Voiles au vent, Rivage au loin ..

Et que les quais sont beaux. Ça, Kodaa se le disait souvent, observant les Navires voguer lentement à l'entrée, au-dedans, et à la sortie du port. Et que c'était beau lors du coucher de soleil, lorsqu'ils se dépêchent de rouler les voiles, finir le nettoyage du pont. Ah, que ces matelots sont chanceux avait-il si souvent pensé. Un marin, n'est pas forcément content de son métier, lui aurait préféré être pied-à-terre, avec une famille et des amis, non des coéquipiers. Kodaa, lui voyait ça d'un autre œil. Voyager sur les eaux, traverser les océans, rencontrer sans cesse de nouvelles personnes lors des escales, porter la marinière fièrement.. C'est caricaturé, mais c'est si enviable ! Et, et faire tout ce qu'ils font de si fabuleux. Ah, c'en était un bien beau.. Un bien beau rêve, irréalisable, juste une illusion. On aime souvent à rêver l'inaccessible. Et le faire s'envoler dans la flot de la fumée d'une cigarette, elle aussi bien éphémère. Ou être un oiseau, enfin ça c'est pire encore.. Du point de vue de l'accès.. C'est plus compliqué d'être un Maitre des airs, qu'un Maitre des eaux. Et mieux encore, être un Matelot, libre, dans un coin paradisiaque que personne n'aurait perverti ou civilisé avec des broutilles. Juste des cigarettes, un navire, un allié proche, et en avant les aventures ! Non, mais vous imaginez vous ? Un bateau ?! Un vrai de vrai, pour naviguer, explorer les fonds marins.. Ah. Et plus Kodaa songeait à de telles choses, plus il se disait que le revers de la médaille devait être moche et dur. Les pauvres, en fait ils dégustaient bien leur paradis flottant.. Mais allongé sur les quais de la berges, le rouquin découvrait, ou plutôt, imaginait, les joies et les tristesses, les lettres et les complaintes, les souvenir et les envies des marins.

La question du jour est, qu'est-ce que foutait Kodaa sur le quai du port. Lui même n'en savait rien. Depuis que Lun et lui s'était embrouillé, et depuis la St-Valentin, il était venu, chaque jour, au moins une heure, peu comme s'il se reccueuillait devant une tombe. Faut dire que là, c'était pas spécialement le cas, mais bon, songer à quelqu'un qui nous aurait quitté, peut-être pas physiquement, mais du moins moralement.. Dans ce cas, le souvenirs ne ramènent pas non plus les personnes. C'est pour ça qu'un bateau, c'était une bonne idée ! Comme ça, Kodaa se disait, qu'il pourrait rattraper tous ceux qu'il a laissé en Angleterre, les serrer ans ses bras puis repartir comme si de rien n'était. Et puis..

Oui, ça lui arrivait de parler seul. Surtout lorsqu'il pensait à ses compagnons d'Angleterre, qui avaient sans doute disparus de là-bas à l'heure actuelle. Lun était ici, Hélios l'avait peut-être été, et les autres, faut l'admettre.. Kodaa n'en avait plus entendu parler.. C'est triste, pauvres Mousquetaires. Mais ici, Kodaa s'était fait un semblant d'amis, d'anciennes conquêtes, et d'amants.

Une.. Une fille ?! Que faisait-elle ici ? Depuis quand était-elle là ? L'avait-elle écouté plus ? Kodaa rêvait-il ? Elle souriait, un peu, du coin de la bouche. Elle semblait belle, d'un premier coup d'œil. Enfin, l'inspection n'était pas de rigueur en cette fin de soirée. Kodaa se releva donc, restant assis comme il se doit, les jambes sur le flanc des quais, assis, cigarette en bouche. La terminant, il l'écrasa à ses côtés, comme le cadavre des autres, et s'en alluma une autre.

Ou comment passer pour un fou en manque d'inspiration, solitaire et qui semble déprimé.