Tea time [PV Akira] / FINI

Tout juste descendu du bus, Akira suivit Yu en s'adaptant à son rythme. Il n'était pas quelqu'un de pressé, et cela lui permettait surtout de profiter de l'air frais, et de visiter la ville, découvrir de nouveaux lieux, retenir les divers chemins empruntés, pour graver ce souvenir dans ses moindres détails, mais aussi pour un emplois ultérieur - savait-on jamais. Mais il n'eut pas à attendre longtemps. A peine ses semelles avait finie de laisser de légères traces de sable humide au sol qu'il arrivait à un salon de taille modeste, mais plutôt bon genre. S'échappant enfin de la foule et de son éternel brouhaha, il mit les pied dans le café, jetant un œil furtif à la salle entière. Peu de monde, un silence respectueux, une température agréable et surtout une douce odeur légère et fruitée réconfortante, le temps à l'extérieur ne s'arrangeant point.

Un serveur s'approcha de Yu, pendant qu'Akira observait la place. Un deuxième apparut face à lui, montra poliment de sa main le siège qu'il accordait au jeune homme, juste en face de son ami qui s'était déjà installé, patient mais un poil l'air bougon. Akira prit place, salua le serveur d'un signe de tête discret, et commanda sans attendre une carafe de lady grey local, certain que sa subtilité serait une valeur sûre. L'homme s'éloigna avec avec son bloc note en main, tout en remerciant les deux élèves de l'Académie. Akira se pencha légèrement, un sourire en coin, observant Yu droit dans les yeux, et attaqua de front.

- Alors, tu fais partis du club d'athlétisme ? J'aimerais en savoir plus, si cela ne te dérange pas. Je te prie de m'excuser de lancer directement le débat sur ce sujet, mais le sport est un besoin, une drogue, une fascination, et ton statut de sportif fait de toi un allié. Un yûjin.

Il marqua une pause lorsque la théière et les verres furent posés sur la table. La vaisselle était raffinée, pas d'un luxe éblouissant, mais simplement propre, en accords avec la décoration chaude du lieu, et d'assez bonne qualité pour ne pas dénaturer la saveur de la boisson. Rien d'un surprenant de la part d'un salon Japonais. En comparaison, les imitations américaines était plus de décevantes, d'où l'habitude pour Akira de se préparer son propre thé chez lui. Il se servit un fond de lady grey, le goûta pour vérifier sa qualité et sa température, puis satisfait, servit Yu avant de finir de remplir sa tasse. Il reprit :

- A vrai dire, les seuls clubs dont j'avais entendu parlé était ceux de journalisme et de jardinage, jusqu'à aujourd'hui. Apprendre qu'il existait aussi des clubs sportifs m'enchante, J'aurais du m'en douter, de la part de nôtre Académie.

Son sourire s'élargit. Il avala une gorgée de son thé, tout en s'étirant les épaules. Il réfléchissait. Il n'aurait pas pu rêver mieux qu'un club pour progresser, évoluer, tout en restant dans un cadre scolaire. D'une pierre deux coups en quelque sorte. Mais il ne savait rien des procédures administratives, et deux mauvais scénarios pouvaient s'offrir à lui. Soit son niveau n'était pas assez bon, auquel cas il devrait abandonner. N'étant jamais satisfait de ses capacités, cette alternative lui paraissait possible. Autre scénario : les autres membres débutaient. Si c'était le cas, aucune rivalité signifiait ralentir et non avancer. Il doutait. Mais il ne pouvait pas laisser passer cette chance, et finit sur ces mots :

- Je voudrais essayer. Assister à une journée d'entrainement. Les sports dans lequel je suis le plus doué est le Basket Ball, et le Muay Thai. Faire de l'athlétisme de manière rigoureuse serait une première pour moi, et quelque part ... cette idée m'excite.

Le capitaine indisponible ? Dommage, Akira aurait adoré le rencontrer. Pour voir ce dont il est capable, pour voir ce que vaut un capitaine dans cette Académie. Ou plutôt, l'observer ... avant de le défier. Mais peu importe, car en face de lui se tenait, droit et impassible, le second, le vice-capitaine. Qui sait, peut-être même un super rookie. Non, sûrement même, Akira avait assez d'expérience de compétitions pour comprendre que son ami n'était pas un sportif de basse catégorie. Il avalait les paroles de son vis-à-vis comme il dégustait son thé : avec une extrême attention. Sauf que, vu l'attraction qu'avait ce sujet pour lui, sa tasse aurait pu aussi bien être remplis de n'importe quoi d'autre, il ne s'en serait pas rendu compte.

- Et bien, si le Capitaine est absent, j'imagine que c'est toi qui tient les rennes. J'aimerais simplement comprendre comment fonctionne ce club, et surtout, pouvoir jauger son niveau actuel. De plus, y a -t-il des championnats à la clef ? Je ne suis pas un féru de médailles, mais je ne connais aucun autre moyen de me mesurer à d'autres sportifs.

Akira baissa les yeux, les sourcils froncés. A vrai dire, il y avait un autre moyen, celui de s'inscrire dans des écoles à proximité. Mais sérieusement, les écoles sportives japonaises locales était souvent de vastes blagues. Il avait tenté de se rendre à un dôjo peu avant la rentrée, et n'avait pas eu à observer plus de cinq minutes pour comprendre que le maitre des lieux, soit-disant moine shaolin grand champion d'arts-martiaux, était uniquement le spécialistes du ' m'as-tu vu avec mes nunchakus '. Akira esquissa un sourire, riant quelque peu au fond de lui, alors qu'une phrase de défie l'extirpa de ses rêves.

- Te battre ?

Akira rit, et de bon cœur. Jamais il n'avait autant rit, avec une franchise et une joie exhaustive, tout cela en restant très discret. Il n'était ni moqueur, ni hautain, mais adorais simplement la façon qu'avait Yu de mettre les points sur les i. Akira repris aussitôt, avec un ton qui reflétait à quel point il prenait cette provocation au sérieux.

- Déjà, il faudrait que je me dérouille. Je serais là, demain à la première heure. Si cela me plait, je n'hésiterais pas à faire ce qu'il faut pour m'investir dans le club. Dans le cas contraire, je chercherais mieux. Mais ne t'inquiète pas, je suis plutôt motivé. Et quand je le suis, rien ne m'arrête.

Le temps semblait se ralentir. Pour Akira, chaque seconde qui le séparait du lendemain lui semblerait à présent interminable. Mais il avait toujours ce nouveau camarade face à lui, ce garçon dont il ne connaissait que le prénom. Il ne voulait pas aborder un autre sujet, mais quelque chose titilla la curiosité d'Akira, et il ne pu s'empêcher de poser la question, aussi bête soit-elle.

- Et en dehors de l'athlétisme, tu n'aurais pas déjà pratiqué un autre sport ?

Statut d'élaboration, hum. En somme, rien de bien solide. Yu avait beau se moquer des autres clubs, ils étaient peut-être bien plus actif que celui d'athlétisme. Cependant, ce club était vraiment le seul à l'intéresser. Il réfléchit un moment. Ne pas participer à des tournois serait une plaie, mais s'investir dans ce club pouvait justement lui permettre d'exister, d'accueillir des membres supplémentaires, et de devenir une référence dans tout le pays. Car Akira voyait grand, il voyait toujours grand quand il s'agissait d'ambition. Sûrement dû à l'esprit qui lui a été insufflé aux États Unis.

- Cela me convient comme cela. Si les choses était trop facile, à quoi bon ? Ceci dit, je veux bien en savoir plus, sur les modalités d'entrée.

Il laissa sa question en suspend, car elle sonnait terriblement rhétorique à ses oreilles, mais aussi à celles de Yu, il en était persuadé. Sur ce, Akira fit une mise au point intérieure. Courses, épreuves combinés, marches, sauts, lancers ... l'athlétisme est un club qui devrait regrouper de nombreux passionnés. Et comme chacun, il devrait faire un choix. La marche et le lancer n'avaient que peu d'intérêt à ses yeux, préférant les confrontations directes lors d'épreuves individuelles. La course ou le relai étaient déjà des activités plus prenantes. Le mieux encore aurait été les sauts, sa détente étant bien au dessus de la moyenne des sportifs amateurs, s'approchant terriblement des professionnels. Son stage à la NBA n'avait pas été superflus.

- On a toujours besoin de motivation. Mon corps lâchera avant mon esprit.

Il avait balancé cette phrase, crue, avec tout le naturel du monde. Son corps était très résistant, mais sa façon d'être d'un dynamisme effarant, sa témérité sur les terrains de sport, toute l'énergie qu'il plaçait à être le meilleurs, tout cela avait tendance à le fatiguer. Et Akira en faisait parfois trop, ne prenait pas de jours de repos, et se retrouvait avec des muscles abimés. Bien sûr, cela ne lui arrivait plus, il avait grandit, gagné en maturité, et savait qu'il y avait un temps pour chaque chose. Sirotant sa tasse, il écoutait Yu qui lui parlait de ses cinq années de Kendo. Tient, voilà bien une discipline qu'il n'avait jamais tenté. Cela éveilla une certaine curiosité en lui.

- Du kendo ? Et tu serais encore capable d'en pratiquer ? Si oui, j'aimerais que tu me montres les bases, je n'ai jamais eu la chance de tenter. De mon côté, je te rendrais la pareille, peu importe la discipline qui t'intéresse. Après tout, je suis un féru de sport, alors, je me pose beaucoup de questions.

Sur ce, il se tourna vers un serveur venu prendre de leurs nouvelles, et fit un signe de tête à Yu, demandant poliement s'il voulait passer la commande suivante, histoire de varier les goûts. Akira se sentait bien dans cette environnement. Il n'avait pas envie de le quitter, pas encore.

Toucher à tout, tel était le but de la manœuvre. L'Athlétisme, une discipline qui avait la saveur d'être riche en activités diverses, chacune demandant un entrainement bien spécifique. Bien sûr, se spécialiser est le meilleur moyen de devenir un vrai athlète. Mais ce serait juste le chemin le plus facile d'aborder ce défi, et Akira refusait cette idée. Tester ses capacités ne l'aiderait pas à choisir, mais à comprendre le travail qui allait l'attendre. Car lorsque le moment viendrait, il serait prêt à se tuer à la tâche.

- Je comprend tout à fait, et je suis impatient. Et puis ... je ne m'attend à aucune tendresse de ta part.

Vouloir modérer un autre sportif est humiliant pour lui, bien pire qu'une insulte, c'est un profond manque de respect. Il avait laché cette phrase avec une certaine légèreté, sachant pertinemment que Yu était du genre à respecter le travail d'autrui, et surtout pas à être compatissant. Après tout, il parlait bien de subir, d'éprouver les test, et non pas de les réussir, les franchir. Peut-être qu'Akira et Yu avait tout de même une vision mitigée du sport. Cette intuition troublait Akira. Si c'était le cas, pourrait-il devenir amis, plus tard ? Ou sa première rencontre n'évoluerait pas, et finirait par se dissiper.

Et puis, la réponse de Yu à sa demande l'avait quelque peu déçu. Il avait mentis, il avait déjà pratiqué le kendo, quand il était enfant. S'il voulait que son ami lui montre les bases, ce n'était qu'un prétexte à se confronter à lui. Mais il devrait trouver quelqu'un d'autre. Akira en avait besoin, sinon, il n'allait plus tenir. Plus longtemps.

- Et bien ...

Akira se tenait droit, immobile, les yeux plantés dans ceux de Yu. Aucun de ses muscles ne tremblaient, le thé dans sa tasse avait une surface lisse au possible. Complétement tendu, il avait l'air d'une ombre face à rugir sur une proie. Ses iris reflétaient cette inhabituelle lueur dorée, agitée par les bougies d'ambiance du café. Yu se posait de bonnes questions, et Akira hésitait. Et après une minute longue, il relâcha son souffle, ses muscles, sauf son regard.

- J'ai toujours pas réussis à me sentir vivant, depuis bien longtemps. En fait, aucun sport ne m'a réellement satisfait depuis presque six ans.

Yu voulait en savoir plus, apprendre à connaitre Akira, et ce dernier n'avait pas grand chose à cacher. Peut-être que les remords qu'il éprouvait le rongeaient quelque peu, mais il n'avait jamais rien fait de malhonnête au point d'en être honteux. Il respira un grand coup, préparé à tout raconter, pour éclairer les lanternes de son ami.

Akira se souvenait de tous les détails. Sa mémoire avait ancrée chaque seconde avec une infime précision. La mélodie de l'eau qui ruissèle, la vue brouillée par les réverbères, l'odeur des pneus grillés, les coups qui martelaient sa peau, le goût du sang. Dans ce bout de ruelle, quartier chic le jour, repère de dealers la nuit, les malfrats en quête d'héroïne se partageaient la poudre au tranchant de leurs lames, laissant gir les cadavres dans une ancienne horlogerie désaffectée.

- C'était pendant l'automne 2003, aux États Unis ...

Il ne pouvait prononcer la date exacte. Elle commençait à disparaitre de son esprit, il espérait simplement qu'oublier ces chiffres suffirait à effacer ces sentiments qui troublaient ses songes. A cette époque là, Akira était un enfant sage, n'ayant pas connu la crise de l'adolescence, simplement dévoué envers la seule activité qu'il pratiquait avec une réelle assiduité depuis le départ de sa mère : le muay thai. Son père était un amateur des sports de combat, et pour lui, le muay thai était celui qui avait le plus de ' style '. Il avait inscrit son fils sous ce prétexte, mais son intention réelle était transparente. Travaillant tous les soirs, il n'avait pas la volonté de s'occuper de son gosse, et préférait le laisser aux soins d'un coach.

- A cette époque là, je pratiquais le muay thai depuis l'âge de 8 ans. Tous les jours de la semaine, je m'entrainais durement, pour forger mon corps. Dans le club, on m'appelait le Prodige, on me promettait à un avenir radieux. J'aurais du en être heureux, mais à cette époque là, je n'étais que le reflet de moi-même, cherchant simplement à combler un manque. Ce sport ne faisait que voiler les réels tourments qui me rongeaient.

Il croyait avoir tourné la page. Il se disait qu'il allait pouvoir vivre heureux, même seul. Naviguant du Japon aux États Unis, il avait la chance d'avoir deux patries, deux familles, deux dojos, deux maitres. Il pensait pertinemment pouvoir s'enrichir sur le plan intellectuel, physique et émotionnel comme personne d'autre ne le pourrait. Mais ce n'était que des illusions. Être partagé ainsi ne lui offrait que le statut de moitié. Demi enfant, demi ami, demi élève. Il était détesté, il n'avait pas de rivaux, juste des ennemis.

- Un soir, fatigué par l'entrainement, je me suis trompé de bus, et j'ai du rentrer jusqu'à chez moi à pied. L'heure tournait, et j'angoissais. Dès que le soleil se couche, le quartier dans lequel je vivais devient un repère à bandit vraiment mal fréquenté, ce qui avait tendance à m'effrayer à mon âge. Surtout que ce soir là, j'avais cette maudite impression d'être suivis. Impression qui se révéla être juste.

Akira marqua une pause. Plongé dans ses souvenirs, tous les éléments prenaient place. Il serrait fort son pull de ses petits poings, trottinant sur la pluie tout en essayant de se faire discret. Il jetait un œil à droite, à gauche, mais n'osait jamais regarder derrière lui, de peur de voir l'ombre qui l'hantait. Arrivé à un croisement de ruelle, il s'arrêta net. Une mobylette, surgissant de l'obscurité, venait de freiner juste devant lui, manquant de peu de l'écraser. Suffocant encore de la frayeur qu'il venait de subir, Akira tituba en arrière, avant de se heurter contre un réverbère. Et il aperçu alors la personne qui le filait.

- Un mec de mon club m'avait suivi. Un motard me coupa la route dans une ruelle, c'était son grand frère. J'ai de suite reconnu ce garçon, il faisait partis des membres qui me détestaient pour une raison qui m'échappait. Je l'avais éliminé d'un tournois inter-club deux mois auparavant, et il avait du planifier sa vengeance. D'ailleurs, il n'attendit pas longtemps pour commencer à me tabasser, à l'aide de son frère. J'encaissais avec peine, transit par le froid et la douleur. Et puis, vint le moment où dans le feu de l'action, ils lachêrent une phrase de trop.

" Hey, Aki', j'comprend pourquoi ta pute de mère a abandonné une merde dans ton genre. "

Akira serra vivement les dents, encore profondément blessé par cette remarque. Son sang froid imperturbable avait une faille, et ces deux jeunes vandales étaient tombés pile dessus, ils avaient remués leur couteau dans une plaie dangereuse, plongeant ainsi dans une eau plus que trouble. Le garçon, le Prodige sans sentiments, ce petit combattant droit et rigoureux, devint en l'espace d'une seconde un monstre de violence.

- Je me souviens pas exactement de ce qui advint ensuite. Je me souviens uniquement d'un grand sentiment de jouissance, celui de la revanche, jamais je ne me suis autant défoulé de ma vie. Mais à quel prix ? Le grand frère s'est retrouvé avec les tibias brisés, et mon rival du club, je lui ai malheureusement brisé trop violemment les vertèbres, qui lui causa une paralysie incurable. A cause du manque de témoins, je n'ai eu aucun problème d'accusations. Mais j'en ai parlé de moi-même à la police. Cela m'a valu un court séjour en maison de correction Aussi, j'ai été interdit de club de combat, de tournois, et été psychologiquement suivis pendant deux ans.
... Voilà l'histoire.

Akira s'empressa alors d'offrir un grand sourire à Yu, allégeant ainsi au maximum l'ambiance qu'il venait d'alourdir, avant d'avaler son thé avec un éclat de peine, et de nostalgie dans les yeux.

Akira effaça son sourire. Un type violent. Et pourtant. Même s'il s'agissait uniquement de cas de légitime défense, il avait appris à répondre des poings, par instinct, sans même se poser la question d'une quelconque diplomatie possible. Le seul cadre dans lequel il gardait totalement son contrôle était le cadre sportif. C'était une des raisons pour laquelle cette activité s'était transformée en drogue pour le jeune homme. Refusant de devenir un loup, il emprunta la voie du coq de combat. Cependant, à présent que plus personne ne voulait de lui, il jetait son dévolu sur tout moyen de se dépenser.

Une anecdote lui traversa l'esprit. Juste après un match, une rencontre avec les youngs' de Chicago, aux Etats-Unis, alors qu'il avait réussis au prix d'énormes efforts à intégrer la yNBA. Alors qu'il défendait sa position, il intercepta une passe de justesse, juste avant de prendre un violent coup de coude près de la nuque. Accident ? Faute volontaire ? Tout ce dont il se rappelait, c'était de ces cris, ces battements de cœur qui lui déchirait l'esprit dans un bordel d'enfer. Une seconde. Et tout finit par s'évanouir, lui laissant le temps de reprendre ses esprits et faire une passe, avant de heurter le sol, sonné par le coup. Il pouvait, se contrôler. Mais il ne pouvait éradiquer cette violence qui sommeillait.

- C'est vrai. J'ai fait beaucoup de chemin avant de te rencontrer. Et puis, tu sais ...

Yu lui coupa la parole d'une façon si inattendu qu'il manqua de peu tomber de son siège. Il le regardait, les yeux écarquillés. Apparemment, son ami ne l'écoutait plus. Peut-être même n'avait-il même pas noté son changement d'expression. Devant lui, le spectacle de la flamme rayonnante de la détermination. La passion qui brûlait dans les yeux de Yu lui donnait une étonnante aura. Pas étonnant qu'il ait pris les rennes du club. Ses mots étaient à la fois motivant et réconfortant. La nuance d'orgueil ne sonnait même pas faux aux oreilles d'Akira, qui restait planté, amusé et surpris. Alors, un immense sourire de conquête se dessina sur son visage. Les sourcils froncés, il lançait un regard de pure volonté à Yu, se redressant d'un bon, comme il l'avait vu faire plus tôt.

- Tu as raison ! Il est bien temps de découvrir un réel challenge digne de nous !

Il recula sa chaise, arracha un billet d'argent de sa poche qu'il lâcha sur la table pour régler l'addition, et continuant de soutenir son regard, il se frappa la poitrine du poing, avant de lâcher un léger soupir provocateur.

- On se casse ! A présent, montre moi le terrain !

Il entama aussitôt le pas, ouvrant brusquement la porte du salon de thé, se craqua la nuque et les épaules tout en s'échauffant les jambes sur place, comme s'il s'apprétait à courir. Il était juste rongé par l'excitation.