I will never forget. I will never regret. ~ feat Hisoka.

Ce n'était jamais très facile de changer subitement de Lycée, il fallait s'habituer à de nouveaux bâtiments, de nouveaux professeurs, de nouveaux élèves. Ça faisait beaucoup de changement d'un coup mais c'était encore plus difficile de devenir en plus pensionnaire dans ce nouveau Lycée. Durant toute sa vie, jamais Hisoka n'avait dû vivre aussi loin de chez lui et de sa famille. C'était la première fois pour lui qu'il ne pouvait pas rentrer chez lui le soir, après les cours. Ses parents n'avaient donc vraiment rien compris de leur fils et de son fonctionnement. Ils avaient pris la décision de l'éloigner du seul endroit où il se sentait vraiment bien et à l'abri pour le laisser en tout temps dans un Lycée. Pour l'adolescent, c'était un cauchemar qui se réalisait mais ses parents n'avaient rien voulu comprendre.
Hisoka n'avait pas eu son mot à dire et il avait dû accepter la décision de ses parents. Il avait pourtant du mal comprendre ce qui les avait poussé à choisir cette solution pour lui. Ça prouvait bien que même ses géniteurs ne savaient pas comment s'y prendre avec lui et qu'ils n'avaient aucune idée sur le moyen de lui venir en aide. Le garçon ne cherchait pourtant pas d'aide de la part des autres. Tout ce qu'il voulait c'était qu'on le laisse tranquille ou même qu'on ignore sa présence. Il n'avait pas besoin des autres pour vivre, il était très bien tout seul. Il était même plus heureux dans la solitude qu'en étant entouré de ses proches.
Personne ne pouvait comprendre ce genre de chose, il le savait très bien. Il aimait les membres de sa famille mais le bien-être et le sentiment de sécurité qu'il ressentait en restant seul, enfermé dans une pièce, il ne pouvait pas le ressentir en présence d'une autre personne, même si c'était un autre Mizuno.

Quelques jours seulement s'étaient écoulés depuis qu'Hisoka avait franchi pour la première fois le portail de l'Académie. Les premiers jours sont toujours les plus difficiles mais il n'avait toujours pas la sensation d'être plus à l'aise dans cette école. C'était assez déroutant de voir des élèves s'y sentir comme chez eux alors que lui, il n'arrivait même pas à se détendre dans sa chambre. C'était sans aucun doute parce-que cette pièce ne lui appartenait pas totalement et qu'il devait la partager avec d'autres élèves.
Il n'avait pas encore trouver d'endroit où il se sentait autant en sécurité que chez lui et il ne savait même pas s'il en trouverait un. Il doutait sérieusement sur le fait qu'il arriverait à se sentir à l'aise même dans un seul petit endroit de cette Académie. Il y avait beaucoup trop de monde et même devoir circuler dans les couloirs au milieu de tous ces élèves était une dure épreuve pour le garçon. Chaque geste du quotidien représentait pour lui un grand challenge. On ne s'imaginait pas à quel point un repas au réfectoire pouvait être une torture pour un agoraphobe.
Sa vie dans cette école s'annonçait bien difficile mais il faisait tout pour essayer de surmonter chacune de ses longues journées qu'il passait ici. Il avait réussi à retenir à peu près bien le plan des bâtiments qui constituaient l'Académie et il arrivait à ne plus se perdre, c'était déjà une bonne chose. Pourtant, il y avait toujours un petit détail qui le perturbait. Il n'avait toujours pas mis les pieds sur les terrains de sport et il redoutait de ne pas savoir comment s'y rendre le jours où il allait avoir cours.
Il les avaient observé plusieurs fois depuis les fenêtres de l'établissement mais c'était assez grand. Il avait peur de ne pas réussir à s'y retrouver le jour J s'il ne faisait pas un petit repérage auparavant. Cependant, il savait qu'il ne pouvait y aller n'importe quand. Il devait choisir le jour et l'heure où il y avait le moins de monde possible à l'extérieur pour pouvoir se concentrer sur les chemins à prendre sans être trop distrait par les gens qui pouvaient se trouver autour de lui et dont il se méfiait.

Cette occasion arriva finalement plus vite que prévu. Des nuages commençaient à recouvrir le ciel bleu dans l'après-midi ce qui n'incitait pas les élèves à traîner dehors. Il y avait toujours du monde qui utilisait les terrains de sport couverts mais beaucoup moins pour ce qui était des terrains extérieurs. C'était aussi sans compter tous les élèves qui n'avaient rien à faire autour des terrains mais qui s'y promenaient sans savoir quoi faire. A la vue des premiers nuages, ils étaient tous rentrés pour ne pas risquer de se prendre une averse.
La pluie ne faisait pas peur à Hisoka et puis il n'y avait aucune goutte qui tombait pour le moment. Il était donc courageusement sorti pour aller faire un tour dehors. Ça faisait du bien de respirer le bon air frais mais le l'adolescent n'était absolument pas détendu. Son regard balayait partout autour de lui, examinant la moindre personne qu'il croisait sur sa route.
Deux élèves, des filles, attirèrent un peu plus son attention. Elles se trouvaient un peu plus loin mais il percevait très bien les éclats de leurs voix. Les deux jeunes filles semblaient en pleine dispute sur un sujet totalement inconnu mais qui pour elles, devaient être très sérieux. Hisoka ne faisait plus tellement attention aux autres gens, il était surpris de voir des filles se disputer ainsi devant tout le monde. Il regretta par la suite de ne pas avoir été plus attentif puisque sans s'en rendre compte, il bouscula très légèrement un garçon qui marchait en sens inverse.
Il aurait été logique qu'Hisoka s'excuse devant cet autre élève mais il le regarda simplement, sans prononcer le moindre mot avant de continuer sa route. Tout aurait pu s'arrêter là si Hisoka avait heurté une autre personne, mais il avait fallu qu'il bouscule une de ces petites racailles de l'Académie qui cherchait le moindre prétexte pour créer des problèmes.

Sur le moment, Hisoka ne l'avait pas réaliser mais après quelques minutes, il se réalisa que quelqu'un marchait derrière lui, un portable à la main. Quelques minutes plus tard, un autre garçon le suivait, puis deux et ensuite trois... L'adolescent comprit rapidement qu'il y avait quelque chose d'anormal mais il continuait de marcher sans s'arrêter en direction du gymnase. Il n'osait pas trop se retourner mais il avait bien reconnu celui qu'il avait bousculé dans le lot.
Il les entendait discuter et rire derrière lui sans réussir à comprendre ce qu'ils se disaient. Hisoka ne savait pas si ces élèves qui le suivaient vraiment quelque chose contre lui ou s'il se faisait juste des idées mais il commençait à avoir comme une boule au ventre. En arrivant près du gymnase et en voyant une classe entrée, il songea qu'il avait été idiot de penser que ces garçons le suivaient alors qu'ils se rendaient sûrement à leur cours eux aussi et qu'ils s'étaient retrouver par hasard sur la même route.
Pourtant, la seconde d'après, un des garçon le dépassa pour lui barrer la route tandis que deux autres l'attrapèrent chacun par un bras pour l'amener dans l'herbe, puis derrière les buissons, à l'abri des regards indiscrets. Hisoka avait vraiment été surpris et même s'il essayait de se débattre, il n'avait pas pu résister.
Maintenant qu'il les voyaient tous face à lui, il se rendit compte qu'ils étaient bien plus nombreux que ce qu'ils pensaient. Ils étaient toute une bande et à leurs regards, il comprit qu'il allait passer un mauvais quart d'heure. Finalement, ça n'avait rien changé de venir dans cette école. Les élèves étaient tous les mêmes mais maintenant, il ne pouvait même plus rentrer chez lui à la fin des cours. Il était obligé de rester dans ce Lycée jour et nuit.

Il était toujours immobilisé par deux élèves lorsqu'un troisième lui donna le premier coup, puis deux... Les coups s'enchaînaient les uns après les autres, parfois il n'avait même pas le temps de voir lequel d'entre eux le frappait. Il les entendait rire autour de lui mais il ne pouvait rien faire, ni se défendre, ni même essayer de fuir. Il était obligé de subir chacun des coups aussi longtemps qu'ils le désiraient, Hisoka n'avait aucun moyen de mettre un terme à tout ceci.
Un dernier coup de poing dans le ventre lui coupa le souffle et les deux autres relâchèrent leur proie en ricanant. Hisoka tomba à genoux dans l'herbe et il ne comprit pas immédiatement que la situation changea tout à coup. Un autre élève était apparu, armé de son katana pour frapper l'un de ses agresseurs, ce qui provoqua même la fuite de tout le groupe. Hisoka les regarda s'éloigner en réalisant seulement maintenant qu'ils avaient été dix à s'en prendre à lui. Tout ça parce-qu'il avait légèrement bousculer l'un d'entre eux sans s'excuser.
L'adolescent ne bougea pas pendant un moment, restant à genoux dans l'herbe, une main posée sur son ventre. Il regardait toujours l'endroit où il avait vu disparaître la bande de racailles avant d'entendre la voix du garçon qui était venu l'aider. Hisoka tourna alors la tête vers lui mais pour le fixer d'un regard glacial. Les sourcils froncés, les yeux remplis de haine, les mâchoires serrées, Hisoka n'avait vraiment rien d'une personne reconnaissante pour l'aide qu'on lui avait apportée.

« Laisse-moi ! »

Le ton était sec, même cinglant. Pas un seul remerciement, juste deux petits mots qui n'avaient vraiment rien de sympathiques. C'était assez dur de réagir ainsi alors qu'il venait de prendre des risques pour lui. Rien ne l'avait obligé à intervenir, il aurait pu faire comme s'il n'avait rien vu et continuer son chemin. D'autres n'auraient pas hésité à agir ainsi pour ne pas avoir de problème à leur tour mais cet élève avait quand même pris sa défense et voilà qu'il se faisait envoyer balader alors qu'il essayait d'être gentil.
C'était là tout le problème d'Hisoka. Il ne faisait aucune différence entre les voyous qui s'en étaient pris à lui et l'élève qui les avait faire fuir. Bien sûr qu'il était reconnaissant au fond de lui de l'avoir aidé à s'en sortir mais il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il le lui dise. Il n'avait pas envie que ce type s'éternise ici, qu'il tente d'être sympa envers lui ou de le prendre en pitié. Il voulait être seul, qu'on le laisse en paix et surtout de digérer tout seul dans son coin la honte d'avoir été encore une fois la victime d'une agression.
Il commençait à se demander s'il n'y avait pas quelque chose chez lui qui attirait ce genre de voyous sans qu'il s'en rende compte. Ou bien était-ce juste de la malchance... Quoiqu'il en soit, la déception qu'il ressentait à ce moment-là semblait l'anéantir. Il était venu ici pour que les choses changent, pas pour que tout recommence avec d'autres élèves. Hisoka ne savait plus quoi penser, ni même comment réagir face à cet inconnu. Il était conscient de ne pas avoir été poli envers lui mais il ne pouvait pas faire autrement. C'était un réflexe de repousser n'importe quelle personne qui s'approchait de lui.

Le comportement d'Hisoka envers le garçon qui lui était venu en aide pouvait sembler très surprenant. La plupart des gens aurait été soulagé par l'intervention de cet inconnu et se serait montré reconnaissant envers lui, au moins en le remerciant pour son aide, mais pas Hisoka. C'était une manière pour lui de se protéger et d'essayer de faire comprendre à ce type que sa présence n'était pas désirée.
De plus, le remercier pour son aide n'aurait fait qu'accroître sa fierté de l'avoir sauver tout en affirmant sa supériorité par rapport lui. Il ne voulait pas non plus prendre le risque de voir naître chez ce jeune homme des sentiments de pitié et de compassion envers lui. Il l'avait aidé à se débarrasser de ses agresseurs, certes, mais ça s'arrêtait là. Il refusait d'accepter à nouveau l'aide de ce type sorti de nul-part pour jouer les bons samaritains.
Hisoka ne connaissait absolument rien de ce jeune homme et il n'avait aucune envie de le connaître. Le hasard avait fait que leurs chemins s'étaient croisés à un moment où Hisoka avait été en difficulté. S'il n'y avait pas eu cet incident, ni l'un ni l'autre ne se serait adressé la parole ni même échangé un simple regard. Il ne voyait pas pourquoi subitement il aurait dû faire un effort pour remercier ce type ou se montrer plus aimable.
Tout ce qu'il souhaitait, c'était que chacun puisse repartir de son côté et oublier ce qui venait de se passer. C'était vraiment trop en demander ? Hisoka n'avait vraiment aucune envie de parler avec ce garçon qui venait de le surprendre dans une situation qui était, pour lui, plus que honteuse. Il aurait préféré que personne d'autre ne sache ce qui s'était passé même s'il allait porter un moment les marques de cette violente rencontre avec cette bande de voyous.
Hisoka n'avait même pas envie de regarder ce type. Il ne voulait pas se rappeler de son visage et risquer de repenser à cet instant chaque fois qu'il le croiserait dans l'école. Il voulait enterrer ce souvenir aussi profondément que possible dans sa mémoire et s'il était capable d'en faire autant pour les souvenirs de l'autre garçon, il le ferait sans hésiter. Affronter le regard de quelqu'un qui connaissait les secrets dont il se donnait tant de mal pour les effacer de sa mémoire était très pénible pour Hisoka.
Il n'avait toujours pas bouger de sa place, restant à genoux dans l'herbe, le regard baissé vers le sol, lorsqu'il entendit la voix de l'autre s'excuser. De quoi voulait-il se faire pardonner à présent ? L'adolescent restait silencieux, il pouvait même paraître calme extérieurement alors qu'intérieurement, c'était tout l'inverse.

Le jeune garçon commençait à bouillonner de rage et le discours de l'autre élève ne l'aida pas à retrouver son calme. Qui était-il pour se permettre de lui dire ce qu'il devait faire et de le juger alors qu'il ne le connaissait absolument pas ? Il ne put s'empêcher de serrer fermement les poings en entendant l'autre lui dire qu'il était faible. Est-ce qu'il croyait vraiment lui apprendre quelque chose en lui disant ça ? Hisoka savait très bien qu'il n'avait pas un physique imposant et qu'il en était même très loin.
En voyant l'autre élève s'éloigner un instant de lui pour aller ramasser son katana, Hisoka espérait qu'il allait ensuite finir par s'en aller et enfin le laisser tranquille. L'adolescent le laissa faire, sans chercher à répondre à ce qu'il venait de lui dire, ni même bouger. Il ne voulait pas lui donner une raison de rester encore un peu plus longtemps à cet endroit qu'Hisoka éviterait certainement à l'avenir.
Malgré son immobilité et son absence de réaction, l'autre ne s'était pas découragé et après avoir ramassé ses affaires, il avait jugé bon d'en rajouter une couche. Hisoka ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait vraiment à faire en lui balançant à la figure qu'il n'avait pas d'instinct de survie ou qu'il allait finir à la morgue. Voulait-il vraiment le faire réagir ou avait-il simplement besoin de dire tout ça à voix haute comme pour se libérer ?
Pour Hisoka, il était clair que ce type ne comprenait rien et ne pouvait de toutes façons pas comprendre. Croyait-il vraiment que ça l'amusait de se faire tabasser par des gars à qui il n'avait pourtant rien fait ? Il s'en serait volontiers passé mais il n'avait rien pu faire pour les en empêcher. Ce n'était pas avec son petit gabarit qu'il risquait d'impressionner qui que ce soit. Et puis un garçon seul comme lui, qui plus est nouveau dans cette école, il était facile de s'en prendre à lui.
Au bout d'un moment, Hisoka tourna quand même la tête vers l'autre garçon, croisant alors son regard. Il ne savait pas pourquoi il avait voulu à ce moment-là regarder le visage de cet élève. Il avait un air furieux, presque tout autant qu'Hisoka, mais lorsqu'il lui demanda pourquoi il ne changeait pas, le regard du jeune garçon fut un peu différent. Il y avait toujours de la colère, du mépris envers cet élève qui ne comprenait vraiment rien mais surtout de la rage. Croyait-il sincèrement qu'Hisoka ne voulait pas que tout ceci change ?
Il essayait de changer, on l'avait même forcé à changer d'école afin de prendre un nouveau départ mais d'après ce qui s'était passé aujourd'hui, ça avait été bien inutile. Ses parents avaient pensé que c'était la seule solution mais ils ne s'étaient même pas rendu compte qu'en forçant leur fils à vivre dans ce pensionnat au milieu d'une multitude d'élèves qu'il ne connaissait pas, il lui faisait vivre son pire cauchemar, même un enfer.

Sans doute agacé de voir l'adolescent rester dans l'herbe, l'autre garçon finit par l'attraper par l'épaule pour l'obliger à se relever. Sur le coup, Hisoka avait eu envie de lui dire ne pas le toucher, sur le même ton qu'il lui avait dit de le laisser mais il n'en eut même pas le temps. Le fait d'être relevé de force ou tout simplement de bouger réveillait les douleurs causées par son récent passage à tabac. Ses yeux se plissèrent et l'expression de son visage se déforma un instant en une grimace de douleur, fusillant ensuite du regard le jeune homme.
Ce dernier se mit d'ailleurs à rire, ce qui eut pour effet d'énerver encore plus Hisoka. Son énervement retomba pourtant durant quelques secondes seulement lorsque l'autre lui proposa de l'emmener à l'infirmerie. Il avait vraiment du mal à suivre et comprendre la manière dont ce type fonctionnait. Hisoka n'eut même pas la possibilité de répondre puisqu'il demanda juste après de l'attendre le temps qu'il aille chercher quelque chose.
L'adolescent n'avait pourtant absolument pas envie de rester là, à garder ses affaires et attendre qu'il revienne. Il l'avait pris pour son chien ou quoi ? Et puis, Hisoka n'avait absolument pas l'intention d'aller à l'infirmerie pour laisser un infirmier ou une infirmière l'examiner, le toucher ou encore lui poser pleins de questions. Il en était hors de question. Il avait mal mais les douleurs finiraient par passer toutes seules après quelques jours. Il avait déjà connu pire de toutes façons.
Le fait de rester seul, dissimulé et protégé du regard des autres par la végétation avait au moins permis à Hisoka d'arriver à se calmer progressivement. L'endroit était calme lorsqu'il n'y avait plus personne d'autre que lui et même presque agréable si le souvenir de ce qui s'y était déroulé quelques minutes plus tôt n'avait plus été si présent dans la tête du garçon.
Hisoka aurait très bien pu s'en aller, partir en laissant là les affaires de l'autre. Pourquoi devait-il lui obéir après tout ? Rien ne l'empêchait de retourner dans l'établissement et pourtant il ne bougeait pas. Quelque chose le retenait ici ou plutôt il n'avait pas envie de partir tout de suite. Il était assez bien caché et s'il sortait de cette cachette, il allait devoir affronter une nouvelle fois le regard des autres sur lui ou même risquer de croiser à nouveau cette bande.
Le temps ne lui avait pas semblé si long que ça finalement et il fut même surpris de voir l'autre élève revenir si rapidement auprès de lui. Il put constater également qu'il ne lui avait pas menti puisqu'il n'était pas revenu les mains vides. Il avait avec lui des livres, ce qui semblait d'ailleurs un peu étrange puisqu'il avait été les chercher dans le gymnase.

Quoiqu'il en soit, Hisoka se retrouva assez vite avec ces livres dans les bras, sans avoir eu son mot à dire, pendant que leur propriétaire s'affairait autour de son sac. Hisoka ne détailla pas vraiment ce qu'il faisait, ses yeux étaient restés posé sur les livres et ne semblaient plus pouvoir s'en détacher pour le moment. Pendant un court instant, il laissa même ses doigts glisser légèrement sur la couverture d'un des livres qu'il tenait.
Il avait toujours aimé les livres, c'était un moyen de s'instruire et de se cultiver sans avoir à subir la présence d'un professeur ou même l'incompétence de certain à enseigner convenablement et sans être obligé également d'être enfermé dans une salle de classe remplie d'élèves. S'il avait pu faire sa scolarité en étudiant par lui même avec uniquement l'aide de livres et documents, Hisoka aurait choisi sans hésiter un seul instant cette option plutôt que de venir ici.
La voix de l'autre garçon, qui s'adressait une fois de plus à lui, ramena un peu Hisoka à la réalité. Il ne quitta pourtant pas tout de suite les livres des yeux, écoutant ce que l'autre lui disait d'une oreille un peu distraite. Zack. C'était quoi ça comme nom ? Un surnom ou bien un diminutif sans doute.

« Mizuno... »

Hisoka avait répondu sans trop réfléchir, il avait l'habitude d'être appelé par son nom de famille et non par son prénom. A part les membres de sa famille, personne avait réussi à être suffisamment proche de lui pour pouvoir l'appeler par son prénom et ça ne lui venait même pas à l'esprit que ça puisse changer un jour.
Réalisant soudain qu'il avait brisé le silence dans lequel il s'était enfermé depuis un moment, Hisoka quitta enfin les livres des yeux pour relever son visage vers ce Zack. L'adolescent semblait d'un coup se ressaisir et réaliser qu'au lieu de fuir cet élève pour ne plus être confronté à lui à l'avenir, il avait fait tout l'inverse en se présentant à lui.
Les sourcils à nouveau froncés, le regard glacial, Hisoka remit aussitôt et même un peu violemment les bouquins dans les bras de leur propriétaire. Il semblait être de nouveau furieux mais c'était plus contre lui-même cette fois. Il ne devait pas laisser tomber ses barrières qu'il mettait entre lui et les autres et qui lui permettait de se protéger.

« J't'ai déjà dit de me laisser tranquille ! »

D'un pas presque sûr, Hisoka contourna l'autre élève pour se diriger vers ce fameux buisson qui les protégeait encore du regard des autres. Il n'avait plus que quelques pas à faire pour rejoindre le petit chemin qui menait vers l'entrée du gymnase mais il s'immobilisa à nouveau. Il avait envie d'avancer, il était encore temps de fuir cet élève pour l'éloigner définitivement de lui mais il n'arrivait plus à faire même un seul pas.
L'angoisse de se retrouver à nouveau au milieu d'une foule d'élèves le paralysait. Il n'aimait pas les gens, il n'aimait pas devoir se retrouver à circuler au milieu d'eux et il n'aimait pas que ces gens puissent le voir. Maintenant qu'il avait en plus des marques visibles sur le visage, on allait sûrement encore plus le regarder, le dévisager. Il n'arriverait pas à affronter ça pour le moment, pas tout de suite.
Hisoka abandonna finalement l'idée de partir et il fit un pas en arrière, se déplaçant ensuite un peu sur le côté pour rester cacher par le buisson tout en s'éloignant un peu de Zack. Il lui tournait le dos pour être sûr de ne pas croiser son regard, fermant même un peu les yeux pour être sûr de ne pas le voir.
Il n'avait plus qu'à attendre que Zack se décide à s'en aller et le laisser tranquille comme il le lui avait demandé. En attendant, Hisoka allait resté là, debout près de ce grand buisson, un bras posé contre son ventre et ses côtes encore douloureuses. Il voulait encore une fois chercher à s'isoler du reste du monde, rester dans sa bulle comme il l'avait toujours fait et où il se sentait bien plus en sécurité.