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 L'heure Zéro [Akira]

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MessageSujet: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyMer 20 Jan 2010 - 2:47


Il y a une certaine heure durant laquelle, la nuit, tout semble possible. C'est une heure perdue entre hier et demain, c'est un instant fugitif dans l'obscurité qui agite les plus grands fantasmes. Il s'y passe tout, et rien à la fois. Il y a ceux qui passent cette heure à dormir, au creux de leur lit, et il y a ceux qui la mettent à profit pour se détendre, et s'amuser.
Cette heure, c'est minuit, bien sûr.

Dans les rues résidentielles, il n'y a rien d'intéressant. À peine une fête chez un anonyme, dont les fenêtres de la maison sont agitées par les basses sourdes de la sono poussée au maximum. Dans le centre-ville, en revanche, il y a mille et unes choses à découvrir, comme autant de nuits différentes. Les bars illuminés où se vautrent toujours une paire d'ivrognes, et où un Roméo des temps modernes flirte avec sa Juliette. Les restaurants ferment un à un, les serveurs remerciant leurs derniers clients avec des sourires fatigués (ceux là irons se coucher dès que possible) pendant que des taxis sillonnent les rues à la recherche de ceux qui désireraient rentrer chez eux. Les videurs des boites de nuits, sentinelles solides et aux mines patibulaires, trient avec plus ou moins de précaution la jeunesse désirant passer une nuit de folie. Et au dessus des têtes, les néons des grands magasins, les vitrines, illuminées malgré l'heure tardive, attirent comme des mouches les passants suivant leurs pas aléatoirement.

Ces vitrines, luisantes et magnifiques pour séduire leurs futurs consommateurs, prennent dans leurs filets un jeune garçon qui à l'heure zéro hante les rues dans le vague espoir de trouver quelque chose à faire. Derrière ses yeux bleus glacés et artificiels se reflètent les néons multicolores, arc-en-ciel fluorescent s'imprimant sur sa rétine sans pitié. Le vent frais de cette nuit d'hiver ébouriffe ses cheveux bruns déjà mal peignés, et ses mains frigorifiées sont profondément enfoncées dans les poches de son blouson en cuir. Enfin, son blouson...C'est pas dit que ce soit vraiment le sien, à la base.

Akita errait, pour ne pas changer. Le visage fermé, et les sourcils froncés en une expression de colère constante qui semblait ne jamais vouloir quitter son visage anguleux et fin, il allait de magasin en magasin, repérant ce qu'éventuellement il tenterait de voler le lendemain.
Cela faisait près d'une semaine qu'il s'était mit à commettre ce genre de délits. Plus pour s'occuper que par besoin. Quoi que si il pouvait joindre l'utile à l'agréable... Sa technique, primaire et simple, n'en était pas moins efficace. Un sac, remplis de papier aluminium, dans lequel il glissait l'objet de sa convoitise en toute discrétion. Et il passait les portiques de sécurité sans un bruit. Les anciens, du moins. Il y avait désormais sur le marché une nouvelle sorte d'antivols, qui n'étaient pas contré par un peu d'alu. Le challenge était donc de repérer les bons endroits.

Le jeune garçon passa devant une supérette encore ouverte. Sur la double porte vitrée était écrit en gros caractères noirs « 24/24h 7/7j ».Rien de plus cupide qu'un commerçant ouvert tous les jours, à toutes les heures. Sacrifier son temps de sommeil au profit de la vente, il fallait le faire. Mais il devait être bien fatigué, usé par sa journée de travail...
Akita entra, nonchalant, mais pas trop. L'unique caissier ne manqua pas de le regarder d'un air noir et agressif, un vrai molosse, en avisant la silhouette peu distinguée du garçon. Ce genre de délinquant, ça se flairait à des kilomètres à la ronde : lentilles de couleur, allure de racaille... Sans doute le vendeur sentait-il qu'il ferait mieux de garder le nouveau venu à l'oeil.
Laissant le propriétaire dans ses réflexions, Akita s'avança dans les rayons, observant chaque détail comme si savoir que le plafond était craquelé autour de la bouche d'aération pouvait lui être d'une quelconque utilité. C'était une épicerie modeste, en fait. Trois allées, de même dimensions, regorgeaient de produits alimentaires et ménagers en tout genres. Ici le gel douche côtoyait les bouteilles de lait, là l'étagère pleine de paquets de nouilles de tous les parfums imaginables débordait sur l'emplacement des sauces en conserves. Au bout, le rayon réfrigéré gardait bien au frais une multitude de cannettes et de yaourts, de plats préparés et de salades.

Akita avait déjà mangé, aussi délaissa t-il l'idée de s'en prendre à un la nourriture du pauvre homme sur le point de se faire dépouille d'un de ses produits. En revanche, au vu de la température glaciale à l'extérieur et de l'ennui profond du jeune Moboshi, une canette de bière ou une bouteille d'alcool serait la bienvenue. Restait à savoir sur quoi il jetterait son dévolu. Il s'agissait de bien choisir, pour ne pas regretter dans le cas où l'affaire se corserait. Quoi qu'au vu de la bedaine que le caissier tentait de cacher derrière son comptoir, le propriétaire des lieux n'avait pas l'air d'un sprinteur. Et son double menton démontrait clairement le manque d'exercice physique. Depuis cent ans, au moins. Ses yeux noirs rencontrèrent ceux d'Akita. Le garçon lui adressa un sourire clairement hypocrite, qui voulait tout dire. Et pourtant, malgré l'atmosphère tendue, nul ne bougea.
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyMer 20 Jan 2010 - 4:06

    C'est une limite, un axe de transition entre vécu et avenir, entre les regrets et l'incertitude. Les cloches d'église s'emballent et sonnent, sonnent, les carillons pour ponctuer ce point de passage nocturne. Un silence. Et tout résonne en écho, dans le cœur des hommes. Comme si tout devenait possible. Un sentiment de sécurité qui mène chacun à la tentation de céder à ses vices. Le Las Vegas de la tranche horaire, c'est minuit, après quoi, alcools, sexe et drogues se mélangent sur des mélodies déchainés.

    Pour lui, cette seconde fatidique vibrait sur un monde étranger. Pour lui, le vice n'était qu'un souvenir erroné, un morceau de son égo obsolète, qu'il avait abandonné. Pour lui, tout pouvait se bousculer, se mouvoir, se heurter, à chaque instant. Et c'est dans cette paranoïa qu'il cours, sans même se laisser le temps de souffler, ses pieds frôlant le sol juste avant de décoller à nouveau, donnant l'impression d'un jeune homme planant à une vitesse impressionnante. Ne lâchant pas son rythme, il essuya la sueur ruisselante de son front avec le dos de sa main, et accéléra ses pas.

    Il commençait à prendre ses repères. Il courait, toutes les nuits, parfois jusqu'à épuisement. Il lui est même arrivé de dormir le jour, ratant ses cours, au profit d'une bonne récupération de ses muscles, endoloris par le surentrainement. Ses chaussures foulaient le bitume, mais il s'approchait d'un petit parc, qu'il traversa en quelques secondes, juste le temps de se rendre compte de quelques regards intéressés. Il n'était certes pas prudent de trainer dans ces rues là la nuit, mais ce n'est pas un bagarreur de rue qui pouvait espérer blesser Akira. A la sortie, juste après une vieux grillage en fer noir, il longea le trottoir pour pénétrer dans une petite rue, qui déboucha sur une deuxième, bien plus large. Il enchaina sur sa droite, et s'arrêta net.

    Une lumière avait comme attiré son attention. Il revint quelque peu en arrière, marchant sur ses pas, et remarqua une petite supérette, un combini ou une épicerie du genre. Après quelques secondes de réflexion, il se tenta à s'en approcher, histoire de voir si le vendeur était toujours dans le coin, et s'il pouvait s'acheter quelque boisson. Mais surtout, il voulait comprendre d'où lui était venu ce frisson qui lui avait glacé l'échine, cette impression à cause de laquelle tout semblait devenir brouillon, saccadé dans son esprit. C'est donc prudemment qu'il entra.

    Sans dire un mot, il vit le vendeur, qui lui rendit son regard, ainsi qu'une autre personne - sûrement un client. Ses pupilles ensuite s'amusèrent à danser, vagabondant d'un produit à l'autre, dans l'espoir de trouver un liquide peu cher, buvable, et si possible, contenant un minimum d'eau. Et l'air de rien, ce n'était pas évident. Il continua sa recherche tout en marchant, mais préféra s'adresser directement au gérant du magasin. Mais en face de cet homme, il se pétrifia. Non pas comme terrorisé, mais plutôt, comme si quelque chose clochait. Ce silence, gênant, ce tic - tac pénible venant d'une vieille horloge vétuste, des bruits de basket grinçant sur le sol crasseux. Il avait l'impression de participer à un de ces moment clef de western, qui précède la mort d'un des protagoniste. Il jeta un regard insistant au deuxième client, puis se décida à parler.

    - Vous avez quoi de potable, dans le coin ? Je ne voudrais pas être insultant, mais c'est plutôt le foutoir ici, et j'ai du mal à m'y retrouver. Alors si vous avez une boisson que l'on puisse boire sans finir empoisonné, je serais prêt à l'acheter.

    Ce ton, cette manière de parler avec un sourire en coin de lèvre, ce n'était pas lui, c'était son autre. Ce reflet dominateur, cet écho flamboyant et vivant, qui savait briser ses entraves, se libérer de ses chaines avant de prendre un envol nouveau. Le vendeur se mit à rougir comme jamais, une veine gonflée de sa tempe semblant même sur le point d'éclater. Il frappa son comptoir de la main, s'approchant de façon agressive d'Akira, il lui cracha ses mots de rancune.

    - Pour qui tu te prend, gamin ? Si tu es ici pour balancer tes foutaises, tu peux t'barrer. Entre toi et l'autre sale gosse prêt à me voler quand j'aurais le dos tourné, c'est bien ma veine ! Alors va te chercher ta boisson en te bougeant l'cul, ou casse-toi !

    Hum ? Akira se désintéressa de la furie un instant, se concentrant plutôt sur le troisième individu, flânant toujours dans son coin. C'était un garçon, du genre pas commode, le visage assombris par une tignasse brune au milieu duquel rêgnait deux billes d'un bleu intense. Il s'agissait donc d'un voleur de quartier ? D'un délinquant du coin ? Ou simplement le gros lard avait-il des putains d'apprioris ? Akira n'en savait foutrement rien, et s'en foutait. C'est juste qu'il venait de se rappeler ne pas avoir d'argent, et un sourire qui n'avait rien d'innocent sur les lèvres, il s'avança vers l'inconnu, et sans même s'arrêter sur le chemin, lui chuchota.

    - Je distrais le vendeur. Toi, tu t'occupes de la boisson. Rendez-vous au parc, prêt de la 7ème rue.


    Il fit alors le tour de l'allée, slalomant entre les produits, et se rameuta à nouveau en face de l'ennemi commun, relançant le dialogue pour attirer son attention.
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyMer 20 Jan 2010 - 5:15

Le délicat équilibre du temps et du silence fut rompu par l'arrivée de quelqu'un. Son entrée dans le magasin perça la bulle fragile et éphémère qui entourait jusque là les deux protagonistes d'une scène caricaturale de la vie de tous les jours. Ou de toutes les nuits. Nul doute qu'il s'agissait là du quotidien de ce pauvre gros lard gras et huileux qui dégoulinait derrière son comptoir.

Le nouveau venu était un garçon. Là s'arrêtait la description mentale que s'en fit Akita, car c'est tout ce qu'il y avait à dire. Une silhouette svelte mais non moins athlétique, au visage encore luisant de sueur. C'était bien la seule particularité notable, et le délinquant posté dans le rayon de l'épicerie songea qu'il venait probablement de courir. Ou alors, il avait très chaud, mais cette dernière option était fort peu probable vu la température extérieur. C'était l'hiver dehors, qui recouvrait tout d'une fine couche de glace brillante dans la nuit, et que le faible soleil matinal avait bien du mal, la plupart du temps, à faire fondre sous ses rayons paresseux.

Le type, qui était visiblement aussi jeune qu'Akita au vu de la fougue perceptible dans sa voix, s'adressa au vendeur pour lui demander avec impertinence si celui-ci avait de quoi satisfaire sa soif, tout en lui évitant si possible de mourir dans d'atroces souffrances intestinales. C'est qu'ici, dans cette supérette, on ne pouvait pas vraiment être sûr de se procurer quoi que ce soit n'ayant pas encore dépassé la date de péremption : l'oeil aiguisé d'Akita avait vivement parcouru une étiquette ou deux et s'en était bien vite rendu compte, sans pour autant y accorder la quelconque importance.
Le ton employé fit évidemment sortir de ses gonds le caissier, déjà exaspéré par l'attitude louche du premier client de minuit. Il utilisa des mots grossiers, crachant son venin comme si une telle tirade pouvait lui permettre d'exorciser son magasin des deux mauvais esprits qui y étaient entrés. Mais tout ce qu'il récolta fut un énième sourire hypocrite d'Akita. Il ne pouvait quand même pas croire qu'il pourrait s'en tirer aussi facilement...Le garçon brun avait décidé de se servir gratuitement en boisson dans cette boutique pourrie, et quelques mots familiers de mise en garde n'arriveraient pas à le faire décoller sans une canette ou deux.

Le gros bonhomme n'avait pas si tôt fini d'engueuler les deux jeunes gens, que déjà l'autre client s'avançait vers Akita, et dans sa démarche on pouvait voir qu'il n'allait pas s'arrêter, tout comme il était visible sur son visage qu'il avait une idée derrière la tête.
Akita n'était pas particulièrement doué pour déchiffrer les expressions des gens, ni pour deviner ce qu'ils avaient dans le crâne. Mais comme tout le monde il savait lire la fureur sur la figure rouge et tremblotante du vendeur, tout comme il comprenait le sourire malicieux de son semblable alors qu'il lui glissait discrètement quelques mots en passant. Ce sourire là, il l'avait vu bien des fois sur les lèvres de certains de ses camarades, les années précédentes. Il disait « Tu vois ce que je vois » ou « Tu penses ce que je pense », et dans un mélange de complicité et d'autorité, soulignait en silence les prochains gestes à effectuer dans l'intérêt commun. On pouvait presque parler de télépathie.
Bon certes, la situations de minuit était un peu différente, puisque l'auteur de ce sourire était un total inconnu. Il n'en résultait pas moins que l'idée était foutrement bonne.

Piquer à boire et se tirer sans regarder en arrière.

Restait à savoir ce qu'il fallait prendre. Eh ! On achète pas de l'alcool comme on choisit des chaussettes ! Ça se fait avec précision, après avoir bien cerné le degré d'alcoolisation dont on a besoin, et dont on a envie.
Akita s'accroupit et laissa ses yeux vagabonder sur les bouteilles multicolores. A défaut de savoir ce qui ferait plaisir à l'autre gars, ils se contenteraient de bières. La plus chère, comme gage de qualité, puisqu'aucune marque connue ne semblait habiter les rayons de la supérette. Après un rapide coup d'œil à la date de péremption du pack de 6 canettes en aluminium vert et gris, le délinquant sans vergogne prit à bras le corps le paquet en carton, et s'élança, apercevant du coin des yeux Mr Gros Lard, plus que furieux, en l'aimable compagnie du complice d'Akita.

Il franchit la porte au pas de course, serrant contre lui son butin, plus par crainte qu'il ne tombe dans la course que pour éviter que le vendeur ne récupère son bien. Ses pas, alourdis par le poids des six canettes de bière et par la précipitation, l'emmenèrent presque naturellement jusqu'au parc.
Il le connaissait bien, ce petit écrin de verdure où venaient gambader les chiens en compagnie de leurs maîtres dans la journée, profitant du temps lorsqu'il était clément. Souvent pourtant, lorsqu'il venait s'y perdre, Akita n'y croisait pas de joli caniches à sa mémère, mais plutôt une poignée de bâtards enragés avec qui il échangeait des belles insultes et de radieux coups de poings.
Pour l'heure, c'est presque essoufflé qu'il se laissa tomber sur un banc en bois, sale et noir, et tellement froid qu'Akita s'y gela les fesses. Il posa les bières à sa gauche, et attendit, patiemment. L'autre n'allait surement pas tarder à se pointer.

Fronçant les sourcils, seul face à l'immense solitude de minuit dans le parc, le jeune garçon se demanda pourquoi il restait là a attendre comme un con. Certes, sans le gars de la supérette, ça aurait été plutôt compliqué d'éviter les assauts du gros caissier, qui avait vu juste dans l'attitude d'Akita. Mais maintenant que c'était fait, rien n'empêchait le garçon de prendre les bières, ses bières, sous le bras, et de se tirer avec. À la gare, ou même dans une ruelle peu fréquentée, pour picoler dans son coin, au lieu de rester là en obéissant aux directives d'un inconnu...
Mais il était là, le point important, le problème dans l'autre option d'Akita : picoler seul. Aux dernières nouvelles, ça n'avait rien d'amusant, ni même de distrayant.
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyMer 20 Jan 2010 - 6:04

    Il avait tenté le diable. En quelques mots, quelques gestes, quelques expressions, il avait offert une opportunité grandiose au numéro trois. Il traina ses pas, avant de se dresser face au vendeur, laissant à son coéquipier d'une nuit le temps de méditer à ce qui allait être sa cible et futur victime de sa dextérité et sa discrétion. Akira bailla sans gène et nonchalamment, pour attirer l'attention du porc qui grogna un coup, s'attendant à bien des misères. Il s'étira les muscles du cou et de la nuque, laissant un craquement strident retentir, et remua ses jambes, s'assurant ne rien avoir d'endoloris. Après tout, il allait dans quelques secondes, entrer dans le monde de l'ombre, commettre son premier délit - même s'il s'agissait ici que de complicité - et cela avec un parfait inconnu. Mais là était tout l'intérêt de la manœuvre. Le jeune Tsukigami avait toujours vécu en fuyant ses côtés égoïstes et sombres, mais c'était chose passée. A présent, il courait après ses désirs, agissant comme si toute conséquence ne pouvait l'atteindre. Une crise d'adolescence tardive, sans bêtise, mais dangereuse. Un homme a la conscience fragmentée, s'accrochant à ses idées d'un instant comme si son surmoi avait abandonné l'idée même de filtrer ses pulsions. Potentiellement, il pouvait devenir tout et n'importe quoi à chaque instant. C'est pourquoi il surchargeait ce flux émotionnel trop intense grâce à un exercice physique intense et quotidien. Pour le coup, il s'en tenait à de l'éloquence. Il siffla ces mots d'une voix grave et douce, rythmant les syllabes pour appuyer son animosité.

    - J'ai eu beau faire le tour, je n'ai rien trouvé de potable. Au contraire, j'ai remarqué que des produits étaient périmés, n'est-ce pas interdit par les autorités sanitaires ? Je ne comprends pas vôtre façon de ranger ces détritus. Vous voyez, ces allées étroites, déjà que c'est laborieux de se déplacer, en plus, la plupart de vos merdes ne sont pas accessibles aux personnes de tailles moyennes. Et puis, en un coup d'œil, je paris que votre machine à carte bancaire est défectueuse ou non à-jour, gênant pour les cartes de crédits internationales comme la mienne. Je reviens des Etats-Unis, v'voyez, et je n'ai pas pris le temps de faire quelconque changement de banque, c'est pourquoi j'me traine une carte américaine. Tu comprends ? En fait, j'en doute, je ne sais pourquoi je continue à parler, encore et encore, à un con dans ton genre et ...

    Akira enchainait les vocables insultants, en y mêlant des anecdotes barbantes, comme si son discours avait pour but de tisser des liens, alors que tout son mépris était clairement affiché. Pour quelle raison s'en prenait-il à ce commerçant innocent ? Aucune. Cela n'allait-il pas à l'encontre des principes d'Akira ? Totalement. Alors pourquoi agir ainsi ? Parce qu'Akira est endormis, quelque part. Le gros lards avait laissé tombé la teinture cramoisie de son visage. Il était passé par le vert, avant de devenir violet. Muet, mordant ses lèvres de rage, sa main glissait silencieusement le long de sa cuisse. Il jeta un œil furtif sous son comptoir, avant de le confronter à nouveau à celui du garçon qui lui souriait, déblatérant encore et encore des tonnes d'inepties. Un mouvement, et l'obèse crut voir son nez exploser. Mais il s'en était rien. Le poing d'Akira était juste à quelque millimètres du visage de son public proclamé pour son monologue, et son visage s'était endurcis.

    - Si tu essaie d'attraper je ne sais quoi sous ton putain de comptoir, ou pire, sonner pour la sécurité, je t'aurais sauvagement planté mon poing droit dans la tempe avant même que tu n'aie eu le temps de remuer un seul bout de graisse qui remplie ton corps. T'as plutôt intérêt à rester immobile mon gros. T'avais raison, c'est pas ta soirée.

    Une ombre fila derrière Akira, qui fit trois pas en arrière, offrit un dernier sourire au vendeur terrorisé, et disparu dans l'obscurité de la nuit. Le commerçant se laissa respirer, encore sous le choc, et glissa le long du mur derrière lui, lâchant quelques larmes de rage et de peur. Pendant ces quelques secondes où il aurait pu poursuivre les deux voleurs ou encore réclamer de l'aide, il ne put réagir. Minuit avait sonné son glas, et les fantômes rôdaient. Le spectre de sa lâcheté l'avait hanté jusqu'au bout, et le voilà traumatisé, au prix de quelques bières.

    Le grand grillage d'acier sombre clôturant le parc faisait face à Akira. Dans le doute, il avait pris un détour, histoire de donner une fausse piste au marchant et aux potentiels témoins, laissant à son amis le temps nécessaire pour atteindre le lieu de rendez vous sans encombre. A moins que celui-ci n'ait décidé de fuir dans son coin, profitant en solitaire des boissons rafraichissantes. Mais ... non, Akira sentait au fond de lui qu'il allait être à l'endroit prévu. Peu importe la raison, il y avait une présence, dans ce parc. Le garçon sauta la barrière, et marcha à travers quelques buissons taillés et arbres sans feuilles, avant de tomber sur une fontaine. Il en fit le tour, et vit aperçu aussitôt une silhouette familière. Son complice était bien là, assis sur un banc, attendant patiemment avec des bières. Lui-même remarqua Akira s'approcher de lui, et lorsqu'il ne fut plus qu'à environ deux mètre, il lui envoya une canette qu'il réceptionna aussitôt. Il la décapsula dans un bruit caractéristique, et se laissa tomber à côté de son coéquipier. Il trinqua avec son alcool, et juste avant d'en avaler quelques gorgées, lâcha son prénom dans un souffle. Akira. Inutile d'en dire plus. Il profita du pouvoir désaltérant et énivrant de sa mousseuse, avant d'entamer plus loin la conversation.

    - Voilà un plan de dernière minute plutôt éfficace. Hey, faut croire que la nuit rend toute entreprise miraculeusement réussie.
    Dans un rire masqué, il enchaina : - Je crois bien, que c'est la meilleure bière que j'ai bu, depuis un bail. La bière du gros lard. - avant de se laisser naturellement rire, réaction sûrement dû à la monté d'adrénaline qu'il avait vécu juste avant.

    - Très franchement, peu importe qui tu es, d'où tu viens, pourquoi tu étais là à ce moment là, ou encore, pourquoi tu as accepté de te lancer dans ce défi, mais mec, tu fais un coéquipier d'enfer. A croire que peu importe le challenge, on serait capable de tout. Vraiment, de tout.
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyMer 20 Jan 2010 - 15:40

Le liquide ambré et mousseux coula généreusement dans sa gorge, tandis qu'il avait clos les yeux pour mieux savourer la multitude de bulles qui crépitaient jusqu'à son estomac. Il fut un temps ou le goût de la bière suscitait chez lui une certaine surprise, comme un ravissement encore ingénu. Tout comme à une époque il admirait les lumières nocturnes de la ville.

Akita glissa un regard vers l'autre, cet inconnu qui n'en était plus vraiment un. À une lettre près, ils auraient pu porter le même prénom. Comme quoi le hasard, si chaotique et aléatoire en apparence, faisait bien les choses. La preuve : il avait fait entrer cet Akira dans la boutique, alors qu'il aurait pu s'agir de n'importe quel individu, un femme, un homme, un soulard, un gamin peut être même. Il n'en était rien, pour le plus grand plaisir du jeune Moboshi qui se désaltérait en silence, écoutant son complice rire de l'infortune du gros vendeur.

-Il y a rien de miraculeux là dedans. T'es juste arrivé au bon endroit, au bon moment. Et Mr Gras-du-Bide était une victime idéale, on va dire. Je sais pas ce que t'as trouvé pour le retenir, mais je dirais que t'as plutôt géré.

Il appuya son compliment d'un sourire mince qui s'étira de part et d'autre de son visage. C'était sincère, ça n'avait pas pu être si facile, le caissier ventripotent, seul dans sa boutique, devait sans doute avoir un quelconque moyen de prendre au piège les voleurs. On ne reste pas ouvert toute la nuit, exposé aux divers délinquants et soulards, sans un système d'alarme quelconque. Ce serait de la stupidité pure et dure.
Le garçon passa la main dans ses cheveux brun ébouriffés pour les remettre vaguement en place. Les mèches folles se superposaient dans un chaos total, tombant même devant ses yeux clairs et luisants. Akita songea qu'il devrait bientôt se dégoter quelqu'un d'assez aimable pour les lui couper (hors de question d'aller chez un coiffeur, il avait assimilé tous les préjugés existants à leur égard et les avait prit en grippe depuis de nombreuses années).
Toujours à penser à des choses futiles à n'importe quel moment de la journée.

Il se laissa aller contre le dossier du banc, la canette dans une main, l'autre venant se réfugier au chaud dans la poche de sa veste en cuir. Un coéquipier d'enfer, hein... Cette parole le fit rire, car cela faisait bien longtemps qu'on avait pas utilisé ce mot là avec lui, et c'était entièrement de sa faute, bien sûr. Son besoin constant de faire chier le monde simplement pour se distraire, et son désir violent d'écarter de lui toute personne capable d'avoir la moindre sympathie, donc faiblesse, étaient difficilement conciliables avec toute sorte de camaraderie. Parfois, il était ce chien blessé qui mord tout ce qui passe à sa portée, que ce soit un pied rageur balancé dans ses côtes, ou une main amicale tendue pour le soigner.
Akira était différent, dans un sens. Il venait de mettre à plat un point important : il se foutait de savoir qui était son complice ce soir. Un rare énergumène qui ne songe pas à analyser le passé des gens pour essayer de les connaître, un gars qui vit dans le futur, et le présent, décidé visiblement à aller de l'avant et non pas à chercher d'éventuels points communs entre sa vie antérieure et celle d'Akita. Et des types comme ça, capables de rire et de discuter avec un parfait inconnu sans se formaliser de son ignorance à son égard, et sans chercher à y remédier, ça on en croisait pas tous les soirs.

La racaille au visage rieur, amusé et ravis dans un sens par les mots désinvoltes de son coéquipier, répondit d'un ton tout aussi léger, sans en oublier pourtant d'être sérieux, songeant qu'il avait bien fait d'attendre ce gars dans le parc avec les bières.

-T'sais, si t'as d'autres idées brillantes dans ce genre, je suis partant. Une connerie à faire, et je rapplique.

Il avala une autre gorgée d'alcool, essuyant du revers de la main une goute vagabonde tentant de se frayer un chemin hors de ses lèvres minces, pour venir rouler sur le bas du visage anguleux du buveur aux yeux de glace. Et songeant qu'il pouvait au moins donner son nom, car cela n'engageait à rien d'autre qu'à une franche camaraderie entre deux jeunes savourant le fruit de leur rapine, il lança de sa voix toujours légèrement éraillée par la clope le prénom qu'on pouvait lire, noir sur blanc, sur ses papiers d'identité :

-Moi c'est Akita. Si t'as envie de faire un autre truc marrant dans le genre, tu m'trouveras ici, sans doute, ou bien à l'Académie. Tu dois la connaître, elle passe pas inaperçue.
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyVen 22 Jan 2010 - 17:29

    Une connerie, hein. Ce qu'ils venaient d'accomplir ensemble n'avait rien d'un jeu de délinquant aux yeux d'Akira. Ce n'est pas quelques bières volées qui pousseraient le gérant à mettre clef sous porte. Ce qui importait, c'était la symbolique qui se cachait derrière, la confrontation entre les deux garçons et une autorité quelconque. Prouver que l'on peut parvenir à ses buts par des moyens détournés, préférant suivre sa voie plutôt que d'être constamment sur les rails de la banalité. Et ces pulsions, ces moments intenses, pour lesquels le corps se surpasse, l'esprit s'éveille, sans même avoir besoin de quelconque stupéfiant, il en avait besoin. De l'adrénaline en intraveineuse, sans laquelle son cœur finirait par flétrir.

    Le jeune homme voguait dans ses pensées tout en sirotant sa bière au milieu de ce parc. La brise nocturne lui offrait des instants de confort, caressant sa chevelure aux reflets ambrés, avant de s'enfuir dans la brume noirâtre de l'horizon. Au fond de lui grouillait un petit démon qui lui chuchotait des idées de méfait, idées qu'il étouffait au fur et à mesure que la créature les enchainait. Pouvait il encore espérer avoir au fond de lui un soupçon de pureté ? Lui qui avait l'impression de toujours avoir gâché son innocence, le voilà sous le joug d'un autre-lui, qu'il n'avait pas le courage d'exorciser. Après tout, il s'agissait peut-être de sa vrai nature, celle qui se nourrie de désir sans jamais flancher. La spirale de ses réflexions le perdait peu à peu dans un dédale incertain. Il lâcha prise, préférant se concentrer sur l'apaisante réalité de l'instant.

    - Une idée brillante ... J'avoue que, en rester là serait risible. Nous avons trouvé un merveilleux moyen de dire adieu à l'ennuie nocturne et de profiter au mieux de nos capacités respectives. Laisse moi réfléchir ... sais-tu te battre ?

    Akira posait la question, tout en ayant l'air penseur. Après tout, ce qui était implicite dans cette interrogation le terrorisait quelque peu. S'ils avaient à participer à un combat à cause d'une mésaventure, allait-il revivre les même troubles que pendant son enfance ? Il en avait déjà parlé à un camarade, autour d'un thé, alors qu'il venait juste de s'inscrire à l'académie. Depuis, il n'avait cessé d'en rêver la nuit, de cet instant de violence qui avait brisé sa vie. Mais avec du recul, il voyait la chose autrement. La vie d'Akira avait été brisée, mais un nouveau lui avait naquit, et celui-là avait simplement joui de ce sang versé. Et à présent, la surface avait cédée, faisant place à cet inconnu hors de contrôle. Un sourire léger, ponctué d'un poil de perversion s'étira sur son visage, alors même que son autre montait sur le trône.

    - Akita ? Nos prénoms se ressemblent, tout en sonnant très différemment. Amusant. Et tu fais partis de l'académie ? Keimoo, c'est bien cela ? Voilà qui est encore plus amusant, je suis moi-même élève là-bàs. Mais peu importe, en cette seconde, nous sommes ici, coincés sur ce banc, en plein milieu d'un parc qui, d'après ce que j'ai pu en voir, est un lieu de squatte de pas mal de petites frappes. Rah, si j'ai bien envie de quelque chose, c'est de les virer d'ici un bon coup. Car ce lieu va devenir historique, le point d'un départ d'une aventure nouvelle qui marquera nos vies respectives !


    Tout en énonçant son discours avec entrain, Akira s'était levé et regardait un grand conifère encore feuillue,, peut-être un If japonais, et le pointa du doigts de sa main droite comme s'il lui lançait un défi, tenant fermement sa canette de bière de la main gauche, qu'il serrait avec force.

    - Que cet arbre nous en soit témoin. A présent, nôtre volonté nous guidera vers des destins que nous écrirons de nos mains, et seules les empreintes de nos désirs subsisteront, nous ouvrant la porte d'un futur que l'on aura forgé de force. Mais pour cela, nous devons tout d'abord tester nos capacités ...


    La canette éclata dans sa paume, laissant gicler la mousse au sol. Akira se tourna vers son complice, l'observant avec insistance.

    - Tu es de la partie ?
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyLun 25 Jan 2010 - 17:48

La vie d'Akita n'était qu'une suite de combats. Il affrontait les adultes au meilleur de la journée, contrant leurs esprits carrés et méthodiques alors qu'ils essayaient de lui apprendre quoi que ce soit qui pourrait lui être utile dans le futur. Il se battait sans vergogne contre la masse abrutissante de crétins le soir venus, qui osaient poser sur lui des regards moqueurs et qui murmuraient « T'es toute seule ma jolie ? » Il était son propre adversaire, même. Pendant les longues nuits d'hiver où pas un chat n'errait dans les ruelles alors qu'il était en quête d'adrénaline pour enflammer ses veines. Ce n'était QUE ça ! Akita ne vivait pas : il se battait. Et ce depuis qu'il avait perdu toute trace d'humanité. Son destin le tenait par les couilles et le seul moyen de prouver un minimum d'indépendance et de volonté, c'était de balancer son poing à tout va.
Akira semblait prendre conscience de l'infinité des possibilités que la nuit offrait. Ne pas chercher plus loin à noyer l'ennui dans une vague de brutalité et de violence gratuite serait ridicule en effet. Le jeune garçon brun baissa les yeux sur sa canette qu'il termina d'une seule et unique gorgée.

-Ouais, je sais me battre. J'dis pas que j'en sors chaque soir indemne, mais j'ai assez de résistance pour encaisser, et recevoir de quoi me sentir vivant pendant quelques jours.

Le souvenir cuisant d'un raclée qu'il s'était prit en débarquant à Keimoo lui arracha un sourire amusé. Seul face à toute une bande, c'était du suicide. Oui mais voilà, s'acharner sur plus faible que soit n'avait pas non plus grand intérêt. Ce qui était bon, c'était de voir l'obstacle se dresser, et frapper jusqu'à s'en faire saigner les poings. Et perdre, ou gagner. Le résultat n'avait pas beaucoup d'importance, même une victoire rapportant toujours son lot de fierté...c'était préférable, plutôt que de se faire démonter.
Akita considérait qu'il avait un peu d'expérience en la matière. Trop de temps passer à rôder dans les rues malsaines lui avait fait comprendre que la lune était son soleil. Son camarade, en revanche, avait dans la voix un engouement particulièrement savoureux, de celui qui maîtrise mal son enthousiasme. Il paraissait désireux de se jeter corps et âme dans l'aventure, quoi de plus normal après tout. Il avait indéniablement la rage pour s'y perdre, et l'intelligence pour s'y retrouver. Il n'y avait qu'à voir le sourire carnassier qui étirait lentement ses lèvres. C'était un fauve qui apparaissait, sortant de sa tanière avec impatience. Et Akita aimait se dire que si ils ne s'étaient pas croisés, son complice n'aurait peut être jamais eu l'occasion de goûter au délice des vices.

Le destin aimait jouer des tours...Akita et Akira, ou quand le loup trouve par hasard un de ses semblables pour aller crever le cœur de la nuit et lui faire vomir des flots d'encre noire et opaque sur la ville. Ils venaient du même endroit, ils auraient pu s'apercevoir mille fois déjà. Mais c'était là, dans le parc mal fréquenté au bout de l'avenue, qu'ils faisaient germer les graines de leur avenir.
Akita se leva, son visage rayonnant d'une lueur presque malsaine pendant le discours enivrant de son compagnon.
L'if était témoin d'une scène de la plus haute importance, et déjà le jeune garçon brun savait que jamais plus il ne pourrait passer une soirée sans penser à l'arbre, car sa silhouette à l'ombre noire qui se dressait là se grava dans sa rétine. Ce n'était qu'un if, ce n'était qu'un bout de bois garni de feuilles au plus dur de l'hiver. Mais c'était devant ce putain d'if que la vie d'Akita prendrait une nouvelle impulsion.

-Tu verras ce que tu veux voir, testons, Akira. Même si je sais déjà ce que je veux et ce que je vaux... Je préfèrerais crever la gueule ouverte dans les caniveaux de la vie plutôt que de laisser mon futur rester aléatoire, ou se faire souiller par le hasard. Si il le faut je laisserais ma volonté se graver dans ma chair. Et tu n'as pas l'air d'être de ceux qui se laissent piétiner sans broncher non plus, mais laisse moi juste te dire une chose : si t'es trop à la traine, mon gars, je t'attendrais pas.

Akita ricana, parce que ce n'était pas une menace. Il cherchait simplement à être sur que l'autre ne le lâcherait pas en cour de route, ce qui s'avérerait bien dommage étant donné qu'il commençait à l'apprécier. Le regard d'acier brûlant du rejeton Moboshi se planta dans celui étincelant d'Akira.

-Alors ouais, je suis de la partie. Allons aider les rats qui traînent ici à perdre un dent ou deux, et on s'en servira pour graver nos nom dans l'écorce de notre putain d'if.

Et comme pour mieux illustrer son désir ardent de faire affluer dans ses veines l'adrénaline si chère à son cœur, Akita s'empara d'une nouvelle canette de bière, qu'il vida de quelques gorgées, prenant soin malgré tout de laisser au fond un peu de liquide ambré et alcoolisé. Il savait où aller : quelques buissons les séparaient du bac à sable où qune idiots à la grande gueule aimaient aller fumer et enterrer leurs mégots chaque soirs. Petites frappes. Il s'en approcha sans un mot, ne doutant pas qu'Akira serait derrière lui en cette joyeuse soirée. On le regarda de haut, on lui demanda ce qu'il foutait là. Et il vida le contenu de sa canette à la face du gars en survêtement qui se trouvait à portée de tir. Pure provocation, rien de plus jouissif. Les insultes fusèrent à une vitesse ahurissante, comme il ne ne fallait pas grand chose à ces idiots dégingandés pour devenir agressifs, et abandonnant au sol sa canette vide, Akita lança son poing dans un nez au hasard, agrémenté d'un « ta gueule » sonore.

Test N°1 : Akita et Akira sont ils capable de débarrasser les lieux de la vermine rampante qui y traîne...
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyJeu 25 Fév 2010 - 16:51

    [Désolé pour le mois de retard, je n'avais même pas vu ta réponse. J'aurais dû vérifier plus tôt -___-]

    Amusant. Sa façon d'agir, de provoquer, de se lancer dans les flammes sans même craindre les brûlures lui offrait un charisme assez touchant. De la violence pure, de la haine, un vrai berserk. Akira était encore dans l'ombre de l'arbre, derrière les buissons, souriant à cette violence qui lui avait étrangement manqué. Il sentait un pincement au cœur, les remords de son autre lui qui aimerait contenir ce flot d'adrénaline. Mais en cet instant obscure, ses poings se serraient, bouillonnant d'un sang vif, prêt à éclater à tout instant. Son ami avait frappé le premier, et la bande d'en face réagis aussitôt, l'entourant en bande histoire de l'effrayer, de l'intimider, pour mieux le battre à mort. Mais ce chien de guerre n'avait que foutre de leur présence, il s'acharnait sur sa première victime qui, déboussolée par le premier coup, n'eut le temps de se protéger des frappes suivantes. L'un des délinquants s'approcha pour le frapper dans le dos en gueulant :

    - Putain, tu crois faire quoi là connard !

    C'est alors qu'un de ses potes lui percuta le dos, l'entrainant ainsi dans une chute avant qu'il n'ait pu asséner son coup. Les autres, spectateurs, se retournèrent en cœur, les veines sur leurs tempes prêtes à exploser, se demandant quel enfoiré avait bien pu défoncer leur pote par derrière. Akira était planté devant eux, les mains dans les poches, l'air ahurit.

    - Aw, désolé, je n'ai pas fait exprès.

    Un des rats s'approcha rapidement, dégainant aussitôt un couteau incurvé qu'il tenta de planter dans le coup du garçon. La ligne de frappe était tellement prévisible. Son nez explosa, et la lame tomba au sol. Akira venait de lui enfoncer son coude dans la gueule après un saut, et en profita pour s'appuyer sur le torse du mec titubant, pour enchainer le suivant d'une frappe du genoux.

    - Incroyable ! Ces petites frappes n'ont aucune notion des art-martiaux, du combat de rue, ou quoi que ce soit. De vrais merdes.

    Il y avait trois mecs à terre. A vrai dire, celui qui avait servis de bouffe à Akita était dans les vapes, il s'était salement déchainé dessus. Il ne comptais pas sur sa force, sur sa précision, mais plutôt sur sa volonté à envoyer son adversaire à l'hosto. Un seul coup d'œil suffit au garçon pour déterminer l'ampleur des dégâts. Il aurait des points de suture sur les arcades, sous un œil, au niveau des lèvres. Il pissait aussi le sang par le nez, en semblait avoir l'épaule déboitée, comme si Akita lui avait fait subir une technique de catch bien placée. Oui, c'était certain, il faisait cela par instinct, mais il le faisait bien. Ce mec savait se battre.

    Un claquement de métal attira l'oreille d'Akira. Par réflexe, il fit un saut périlleux en arrière, esquivant ainsi le coup de couteau qui visait ses chevilles. Tout juste posé au sol, il leva sa jambe droite devant lui, et explosa le poignet du vandale d'un coup de talon, lui faisant ainsi lâcher l'arme, et crier de douleur.

    - Fiou. Bien tenté.

    Il riait, à gorge déployée, comme il n'avait pas ris depuis bien longtemps. Se défouler sur de telles petites frappes n'était pas un grand challenge, il le savait. Mais c'était une prémisse, l'introduction au règne qu'ils aillent établir dans ces quartiers. A vrai dire, il voyait les choses en grand. Les gens comme lui et Akita se réuniraient, et prendraient assez rapidement le contrôle de ces quartiers. Quand les zones d'influence seraient établies, il savaient que de vrais caïds se montreraient à eux. Des personnes plus puissantes, de vrais adversaire. Un défi dont le prix serait la simple survie. Un combat sans règles, dans lequel seul le plus fort survis.

    - Voilà l'heure glorieuse de notre légende !
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MessageSujet: Re: L'heure Zéro [Akira]   L'heure Zéro [Akira] EmptyDim 14 Mar 2010 - 12:14


Que la lune en soit témoin, ce mec là était doué. Il y avait dans les gestes calculés d'Akira une précision qui impressionnait son camarade de jeux à tous les coups. Son agilité avait parfois quelque chose de surnaturel, qui touchait à un monde totalement différent de celui d'Akita, sans pour autant en être très éloigné. C'était presque deux approches différentes de la vie qui se dessinaient sous le voile pudique de la nuit. Presque. Car au final la violence reste violence quand on garde les mêmes motivations.

Akita cracha par terre avec méprit, évitant de peu la tête de celui qu'il avait, plus que battu, écrasé sans retenue. C'était peu esthétique mais ça avait au moins le mérite d'être clair. Les deux gars qui restaient avaient perdu leur virilité en voyant trois de leurs compagnons subir les assauts des nouveaux venus, et avaient détalé comme des lapins par instinct de survie. Quoi que la fuite n'était qu'une tare dans la machine peu complexe qu'était l'instinc : on ne devrait jamais fuir le danger mais plutôt l'affronter. C'était là une des philosophies d'Akita.
Lorsque le jeune homme dont les cheveux bruns avaient été mis en pagaille par l'action brutale, bien que brève, se tourna à nouveau vers son complice, un sourire légèrement dépité se dessina sur ses lèvres fines, illustrant la déception d'avoir fini trop vite cette mise en bouche amusante.

-Je crois qu'on leur a fait peur.

Maigre constat, c'était peu de le dire. Pour le coup le parc se trouvait bien vide, et presque inintéressant. Oh il y aurait bien quelques crétins pour ramener leur sa tronche dans les buissons, bien sûr. Et peut être même que les tapettes qui avaient fuit la queue entre les jambes reviendraient avec quelques amis. Mais en attendant, il ne restait que les trois victimes et les deux jeunes loups. Jeunes loups avides d'étendre leur territoire.

-On aura rien de légendaire mec. On sera juste l'ombre qui planera au dessus de la ville, tellement opaque que le jour sera comme la nuit : noir. Parsemé de rouge sang pour égayer le tout.

Le garçon s'adossa à un arbre et prit dans sa poche son paquet de clopes défoncé. Les coins étaient méchamment cornés, et c'est par chance que le contenu soit encore intact. Un petit tube pâle, fourré d'une quantité de choses nuisibles plus la santé, trouva sa place entre les lèvres d'Akita. Il fouilla frénétiquement ses poches, toutes ses poches, à la recherche de son briquet, et jura, regardant au sol pour voir si il ne l'avait pas fait tomber. Mais nulle trace du briquet en question. La racaille ôta de sa bouche la cigarette destinée à retourner dans son paquet finalement, et soupira.

-On devrait laisser une trace visible de notre passage non ? Je plaisantais pas totalement à propos de graver un truc dans l'if. Si on repart comme on était venu, ça changera rien. Faudrait qu'on laisse un message aux suivants.

Akita se creusa la tête, chose qu'il n'était pas franchement habitué à faire le soir, en compagnie de canettes de bière, et avide de violence. L'idée de se faire une réputation dans le coin lui plaisait plutôt bien. Peut être que cette réputation l'accompagnerait jusqu'au bahu un jour. Et qu'enfin on cessera les remarques méprisantes qu'il haïssait tant. Ce que les gens peuvent être cons parfois.
Au loin, bien plus loin, le bruit d'une poubelle en métal qui se vautre au sol dans la précipitation arracha un sourire à l'étudiant dont les yeux glacés et assassins luisaient de malice. Il malmena la clope qui était encore fixée entre ses doigts, et se demanda si c'était l'heure des renforts ou si ce n'était que la suite de la débandade des petites frappes. Dans un cas comme dans l'autre, il faudrait surtout se décider sur ce qu'il fallait faire désormais.
Il jeta un regard interrogateur à Akira, l'air de dire : ''Et maintenant ?''


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