Un sourire pour la photo? (Maku)

En venant au club de photographie, je me souviens de la fois où j'y avais rencontré Aslinn. On ne peut pas dire que cette rencontre fut enrichissante pour ma participation au club. En effet, vu le peu de temps qu'on y est resté. D'ailleurs, je ne m'attends pas à la voir là-bas. Ce serait même très étonnant. Je crois qu'elle n'a sincèrement aucune envie d'y remettre les pieds. Dans un sens, je la comprends, moi aussi, je ne suis pas très motivée. Alors, quand en plus vous êtes étrangère, le sens même d'un club doit vous dépasser. En tout cas, c'est l'impression qu'elle m'a donné. Je crois que dans son pays cette pratique n'existe pas. Ce que je trouve assez bizarre, je me demande ce qu'ils font en dehors des cours classiques. Les étrangers sont parfois des gens surprenants que j'ai du mal à cerner. Mais, dans un sens, ils sont aussi, surtout si on prend le cas d'Aslinn, plutôt amusant. Après, je ne suis pas certaine qu'elle représente, très justement, la manière d'être, d'un étranger, ni même des Irlandais, sa terre, pourtant natale. Quoiqu'il en soit, ce coup-ci, je compte bien rester au club de photographie. D'ailleurs j'ai abandonné l'idée, d'utiliser l'appareil photo que j'avais acheté avec Tatsuki, il faut dire qu'il ne m'a pas été très utile quand j'ai voulu m'en servir, le jour où j'ai rencontré Aslinn. Une perte de temps, il finira probablement à la poubelle, ou dans un coin de ma chambre, à attendre que je finisse par l'utiliser, ce qui n'arrivera sans doute jamais. Triste existence que la sienne. J'ai choisi de reprendre mon ancien appareil, certes moins technique que l'autre. Mais celui-ci, je sais parfaitement comment il fonctionne et j'ai l'habitude de l'utiliser pour tout. Finalement, lui ne tombera pas dans les oubliettes.

Alors que je longe les couloirs pour rejoindre le club, je passe une main dans mes cheveux en repensant à ce week-end. Très intense, mais pas fatiguant pour autant. Samedi, il y a eu la réunion avec les filles. On s'est décidé sur ce qu'on allait faire à Riko, c'est d'ailleurs mon plan qui a été accepté, je suis certaine que mon idée, leur a beaucoup plu. Il faut dire que je m'y attendais un peu. Je ne leur avait pas dis que je l'avais, déjà présenté à Tatsuki, je suis sûre qu'elle n'aurait pas apprécié mon initiative. Elles auraient sans doute préféré, avoir l'exclusivité sur mon plan. Mais bon, Tatsuki est très utile pour peaufiner les détails, choses pour lesquelles, elles ne réfléchissent pas beaucoup. De toute façon, Tatsuki avait clairement le droit de savoir mon idée au vu de son implication. Je dois le reconnaître, pour le coup il m'a été encore plus utile que d'habitude. Nous avons ensuite abordé un autre sujet, nous sommes revenu sur l'histoire avec Satoshi, je ne leur ai d'ailleurs, pas dit que je l'avais croisé, quand j'étais avec Tatsuki. Ça n'aurait clairement pas été intelligent de le faire. En tout cas, quand je leur ai expliqué que le plan, avançait plutôt bien, elles ont eu l'air contentes. En fait, c'est Emiko qui semblait la plus intéressée, dans cette histoire.  Nanami, Azami et moi, n'avons pas vraiment eu d'attentes particulières, là dessus.

Dimanche soir, très tard, Tatsuki m'avait accompagné dans un coin plutôt  craignos. J'étais déjà venu sans lui, la première fois c'était pour m'occuper du père d'Emiko. Mais, même en compagnie de Tatsuki, je ne me sentais pas en sécurité. Je sais parfaitement qu'il me protégerait, là, n'est pas la question. Cependant, on ne sait jamais comment ces mecs vont réagir et moi j'aime bien que les choses se passent, comme je l'ai décidé. Quand j'avais dis à Tatsuki que j'étais déjà venu sans lui, j'avais imaginé qu'il allait piquer une crise. Il m'avait dit : « que j'étais inconsciente, que je ne me rendais pas compte des choses, que j'aurai pu avoir de gros problèmes, qui sait ce qui aurait pu m'arriver ? » Très honnêtement, quand à 17 ans, j'y suis allé pour la première fois, je ne dis pas que je n'avais pas peur. Ce serait mentir, mais, j'avais mis de côté, toutes mes inquiétudes pour pouvoir aller jusqu'au bout, en me disant que je ferais tout, sur le tas, en fonction de comment ça allait se passer. La première fois, j'ai bien cru que je m'étais précipité dans la gueule du loup. Mais, comme j'étais venu avec de fermes intentions, ou que l'argent, était un bon moyen de marchander, je m'en étais bien sorti. Je pense que ces types aiment tellement le fric qu'il n'irait pas contre, une source d'approvisionnement. Mais, on ne sait jamais, c'est pourquoi, le fait que Tatsuki vienne avec moi, m'avait, dans un certain sens rassuré. En plus, il m'avait laissé monté sur sa moto pour y aller, ce qui m'avait fait, encore moins regretté ma décision. C'est pas souvent qu'il accepte de m’emmener à moto.

J'ai aussi pu remarquer une chose assez étrange. Quand on était arrivé tous les deux à destination, j'avais eu l'impression que mon marchandeur et Tatsuki se connaissaient. Pas dans le genre, c'est l'amour fou entre nous. Mais j'avais eu l'impression d'assister à un échange silencieux, entre eux deux. Ce qui m'avait tout d'abord étonné et qui avait fait naître en moi, encore plus de soupçons sur le fait que Tatsuki me cache des choses. D'ailleurs, je ne compte pas en rester là, je finirai bien par savoir, ce qu'il en est réellement. J'ai déjà envisagé tout un tas de chose, mais la seule qui me paraît la plus probable, est impensable pour moi. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est ça, tout converge dans cette direction. Je crois que Tatsuki traîne dans des trucs plutôt louches, peut être qu'il fait partie d'un groupe qui a des activités illégales. Ce qui expliquerait d'autant plus pourquoi, il ne veut pas me présenter ses amis, la raison qu'il m'a donné pour ne pas le faire apparaît maintenant comme plutôt futile. En soit, il n'y aurait rien de très étonnant à ce que Tatsuki travail, dans le côté sombre de la ville. Après tout, il l'a toujours côtoyé depuis qu'il est enfant. Mais, je ne sais pas, il est toujours entrain de me dire que ce que je fais est mal, ou il est tellement toujours prêt à aider les autres que j'ai vraiment beaucoup de difficulté, à l'imaginer correspondre à cette image de mauvais garçon qu'il renvoi. Si jamais mes soupçons se confirment, je n'irai pas me scandaliser, après tout, je suis mal placé pour dire quelque chose, moi même, je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler un ange.

Avant que je m'en rende compte, je suis déjà arrivée au club de photographie. J'ai passé tout le trajet perdu dans mes pensées. Je rentre sans hésitation, peu de gens vont à mon avis, se rappeler de mon départ en catimini avec Aslinn, quoique, on ne sait jamais. A mon entrée, personne ne semble relever la tête, pour me dévisager. Ils ont tous l'air plongé dans leurs activités. Je soupire légèrement, les gens sont parfois trop sérieux, ça ne leur ferait pas de mal de se détendre. Moi, personnellement, bien que je considère comme très important mes cours et mes résultats, c'est pourquoi ils sont bons, je sais vivre aussi. J'ai d'ailleurs, autant de mal à comprendre ceux qui ne pense qu'à leurs études que ceux qui n'en ont rien à faire. Les extrêmes sont souvent des choses auxquelles il ne vaut mieux pas être liées. Enfin, c'est ma manière de penser, je conçois qu'on ne puisse pas être d'accord. Je repère une table, où personne ne s'est installée. Au moins une bonne chose, je ne suis pas obligée de m'asseoir à côté de n'importe qui. Je marche tranquillement et une fois arrivée à destination, je pose mon sac sur la table, je sors mon appareil photo et mon portable. Je pose le premier à côté de mon sac et je garde le deuxième, dans ma main. Puis je m'assois, croise les jambes et relis le message d'Hikari .Elle n'ait pas venu en cours aujourd'hui, apparemment elle est malade. Enfin, c'est ce qu'elle m'a dit par mail : 


Je n'ai pas répondu, pas tout de suite en tout cas. Je ne savais pas vraiment quoi répondre. J'aurai pu lui proposer de venir la voir et d'en profiter, pour lui apporter les cours qu'elle avait loupé. Ce qui aurait été gentil, mais je n'avais aucune envie de le faire. Franchement qu'elle idée d'être malade aussi, je sais bien qu'elle n'a pas fait exprès. Mais bon, c'est vraiment exaspérant, je n'ai pas le temps de jouer la garde malade et puis très honnêtement, je m'en fou un peu qu'elle soit seule chez elle, sans personne pour s'occuper d'elle. Je suis personnellement tout le temps seule, enfin quasiment tout le temps, et je me débrouille bien. Même si je dois reconnaître que la femme de ménage, s'occupe quasiment de tout et que je n'aurai qu'à passer un coup de fil,  pour qu'on vienne s'occuper de moi. Mais, sincèrement, je ne suis pas la personne faite pour aider les autres, je ne le fais jamais et je ne compte pas changer là dessus. Je passe une main dans mes cheveux, puis fais claquer ma langue contre mon palais d'agacement. Je me sens presque obligée de lui répondre et je n'aime pas trop ça, je tape alors très peu convaincue :

Je sais que je ne me suis pas foulée, mais bon, j'avais vraiment pas le goût de me forcer. Je secoue la tête légèrement et balance mon portable dans le sac. Tant pis, j'ai d'autre chose à faire, après tout. Je prends mon appareil photo dans les mains, je le fais machinalement tourner. Je ne sais pas trop ce que j'attends, je trouve l'endroit bien calme et sens déjà l'ennui m'étouffer, je devrai plutôt chercher un truc, pour m'occuper que de rester là.