₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 Yuuta Fukuro - More than meets the eye

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AuteurMessage
Yuuta Fukuro
♣ Université - 4ème année
Yuuta Fukuro


Genre : Masculin Poissons Singe Age : 32
Adresse : 01, allées Aki, Appartement D04
Compteur 79

KMO
                                   :

Yuuta Fukuro - More than meets the eye Empty
MessageSujet: Yuuta Fukuro - More than meets the eye   Yuuta Fukuro - More than meets the eye EmptyDim 24 Juin 2018 - 18:24

CASIER JUDICIAIRE:
|| Fukuro  Yuuta||

Random pic on the interweb


• Genre : Masculin.
• Âge, date de naissance : 36 ans, 29 Février 1992.
• Nationalité : Américaine.
• Orientation sexuelle : Hétérosexuel.

• Langue(s) parlée(s) : Anglais, Japonais, Chinois, Russe.

• Métier : Président de la multinationale Fukuro.

• Groupe :  Populaire.
► Description physique
.


« Haha ! C’qu’on a l’air peeeetées ! »

Ma voisine et meilleure amie explosa de rire, un rire typique de lorsqu’elle était ivre, un rire infectieux qui fit sourire ma mâchoire qui me faisait déjà mal à force de mastiquer dans le vide.

« Stop, Liz’, ‘fait mal ! » Ses yeux se tournèrent alors vers moi, son expression me partageant qu’elle aussi avait mal, ses pupilles dilatées à l’extrême me rappelant qu’on avait prise tous les deux. « Allez, focus, on peut y arriver.  »

À nouveau, je levais mon téléphone devant nous et tentait de prendre un selfie de nos deux têtes d’heureuse. C’était histoire de faire baver les copines restées au pays alors qu’ont avaient réussies à s’infiltrer dans la boîte la plus huppées de Lima et, en plus, de se faufiler à l’étage VIP de l’établissement.

Mais c’était peine perdue ; la vue de nos têtes de pas fraîche, ou au contraire de trop fraîche, avait le don de nous faire rigoler à chaque fois qu’elles apparaissaient sur le petit écran. Ainsi, mon bras retomba à nouveau alors que les rires s’échappaient de nos deux gorges hilares.

Le pire, c’est que le temps était compté ; bientôt un de mes DJs favoris, Képharus, allait mixer. Vu mon état et ma tendance à Fangirl, je savais que j’allais sûrement attirer l’attention de la sécu’ qui remarquera que je n’avais rien à faire ici et me virera illico-presto de l’étage VIP.

« Allez, go !  » Je levais à nouveau mon bras, préparant l’application, tentant une pose qui ne montrait pas à quel point j’étais loin. Contrairement à Liz’ qui avait les yeux écarquillés et la bouche béante. « Lili’ ! Qu’est-c’qu-  »

Mes lèvres se scellèrent en même temps que mes yeux se posèrent sur ce que ma voisine regardait ; mon cœur ne fit qu’un bon lorsque ma tête compris que là, s’asseyant en vis-à-vis sur le large canapé arrondis, était Képharus, la star et vedette de la soirée.

Holy Sh- !

S’en était terminé de l’idée d’un selfie au carré VIP ; j’avais là de quoi faire des jalouses parmi mes amies ! Ni une, ni deux, mes doigts glissèrent sur l’écran, cherchant à activer l’appareil photo qui me permettrait de vite capturer Képharus avant qu’il disparaisse.

Mais c’était plus facile à dire qu’à faire : la substance tapant en même temps que les basses de la musique qui passait, mon esprit avait toute la peine du monde à se concentrer sur cette simple tâche. Sans compter Liz’ qui m’avait agrippée fermement le bras et s’amusait à le secouer dans tous les sens avec force.

« C’est bon ! Qu’est-ce-que t-  » Et là, mon cœur loupa plusieurs battements alors qu’il dégringolait dans mon estomac, un frisson parcourant l’entier de mon corps.

Oh. My. God.

Parmi les fans, Képharus était considéré comme faisant parti de la 4ème génération de la FUKu Family. Mais là était apparu une vedette de la 1ère génération, saluant et serrant le DJ dans ses bras comme deux frères se retrouvant après une éternité.

Yuuta Fukuro, FUKu… LE FUKu !

Impossible de se tromper ; cette grande taille filiforme, ces longs cheveux blanc neige tombant jusqu’au torse, ces iris bleus et ce teint pâle… Ok, ça pouvait être la description de n’importe qui, mais je savais de quoi je parlais.

Après tout, ma chambre universitaire avait été remplie des posters de FUKu, sa musique m’ayant accompagnée durant bien des nuits de révisions, de cours barbants et d’afterparty endiablées. Yeap, durant les deux ans où il squatta les premiers plans de la scène internationale, je vivais et respirais FUKu.

Merde ! Sa musique m’avait même accompagnée durant ma première fois, c’était dire le niveau de Fangirlisme !

C’était un sentiment étrange que de se retrouver en face d’une personne dont on connaissait "tout", mais qui ne devait même pas savoir qu’on existait. Malgré le ‘Molly’ qui faisait effet depuis un moment, j’étais partagée entre l’envie de directement l’aborder ou de prendre une photo et disparaître dans un coin.

Après tout, on s’était infiltrée à l’étage VIP d’une des boîtes qu’il possèdent, s’il nous chope et se rends compte qu’on n’avait rien à faire ici, allait-il nous sortir à coup de pied aux culs ? C’est pas parce qu’on était des fans de la première heure qu’on pouvait tout se permettre.

Fallait que j’en parle à Liz.

« Il a des piercings !  » Tournant mon regard vers ma meilleure amie, je vis à quel point elle était loin : ses yeux avaient de la peine à se concentrer plus de dix secondes sur quoi que ce soit, sa mâchoire se serrant et desserrant constamment, sa tête flottant légèrement de-ci de-là.

Elle n’était pas en état de se soucier, comme moi, de quoi faire dans l’instant présent.

« Quoi ? » Mes yeux retournèrent sur FUKu, partant de la pointe de ses cheveux blancs et remontant le long de ceux-ci jusqu’à son visage, mes yeux peinant à chercher les dits piercings sur son visage. « Où ? »

Mais comme répondant à ma question, FUKu vint s’asseoir à côté de Képharus, à un mètre de moi, un côté de son visage dévoilant ses détails et par la même occasion plusieurs points noirs de diverses tailles parsemant son visage.

Huit… J’en comptais huit rien que du côté gauche de son fin visage ; deux au coin de l’œil, un au nez, un au coin de sa fine lèvre inférieure et quatre à l’oreille. Était-ce là tout ce qu’il avait ou est-ce qu’on pouvait trouver des piercings placés symétriquement pareils à ceux-ci ?

Ma réflexion n’alla pas plus loin, mes yeux parcourant le contour de sa mâchoire, glissant le long de son cou et épiant la base musclée de ses pecs qui ressortaient de son large col en V. De loin, il avait l’air filiforme dans ses vêtements ample, mais de prêt on pouvait voir qu’il était passé par la case "célébrité" et baignait dans ce mélange typique de vie saine et exercices sportif régulier.

Enfin… "Saine" étant un grand mot vu qu’il fumait, à vue de nez, un joint en toute allégresse et buvait de l’alcool sans modération.

Mes yeux continuaient leur descente, une partie de mon esprit s’encombrant de rêveries à faire suer des cuisses alors que l’autre remarquait avec joie qu’il ne portait aucune bague aux doigts. Rien qui affirmait que quelqu’un avait déjà la main mise sur ce personnage des plus… salivant.

Dire qu’il a 36 ans et à toujours autant l’air… Woaw.
Bref, il doit être comme le vin ; avec l’âge il se bonifie, je vois pas trop d’autres explications.

Et j’étais là, assise proche de lui, à l’épier voir le déshabillé de la tête au pied sans réelle retenue, mon téléphone fermement serré dans mes mains moites, mes lèvres scellées et une aura de timidité énorme qui devait se dégager de ma personne.

Ce qui contrastait beaucoup avec cette aura de célébrité qui transpirait des deux compères qui parlaient allégrement, rigolant, buvant et fumant, la plupart des regards de l’étage étant tournés vers eux. Pourtant, malgré cet air d’intouchable qui s’échappait d’eux, une aura de calme accueillant semblait se dégager de FUKu.

Que ce soit dans sa façon de rire, ses sourires amicaux ou encore les mouvements de son corps qui accompagnaient ses dires, tout était calme, posé, serein et sans brusquerie. Une douceur se dégageait de ce personnage aux traits pourtant si fins et creusés qui donnaient cette fausse impression de sévérité.

C’est pourquoi, prenant mon courage à deux mains, je m’osais à me décaler sur le canapé, m’approchant de lui, tapotant gentiment sur son épaule pour attirer son attention et balbutiant un charabia indistinct tout en lui montrant mon téléphone.

Et ô grande fut ma joie lorsqu’il comprit immédiatement, me répondant avec un sourire ravageur, appelant Képharus à le rejoindre et prenant un selfie à trois, puis à quatre lorsque Liz’ sortit de sa transe et se joignit à nous.

Le reste de la soirée ? Nous sommes restées à parler avec eux, à boire, rigoler. Le tout aux frais de la princesse et la nuit culminant dans un set de Képharus plus tard rejoint par FUKu lui-même après tant d’année loin des projecteurs et des platines.

J’étais aux anges.

Best. Night. Ever.

Et je vous dis pas le nombre de photos que j’ai prise durant la soirée, ça va jazzer une fois de retour au pays.

Mais, surtout, ce que je retire de tout ça est que malgré le fait qu’il soit millionnaire, ex-star ou encore businessman réputé, malgré que tout amène à le mettre sur un piédestal, FUKu n’est rien d’autre qu’une personne comme les autres.

Il n’était pas le coureur de jupon que la presse à scandale voudrait tant qu’il soit.
Il n’était pas le businessman machiavélique que la presse à potin voudrait tant qu’il soit.
Il n’était pas cet homme mystérieux et intouchable que mon esprit voulait tant qu’il soit.

Non, c’était un homme comme tous les autres.
Et ça, c’était le plus grand mindfuck de la soirée.

► Description psychologique
.


Le cadrant afficha ‘124’ alors que je rangeais rapidement les rares papiers encore sur mon bureau, ne laissant que visible un paquet cadeau de bonne taille comme pièce maîtresse sur celui-ci.

Après un bip aigu et sonore qui brisa momentanément le silence ambiant de la pièce, les battants de l’ascenseur du bâtiment C s’ouvrirent et mon boss favoris en sortis, café froid à la main, les yeux encore remplis de sommeil et marchant d’un pas de zombie tout droit en direction des double-portes de son bureau.

Il passa devant mon bureau en silence, me saluant d’un simple hochement de tête et avec un doux sourire sur ses lèvres. Fidèle à mon poste depuis des années, je répondais à son salut en silence, sachant que c’était là la preuve que les négociations d’hier soir s’étaient bien déroulées, mais qu’il allait avoir besoin d’une grande quantité de café en intraveineuse pour en émerger.

Et pourtant.

3… 2… 1…

L’arrêt du son de ses pas était preuve que mon astuce avait fonctionnée, mais ce n’est que lorsque sa tête réapparue dans mon champ de vision, rapidement suivi par son corps, que je pus m’accorder le sourire qui brûlait mes lèvres depuis que j’avais fomentée ce plan.

« Qu’est-ce que c’est ? » Ses iris bleus s’étaient immédiatement focalisées sur le paquet cadeau carré qui se trouvait sur mon bureau, le sommeil visible dans ceux-ci se dissipant lentement, remplacé par une curiosité presque enfantine.

« Un cadeau. » Sourire aux lèvres, je le regardais, amusée, sachant très bien qu’il n’allait pas accepter cette simple réponse, d’ailleurs, il demanda bien vite pour qui il était et, faisant mine de lire une carte qui n’existait pas sur le paquet, je lui répondais avec un sourire taquin. « C’est adressé au ‘Loup de Seattle’. ».

Maintenant, il n’y avait plus une seule trace de sommeil dans les yeux de mon boss favori, ceux-ci roulant dans leur orbite, un air désabusé passant sur son faciès, l’air de me demander si j’étais bien sérieuse à continuer de l’appeler de la sorte. Je l’étais, mais c’était de bonne guerre.

« Je trouve que ça vous va bien. C’est tiré de ce film ‘White Wolf’, ce loup rejeté de son clan et qui tente à tout prix de- » Pas le temps de finir ma phrase qu’il soupire bruyamment. « D’accords, d’accords, je ne vous ai pas souvent vu à quatre pattes, mais avouez que ça tombe pas trop loin de la réa- »

Sur le coup, à cause du regard qu’il me lança, mes lèvres se scellèrent immédiatement ; bien que nous avions ce petit jeu consistant à se chercher l’un-l’autre depuis des années, il n’en restait pas moins mon boss. Le silence qui suivit était plombant, mon regard se baissant sur mon bureau, une excuse se formulant déjà dans ma tête.

« Miss MoneyPenny, rappelez-moi d’acheter les droits de cette franchise et d’immédiatement mettre à la rue ces écrivains. » Ce surnom… C’était qu’il le prenait bien, qu’il en rigolait ! Je faisais alors mine de taper sa demande sur un clavier imaginaire, un sourire en coin reprenant du service sur mes lèvres. « Et trouvez-moi une nouvelle secrétaire, plus jeune, car je pense que la mienne est devenue sénile. »

Souriant, fière d’avoir visiblement réussis son coup, il allait partir sans demander son reste, ses mains prenant le cadeau sur mon bureau après avoir posé son café dessus. Mais je n’allais pas me laisser abattre pour autant !

« Ah ! Non ! » Ma main atterris directement sur le cadeau, pressant celui-ci contre le bureau, mon regard inquisiteur se posant sur ses traits surpris. « Nous sommes le premier mercredi du mois, vous vous souvenez ce que ça implique ? »

Il s’en souvenait, c’était certains car il soupira une nouvelle fois, lâchant sa prise sur le cadeau et passant de mon côté du bureau tout en sortant son téléphone de sa poche, appuyant plusieurs fois sur les icones de son écran.

« Nous en étions à quelle année ? » Il continua à faire glisser son doigt alors que je lui annonçais 2018, une grimace s’affichant immédiatement sur ses traits, ses mots répondant à l’interrogation qu’exprimait mon visage. « 2018, pas mon meilleur cru. »

Il termina de tapoter et déposa le téléphone devant moi, une photo d’un Yuuta Fukuro bien plus jeune, très maigre et aux traits tiré à l’extrême se dévoilant devant moi. J’en étais choquée de le voir ainsi après avoir eu le droit à toutes ces photos où il gardait encore cet air enfantin, innocent ; là, il était creusé, à bout de force, plus aucune trace de babyfat n’était visible sur ses traits.

« C’était un temps où je ne savais pas encore bien choisir mes combats, où je m’éparpillais à tout va, où je repoussais constamment mes limites pensant que je faisais bien ainsi. » Ça se voyait, comment un ‘enfant’ de 26 ans pouvait-il finir dans cet état ? « Mais j’ai appris ma leçon, maintenant, je comprends mes limites, celles des autres et prends plus de temps à calculer mes mots et mes actions. Je n’erre plus sans raison, chacun de mes choix ont un but bien précis à atteindre. »

Alors que j’allais rendre le téléphone à son propriétaire, mon doigt glissa par inadvertance sur le côté, une photo du même jeune garçon, visiblement heureux et se trouvant à côté d’une fille tout aussi souriante, s’afficha sur l’écran.

Le silence tomba entre nous alors que mes yeux capturaient pleinement la scène. Qu’est-ce qu’il avait l’air heureux ! Une joie authentique qui contrastait grandement avec celle que je voyais la plupart du temps et ceci depuis des années. Revenant à moi, je redonnais alors le téléphone, Yuuta prenant le paquet en silence et s’en allant vers les portes de son bureau.

« Et elle ? » Oh, je savais que j’outrepassais la relation que nous avions, mais de voir pareille photo, pareil sourire… Je me devais de demander. « Qu’avez-vous appris d’elle ? »

Son corps s’arrêta, son dos me faisant face, sa tête vraisemblablement perdu dans ses pensées. Après un court instant, ses épaules s’affaissèrent légèrement, sa tête se relevant, mais il ne se tourna pas pour me répondre.

« Qu’il existe bien des décisions qu’on regrettera toute sa vie. »

J’étais heureuse qu’il ne se soit pas retourné, mon sourire c’était bien vite écrasé au sol, tirant mes lèvres dans une grimace attristée, mon expression suivant par la même occasion. Je m’en voulais d’avoir laissée ma curiosité remuer des souvenirs amers pour mon boss favoris.

« Hé bien, si vous ne voulez pas ajouter un regret à votre liste, vous avez intérêt à vite finir les dossiers sur votre bureau ! » Parler travail, dans ce genre de cas, avait souvent le don d’effacer ce qui pouvait lui encombrer l’esprit. Et ça fonctionna, Yuuta se retournant et me regardant d’un air des plus interrogateurs. « Après, je dis ça… Mais, ce sont les dossiers du mois, plus vite vous aurez fini et plus vite vous pourrez retrouver une certaine personne aux yeux verts et cheveux noisette. »

Je ne pus empêcher le sourire qui s’afficha sur mes lèvres lorsqu’il fit volte-face et fonça dans son bureau, fermant la double porte derrière lui pour se mettre tout de suite au travail. Comme quoi, il suffisait de parler de son soleil pour que les nuages gris se dissipent rapidement.

Et je ne pus non plus pas empêcher que se sourire s’étende encore plus lorsqu’il émergea de son bureau deux minutes après, sourire aux lèvres et me réprimandant tout en rigolant. Car oui, en entrant il n’avait trouvé aucun dossier sur son bureau, ceux-ci étant tous soigneusement emballés dans le cadeau qu’il avait pris avec lui.

Un joli ascenseur émotionnel pour mon boss favori et un bon point en plus pour moi dans notre jeu.
► Mémoires
.
 

L’envie est un poison pour le cœur de l’homme, le poussant à toujours accumuler plus qu’il n’a besoin et ceci au détriment de ceux qui possèdent peux ou rien.

Keimoo est un bon exemple pour ceci, cette glorieuse ville, cette belle province, tombée entre les mains de puissants trop désireux qui la dépouillèrent de ses beautés comme on dépouille une fleur de ses pétales, empêchant celle-ci de semer et de faire fleurir ses bienfaits partout dans ses alentours.

Mais, il n’y a rien de pire que le feu de la colère brûlant le cœur d’un homme, surtout lorsque ses vils conseils aveuglent la raison d’un puissant qui peut mener ses desseins à bien.

Et de penser que pareille personne pourrait se trouver dans notre famille…

Mes vieux os en tremblaient alors que j’étais là à attendre sous le porche de la maison principale du domaine, mes vieux yeux regardant dans le vide de cet instant où le soleil atteignait son zénith, mon esprit fatigué ruminant des questions qui avaient, pour certaines, déjà trouvées réponses.

Comme, par exemple, "Comment en est-on arrivé là ?".

Tout avait commencé en 2019, année où je pouvais maintenant placer la première et dernière étape de la scission complète entre les Fukuro d’Amérique et ceux du Japon.

Le premier coup de pioche pour creuser cet écart entre nous s’était présenté sous la forme du renvoi de Yuuta, mon petit-fils adoré : d’un commun accord, le dernier entre nous et ses parents, le jeune garçon s’était vu renvoyé chez lui à cause des problèmes de santé et de surmenage qu’il avait développés ici.

C’était avec le cœur gros et triste qu’il a été forcé de s’en aller, laissant derrière lui ses amis et son premier amour. Il avait juré d’écrire et de revenir autant que faire se pourrait et il tiendra parole pendant deux années entières avant d’aussi disparaître entièrement de leur vie.

Mais le vrai coup de pioche qui termina de créer cet écart entre nous, fut lorsque sa sœur, Aya, fut elle aussi renvoyée chez elle ; elle qui avait accourue au chevet de son frère, tentant par tous les moyens de le sortir de ce mauvais pas, s’était faite renvoyer en Amérique alors même qu’elle renouvelait son visa pour une année supplémentaire.

De savoir qu’elle était venue ici si rapidement, dans ce pays, dans cette province, vivant au domaine en notre compagnie… C’était une preuve de bravoure immense et, je m’en rendais compte plus tard, aussi un acte d’amour magnifique.

À chaque fois que j’y repense, avec le recul, mon vieux cœur se rempli de tristesse jusqu’à éclater comme un ballon de baudruche percé par une aiguille. Pourquoi, ô pourquoi n’ai-je pas pris sa défense ?

C’est ainsi que, lorsque le lourd secret qu’elle portait avec elle depuis si longtemps fut découvert, elle fut réprimandée par le conseil des Anciens, son droit de vivre au domaine révoqué et sa présence sur sol nippon devenue indésirable. C’est aussi avec le cœur lourd qu’elle retourna sur sol américain et que, par la même occasion, les dernières fissures du fossé entre les deux familles terminaient de se creuser.

Pas que mon fils Shibi et sa merveilleuse femme Cassandra n’aient rien fait pour tenter de lever le blâme ; pendant des mois entiers, d’abord par oral puis par écrit, ceux-ci s’étaient battus pour leur fille, tentant par tous les moyens, en analysant toutes nos coutumes et traditions, de changer la décision du conseil.

Mais c’était sans compter l’entêtement de celui-ci, moi la première…

C’est ainsi qu’en fin 2019, la nouvelle tomba et que le fossé se termina ; en guise de soutien à leur fille, mon fils et sa femme avaient décidés de partager son blâme, annonçant qu’eux aussi ne mettraient plus les pieds au domaine jusqu’à ce que leur fille le puisse à nouveau.

Autant dire que depuis, je n’ai plus eu aucune nouvelle d’eux, mon cœur s’enflant à chaque fois que les souvenirs de ces repas heureux où nous étions tous réunis reviennent torturer mon esprit fatigué.

Et pourtant, en 2021, alors que je m’étais finalement résolue à ce que plus rien ne viendrait d’Amérique pour nous, le nom des Fukuro de ce côté-là du Pacifique refis surface.

"Star", "Célébrité", "Génie", tels étaient les mots qui étaient utilisés pour décrire Yuuta, mon petit-fils, sa photo émergeant de plus en plus sur les magazines internationaux de musique puis, plus tard lorsque sa renommée s’étendit, dans les magazines peoples.

Bien qu’à ce moment-là j’accueillais ces nouvelles comme une chance de s’informer indirectement de l’état d’un des membres Fukuro d’Amérique, aujourd’hui, avec le temps, je me rends compte qu’il s’agissait en fait d’annonces de mauvais augures pour ce côté-ci du Pacifique.

En deux ans, Yuuta s’était propulsé à la tête des producteurs de musiques célèbres ; sa musique, ses concerts et son visage faisaient le tour du monde et lui, amassant gloire et argent, allant là où le vent l’emportait. Avec elle grandissait aussi la renommée du nom des Fukuro, honneur fait à la famille et, en même temps, coup de poignard bien calculé dans notre dos.

Malgré le nombre de demandes qui nous arrivaient pour rencontrer mon petit-fils, il nous était impossible d’y répondre favorablement ; la honte d’expliquer la raison de la scission était un coup porté à notre honneur, notre fierté, et donc une chose que nous désirions éviter d’aborder.

Aujourd’hui, je suis encore impressionnée par le génie de ce que j’imagine avoir été son plan dès le début ; nous qui avions rejeté Aya, menaçant même de lui retirer le droit de s’appeler Fukuro par soucis de garder notre honneur intact, nous nous retrouvions à devoir mentir et éviter le sujet de notre membre le plus honoré.

C’était un peu comme si, indirectement, il tentait de nous forcer à dévoiler à tous ceux de qui nous tirions nos honneurs ce qu’il s’était passé avec Aya, poussant les Anciens dans un recoin, désirant les forcer à revenir sur leur parole, à s’excuser, et non pas qu’au sein de la famille, mais de manière publique.

En ces temps-là, en tant qu’Ancienne, j’avais peur d’où tout ceci allait nous mener ; sa notoriété grandissante attirait de plus en plus de haut placé, des personnes d’ancienne famille qui, dans notre histoire, ne s’était même jamais intéressées à la nôtre.

Et plus il en venait, plus le poids du secret de notre choix pour Aya pesait lourd dans nos relations avec eux.

Mais, en 2023, Yuuta surpris le monde et le conseil des Anciens en même temps : il annonça qu’après plus de deux ans, alors qu’il était au sommet de sa gloire, il se retirait de la scène, des projecteurs et de ses platines. Il disparaissait à nouveau et la montée en notoriété des Fukuro avec lui.

Autant le dire tout de suite : cette annonce eue l’effet d’un soulagement pour le conseil des Anciens qui, face au nombre de demandes grandissantes, était arrivé à bout d’excuses qu’il pouvait utiliser pour éviter un rendez-vous ou refuser un mariage arrangé.

Mais, alors que nous pensions enfin pouvoir souffler, le deuxième coup arriva que peu après ; la même arme fut utilisée, mais cette fois-ci, son tranchant entra bien plus profondément au sein du cœur de la famille.

Bien qu’il ait décidé de quitter le devant de la scène musicale, Yuuta avait continué à travailler dans l’ombre de celle-ci : utilisant la notoriété de son nom d’artiste FUKu, il créa d’abord un label du même nom, recherchant des nouveaux talents et leur permettant de tenter leur chance dans le monde des grands.

Ce fut un succès ! La FUKu Family était née et pour les années à suivre, ce monstre continua de grandir, englobant toujours plus d’artiste vedette, élargissant son répertoire musical et finançant des festivals ou des boîtes de nuit partout en Amérique. Il était de retour, cette fois-ci pas sous les projecteurs, mais tapis dans leur ombre.

Il ne lui fallut pas longtemps pour emmagasiner assez d’argent et créer son propre groupe international à qui il donna tout simplement son nom de famille, dont le logo reprenait le nôtre à quelques détails près. À partir de là, le conseil des Anciens n’en finira plus de chercher excuses sur excuses, tous étant poussés dans leur retranchement et notre entêtement à préserver notre honneur nous faisant perdre des alliés de longue date par la même occasion.

Mais ce n’était pas tout ! Non content de posséder à travers le monde plusieurs boîtes de nuit réputées et à être le financier de plusieurs gros festivals de musique, le monstre qu’était le groupe Fukuro continua son expansion, ses longs tentacules atteignant rapidement le monde du cinéma et de la télévision.

En 2026, le groupe Fukuro n’était plus connu comme une entreprise de production musicale, mais comme une multinationale du divertissement sonore en tout genre : allant du cinéma, aux guides audio de musée, en passant par les spots publicitaires ou les appareils de mixage, le logo du hibou apparaissait partout où on le voulait bien, sa présence un gage de qualité auditive.

Ce furent les années les plus sombres de la famille ; jamais auparavant, malgré les guerres intestines de la vieille époque du Shogunat, celle-ci se retrouva autant en position de faiblesse, en risque de disparaître, de perdre le peu d’estime qu’elle avait parmi les grands du Japon et surtout de Keimoo.

Et pourtant, jamais, ô grand jamais, les autres Anciens n’émirent l’hypothèse de lever le blâme pour Aya, même en catimini, ce qui aurait terminé ce qui ne pouvait pas être appelé autrement qu’une guerre entre les deux factions, ou plutôt les Fukuro du Japon et Yuuta.

Car, pendant ces temps-là, il n’y eu aucunes nouvelles des autres Fukuro d’Amérique.

Mais alors que mon visage continuait à s’assombrir à cause de toutes ces pensées, de toutes ces réflexions qui torturaient mon vieil esprit fatigué, les portes sécurisée du domaine s’ouvrirent lentement, une première voiture grise y entrant et tournant immédiatement sur la droite pour s’y arrêter.

Une Honda Civic noir suivait derrière celle-ci, entrant plus avant dans la cours et s’arrêtant proche de l’entrée de la maison principale où je me trouvais.

Alors que mes yeux suivaient ce petit manège qui ne m’était pas inconnu, mon cœur se gonfla encore une fois de tout son plein lorsque Yuuta sortit de sa voiture noire, celui-ci refermant rapidement la portière derrière lui et allant ouvrir le coffre d’un pas calme et mesuré.

Car oui, contre toute attente, celui-ci était apparu un jour à nos portiques il y a à peine une année, une trêve inattendue s’installant dans le combat sous une forme des plus surprenantes.

« Baba-san ! Baba-san ! »

Mon visage s’illumina immédiatement ; un petit soleil aux cheveux noisette et yeux verts lâcha la main de Yuuta pour accourir en ma direction, souriant de toutes ses dents… Ou toutes ses dents moins une, il semblait.

Rin Fukuro, 7 ans depuis deux semaines, s’élança dans mes bras, mes vieux os oubliant leur âge et faisant décoller immédiatement la belle petite demoiselle du sol, celle-ci se calant soigneusement dans mes bras alors qu’un large sourire s’étirait sur mon visage.

« Baba-san ! ‘e’ar’e ‘ai ‘er’u u’e ‘ent ‘ans ‘a’ion ! ». Elle tenait à la main un petit sachet contenant une dent blanche et, en même temps qu’elle l’agitait pour me le montrer, ouvrait grand la bouche pour montrer le trou qu’elle avait dans sa dentition, passant sa langue dans celui-ci pour prouver qu’il était vrai.

« On était dans l’avion et il a fait PFOOOOM ! » Levant d’abord les bras dans les airs, elle les abaissa rapidement, mimant l’avion perdant de l’altitude. « Puis PFUUUII ! » Elle releva à nouveau les bras dans les airs. « Et je me suis cognée, regarde ! » Toute fière, elle releva la tête, montrant le petit sparadrap avec des tigres qui trônait sur le bas de son menton. « Mais c’est pas grave ! La dent bougeait déjà à la maison. »

Ah, quel trésor, quel soleil ! Cette petite fille avait le don d’illuminer la journée de quiconque croisait son chemin et voulait bien lui prêter un peu d’attention. Énergique, inventive et respectueuse, elle était un vrai bol d’air frais pour mon vieux corps, la trêve qu’elle avait amenée avec elle une bénédiction du ciel pour toute la famille.

Et pourtant, mes vieux os me disaient de faire attention ; déjà par deux fois nous avions cru la paix enfin de retour pour la famille et par deux fois nous nous étions retrouvés dans une situation encore plus compliquée...

De plus, malgré tout l’amour que je portais à cette petite, il y avait encore un trop grand mystère autour d’elle pour que j’accepte que sa présence ne soit rien d’autre qu’une envie de lui faire connaître sa famille et leurs coutumes.

Car oui, ça faisait maintenant plus de six fois que Yuuta avait amené sa petite Rin au domaine pour que celle-ci apprenne, comme toutes les femmes Fukuro avant elle, les us et coutumes de la famille.

Les mêmes coutumes, traditions, qui avaient valu le blâme pour sa sœur Aya.
Les mêmes coutumes, traditions, qui étaient à la source de cette guerre intestine entre lui et nous.

Il y avait là de quoi m’alerter, surtout que cette petite soulevait encore trop de questions dans mon vieil esprit.

Comment elle qui était la première enfant d’un mâle Fukuro pouvait-elle être une fille, alors que sur toutes les générations précédentes le premier né d’un Fukuro avait toujours été un garçon ?

Et au vu de "l’insulte" que cela représentait pour les traditions de la famille, pourquoi, lui qui nous attaquait sur ces points précis, ne l’avait-il pas dévoilée plus vite ?

Pourtant elle possédait tous les traits d’un Fukuro, mais comment pouvait-elle avoir pareille couleurs d’yeux et de cheveux ? Personne dans la famille n’avait ces couleurs-là. Qui donc était sa mère ?

Mais non, il s’était présenté il y a un peu plus d’une année à nos portiques, calme, demandant le droit de rester ici avec sa fille pendant qu’elle apprenait à être une Fukuro, apaisant les Anciens avec des concessions, entourant le domaine d’un système de garde à ses frais et participant aux tâches de tous les jours quand il était au domaine.

Malgré le plaisir de le revoir, l’envie folle que j’avais de le serrer tout fort contre moi, je m’en empêchais, une question tournant continuellement dans mon esprit à chaque fois qu’il était présent : "Qu’elles sont ses intentions ?".

« Baba-san ! Ryu est là ? Il faut que je lui montre ça ! »

Ryu, le cousin de Rin qui avait son âge et avec qui elle s’entendait à merveille. Je voyais dans l’amitié de ces deux jeunes enfants la possibilité d’une réunification des deux familles ; si ce n’était pas avec la génération de Yuuta, alors, peut-être, serait-ce avec celle de Rin ?

« Oui, il est là, sûrement en train de faire je-ne-sais-qu’elle-bêtise vers l’aile de sa famille. »

La jeune fille regarda alors son père, une question silencieuse passant d’elle à lui, Yuuta lui répondant peu après par l’affirmative. Mon cœur se serra alors une nouvelle fois ; cet amour dans sa voix, cette douceur dans ses yeux… Je savais que ce n’était plus que réservé aux personnes qui ne faisaient pas partis des Fukuro de ce côté-ci du Pacifique.

Déposant délicatement la jeune Rin à terre, celle-ci partis immédiatement en direction de l’entrée principale du bâtiment, s’arrêtant dans sa course folle sur le palier d’entrée, amenant ses deux mains en signe de prière, saluant et remerciant le gardien de la famille puis repartant dans sa course folle pour retrouver Ryu.

Mes yeux suivants sa disparition, mon cœur était en paix pour un instant ; je savais que Rin n’était en aucun cas mêlée aux affaires de son père, quoi qu’il décide de faire pour sa prochaine tentative de nous faire céder, je savais qu’il ne mêlerait jamais son soleil à tout ça.

Cependant, alors que mes yeux se tournèrent vers mon petit-fils, ma joie disparue en même temps que mon regard croisa la froideur du siens, ses yeux bleus semblant plus terne que jamais, son calme impassible malgré les circonstances envoyant des sueurs froides le long de mon échine.

Et maintenant, quoi ? Quels étaient ses plans ?

Oh, mais je pense l’avoir deviné ! Je l’avais épié de loin plusieurs fois, son regard dans le vide et différentes émotions passant sur son visage alors qu’il réfléchissait, regardant toujours dans une même direction : Keimoo.

« Vénérable Anciennes, merci de nous accueillir. » Il se pencha légèrement en avant, sa voix froide et cassante me surprenant dans mes réflexions. Il se releva alors avec un sourire en coin, le regard dans ses yeux cassant toute possibilité que ce sourire était amicale. « S’il vous plaît, occupez-vous bien de nous. »

Sans autres mots, sans attendre une réponse, il prit les sacs et s’avança dans le domaine, ne passant pas par l’entrée principale comme ça fille auparavant, mais disparaissant dans un coin en direction du pavillon désert réservé à sa famille.

Yuuta, que manigances-tu ?

Oui, il n’y a rien de pire que le feu de la colère brûlant le cœur d’un homme, surtout lorsque ses vils conseils aveuglent la raison d’un puissant qui peut mener ses desseins à bien.



Rin Fukuro, 7 ans.
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