₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 I don't speak Americano ~ feat Sora

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Zakuro Fea
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Zakuro Fea


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MessageSujet: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptyVen 24 Juin 2011 - 10:31

Le vrombissement du car derrière moi ne me fit ni chaud ni froid. Il démarra lentement, et disparut au coin de la rue, plongeant l’ambiance dans une morbidité silencieuse. L’ombre des maisons vides rivalisaient avec celle, gigantesque et fourchue d’une église menaçant de tomber en ruine. Et face à moi s’étalait l’enceinte vertigineuse d’un cimetière glauque.
Merde…. Mais qu’est ce que je foutais là ?!
Ma valise tomba au sol dans un bruit mât, soulevant une mince couche de poussière, cette dernière voilant le sol dallé de la grande rue sinueuse. Réfléchissons. J’avais dût me gourer de station. Pourquoi est ce que j’atterrissais devant le cimetière, et pas devant l’internat ? Rageant, je tournais sur moi-même pour trouver la moindre indication qui aurait put m’indiquer le chemin à prendre afin de rejoindre Keimoo. Le vent claqua, secouant la chemise blanche, qui me faisait décalquer du décor sombre comme un spectre, et fit valser mes longues mèches brunes. Mon regard balaya les grilles rouillées du lieu de repos des défunts japonais. Pfff…
Récupérant ma valise, je marchais en silence, traversant la rue, et en quelques foulées, rejoignit l’enceinte de pierre. Je n’étais pas particulièrement attiré par ces endroits, mais je n’avais non plus jamais eu le plaisir d’en fréquenter un la nuit. A mon poignet, ma montre m’indiquait qu’il était 22h 57. Yepee. Au pire, ben… ben je retrouverais bien mon chemin tout seul, nan ? Longeant le mur du cimetière, je poussais lentement la grille, pénétrant dans le lieu calme et légèrement morose. Les pierres tombales étaient très différentes d’en Occident, où il y avait des croix, des Jésus, des trucs chrétiens… là, c’était des cubes debout, avec leurs pictogrammes dessus, en katana, indiquant le nom des habitants de ces lieux. J’eus un frisson. Bordel, c’était beaucoup plus angoissant la nuit ! Je refermai lentement la grille, et posais ma valise et mon sac contre un des piliers d’entrée. J’étais certainement là pour quelques heures, sachant que je n’avais aucun sens de l’orientation, et que pour retrouver Keimoo, il faudrait certainement m’envoyer quelqu’un. JE retins un soupir, et m’engagea dans les allées étroites des pierres.

Les noms défilaient ; et je me remettais lentement à l’exercice de lecture du japonais. Bizarre à quel point ces vacances en Angleterre avaient été intensives. J’avais pas arrêté de bouffer de l’alphabet latin, et me remettre à ma langue natale, ouille ! En tous cas, ce calme apaisant, cette odeur discrète de fleur de sakura dans l’air, c’était reposant, et l’angoisse du lieu disparaissait peu à peu. Mon pied se sureleva soudain un peu, et jettant un regard au sol, j’eus un frisson d’horreur. Les secondes s’écoulèrent lentement, et je compris que mon imagination me jouait des tours. Donc, non, froussard, ce n’était pas l’os d’un bras ou l’umérus de quelqu’un, c’était un simple baton de bois sur lequel je venais de marcher. Je me penchais, pliant le jean sombre et déchiré que je portais, et le ramassai. Tiens, il mesurait presque autant qu’un boken. Je pouvais le tenir d’une main, et il était solide. La classe ! Je fis un petit moulinet, au dessus d’une tombe, puis le passais à ma ceinture, le glissant sous la boucle. De toutes façon, ce ne seraient pas les fantômes qui allaient m’attaquer ici ! Je penchais légèrement la tête. Tiens… quelle était cette lueur, là bas ? Mes yeux avaient vrillés sur un point incandescent, à quelques centaines de mètres plus loin, entre des rangées de pierre. Surpris, je me penchais pour mieux observer. Soit c’était un Tangu qui venait jouer avec l’esprit des mânes, soit c’était… une cigarette ? Mes poings se serrèrent, et je me penchais jusqu’au sol, mes genoux effleurant la terre granuleuse. Merde, je n’étais donc pas le seul, ici ! Sauf que, suivant les politesses japonaises, c’était assez singulier que de fumer devant ses ancêtres. Une racaille, un p’tit voyou ? Je ne parvenais pas à voir parfaitement la silhouette du type. Me levant lentement, je sentis le vent se glisser dans mon col, secouer mes cheveux. Un avertissement ? Je n’avais rien à craindre… avec un boken, ou même mes poings, j’étais capable de démolir n’importe qui. Slalomant entre les rangées de pierre tombale, je fis attention à ma respiration. J’hésitais entre témoigner de ma présence se rapprochant du type, ou bien au contraire rester silencieux. Un caillou heurta ma semelle. Bon, v’là, le type savait que j’étais là. Pourtant, de dos désormais, je voyais qu’il e bougeait pas. J’appercevais par la faible lueur blafarde du ciel, et l’éclat rougeâtre de sa cigarette témoignait d’une chevelure orange fluo. Waw, ça clashait ! J’eus le vague souvenir de ces cheveux… ne les avais-je déjà pas vu, une fois l’année dernière. Rah, ça craignait.

« Mec… si t’es japonais, tu devrais savoir qu’on fume pas là. »

J’eus un mince sourire. Je ne fumais pas. Mais je ne critiquais certainement pas. Chacun était libre de faire ce qu’il voulais. Je me penchais vers le mec.

« Heu, ça va ? T’as l’air un peu… vaseux… »

Il n’avait pas l’ai dans son assiette. Mes yeux se posèrent sur la pierre. Mince, peut être l’avais-je dérangé dans sa prière à Buddha ? Oups, oups, c’était carrément malpoli.

« Well… I’m sorry. »

Je reculais, gêné. Ralala, je faisais bourde sur bourde aujourd’hui.

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MessageSujet: Re: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptyVen 24 Juin 2011 - 22:51

Aujourd’hui, c’est un putain de grand jour. Parce que c’est aujourd’hui que ces foutus tocards en blouse blanche ont finalement décidé de me laisser sortir de leur purgatoire. Sérieusement. J’y ai passé 6 mois à ronfler comme un bébé, et ils trouvent le moyen de me dire de rester encore un peu malgré mon réveil ? Vous foutez pas de ma gueule, j’emmerde les tests et les mesures de sécurité. Vous aviez tout votre temps pour vérifier que rien ne déconnait chez moi pendant que jouais l’équilibriste entre les deux mondes. Enfin bref, ça n’a pas été une mince affaire de m’extirper de leurs griffes, mais au moins maintenant c’est fait.

Et la première chose que j’ai fait en sortant, c’est m’éloigner du centre-ville. Hors de question que je croise quelqu’un de ma connaissance. J’étais pas d’humeur, et je ne crois pas que qui que ce soit aie envie de croiser un fantôme. En plus, il faudrait que je leur explique tout ce bordel, et je n’en ai ni l’envie ni la motivation et la patience nécessaire. J’ai déjà du mal à me l’expliquer moi-même. J’avais besoin d’un peu de temps avant de me replonger dans toute cette agitation frénétique des grandes villes. Donc j’suis parti en solo, comme ça, sans prévenir qui que ce soit. D’un autre côté, c’est pas comme si j’avais quelqu’un à prévenir. Mes parents s’en foutent, et mes potes… Quels potes ? Bref, j’avais besoin d’être seul, de marcher un peu, histoire de me remettre les idées en place. De respirer l’air frais et pollué de la ville plutôt que celui renfermé et aseptisé de l’hôpital. Ca m’a fait un bien fou. Mais au bout d’un moment, j’en ai eu marre de tout cet oxygène. Alors je suis passé dans un tabac m’acheter des clopes, histoire de le dénaturer encore plus.

Bon, j’étais sensé avoir arrêté, mais au vu des circonstances actuelles, je crois pouvoir obtenir gain de cause assez facilement. Et puis, deux balles n’ont pas suffi à me tuer, alors ça m’étonnerait qu’un pauvre petit paquet de clope ait plus de résultats. Même si en l’occurrence, j’en ai pris deux. J’aurais bien volontiers acheté un peu de weed aussi, histoire de les assaisonner, mais c’est tellement chiant à pécho au Japon que j’ai laissé tomber l’idée. Parce que pour ça, il aurait fallu que j’appelle quelqu’un, et donc forcément, ça ruinait mon plan machiavélique qui visait précisément à ne voir personne. Donc tant pis, on fera sans. Il faut voir le bon côté des choses, fumer des clopes me donne l’air plus vieux alors que les bédos me font passer pour un ado pré pubère. Et même si on pourrait encore me considérer comme un ado, je NE suis PAS pré-pubère. Enfin je crois.

Bref passons. J’ai rien fais de très excitant aujourd’hui, enfaite. J’ai marché, j’ai bouffé, j’ai fumé, j’ai remarché, j’ai refumé, j’ai… Voilà quoi. J’ai beaucoup réfléchi, à vrai dire. Sur à peu près tout et n’importe quoi. Sur moi, sur ce qui m’est arrivé, sur ce que je vais faire ou devenir… Ouais, enfaite j’ai pas vraiment réfléchit à « tout et n’importe quoi ». Je ne suis pas n’importe quoi. Mais bon, étonnamment, la journée a défilé à une vitesse pas croyable alors que j’ai vraiment jamais autant galéré de ma vie. Enfin j’ai envie de dire, après 6 mois passés dans le coma, c’est pas étonnant qu’une journée passe vite. Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour me réhabituer au rythme de vie d’un vivant. D’un autre côté, le rythme de vie d’un mort, ça n’a pas de sens. N’est-ce pas.

Je divague, je divague, et au final je me retrouve devant le cimetière de la ville. Coïncidence ? Je ne pense pas. C’était pas vraiment l’effet escompté, pour tout vous avouer. Surtout après avoir passé autant de temps à me battre pour pas y finir. Mais bon, y aller de moi-même, ça pourrait être sympa comme provocation. Ce serait un peu, genre, un défi lancé au monde entier ! ‘Fin c’est mon avis. Puis c’est un bon raccourci, accessoirement. Je sais pas pour où, puisque je sais pas où je vais passer la nuit, mais c’en est assurément un. Alors comme on dit, roulez jeunesse ! Même si, en la présente, je n’ai malheureusement pas mon skate. D’ailleurs, il faudrait que je m’attèle à combler ce manque avant de partir en dépression. Ce serait dommage.
Déjà que j’étais pas aidé, côté moral. Ça fait pas que du bien de se réveiller un jour et de se rendre compte que le monde continue de tourner, qu’on soit là ou pas. C’est à ce moment précis qu’on réalise vraiment qu’on n’est rien, enfaite. Rien d’autre qu’un tas d’atomes et de molécules et de j’sais pas ce que je dis parce que je ne vais que très rarement aux cours de Physique-Chimie et Science de la Vie et de la Terre. Et encore, j’suis même pas sûr du nom exact de la SVT, je me souviens juste que la plupart des profs nous cassait les couilles avec le premier jour.
Et c’est chiant.

Au moins aussi chiant que de se balader dans un cimetière, à vrai dire. Y’a rien à faire, on s’ennuie, y’a aucune animation c’est… c'est... Mort. Ouais, mort. Normal, enfaite. Mes yeux glissent sur les noms tandis que mes jambes continuent mécaniquement sur leur lancée. Je ne les lis même pas, je les survole ma clope au bec. C’est pas comme si je connaissais qui que ce soit d’ici, après tout. J’suis à Keimoo que depuis deux ans, et j’ai pas pour lubie d’aller dans les zoos pour vieux. Comment ils appellent ça, déjà ? Ah ouais, "maison de retraite".
Bref. Je dis ça et pourtant, ça n’a pas empêché mon regard de s’accrocher sur un nom qui me rappelait vaguement quelque chose. Mais vraiment très vaguement. Enfin, suffisamment pour que je m’arrête dessus cela dit. Au sens littéral du terme.

Je restais un moment planté là, à essayer de me rappeler qui ça pouvait bien être. Je n’avais pas encore posé le doigt dessus quand un énergumène suicidaire m’interrompit. J’suis pas trop d’humeur, pour être honnête. J’ai même carrément la rage. Je pensais que cette journée passée à marcher m’aurait calmé, mais apparemment non. Zut, d’habitude, ça marche -OHOHO, JEU DE MOT. Enfin. Je courrai la prochaine fois.


« Mec… si t’es japonais, tu devrais savoir qu’on fume pas là. »


Je ne réagis pas, lui laissant le temps de réaliser son erreur. Puis, enfin, je répondis, sans me retourner pour autant.

« Je ne suis pas japonais. »

Pas de pot, mauvaise pioche. Il se rapprocha de moi. Je ne mouftais pas plus. « Heu, ça va ? T’as l’air un peu… vaseux… », me demande-t-il.
Vaseux. J’ai l’air vaseux. Décidément, on risque pas d’être pote, lui et moi.

«On ne peut mieux. Je me sens… Revivre. » Mon regard malicieux glissa cruellement jusqu’au sien, énigmatique.

« Well… I’m sorry. »

Je tournais la tête pour me repencher sur la sépulture en face de moi. Décidément, je ne voyais pas qui ça pouvait bien être. Bah, peu importe. Dédaigneux, je jetai mon mégot d’une pichenette qui l’envoya s’écraser tout droit sur la pierre tombale. La petite braise incandescente m’arracha un sourire lorsqu’elle éclata dans un minuscule feu d’artifice fait de cendres. Il ne manquait plus que la pluie et on avait droit au plus gros cliché mélodramatique de l’époque.

« J’aurais pu être à sa place. » Je me tus un instant, pensif. « Mais c’est pas le cas. » A ces mots, je me retournai brusquement, écartant les bras en guise de présentation. Oui, c’était une forme de provocation ; ça voulait dire, en gros, matte-moi comment qu’j’suis musclé, à tel point que j’peux t’étaler en deux coups. Ce qui n’était probablement plus vrai, après six mois d’inertie totale. Mais on ne se refait pas. Grande gueule un jour, grande gueule toujours

« Et sinon ? Tu fous quoi ici, à part me casser les couilles parce que j’respecte pas vos petites coutumes à la con ? »

Il n’en fallait pas plus pour que je commence à lui tourner autour comme un rapace affamé. Ce qui était plus ou moins le cas, d’ailleurs. Je ne saurais dire qui sera la victime de qui, à la fin de l’histoire, mais j’ai brutalisé suffisamment de personnes pour savoir à quel point le charisme et la mise en scène sont importants. Et j’étais devenu plutôt bon à ce petit jeu, avec l’expérience. Fort de ces agréables souvenirs, mes yeux d’or s’embrasèrent de leur lueur d’antan, et mon sourire carnassier s’étirait de part et d’autre en dévoilant allègrement mes canines tranchantes.

« Une valise ? Tu comptes camper ici, le gothique ? En manque d’inspiration lugubre pour écrire ton petit poème d’amant au cœur brisé ? »
Un ricanement de mépris accompagna mes paroles. « Si c’est que ça, ça peut s’arranger, tu sais. Il parait que je suis très… Macabre, comme garçon. »

Je lui souris de plus belle, faisant craquer mon cou avec morbidité. Il faut avouer que j’avais tellement vu la mort de près ces dernières années que la prochaine fois, je pourrais presque lui proposer une bouffe. A condition que ce soit elle qui invite.

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MessageSujet: Re: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptySam 25 Juin 2011 - 6:49

« Je ne suis pas japonais. »

Effectivement, je m’étais assez gouré. La tenue « politesse » que je m’imposais depuis mon retour à Keimoo cette année semblait ne pas du tout avoir contaminé ce type. Pourtant, il ne ressemblait pas non plus aux autres (nombreux) étrangers que j’avais pu croiser l’année dernière. Il y avait du Japonais en lui. Je respirais légèrement.

«On ne peut mieux. Je me sens… Revivre. »

Son regard, mystérieux… malicieux, limite méchant (ouais, je suis parano, je sais) accrocha le mien. Revivre ? Dans un cimetière c’était assez sordide … et cocasse. Mais ça me questionnais. Qu’avait fait ce mec pour avoir eu un jour le sentiment que la vie le quittait ? Déprime ? Neurasthénie ? Exil ? J’y réfléchissais quand il se retourna vers la sépulture.
Rectification. Il semblait littéralement impossible qu’il prie en face du jardinier du Parc d’Osaka. Parce qu’il n’avait pas l’accent. Tout con. Pfff, j’aurais dût regarder avant. Mes yeux, plissés, suivirent la lente parabole du mégot.



« J’aurais pu être à sa place. »

Voix placide, presque pensive. De quoi ? Du jardinier ? Euh, ouais, un peu comme tout le monde. Teint mât… pourtant usage excellent du japonais. Des boucles d’oreilles aussi. De profil, je ne parvenais pas à détailler totalement mon interlocuteur. Mon regard bleu chuta sur la cigarette.

« Mais c’est pas le cas. »

Il se tourna vers moi. Violemment. Le reflexe me prit d’instinct. Boken à demi déguainé, bassin tourné à 45°, position kibadachi, légère. Brèves milisecondes d’analyse de son corps, de sa position. Ok, j’étais sur les crans, ce mec ne m’attaquais pas. (Encore). Je me redressais lentement, gardant la main droite sur la garde du boken.

« Et sinon ? Tu fous quoi ici, à part me casser les couilles parce que j’respecte pas vos petites coutumes à la con ? »

Le pouce sous le Boken, les doigts refermés avec douceur et délicatesse sur la garde du bâton. Miyamoto Musashi a dit « Tenez votre arme comme vous tiendrez un œuf. Ni trop fort ni trop doucement. Simplement avec délicatesse et souplesse. »
Un Shinikami. Ce mec est un Shinikami. Un putain de moqueur, de crâneur, de blasphèmeur, ouais ça se dit pas, je sais. Mais il dégage une classe, en dehors de sa grande gueule et de son petit show. Combattant ? Avec une arme, je sais me débrouiller. Très bien même. Mais moi qui pensais être capable d’éclater d’une pichenette la plupart des mecs ici… raté. Je devine sous les vêtements provoc’ des muscles ne laissant aucun doute sur la capacité physique de ce type. Raaah, des fois, c’était bien les bisounours : « Bonjour je m’appelle Machin ! Enchanté de te rencontré Machin, je me nomme Truc ! »
J’eus un rire mental. Il me tournait autour, imposant ses limites. Mais bien sûr… ! Sauf que… okay, j’avais aucun ‘’sauf que’’, mais je ne comptais pas me faire ridiculiser par un type comme ça. Type comme ça… Shinikami à l’aura impressionnante. Combattant… Je plissais les yeux, toujours raide.


« Une valise ? Tu comptes camper ici, le gothique ? En manque d’inspiration lugubre pour écrire ton petit poème d’amant au cœur brisé ? Si c’est que ça, ça peut s’arranger, tu sais. Il parait que je suis très… Macabre, comme garçon. »

Il se stoppa en face de moi. Et, là, je fus presque étonné qu’il ne rigole pas devant ma tronche. Gothique ? Moi ? J’avais la gueule d’un gothique, peut être ? J’explosais de rire.

« N’importe quoi ! »

Mon rire se repercuta dans le cimetière. Ben walaaaaaa, j’suis maudit pour les quarantes huit prochaines années de mon existence ! Ah bah non, peut être pas, si c’est un Shinikami qui me fait rire. Je levais la main à la hauteur de mon visage, massant mon visage, puis la relaissait tomber à mon sabre, un sourire aux lèvres.

« Mec…. Sérieux, je ressemble à un gothique ? Pas cool, quoi ! Chuis là parce que… comme un con je me suis gouré dans mes instructions au chauffeur de bus. Je voulais aller à Keimoo, un Internat du coin. (Tu connais ?) Bref. Et pis, je me suis retrouvé là. Je suis rentré ici simplement parce que j’étais jamais venu ici. Je suis pas du genre nécrophile, tu sais ? »

Mon regard se porta sur la croix en fer de Christ qui reposait sur la poitrine du mec. Soit provoc soit exhibitionniste. Ou les deux. Retenir le fait qu’il soit du genre m’as-tu vu. Le prononcer aurait été signé un contrat de mort. Pas forcément pour moi, répliqua une voix interne.

« Macabre ? Qui sait. J’aime bien ton style, tu t’démarques. J’aime pas les BCBG, ceux qui se noient dans la foule. Nonobstant, je me demande si je t’ai pas déjà vu, une fois, l’année dernière… à Keimoo, nan ? »

Sourire, simplement, sans moquerie ni rien.
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MessageSujet: Re: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptyDim 26 Juin 2011 - 16:16


N’importe quoi. Je vais t’en foutre moi, du n’importe quoi, petit con ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité sérieux, le type il se trimballe une valise dans un cimetière et il me balance un « N’importe quoi ! » comme ça. Fous-toi de ma gueule.
Et en plus ça le fait rire. Ok, calme, Sora, calme. Il est probablement un peu simple d’esprit. Ne t’énerve pas pour si peu. On sait où ça t’as mené la dernière fois, fais pas le con.
Ok, je suis zen.

« Mec…. Sérieux, je ressemble à un gothique ? Pas cool, quoi ! »
Je lui laisse un petit temps un petite temps de réflexion, histoire qu’il se rende compte qu’il venait de sortir une connerie plus grosse que lui.

« … T’es pâle, t’as les yeux bleus, les cheveux noirs, une coupe de pédale et je te parle même pas de tes fringues. Donc ouais, t’es un gothique. Ou un emo. Ou une grosse tata. Rayez la mention inutile. »

Ça, c’est fait. Je lui avais lâché ça avec l’évidence même du cliché qui en émanait, froid et irréfutable. Et même si les mots étaient différent, mon ton laissait clairement sous-entendre « J’ai dis. Donc ferme ta gueule. » C’est samedi, c’est gratuit.

« Chuis là parce que… comme un con je me suis gouré dans mes instructions au chauffeur de bus. Je voulais aller à Keimoo, un Internat du coin. (Tu connais ?) Bref. Et pis, je me suis retrouvé là. Je suis rentré ici simplement parce que j’étais jamais venu ici. Je suis pas du genre nécrophile, tu sais ? »

Ok. Donc il est vraiment con, c’est pas qu’une impression. La seule réponse que je lui fournis fut un soupir de consternation. Et, machinalement, je portai une autre cigarette à mes lèvres, l’embrasant avec une allumette avant de la faire voler d’une pichenette. Old School Style. J’en avais chapardé une boîte tantôt à une de ces espèces de baraque de nouilles ambulante, parce que oui, forcément, j’achète des clopes et j’oublie que je n’ai plus de zippo. Heureusement qu’il n’y avait pas de vent.

« Macabre ? Qui sait. J’aime bien ton style, tu t’démarques. J’aime pas les BCBG, ceux qui se noient dans la foule. Nonobstant, je me demande si je t’ai pas déjà vu, une fois, l’année dernière… à Keimoo, nan ? »

Comme c’est touchaaaant, il me flatte, ce brave petit ! Malheureusement, me caresser dans le sens du poil ne suffit pas à s’attirer mes bonnes grâces. J’apprécie le compliment, néanmoins. Mais bon, je ne crois pas avoir déjà vu plus ridicule en termes de tentative d’approche. En plus, essayer de donner dans le social en étant raide comme un manche à balais et en position de dégainer son… bâton, bah c’était probablement pas la configuration la plus optimale. Inconsciemment, mon corps se raidit et se plaça dans une position plus confortable pour se défendre. Je n’avais donc pas tout perdu, c’était rassurant. Cependant, un frisson me glaça l’échine : ce n’était vraiment pas le moment de se battre. J’ai beau être une brute sanguinaire, je suis néanmoins doté d’un cerveau. Ou d’instinct de survie, à défaut. Quoiqu’il en soit, pas besoin d’avoir fait polytechnique pour comprendre qu’un combat serait la pire chose qu’il puisse m’arriver en l’état actuel des choses. Quoiqu’une pénurie de Chupa Chups serait bien pire, après réflexion. Mais les probabilités que cela arrive sont moindres.
Bref. Je lui répondis dans un éclat de rire tonitruant.

« Aaaaw, comme c’est touchant, Dora l’exploratrice ! J’aime bien ton style, devenons amiiis ! »
Sérieusement. Il avait l’air sincère, en plus. Comment diable peut-on être aussi naïf et simplet ? Un mystère de plus à l’énigme du genre humain. Enfin. Une fois que j’eu recouvert mon calme, j’entrepris de répondre à sa question.

« A l’académie ? Probable. J’y suis depuis deux ans. Enfin, étais plutôt. J’suis pas sûr d’en faire encore partie, maintenant. Bref, j’sais pas comment ça va se passer, ça a été un beau bordel ces derniers temps. En tout cas, moi j’ai jamais vu ta tronche. T’es qui ?»

Je le jaugeais une nouvelle fois du regard. Se servir d’un bâton comme d’une arme improvisée pouvait être assez courant lorsqu’on doit se battre, mais la manière dont il le tenait n’avait rien de conventionnel. Ou peut-être bien que si, justement. Rien à voir avec l’attitude d’un mec prêt à se jeter à corps perdu dans la bataille juste parce qu’il donnerait n’importe quoi pour défoncer un type. Lui il était plus posé, plus contrôlé. Sa posture me faisait penser aux samouraïs mais bon, il aurait quoi, un millénaire de retard ? Sérieusement. Faut vire avec son temps. Cela dit, il n’avait pas l’air méchant. Redoutable, peut-être, mais dangereux, c’est peu probable. Par expérience, je dirais qu’il n’est pas du genre à donner le premier coup. Un bon point pour moi. Faisons preuve de subtilité et tentons une nouvelle approche.

« Si j’ai bien compris, t’es paumé, c’est ça ? » Je tirais la dernière latte de ma clope entre deux phrases, marquant un petit temps d’arrêt pour laisser la fumée s’exhaler d’elle-même par mon nez. J’étais en train de l’écraser au sol quand je repris. « T’as besoin d’un guide ? J’connais bien la ville. Forcément, j’y ait passé plus de temps qu’en salle de classe.»

Et je lui souris. Le genre de sourire mi-figue mi-raisin qui laissait sous-entendre que j’avais une petite idée derrière la tête. Ce qui n’était pas tout à fait faux.


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MessageSujet: Re: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptyDim 26 Juin 2011 - 17:39


« Aaaaw, comme c’est touchant, Dora l’exploratrice ! J’aime bien ton style, devenons amiiis ! »

J’eus un sourire. Okay, restons calme. J’avais tenté l’approche gentille. Il se foutait de ma gueule, ça j’aimais pas. Dora l’exploratrice… mon sourcil se leva, presque amusé. Ri-di-cule. Je ne niais pas avoir songé aux Bisounours, à l’instant, mais bon. Ce mec et moi ne nous connaissions pas. J’étais là depuis un an, et j’avais foutu le bordel, assez pour être « rebelle ». Ce type était une kaïra… j’eus un mauvais sourire. Je portais pas ces types dans mon cœur. Coiffure de pédale, parlons pas de tes fringues… sérieux, on dirait un collégien obsédé par son acné. Le genre de bassesse qu’on entend dans les cours d’école. Je déglutit, ravalant une réplique amère. Fallait pas que je me batte, sinon ça allait encore dégénerer. Je voulais pas quitter tout de suite Keimoo à cause d’un Shinigami. Un sale Shinigami dont les vêtements exhalaient une odeur de peinture. Un artiste des rues ? Mes yeux se plissèrent. Bordel…
J’avais plus envie de rire. Qu’est ce qui m’avait calmé ? Le fait qu’il se foute de moi ? Même pas. Quoi que. J’avais pas aimé l’exagération du profil type gothique. Cheveux pédale. Pfff…

« A l’académie ? Probable. J’y suis depuis deux ans. Enfin, étais plutôt. J’suis pas sûr d’en faire encore partie, maintenant. Bref, j’sais pas comment ça va se passer, ça a été un beau bordel ces derniers temps. En tout cas, moi j’ai jamais vu ta tronche. T’es qui ?»

Je tapotais du bout des doigts sur le bâton. Il était solide et de la taille d’un bokken, ok. Mais il était un tantinet trop souple. Un coup mal placé, trop vif, et je risquais de le briser en deux. Mes yeux pétillèrent.

« Zakuro Fea. »

Normalement, celui qui voulait connaitre le nom de son interlocuteur se devait de décliner en premier en son identité. Règle de politesse japonaise. Okay, ce type était juste un emmerdeur qui refusait les conventions nippones. Et moi j’étais un con à vouloir devenir un gentil petit garçon. Merde, pourquoi est ce que je me comportais comme ça, déjà ? ‘Tain, simplement à cause d’une promesse pour mon père. Sois sage, et tout ira bien. J’étais plus un gosse et je m’étais fais lamentablement piégé.
Oui papa, je serais un gentil con.
Mes notes ici étaient remontées. Je m’étais fais des amis, un peu. J’aimais Keimoo, parce que c’était loin de chez moi. J’aimais Keimoo parce que j’étais libre. Aucunes contraintes, rien. Ma paume s’aplatit contre mon visage, tandis que le marmonnement furibond s’échappait de mes lèvres.

« Ah putain, je suis trop con ... »

Mes doigts s’aplatirent lentement contre mon visage, chutant en travers de mes yeux, écartés, comme une barrière à la colère qui montait lentement dans mon ventre. La racaille en face, parle, fume, me propose quelque chose. De m’aider ? Ahahaaaaa, c’est trop gentiiiiil…

(…)

Mon regard bleu se vrille dans ses yeux à lui. Yeux d’or. Mes lèvres s’étirent en un sourire carnassier. Icare volait trop haut. Ses ailes se sont cramées, il est tombé. Et il mort. C’est con. Faut pas se prendre pour un shinigami, mec. Ma main tombe de mon visage. Je suis con. Mais lui il l’est aussi. Je m’avance de quelques pas, assez proche pour que sa putain d’odeur de clope me rentre dans les poumons. Mon bokken effleure sa cuisse.

« Eyh, chéri, pourquoi pas. Tu m’accompagnes bien doucement à mon école, vu que je suis un petit collégien perdu ? C’est trop grave ! »

Je sais qu’il peut me frapper. Mais la seule chose dont j’ai peur, en ce moment, c’est de Dieu. Je suis le serviteur de dieu. Je suis perdu. Dans un cimetière. Perdu. Avec un putain d’ange de la mort. Les souvenirs affluent. Je vois les entrainements intensifs, au sabre… le maitre, le bushido peint en encre de chine sur un papier cloué au mur, le tatami et son odeur de paille sèche… l’œil du dragon, une moséique éclatée sous mes pieds, le bruissement du kimono quand les corps se déplacent… le feu qui embrase la bougie. Les paroles de l’homme, le sage, le vieux maitre. Et celle, qui s’impsoent soudain, des lèvres d’un homme occidental, beaucoup plus jeune.

« On ne peut pas encore conclure. Il a des troubles, effectivement, mais il est impossible de diagnostiquer une schizophrénie infantile. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il est actuellement bipolaire. C’est surtout à prendre en compte en fonction des... »

La voix s’efface dans le hurlement du vent. L’image du bureau du psy se dissipe pour laisser place à une branche de cerisier en fleur, devant la montagne sacrée. Je suis à genoux, et je ramasse une minuscule fleur blanches, aux teintes rosées. Je lève mes mains d’enfants, et mon regard occidental, regard trop bleu, comme le ciel, plonge sur le Fuji. Je suis seul, j’ai échappé à la surveillance de mon Anglais de père.

« Je suis la réincarnation de Miyamoto Musashi ! Rien ne me fait peur ! Je vais survivre, toujours, et je vais grandir. JE vais être le meilleur sabreur du monde, et je vais écraser mes ennemis ! »

Je me sens me lever. J’ai quel âge, déjà ? 7, 8 ans ? La fleur, je la broie dans mes doigts. Sakura, symbole ancestrale du Japon. Belle, mais éphémère. Je ne suis pas une Sakura. Je suis le vent. Ce vent qui court sur le Japon depuis la Féodalité de ces terres. Mes yeux se plissent, et mes mèches brunes effleurent mes joues d’enfants.

« Je ne tiendrais plus aucune promesse, qui ne me tienne à cœur. »

Je déchire lentement dans ma paume les pétales. Je sens l’humidité couler entre les plis de ma peau. LE kimono bleu que je porte, pour l’occassion de la fête de printemps claque dans le vent.

« Je ne laisserais personne faire ce qu’il veut de moi. Je suis un Rônin. »

(…)

Mes yeux se posent sur ceux d’or du garçon. Crise bipôlaire, tu sais ce que c’est, toi, chéri ? Nan, tu sais pas. Toi t’es tout le temps plongé dans les ténèbres superficielles d’un monde économique. Toi tu ne sais pas ce qu’il y a dans ton sang. Toi tu ne te bats qu’avec tes poings, pas avec ton cœur. Revivre ? Laissez moi rire. C’est le genre de mec qui se prend pour un psychopathe, mais qui une fois qu’il a rétamé son adversaire au sol, n’a plus aucune dignité. JE suis vieille école ? Mais j’en ai alors mais rien à foutre ! J’ai mon honneur. Et ça prouve que je suis vivant. Bien plus vivant que ce type.

« Accompagnes moi, si tu veux. Montres moi le chemin. Après tout, c’est à ça que ça sert les chiens, non ? Sauf que la différence entre les chiens et les hommes, c’est que les chiens ne mordent pas par derrière. »

Tout en moi est provocation à ce type. Effacé le gentil Zack. Je ne suis pas un « quelqu’un ». Je me bats. Lui aussi. Mais nous n’avons pas les mêmes idéaux. Mon bokken quitte sa cuisse, et je me détourne, sans un regard, me dirigeant vers les valises. Après tout, il fait ce qu’il veut. S’il veut me suivre, tant pis ? J’ai lu dans son regard une saloperie. Qu’il essaie. Je récupère ma valise, mon sac, et franchis la porte de métal qui garde l’entrée du cimetière.
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MessageSujet: Re: I don't speak Americano ~ feat Sora   I don't speak Americano ~ feat Sora EmptyJeu 11 Aoû 2011 - 11:54

Zakuro Fea. Un nom à… Ne pas retenir, enfaite, parce que j’en ai rien à foutre de ce pauvre type. Enfin je pourrais toujours me foutre de la gueule du petit gothique paumé dans un cimetière avec sa valise, mais pour ça j’ai pas spécialement besoin de son nom. C’est pas comme si j’allais écrire sur son mur facebook « Haha boloss, la prochaine fois pas la peine de prendre toute ton armoire pour aller faire tes rituels satanico-gothiques dans le cimetière, sale emo ! ». Je pourrais, certes, mais bon j’ai un peu pas que ça a foutre. Et j’ai pas facebook. C’est de la mayrde. Et ça ruinerait probablement la si belle réputation que je me suis forgé dans cette merveilleuse cité. Ouais parce que bon, qui ne s’est jamais retrouvé tagué sur des photos de classe de 6e ou sur celles de notre naissance. Bref, hors de question. T’imagines le bordel ? « Aaaaw, regarde comme il était choupi quand il était petit ! –Ouais, et maintenant c’est le pire des connards. ». Merci mais non merci quoi.
Bref. C’est marrant cette tendance que j’ai à toujours divaguer pour de la merde. Effet secondaire ? Débilité profonde ? Je devrais consulter. Mais plus tard. Là, ‘fallait que j’me focalise sur ce plouc. Il m’faisait doucement rigoler, quand même. Et le plus drôle avec ce genre de phénomènes, c’est quand ils commencent à s’énerver. Ce type là, c’est clairement un dark timide comme dirait quelqu’un de connu. Le genre qu’a l’air tout gentillou au premier abord, mais qu’est enfaite un putain de gros rageux qui explose comme une furie dès que tu dépasses son seuil de tolérance. Ce qui était bien le cas actuellement, semble-t-il. Et c’est tellement drôle. Ils me font penser à l’angry german kid, tout aussi pitoyables et pathétiques.

Enfaite, pour être honnête, il avait dépassé mes espérances. Il n’était pas du genre explosif, mais plutôt je-me-donne-un-genre. Encore plus drôle. J’avais vraiment du mal à me retenir de rire en lui crachant tout le fiel du monde à la figure. Et c’était d’autant plus difficile quand je sentis son bâton effleurer ma cuisse. Boh, c’était pas la première fois qu’un putain de gay me faisait des avances maintenant, j’avais plus tendance à en rire qu’à en pleurer du coup. Surtout quand c’était aussi grossier. Même Barbie savait faire preuve de plus de subtilité.
Et là, cerise sur le gâteau, il me fit l’honneur de déblatérer ses conneries en essayant de parler comme un mec dans le vent. Irrésistible. J’éclatais de rire ostensiblement, si bien que j’ai dû m’éloigner de quelques pas pour me tenir le bide, plié en deux. Dans ma vie, j’en ai vu, des mecs qui font pitié. Mais à ce point-là, jamais !

« Hahaha ! T’es une blague, garçon, une putain de grosse blague ! C’est juste trop drôle, si tu voyais ta gueule ! »

Je lui avais lâché ça entre deux contractions abdominales, à bout de souffle. J’avais tellement rit qu’il fallait que je m’asseye. Ce que je fis, posant mon délicat séant sur la première surface accueillante que je trouvais. Oui, fatalement, c’était une tombe. Super justicier n’allait pas être content, et si par malheur il lui piquait l’envie de s’énerver de nouveau, je crois que je ne survivrais pas. Mourir de rire était probablement possible vu l’état dans lequel je me trouvais actuellement. Je repris un tant soit peu de sérieux, m’adossant contre la pierre tombale, histoire de le charier un peu plus.

« Non, sérieusement, bravo garçon. Personne ne m’avait fait rire comme ça depuis plus de six mois. » Je marquais un temps d’arrêt avant de conclure, pragmatique. « D’un autre côté, j’ai pas rencontré grand monde dans mon coma. »

Je souris. Je n’avais plus aucune envie de me lever, et surtout je n’en avais plus la force. C’est fatigant, de rire. Ma tête glissa contre le bloc de pierre, et je repris. Le plus fort, c’est que je le regardais de haut, alors que techniquement j’étais à un niveau plus bas que le sien. M’enfin, on a la classe ou on ne l’a pas, n’est-ce pas.

« Enfin, fais gaffe quand même. Faut pas parler comme ça à n’importe qui. Et je ne suis pas n’importe qui. » Je levais mon index verticalement, pointant le ciel en l’accompagnant de mon regard. « Sora. C’est mon nom. Ne l’oublie pas. Quoi que tu fasses, le ciel sera toujours au-dessus de toi. »
Ce n’était pas une menace. Juste une vérité évidente, digne de ce bon vieux Captain Obvious. Il m’avait trop fait rire pour que je puisse avoir des pensées négatives à son égard. Tout du moins, pour le moment.

Je le regardais s’éloigner, prit d’un doux ricanement faisant écho à mon fou rire passé. Puis je rassemblais mes deux mains autour de ma bouche, m’en servant de porte-voix improvisé étant donné la distance qui nous séparait. Ma voix déchira le calme plat qui enveloppait toute cette partie de la ville.

« Et au fait, un chien qu’a faim, il en a rien à péter que tu sois de dos ou de face ! Il est là pour te bouffer, pas pour respecter un code d’honneur créé par l’homme ! »

Un ricanement malsain s’éleva une fois de plus dans les airs, puis un silence morbide reprit possession de son précieux cimetière.
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