Artiste/Gothique, quel mélange ! (PV Julia Diaz)

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Tout est noir, je ne vois pas où je me trouve. Je n’entend qu’un son étrange comme celui des fontaines asiatiques avec le principe du roseau. A part cela, rien. J’avance. Je distingue enfin une forme dans un halo de lumière diffuse. Je m’approche. Me stoppe finalement. Pourquoi est elle là ? Je regarde un peu plus en détail, elle pleure. Pourquoi ? Je ne sais pas. Elle ne me voit pas et pour tant je l’appel doucement. Elle ne m'entends toujours, et ses pleurs redoublent d'intensité. Mon cœur se déchire en la voyant ainsi. Finalement je me réveille enfin, en sueur, et le souffle court.

Je me lève, et me dirige vers la salle de bain. Heureusement, je suis seul dans cette chambre contrairement au lycée, dans lequel je partageais une chambre avec un mec étrange. Bref, il est 5h du matin et je suis plutôt bien réveillé maintenant. Je me déshabille et allume l’eau, sur le froid évidemment. Je reste un moment comme ceci, sans trop penser. Au bout de plusieurs longues minutes je sors et enfin une serviette autour de ma taille. Je cherche mes vêtements et m’habille, de façon gothique, entièrement, car je n’ai pas cours aujourd’hui, prof absent.

Je sors de ma chambre sans trop savoir où aller, je passe par les cuisines où je taxe des biscuits et sors. Je marche un moment dans les couloirs vides sans trop penser au monde qui m’entoure mais plutôt à ma province d’Irlande. Celle qui m’avait vu naître, ces grandes plaines, ses chevaux, la ferme, mes parents, ma sœur … Je secouais la tête pour chasser ce passé que j’avais fuis pour sa protection, sa vie. Mes pas m’ont guidés devant la porte du campus, que je franchis.

Me voilà dehors maintenant, mais que faire ? Je n’en avais pas la moindre idée. Alors comme à mon habitude je me laisse guider par mes pas, c’est le plus simple à faire. Je met mes mains dans mes poches et marche. Je passe par le centre commercial, où je m’achète des bonbons au caramel mes favoris. Je ne pourrais surement jamais m’en passer je pense bien. J’en mange en marchant. Certaines filles m’avaient demandé pourquoi mes lèvres avaient un goût de caramel et je n’avais pas pu m’empêcher de sourire. Ils étaient si bons, fait maison, la première fois que je les ai gouter, c'était dans mon pays natal mais j'avais eu de la chance de les trouver ici aussi.

Je m’arrêtais dans une boutique de mon style, dans laquelle je restais un moment. J’essayais quelques t-shirt qui finalement ne me plaisait pas tant que ça. Je regardais aussi les pantalons sans trouver mon bonheur cette fois ci. Cependant, un étalage de bracelet en cuir et à spike, me tapait dans l’œil. Je concentrais alors mon attention sur ce dernier et c’est à ce moment là que je trouvais Ce qu’il me fallait. Un sublime bracelet noir en cuir large, avec une sangle et quelques symboles très appréciables pour les gens comme moi. Bref, je l’ai acheté et l'ai mis sans attendre. Effet gothique assurer !

Je remarquais, en sortant de la boutique, que mon ventre criait famine. Je me dirigea donc vers une boutique typique japonais où je commandais un ramen. Le meilleur endroit pour en manger un, c’était bien ici, alors je le dégustais avec lenteur. Je n’étais pas super fan de leur cuisine mais je dois dire que ça, c’est vraiment excellent. Évidement quand vous êtes habitués à une autre gastronomie au début ce n’est vraiment pas simple mais on s’y fait. Je quittais donc le bar-restaurant typique japonais, la démarche toujours sur de moi, les mains dans les poches.

L’après midi était bien entamé au final, mais mes pas me guidèrent dans le parc, je ne savais si je devais m’en réjouir mais ce n’était pas si mal. Je trouvais donc un banc et m’assis dessus en regardant le ciel. Je pensais beaucoup depuis quelques jours, mais évidemment cela ne se voyait pas extérieurement que j’avais des pensées si triste. Il faut dire que je ne montrais jamais mes sentiments non plus. Enfin j’en étais là quand je me remis en marche. Tout allait bien, enfin jusqu’à ce que je ressente une collision dans mon dos. Qui donc m’avais heurté ?

Ce matin, je me suis réveillée de plutôt bonne humeur, pas fatiguée ! Etonnant si l'on considère qu'il n'est que 6h, et que j'ai l'habitude de me levée une heure plus tard. Enfin bon, pourquoi rester au lit si je suis réveillée ? Je prends donc une bonne douche tiède (inutile d'en prendre une bien froide puisque je suis parfaitement bien réveillée !). Je m'habille d'une tenue simple, comme à mon habitude. Je suis du genre discrète, je choisis donc de porter un T-shirt marron accompagné d'une veste grise pour éviter de prendre froid à cause d'un simple courant d'air. Je revêt un jean tout ce qu'il y a de plus classique, et chausse ma seule paire de baskets, en cuir noir qui s'est adaptée au mieux à mon pied, depuis le temps que je les porte ces chaussures ! La faim me prends soudain, je m'empresse donc de me diriger vers la caféteria de l'académie pour prendre le petit déjeuner en emportant mon sac avec moi. Etant donné que je me suis levée plus tôt, la salle de repas n'est pas très fréquentée. J'ai donc le plaisir de manger dans un calme que je trouve plaisant. J'avale tranquillement mes tartines beurrées, mon bol de lait et mon verre de jus d'orange sans me presser. Une fois rassasiée, je me dirige vers la sortie et emprunte le chemin des jardins. Il me reste un peu de temps avant l'heure des cours.

Arrivée dans les jardins, je sors mon carnet de dessin afin d'entamer un croquis des magnifiques fontaines qui me font face. Je n'aurais pas le temps d'avancer réellement mais c'est la seule chose que je puisse faire dans l'attente de mon premier cours de la matinée. Lorsque je prends mon crayon en main, c'est comme s'il glissait instinctivement sur la feuille de papier. Je suis tellement fascinée par la beauté de mon modèle que je ne regarde quasiment pas les traits de crayon que je suis en train d'effectuer. Je dirais que je suis partie en "pilote automatique", comme cela m'arrive souvent ces temps-ci. Peut-être est-ce parce que je ressent de plus en plus le manque provoqué par la distance qui se creuse avec ma famille restée en Espagne. C'est la raison la plus plausible.

En regardant ma montre, je m'apperçois qu'il est l'heure pour moi de me diriger vers les salles de classes. Moi qui suis si ponctuelle d'ordinaire, il me semble que je me soit emportée une fois de plus dans mes pensées et je vais être en retard si je ne me presse pas ! Je me hâte donc de ranger mon carnet dans mon sac, tout en prenant garde de ne pas l'abîmer. Je me dois de presser le pas pour arriver à l'heure. Ouf ! Lorsque je parviens à destination, quelque peu essoufflée, il est pile l'heure pour moi de pénétrer dans la salle en compagnie de mes camarades. Je sors mes affaires et suis attentive à ce que le prof nous enseigne, comme à mon habitude. Ainsi défilent les heures de la matinée. Le midi, je retourne à la caféteria pour calmer mon ventre qui commence à réclamer. En effet, le petit déjeuner commence à être loin ! Je mange ce qu'on me propose sans trop faire attention à ce que j'ai dans mon assiette : c'est ni bon ni, mauvais, juste convenable.

Cet après-midi, je n'ai pas cours car mes professeurs ont exceptionnellement une réunion à laquelle ils se doivent de participer. C'est donc le ventre plein que je retourne à mon emplacement du matin : face aux fontaines du jardin. Je ressort mon carnet et corrige les quelques traits maladroits dus à mon inattention matinale. L'esquisse terminée, je passe à l'affirmation de mes traits. Cette action étant particulièrement rapide à réaliser, je passe maintenant à la couleur. Etant donné que c'est une fontaine, je choisis l'aquarelle pour un rendu plus fluide. Je m'applique et je prends mon temps : il fait beau, je peux donc profiter de l'air qui me caresse le cou en m'adonnant à mon activité favorite. Contrairement à ce matin, je suis très concentrée et je soigne les dégradés de bleus qui s'imposent à moi. Je n'ai pas tout à fait terminé quand je me rends compte qu'il serait temps que je rentre faire les devoirs qu'il me reste pour le lendemain. Je prends donc le temps de mettre ma dernière création dans ma chemise à dessins, la bleue, celle qui correspond aux travaux en cours. Je fignolerais les détails plus tard, pendant un temps libre.

Sur le chemin du retour, je repense à ce qu'il me reste à faire ce soir. Il me semble n'avoir que quelques exercices qui ne devraient pas me prendre énormément de temps. C'est donc pensive que je me dirige vers les bâtiments de l'académie. Mais mes pensées se dirigent surtout vers ma famille qui doit se demander ce que je deviens. J'ai beau leur écrire régulièrement, j'ai toujours l'impression de les laisser sans nouvelles. C'est decidé, je leur écrirais une nouvelle lettre bientôt ! Je leur dirais que je vais bien, même si je pense souvent à eux et que j'éprouve le manque de leur chaleur corporelle ! Je ne serais pas contre un câlin de ma maman, mais je sais hélas que cela est impossible... Je leur enverrais de plus une de mes oeuvres, comme à mon habitude. La fontaine d'aujourd'hui ? Probablement. Et puis je pourrais leur dire que je suis encore une inconnue de l'infirmière ! La santé c'est tellement important. Non, je ne suis pas encore tombée malade, je n'ai pas subi de chute, aucun mal à déploré pour l'instant. Mais c'est justement en y pensant que je ressentis un choc !

Je n'allais poutant pas vite, mais comme je ne regardais pas devant moi, je ne vis pas le grand jeune homme qui me précédait. Je me sens legèrement étourdie : ce fut si inattendu ! Lorsque je me recule, je me sens si gênée que j'en viens à rougir jusqu'aux oreilles. Je suis si confuse que j'aimerais m'enfuir comme un voleur pris la main dans le sac ! Cependant, la politesse m'oblige à m'excuser auprès de celui que j'ai bousculé. Quand il se retourna pour connaître l'identité de son "agresseur", je pus voir qu'il me regardait d'un air interrogatif. Essayait-il de savoir si cet acte était intentionnel ? C'est possible. Il a cependant dù voir que je n'étais pas fière de l'avoir déranger pendant qu'il faisait son chemin. Je m'empresse donc de m'excuser, sans savoir si je dois le tutoyer ou le vouvoyer. J'optes alors pour la formule la plus correcte face à un inconnu :

"Veuillez m'excuser de vous avoir percuté de cette manière, je ne regardais malheureusement pas devant moi lorsque je marchais. J'espère que je ne vous ai pas causé de trouble ! Vous n'avez rien ?"

L'impressionnante stature du jeune homme me faisais sentir encore plus coupable. Je doute qu'il ai souffert de notre collision mais je n'ai pas pu m'empêcher de lui demander. J'attends maintenant sa réponse en esperant qu'il ne soit pas furieux à mon égard...

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Franchement, entre nous, je ne supportais pas vraiment être bousculer mais comme à ma plus grande habitude, je ne montrais rien extérieurement. Je me contentais simplement de me retourner pour au moins savoir qui cela pouvait être. Toujours les mains dans les poches je fis un demi tour, simple, sans trop de mouvement inutile, dans un ensemble sur de moi comme me les avaient appris les années à cheval. Bref, j’haussais un sourcil.

Alors comme ça c’était une simple jeune fille plutôt frêle comparé à moi et pas très grande non plus. Ce sont surtout ses yeux bleus qui attirèrent mon attention, d’un bleu turquoise pétillant des plus magnifiques. De part ces très beaux yeux, j’ai failli ne pas entendre les paroles de la demoiselle. Mais heureusement pour moi je me re-concentrais juste à temps pour l’écouter et comprendre. Celle ci s’excusait en gros de m’avoir percuté de cette manière et en s’inquiétant de savoir si j’allais bien.

Comme ci, cette frêle jeune fille pouvait me causer quelques troubles que ce soit. Intérieurement cela me fit rire mais je me contentais de simplement la regarder encore un peu, la détaillant. Elle avait des cheveux noirs et lisses, joli visage, sans maquillage d’ailleurs et beau corps. Sa tenue était simple, sans rien extravaguant, plutôt passe-partout je dois dire. Je ne tenais pas vraiment en haute estime ce style vestimentaire mais bon, ainsi allait là vie.

Je dois dire que je vais bien mais je vous retourne la question

En attendant qu’elle réponde à mon « retournement » de question, je me posais la question de qu’elle pouvait être son groupe d’appartenance, visiblement pas sportive par sa tenue, ni même musicienne, je ne saurais l’expliquer. Mais vu ce qu’elle tenait sous le bras, je n’avais pas de doute au final. Cette pochette à dessin était tout ce qu’il fallait pour comprendre qu’elle était une artiste.

Artiste ? Mais jusqu’à quel niveau ? Niveau basique ou plus important ? Cela était plutôt intéressant mais je dois dire que je n’étais pas sur d’avoir l’envie de m’étendre sur ce sujet en ce jour. Enfin bref, je gardais les mains dans mes poches en attendant la réponse et réaction de la charmante demoiselle.

Lorsqu'il me toisa de son regard, ce ne fut pas la compassion que je pus lire, comme je m'y attendais. D'ailleurs, à en juger par ses habits (entièrement noirs, accompagnés des accessoires adéquat, comme des bracelets de cuir par exemple), je reconnus tout de suite qu'il faisait partie du groupe des Gothiques. Cette expression d'indifférence me parut alors plus justifiée... Oui, ceux-ci apparaissent à mes yeux comme des personnages plutôt solitaires, qui ne se mélangent pas à la foule et qui ont des pensées noires. Peut-être que je me trompe royalement mais cela justifierait le fait que le jeune homme qui me surplombe ne porte pas, ou presque pas, d'attention à mon égard. De plus, l'épais maquillage noir qu'il arborait sur le contour de ses yeux accentuait l'intimidation que je pouvais ressentir.

Cependant, je dois reconnaître qu'il a daigné me renvoyer l'interrogation que je lui avais formulé. Il aurait très bien pu se retourner, me regarder de haut, puis continuer son chemin, pour ensuite repartir à ses occupations... Il a donc dù faire un certain effort pour, premièrement me répondre, puis ensuite me retourner la question, et je dois lui en être reconnaissante ! Ou alors, comme moi, il a reçu une éducation qui lui dicte de se montrer correct, quelque soit la situation. De toute façon, telle raison ou telle autre, je ne le saurais jamais, et de toute façon, ce n'est pas important !

Seulement une chose me surpris de sa part. En effet, en attendant ma réponse, il avait fixé ma pochette de dessin. Pouvait-il finalement montrer un certain interêt envers une personne telle que moi, si différente de lui ? Je dus rêver car lorsque je le regardai la minute qui suivit, il avait l'air de s'impatienter alors je supposai que je devais lui répondre, pour qu'il puisse reprendre son chemin rapidement et retourner à ses occupations. Je lui dis alors :

"Et bien j'ai un peu la tête qui tourne, mais peu importe, ça m'apprendra à regarder devant moi la prochaine fois ! Et je n'ai pas à me plaindre puisque c'est moi qui vous ai rentré dedans. Avec tout le respect que je vous dois, je vous demande d'oublier cette collision et je vous promets que cela ne se reproduira plus !"

Je lui dis ceci d'une voix qu'on aurait pu qualifier de quasiment inaudible, tout en ayant un mouvement d'inclination pour accentuer la démonstration de respect que je dois avoir à son égard. Je suppose qu'il me prend maintenant pour un être fragile qui n'a aucune force et qui s'écrase à la première difficulté... C'est peut-être la vérité, je ne sais pas trop. Il est vrai que, lors d'un désaccord, je préfère encaisser et laisser passer pour ne pas alimenter la dispute. Ainsi le conflit n'en est que plus court : l'autre se sent vainqueur et c'est tant mieux pour lui, ça m'est égal, du moment que l'on me laisse tranquille par la suite.

Ayant répondu à sa question, je suppose qu'il va maintenant vouloir passer son chemin pour retrouver sa tranquilité. De mon côté, je suis incapable de bouger, comme pétrifiée par cette puissance qu'il dégage. Je suis donc debout, regardant le sol et écrasant les graviers sous mes chusssures. J'attends donc face à lui comme une idiote, consciente de l'image pathétique que je suis en train de fournir à mon interlocuteur...

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Je fixai ses yeux attendant une quelconque réponse de cette dernière. Dans ses yeux, je pouvais lire une sorte d’intimidation, étrangement, beaucoup de personne dans son genre ont la même réaction. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, mais j’avais ma petite idée sur la question, tout résidait en un seul mot “gothique”. Tous ces apprioris sur nous étaient quelques peu pénibles, enfin si je prenais la peine de m’y arrêter. Nous n’étions pas si “suicidaire” aux idées noires toujours tourné sur sa petite personne. Mais je n’avais pas spécialement envie de me battre pour faire évoluer les mentalités.

J’attendais toujours sa réponse, avec maintenant impatience je dois avouer. Non pas que j’étais pressé d’aller quelque part mais plutôt car je n’aimais pas vraiment attendre une réponse surtout à cette question aussi longtemps. Finalement sa réponse vint enfin, c’était temps je dois dire. Elle me dit alors qu’elle avait un peu la tête qui tournait, je trouvais cela étrange surtout pour une si petite collision mais tout le monde n’est pas conçu pareil vous allez me dire. La jeune artiste me demanda d’oublier cette collision et promis que cela ne se reproduirait plus, c’était la moindre des choses.

J’allais donner mon avs, positif, jusqu’à ce que me vienne une idée, une idée qui allait avoir le privilège de m’amuser un tant soit peu. Je haussais un sourcil avant de lui sourire mystérieusement comme j’en avais le don, me rappelant une anecdote que je me contiendrais de raconter. Bref, je regardais mon téléphone portable pour me renseigner sur l’heure, et je remarquais que j’avais un nouveau message texte, chose que je regarderais plus tard. Il était encore assez tôt pour s’amuser un peu. J’adressai donc la parole à la demoiselle.

Et bien, je pourrais oublier cet incident, mais se serait en contre-partie d’un peu de votre temps. J’ai remarqué que vous étiez une artiste et vos créations m’intérressent alors que diriez vous d’aller prendre un verre ?

Je me rapprochais d’elle plutôt avec rapidité et souplesse de manière qu’elle ne puisse prendre le temps de faire quoi que ce soit. La distance entre nous se réduisa à un demi-mètre je pense. Moi, toujours les mains dans les poches, attendant, cette fois, patiemment sa réponse, alors que je ne déchiffrais pas encore tout à fait sa réaction. Enfin cela n’était plus qu’une question de secondes. D’ailleurs, pour en revenir à ma proposition, je connaissais un endroit parfait en centre ville pour aller boire un coup, c’était assez bien placé et les lieux très agréables.

Juste avant qu'il ne me réponde, j'ai eu un instant de lucidité et j'ai relevé la tête pour inspecter son expression. Que pouvait-il ressentir devant un être qui se montrait d'autant plus pitoyable que faible ? Je m'attendais à voir du dégout, mais étrangement, ce ne fut pas ce à quoi je fus confrontée. En effet, à ma grande surprise, un sourire, bien qu'extrêmement bien dissimulé, se dessinait sur ses lèvres. Je fus d'ailleurs soulagée qu'il ne m'ai pas vue, car celui-ci était en train de consulter son téléphone à cet instant précis. Alors j'ai discrètement rabaissé la tête avec la certitude qu'il n'avait vu que du feu dans ma brève action. Un grand moment de doute s'empris alors de moi. Qu'est ce qui pouvait lui provoquer une telle réaction dans la présente situation ?

Lorsqu'il me répondit, je fus surprise qu'il pose une condition à ce que l'on pourrait appeler des réconciliations. En effet, il oublierait ce litige auquel nous étions confrontés, mais seulement si nous allons prendre un verre ensemble. De plus, il semble intéressé par ce qui constitue mon passe-temps favorit. Je suppose qu'il aimerait profiter de mes créations lors de cette pause que nous allons échanger tous les deux. Une question me viens pourtant à l'esprit : j'ai dessiné tout l'après-midi, et je n'ai donc pas fait mes devoirs pour le lendemain, est-ce raisonnable de repousser encore l'échéance ?

Cependant, on dirait que je n'ai pas vraiment le choix puisque le jeune homme se tient étonnament proche de moi et semble guetter tout mouvement de ma part. Ainsi, si l'idée me prenait de décliner son offre, je suis quasiment convaincue que ce grand gaillard saurait me convaincre. Peut-être ne m'entrainerait-il pas de force, mais il tenterait probablement de me convaincre comme il se doit, à sa manière. Oh et puis zut, les exercices attendront bien demain matin ! Il faut bien que je me socialise après tout. Ce n'est pas en restant dans mon coin que je vais avoir de nouvelles relations ! Même si je ne suis pas sûre qu'il veuille entretenir une grande relation d'amitié avec un être si différent de lui, autant favoriser la discussion et garder un rapport que l'on pourrait qualifier de convenable.

Je me reprends donc, je lève la tête pour avoir une position décente, je le regarde et je m'apprête à lui répondre. Il a l'air plus attentif que la dernière fois, il doit penser que ma réponse lui sera plus profitable. Des excuses lui importaient peu, mais là c'est autre chose, c'est lui qui me proposait quelque chose, et cela semblait lui tenir à coeur puisqu'il m'incite implicitement à accepter. Je formule donc ma réponse avec une assurance nouvelle :

"Eh bien, je me ferait un plaisir de passer un peu de temps avec vous. Si vous le désirez, je me ferais une joie de faire plus ample connaissance avec vous ! Il me semble que vous êtes attiré par mes créations, je me ferais un plaisir de vous les montrer."

En formulant cette affirmation, une interrogation me vint à l'esprit. Lequel de mes dessins allait-il apprécier le plus ? Dans cette pochette, j'ai ma dernière aquarelle à terminer représentant les fontaines du parc, j'ai également un paysage de mon Espagne natale, et puis un de mes préférés, celui de ma rencontre avec une personne adorable avec qui j'ai fais connaissance récemment. Ce portrait aux couleurs si vives représente bien cette jeune fille. À elle seule, je dois dire qu'elle additionne une belle palette de couleurs : le rosé de ses lèvres est réhaussé par des yeux noisettes pétillants, eux-mêmes mis en valeur par une chevelure d'un brun cerise somptueux, qui constituent une harmonie remarquable ! Oui, ce portrait est l'un de meilleurs que j'ai pu faire jusqu'à présent. Je suppose que la joie de vivre qu'émane cette demoiselle a une part dans la réussite du portrait. Rien qu'en restranscrivant ses émotions, j'étais parvenue à faire vivre le papier. Cette jeune fille est vraiment quelqu'un de bien et je suis fière de l'avoir rencontrée !

Sans m'en rendre compte, j'étais de nouveau partie dans mes pensées. Je me repris donc et m'efforçai de revenir à la réalité en m'éclipsant de ce souvenir particulièrement agréable. Comme je l'avais prévu, le jeune homme me regardait une fois de plus de ce même regard interrogateur dont je devinais la signification "Tu comptes rester plantée là encore longtemps ? Je te signale que tu viens d'accepter mon invitation il y a quelques secondes..." ou un truc qui dois ressembler à ceci. Je ne sais pas où il veut m'emmener, je lui adresse donc de nouveau la parole pour lui poser la question :

"Vous connaissez un endroit où aller ? Personellement je ne connais pas assez la structure pour savoir où sont les bons coins. Donc si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je vais vous laisser choisir et je vais vous suivre !"

J'avais dit ceci avec plus d'assurance que je ne l'aurais pensé. Au moins ça avait le mérite de montrer que je ne suis pas seulement une petite chose fragile, et que je peux me montrer plus sûre de moi. J'attends donc maintenant qu'il me montre le chemin.

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Finalement ma journée ne serait peut être pas si ennuyeuse que ce que je le pensais en me levant. Et puis après tout, j’avais le temps de boire un coup avec cette jeune fille avant d’aller travailler ce soir au restaurant. Autre avantage, ma tante verrait peut être si je lui raconte ma journée que je suis un tant soit peu sociable, elle qui s’inquiète de souvent me voir plonger dans mes pensées et peu accompagné. J’avais des « amis » mais je préférais les voir à l’université ou de tant à autre en ville, mais au fond je préférais être seul. Le bruit me dérange à partir d’un certain point, je pense que cela ne vaut rien comparé au silence. Mais je n’étais pas un ours non plus, il ne faut pas exagérer.

J’attendais donc sa réponse, me demandant au final qui avait pu m’envoyer un message mais je ne regardais pas car c’est ce qu’on appel le respect après tout, même si par moment je m’en fichais un peu. Au bout de quelques secondes mon regard se posa de nouveau sur mon interlocutrice, qui était elle ? Je ne m’en étais pas soucier il faut dire, mais je devrai peut être, après tout je l’avais quasiment « inviter » à prendre un verre, sous chantage presque. D’ailleurs cela m’aurait fait rire quelques années auparavant.

Au bout de quelques longues secondes, la jeune fille me répondit enfin, acceptant ma proposition, indiquant par la même occasion que se serait l’occasion de faire connaissance et qu’elle me montrerait ainsi ses créations. Et voilà j’avais encore une fois eu ce que je voulais, facile. Seulement, le vouvoiement commencer à taper sur les nerfs, c’était trop conventionnel et ce n’était pas mon affaire la convention. Je la regardais en esquissant rapidement un sourire en signe d’approbation. Bref, je la regardais donc pour pouvoir me mettre en marche mais celle ci semblait totalement captivée par ses pensées. Cela aurait pu en être vexant mais franchement je m’en moquais un peu.

J’attendais encore un peu qu’elle revienne sur terre en la regardant de la manière un peu « ennuyée » pour lui faire comprendre que je n’allais pas rester planté là à attendre encore longtemps. Au bout d’un moment elle fut enfin réceptrice. La jeune artiste me demanda finalement si je connaissais un lieu approprié car elle n’en avait pas la moindre idée ainsi elle me suivrait. Sachant l’heure peu avancé qu’il était et que nous étions dans le parc du quartier Bougu, je savais qu’un bar non loin de là où nous nous trouvions était assez sympathique pour nous y rendre.

Je me mis en marche, les mains dans les poches, vers le « Sweet dreams », j’allais de temps à autre dans ce dernier avant d’aller travailler, je trouvais que ce qu’il proposait était plut pas mal. Voilà de quoi passer un petit moment sympa. Après quelques minutes, le silence s’installa, pour ma part cela ne me dérangeais pas après aller savoir pour la jeune fille. Une fois devant le bar, j’entrai et choisi une table plus au fond en ayant fait un signe de tête au barman que je connaissais. Une fois assis je regardais celle qui m’accompagnait, j’allais commander à boire alors autant lui demander ce qu’elle souhaitait prendre.

Que veux tu boire ? Au fait, je n’aime pas particulièrement le vouvoiement

Après avoir approuvé l'idée, je fus quelque peu éberluée de voir qu'il m'avait adressé un sourire, certes il fut vite estompé, mais une étrange sensation s'empris de moi. Dans ce sourire éclair, je revoyais vaguement la jeune demoiselle avec qui j'avais fait connaissance il n'y a pas si longtemps. Je me remis vite de cette pensée car c'était quelque chose d'impossible, ils ne pouvaient avoir un quelquonque lien de parenté, ils sont si différents ! Cependant, cette seule pensée, si insignifiante soit-elle, fit naître une once de compassion envers le jeune homme. Je ne le considérais plus tout à fait comme quelqu'un de froid et de distant. De plus, cette invitation me prouvait qu'il pouvait faire preuve de sociabilité envers des inconnus. Il gagne quelques points dans mon estime, je dois l'avouer.

Suite à mon interrogation à propos du lieu, il avait eu l'air de savoir que faire. Lorsqu'il se mit en marche, je le suivi donc. Le trajet ne fut pas très long, et plutôt silencieux. Je n'avais pas grand chose à dire, lui non plus, et cela ne me dérangeait pas. C'était la première fois que je venais par ici, j'en profitais alors pour regarder le paysage inconnu qui s'offrait à moi. L'après-midi touchait à sa fin et le jour commençait à décliner, bien que l'heure n'était pas si avancée... Les arbres qui bordaient le chemin que nous empruntions prenaient des teintes foncées, c'était si différent des couleurs vives que procurait les rayons du soleil ! C'est fou ce que la nature pouvait me donner comme modèles pour mes créations !

Le rapide spectacle que m'avaient offert les arbres du parcours s'arrêtait car nous venions d'arriver à destination. Je pus lire le nom de l'établissement sur l'enseigne qui me surplombais : nous allions pénétrer dans le "Sweet Dreams". C'est une joli nom je trouve, mais pourquoi ont-ils choisi l'anglais ? Mystère ! Je ne me posais déjà plus la question car nous entrions dans le bar. Ma première impression fut chaleureuse. À la vue du gérant du bar, j'abaissai légèrement la tête en signe de salut. Lorsque nous nous instalâmes dans le fond de la salle, elle me demanda ce que je voulais boire, je lui répondis donc :

"Je prendrais bien une orange pressée. Il est peut-être un peu tard mais je pourrais en boire à longueur de journée... Et si tu préfères le tutoiement, je n'y vois pas d'inconvénient bien sur. Au moins, nos discussions seront moins formelles !"

Lui ayant fait parvenir mes désirs, je sortis les dessins de ma pochette et les étalai sur la table. Je me demandais bien comment il allait réagir ! Si il n'est pas amateur de dessin, il va surement regarder chacun d'eux et les passer un à un et puis c'est tout. Si il est un minimum interessé par ma passion, peut-être va t-il faire attention aux détails, et pourquoi pas émettre quelques critiques.

Mais j'y pense ! J'ai dessiné la jeune fille aux airs d'anges et à l'expression si vive. Si à tout hasard ils se connaissent, la réaction, même très légère, serait inévitable. Je n'ai pas trop d'espoir quant à cet évènement mais je suis bien curieuse de voir son attitude à la vue du portrait. De toute façon, il n'est pas censé savoir que je la connaissais. Après tout, j'avais réalisé ce dessin sans que la jeune fille ne le sâche. Elle était aux écuries, comme à son habitude, avec une expression de bonheur intense. C'est vrai qu'être en présence de son cheval la faisait rayonner. Je l'avais représentée de face, ainsi, on pouvait distinguer chaque trait de visage qui exprimait le bien-être. Un large sourire finissait d'illuminer ce faciès sublime. C'est un sourire similaire que j'avais pu observer un peu plus tôt dans la journée. Bientôt, j'en aurais le coeur net !

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Et bien je dois dire que je m’étais moi même étonné, en l’ayant vue la première fois je n’aurais jamais pensé l’invité à boire un verre avec moi mais quelque chose dans ses yeux m’avait fait agir presque instantanément. Peut être que c’était ce qu’on appel la maturité, je n’y connaissais pas grand chose sur ce sujet car il me semblait ne plus savoir ce qu’était que l’insouciance désormais. Alors bon, maturité laissez moi rire de cette idée. Enfin certaines personnes ne connaitrons jamais un stade plus élevé que celui de l’enfance ou l’adolescence. Cependant d’un autre côté, je les enviais aussi de ne pouvoir se torturer l’esprit avec de véritables problèmes. Bref, je n’allais tout de même pas faire une tirade sur ce sujet cela ne m’emmèneras qu’à obtenir des maux de têtes.

Une fois le quartier traversé pendant quelques minutes et être entré dans le « Sweet Dreams », je m’étais donc assis au fond de la salle avec cette nouvelle connaissance. Je comptais bien sur boire quelque chose, après tout c’était bien pour cela que je lui avais aussi proposé, et en bon gentleman, je m’étais adressé à elle pour me renseigner sur ce qu’elle aimerait. Après quelques secondes, cette dernière me répondit par le fait qu’elle aimerait prendre une orange pressée. Je fût un peu étonné, je ne pensais pas qu’à notre âge quelqu’un buvait encore cela dans un bar. Souvent ce sont les enfants qui en demandent. Ce qui m’amena à me demander l’âge qu’elle pouvait avoir, certes elle n’était plus une enfant, mais pas encore majeur je pense. Peut être 17 je dirai.

Je ne sortais que rarement avec des gens plus jeunes mais bon je pouvais aussi faire des extras. Je me levais donc après qu’elle ait prononcé son souhait, et me dirigeais vers le comptoir. J’échangeais quelques banalités avec le barman avant de commander donc une orange pressée et un redbull, je vis à son mouvement de sourcils que lui aussi était étonné de ce choix chose qu’il se retint de dire. Cependant, je voyais qu’il avait envie de dire quelque chose mais que celui n’osait pas. Je commençais presque à m’impatienter à la fois de la commande et de sa question. Au bout du minute, j’obtins ma commande, me retournant pour me diriger vers la table je fus intercepté.

Alors c’est ta nouvelle conquête ? Un peu différente des autres mais mignonne !

Je soupirais, comme si je ne venais ici qu’avec ce genre de gens. C’est vrai que cela m’était arrivé une fois mais bref, là n’était pas la question. Je me rassis et posais le verre d’orange pressée devant la jeune fille dont j’ignorais encore le nom.

Celle ci, avant que je parte, avait commencé à étaler ses dessins sur la table puisque je montrai un certain intérêt envers ces derniers. J’ouvris ma canette, bus une gorgée et me concentras sur le premier. Des fontaines, je les avais déjà vu ces dernières, dans le parc il me semblait. Je m’y attardais pour regarder de plus près le travaille effectuer, visiblement il manquait encore quelques détails à finir, elle avait surement du manqué de temps. Les couleurs étaient belles et le dessin en lui même aussi, les proportions de la réalité se retranscrivaient à merveille. J’avais eu raison de vouloir m’attarder sur sa pochette à dessin lors de notre « rencontre » dans le parc. Je passai au dessin suivant, tout aussi joli mais je préférais toujours les fontaines.

Je bus de nouveau une gorgée de mon redbull avant de regarder le prochain dessin. Avant cela mon regard se porta sur une personne qui hésitait à entrer ou non dans le bar, à sa vue j’eu un froncement de sourcils, j’espérais qu’elle ne me verrait pas chose qui se produit pour une fois. La jeune fille à l’entrer fit demi-tour, j’étais sauvé pour cette fois, après tout elle n’arrêtait pas de vouloir me coller 24h/24. Bref, je saisis machinalement le prochain dessin et au bout de quelques secondes posa mon regard dessus. Que ne fut pas ma surprise de trouver Amy dessus. Evidement à part un léger haussement de sourcil mon visage n’avait pas refléter cette surprise. Elle était en plus accompagnée de sa jument, ce qui me fit un léger pincement au cœur, ça avait été une bonne bête, ses premiers concours gagnés était bien sur avec elle.

Je le regardais un peu plus en détail lui aussi, l’expression de son visage était quasiment parfaite, l’émotion du moment s’y trouvait aussi. En regardant le décor, je reconnu le concours en Espagne, celui où elle était arrivée cinquième. Je me souvenais l’avoir cherché un moment après la fin pour la prendre dans mes bras et la réconforter. Maintenant, je me souvenais vaguement de la jeune fille en face de moi, je l’avais aperçu et m’étais demandé ce qu’elle voulait. Seulement je ne me rappelais plus si je lui avais parlé ou non. J’espérais que non, sinon elle serait elle aussi un obstacle dans ma promesse et mes actions entrepris pour Amy.

Mon regard s’attarda encore quelques instant sur se dessin, puis je le remis sur la table pour regarder ceux que je n’avais pas encore regarder. Ils étaient tous beau, différents mais beau. Elle était douée c’était incontestable. Je finis ma cannette et l’écrasa dans mon poing avant de la lancer dans une poubelle dans un geste précis, qui l’a fit arriver à bon port. Après cela, je regardais l’artiste, je me souvenais désormais de ses yeux bleus en Espagne, comment était elle arrivé au Japon elle aussi ? Que de questions se bousculaient au final.

Après m'être exprimée sur mon souhait de prendre une orange pressée, je vis bien son étonnement. J'en conviens que ce n'est pas vraiment le genre de boisson que l'on boit dans un bar, mais ça m'est égal, j'ai mes raisons... Peut-être devrais-je lui expliquer, ainsi je serais sûrement moins ridicule à ses yeux. On verra bien si l'occasion se présente. De plus, il me semble, lorsque j'étalais mes dessins sur la table, avoir distingué du coin de l'oeil, une expression similaire chez le Barman. Le pauvre, il ne doit pas être habitué à honorer des telles commandes ! Enfin bon, je suppose que je ne serais pas embêtée, puisque comme on dit "le client est roi" !

Lorsque le grand gaillard fut revenu à la table, je lui fit un signe de la tête en guise de remerciement. Il s'installa ensuite sur sa chaise et commença à inspecter mes créations. À ce que je pus en discerner, il semblait apprécier mon travail, et j'avais même l'impression qu'il allait chercher les détails, serait-il connaisseur en matière d'art ? Ou peut-être attarde-t-il son regard comme le ferait tout amateur de dessin. C'est une question à poser il me semble, il a piqué ma curiosité, et j'aimerais maintenant savoir à quel point il est impliqué dans le domaine du dessin. En tout cas, il avait l'air ravi de pouvoir admirer mon art, et cela me faisait énormément de bien !

Le moment que j'attendais allait arriver, il allait prendre en main le fameux dessin représentant Amy, celui où elle avait terminé sa compétition au prix de durs efforts et qu'elle s'était rendue aux écuries pour s'occuper de sa jument. Je suis maintenant attentive à chaque expression qui pourrait le trahir, la plus infime soit-elle : les yeux qui s'écarquillent, les lèvres qui se pincent, les veines du cou qui palpitent plus rapidement, le rouge qui monte à la tête, les sourcils qui se haussent, ... Oui, c'est ça ! Bingo, une infime élévation quasi imperceptible s'était produite à l'instant ! J'en suis maintenant presque certaine, ces deux-là ont un lien. Et si je me remémore bien cette journée passée dans mon Espagne natale, il me semble me souvenir d'un regard aussi anthracite que le sien, et croyez-moi, des yeux tels que ceux-ci, je ne les oublie pas ! Une couleur si profonde et si parfaite. Je m'en souviens à présent, cela ne fait aucun doute à présent, ils se connaissent. À quel niveau, je ne saurais encore le dire. Cependant, puisqu'il n'a pas voulu réagir ouvertement à ce propos, je vais garder cette découverte pour moi seule, faire semblant de n'avoir rien remarqué en continuant de boire ma boisson, avec une mine peu réjouis à cause du breuvage, je dois l'avouer... Par la suite, je vais devoir mener mon enquête, le plus discrêtement possible, afin de confirmer mes suppositions. Je choisis cependant de n'en faire part à ce stade, ni à Amy, ni à ... Mais comment s'appelle-t-il ?

Je décidai alors de lui poser les questions qui me taraudaient l'esprit depuis le début de notre rencontre :

"Excuses-moi mais tu ne m'as toujours pas dit ton prénom, c'est gênant pour moi. Quant au mien, tu l'as peut-être distingué en guise de signature sur mes créations : je m'appelle Julia. Julia Diaz pour être plus précise, je suis une jeune Espagnole de 17 ans. J'ai de plus vu que le regard que tu posais sur mes dessins était celui d'une personne interessée par l'art. Es-tu connaisseur ou seulement amateur ?
Et au fait, je t'ai vu regarder ton portable tout à l'heure, si tu as reçu un message, tu peux y répondre, il ne faut pas que je te dérange, ça m'est égal après tout. Et une dernière remarque et j'arrête : il me semble que tu as été surpris par mon choix de boisson il y a quelque minutes, je vais donc devoir t'expliquer ce qui me pousse à vouloir siroter une boisson que l'on peut cataloguer de si "enfantine". À vrai dire, quand je vivais en Espagne, mon voisin était producteur d'orange à jus. Selon moi, celles-ci faisaient partie des meilleures que l'on pouvait trouver dans le pays. Je m'étais habituée à en déguster tous les jours, et depuis l'habitude m'est restée, même si la qualité n'est pas comparable, malheureusement..."

La pensée de ce souvenir me faisait monter une fois de plus la nostalgie du pays... Quand pourrais-je revoir mes parents ? Quand pourrais-je re-monter dans la cabane de mon enfance ? Quand aurais-je la chance de pouvoir regouter au meilleur jus d'orange que je n'ai plus jamais bu depuis mon arrivée ici ? Ce voyage en direction du Japon impliquait des sacrifices et je le savais, mais je dois admettre qu'il me tarde de pouvoir mettre un peu de réalité sur les nombreuses pensées qui surgissent de mon esprit chaque jour que je passe ici...

Invité

J'étudiais toujours ses dessins avec minutie même après avoir vu celui où il me semblait distinguer Amy, plus je regardais ce dessin plus je voyais Amy le jour de la compétition, et plus mon cœur avait ce pincement distinctif qui n'arrivait que dans ce cas bien précis. Évidement mon haussement de sourcil avait du être perçu, peut être devrais je trouver un détail mal dessiné pour écarter toutes pistes qui pouvaient me relier à elle. Mais à quoi bon ? le dessin était parfait en tout point, et je me rappel nettement avoir vu la jeune fille ce jour là. Peut être ne m'avait elle pas remarquer mais je doute, après tout j'avais pu discerner ses yeux alors elle avait surement fait de même. Bref, si jamais elle faisait le rapprochement je devrais lui intimer de se taire, mais les choses n'étaient pas encore faites, je ne devais pas m'alarmer. Je continuais donc de scruter le dessin, je m'attardais un peu sur la jument, il n'y avait qu'une seule chose qui me chiffonnait, c'était le dessin de sa queue. Les crins n'avaient pas une position très naturel. Et voilà Sergei, professionnel des chevaux, qui revient au grand galop, il ne manquait plus que cela. Je devais arrêter de regarder là sinon j'allais le dire et je ne devais pas.

J'attrapais de nouveau ma cannette et finis de la boire avant de l'écraser dans ma paume. Je visai alors la poubelle du barman se trouvant à une dizaine de mettre de là, la cannette s'envola et atterrie au centre. Mais alors que je regardais toujours en direction du bar, j'entendis la jeune femme s'exprimer. En première partie, elle me demanda mon prénom et elle se présenta comme étant Julia Diaz, d'origine espagnol, je me disais aussi qu'elle n'était pas typée asiatique, un peu comme Amy donc. 17 ans, un peu jeune mais professionnelle en art. Je la laissais continuer de parler puisqu'apparement elle n'avait pas fini. Elle passa ensuite au fait que je m'intéressais à ses dessins avec intention, amateur ou connaisseur ? Et enfin elle m'expliqua le choix de sa boisson. Je l'avais laissé parler sans l'interrompre une seule fois.

Je regardais ses yeux avec attention, leur couleur était vraiment belle, de plus, ils étaient pétillants d'un certain côté cela me rappela de bons souvenirs et à cause, ou grâce à cela, j'ouvris la bouche pour lui répondre.

Alexander Mc Carther. Je m'y intéresse depuis quelques années déjà. De plus, je ne suis pas ton père, tes raisons ne me regardent pas, tu bois ce que tu veux.

Ma dernière phrase pouvait paraitre froide mais cela n'était pas dans mes intentions. Mais c'est vrai, elle peut boire ce qu'elle veut, cela ne me fais ni chaud ni froid. C'est comme ci moi, j'allais lui expliquer pour cette boisson aussi. Enfin après quelques secondes, j'espérais qu'elle ne l'avait pas mal pris non plus, ce serait facheux. Je décidais donc de faire un effort.

Pour ma part, je suis irlandais, heureux de rencontrer une occidentale, ce n'est pas tous les jours

Lorsque que je m'étais exprimée, il m'avais semblé qu'il m'avait écouté avec attention. Une preuve de plus qu'il n'est pas si froid que ça finalement le grand gaillard. Je dirais même qu'il est moins "ours" que je ne me l'étais imaginé au commencement de notre discussion. J'ai de plus eu l'impression qu'il m'avait fixé dans les yeux lorsque j'avais pris la parole. Ce regard ne m'avait cependant pas paru pesant, sensation étrange puisque que je détourne en général les yeux lorsque l'on me fixe. Ce doit être dû au fait que son regard à lui n'étais pas insistant, mais plutôt... je ne sais pas, c'est difficile à décrire ! "doux" serait éxagéré, "intéressé" trop présomptueux. Enfin je ne sais pas comment décrire cette sensation, mais je dirais que ce fut une intention qui fut plutôt aimable de sa part. Je ne pense pas qu'il y avait de l'animosité dans cette attitude là.

Il avait ensuite eu la charmante attention de me répondre. J'apprenais donc que son nom est en fait Aleksander Mc Carther, qu'il est amateur de dessin depuis plusieurs années maintenant. Puis finalement, sa réponse ne fut pas aussi "charmante" que je n'avais pu la jugée au départ... En effet, la fin m'avait parue un peu plus brutale malheureusement. Zut, il se renfrogne ! Tant pis, je ferais avec, après tout je n'ai pas le choix. D'ailleurs, dans cette fin de phrase, il avait évoqué mon père. Et inévitablement, des souvenirs remontaient une fois de plus.

Je me suis visualisée cette fois-ci la première fois que je suis entrée dans un bar. C'était un après-midi de grande chaleur. Nous revenions d'une balade moi et mon père, et nous avions tellement eu chaud, qu'exeptionellement, il avait accepté de s'arrêter dans un endroit climatisé pour faire une pause et se rafraîchir. Comme à mon habitude, j'avais pris la fameuse orange pressée. Lui, il n'avait commandé qu'un simple verre d'eau bien fraîche au patron de l'établissement. Je dois dire qu'il n'est pas friand d'alcool, ce doit être la raison pour laquelle je n'en consomme que très rarement moi-même... Au final, cela ne nous était pas revenu bien cher, et comme on dit "il n'y a pas de petites économies". N'étant pas très riches, les sorties payantes en ville ne se reproduisaient pas souvent...

J'émergeai de mes réflexions en entendant de nouveau sa voix. Son indifférence ne fut finalement que de courte durée. Il avait ajouté que lui était d'origine Irlandaise, et qu'il était, je cite "heureux" de rencontrer une occidentale. J'ai dû m'exprimer trop à la hâte quand à sa précédente attitude. Ca m'apprendra ! La prochaine fois j'attendrais un peu plus avant de jugé les gens... Moi qui me pensais tolérable, je viens de me prouver que je ne le suis pas vraiment tout le temps. Il va falloir que je corrige ce détail par la suite...

Enfin bref, je venais quand même d'avoir un élément de confirmation supplémentaire sur sa proximité avec Amy. Ils sont en effet tous les deux originaires d'Irlande. Coïncidence ? Je ne pense pas, ils ont trop de points en commun : sourire, yeux, origine... Non, ce ne peut pas être un hasard ! Mais restant fidèle à mes premiers choix, je décide de ne toujours pas lui en faire part. Je lui adresse cependant une nouvelle fois la parole :

"Apparemment tu as finit ton rafraîchissement. Je te propose de sortir, puisque moi aussi j'en est finit. Et puis il me reste des choses à faire ce soir. Soit on se quitte dès la sortie, soit on fait le chemin ensemble, à toi de voir combien de temps tu peux encore me supporter ! Saches que quelque soit ta réponse je l'accepterais sans aucun soucis."

Invité

Mon téléphone sonna une nouvelle fois pour me prévenir encore que j’avais un nouveau message. Je soupirai intérieurement en espérant que ce ne soit pas de nouveau la même fille. Je dirigeai donc ma main vers la poche droite de mon jean noir pour le saisir. Une fois que je l’eu en main, j’ouvris ce nouveau message et le lus. C’était simplement un ami qui me prévenais du début du service dans l’heure qui arrivait. Le temps passait si vite quand on était occupé que ce soit à parler ou seulement à boire un coup. Puis mon intention se reporta sur Julia qui venait de suggérer de sortir du bar. Apparemment elle avait encore des choses à faire, du dessin ? des devoirs comme on en donne au lycée ? ou autre chose ? Je ne savais guère mais cela ne m’importait peu en fait.

J’écoutais la fin de sa phrase qui me demandait mon avis sur la suite ou non de cette rencontre, j’analysais donc où nous nous trouvions, où le campus/lycée se trouvait et où je devais me rendre dans le temps qui m’était imparti avant de prendre ma décision. J’acquiesçais donc le fait de sortir, je me levais et me dirigeais vers le barman pour lui régler nos consommations tout en continuant de réfléchir. Je pensais que pour être quelqu’un de gentleman je devrais la raccompagner, mais que ce n’était pas mon genre, seulement j’avais oublié mon sac à l’université dans mon casier alors bon. Je retournais donc vers elle.

Je vais te raccompagner on ne sait jamais, il va commencer à se faire tard.

Je me dirigeais cette fois vers la porte et l’ouvris pour passer. Je l’attendais en me posant encore quelques questions notamment sur le dessin dans lequel apparaissait Amy, elle l’avait gardé tout ce temps ? Ce doutait elle de quelque chose ? C’est vrai que j’avais énormément changé depuis cette époque, que ce soit du côté vestimentaire, ou même la couleur de mes cheveux, jusqu’à changer entièrement de style mais aussi de personnalité. Peut être aurais je du aussi mettre des lentilles pour changer la couleur de mes iris, mais malheureusement pour moi je ne supportais pas les lentilles très longtemps et ce depuis toujours.

Peut être devrais je mener une sorte d’enquête, j’allais y songer. Mais pour le moment ce n’était pas encore le sujet de nos conversations mais je pouvais l’amener à en parler, il allait falloir être subtile. Pour cela j’allais surement la laisser prendre la parole. Je mis mes mains dans mes poches et attendis qu’elle arrive à mon niveau pour commencer à marcher. C'est alors que me vint une idée, brillante ? Je n'allais peut être pas dire cela mais elle me plaisait plutôt. Nous marchions quelques minutes sans trop parler avant que je prenne moi même la parole.

Viens je vais te montrer un endroit sympa

J'espérais ne pas lui avoir dit sur un ton un peu trop directe et autoritaire mais c'est vrai que j'espérais lui faire découvrir cet endroit que j'appréciais beaucoup. Peut être cela ne lui plairait pas mais je devais essayer, et puis cela entrais dans l'intérêt des questions que je me posais. J'étais plutôt content de la subtilité de mon idée, chose indirecte pour arriver à mon but, tout comme j'aimais faire les choses. Je changeais donc de direction pour me diriger vers le centre ville. Je regardais l'heure sur mon téléphone, nous avions encore bien assez de temps.

Avant de répondre à mon interrogation, il avait porté son intention sur son téléphone portable. Son air me parut lassé dans un premier temps. Peut-être était-il harcelé par une jeune lycéenne exaspérante, ou bien une étudiante étouffante. En tout cas, il n'avait pas l'air réellement réjoui. Cependant, quelques instants après, son expression se fit plutôt étonnée. Je suppose que mes suggestions n'étaient pas vraiment fondées... Je crois plutôt qu'il s'était rendu compte du temps que nous avions passé ensemble, et ce message lui rappelait sûrement qu'il avait quelque chose à faire. Quoi ? Je ne le sais pas.

Finalement, il m'a semblé réfléchir aux deux options que je lui avais présenté quelques minutes auparavant. Puis il se leva et se dirigea vers le bar afin de régler l'addition : gentleman ! Je n'avais pourtant rien demandé... Je le suivis donc jusqu'à la porte, la retenant jusqu'à ce qu'il la franchisse. Nous nous trouvions donc dehors lorsqu'il me proposa de me raccompagner. Étrange... Je n'aurais pas pensé qu'il fasse un tel geste à mon égard ! Le pauvre, il doit s'ennuyer en ma compagnie, je ne suis pas comme tous ces gens qui trouvent toujours un sujet de conversation intéressant. Cependant, il n'avait pas l'air très bavard lui non plus.

Nous cheminions donc en direction des bâtiments lorsqu'il me fit une nouvelle proposition : il voulait me montrer un "endroit sympa". J'hésitai. À vrai dire, je ne pense pas avoir la même définition de l'adjectif "sympa". Mais après tout, il faut que je passe outre mes préjugés ! Et puis de toute façon, cela sera forcément un bon moyen de mieux le connaître. Je décidai donc d'accepter la proposition.

Je n'ouvris pas la bouche, le suivre était surement la meilleure des réponses. À première vue, nous nous dirigions vers le centre-ville, et à cette heure il ne devait pas y avoir foule. Que pouvait-il bien vouloir me montrer par là-bas ? Il faut dire que je ne connaissais pas encore bien les lieux. En fait, j'avais plus l'impression d'être là en touriste plus qu'en étudiante. C'est vrai ! Je me rendais compte que je ne connaissais pas les lieux... C'était un peu comme une visite guidée, mais avec un guide muet : les paroles étaient inutiles, le regard suffisant.

Les questions se bousculèrent cependant dans ma petite tête : Où allions-nous ? Pourquoi m'y emmenait-t-il ? Quel intérêt avait-t-il à me montrer un endroit qu'il affectionne ? Même si je pouvais me tromper, je doutais que soit par simple volonté de me faire découvrir le campus... À ce moment-là, j'ai cru percevoir un ralentissement de sa part. Serions nous bientôt arrivés ? Pourquoi ne pas lui demander...

"Arrivons-nous bientôt ? Et aussi, ce sera long ?"

Après avoir parler, je me rendis compte que ce sont les questions typiques que posent les gamins en voiture pour partir en vacances, et qui ont le don d'agacer les parents. Mon intention était pourtant toute autre ! Aurais-je le temps de finaliser le dessin de ma fontaine ou devrais-je, comme ce matin, me lever plus tôt pour le terminer ? Cette option n'est peut-être pas plus mal d'ailleurs, puisque la lumière qui l'éclairera sera la même... J'attendis donc sa réponse, enfin une réaction de sa part au moins.

Invité

Tandis que réfléchissais au fait qu’elle voudrait ou non venir voir ce que je désirais lui montrer, je marchais moins vite histoire de savoir sa réponse. Je pensais qu’elle allait ouvrir la bouche pour me le dire mais finalement non, elle se contenta de me suivre. Au moins nous étions d’accord que les paroles n’étaient pas toujours nécessaires pour s’exprimer. Je continuais donc de marcher vers mon endroit.

Finalement je vis enfin ce que j’étais venu trouver, une rue avec beaucoup de vies contrairement à ce qu’on aurait pu croire à cette heure et le fait que le soleil se couchait. Dans cette rue, je me dirigeais vers un restaurant chic, contemporain et jeune avec trois étoiles. Alors que j’allais en pousser la porte, les interrogations de la jeune fille. Pour la première et la deuxième aucun problème de réponse.

Nous y sommes et puis à toi de voir

Je lui ouvris la porte avec galanterie. Une fois qu’elle fut entré je repassais devant pour lui montrer le chemin. Je ne savais pas ce qu’elle allait bien pouvoir imaginer, que je l’invitais ? Surement le plus plausible mais c’était loin de ce que j’avais en tête. Je saluais les serveurs, cuisiniers en passant puis j’empruntais un escalier dérobé. J’en montais les marches jusqu’à une petite salle, assez cossue et accueillante, mais encore une fois je ne m’y arrêtais pas.

Mes pas m’emmenèrent à un dernier escalier un peu plus petit mais facile à monter, je regardais derrière moi si elle me suivait et constata que oui. Je repris mon ascension avec un peu moins de rapidité pour qu’elle ne se perde pas. Nos traversions ensuite quelques autres pièces plus atypiques comme d’anciennes chambres, petits salons, … Puis plus loin trois autres marches nous attendait, je les montais et appuya mon bras contre la trappe au plafond.

Attention

Je poussais cette trappe d’un geste fort pour débloquer le mécanisme et me hissa par celle ci, une fois en haut, je tendis ma main à la demoiselle pour l’aider à y monter. C’était assez rude comme monter mais cela en valait le coup, quand elle attrapa ma main je la hissais avec délicatesse. Nous étions sur le toit du restaurant, restaurant à plus d’une dixaine d’étages, sur ce toit, de l’herbe avait été mise, on aurait dit un jardin. Je m’allongeais un peu plus loin.

Les couchés de soleil et les étoiles sont magnifiques d’ici

À mes interrogations il répondis très sereinement. J'aurais d'ailleurs pus attendre avant de m'inquiéter sur la suite de la soirée, nous venions tout juste d'arriver. Quelle surprise de le voir m'ouvrir la porte d'un restaurant triplement étoilé ! Cet homme que je connaissais à peine m'invitait-il à manger après avoir bu un verre ? Une sensation étrange s'empara de moi : cet homme ne me semblait pas vraiment du genre à inviter le premier inconnu qu'il croisait. Que préparait-il donc ?

L'endroit lui semblait familier puisqu'il saluait tout le personnel et déambulait dans l'édifice tel le maître de maison. Il me semblait pourtant très jeune pour être le détenteur des lieux, un ami de la famille peut-être. Sans le perdre de vue, je le suivais donc, mais en faisant attention à chaque détail de chaque pièce. Car oui, c'était la première fois que j'avais la chance de pénétrer dans un endroit aussi luxueux, et rien que pour cela, je pouvais l'en remercier. Ces images allaient rester gravées pendant un bon bout de temps dans ma mémoire.

À sa suite, je traversais de nombreuses pièces, et gravissais de multiples marches alors qu'il jetait des regards discrets en ma direction afin de s'assurer que je ne me perdais pas. Lorsque je me cru dans une impasse, Aleksander souleva une trappe dérobée située au niveau du plafond. Il s'y éleva et m'aida gracieusement à l'y rejoindre. Légèrement essoufflée par cet ascension, je me demandais ce qui pourrait bien m'attendre au sommet de ce restaurant.

Je découvris alors dans l'obscurité de la nuit, une terrasse aménagée avec un jardin reconstitué pour se sentir à l'aise dans un moment privilégié sous le scintillement des étoiles. Mes yeux se mirent à scintiller lorsque je vis le soleil se coucher à l'horizon. Ce spectacle, j'y avais déjà assister, mais à terre et généralement seule. Le fait de partager ce moment avec quelqu'un procure une sensation de complicité, mais peut-on vraiment parler de complicité lorsqu'on ne se connait que depuis quelques heures ? À réfléchir...

Je suivis ensuite l'exemple de mon guide et m'allongeai sur l'une des pelouses, profitant au maximum de la vue qui s'offrait à moi. À mes yeux, le restaurant qui me servait alors d'observatoire n'était plus triplement étoilé, il l'était plutôt infiniment ! Et comme à notre habitude, nous effectuions cette contemplation dans le silence le plus impénétrable. Ici, je pourrais y rester des heures, penser à tout et à rien. À ma famille toujours aussi loin, à mes amis restés en Espagne, à Amy qui fut la première à me faire découvrir les étoiles filantes, et maintenant à Aleksander qui avait souhaiter partager ce moment avec moi.

Le temps passe tellement vite quand on profite de chaque instant. Cela faisait déjà un bon moment que nous étions là, le soleil avait finit sa course et un vent frais commençait à se faire ressentir du haut de ces dix étages. Je décidais donc de me lever et de me rediriger vers la trappe d'accès au restaurant. Mon compagnon avait surement eu la même idée puisqu'il faisait de même. Il décida de me précéder, me faisant signe de traverser le restaurant en silence, ce qui paraissait plutôt normal à une heure aussi tardive. Lorsque nous sortîmes et allions nous séparé, seule une dernière interrogation me vint à l'esprit :

"Merci mais... Pourquoi moi ?"

Invité

Tandis que je regardais les étoiles avec Julia, je me sentis happé par mes souvenirs irlandais, ce pays qui m’avait vu naître, grandir, rire, pleurer … Je pensais à mes parents restés là bas, à ma sœur qui aurait du y être, aux chevaux que j’aimais tant monter à mes amis, … En réfléchissant un peu plus, je ne savais pas bien pourquoi j’avais eu envie de partager ce moment avec la jeune fille mais ce que j’avais remarqué, c’était que j’étais bien là maintenant dans cette herbe qui n’aurait pas du être ici comme elle et moi sur ce toit de cet hôtel restaurant trop étoilé pour nous permettre en temps normal de pouvoir y mettre les pieds.

Finalement le temps était passé vite, trop vite même, une brise plutôt fraiche me ramena au moment présent, je regardais une dernière fois ces diamants dans le ciel et me leva. Je remarquais alors que Julia avait du penser à la même chose que moi puisque je la trouvais également debout. Je pris la décision de passer devant elle car la descente de la trappe n’était pas aisé et qu’il valait mieux qu’elle ne se perde pas dans le dédale des couloirs. Pour descendre je la pris par la taille histoire qu’elle ne se casse pas une cheville puis lui fis signe de garder le silence pendant que nous traverserions le restaurant.

Une fois dehors je m’arrêta devant pour l’écouter, car elle devait surement avoir quelques choses à dire la connaissant. Je remis mes mains dans mes poches en l’attendant, et je ne me trompais pas puisqu’elle ouvrit la bouche pour parler. Julia me remercia puis m’interrogea sur la raison que je l’ai emmené elle, c’était vrai que la question pouvait se poser. Mes yeux se posèrent à nouveau sur le ciel et ses milliers d’étoiles. Qu’allais je bien pouvoir répondre car moi même je n’étais pas sur d’avoir une réponse à lui apporter qui puisse à la fois la satisfaire et me satisfaire également.

Contempler ces étoiles me fait penser à mon pays, le tien doit aussi te manquer

Je me demandais bien si cette réponse lui irait ou non mais c’est bien ce que je ressentais. De plus, avec Julia il n’y avait pas toujours besoin de parler comme d’autre se sente obliger de trouver quelque chose à dire à tout moment au lieu de juste profiter. Et puis, j’appréciais Julia même si je n’étais pas du genre à le montrer, après tout je n’avais jamais été du genre à le montrer et je pense que cela ne changerait pas de si tôt. Je regardais la grande rue autour de nous puis mon regard se posa sur la jeune fille. Je tendis un papier, pas très grand à Julia avec des numéros dessus.

Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit. Tu résides au pensionnat ? Je vais te raccompagner, il fait nuit

Après cette phrase, je me remis en marche pour la raccompagner au pensionnat du lycée, car elle était un peu trop jeune pour déjà être à l’université. Si elle avait dans mon campus, je l’aurais remarqué je le pense car nous nous connaissons tous ou presque. Il y avait toujours des exclus de la société qui s’y mettait d’eux même. Même moi je n’en faisais pas parti pour dire.

À ma question, il y avait répondu d'une manière tellement simple ! En effet, lui aussi avait besoin de moments tels que celui-ci pour se retrouver dans un calme inébranlable et repenser à ceux qu'il a du laisser dans sa terre natale d'Irlande. Cette raison ne m'avait même pas effleurer l'esprit, il voulait juste partager ce moment avec quelqu'un qui pourrait le comprendre, car étant dans la même situation. Cette personne ce fut moi, et j'en fus honorée. Au final, nous avions tout de même quelques points communs, comme l'amour du silence ou le manque du passé. D'accord ça na pèse pas lourd, mais ça ne fait pas de nous de parfaits opposés.

Après avoir vécu cette expérience, je m'aperçus que tout compte fait, il n'était pas si désagréable ce grand gaillard. Je me surprenais même à éprouver un sentiment d'affection envers lui. Peu importe si cette compassion était réciproque, puisque je suppose que jamais il ne l'avouerait, cela me permettait de me sentir encore un peu plus chez moi dans cet endroit que je m'appropriais petit à petit.

Lorsque je pensais partir seule afin de regagner le pensionnat, Aleksander me tendis un morceau de papier avec ce qui semblait être un numéro de téléphone : Si jamais j'ai besoin de lui. Une attention détournée qui semble dire, sans vraiment vouloir le dire, que lui non plus ne me détestes pas. Sur ce, je pris le papier, le rangeai dans ma poche, et le remerciai de la tête. Comme il l'avais proposé, il me raccompagna afin que je ne chemine pas seule à cette heure tardive.

Comme à notre habitude, nous avancions en silence. Je profitais une fois de plus de bijoux de la nuit nous surplombant. Je profitais pour finir la soirée de chaque odeur me chatouillant les narines. Je profitais du calme que procure cet instant, avant que l'heure des sorties de boites de nuit ne vienne gâcher cette tranquillité.

Nous arrivâmes vite à destination. Le chemin jusqu'au pensionnat n'était pas excessivement long, et notre jeunesse nous faisait avancer d'un bon rythme. Nous étions à présent sur le point de nous séparer et, avant de franchir la porte constituant l'ultime obstacle qui allait nous éloigner, je me permis un petit extra qu'il allait peut-être ne pas apprécier. Tant pis, dans le pire des cas il montrerais de l'indifférence à ce geste de ma part ! Je m'approchai donc de lui et lui déposai un léger baiser sur la joue en lui glissant un simple merci à l'oreille. Je n'attendis pas sa réaction et me faufilai à l'intérieur du bâtiment, m'interrogeant sur son éventuelle réaction.

J'atteignis rapidement ma chambre et me glissai dans les draps en prenant le soin de ne pas réveiller ma voisine de chambre qui semblait dormir d'un sommeil profond. Je m'endormis rapidement, songeant aux évènements de la journée.

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