Mais je ne lui laisse toujours pas la possibilité de pouvoir en caser une.

Mon père critique le fait que j’ai arrêté mes études de droit. Mais ils m’aiment, alors je ne leur en veux pas… Et puis, je suis quand même parti, du jour au lendemain, sans rien dire à personne. Tout ça parce qu’il y avait Tsu.


Je ferme les yeux et pose ma main sur mon front, comme si je cherchais à savoir si j’avais de la température.

Enfin, rien de bien intéressant, tu vois. Je n’ai pas à ma plaindre de ce qu’ils m’ont donné. Je suis content de les avoir et de leur éducation.


Je tourne lentement la tête sur le côté, pour qu’il ne loupe pas son coup de ciseaux. Juste parce que j’ai besoin de voir quelle tronche il tire maintenant. Parce que je viens de repenser à un truc qui n’a rien à voir et qui pourrait éviter qu’on parle de moi, aussi.

Au fait, on pourrait dormir dans le même lit, même si on le fonde pas, ce club, tu sais…


Tu vois, tu n’es pas le seul à pouvoir sortir des conneries qui font rougir les autres. Même si, chez moi, c’est quand même beaucoup plus simple.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMar 20 Nov 2012 - 12:28



Wun retint un gloussement –oui oui, un gloussement, comme une adolescente de 16 ans devant un joueur de hockey fort bien foutu- en sentant le frisson de Kuro partir de sa nuque, où il venait de déposer un baiser, pour courir jusque vers le haut de son dos, et probablement plus bas encore. Aha. Point sensible décelé. Il n’avait pas vraiment eu l’occasion de faire la chasse aux zones sensibles la dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés nus dans une chambre, tous les deux, les choses s’étant enchaînées bien trop vite. Ah… tellement de choses à rattraper à tous les niveaux. Wun eut une moue pensive en songeant que décidément, il n’était pas doué pour faire les choses dans l’ordre. Fouillant un peu ses souvenirs, il réalisa que s’il ne faisait jamais les choses dans l’ordre c’était avant tout parce qu’il n’avait jamais eu de… oh putain. Froncement de sourcil que Kuro ne voyait probablement pas dans la position où il se trouvait. Il n’avait jamais eu de relation sérieuse. A 26 ans. Il se gratta le front, toujours un peu perdu dans ses pensées, ne revenant à la réalité que lorsque Kuku ne reprit la parole.

Ah oui. Sa famille. Wun en avait oublié qu’il avait posé la question –il était parfaitement doué pour s’auto-distraire. Il chassa ses pensées, songeant que de toute façon réfléchir aux années de néant de sa vie sentimentale ne ferait pas franchement avancer le chmilblik, et porta toute son attention sur l’histoire de la famille de Kuro.
Il sourit, presque attendri, en écoutant le brun parler de ses proches –enfin de ses parents- jusqu’à ce que Kuro n’en vienne à parler de sa mère, qui voulait des petits enfants.

« Oh… je vois »

Répondit-il, par automatisme. Parce qu’en vérité il ne voyait pas du tout du tout. C’était un peu l’avantage d’avoir une famille qui se contrefiche de vous : qu’il soit homo, marié ou célibataire, monogame ou polygame, qu’il ait des enfants ou non, personne n’en avait rien à foutre. Il faisait ce qu’il voulait, et longtemps, il avait fait de la merde, avec personne pour lui tirer de sonnette d’alarme. Mis à part le côté « je suis libre donc je fais de la merde », ça avait tout de même quelques avantages. Notamment, personne ne l'avait jamais fait chier avec son orientation sexuelle. C’était d’ailleurs probablement pour cette raison qu’il n’avait jamais éprouvé une quelconque honte, ou bien un besoin de se cacher, et qu’il était par conséquent très ouvert sur le sujet.

Cela dit, il imaginait bien quel genre d’attentes pouvaient avoir des parents. Des petits enfants, c’était probablement le rêve de beaucoup de gens. Wun fronça les sourcils un instant. Il n’était même pas sûr de vouloir un enfant. En fait, si. Il savait qu’il aimerait avoir un enfant, le seul problème, c’était qu’il n’avait pas envie de vivre avec une femme. Il avait fait ses expériences avec ces créatures bizarres et passablement tarées, et les essais avaient été hautement non-concluants.

« Et du coup… c’est quoi le plan ? Trouver une nana pas trop chiante et se maquer ? »

Demanda Wun, un sourire mal-à-l’aise collé sur les lèvres –bah, de toute façon Kuro ne pouvait pas voir la tête qu’il faisait en lui tournant le dos.
Ca l’arrangeait plutôt bien, puisque ça lui laissait le loisir de faire défiler toutes sortes d’émotions sans inquiéter ou interpeler la victime de ses coups de ciseaux. Par exemple, lorsque le brun se mit encore à parler du fameux Tsu, que Wun ne connaissait pas bien qu’il ait eu sa photo sur son téléphone pendant un court instant, il ne se gêna pas pour rouler des yeux d’un air passablement exaspéré, retenant de peu le soupir qui allait avec –ce n’était pas parce que Kuro ne le voyait pas qu’il ne l’entendait pas.

Visiblement, quelqu’un dans la pièce avait du mal à passer à autre chose. Wun avait bien envie de lui poser des questions à ce sujet, mais il avait cru comprendre que Kuku n’avait pas envie d’en parler à la façon dont il avait expédié le sujet un peu plus tôt. Apparemment, ça le hantait encore, ce qui pouvait se comprendre, mais qui n’empêchait pas Wunjo d’être agacé par ce fait. Il esquissa un sourire moqueur pour lui-même : super, voilà qu’il se mettait à être…jaloux ?

Il leva les yeux au ciel, désespéré ses propres réactions, pile au moment où Kuro tournait la tête vers lui. Il s’efforça d’effacer la frustration de son visage, la remplaçant par un air interrogateur : qu’est-ce qu’il fichait, il voulait se faire tailler une oreille ?

La remarque de Kuro lui tira malgré tout un sourire.

« Et louper les supers dimanche après-midi poker ? »

Demanda-t-il, sans cacher son amusement. Il posa délicatement ses doigts de chaque côté de la tête de Kuro, l’incitant à tourner sa tête vers l’avant pour qu’il finisse sa coupe de cheveux. Le massacre était presque fini, il suffisait de faire quelques retouches. N’ayant pas la moindre idée de ce que le brun souhaitait, il y avait été de manière assez… artistique disons. Un peu au feeling, au talent… si on pouvait parler de talent –rien n’était moins sûr.

« Mais je compte bien mettre l’idée en pratique … plus tard »

Ajouta-t-il, plus sérieux, tout en donnant ses derniers coups de ciseaux. Il glissa ses doigts dans la chevelure de Kuku et les secoua pour que les petits cheveux coupés ne tombent par terre. Il contourna ensuite son compagnon, se planta devant lui, le dévisageant. Il esquissa un sourire. Il ferait un coiffeur définitivement pitoyable, mais quelque chose dans cette coupe destructurée et clairement faite à l’arrach’ donnait du charme au jeune homme. Pas qu’il n’avait pas de charme avant d’ailleurs…

« Bon ben… voilà. J’ai laissé suffisamment de longueur pour que tu puisses tout raser si c’est trop catastrophique »

Déclara-t-il, un rictus moqueur au coin des lèvres. Il n’avait pas de miroir portable pour laisser Kuro admirer son travail, et si celui-ci voulait se reluquer dans un miroir, il n’y avait plus qu’à aller dans la salle de bain.
Wun posa la paire de ciseau sur le comptoir, jetant un regard au bordel qu’il avait fichu par terre avec les cheveux éparpillés un peu partout, songeant qu’il n’avait pas du tout la motivation de faire le ménage maintenant. Quelle heure pouvait-il être maintenant ? 1h ? 2h du matin ? Plus tard ? L’arrivée imprévue de Kuro lui avait fait totalement perdre la notion du temps. Il était fatigué sans l’être, ce qui ne l’aidait pas franchement à se repérer non plus. Bref, il était à côté de ses pompes.

Alors qu’il rassemblait les cheveux dans un coin par terre avec son pied pour s’éviter d’avoir trop de ménage à faire le lendemain, il releva les yeux vers Kuro, guettant des signes de fatigue -ou non- chez lui. Il avait bu du café –mais très peu. Wunjo n’avait jamais réussi à savoir si les effets du café étaient notoires ou si c’était purement psychologique.

« Fatigué ? » demanda-t-il. « On va au lit ? »

ajouta-t-il, haussant les sourcils d’un air faussement suggestif, pour le simple plaisir de voir potentiellement le rouge lui remonter aux joues. Et puis … parce qu’il mettrait bien en application l’idée de Kuro, même s’il n’était pas tout à fait sûr de trouver le sommeil tout de suite s’il s’allongeait contre l’ex-surveillant.

En attendant, ça lui paraissait toujours être une meilleure idée que pousser la discussion plus loin ce soir. Il avait peur qu’ils n’en viennent à des questions plus… compliquées à aborder, et il redoutait aussi un peu de creuser les secrets de Kuku, surtout si c’était pour encore entendre parler de sa carotte blonde. Il fronça les sourcils brièvement, songeant que si lui aussi commençait à être obsédé par ce sujet, ça n’allait certainement pas arranger les choses. D’un autre côté, il se disait aussi que nier le souci n’allait pas l’aider à passer outre, mais très clairement, il n’avait pas envie d’aborder ça maintenant. Il n’avait tout simplement pas envie de pourrir l’ambiance.

Et si Kuro tenait vraiment à discuter, rien ne les empêchait de le faire au lit. Avec un avantage certain : si la discussion dérivait vers des sujets qui fâchent, il y avait toujours la possibilité de faire diversion physiquement.

Joignant le geste à la parole, il commença à libérer de l’espace sur le lit, déplaçant les habits et objets divers l’encombrant. Son canapé lit n’avait pas eu la forme d’un canapé depuis une éternité déjà. Comme il vivait seul et qu’il n’invitait jamais personne, ça ne dérangeait que lui, et il était trop fainéant pour faire et défaire le lit tous les jours.
Ceci étant fait, il tira sur les manches de son pull pour le faire passer par-dessus sa tête, l’envoyant valdinguer sur une chaise, restant en pantalon. Il ôta également ses chaussettes qu’il jeta directement au sol –de toute façon cet endroit avait besoin de rangement et de ménage, alors en attendant, autant ne pas se prendre la tête.

Grimpant à 4 pattes sur le lit, il pivota, se retrouvant allongé sur le lit, se surelevant avec ses avant-bras, jetant une œillade à Kuro pour l’inviter à venir.
Il essaya en même temps de chasser de sa tête ses pensées jalouses et grognonnes, se concentrant sur le fait que dans tous les cas, ce soir, il l’avait pour lui tout seul. Cela dit, son esprit tortueux toujours à l’affut ne manquait jamais de faire des liens entre toutes les informations qu’on lui délivrait, et une question venait d’apparaître dans sa tête.

« Tiens, d’ailleurs… tu bosses toujours à l’Académie Keimoo ? »

Là où, au fond, tout avait commencé. Puisque c’était à la sortie de cette Académie, alors qu’il avait ramené des documents à Ellen –arg… Ellen, autre sujet sensible- que Wun avait vu pour la première fois Kuro et l’avait suivi jusque dans ce fameux café … où se déroulaient des prestations de claquettes. Ce souvenir lui tira un sourire pensif. Là où Kuro lui avait piqué son briquet et s’était barré comme un voleur, aussi.
Question plutôt routinière –la forme évoluée et informée du « quoi de neuf ? »- même si en vérité la question en cachait plutôt une autre. Un genre de… « Tu continues toujours à stalker ta carotte blonde ? ». Ouais… au temps pour le jartage de jalousie.



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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyJeu 22 Nov 2012 - 1:02

Quand j’avais pensé observer sa réaction face à ma remarque, je ne m’étais pas attendu à le voir lever les yeux au ciel. Je fronce les sourcils, lui laissant clairement deviné que j’avais vu cette mimique et que, évidemment, je ne le prenais pas superbement bien. C’est naturel quand vous proposez à quelqu’un de dormir avec lui – et par dormir, je n’entends pas que dormir – et qu’il fait cette tête, que vous vous demandiez si c’est du lard ou du cochon. J’ai parié sur le cochon et je me suis dit qu’il devait encore s’être perdu dans ses pensées. Nous étions tous les deux doués pour occulter le monde extérieur et s’occuper uniquement de ce qui se passait en nous. Je le laisse donc faire, lorsqu’il m’intime l’ordre de regarder devant moi. Je ne bouge plus, commençant à mordiller l’intérieur de mes joues. En réalité, son sourire avait fait s’envoler toutes mes interrogations et je trouvais ça bien trop divinement magique…

Le ton plus sérieux de la confession m’arrache un sourire que j’aurais osé espérer moins niais. Je retiens même un rire, en l’honneur du "plus tard". Qui, je le sentais, n’allait pas tarder tant que ça, en réalité, connaissant Wunjo. Je remarque à peine qu’il m’a contourné, c’est pour ça que je pose un regard légèrement surpris et un peu honteux qu’il ait pu surprendre mon sourire imbécile quand je le vois se planter devant moi. Je lève le nez, soutenant son regard, interrogeant son petit air, sur lequel il n’arrivait pas à mettre un terme. Je prends sa conclusion comme un feu vert pour me lever. Je le contourne à mon tour et me penche un peu en avant, pour passer une main dans mes cheveux et les secouer un peu plus vivement. Je regarde les cheveux voler au gré de leur envie ou de celle de l’apesanteur et soupire, légèrement – juste légèrement – désolé.

J’en ai foutu partout...


Je m’étais davantage adressé à moi-même qu’à mon acolyte. Je fais un pas en arrière pour éviter de trop marcher dedans et surtout me décaler, laissant à Wunjo le plaisir de commencer son petit ménage. J'étouffe une remarque sur le côté fée du logis un peu détraquée, mais je ne cherche pas à contenir le sourire largement moqueur qui ourle mes lèvres à cette idée. Je m’étire, apercevant à peine le regard qu’il me lance après ça, trop concentré sur ma coupe de cheveux. Je finis par passer ma main dedans, pour voir un peu comment il a coupé. J’en tire la conclusion que ça à l’air d’aller et celle que c’est bien suffisant, quand j’arrive à me faire une queue de cheval. Tant que je peux les nouer, ça me va. Je ne vais même pas prendre la peine d’aller me regarder dans le miroir de la salle de bain. L’image qu’il m’a donnée de moi au sortir de la douche m’a suffisamment choqué pour que je n’essaye pas de m’infliger cette torture une seconde fois.

Je lâche mes cheveux à sa première question, souriant à la suivante. S’il voulait me faire rougir, là, c’est raté. Dans cette question, même si je peux y déceler le sous-entendu qui me chante, il n’y a rien d’autre qu’une histoire de pionçage. Donc rien qui ne puisse me faire monter le rouge aux joues. Mais je fais quand même une petite moue, à l’adresse de Wunjo, comme pour le féliciter d’avoir essayé et lui faire passer silencieusement le message que c’était bien tenté et qu’il ne faut pas qu’il se décourage. En bref, je me fous de sa gueule.

Je le regarde faire – ou plutôt défaire – le canapé-lit, croisant les bras. D’une, je ne sais pas comment ça se bidouille ce truc, j’ai un lit doubles chez moi. De deux, j’ai envie de me venger un peu de le reluquer à mon tour. Trois, je n’ai même pas eu le temps de venir l’aider vraiment, en vérité. Je baisse les yeux, sentant le coup de fatigue monter. Juste un cop de barre. Il doit être une heure du matin : j’ai toujours un passage à blanc vers cette heure-là. C’est un peu flippant de se dire que j’arrive à savoir où en est la nuit par rapport à des coups de pompes. Parce que je connais mes nuits par cœur, parce que je ne dors plus depuis longtemps… Pour ne pas avoir à endurer le réveil seul. Même si je finis toujours pas sombrer et ouvrir les yeux sur la place libre à mes côtés. Je souris, pensant simplement que Wunjo m’invitant à passer la nuit chez lui – chose à laquelle je n’avais pas pensé : je croyais rentrer chez moi après une explication de son merdier, c’est tout – je serai donc avec quelqu’un demain.

Je continue simplement de le reluquer, quand il enlève son haut et se couche sur le lit. Pourquoi ce serait toujours les mêmes qui se rinceraient l’œil ? Je mordille ma lèvre inférieure, pensif. Finalement, je m’approche de Wunjo, toujours étendu là, sur son pauvre lit de fortune. Je pose un genou sur le matelas, puis je prends appui sur ma main. Sa question me fait vaguement sourire. Il peut vraiment parler de la pluie et du beau temps. Et ce qui me rassure, c’est qu’il puisse le faire avec son bras livré à moi, avec ses soucis exposés à ma vue. Je remarque aussi autre chose, mais je n’arrive pas à savoir si je peux m’en réjouir : il n’a rien pris depuis que je suis chez lui – ou alors pendant que j’étais sous la douche. Combien de temps ça tient, un drogué, entre chaque shoot ? Oh ta gueule, Kuro.

Non. Depuis un moment déjà. J’avais déjà changé de travail avant que tu fasses le mort.


Petit sourire, pleins de sous-entendus sur ce point. Léger détail. Je pose le second genou sur le lit, me retrouvant à quatre pattes, comme il l’a été juste avant.

C’est moins classe. Maintenant, je suis agent de propreté urbaine. Ripeur, en gros.


Certes, mon poste de surveillant était plus glorieux que celui d’éboueur, mais je n’ai aucune honte, personnellement, à faire ce que je fais. Je ne pense pas qu’il y ait de sous-métier… Il y en a juste de moins bien payés. Ça me permet de subsister à mes besoins, à payer mon loyer et à aller quelque fois au cinéma ou boire un coup avec les collègues. Ça me suffit et je n’ai plus à endurer ce que je ne supportais plus de voir. Mais ça, je ne vais pas lui en donner les détails.

Je ne lui en dirai pas plus parce que je n’ai plus envie de parler. Après tout, ça n’a jamais été mon fort et j’ai fait mon cota pour les trois prochaines semaines, ce soir. Je m’approche de lui, lentement, pour finir par passer une jambe par-dessus son corps. Je ne le quitte pas des yeux alors que je me retrouve à califourchon sur son bassin, une cuisse de chaque côté de ses hanches. Je me dresse de toute ma hauteur au-dessus de lui et sourit, presque fier de me retrouver là.

Je n’ai pas encore franchement sommeil, tu vois…


Mon sourire s’accentue, pour devenir plus – admettons-le – pervers. Parce qu’il a essayé de me faire rougir et que c’est à mon tour de voir si je peux le déstabiliser aussi. Sans risquer de me retrouver con, ce qui est encore moins sûr que de réussir à lui faire monter le rouge aux joues !

J’inspire discrètement, pour me donner du courage, et enlève le pull qu’il m’a prêté, le tirant de mes hanches par-dessus ma tête. Je le laisse négligemment tomber à côté du lit, espérant qu’il ne m’en tienne pas rigueur – Wunjo, pas le lit, ni le pull, bien entendu. J’hésite un moment, mais je finis par poser une main sur son torse. Elle reste là, un moment, plus chaude que lorsque je suis rentrée il y a plus d’une heure. Puis je finis par jouer avec sa peau, la parcourant du bout des doigts, restant toujours muet. Je finis par tout enchaîner, comme si je perdais patience, même si, dans le fond, mon but n’était pas d’arriver les jambes écartées à la fin de cette course. J’avais juste le sentiment, à mon tour, qu’il pouvait se dérober sous mon corps à tout instant. Je sais pas, prendre peur, se rappeler de quelque chose, décider de ne plus me toucher ou de parler encore et encore… Un truc à la Wunjo, en fait. Quelque chose qui ferait qu’il puisse m’échapper.

Alors je me suis un peu penché sur son corps, ma main toujours sur son torse, pour le forcer à coller son dos au matelas, abandonné son équilibre. Ma main libre noue ses doigts aux miens, l’espace d’un instant, le temps que l’autre aille faire un tour du côté de son nombril, sans oser aller plus bas. Puis elle remonte sur son avant-bras, le parcourant, juste comme ça, du bout des doigts. Je passe sur la veine grossie et retourne à son poignet, dont je me saisis pour relever son bras déposer un léger baiser au creux de son coude et le laisser tranquille. Parce que, finalement, aller plaquer mes lèvres sur les siennes m’a soudain semblé vital. J’ai tout laissé tombé son corps, j’ai remonté tous mes p’tits doigts jusqu’à son cou, ses joues, et puis j’ai foutu toute la passion dont je pouvais être capable dans mon baiser.

Pour le rompre, en reprendre un autre, puis c’est mon souffle que je reprends, et encore un baiser. Et mon dieu ce qu’il a pu me manquer ! Et je me demande rapidement comment j’ai pu ne l’embrasser qu’une fois tout à l’heure. Je déglutis, reste penché sur son visage, mêle mon souffle chaud au sien, puis pose mon front contre celui de Wunjo. Je garde mes yeux fermés, redescend mes mains sur son cou, l’une restant là, livrée à elle-même, sur sa clavicule, alors que l’autre continue son petit bonhomme de chemin, juste encore, juste après, sur son flanc, le creux de son corps.

Quand je rouvre les yeux, je les rive dans les siens et finit par reculer juste un peu mon visage, pour voir quelle tête il me fait maintenant. Est-ce qu’il a encore son petit sourire en coin ? Ou celui plus moqueur ? Est-ce qu’il a peur ? Un peu de moi ou un peu de mes doigts, je ne sais pas ? Je suis envahissant, surtout sur ce petit lit pliant. Je suis envahissant dans son misérable appartement. Je suis envahissant, encore plus dans sa vie chaotique. Et puis je ferme de nouveau les yeux, allant réfugier mon visage dans son cou, à l’opposé de sa clavicule capturée par ma paume. Je respire un moment son odeur et finit par descendre mes reins dans une ondulation dont je me doute un peu des dégâts, plus bas, en m’excusant intérieurement que je suis mieux comme ça, sur lui.

Finalement, tu sais quoi Wunjo ?

C’est bête et méchant, mais je suis content que tu sois seul.


Je souris, contre sa peau, espérant qu’il comprenne que je ne le méprise pas. Que je suis simplement heureux d’avoir pu revenir vers lui sans avoir à éliminer une black liste ou juste sans avoir à me casser le nez sur une autre personne m’ouvrant la porte. Je soupire d’aise et rouvre les yeux, commençant à dessiner des dessins sans queue-ni-tête, sur son épaule, pour descendre un peu sur son bras. Lentement, parce que je n’ai pas envie de le frustrer, petit Wunjo, je fais glisser ma jambe contre la sienne et l’autre entre les deux.

Et moi, tout ce que je veux là, c’est toi et ne pas me réveiller seul, le matin.
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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyDim 25 Nov 2012 - 23:21



Rippeur hein ?

Wun non plus n’était pas snob vis-à-vis de certains métiers moins attractifs. Il était lui-même passé par suffisamment de jobs pour savoir s’adapter à tout : après tout, il avait été barman, livreur de pizza, journaux, puis lait, jardinier, gardien de musée, concierge, figurant dans quelques films, baby-sitter (et oui, lui aussi), plongeur (la vaisselle, pas le sport), homme de ménage, service à domicile, maintenance… entre autres.

Bon et dealer, mais ça, même Wunjo avait un peu culpabilisé sur le sujet. Moins que maintenant qu’il était passé du côté client et consommateur d’ailleurs. Il chassa cette idée immédiatement de sa tête, penser à la drogue maintenant était tout sauf une bonne idée. Il était à peu près sur de ne ressentir aucun effet de manque avant le matin, puisqu’il avait déjà fumé dans la journée, et qu’il ne se faisait des injections que lorsqu’il était au fin fond du gouffre –et là, il était clairement à l’opposé du fond du gouffre.
En revanche, à son réveil, il risquait d’avoir envie de fumer un joint, effectivement. Mais y songer maintenant était au dessus de ses forces, et il repoussa ce genre de questionnement à plus tard. Plus tard équivalant ici à demain matin, justement. L’art de la procrastination en tout instant.

Il sourit en direction de Kuro en réponse à son changement de boulot. Quelque part, et c’était probablement ridicule et idiot, ça le rassurait de savoir qu’il n’était plus à Keimoo à longueur de journée, mais il décida de ne pas en faire la remarque à voix haute, orientant son commentaire vers autre chose de plus... wunesque.

« Je préfère » murmura-t-il, haussant les sourcils d’un air faussement sérieux.

« Moins de chance qu’un type dérangé ne te suive à la sortie des cours jusque dans un café pour t’offrir une glace »

Ajouta-t-il, ne cachant pas son amusement en imaginant quelqu’un d’autre marcher dans ses pas. Enfin, ça l’amusait si ça restait une hypothèse, il n’avait pas la moindre envie que ça se réalise. Même si… bon. Il osait espérait que si Kuro avait des places pour les thermes, il l’inviterait lui et pas un inconnu l’ayant stalké, cette fois-ci.

« J’espère que l’uniforme est vraiment laid »

Ajouta-t-il, plaisantant, quoique probablement un chouia sérieux aussi. Instinct de préservation : moins Kuro avait l’air sexy, moins de chance qu’on ne lui jette le grappin dessus ! Logique imparable. Ou comment passer pour un mec ultra jaloux en quelques secondes à peine. Une première pour Wun qui n’était pas spécialement jaloux d’ordinaire. Enfin… c’était vite dit. Disons qu’il n’avait pas tellement eu l’occasion d’être jaloux avant, surtout. Il faut aussi dire que s’il avait commencé à faire preuve de jalousie envers ses plans cul, il n’était pas sorti de l’auberge, le bougre.

Il re-posa ses yeux sur Kuro, haussant les sourcils l’air de dire « bon, tu attends quoi ? ». Regard visiblement parfaitement interprêté puisque dans les secondes qui suivirent, le brun prochainement roux –bienvenue dans la série Medium- grimpa à son tour sur le lit –enfin clic clac pourri- mais au lieu de prendre place à côté de Wun il s’installa… Sur lui. Ben voyons. Sur le bassin. Oui oui. Hum.

Le brun haussa un sourcil au commentaire qui accompagnait cette prise de position cavalière –dans tous les sens du terme- essayant de rester concentré, et ce n’était pas facile.

« Je vois ça… »

Commenta-t-il, d’une voix presque langoureuse.
Et il n’avait pas tellement envie d’en dire plus, plus curieux de voir ce que Kuro comptait faire maintenant qu’il se retrouvait littéralement perché sur lui. Oui, ça lui allait bien de lui laisser le lead, de le laisser prendre les rênes. Et puis lui –Wunjo- il était un peu fatigué. Pas vraiment physiquement, mais plus… disons qu’il subissait le contre coup de tout ce qui s’était passé ce soir là. Le schéma initial, qui devait être « rentrer maison, prendre les décontractants musculaires, dormir », avait été bien bousculé.

En toute honnêteté, la lenteur opérée par Kuro dans ses gestes, dans sa façon d’enlever son pull ou de se pencher, était assez insoutenable. Wun se fit la remarque que des mois d’abstinence ne lui avait vraiment pas fait du bien et que la moindre caresse faisait réagir sa peau de manière excessive. Frissons, frémissements, tout était au rendez-vous, et Wun avait un mal fou à ne pas juste l’attraper par le bras pour le tirer vers lui et l’embrasser. Il se retint, sagement, se contentant de dévorer son cavalier des yeux. Il se laissa pousser en arrière sans trop d’objection, frissonnant encore plus lorsque Kuro vint déposer un baiser au creux de son coude.

Et finalement, la délivrance. Jusque là relativement passif, Wunjo sembla soudainement se réveiller sous le baiser du brun. Le beau au boit dormant. Enfin du coup… le beau-déchet au clicclac-pourri dormant. Un peu moins romanesque et féérique. Ses mains remontèrent en hâte pour venir se perdre dans les cheveux fraîchement coupés par ses soins, immobilisant presque le visage de Kuro pour qu’il n’ait pas l’idée idiote de se reculer, s’accrochant à lui comme un alcoolique à son verre. Leurs lèvres s’entrechoquèrent plusieurs fois, et Wun ressentait en fait exactement les mêmes effets qu’avec le fameux verre d’alcool : ferveur, euphorie, tournis.
Un peu perdu dans leurs baisers, il sursauta légèrement en sentant quelque chose –une main, a priori- effleurer son flanc et le début de ses reins. Il avait presque oublié être chatouilleux à cet endroit, et esquissa un petit rire en remuant un peu.

Lorsqu’il releva les yeux vers Kuro, ce dernier l’observait avec… disons… attention. Il arqua un sourcil, mi-interrogatif mi-inquiet, l’air de dire « beh… quoi ? », sans pour autant se départir du petit sourire, vestige de son rire. Perturbé par l’air scrutateur de Kuro, il se suréleva un peu et vint lui voler un autre baiser, histoire de briser cette expression, prenant un peu plus son temps cette fois-ci. Lorsqu’il rompit le baiser, son compagnon semblait moins troublé. Comme un chat, il ferma paresseusement les yeux pour venir se pelotonner contre Wunjo, qui esquissa un sourire attendri.

Minute… chat… ça faisait un bout de temps que Gully n’avait pas pointé le bout de son nez. Bah. Sans doute en balade. Ok. La vérité, c’était que le russe n’avait AUCUNE envie de se lever maintenant pour aller chercher le chat. Et puis c’était un chat. Il était censé être indépendant et débrouillard. Censé…

Il soupira doucement, rangeant cette idée de côté, reportant son attention sur le beau jeune homme contre lui. En fait il n’avait pas tellement d’autres choix que de le mettre au centre de son attention puisqu’il venait tout juste, et de manière très très TRES fourbe, de frotter son bassin de manière tout à fait suggestive –que ce soit volontaire ou non- contre Wun, se coulant contre lui comme un métal brûlant dans un récipient, glissant ses jambes là où il pouvait, dans les espaces disponibles.
Wun le fusilla gentiment du regard –oui, on peut fusiller gentiment-, posant des yeux accusateurs sur lui, mais sans réellement parvenir à cacher son amusement. Il bénit mentalement leurs deux pantalons de former deux barrières entre leurs peaux, empêchant leurs jambes de se frôler directement, sinon il ne jurerait plus de rien.

Le commentaire de Kuro déclencha chez lui un petit rire gras –oui bah essayez de rire avec classe en étant sur le dos avec un mec sur vous et on en reparlera- alors qu’il hochait doucement la tête.

« Tu es bête »

Confirma-t-il, passant sa main affectueusement dans la chevelure nouvellement coupée du brun. Il avait les cheveux doux, et facilement décoiffable, un régal pour une main baladeuse. Un peu comme un chat. Encore le chat…décidemment.

Et avec tout ça, Wun avait soudainement DE NOUVEAU envie de discuter. Comme quoi, il en fallait finalement peu pour faire revenir le naturel du russe au galop –et Kuro semblait être un déclencheur diablement efficace.
Mais c’était plus fort que lui, la conversation qu’ils avaient eu un peu plus tôt avait ouvert sa curiosité. Il avait envie de lui poser pleins de questions : pourquoi avoir arrêté ses études ? Est-ce qu’il comptait les reprendre ? Qu’est-ce qu’il souhaitait faire comme boulot ? Qu’est-ce qu’il avait fait à part surveillant ?
Pour changer : aucun sujet glissant. Juste… pour en savoir plus sur son éboueur préféré. Le seul petit souci c’était que s’il se mettait maintenant à inverser les rôles pour le harceler de questions, il risquait vaguement de casser l’ambiance. Juste vaguement.

« Mais pour le coup… je suis content aussi »

Ajouta-t-il, décidant que les discussions à rallonge pouvaient attendre le lendemain. Ou le surlendemain. Bref ils avaient le temps. Et puis là il était bien. Un peu coincé par un dilemme, mais bien. De toute façon, Wun sans dilemme, c’est un peu comme une forêt sans écureuils –kassdedi Asterix- c’est qu’il y a un truc qui ne tourne pas bien rond. En l’occurrence, le dilemme était assez simple : d’un côté, Wun avait follement envie de laisser libre cours à ses petites mains pour les laisser explorer la moindre parcelle de peau de Kuro. De l’autre côté, il savait aussi comment ça se terminerait, et même si l’idée était loin de lui déplaire, il était un peu fatigué, il le serait encore plus le lendemain, et puis, au risque de se répéter, il était vraiment bien, là.

Il extirpa son bras de sous Kuro, le rabattant autour de lui dans une étreinte délicate, ramenant sa main sur le dos du brun. Il glissa son index des reins jusqu’au haut du dos, le long de la colonne vertébrale, frôlant à peine la peau, un sourire atrocement niais flottant sur ses lèvres –heureusement qu’il ne se voyait pas. Il étouffa un bâillement, papillonnant des yeux avec fatigue, observant Kuro d’un œil… apaisé. Drôle de tournure qu’avaient pris les évènements. Rien ne laissait présager le matin même qu’il aurait fini le soir avec Kuro dans ses bras. A la base, il aurait du finir avachi sur ce même lit avec une dose bien trop importante de calmants dans ses veines pour pouvoir trouver le sommeil. A cette idée, il reserra instinctivement son étreinte sur celui qui était affalé sur lui. Sans hésitation, il préférait la situation actuelle, même si ça faisait s’agiter ses neurones à outrance. Il réfléchissait sans doute trop, mais les informations s’accumulaient dans son esprit. Il établissait mentalement une liste des choses que Kuro ignorait sur lui, les classant entre « dérangeantes » et « beaucoup trop flippantes », et entre « s’il ne le sait jamais, ce n’est pas plus mal » et « il faudra bien lui dire un jour ». Pas étonnant qu’il soit fatigué à force de se torturer l’esprit. Il soupira, se rendant compte un peu tard qu’il n’arrêtait pas depuis quelques minutes et que Kuro allait probablement finir par se demander ce qui ne tournait pas rond. Comme pour attirer son attention ailleurs, il releva légèrement la tête et déposa un baiser sur son front, à la naissance de ses cheveux.

« C’est pas que tu m’fais plus d’effet, hein, mais je crois que je suis vraiment en train de m’endormir »

Murmura-t-il, d’une voix calme, un peu étouffée par la fatigue, son doigt continuant machinalement les aller-retour sur le dos de Kuro.
Qui aurait cru qu’un jour Wunjo préfère un moment calin à une partie de jambe en l’air ? Probablement pas grand monde. Mais ces derniers mois l’avaient vraiment changé. En mal ou en bien ? C’était encore à voir, probablement.


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyLun 26 Nov 2012 - 15:58

Son rire accentue mon sourire. Unique témoin que mon bassin avait un peu trop caressé le sien ? Étrangement, mon égo est subitement content, pour que dalle. Ou, en tout cas, pour un truc un peu niais. Mais, comme le dit la célèbre chanson – c’est peut-être même devenu une hymne ! – "il en faut peu pour être heureux". Un Wunjo, un lit et c’est bon, j’suis content. Pire qu’un gosse !

Je gonfle mes joues, toujours réfugié dans son cou à son commentaire. Bon ma fierté vient gentiment d’être attaquée. Même si je sais pertinemment qu’il n’a pas du tout dit ça sérieusement, que c’était la réponse lancée dans mon élan… J’ai toujours eu un souci avec mon QI. Les études, je détestais ça. Pas pace qu’elles ne m’intéressaient pas ou parce que c’était long ou je ne sais quoi, simplement parce que, quand les autres intervenaient en cours – alors que moi, j’entretenais mon petit côté muet – j’avais toujours le sentiment étrange d’être un demeuré. Ils avaient lu des grands auteurs, alors que moi je me contentais de mangas et de fictions, ils avaient visité des musées, alors que moi, à ce moment-là, je courais les expositions à la recherche du T – Tsu – qui m’obsédait, ils avaient compris des choses que je n’avais même pas retenu. Enfin, j’étais le cancre du fond de la classe. Et, en ça, à chaque fois qu’on peut dénigrer un tant soit peu mon intelligence, je le prends mal.

Enfin mes pensées un peu maussades s’atténuent rapidement sous sa main. Je tourne un peu la tête, pour le voir du coin de l’œil, posant ma joue juste sous sa clavicule. Je laisse échapper un soupire d’aise, me trouvant réellement bien contre lui – bon et encore un peu sur lui, aussi. Et puis ce qu’il dit après achève de me faire penser à autre chose. Je reprends le sourire que j’avais perdu et fait un peu, tout doucement, bouger mes doigts encore posé sur l’épaule opposée. Ils descendent lentement sur son torse, pour aller tourner autour de son nombril, me distrayant de nouveau. Si Wunjo avait décidé de rester sage, moi j’avais décidé de jouer un peu avec les frissons que j’avais captés juste avant. J’avais encore envie de le voir frémir au contact de ma main. Même sans aller plus loin, puisque je commençais à fatiguer, finalement. Juste comme ça et pour lui prouver aussi que je n’étais pas venu là pour me faire sauter, comme un petit légume.

A jouer comme ça à vouloir le faire réagir, c’est moi qui me fais avoir. Je pose finalement ma main sur son ventre, la glissant sur sa hanche, alors que le sienne parcourt mon échine. A croire que Wunjo a décidé de trouver les deux points les plus sensibles de mon corps : mon cou – surtout la nuque – sur laquelle il avait déjà déposé un petit baiser avant de me couper les cheveux, et puis le dos maintenant… Sur lequel il suffit juste de passer quelques doigts quand je suis déjà un peu… disons… émoustillé. Bingo ! Wunjo avait touché le jackpot ! Pourtant, je ne dis rien, j’essaye de ne pas cambrer mes reins et je me contente de mordre un peu ma lèvre inférieure, fixant maintenant ma main, toujours échouée sur sa hanche. Je ferme les yeux à son baiser sur mon front et resserre mon étreinte sur son corps, juste un instant.

Je souris de nouveau – mon dieu, je muscle mes zygomatiques ce soir ! – à sa conclusion. Je relève le nez et plante mon regard sur lui, faisant une moue faussement vexée.

Bon, alors, je me casse !


Je me redresse et m’étire, avant de quitter le lit. J’allume la lampe à côté du clic-clac de Wunjo et je vais éteindre celle du plafond, un peu plus loin. Une fois dans la lumière plus tamisée, je me concentre sur le sol, pour ne pas m’écrouler par terre, avec tout ce qui y traîne. Dans l’élan, j’enlève le bas de survêtement qu’il m’a prêté. Parce que je dors toujours avec le moins de couche possible – mais je déteste dormir nu. Je reviens sur le lit et me glisse de nouveau à ses côtés, sans le toucher encore, juste le temps de tirer la couette sur nos jambes. J’inspire longuement, avant de soupirer plus lentement, sentant la fatigue me tomber dessus de plus en plus. J’étouffe un bâillement, reprenant ma place contre le creux de son corps. Je remets lentement ma main sur son ventre et éteins la lumière, nous plongeant définitivement dans le noir.

Wun…


J’avais bien une question à lui poser, mais finalement j’hésite. Alors j’espère avoir prononcé son prénom assez bas pour que ça passe inaperçu. Je glisse ma main sur sa hanche, comme tout à l’heure, alors que je repose ma tête sur son épaule. Puis, je glisse mes doigts sous l’élastique de son pantalon à lui, juste comme ça, pour que ça tienne tout seul – c’est bizarre et moche, dit comme ça. Nouveau soupir d’aise et je ferme les yeux, me blottissant encore un peu plus contre lui. Je bâille de nouveau et relève finalement suffisamment le nez pour déposer au baiser au coin des lèvres de Wunjo. Je reprends ma place, pour la dernière fois, au creux de son épaule et arrête de bouger, fermant les yeux, me laissant déjà aller au sommeil.

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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMar 27 Nov 2012 - 17:43



Il ne se réveilla pas pendant la nuit, chose assez inhabituelle, mais il se réveilla tôt, comme toujours. Lorsqu’il ouvrit les yeux, cela lui prit plusieurs minutes de tout resituer, ayant l’habitude de se retrouver nez à nez avec un oreiller et non un visage. Il papillonna des yeux, se recula légèrement, reconnaissant le visage –endormi- de Kuro. Les idées et souvenirs se réorganisèrent dans son esprit encore embrûmé par le sommeil, et il sourit doucement , sondant l’expression paisible - en apparence au moins- du jeune homme.

En remuant un peu, il constata qu’il avait bougé pendant la nuit, ayant envahi l’espace vital de Kuro, sa jambe étant venue se mettre en travers sur celles de l’endormi, son bras ayant fait de même sur le flanc. Délicatement, il retira sa jambe et son bras, s’extirpa de la demie-étreinte de Kuro pour se glisser sans bruit hors du lit. Il rabattit la couette sur le loir, et décida qu’il pouvait encore le laisser dormir un peu.

Debout, il s’étira de tout son long, toujours en silence, ravalant son baillement sonore. Il attrapa des sous-vêtements propres et des fringues semies-propres sur un des tabourets et fila dans les WCs.
En entrant, il sentit un léger courant d’air et son regard fut immédiatement attiré par la petite fenêtre surplombant les WCs qui était restée ouverte. Il la ferma, frissonnant, avant de baisser les yeux vers la masse sombre tapis entre rouleaux de papier toilette. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il s’accroupissait.

« Hé, gros, j’me demandais où tu étais passé »

Chuchota-t-il, la voix basse pour ne pas réveiller Kuro, flattant les oreilles du chat qui remua paresseusement. Wun le poussa gentiment pour le forcer à bouger de sa cachette, et Gully s’executa en miaulant de mécontentement.
Secouant la tête d’un air amusé, le russe finit ce qu’il avait à faire dans les toilettes avant de filer dans la salle de bain. Il prit une douche rapide, se sécha, enfila ses vêtements propres –à savoir un jeans quelconque et un des horribles t-shirts du magasin, en l’occurrence un lama en tutu et ballerine- et coiffa rapidement ses cheveux -3 coups de brosse et puis s’en vont.

S’observant dans la glace, il songea que, comme il l’avait un peu appréhendé, il avait envie de fumer. Mais il n’arrivait pas à savoir si c’était une vraie envie, un réel besoin, ou juste son corps qui répondait aux habitudes quotidiennes du joint du matin. Fronçant les sourcils, il songea qu’il pouvait essayer de ne rien prendre. Pour l’instant. Il pouvait prendre de quoi rouler avec lui et si le besoin devenait trop pressant, il aurait toujours la possibilité de consommer durant sa pause. Il hocha la tête pensivement : ça semblait être un bon compromis.

Prêt, il retourna dans la pièce principale, constatant que Gully avait pris place à sa place dans le lit. Ben voyons. Il leva les yeux au ciel mais décida de le laisser en paix. Il prépara son matériel en faisant le moins de bruit possible, le rangeant dans son sac qu’il emmenait tous les jours au boulot. Il trottina ensuite en silence jusque vers la « cuisine », ouvrant placards et frigo à la recherche de nourriture. Rien. Il n’y avait rien. Il fronça les sourcils, songeant qu’il fallait vraiment qu’il songe à faire des courses étant donné l’état de néant de son garde manger. Il soupira discrètement, restant un instant planté devant le frigo comme si du pain allait y pousser.
Et comme ça ne marchait pas bien, il se résigna à sortir chercher un manger. Il attrapa son porte monnaie, jeta un œil à Kuro pour voir s’il était encore bien endormi –il serait dommage qu’il se réveille tout seul en l’absence de Wun, lui qui la veille même lui expliquait qu’il se sentait seul en se réveillant le matin sans personne.

Heureusement, il y avait une boulangerie non loin de son immeuble –dans la rue même de l’immeuble pour être exact. Wun reserra son manteau sur lui, cherchant à cacher son atroce t-shirt le temps d’aller acheter le pain et les viennoiseries et de remonter en 4eme vitesse chez lui. Les deux marmottes –Kuro et Gully- n’avaient pas bougé d’un centimètre, et Wun regretta un instant de ne pas avoir d’appareil photo pour immortaliser la scène. A défaut, il décida d’au moins la sauvegarder avec son portable –et tant pis pour la qualité médiocre de l’image.

Il alla poser le pain sur la table, et commença à préparer son café imbuvable –dégueulasse ou pas, il en avait besoin pour turbiner le matin.
Lorsque ce fut chose faite, il se rapprocha du lit, constatant que Kuro n’avait toujours pas bougé. Soit il dormait vraiment comme un loir, soit il simulait à merveille. Dans les deux cas, Wun devait bientôt partir, il était donc temps de le sortir de ses rêves.

Grimpant à genoux sur le lit, Wun bouscula un peu Gully qui miaula à nouveau de mécontentement. Wun lui tira la langue –toujours très mature- et le chat se releva pour venir s’installer un peu plus loin, là où, il l’espérait, on ne viendrait plus le déranger. Le voilà donc qui se roulait en boule contre le visage du beau au bois dormant, qui ne semblait pas plus perturbé que ça d’avoir une boule de poils contre ça joue.
Un sourire amusé lui tranchant le visage, Wun se pencha en avant, attrapa du bout des doigts la queue de Gully, et s’en servit pour chatouiller le bout du nez de Kuro, le tout sous le regard mi-perplexe mi-endormi du félin.

« Hé…Sleeping Beauty, c’est l’heure de se réveiller »

Lança-t-il, doucement, continuant son petit jeu malgré l'air pas franchement approbateur du chat au bout de la queue.

« Allez, on se lève. Regarde ça, tu as la droit non pas à UNE, mais DEUX bonnes compagnies dans ton lit ce matin »

Ajouta-t-il, plaisantin. Quoique, pas sur que Gully le poilu soit considéré comme de la bonne compagnie. Ni son maître tortionnaire de chat, d’ailleurs. Bon en tout cas il avait de la compagnie. Qu’elle soit bonne ou non, c’était discutable, et justement, le temps pour discuter était… disons. Compté.
Wun daigna enfin lâcher la queue de Gully, qui ronronna de reconnaissance –ou d’exaspération, à savoir- en profitant pour la ramener contre lui. Se penchant vers Kuro pour venir déposer un baiser furtif sur ses lèvres –après tout, c’était comme ça que la belle au bois dormant se réveillait traditionnellement- Wun en profita pour observer un peu plus longuement le visage Sleeping Beauty alors qu'il émergeait.

« Debout, loir, je dois aller bosser bientôt »

Déclara-t-il, se redressant pour finir sa tasse de café. Il en avait rpéparé une deuxième pour Kuro –si tant est que ce dernier n’ait pas été traumatisé par le liquide infame la veille- qui trônait sur le bar américain avec les viennoiseries et le pain.
Reposant la tasse –vide cette fois- sur la table de nuit, il se retourna, s’asseyant sur le bord du lit pour commencer à enfiler ses chaussettes –tout en sexytude.

« Je dois partir dans quelques minutes, mais si tu veux rester un peu pour manger ou prendre une douche tu pourras juste claquer la porte en sortant »

Ajouta-t-il, tout en luttant avec la chaussette gauche qui, à l’envers, refusait de s’enfiler correctement sur son pote le pied. Il grogna devant la non-coopération flagrante du bout de tissus, avant d’enfiler la seconde, jetant un œil par-dessus son épaule pour voir si Kuro émergeait. Gully, lui, semblait avoir replongé dans les brumes du sommeil, se contentant d’un ronronnement régulier pour signaler qu’il était encore vivant.

Réalisant soudain que dans quelques minutes à peine, il allait sortir de son appart, et qu’à son retour, logiquement, Kuro n’y serait plus, Wun se surpris à être pris d’un subit… malaise. Un peu comme s’il mettait fin à une parenthèse –à laquelle il n’avait pas envie de mettre fin. La soirée lui paraissait encore un peu surréaliste, et il avait du mal à l’associer à son train-train quotidien. Un peu comme si une fois qu’ils auraient tous deux quitter cette pièce, le train-train habituel reprendrait justement le dessus, effaçant le reste.

Se retrouvant sans raison mal à l’aise, il fronça les sourcils, profitant de faire dos à Kuku –puisqu’il était toujours le nez dans les chaussettes- pour afficher un air un peu… perturbé. Lâchant les chaussettes, se redressant un peu, il se tourna à nouveau vers Kuro avec un air bizarre, à mi –chemin entre l’incertitude et la réflexion, sur le visage.

« Dis voir… tu veux venir manger à la maison ce soir ?»

Demanda-t-il, comme pour s’assurer qu’il y avait une suite au chapitre et à l’histoire, et pas juste un point final, hop, à la ligne.

« Ou demain hein.. »

Poursuivit-il, réalisant soudain que l’inviter le soir même pouvait paraitre… étouffant. Ou empressé. Ou un mix des deux. Dans les deux cas rien de bien positif. Bref, il allait encore passer pour un gros lourd, pour changer.
Et pour casser le côté trop solennel de sa demande, il ajouta, retrouvant un peu le sourire et son sens de la plaisanterie.

« J’essaie d’apprendre à cuisiner… il me faut un cobaye pour tester. D’habitude je teste moi-même, mais je crois que je me suis tellement habitué à mes standards pourris que tout me parait mangeable maintenant… »


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MessageSujet: Re: Until we bleed ~ [CLOS]   Until we bleed ~ [CLOS] EmptyMar 27 Nov 2012 - 21:17

Je sens le lit bouger, un peu lointain. Comme si ce n’était pas celui sur lequel je dormais, mais un autre. Pas de rapport avec mon rêve, dont je commençais déjà à ne plus me souvenir. La sensation sur mon nez me le fait retrousser, me donnant certainement une mimique étrange. La voix que j’entends finit de me tirer de mon sommeil. Je grommelle un peu, râlant gentiment que je n’ai pas envie de me lever. Mais je ne bouge pas. J’arrive enfin à associer la voix au visage de Wunjo et j’ouvre un œil, que je referme aussitôt, n’ayant aperçu que le chat au passage. Je le sens se pencher sur moi et répond mollement à son baiser, encore un peu dans les bras de Morphée.

J’ouvre les yeux quand je sens le brun s’éloigner un peu de moi. Je m’étire, couinant plus qu’autre chose, franchement à l’aise. Je tourne la tête vers le chat et lui pose le doigt sur son nez, le laissant me renifler. Pour pouvoir déposer une légère caresser sur son crane, puis une seconde, finissant par sourire et me désintéresser de lui. Je tourne finalement la tête du côté de Wunjo et fais marcher mes doigts sur les draps, avant de les faire grimper sur sa hanche. D’un coup de reins, je me rapproche de lui et glisse ma main sous son haut – dont je n’ai pas encore vu le joli flocage – effleurant son ventre. Je ferme de nouveau les yeux, prêt à me laisser remporter dans mes songes.

Pourtant, je le sens encore se tourner vers moi. Je recule la tête, pour rouvrir les yeux et le regarder, un sourire flottant sur les lèvres. Sa question l’accentue et je me redresse, levant son haut pour déposer un baiser furtif sur son flanc. J’arrête enfin de le toucher et me redresse, regardant l’heure du coin de l’œil. J’achève de me redresser d’un coup, faisant les gros yeux.

Et merde. Je suis en retard.


Je soupire et m’étire à nouveau. Maintenant, je peux bien être en retard de cinq minutes de plus… Je quitte pourtant le lit, un peu à la hâte et file reprendre mes fringues dans la salle de bain. Je reviens vers Wunjo, n’ayant plus que mon jeans à enfiler. Je commence à le faire, tout en marchant et pose mes yeux sur la tasse de café, encore chaude, et les viennoiseries. Je souris, ravi, et m’avance vers le brun-anciennement-blond. Je me penche sur lui et dépose un léger baiser sur ses lèvres.

Demain, avec plaisir.


Je me redresse et retourne vers le comptoir, enfournant un croissant dans ma bouche. Je mâche, avec plaisir, et reprend, la bouche pleine.

Enfin, évite de me tuer en m’empoisonnant…


Je lui fais un clin d’œil et avale. Son malaise, je ne l’ai pas remarqué. Parce que je venais de me réveiller quoi ! Je reprends pourtant mon sérieux, avalant une gorgée de café, en grimaçant – je me suis brûlé la langue. Je fais la tour du comptoir et vient le rejoindre sur le lit, la tasse dans une main, le croissant à moitié dévoré dans l’autre.

Wun… Je tiens à toi…


Je souris, en coin, lui donnant un coup d’épaule, pour le décoincer réellement.

C’est pas juste… Comme ça, tu vois.


Je dépose un baiser sur sa joue et murmure contre elle.

J’adore ton t-shirt, il te va à ravir.


J’enchaîne avec un sourire moqueur et mord de nouveau dans mon croissant, me relevant. Je regarde autour de moi et repère ma veste. Coinçant le croissant entre mes dents, je pose la tasse sur le premier truc stable que je vois et je l’enfile, reprenant mon croissant pour mâcher ma bouchée.

Enfin, je te confirme pour demain, je crois qu’on a une réunion.


Je m’étire de nouveau, finit mon croissant et prend une grande lampée de café. Je repose la tasse vide sur le comptoir et soupire.

Bon, faut que je me dépêche. Je t’appelle bientôt.


Je reviens à lui, dépose un nouveau baiser sur ses lèvres et assène une caresse à Gully. Pour finir par me relever et aller rapidement vers la porte. Je prends mon portable dans ma poche et grogne, voyant un appel de mon patron : pour une fois que ce n’est pas lui qui est en retard. Je colle le combiné à mon oreille, l’ayant déjà rappelé. J’ouvre la porte et commence à sortir, faisant un signe à Wunjo, pour partir enfin, dévalant les marches tout en inventant une excuse pour mon employeur.
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