Un matin ( super original le titre j'avoue mdr) [PV Tsu]

Invité

Le soleil s'était levé depuis quelques heures déjà mais l'heure était bien matinale. Les rues de la ville était plutôt calmes, voire quasiment vides. Il y avait cependant un jeune garçon qui marchait tranquillement dans les rues, une main résolument enfoncée dans sa poche, pendant que l'autre tenait une clope qu'il fumait nerveusement, étant perdu dans ses pensées. C'était quelque chose que les gens trouvaient assez bizarre, de voir un garçon qui paraissait si jeune en train de fumer une cigarette... Enfin, Kei était habitué.. Cette nuit-là avait été une de celles où les vieux souvenirs du passé revenaient sous forme de cauchemars et le réveillaient. Et après ces mauvais rêves, jamais il ne réussissait à s'endormir de nouveau. Alors il s'était levé de mauvaise humeur et puis était parti de l'académie pour faire un tour en ville. Il n'y allait que très rarement car il y avait beaucoup trop de monde et Kei ne supportait pas ça, mais là comme il y allait de bonne heure il n'y avait presque personne. Son moral était remonté en flèche après avoir vu le levé du soleil, chose qu'il affectionnait tout particulièrement. Le jeune garçon s'arrêta en plein milieu d'une ruelle et s'adossa à un mur, avant d'expirer profondément la fumée de sa cigarette. Ça ne faisait pas très longtemps qu'il était ici, et il ne s'y sentait pas encore bien. Il se demandait d'ailleurs s'il allait un jour se sentir mieux. Il en doutait. Le jeune rouquin, un air contrarié sur le visage, shoota dans une canette de bière vide qui traînait par là, canette qui fit un petit vol plané avant de atterir quelques mètres plus loin. Non vraiment il n'aimait pas l'académie qu'il avait intégré. Certes, les gens avaient l'air plutôt sympathiques dans l'ensemble, et pour ça Kei était un peu satisfait bien qu'il n'est fait connaissance avec peu de monde. En même temps en étant muet c'était un peu plus compliqué de fonder des relations... Enfin, ceci dit il commençait à être habitué ça faisait maintenant presque 3 ans... Bref, donc, même si cette académie avait une très bonne réputation, lui s'en foutait parce que la seule chose qu'il voulait c'était être près de Kiyoshi, et maintenant qu'il était ici, il ne pouvait plus lui rendre visite aussi souvent qu'avant. L'adolescent eut un sourire amer. Lui "rendre visite"... c'était plutôt une façon de parler vu qu'il n'était plus de ce monde. Mais Kei refusait de se détacher de son frère jumeau, de toute façon même s'il le voulait il n'y arriverai pas; et c'était pour cela qu'il venait tous les jours lui parler au cimetière. Et maintenant il ne pouvait plus. Il ne pouvait plus parce qu'il n'était plus chez lui... Pff, quelle vie de chiottes... Le jeune artiste soupira longuement, écrasa le mégot de sa clope à terre avant d'en rallumer une autre.

" La vraie paresse, c'est de se lever à 6 heures du matin pour avoir plus longtemps à ne rien faire. " [ Tristant Bernard ]

J'avais ramené les draps sur ma personne et m'étais accordé encore une ou deux minutes dans les multiples creux de l'oreiller. Non pas que je déteste me lever tôt, mais ce que je n'avais pas véritablement apprécié ce matin là, c'était le fait de m'être éveillé avant que mon réveil ne sonne. Je fais partie de ces gens aux principes redoutables que l'on a beaucoup de mal à convaincre. Parce qu'à mes yeux, mes idéaux comptent. Celles des autres également, mais dans le sens principal des choses, j'aime n'en faire qu'à ma tête. Les blonds sont - il réputés pour ça ? Allez savoir. Enfin bref, l'aurore se dessinait à travers la fenêtre de ma nouvelle chambre. La chambre n° 10. Les valises n'étaient pas défaites. Rien n'était encore accroché au mur, je n'avais pas encore récupéré la clé de la chambre, mais je n'en avais que faire. Que l'on vive dans un studio, dans un carton, dans une villa spacieuse, rien ne change le fait qu'on soit vivant. Vous trouvez que je me trompe ? Venez donc me prouver le contraire.

En attendant, J'enfilai directement une épaisse veste par dessus mon pyjama rayé. Oui, j'affectionne particulièrement les trucs nazes de ce genre, et pour répondre à vos insinuations : non je n' suis pas vieux jeu ! Bref, j'avais l'air d'un plouc, sapé comme un sac à merde, les cheveux en bataille et l'expression du visage comme toujours endormie. Tant pis. L'humeur à faire des efforts ne se présentait pas. Je suis une feignasse, qu'est ce que j'y peux ?! En refermant la porte de ma chambre, je me dirigeai vers le hall l'esprit un peu ailleurs. Oui, je suis rêveur. Oui, je me plais à me laisser divaguer dans de nombreux songes indécis qui me procurent souvent toute la créativité dont je fais preuve. 10h 30, et je me trouvais dans la ville. Les patés de maisons colorées & la rosée fraîche sur l'herbe du trottoir. Je relevai le col de mon long manteau. Sourire triste, soupir las. Je suis fortement intrigué par les végétaux, ces être verdoyants ou exotiques qui savent renaître de leur mort. Personellement, je les considérais comme le "phoenix" de l'humanité. A l'aspect fragile et pourtant redoutables. Un cliquetis métalique m'extirpa soudainement de mes pensées.

* Décidément mon ptit bichon, t'as un air de rabougri de bon matin, tu penses à des trucs pourraves, et tu prends même pas le temps de te rendre présentable. Bienvenue dans ta nouvelle vie. *

Il s'agissait d'une canette, là, égarée sur mes pieds. Ôh petite canette inocente et naïve, Tu es bien courageuse de t'aventurer jusqu'ici. Moi qui suis si étrange, je pourrais de ce pas décider de te prendre en photo des millions de fois. Haha, je suis un maniaque qui parlent aussi aux objets. Oui bon, Tsu Rozen est un cas social. J'ai décidé de faire un perso con, c'est comme ça. Enfin con. . .

Et en redressant mon regard, une toufasse orange le captura agressivement. En plissant les yeux, j'arrivais finalement à distinguer un visage à la fois puéril et si beau. Aux traits fins, à l'air doux. Malgré cela, l'attitude triste. Comme si toute la misère du monde s'était acharnée sur ses épaules. J'aimais bien ces personnes là. Celles qui voient tout à la façon d'un pierrot lunaire, à moitié conscient, allongé sur le croissant de Lune, attendant un monde à leur image, tantôt meilleur, tantôt pire. J'eus presque envie de le prendre en photo afin de me souvenir parfaitement de sa carure. Parce que ma mémoire n'est pas aussi bien huilée que les flash backs au cinéma. Je ne peux pas réellement compter sur elle. Mais dans le monde d'aujourd'hui, et surtout dans des pensions où l'on vient de mettre les pieds, peut - on vraiment compter sur quelqu'un dont on ne connait quasiment rien ? Je me penchais pour rammasser la petite chose.

- Waw ! J'adore la forme creuse que votre pied a formé.

Sans le regarder, l'impression qu'il m'interrogeait du regard me parut si logique que je me permis d'ajouter un truc tout con, mais je voulais le persuader que j'étais franc et que je ne me foutais en aucun cas de sa gueule.

- Non sans déconner !

Une fois de plus, j'avais l'air complètement niais, limite attardé sur ce petit déchet. Et le jeune homme d'en face tira une latte. Et je l'observais avec un regard tendre. Je n'sais pas trop pourquoi, mais ce gars là m'attendrissait bel et bien. Oh évidement, il pourrait avoir l'air vexé, mais je possède un caractère bien trop égoïste pour m'interesser à l'oppinion qu'il forgerait me concernant. A trop faire attention aux autres, on en perd le peu d'assurance qu'il nous reste. Ca devient une obsession, on s'y noie, on s'y perd. On croit pouvoir s'en sortir, alors qu'en fait l'étau se resserre. . .

Invité

- Waw ! J'adore la forme creuse que votre pied a formé.

Le rouquin eut un petit sursaut et releva la tête vers la source du bruit. Il haussa un sourcil, plutôt intrigué, se demandant de quoi la personne en question parlait...

- Non sans déconner !

Son regard tomba enfin sur la canette de bière sur laquelle il avait shooté quelques secondes plus tôt, qui se trouvait maintenant dans la main du jeune homme blond. C'était donc de ça que l'inconnu parlait?
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Kei alors qu'il regardait l'inconnu qui était plutôt... Original était le terme qui le définissait le mieux. Sérieusement, ça n'était pas tous les jours qu'on voyait des gens sapés comme ça en pleine rue, qui regardait une vieille canette de bière comme une œuvre d'art. D'autres personnes auraient pu se moquer mais l'adolescent n'en voyait pas l'intérêt...Les gens ne se regardaient jamais eux même avant de rire des autres... De toute façon dans cette société dès qu'on est différent on vous expulse, on vous fuit, on vous met à l'écart, comme si vous étiez une chose dangereuse... Mais faut bien de tout pour faire un monde, non?
L'adolescent fit quelques pas en direction de l'autre garçon, intrigué par la façon dont il le regardait, mais il ne s'en préoccupa pas plus, vu que lui-même avait la fâcheuse tendance d'observer minutieusement les gens qu'il rencontrait pour la première fois. Il poussa un léger soupir, et tira une bouffée de sa clope avant d'expirer longuement. Oui, il aimerait bien faire plus ample connaissance avec cet inconnu qui sortait du lot de tous ces gens qui se voilaient la face et qui se copiaient tous entre eux, comme s'ils avaient peur qu'un jour on les rejette pour ce qu'ils étaient réellement. Un vrai troupeau de montons... Mais voila, il allait encore devoir lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas parler, et c'était plutôt ça qui l'irritait. Surtout que l'inconnu pourrait ensuite se décider à partir puisque lui était muet, et donc qu'il n'en tirerait rien. Mais Kei se plaisait à espérer que peut-être l'inconnu aux allures étranges pouvait être différent des autres vis-à-vis de lui. Il hésita quelques instants, puis il lui adressa un sourire, et fit une croix avec deux de ses doigts sur sa bouche. Le message ne pouvait pas être plus clair, d'après lui.

" Ce que la voix peut cacher, le regard le livre. " [ Georges Bernanos ]

Je voyais juste, il m'observait, ce petit bout de bonhomme. Si je me souviens bien, je crois que j'étais plus grand que lui. A moins que. De son côté, lui était assez maigre. Le soleil surplombait définitivement l'allée, l'illuminant à travers les nuages. Un frisson me parcouru l'échine. J'admire la pluie, le vent, mais pas cet astres trop prétentieux face auquel on ne peut même pas le contempler sans s'abîmer les yeux. L'oeil est un organe pourtant très important. Il exprime, révèle, offre des capacités tellement nombreuses qu'elles suffiraient à elles seules pour remplir ce post. C'n'est pas le but. Une brise légère et irrégulière vînt fouetter leurs visages, remuant selon l'intensité de son souffle les quelques mèches en virgule sur son front. Le cylindre toujours dans ma paume, dégageait une légère odeur d'Heinekein. Sans doute qu'un vagabond l'avait jeté sans bien se rendre compte qu'il souillait la planète. J'adorais imaginer le genre d'histoires qui pouvaient appartenir aux objets que je trouvais. Surtout ceux qui ont l'air tout à fait ordinaire. C'est aussi une des raisons qui fait que j'entretiens un sacré bordel chez moi. Je ramène toujours des tas de trucs machins bidules qui sont inutiles. Le fumeur parut surpris que je parle de la babiole comme quelque chose d'authentique. Oui, c'est vrai que parfois j'ai une vision des choses assez unique. Et après ?

Il fit un mouvement bref, on comprenait explicitement qu'il apréhendait l'action. Ses deux indexs sur le bout de ses lèvres en forme de "x". Si j'étais quelqu'un de méchant et d'incroyablement con, j'aurais peut être fait genre je ne comprenais pas ce qu'il tentait de me faire parvenir. J'aurais également pu me fendre la poire et lui demander si il faisait la gueule juste parce que je l'avais observé trop longtemps. Mais pas cette fois. Parce qu'il baissait la tête en m'indiquant son fardeau. Ca me choqua profondément. J'essayai de le dissimuler comme je pouvais. Ca venait donc de là, cette aptitude à s'exprimer par la gestuelle. . .

D'un pas assez non chaland, je me rapprochai de Kei. Encore un peu, à nouveau un peu plus. . . Jusqu'à ce que mon visage soit près du sien. A partir de ce moment, j'avais très très envie de faire un caprice pour discuter avec lui, de lui mettre une gifle juste pour entendre le son de son cri furieux. Seulement j'étais trop crevé pour mettre mes plans diaboliques à éxécution. Moi aussi, je m'addossai à ce mur, à ses côtés. Puis je tournai la tête vers lui, en fourrant la main dans ma poche. J'en sortit un petit callepin, celui qui me servait à faire mes croquis avant de prendre une photo. Par chance, le bloc note avait un stylo raccroché à lui par une petite chaine en métal. Avec un air complice, je tendais ma main dans laquelle se trouvait le callepin.

- De toutes façons, on exprime tout l'temps par écrit ce qu'on ne sait pas dire.

Sans arrière pensée, je relevai la tête vers le ciel couleur océan. Un élan de tristesse semblait s'emparer de moi. J'suis pas quelqu'un de sensible, mais ce mec me touchait. Ca avait du être chaud dans son enfance, à l'école, de ne pas pouvoir dire la réponse même s'il la connaissait. J'pense pas qu'à sa place j'aurais eu assez de cran pour me confronter à la vie. Mais il fallait émettre l'hypothèse qu'il n'avait pas été muet depuis sa naissance. Je me mis à le souhaiter vivement. Dans une vie, on ne cesse jamais de souhaiter.

- Dis. . . Tu me la prêtes, ta clope ?

Je resserrai l'étreinte sur la canette. La veille j'avais décidé d'arrêter de fumer. Aujourd'hui, j'assumerai une défaite supplémentaire.

Invité

- De toutes façons, on exprime tout l'temps par écrit ce qu'on ne sait pas dire.

Kei fixa un long moment la main de l'inconnu tendue, qui détenait ce dont il avait tout le temps besoin. Et ses yeux qui traduisaient toutes ses émotions s'allumèrent, une lueur de reconnaissance dans son regard habituellement si mélancolique, alors qu'il le relevait vers l'inconnu. Timidement, il tendit alors sa main droite et prit ce grâce à quoi il allait pouvoir s'exprimer. Il baissa ensuite les yeux vers le crayon, et le papier. C'étaient des choses qu'il ne prenait plus avec lui, n'ayant plus le cœur de "parler" avec des gens qu'il dégoutaient, ou bien qui avait soi-disant de la pitié pour lui. Et là... Là il pouvait s'exprimer... Pour une fois il pouvait "parler" avec quelqu'un...Quelqu'un qu'il avait envie de connaître, parce qu'il ne le regardait pas comme si c'était un martyr ou un cinglé. Et rien que de savoir ça, ça le remplissait de joie. C'est vrai qu'il écrivait beaucoup, maintenant qu'il était muet. Il écrivait pour évacuer sa douleur, sa rage le plus souvent.... Il écrivait plein de choses, certaines qui ne servaient à rien, certaines en quoi ils croyaient... Qui ne seraient lu de personnes donc au fond ça ne servait à rien... Mais Kei se sentait un peu plus fort comme ça... Mais là maintenant tout de suite... La chose la plus étrange était qu'il ne savait pas comment s'y prendre. Où plutôt il ne savait plus... Il ne savait plus ce que l'on était sensé dire à un inconnu, il ne savait plus comment on s'y prenait. Et pourtant, le fait de pouvoir le faire, c'était déjà extraordinaire.

- Dis. . . Tu me la prêtes, ta clope ?

Kei sursauta. Il était tellement fasciné par le fait de se sentir capable de communiquer qu'il en avait presque oublier l'autre garçon. Il releva la tête, et un sourire réellement sincère vint orner ses lèvres alors qu'il lui tendait sa cigarette. Alors, il débouchonna le stylo et fébrilement, après quelques secondes d'hésitation, il inscrit quelques mots sur le papier.

Merci. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un à cette heure-ci, et dans un coin aussi peu fréquenté.

Et ce fut tout. Il tendit le calepin vers l'autre garçon. Kei avait toujours eu un peu de mal à débuter une conversation avec les gens qu'il ne connaissait pas, et encore plus depuis qu'il ne parlait plus. Fonder des relations amicales, ce genre de truc, il avait laissé tomber depuis le temps... C'était trop compliqué... Trop dur... Et puis après tout... Ça n'en valait pas la peine... Ça n'était pas si mal d'être seul. Vous ne tenez à personne, personne ne tient à vous, donc vous n'avez pas de problèmes, pas de prises de tête... Enfin c'est ce que le rouquin se disait. Un petit mensonge à lui même pour se sentir mieux. Nerveusement, il passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement avant de lever la tête vers le ciel et de se perdre dans sa contemplation. Kei aimait beaucoup le regarder, il se plaisait à penser que cela devait être génial d'être un oiseau, de pouvoir voler... On devait se sentir invulnérable, libre. La liberté... C'était bien quelques chose à quoi Kei tenait. Pouvoir faire ce à quoi on croit sans se préoccuper d'autrui... C'était ça le plus important, au fond.

" Il croyait que c'était à la solitude qu'il tentait d'échapper, et non à lui-même. " [ William Faulkner ]

Un long silence s'installa entre les deux jeunes étudiants que nous étions. A croire que la matinée nous avait assomée. Pourtant c'était un jour semblable aux autres, j'avais pris mon grand bol de chocoquipik, mis la radio à fond pour faire passer le temps. Mais je n'avais en aucun cas la possibilité de prévoir que je tomberais sur un os tel que ce gars là. Avez - vous ne serait - ce qu'effleurer l'idée qu'un jour vous vous retrouveriez dans ma situation ? Avez - vous mesuré l'ampleur de la boule immonde dans votre estomac en pensant à toutes les brimades auxquelles on avait droit lorsqu'on paraissait différent? Même en pensant aux gens qui, malgré cet handicap, avait réussi leur vie. . . Tenez! Par exemple : connaissez - vous un seul mîme célèbre ? La personne que je suis n'en connais pas un. Non, non. Pas le moindre. Parce que ce ne sont pas des sujets qui nous intéressent, et toutefois, il arrive que nous en ayons besoin. Comme dans ce cas, là particulièrement embarrassant. Je n'éprouvais pas de pitiée à son égard. Il devait avoir l'habitude. Mais quel raisonnement stupide ! Avoir l'habitude de quoi?! d'être seul?! Non : Injuste, beaucoup trop Injuste !

" Merci. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un à cette heure-ci, et dans un coin aussi peu fréquenté. "

" Putain de bordel. Hé mec, bien sûr que tu allais me tomber dessus. C'tait prévisible. Tu es moi, mais avec encore plus de difficultés. Là, je songe à des choses horribles du genre " Ouf, quelqu'un de plus miteux que moi " alors que je rejette ce genre de pensées. Ne baisse pas les bras. Y a forcément quelqu'un qui t'attend quelque part. Trouve le, accroche - toi. Ne laisse pas à cette chienne de vie le droit de te vaincre. "
Ca, c'était le discours que j'aurais voulu lui étaler. Ce noeud dans ma gorge m'en empêcha sans que je puisse lutter. J'me sentais naze. La sensation d'inutilité fait partie des choses sacrément désagréables de l'existence. Ce type m'inspirait. Des tas d'idées s'entrechoquaient dans mon esprit. De plus, cette phrase écrite par ses doigts aux ongles rongés traduisait tout et rien. Elle tournait en boucle dans mon esprit. Pareil à un tambour de guerre. Pareil à un échec prédestiné. Je détournai le regard et porta sa cigarette à mes lèvres. Merde.

- Tu sais, j'sais vraiment pas pourquoi je suis si gentil aujourd'hui. D'habitude je me comporte comme un gros salaud ou presque.

Je me mit à ricaner tout bas. Je désirais lui faire comprendre que ce jour là j'avais décidé de ravaler ma fierté et de lui consacrer toute mon attention. Le petit avait du mérite. Et en tout bon curieux que je sui, je n'allais certainement pas m'arreter à un coup de pied dans une canette de bière ou encore à de simples notes sur un minuscule post - it.

- Raconte moi ta vie, j'ai du temps à perdre.

J'esquissai un bref sourire amical, puis levais mon index vers lui. En le poitant du doigt, je pouvais m'assurer qu'il m'écouterait.

- Et comme tu n'as pas ton mot à dire, et pardonne - moi cette expression, j'vais te photographier.

Fallait que je sorte une connerie plus grosse que moi. Je n' sais pas, une impulsion. Et je peux vous parier que s'il refusait de se prêter à ma séance de shots, j'étais carrément déterminé à le forcer. Avec ma capacité à convaincre les gens, un peu de chance suffirait pour qu'il accepte. Néanmoins le doute s'imissa. Je haussai les épaules en lui adressant un clin d'oeil discret.

- Bah quoi, j'y peux rien si t'es mignon.

Franchement, je brûlais d'impatience : sa réaction m'en dirait davantage sur lui, sur son caractère ainsi que sur ses habitudes. Ca ne veut pas dire que mes propos étaient mensongers. Il bénéficiat d' une frimousse vraiment chouette. Bah, arrêtons de chercher du vocabulaire, quelqu'un de mignon, quoi.

Invité

- Tu sais, j'sais vraiment pas pourquoi je suis si gentil aujourd'hui. D'habitude je me comporte comme un gros salaud ou presque.

Le rouquin écrivait au fur et à mesure des paroles du blond. Une certaine ivresse l'envahissait de pouvoir communiquer avec ce garçon... Et même s'il se disait salaup... Il devait forcément avoir un grand coeur, sinon il ne lui parlerait pas tant.

Parfois, je comprend les gens... Je pense que moi aussi je me serais comporté comme ça, avant... On ne se rend pas compte de ce que c'est lorsque que l'on est pas différent des autres.

C'était vrai... Quand on est normal, on a tout ce qu'il faut donc forcément on ne peut pas savoir. On se plaint de choses futiles alors que certaines personnes sont trois fois plus à plaindre que nous. Non pas que Kei voulait avoir le monopole de la douleur, lui aussi pensait quelque fois qu'il devrait arrêter de voir tout en noir parce que sa situation n'était pas la pire.... mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être pessimiste, c'était comme ça maintenant. Mais d'un côté, y a toujours mieux et pire que nous. Donc tout le monde possède ce droit de se plaindre quand ça devient trop dur, parce que, n'ayant pas connu de choses plus graves, c'est normal. C'est juste la perception de la gravité qui est différente.

- Raconte moi ta vie, j'ai du temps à perdre.

Te raconter ma vie...?

Le rouquin stoppa le stylo. C'était la première fois que quelqu'un lui posait cette question. Il ne savait pas vraiment quoi répondre, il n'y avait pas grand chose à dire. Il commença à écrire son prénom et se stoppa dans son élan. Il hésita. Une partie de lui le poussait à écrire son faux prénom, et l'autre le poussait à écrire le véritable.... Parce que l'inconnu l'avait mérité.

...Je m'apelle Kei. J'ai 16 ans. Ca fait trois ans que je suis muet.

C'était clair, net et précis. Ses gouts et tout ça, il verrait après, si l'inconnu n'avait pas étancher sa curiosité. Ca ne le dérangerait pas de dire tout ça, c'était juste qu'il n'avait pas l'habitude et qu'il ne préférait pas s'étaler de peur d'ennuyer l'autre adolescent. Ses parents lui avaient souvent dit qu'au moins il aurait eu la chance de pouvoir parler, alors que les muets de naissance n'en auraient jamais le possibilité. Kei savait que c'était vrai, mais au fond de lui, il trouvait que c'était plus dur. Parce qu'il avait peur. Il redoutait de ne plus jamais pouvoir parler jusqu'à la fin de sa vie, et c'était dur. Puisqu'il avait su parler. Il avait su rire. Il avait su crier sa colère et sa joie. Et maintenant il ne pouvait plus faire tout cela... Et c'était dur... Mais après tout la vie est une p*tain non... Puisqu'il n'avait pas le droit de mourir... Alors il endurait la vie et tout ses vices, et profitait des quelques moments un peu plus agréables, comme celui-là.

- Et comme tu n'as pas ton mot à dire, et pardonne - moi cette expression, j'vais te photographier.

Kei haussa un sourcil d'étonnement Le quoi? Le photographier? C'était quoi encore ce délire?

- Bah quoi, j'y peux rien si t'es mignon.

Le jeune rouquin se figea, et ses joues s'empourprèrent. Dieu qu'il ne supportait pas ça. Rougir, c'était bien quelque chose qu'il ne contrôlait pas, et qu'il haïssait. Maudit soit les causes chimiques ou physiques de ce phénomène complètement stupide qui embarassait encore plus Kei qu'il ne l'était déjà. On lui avait rarement dit qu'il était mignon, voire même quasiment jamais. Le jeune garçon passa une main sur sa nuque en signe d'embarras important tout en fixant ses shoes et en se posant la question de savoir si oui on non l'inconnu était sérieux. Disait-il cela juste pour le faire accepter? Et après tout, pourquoi voulait-il le photographier? Parce qu'il était mignon? Douteuse raison...

Je ne sais pas... Pourquoi veux tu me prendre en photo? Parce que je suis "mignon" ? Douteux...

Il eut soudainement une angoisse qui le prit à la gorge et il ajouta, habitué à ce genre de réaction chez autrui, pas pour la photo évidemment mais pour plein d'autre choses... Les gens avaient l'impression d'avoir fait quelque chose de bien en privilégiant ceux qui n'étaient pas "normaux".

Ou alors tu crois faire une bonne action en me photographiant, juste parce que je ne parle plus et que tu repartirais en ayant l'impression d'avoir fait quelque chose de louable dans ta vie?

Il tendit le calepin à son propriétaire et le fixa en se posant tout un tas de questions. Pour lui c'était impossible qu'il veuille le prendre en photo juste parce qu'il était mignon. C'était absurde! Mais il avait un air désolé dans son regard, comme s'il regrettait la dernière phrase qu'il avait écrite. Parce que maintenant qu'il y pensait, non il ne lui demandait pas ça pour cette raison, Kei le savait bien, il sentait que l'autre garçon n'était pas comme les autre, qu'il avait été sincère... Il espérait maintenant qu'il ne le prenne pas mal...

" Prendre quelqu'un en photo, c'est un peu comme le rencontrer dans un train. " [ Martine Franck ]

Je lui rendis sa clope.

" Parfois, je comprend les gens... Je pense que moi aussi je me serais comporté comme ça, avant... On ne se rend pas compte de ce que c'est lorsque que l'on est pas différent des autres. "

Le mot "parfois" ainsi placé dans le contexte de la phrase me fit tiquer. Je ne comprenais pas pourquoi il usait ce mot. Je secouai la tête afin de ne pas partir dans des réflexions longues et improductives. J'enjolais encore plus de mauvaises manies depuis mon arrivée au Japon. Seulement maitenant, plus de retour en arrière, je me l'étais promis. Mes mains moites, froides se détendirent d'une façon empressée, et la canette chuta une nouvelle fois. Elle roula loin, jusqu'à ce qu'on ne la voit plus. Je me mordillai la lèvre inférieur. Détail parmi tant d'autre me direz - vous. Mais une mutlitude de détails ne forme - t - elle pas une description précise dans tous romans ?

" ...Je m'apelle Kei. J'ai 16 ans. Ca fait trois ans que je suis muet. "

Excellent. J'appréciais fortement le fait que cet homme joue le jeu. Simple, court, efficace. Je ne lui dirai pas de mots typiques tels que " Enchanté" ou "Ravi de faire votre connaissance" parce que je jugeais cela trop ordinaire. Je recherche l'originalité dans la modestie. Ni plus, ni moins. Par la suite, je me retins -avec toutes les forces dont je disposais- de rire face à la réaction qu'il adopta, quand je lui avais fait ma proposition. ( même si ce n'en était pas vraiment une puisque je ne lui laissais pas le choix. ) Je savourai chaque fraction de seconde en sa compagnie. Je me pris d'affection pour lui. Je le répète : il ne s'agissait pas de pitiée.

Tout d'abord, il parut affreusement embarrassé. Sa mimique de "jelèveunsourcilparcequej'suisétonné" m'obligea à pouffer de rire. Un vrai gamin. Non mais quel chieur je fais ! En attendant, Kei se mit à inscrire des trucs rapidement sur le carnet :

" Je ne sais pas. . . Pourquoi veux tu me prendre en photo? Parce que je suis "mignon" ? Douteux. . . "

Et puis, sans me laisser le temps de réagir, il s'appliqua de jure pour écrire ceci :

"Ou alors tu crois faire une bonne action en me photographiant, juste parce que je ne parle plus et que tu repartirais en ayant l'impression d'avoir fait quelque chose de louable dans ta vie? "

Je lui souris, j'avais anticipé une réponse à l'égal de celle -ci. Alors, je levai moi aussi un sourcil, me positionna face à lui. Grâce à ma taille qui le dominait, je pus me pencher par dessus sa peronne, en posant chacune de mes mains vides sur le mur, au niveau de sa boîte cranienne, à coté de chacune de ses oreilles. ( oui je fais exprès d'mettre ce genre de répétitions. )

- Oui oui, voilà, t'as tout deviné. Tu es ma B.A du jour. Tu m'fais pitiée au point de vouloir une photo de toi pour me souvenir des gens en difficulté. Ca me rassure voilà ! Non mais t'es con ou quoi ?! J'suis peut être une sous merde, m'enfin au point de penser c'genre de choses. . .

Et puis une lueur étrange sembla s'infiltrer dans mon regard franc. Il avait employé le mot "douteux".

- . . .A moins que tu aies peur du gros pervers que je fais et qui n'a qu'une idée en tête: celle de te violer bien sûr. Dans ce cas là, je dois agir rapidement.

Cette pointe d'ironie sonnait faux. A l'entendre, on avait plus le droit de prendre d'image de ce qu'on trouvait sympa. Tant pis, je devrai me contenter de la canette abîmée ce matin - là. Ma petite comédie l'énerverait sans doute. J'étais suceptible et il n'était pas dans mon intention de le blesser. Seulement j'ai un caractère de merde, et j'avais agi sans rélféchir sur ce coup. M'en voudrait -il ?

Invité

Kei récupéra sa clope et en tira une latte en expirant lentement.

- Oui oui, voilà, t'as tout deviné. Tu es ma B.A du jour. Tu m'fais pitiée au point de vouloir une photo de toi pour me souvenir des gens en difficulté. Ca me rassure voilà ! Non mais t'es con ou quoi ?! J'suis peut être une sous merde, m'enfin au point de penser c'genre de choses. . .

Un petit frisson le parcourut. Rah ce qu'il détestait être aussi petit et chétif. Il n'était pas franchement tranquille quant à sa situation actuelle. Mais la dernière chose à faire serait de baisser les yeux. Kei avait bien trop de fierté pour cela. Alors il ne se déroba pas au regard du garçon dont il ne connaissait toujours pas le prénom. Parce qu'il paraitrait encore plus faible qu'il ne l'était déjà et ça n'était pas du tout le but recherché. Il détestait être en situation d'infériorité comme le montrait très bien cet exemple-là.
Oui, il était con. Il ne savait pas ce qui lui avait pris de lui écrire de telles insinuations alors qu'il prenait de son temps avec lui. M'enfin, il avait tellement l'habitude et devenait tellement méfiant envers les gens que c'étaient sorti tout seul.

- . . .A moins que tu aies peur du gros pervers que je fais et qui n'a qu'une idée en tête: celle de te violer bien sûr. Dans ce cas là, je dois agir rapidement.

Kei écarquilla un peu plus les yeux. Son innocence d'enfant qu'il avait en parti gardé en lui l'avait empêcher de penser à de telles choses quand il avait écrit le mot "douteux". Alors la surprise l'avait un peu déstabilisé. Cette idée ne l'avait même pas effleuré, bien que l'autre adolescent pourrait sans difficulté arriver à ses fins s'il aurait souhaité lui faire subir cela. Il va sans dire que le rouquin n'en menait pas large, bien qu'il savait que le blondinet ( huhu) n'était sérieux. Parce qu'après réflexion, un pervers fringué comme ça, ça n'existait pas. Pis il n'aurait pas pris le temps de parler avec lui. Les yeux de Kei lançaient des éclairs de contrariété. Le rouquin ne chercha même pas à repousser l'inconnu, vu que sa capacité physique supprimait déjà cette possibilité. De plus, il devait être plus petit d'au moins cinq bons centimètres.
Calmement, il baissa les yeux pour accrocher ses iris au papier, et il se mit à écrire, jetant quelques coups d'œil furtifs à l'autre garçon, se demandant quel âge il avait, qu'est ce qu'il faisait dans la vie, et surtout qu'est ce qui avait fait qu'il gaspillait du temps avec lui.

C'est vrai que je n'avais pas forcément de raison de faire des insinuations pareilles..... Pis t'sais... T'as pas une gueule de pervers.

Et avec un petit sourire, il tendit le bloc-note au garçon. En temps normal il aurait passé une main dans ses cheveux par nervosité, mais là il ne pouvait pas vraiment, alors il se contenta de se ronger les ongles, pendant que son autre main tenait la cigarette. Sérieusement, il voulait apprendre des choses sur l'adolescent fan d'un bout de métal. Pis ça faisait longtemps qu'il n'avait pas fait connaissance d'une manière aussi étrange que celle-ci. Après réflexion, personne n'a ce genre de rencontre bizarre. Il avait une certaine affection pour le jeune homme, bien qu'il ne savait pas vraiment pourquoi. Etait-ce parce qu'il restait avec lui? Etait-ce parce qu'il ne voyait pas de la pitié dans ses yeux? 'savait pas trop. M'enfin l'humain a des réactions étranges parfois.

" On ne devient pas pervers, on le demeure. " [ Sigmund Freud ]

Intérieurement, je riais de ma connerie : fier d'avoir sorti cette réplique ; même si j'avais peur qu'il le prenne mal. Kei ne devait pas fuir. S'il affrontait toutes les épreuves que je lui ferais endurer ce matin là, je l'inviterais probablement à déjeuner. Rares sont les gens qui me supportent. Mais chut, ça, il ne doit pas le savoir. Sur le moment, il me toisa d'un oeil assez estomaqué, puis, le jeune homme marqua un temp sans bouger. Hésitait - il ? Avait -il les pétoches ? En bon pince sans rire, je n'ai pas pipé mot, juste pour voir si ma supercherie marchait. J'adorais, et j'adore encore, faire des test sur les gens, afin de voir si je suis crédible ou pas en fonction de mes actes. Aucun de nous ne bougeait. Pas même d'un cil ou d'un cheveu. La douce brise continuait de nos bercer. Alors, Prendrait ? Prendrait pas ?

" C'est vrai que je n'avais pas forcément de raison de faire des insinuations pareilles..... Pis t'sais... T'as pas une gueule de pervers. "

Et Merde ! Encore raté. Et qu'est ce qu'il en savait lui, quelle gueule ça avait, un pervers ?! Ces enflures ne se abladent jamais en pyjama rayé ? Ce n'est pas pour autant que je me défilai. alors, j'avançai mon corp plus proche de lui qu'il ne se trouvait déjà. J'hésitais entre deux choix. L'embrasser pour pousser le bouchon très loin et me recevoir une torgnole, ou faire ce que j'allais faire. Il avait l'aspect de quelqu'un de fragile, et pourquoi me serais - je aventuré à le martyriser à vie ? Pauvre bonhomme. Il paraissait évident que ma fierté me rappelle à l'ordre ainsi de temps à autres. Ma main droite vînt s'aventurer sous son menton, dans le but de redresser sa tête devant la mienne. Nos lèvres étainet d'un proximité remarquable. Je fronçai les sourcils.

- En es - tu certain ?

Mon autre main accompagna la première et caressa sa joue pâle. Le vent l'avait cependant empourprée, car ce froid devenait un peu rugueux lorqu'il était tôt, aussi bien en été qu'en hiver. Il n'y a pas que parfois que l'être humain a de bien drôles conduites. Je voulais qu'il aie peur. Je voulais voir l'expression de son visage quand il était effrayé. Parce que j'aurais mis ma main au feu que c'aurait fait de merveilleuse photos. Et comme il avait pratiquement décliné mon offre, je ne pouvais m'accrocher qu'à ça. Qu'à une image, rien de plus. Je plissai les yeux, puis retirai ma main. Un long instant passa. Ensuite, je m'ôtais de lui en une seconde. Je reculais enfin de quelques pas pour lui rendre son espace vital. Je me munis d'un ton suppliant pour hurler ma fausse peine.

- ÔH DIEU CRUEL, POURQUOI EST CE QUE TU T'ACHARNES TOUJOURS A FAIRE FOIRER MES PLANS ?!

Voilà, c'est un exemple qui met relativement en valeur les bêtises que je peux sortir sans cesse. J'aime déconner, c'est dans les gênes. Même si c'est lourdingue et chiant pour les autres, moi ça m'éclate. Egoïste, oui. . . Je sais. Mais je n'ai pas que des défauts, même si je dispose de moins de qualités. J'ai tendance à me rabaisser, mais dans ces cas là, je le garde pour moi. Je n'accepterai jamais de me livrer à quelqu'un. Sauf s'il comprend. Sauf s'il me le demande directement sans en discuter. Sinon c'est mort. Mort. Juste mort. Je fis volte face, ce qui produisit un effet assez théatrâle. Le silence, toujouus ce foutu silence qui revenait. Je ne supporte pas cet absence de bruit ! Quoi que je le rompis soudainement, parce que je fus pris à l'assaut par un fou rire atroce. Oui, j'étais un énergumène assez incompréhensible voir abstrait, mais au moment ou je me remémorais ma rencontre, mes âneries en supplément du levé de sourcil de Kei. . .
C'tait parti sans prévenir. Je lui adressait finalement la parole.

- Alors tu ne souhaites même pas être mon amant d'un soir ?

Je mimais une petite larme qui coulait sur ma joue. Et dire que je l'avais traité de con . . .

Invité

Kei avait espéré que l'autre garçon recule après avoir lu ses écrits, mais apparemment monsieur n'en avait pas décidé ainsi. Il approcha son visage encore plus près du sien au point que le rouquin pouvait sentir son souffle sur sa peau. Le jeune garçon avait la soudaine envie de ne faire plus qu'un avec le mur derrière lui. C'était vraiment pas drôle il avait pas honte de lui faire des choses pareilles? Qu'avait-il fait pour mériter ça? hein? D'autant plus que l'inconnu n'était pas moche du tout ce qui constituait une pression de plus sur le pauvre petit Kei.

- En es-tu certain ?

C'était quoi le trip là? Sérieux, Kei commençait à flipper grave. La main du blondinet caressa sa joue et le rouquin crut mourir d'angoisse, mais aussi d'embarras. Il rougit un peu plus, priant le ciel pour que l'autre ne croit que ça n'était que la fraicheur de la journée et le vent qui soufflait. Est ce que vous aviez déjà été dans une situation comme celle-là, où vous avez un peu peur et en même temps ces choses-là sont tellement nouvelles pour vous que ça vous faire rougir parce que en fait vous ne trouvez pas ça désagréable.... Mhm nan y avait que Kei pour ressentir les deux en même temps... Un vrai cas ><. On pouvait lire tout un tas de choses dans ses yeux, passant de la peur à la colère et à une certaine gène. Finalement il détourna le regard de l'autre adolescent, les joues en feu, déstabilisé par le nombre de pensées et sentiments contradictoires qui affluaient dans son pauvre petit cerveau qui n'arrivait plus à contenir tout ça. Enfin, au bout de quelques secondes qui lui parurent une éternité, le blondinet retira sa main. Un long silence pesant c'était installé, le rouquin trop perturbé pour dire quoique ce soit, et l'autre qui n'avait visiblement pas envie de le rompre. Quel supplice pour le pauvre petit garçon! Le moment sembla durer des heures, l'inconnu se recula de plusieurs pas en quelques secondes. Kei ne put réprimer un soupir de soulagement, et passa vigoureusement ses mains dans ses cheveux pour reprendre ses esprits.

- ÔH DIEU CRUEL, POURQUOI EST CE QUE TU T'ACHARNES TOUJOURS A FAIRE FOIRER MES PLANS ?!

Il sursauta. L'absence de bruit avait été si longue que cela le surprit. De nouveau, par tic sûrement, il haussa un sourcil. Qu'est ce qu'il racontait encore l'énergumène? Le rouquin l'observait sans bouger, s'étant juste un peu décollé de son mur. Ce gars là était vraiment.... space... Ouai c'était le premier mot qui venait à l'esprit du jeune adolescent. De nouveau, le silence s'était fait, en même temps c'était pas compliqué quand il n'y a qu'une personne qui parle. Kei ne savait pas quoi faire, il était un peu largué sur le coup... Il réfléchissait à quoi "dire" mais il fut interrompu par l'arrivée inopiné d'une méga crise de rire chez l'autre. Mais ce mec était complètement faldingue ou quoi? Y avait de quoi se poser des questions... Enfin, malgré ça, le rouquin ne pouvait pas s'empêcher d'avoir une certaine estime pour cet inconnu qui avait accepté de "faire connaissance" avec lui.

- Alors tu ne souhaites même pas être mon amant d'un soir ?

Kei écarquilla les yeux de stupeur, une nouvelle fois. Son amant ????? Wowww. A cette pensée ses joues s'empourprèrent de nouveau, n'ayant pas pu retenir les pensées osées de ce qu'il voulait dire par le mot "amant". Il plissa les sourcils de contrariété et réfléchit un moment. L'attitude de l'autre lui donnait à penser qu'il s'était totalement foutu de sa gueule, et d'un autre côté elle lui donnait envie de rire, mais de rire. L'air faussement dramatique collé sur le visage du blond, c'était assez comique. Le petit garçon esquissa un semblant de sourire, et n'étant pas encore très sûr de tout ce qu'il pensait, il écrivit doucement.

T'es toujours aussi dingue ? C'était franchement pas drôle!

Il n'avait pas pu s'empêcher d'en rajouter un petit peu, contrarié.

" Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. " [ Yves Thériault ]

En fait, j'avais vu juste: il avait flippé comme pas un. J'étais en train de penser que ce qui aurait pu être commique, c'aurait été d'être dans la même chambre que lui. De pouvoir le torturer à ma guise. Mais normalement cela restait impossible. Fort dommage, j'appréciais tellement ses petites grimaces & sa moue boudeuse qui me faisaient littéralement fondre. Comment avais - je pu zappé d'emporter mon appareil photo? T.T Il fallait à tout prix que je trouve un moyen de le prendre. . . Peu importe la façon ou la manière dont je devrais user. Ses photos feraient un malheur. Je le sais! J'ai l'oeil pour ça. J'ai l'oeil pour lui. En toute franchise, j'exerce souvent une pression sur ceux avec qui je discute. Ca met de l'ambiance et ça me permet aussi de connaître ce qu'ils font et ne font pas. On retrouvait dans le regard du petit roux, l'insouciance de l'enfance que l'on a trop vite quittée. Que l'on regrette. Il avait sans doute dû abandonner cette jeunesse sans vraiment l'avoir achevée. Un truc, il avait dû se passer un truc qui l'avait empoigné, déraciné. J'sentais souvent ce genre de choses. En agissant comme un taré, je pense que j'avais triomphé et atteint mon objectif : il avait sourit. un petit sourire imperceptible, aux coins des lèvres, discret mais cela restait pour moi un sourire. Il s'était éloigné, en l'espace de quelques secondes, des puissantes mains du désespoir. De celles qui vous aggripent afin de vous traîner par terre, vous rouler dans la boue en vous persuadant que vous êtes un crétin. J'avais connu cet instant. Lui, en revanche, devait être en train de le connaitre.

" T'es toujours aussi dingue ? C'était franchement pas drôle! "

Là, je pouvais faire n'importe quoi avec lui. Ne divaguez pas . . . J'entends par ceci que nous avions franchi un cap. Bah quoi? je m'étais frotté à lui ! Franchement je suis un salaud. Vous me voyez dire dans la rue une phrase débile comme : "J'ai profité d'un muet fragile d'esprit pour me coller à lui, et j'ai aimé ça à fond! " ? Non mais, je crains ! Je m'embraque sans arrêt dans des barratins pas possibles. Ma personne se mit à le fixer, une expression complice sur le visage.

- Kei, tu dis ça parce que tu devais me montrer que t'étais vexé, hein ?

Devant nous, et donc en face du mur, se trouvait un banc. Je m'asseyais dessus, croisais mes bras et l'observais encore pendant un moment. Cet ado' devait me prendre pour un taré fini. Quelque part, il n'avait pas tout à fait tort. En attendant, les traits de mon visage prirent une tournure de gateux complet. Je craquais d'un coup, trop attendri par sa tronche de "hanjetefaislagueuuuule". Alors, je sautai d'un bond de lapin sur Kei, et lui fit un calin du tonerre. Si on l'avait privé d'affection pendant tant d'années, je me portais volontaire pour compenser ce manque. J'sais pas, une impulsion. J'ai trop d'impulsions. après l'avoir pressé comme une orange contre mon corps pour la seconde fois, je me retirai de lui, et courrais me réfugier sur le banc dont je m'étais déplacé.

- Allez Kei, Si tu continues à faire cette gueule d'enfant sage, mes hormones vont prendre le contrôle. Et ce n'est pas ce que tu veux n'est - ce pas? Toi le doux puceau , tu imagines le drame ?! Alors arrête de me tenter.

J'éclatais de rire, mais je ne désirais pas m'foutre de sa gueule, j'éspérais qu'il comprendrait. Je ne voulais pas rire de lui, mais avec lui.

- Puisque tu es si impitoyable avec moi, je vais m'étaler sur ce banc de tout mon long, et tu ne pourras pas t'asseoir. . .

Je m'éxécutais. Allongé comme un cadavre sur le meuble, les jambes croisées, et il n'y avait désormais plus de places possibles pour s'y installer. En un geste vif, je commençai à caresser mon menton, et levai un sourcil.

- . . .A moins bien sûr que tu veuilles t'allonger sur moi?

Je souriai d'avance. Je savais qu'il me prenait pour un dingue. Moi, je le prenais sous mon aile. J'avais toujours rêvé d'un petit chaton étant gosse. Je le voulais avec un pelage orangé. Comme Garfield. Et Kei, il avait tous les traits nécéssaires : félin sauvage mais innofensif. Et j'avais tout du maître qui avait l'intetion de l'adopter.

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- Kei, tu dis ça parce que tu devais me montrer que t'étais vexé, hein ?

Et effectivement, Kei boudait. Mais le véritable boudin de gamin qui consistait à croiser les bras sur sa poitrine et à vouloir trucider l'autre personne rien qu'avec le regard. L'inconnu s'était assis sur un banc pas très loin, juste en face à vrai dire. Le petit ( hélas) rouquin s'apprêtait à se débarrasser de cette moue boudeuse en voyant l'air que l'autre garçon avait prit en le regardant, mais justement celui-ci sauta du banc et se rua sur lui en lui faisant un énorme câlin. La bouche du jeune garçon s'arrondit sous la stupeur et tous ses muscles se tendirent en un instant. Et pourtant la sensation n'était pas si désagréable que ça, c'était juste qu'il était plus que surpris et qu'il ne s'était pas préparé mentalement à recevoir un câlin comme ça. C'était tellement spontané, qu'après que l'autre adolescent se soit retiré, Kei sourit intérieurement. L'inconnu avait l'air d'agir sous descoups de têtes, des impulsions... Ça devait sûrement être pour cela que le rouquin le trouvait un peu timbré sur les bords. M'enfin, tout le monde possède du taré en soit, c'est juste qu'il est plus ou moins dévoilé aux gens. Enfin bref, le blondinet se rassit sur son banc et repris la parole, avec un sourire amusé.

- Allez Kei, Si tu continues à faire cette gueule d'enfant sage, mes hormones vont prendre le contrôle. Et ce n'est pas ce que tu veux n'est - ce pas? Toi le doux puceau , tu imagines le drame ?! Alors arrête de me tenter.

Kei manqua de perdre l'équilibre sur le coup et comme l'être tout à fait innocent qu'il était, il posa une main sur le mur, en déviant son regard de l'autre garçon. Cela devait être la première fois dans sa modeste vie qu'il était à ce point gêné. Il croyait mourir de honte, ses joues n'avaient jamais été aussi rouges. Il voulait se ratatiner, devenir un minimoy, de disparaître du champ de vision du blondinet. Il savait bien au fond de lui que c'était pour rire, d'ailleurs les éclats de rire qui suivirent les dires en questions le confirmait. Il passa une énième main dans ses cheveux, étant vraiment nerveux. Mais il n'eut le temps de ne rien faire d'autre que déjà l'inconnu se remettait à parler.

- Puisque tu es si impitoyable avec moi, je vais m'étaler sur ce banc de tout mon long, et tu ne pourras pas t'asseoir. . ............ A moins bien sûr que tu veuilles t'allonger sur moi?

Kei ne pouvait pas être plus embarrassé qu'à ce moment précis, ce qui fit qu'il ne tiqua même pas sur la phrase de l'autre. Ce mec là aimait le martyrisé c'était un vrai fêlé! Sadique aussi. Même si il le faisait pour rigoler, ça n'empêche qu'il y prenait un malin plaisir. Mais bon, après s'être calmé, au fond de lui Kei était un peu plus joyeux que d'habitude. Parce que quelqu'un riait grâce à lui. Et que ce quelqu'un l'avait appelé deux fois par son prénom. Depuis trois ans, il ne l'avait jamais entendu, hormis dans la bouche de ses parents. Les autres ne l'appelaient pas, où bien il tentait un "Kei-Kiyoshi". Alors ça faisait extrêmement bizarre de se faire appelé juste Kei par un inconnu. Mais ça faisait du bien... En fin de compte, le rouquin aimait ça. Il hésita quelques instants. Il était tenté de faire quelque chose, mais c'était tellement peu habituel pour lui qu'il se demandait s'il allait le faire ou pas.
Le truc qu'en vérité, le choc des paroles du blondinet passé, Kei riait intérieurement. Les réactions parfois surprenantes de l'autre adolescent l'amusait. Et puis il aimait cette sensation. La sensation de " sympathiser" sans vraiment le vouloir avec quelqu'un qu'on ne connaissait pas.
Ceci dit, l'autre avait abusé de son innocence et Kei comptait finalement bien le lui faire payer, à sa façon.
En prenant son courage à deux mains, il s'approcha jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres du banc et donc de l'inconnu avant de s'arrêter, de fixer le jeune homme et de poser son popotin sur ses jambes. Sans penser aux conséquences que cela pourrait avoir sur la suite bien sûr.
S'étant assis, il se demanda quelle connerie il avait encore faîte et surtout qu'est ce qui lui avait pris.
Il écrit quelques mots sur le calepin d'une main fébrile avant de sortir son paquet de clope, d'en allumer une, et de tendre le calepin avec le paquet de cigarettes ouvert à celui allongé sur le banc.

" Ça t'amuse de profiter de ma misérable timidité, hein.... C'est quoi ton prénom? "

Il n'osait pas vraiment soutenir son regard après s'être assis à moitié sur lui, mais il était content d'avoir affronté un petit bout de sa timidité débordante. Lentement, il tira une latte et expira lentement, pour se détendre un peu.

" Les peintres et les poètes ont toujours eu le droit de tout oser. " [ Horace ]

De mon point de vue, je considérais le ciel avec attention. La matinée touchait à sa fin et bientôt, il serait temps d'aller manger un morceau. La chaleur était intervenue entre temps. Le soleil se cachait derrière les nuages maussades en les teintant d'un orangé flamboyant. Je ne pus m'empêcher de penser aux cheveux de Kei. Il faisait un peut partie de moi ce jour là. Il n'y avait plus de vent. Cette chaleur d'étuve qui, en plein été, collait aux rues comme une sueur poisseuse. il avait plu toute la nuit, mais le ciel s'était de nouveau couvert en un rien de temps. Cette couleur grisâtre et fade m'impressionait. J'avais une vision des choses différente lorsque je l'admirais. Juste parcequ'elle m'enveloppait dans son antre délavée. La pluie est un temps que j'ai continuellement eu envie d'égayer. D'y ajouter des couleurs, une multitudes d'arc - en -ciels. Je mets beaucoup de fois le mot "ciel" dans ce post. J'aime ce mot. De plus, c'est à cet endroit précis que résident les anges des nos êtres chers. Ceux qui nous manquent, ceux qui remuent le couteau dans nos plaies à demi-refermées. Je tapais peut être dans le mille. . . Kei aurait donc perdu quelqu'un ? " Et la mort rongera ta peau comme un vers." Citation du bon pote Baudelaire me semble t -il . . . Mon écrivain préféré.

Je n'eus pas à songer davantage. Kei avait bougé. Après son moment de réflexion intense. . . En même temps, je n'y étais pas allé de mains mortes sur ce coup. Je provoque sans cesse les gens. Avec déconner, c'est une autre grande passion de ma vie insinifiante et absurde. Faut bien aimer deux trois machins pour rester accroché à la vie. Mon ventre gargouilla. N'oublions pas le fait que je suis toujours sapé en pyj. Putain, la honte. On approchait midi, et moi, je sortais sapé ainsi. Kei me faisait agir d'une drôle de façon. Mais je m'efforçais de garder mon calme, j'ai la chance de bénéficier d'un calme extraordinaire lorsque je le souhaite. Et je tâchais d'en profiter au maximum. Donc, ce ~~minuscule~~petit bout de chou de Kei s'installait sur moi - même, assis de tout son poid - plume. La conséquence de sa maigreur pourtant bien réelle. Je dissimulais ma surprise face à son acte. Après quoi, il me fourra le papier sous le nez. J'avais réussi : Il jouait ! heureux! Bon sang! J'étais si heureux!

" Ça t'amuse de profiter de ma misérable timidité, hein.... C'est quoi ton prénom? "

Je me sentais presque grand frère. Ou bien encore. . . Petite fille en train de jouer avec sa poupée. Une poupée créée à partir d'un idéal, dans un monde trop à l'image des Hommes. C'était à partir de mon idéal personnel que Kei avait été créé. Je le trouvais poétique, enfantin, poignant et attachant. Plus je le connaissais, plus j'avais envie d'en savoir sur lui.

- Evidemment que ca m'amuse. Appelle - moi comme si tu devais nommer le plus grand de tous tes fantasmes mon booow.

Ok, j'en rajoutais une couche. Plus fort que moi . . . Je refusais gentiment sa cigarette d'un geste de la main. Je me rassis, lui étant toujours posé sur mes tibias. Position idéale pour faire des abdos. J'en fis quelques un d'ailleurs! A croire que je faisais exprès. oui, je faisais justement exprès. J'avais l'idée à lui faire plaisir. Et même si cette phrase n'a pas de sens, au plus profond de mon coeur je le en donne un. Par bonté peut être, mais surtout parce que les fibres de mon coeur tremblaient si fort en sa présence. J'ai rencontré Kei ce matin. Quelqu'un d'étrangemment beau.
Je posais ma main sur son cou. je plongeai mon regard ébène dans ses yeux tristes. Je m'approchais de sa bouche et lui offrit le plus affectueux des baisers. J'ignorais s'il allait me rejeter ou non, mais je vivais l'instant avec une telle vivacité que tout aurait pu m'arriver. Toutes les bonnes choses ont une fin. Mon visage se recula de quelques centimètres. Je pris le carnet et y gratta une unique phrase. Le petit comprendrait sûrement :

" Kei, et si on allait manger un morceau ensemble ? "

Invité

- Evidemment que ca m'amuse. Appelle - moi comme si tu devais nommer le plus grand de tous tes fantasmes mon booow.

Kei crut qu'il allait s'étrangler à l'écoute de cette phrase. Dis donc, le timbré n'était pas des plus modestes, mais en fait ça le fit sourire après quelques secondes. N'empèche qu'il ne lui avait toujours pas dit son prénom. Il aimait se faire désirer l'autre fêlé du bocal. Et ça marchait plutôt bien d'ailleurs. Le rouquin leva les yeux au ciel, un léger sourire aux lèvres: le blondinet était incorrigible. Le jeune garçon le regarda faire deux ou trois abdos de son regard calme, mais toute trace de sérénité disparut alors que l'autre approchait dangereusement son visage du sien... Qu'allait-il faire? Voila la question totalement stupide que le rouquin se posait dans son petit cerveau. Le blond posa sa main sur son cou et le contact fut ressenti totalement différent que celui qui avait eut lieu quelques minutes avant. Le rouquin ne put pas réfléchir plus longtemps que déjà l'autre garçon l'embrassait avec une douceur calculée. Ses yeux s'agrandirent sous la surprise, s'il s'attendait à une chose pareille!!! Son coeur manqua un battement. Trop étonné, il ne fit aucun geste pour repousser l'autre garçon et ferma finalement les yeux, pendant qu'un frisson lui parcourait l'échine. Ce baiser avec quelque chose de... d'électrisant et de doux en même temps. Ca n'était pas désagréable. Bien au coutraire. Quelques secondes plus tard, l'inconnu se retira silencieusement. Kei, lui, avait toujours les yeux fermés, les pensées s'entrechoquant dans son cerveau. Etait-ce normal d'apprécier autant un baiser? Etait-ce normal qu'il est autant aimer le baiser en sachant que l'autre était un garçon? Serait-il homosexuel? Kei n'avait rien contre ça, mais n'ayant eu aucune expérience il s'était rangé du côté des hétéros, par défaut. Il ouvrit doucement les paupières. Il avait encore le gout des lèvres de l'autre sur les siennes. Alors doucement, en zappant la présence du jeune homme, et comme le con gamin qu'il était, il porta deux doigts à ses lèvres pour les toucher doucement, comme pour s'assurer qu'il n'avait pas rêvé, le regard perdu dans le vide, les joues un peu rouges.
Il remonta soudain à la surface, secouant vigoureusement la tête de droite à gauche comme un petit garçon, pour reprendre tous ses esprits. Il avait du paraître vraiment, mais alors complètement idiot. Il se mordit la lèvre inférieure en se maudissant de tous les noms, tout en évitant soigneusement le regard du blondinet avant de porter son attention sur le calepin qui était tendu vers lui.

" Kei, et si on allait manger un morceau ensemble ? "

A ce stade, plus grand chose ne l'aurait étonné de la part de l'inconnu. Il fut donc surpris, mais beaucoup moins qu'à la normale. Un infime sourire heureux se dessina sur les lèvres du jeune rouquin et il passa nerveusement une main dans ses cheveux puis sur sa nuque, avant de tirer plusieurs lattes de sa clope et d'expirer lentement pour essayer d'évacuer le trop plein d'émotions pour ce petit coeur pas habitué à ce genre de traitement. Manger ensemble? Depuis quand on ne lui avait pas proposé une telle chose? Un certain temps... Assez long... Voir très long. Il était vraiment touché, ça lui faisait plaisir. Rare étaient les moments comme ceux-ci depuis trois ans, alors en profiter. Il prit le styla dans son autre main et réfléchit un moment. Dans tout ça, il n'avait toujours pas le prénom de l'autre garçon. trop injuste >< Finalement il décocha un petit sourire amusé en écrivant ces quelques phrases.

"Hey... Mon plus grand fantasme... Et si c'était toi hein? "

S'il n'aurait pas été muet il se serait mit à rire. Il se contenta ici d'affirmer un peu plus son sourire amusé, même si un certain embarras avait décider de s'installer indéfinniment chez le garçon, les joues encore toutes roses, d'autant plus que ce qu'il avait sorti était plutôt osé de la part du garçon. Chose qu'il avait dite en grande partie pour savoir le prénom du garçon.

" Breeef. ... Manger ? Avec toi? Ben... euh... Oui, je suppose que c'est une bonne idée... "

Non avec le pape! Nan mais sérieusement qu'est ce qu'il était mongol Kei quand il s'y mettait! Heureusement qu'il ne pouvait pas parler pour cette fois, parce qu'il se serait mis à bégayer comme le dernier nouveau-né sur cette planète.

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