And I wouldn't worry [PV Ethel]

Invité

27 mai 2015

Seth avait finalement pu trouver refuge dans un hôtel de la ville, ayant croisé par hasard un taxi après avoir été mis dehors du bar, il lui avait demandé de trouver un hôtel assez chic. Tant qu'à faire autant s'autoriser un petit plaisir. Et après quelques jours à y séjourner c'était effectivement un endroit très agréable.
Il avait ni plus ni moins qu'une suite au style occidental : l'entrée donnait sur un petit salon avec un bureau en verre, et dans le coin de la pièce un canapé face à une bibliothèque qui cachait en réalité une télévision. La chambre se situait de l'autre côté, elle était vraiment spacieuse. Le lit semblait un peu ridicule par rapport à la penderie qui recouvrait entièrement le mur qui séparé la chambre du salon. Et en plein milieu il y avait une baignoire. Ce délire d'architecte n'avait jamais plu à Seth, sur un catalogue cela pouvait rendre très bien mais dans la réalité...On avait froid, très vite il y avait de l'eau partout. Bref le spectacle du bain public ne mettait pas Seth en valeur. Il ne savait pas encore combien de temps il allait rester ici, mais il avait quand même eu envie de vider sa valise. Il y avait surtout des vêtements et quelques livres.

Il se sentait mieux dans le salon, il trouvait le bureau très pratique quoi que un peu m'as tu vu. Mais il pouvait étaler un grand nombre de papiers en tout genre. Il avait commencé à se plonger dans son travail lisant toutes les directives, les descriptifs des matières, les modalités. Il voulait se mettre rapidement dans le bain afin de préparer au moins un plan de cour. Les idées ne fusaient pas vraiment, la seule chose possible était de commencer par un traditionnel rappel des faits historiques mais cela lui semblait un peu faux. Après tout tout le monde s'en fichait. Mais c'était une manière pourtant importante d'aborder le sujet. Importante et un peu inutile. Alors il raya la seule idée qu'il avait inscrit en haut de sa feuille.
Il prenait un certain plaisir à regarder par l’immense fenêtre derrière son bureau, cette attitude lui permettait de réfléchir, ou dans donner l'illusion. Mais il fallait bien avouer qu'il n'y avait rien à voir à part la ville. Mais il n'y avait personne pour le lui faire remarquer donc...Il pouvait s'adonner à ce petit rituel autant qu'il le voulait. Rien à voir et rien à penser décidément cette vie était bien différente.Le fait de pouvoir prendre ce temps était un vrai plaisir, il ne voulait pas faire autre chose. Son travail n'avait pas encore commencé, peut-être qu'une subite passion allait le saisir.

Peut-être que la musique pouvait l'aider, il chercha sur son ordinateur « Everything Happens to me », une étrange chanson d'un trompettiste au rythme suffisamment lent pour sentir son esprit s'évader. Il laissa le volume au minimum, comme une sorte de présence rassurante l'accompagnant dans ses réflexions.
Que faire alors pour cette introduction ? Peut-être qu'il fallait se libérer du carcan pédagogique qui visait à laisser place à l'exemple plus qu'à la réflexion. On pouvait discourir longtemps sur les premières institutions du droit international sans pour autant que cela soit perceptible. Le plus important n'était-ce pas ce conflit de pensée entre deux états n'ayant ni le même droit ni les mêmes représentations. De ce conflit était née l'idée d'un ensemble de rites pour apprendre se parler, se comprendre. Il se souvenait avoir regardé à la bibliothèque un vieux manuel sur les droits de l'enfant dans le cadre des divorces internationaux, cela pouvait constituer un bon point de départ. Un sujet très médiatique, les étudiants auraient forcément et de là partir dans une discutions. Il ne lui restait plus qu'à potasser ce sujet.

Après une bonne heure de travail, sa séance introductif était prête. Bien que le cours devait durer 2h il tablait sur un dialogue avec les étudiants d'au moins une heure, il n'avait pas besoin de préparer un long discours. Il était sur de la théorie, il lui fallait regarder quelques cas pratiques, mais il avait encore le temps.

Il repensa aux mails qu'il avait pu recevoir de Miya, il se rappela non sans un sourire ce qu'il pouvait lui devoir. Elle avait quand même financer ses études, enfin par le biais de son père. Depuis il avait gardé un contact distant mais sincère, ils se donnaient des nouvelles par habitude. Ne partageant rien, les sujets de conversations étaient minces. Le fait de se trouver dans la même ville allait peut-être changer les choses, cela paraissait un peu bête en tout cas de ne pas essayer.
D'ailleurs puisque il n'avait pas grand chose à faire, ou plus exactement puisqu'il ne voulait pas travailler. C'était une bonne occasion pour essayer de voir la jeune fille. Fricoter avec les étudiantes quand même, c'était du vu et revu. Il prit son ordinateur et commença la rédaction dans un mail à son intention.

Pour tout dire il ne savait pas trop ce qu'il devait dire, mais autant opter pour quelque chose de simple : « Bonjour je suis bien arrivé et installer pourquoi ne pas se voir ? ». Bon c'était peut-être un peu simple, et on aurait dit une réponse à une petite annonce.
Perdu dans ses pensées il crut entendre du bruit dans le couloir, un bruit de va et vient. C'était le défaut des hôtels aussi chic soient-ils, il y avait forcément du monde. Après quelques instant le silence revint.

Un silence de courte durée, et le bruit d'une personne frappant à sa porte ne laissait rien présager de bon. Dans le même temps sont téléphone vibra. Seth les yeux toujours sur ses papiers ne se laissa pas distraire ni par l'un ni par l'autre. Levant les yeux au ciel il pallia au plus urgent et répondit sans vraiment faire attention :

« Entrez...»

La porte s'ouvrit rapidement presque avant la fin de sa réponse.

Miya Chanteclair referma la porte, un sourire d'encouragement sur les lèvres. Tournant le dos en inspirant longuement, la rouquine descendit les marches de l'immeuble, une à une, sentant l'appréhension monter dans son ventre. Entre ses doigts serrés, un petit bout de papier avec l'adresse d'un hôtel en centre-ville, et un nom « Seth Darnell ». Le plus dur restait maintenant à faire, ignorante, elle avait cru que frapper à la porte d'une inconnue, dans une témérité sans pareil, serait le pas le plus dur à effectuer de la journée, apparemment pas. Elle devait maintenant aller chez quelqu'un qu'elle n'avait jamais vu de sa vie et lui demander de l'aide, gratuitement, pour le simple plaisir de rendre un service à une personne qu'il avait connu il y a longtemps. Facile. Lissant sa robe rouge, qui semblait bien trop colorée pour un rendez-vous avec un avocat, elle décida de rentrer chez elle se changer en vitesse. L'Académie n'était pas si loin, et l'heure n'était pas si avancée. De retour dans sa petite chambre, le choix fut compliqué. Sa garde-robe se composait de pièces simples, peu chères, qu'elle avait choisit par besoin de se vêtir plus que par leur apparence. Choisissant un chemisier blanc et un pantalon noir, elle garda tout de même ses talons, pour garder un semblant d'élégance. Ce n'était pas si mal, elle faisait presque classe, si on n'y regardait pas de trop près. Le centre-ville maintenant.

En chemin, sa tête fourmillait de mille pensées, dansant dans son esprit et l'assourdissant. Que lui dire ? Commencer par un bonjour, un sourire ? Et ensuite, lui expliquer la situation d'emblée, puis s'enfuir en courant tandis que le stress monterait ? Il était possible qu'il ne puisse rien pour elle... Que sa situation soit trop désespérée, trop enfoncée. Après tout, personne ne pouvait actuellement situer sa mère, ni même assurer avec conviction qu'elle était en Angleterre. La seule chose certaine était que dans sa démence, dans sa fuite de réalité, elle avait emmené son petit-fils, l'arrachant à Ethel, sans aucun remords. Deux mails, c'était tout ce qu'elles avaient échangés, des écrits d'une verve démoniaque, la rouquine cherchant à comprendre, à savoir, et sa mère lui renvoyant un mur acerbe et virulent d'animosité. Puis ce fut le silence, encore plus terrifiant, aucune nouvelle, malgré les demandes, elle pouvait tout aussi bien être morte, emportant Loïs dans sa chute. Creuser cette histoire signifiait creuser dans la tête de sa mère, tenter de découvrir pourquoi. Et ça n'avait jamais été le fort d'Ethel. Elle avait bien tenté d'appeler son père, de lui demander des explications, mais c'était comme hurler contre un vent cinglant. Il ne comprenait pas non plus, et n'arrivait plus à gérer ces questionnements, les résolvants de la manière la plus simple qui s'était offerte à lui, l'alcool.

Les sens imbibés de ce poison, il n'avait plus été clair depuis longtemps, et le dernier souvenir qu'Ethel gardait de lui, un visage endormi et tordu, sur le vieux fauteuil du salon. Lui non plus ne supportait plus les cris de son petit fils, qui déchirait la nuit depuis plusieurs semaines. Mais qu'y faire ? Il n'en avait plus la force. Il n'avait plus même la force de quitter sa femme, d'essayer de la secouer en hurlant. Comme si tout l'entourage de cette femme démente s'était retrouvé happé, paralysé, incapable de réagir. Ethel avait sa part de responsabilité, et une énorme. Après tout, il était possible qu'elle soit la raison de tout cela. Apprendre que sa fille est une camée, qu'elle a fait un séjour à l'hôpital, ne loge plus à l'Académie mais chez un homme dont elle est enceinte, et ne vient plus qu'épisodiquement en cours peut être traumatisant pour une mère qui croit avoir laissé au Japon une enfant pleine de vie. Mais elle l'avait bel et bien laissée il y a quelques années, décollant du sol Japonais sans se retourner, à peine heureuse de retrouver sa fille à Noël, comme si cette dernière avait été effacée de sa vie. La rouquine n'avait peut-être pas assez essayé de rétablir ce lien, ou plutôt de le créer.

Tout à ses délibérations, la jeune fille arriva vite au pied d'un joli hôtel. L'avocat avait les moyens, c'était le moins qu'on puisse dire. Mais pas assez les moyens pour avoir son bureau, un manque de temps sûrement, il venait d'arriver selon les dires de Miya. Se présentant à la réception, elle indiqua qu'elle venait visiter Mr Darnell, se faisant indiquer le numéro de sa chambre. Enfin arrivée devant la porte, elle resta plantée devant pendant deux bonnes minutes, pas très sure de la suite. Frapper à cette porte, c'était sceller son destin, elle aurait un avocat pour l'aider, si tant est qu'il accepte. Les choses deviendraient sérieuses, elle se plongerait au cœur de cette affaire, était-elle vraiment prête ? Pouvait-elle seulement élever l'enfant qu'elle voulait récupérer ? Fermant les yeux et inspirant, vidant sa tête de tout doute, elle frappa trois coups. Les voulant sec et assurés, ils débouchèrent plutôt en un écrasement mou de sa main contre le bois. Elle commençait bien. La réponse ne se fit pas attendre, elle pouvait entrer. Se refusant à réfléchir, elle ouvrit la porte en grand, se trouvant face à un petit salon où un jeune homme était installé. Il était jeune, plus qu'elle ne l'aurait cru, peut-être la trentaine, pas plus. Sans le laisser lire dans son regard, elle paniqua un instant, avait-il l'expérience nécessaire ? Il fallait faire confiance à Miya.

« Bonjour, je m'appelle Ethel Dawkins j'ai été envoyé par Miya Chanteclair elle m'a dit que vous pouviez m'aider et j'ai besoin d'aide ! »

Ouh. Pire que ça elle n'avait jamais fait. Ayant presque crié et tout déballé d'une traite, elle reprit son souffle et regarda l'avocat, embarrassée. A plus l'observer, son visage semblait familier, des traits qui lui semblait avoir croisé auparavant, mais impossible de remettre un contexte ou une situation, peut-être bien quelqu'un croisé dans la rue ?

Invité

Une jeune femme rousse entra, ce n'était donc pas la femme de ménage toujours pressée de savoir si elle pouvait faire quelque chose pour son avocat préféré. Seth ne put même pas dire quoique ce soit, que des mots sortirent directement de la bouche de la jeune femme.
Elle avait dit cela d'un seul trait, presque essoufflée et ne sachant plus où se mettre. Elle était encore dans l'ombre de la pièce, mais Seth crut bien reconnaitre son interlocutrice aussi stressée soit-elle. Il s'agissait bien de la serveuse du bar de sa première fois. La situation avait du bien dégénérée depuis la dernière fois pour faire une entrée aussi remarquable. Ensuite elle essaya de se calmer ou de préparer un plan pour fuir.

Après l'avoir bien regardé, Seth se tourna vers son téléphone un message de Miya lui prévenant de l'arrivée d'une amie dans le besoin. Comme quoi mieux valait regarder ses messages avant de donner la permission d'entrer. Elle semblait donc au courant qu'il ne pouvait rien refuser à la généreuse Miya. Elle n'en demeurait pas moins des plus inquiètes. Son nouveau rôle d'enseignant lui avait fait oublier ces quelques prérogatives quand on est avocat avec ce fameux mot "aide". Un mot bien étrange, car on demande de l'aide mais on la reçoit aussi. Et lui il devait l'apporter. N'ayant toujours pas dit un mot, la rouquine se décomposait littéralement.

Apparemment elle ne l'avait pas reconnu, il soupira et avec son flegme habituel il se leva et s’avança vers elle. C'était mieux qu'elle le reconnaisse tout de suite, plutôt que d'avoir un éclair pendant qu'elle développerait son problème. Elle semblait se poser en effet des questions, peut-être dans le fait de marcher vers elle. Une fois plus proche d'elle, il ne put que constater son essoufflement, son angoisse. Elle avait du littéralement courir jusqu'à lui depuis l'endroit où se trouvait Miya.

Il se demanda jusqu'à quel point devait-il lui rappeler son bon souvenir. La situation était quand même amusante, une jolie serveuse qu'on pense ne plus jamais revoir et qui se retrouve comme projetée dans votre chambre. Peut-être qu'il était plus correct d'éviter, la plaisanterie ne pouvait rien apporter ici. Mais il se promit à l'avenir de raconter cette histoire à quelqu'un !

"Je suis prêt à vous écouter, Miya vient de me prévenir en même temps que votre arrivée, asseyez-vous"

Le ton était calme, neutre. Il ne voulait pas donner l'impression de la prendre en pitié, simplement qu'il pouvait lui accorder du temps et de l'attention. Il lui désigna une chaise devant le bureau, qui n'avait jamais servi jusqu'à présent. Il retourna ensuite derrière son bureau et s'assit lui aussi. Il lui adressa un petit sourire, plissant un peu les yeux.

Qu'est-ce qu'une serveuse pouvait bien avoir à demander ? En voilà une bonne question. Un patron aux mains baladeuses ? Le sien n'avait pas l'air sympathique mais enfin le peu qu'il tenait debout ne lui accordait certainement pas assez de temps pour ça. Il était sûrement bien le genre à ne pas remplir toutes les déclarations, et aujourd'hui elle se retrouvait sans ses indemnités. Mais en faisant attention, son regard était bien trop triste ou plutôt préoccupé. Une chose qu'il n'avait pas vu la dernière fois. Comment lui un avocat anglais pouvait bien aider une serveuse au Japon ? D'ailleurs est-ce que cela avait vraiment un sens, il y a tellement de moyens ici de tout régler à la amiable. Il chercha machinalement un stylo et une feuille, bien qu'il n'était pas dans ses habitudes de prendre des notes mais au cas où elle ne tienne pas à soutenir son regard il pourrait faire mine de prendre des notes.

"Racontez-moi"

Tandis qu'elle reprenait son souffle, essayant de ne pas s'évanouir sur le sol, ce qui aurait très sûrement donné une mauvaise impression, elle observa l'avocat. Il maintenait un silence, qui bien que long de quelques secondes, lui sembla durer une éternité. Ils se regardèrent, et la rouquine n'était plus très certaine de si elle se faisait jauger ou non. Il était peut-être habitué aux jeunes filles en détresse venant frapper à sa porte, et trouvait à présent cela triste, est-ce qu'il accepterait vraiment de l'aider ? Rien ne pouvait le confirmer pendant ce silence fracassant. Puis il se leva, entrant dans la lumière, et elle le reconnu. Le jeune homme perdu à qui elle avait servi un whisky quelques jours auparavant. Cette vision lui redonna légèrement confiance en elle. Connaître celui auquel on a affaire est toujours rassurant, même s'il s'agit d'une personne rencontré à la fermeture d'un pub miteux, avec lequel on a échangé quelques mots à peine.

Il était prêt à l'écouter, c'était inespéré. Toute la tension se relâcha et Ethel inspira un grand coup, manquant de faillir sous le trop-plein d'oxygène qui envahit son cerveau. Ses mains étaient moites, elle les cacha dans son dos pour ne pas qu'il ne voit son stress, comme si ce n'était pas déjà fait. Avisant qu'il lui désignait une chaise, elle tenta de s'asseoir calmement dessus, ratant cela en beauté et s'écroulant dessus, ses jambes lui faisant défaut au dernier instant. Se redressant tout de même, la rouquine eut un petit rire nerveux. Par quoi commencer ? Comment délier le bout de cette histoire ?

« Merci... Je suis ici parce que.. »

Le souffle lui manqua, elle fit une pause d'une seconde pour tenter de respirer.

« Ma mère a enlevé mon enfant. »

Drama me voilà, elle commençait magnifiquement bien. Pas de au fait j'ai un enfant, et une mère, quoi que cela fut plutôt logique, non. Elle commençait sur les chapeaux de roues. Tentant de trouver comment continuer son histoire de manière un peu plus rationnelle et claire qu'une bonne tragédie hollywoodienne, elle ravala une larme. Et elle raconta tout. Comment il y a plus d'un an maintenant, elle était tombée enceinte d'un homme qu'elle venait à peine de rencontrer. Erreur de débutant, pas de protection, qui pensait qu'on pouvait tomber enceinte la première fois ? Sa mère en l'apprenant avait rappliqué immédiatement au Japon, alors que cette dernière vivait en Angleterre. L'Académie l'avait appelé, l'informant que la situation ventresque d'Ethel, et également d'une chose qu'elle avait essayé de cacher à sa génitrice, une overdose, arrivée peu de temps avant qu'elle ne tombe enceinte. Elle précisa au passage qu'elle avait prit une quantité appréciable de drogue pendant un certain temps, ce qui avait très logiquement conduit à une overdose, elle avait arrêté depuis et s'était même coupé les cheveux, c'est dire.

Puis elle continua, parla de son retour en Angleterre, et de la dépression violente dans laquelle elle s'était enfoncée. Dépression qui avait voulu un internement à l'hôpital alors qu'elle touchait à son huitième mois de grossesse. Les docteurs avaient eu peur pour le bébé, et elle était restée un mois entier dans une chambre vide, à attendre, à essayer de survivre. Sa mère n'était venue que quelques fois, pour lui balancer à quelle point elle regrettait d'avoir eu une vie, et qu'elle personne misérable elle était. Puis elle avait accouché, et voir son enfant si s'envoler toute tristesse, parce que elle, Ethel, aussi misérable et stupide qu'elle puisse être, avait créé quelque chose, et en avait maintenant la responsabilité. Mais ce bonheur avait été de courte durée, à peine rentrée chez sa mère, cette dernière lui avait enlevé l'enfant, enfermant la jeune fille dans sa chambre toute la journée, ne la laissant sortir que pour allaiter son fils. Elle avait subit les cris violents du nouveau né pendant des nuits entières, sa mère le laissant parfois deux heures avant d'accepter de le laisser à Ethel pour qu'elle ne nourrisse. Un jour elle en avait eu marre, comme si tout était devenu noir dans sa tête elle avait forcé sa porte, pour aller prendre son fils dans ses bras. Mais sa mère était arrivée bien trop vite, et avait frappé la jeune fille jusqu'à la laisser inconsciente, l'enfermant ensuite dans la salle de bain. En se réveillant elle avait fait la seule chose qui lui semblait juste à cet instant, elle s'était enfuie. Mais elle n'était pas allé bien loin, à peine les portes du village franchies, en pleine nuit, elle s'était rendue copte qu'elle ne pouvait laisser son fils, et était revenue, pour voir que sa mère et son fils n'étaient plus là, la voiture non plus. Alors elle était revenue au Japon, désœuvrée. Ne sachant que faire à présent.

La rouquine avait tout déballé d'une traite, comme soulagée de pouvoir enfin dire cela tout haut, se délivrant de ce poids qui l'avait hantée depuis des semaines. Elle respira plus librement, ses épaules s'affaissèrent. Ce n'était peut-être pas ce que l'avocat aurait voulu entendre, mais une fois lancée, elle n'avait plus su s'arrêter, comme dans le besoin d'expliquer. Levant les yeux, croisant un regard qu'elle avait prit soin d'éviter pendant tout son discours, elle sourit, les yeux brumeux.

« Euh.. Voilà, c'est ça qui m'amène ici... »

Invité

Il avait bien tenté d'imposer un rythme plus calme et serein, mais sans succès. Elle portait quelque chose de trop gros, et cela devait sortir le plus rapidement possible. Seth lâcha son stylo, qui n'allait pas servir vu le débit de paroles.

Elle raconta des mois d'une vie bien trop dense. Bien que son regard portait dans le vide, comme étant entrain de revivre tout cela, Seth lui ne baissa pas les yeux. Les premiers mots étaient plutôt clair, elle se retrouvait dans une situation impossible. L'histoire était pourtant loin d'être complète, il y avait encore des dizaines, des centaines de point à éclaircir. L'esprit de Seth bouillonnait à son tour. Mais il ne pouvait pas l'interrompre pour le moment.

Au départ il eut le réflexe de se dire, mais pourquoi ne pas essayer ? Mais après tout si elle était là devant lui à raconter les misères d'une vie c'est qu'elle voulait essayer et reprendre le dessus. Ce qui tout de suite plu à Seth.

Pour le moment il n'était pas encore sur de savoir à quoi il avait à faire : maltraitance de la mère, négligence de la nouvelle mère, abandon, mise en danger, enlèvement international ou non ? Et le père de l'enfant ? Des éléments qui pouvaient dans certains cas rendre Seth bien impuissant. Par chance le travail sur ses cours lui avait permis de se familiariser de nouveaux avec ce domaine.
Il entrevoyait le début d'un plan.

Mais cette jeune mère, qu'elle était sa volonté ? Que pouvait-elle espérer dans son esprit ? Elle voulait son enfant rien de plus, toute la problématique était de le localiser alors. Pour Seth il était évident alors qu'il fallait éviter le procès, la vie de la jeune mère ne plaidait pas vraiment en sa faveur.

En réfléchissant il prenant conscience que cette histoire avait quelque chose d'intéressant, une enquête un peu comme avant. Le problème ici relevait de la dimension plus que sentimentale, il avait peu de temps pour formuler une réponse à sa nouvelle cliente. Elle ne devait pas faire n'importe quoi. Il avait envie de se montrer rassurant. Il s’avança un peu sur son siège et regarda un instant par la fenêtre.

« Je vois...Il existe des solutions à votre problème mais commençons par le début. Personne ne peut vous déposséder de votre enfant, qu'importe la situation on ne peut vous le prendre ainsi. Votre mère est dans l'illégalité la plus totale et à sans doute bien raison de se cacher. »

Ce n'était certes qu'une banalité mais encore fallait-il le dire aussi clairement, c'était aussi tout le point de départ de son idée. Le fait était bien qu'il s'agissait de l'enfant de Mlle Dawkins et personne d'autre, et elle n'avait autorisé personne à lui prendre.

« Ma priorité est de faire revenir votre fils, nous ne pouvons partir à l'aveuglette au risque de faire fuir votre mère vers des destinations plus complexe que l'Angleterre. Je sais qu'elle s'y trouve encore. Au vu de sa situation elle n'a sans doute pas pris de conseil, c'est une chance pour nous »

Cette mère qui semblait impressionner la jeune femme avait pourtant négligé bien des choses dans cette histoire. Ses motivations n'étaient pas bien clair, était-ce vraiment de la haine comme le pensait sa cliente ? Il fallait laisser une ouverture, au moins au cas où il devrait montrer une tentative de reprise de contact.

« Nous allons être plus malin, vous dîtes avoir reçu quelques mails c'est très bien. Vous allez reprendre une communication normal avec elle, je vous dicterai quelques éléments afin de faire croire que nous sommes prés à la conciliation. Ce qui n'a qu'un objectif prendre le temps de préparer un dossier suffisamment étoffé pour rendre les décisions de justice à venir plus simple et plus rapide. Je sais que vous n'allez pas apprécier mais faites moi confiance »

Cette manière de gagner du temps allait laisser le temps à Seth de se préparer, il était quand même loin et gérer tout cela de loin n'était pas une mince affaire. Il avait encore de nombreux contact à Londres prêt à tout pour lui. Pour une fois il allait devoir faire beaucoup de paperasse et laisser l'action de côté.

« Comprenez-moi bien, le but est ici de donner du grain à moudre à votre mère, vous allez lui poser des questions, lui dire qu'elle a eu raison, que vous n'avez toujours pas bien agi, etc. Tout en lui disant que vous voulez revoir Lois, que vous allez changer. Pendant que vous l'occupez je vais prendre contact avec quelques relations à Londres afin de localiser votre enfant. Une fois que ce sera fait nous aurons à notre disposition tout un dossier qui sera remis à un juge et qui ordonnera la restitution de votre enfant, votre mère n'aurai pas le temps de se retourner contre nous que la police sera déjà chez elle et Lois au près de vous. »

Il sentit bien que la jeune femme appréciait ce qu'elle entendait, même elle ne pouvait pas y croire totalement. Il se montra volontairement sous un jour manipulateur, preuve qu'il était prêt à tout, prêt à s'engager. Elle ne devait plus nourrir beaucoup d'espoir au sujet de sa mère. Seth ne savait pas non plus très bien ce qu'il allait devoir faire d'elle, une fois l'enfant revenu un procès était à craindre et la procédure pourrait mettre la jeune mère dans une situation de contrainte impossible avec pourquoi pas la volonté de regard de l’État sur la sécurité de l'enfant.

« Les choses peuvent aller vite, comme je vous l'ai dit la justice est obligée de vous rendre votre enfant. Nous allons devoir néanmoins arranger votre situation, notamment pour éviter toute contre attaque de votre mère, je peux même vous promettre de la contraindre à vous aider. »

Il avait beaucoup parlé, pour lui son plan tenait la route. Oh bien sur ce n'était pas tout à fait réglementaire, mais la situation ne devait pas traîner en longueur. Il sortit de son air sérieux retrouvant un sourire et une attitude plus amicale.

« Est-ce que vous comprenez ? Vous avez des questions ? »

Avoir tout déballé, dans un flot ininterrompu l'avait soulagée d'une telle force, bien plus que ce qu'elle n'avait espéré. Des semaines, des mois qu'elle gardait ce poids à l'intérieur d'elle, le laissant macérer dans ses entrailles, jusqu'à le sentir devenir brûlant, boule de chaux logeant en elle et la consumant de l'intérieur. Certes, parler n'avait pas arrangé l'histoire, et ne lui avait pas rendu son enfant, mais à présent elle se sentait plus légère, plus prête à écouter et à se lancer dans l'aventure, qu'importe ce que cela coûterait. Elle faisait étrangement confiance au jeune avocat à présent, sans même le connaître. Peut-être de l'avoir croisé au bar, en perdition, ou de lui avoir tout dit, tout cela lui conférait une aura de bien-être et de confiance, ce dont la rouquine avait besoin ces derniers temps. Une figure sur laquelle s'appuyer. Entre Jake qui lui avait claqué la porte au nez sans chercher à comprendre, son patron qui ne l'écoutait que sous l'emprise de l'alcool, et le nombre extrêmement réduit d'amis, auxquels elle n'arrivait pas à se confier, les choses étaient vites vues. C'était supporter un boulet à son pied qui s'apprêtait à la dévorer, ou sombrer. Elle avait choisit le boulet, de se trainer la force des choses sans chercher à comprendre, mais maintenant cela semblait changer. Quelqu'un pouvait l'aider.

Ce fut le tour du jeune homme de tout déballer, tout ce qu'il y avait à faire, le plan à mettre en place. Mais à mesure qu'il parlait, Ethel reprenait espoir, tout cela avait l'air faisable, elle n'était plus seule dans le noir à se heurter aux murs invisibles. Comme s'il faisait office d'une massue géante qui écrasait les murs, et lui ouvrait la voie. Certes elle était seule à pouvoir décider du chemin qu'elle emprunterait. Ses yeux se séchèrent, et elle écoutait de plus en plus attentivement Seth, ses épaules se relevaient peu à peu, tandis qu'elle le regardait droit dans les yeux. C'était donc possible, tout ce dont elle avait rêvé, était possible. Elle pouvait récupérer son fils, peut-être même sans faire de scandale si elle comprenait bien. Car ce n'était pas ce qu'elle voulait, la rouquine voulait son fils, bien évidemment, mais ne pas faire de grosse histoire qui finirait dans les journaux, un procès médiatisé qui s'allongerait sur des années. L'attention et Ethel n'étaient pas très copines. Elle aurait presque envie de se lever et de prendre l'avocat dans ses bras, tant il lui promettait un avenir meilleur. Mais la peur de l'autre l'emportait, sans oublier le fait que si elle voulait garder l'aide du jeune homme, l'agresser physiquement n'était pas la meilleure idée.

Lorsqu'elle eut fini, il lui demanda si elle avait des questions. Évidemment que la tête rousse fourmillait de questions, certaines pertinentes, d'autres un peu moins. Elle hocha la tête, prenant un instant pour réunir toutes les idées qu'elle pouvait avoir, et les rassembler en questions concrètes et compréhensibles. Pas sur qu'un babillage incohérent suffise à l'avocat pour faire avancer tout ça. Des questions elle en avait, des peurs, à commencer par une qui était incompréhensible pour la rouquine, mais qu'elle ressentait le besoin de poser. Quelque chose qui pouvait surprendre, et qu'elle se refusait presque de vouloir demander. Après tout ça, était-elle en droit de s'interroger sur quelque chose de la sorte ? N'avait-elle pas perdu cette légitimité au moment où elle s'était émancipée émotionnellement, il y a des années de ça ? Il fallait bien se lancer, si une personne pouvait répondre à cette question, c'était Seth.

« Est-ce que ma mère va souffrir de tout ça ? »

Ce fut la seule question qui sortit, la seule dont elle attendait vraiment une réponse malgré le monologue du jeune homme. Oui, elle aurait pu demander combien de temps ça prendrait, qu'est-ce qu'il entendait par obliger sa mère à l'aider, pourquoi parlait-il d'arranger sa situation. Tout cela était des questions sûrement bien plus pertinentes. Mais dans l'instant, elle voulait savoir si sa mère allait souffrir, si jamais elle allait sortir de cette histoire encore plus mal qu'elle ne l'était déjà. C'était devenu une évidence, sa génitrice avait besoin d'aide, elle n'était pas dans un état normal. Si tant est qu'Ethel puisse prétendre la connaître, ce qui serait s'avancer, elle pouvait tout de même dire que ce n'était pas une réaction normale, même pour sa mère. Et si elle n'était pas dans son état normal, c'est qu'elle était dans un état hors d'elle-même, et qu'elle avait besoin d'aide. La laisser désœuvrée, en proie à la justice et abandonné de tout ce qu'elle aime pouvait la conduire à quelque chose d'horrible. Qu'importe combien elle avait été horrible et avait essayé d'attenter à la vie de sa fille, cette dernière ne voulait pas être responsable de sa mort. Car voler un enfant, s'enfuir, était signe d'un appel à l'aide, si Ethel retenait bien les livres de psychologie qu'elle avait pu lire.

Ce n'était même pas une question de cliente à avocat, comment Seth pourrait affirmer de la souffrance ou non de la mère de la jeune fille ? Il était là pour le côté légal, et l'objectif était de ramener l'enfant à Ethel, la souffrance de la mère de cette dernière se devait d'être son dernier soucis, sinon tout serait faussé. Et pourtant, de tout ce qui était sortit, la rouquine ne voulait savoir que ça, et elle se sentait à présent assez en confiance pour le demander.

Invité

Sa réaction était pour le moins surprenante. La question du temps était en générale celle qui revenait le plus. Cela avait bien sur quelque chose de vexant pour les avocats devoir que toutes les nuances échappées complètement aux clients, mais cela avait quelque chose de normal après tout. Lui faisait son métier. Néanmoins elle le regarda, ou plutôt le dévisagea. Elle semblait reprendre vie à l'annonce de quelques bonnes nouvelles.

Et il avait certainement de quoi, Seth était fière de ses idées. Même si il restait tellement de choses à faire à présent. Et pas seulement pour lui, mais pour la jeune mère aussi qui allait devoir mettre la main à la pâte. Il pensait au départ que reprendre contact avec sa mère serait une vrai souffrance pour Ethel, mais cela ne semblait pas poser problème. Ou en tout cas elle ne le formulait pas ainsi. Un peu comme ses élèves Seth pensait qu'il devait aller un peu plus dans le détail pour que les questions viennent. Son exposé didactique ne souffrait que de peu de faiblesse, et comme tous les grands discours on croit les comprendre et finalement...Ce n'était certes qu'un rendez-vous préliminaire mais il y avait des choses importante à comprendre.

« Est-ce que ma mère va souffrir de tout ça ? »

Ce fut donc la première des questions. Sa question l'intriguait fortement, est-ce qu'elle voulait en savoir plus sur ses intentions à lui ? Savoir si sa mère allait souffrir ou si elle le devait ? L'un dans l'autre lui ne savait pas trop quoi dire, la question de savoir comment gérer la mère était importante évidement. Mais il pensait que la haine était encore trop forte pour que la jeune femme ne se soucie de ce qui allait lui arriver. Peut-être qu'il allait devoir faire attention, même si lui n'avait pas à prendre partis dans cette histoire.

Il était presque tenté de lui retourner la question, car après tout il ne ferait jamais que ce que Ethel pouvait lui demander. Si il fallait mettre la mère en prison il le ferait, si il fallait la laisser tranquille il le ferait aussi. Pour lui ce n'était pas nécessaire d'en arriver là, il était plutôt soucieux que la mère participe financièrement à la vie de l'enfant. Car évidement c'était le sujet sans doute le plus délicat à aborder avec une jeune mère, avait-elle les moyens de l'assumer. Seth se promit de ne pas la laisser partir avant d'avoir aborder la question, mais pour le moment il n'avait pas trouvé la tournure idéal pour ce sujet.

Dans tous les cas il devait en tant qu'avocat préparer sa cliente à une certaine réalité. Il était évident que dans cette histoire tout le monde pouvait souffrir. Notamment parce que pour lui la mère n'allait certainement pas se laisser faire, ce qui allait causer beaucoup de dommages mais surtout anéantirai un peu plus la jeune femme qui s'inquiétait malgré tout pour sa mère.

« Cette procédure va être longue pour tout le monde. Elle sera douloureuse pour vous mais aussi pour votre mère. C'est moi qui doit vous demander ce que nous allons faire à son sujet. Vous êtes en droit d'exiger beaucoup de choses à son égard. »

Alors qu'elle avait sembler boire ses paroles, le fait de devoir se positionner était d'un seul coup surprenant. Seth ne pouvait pas tout gérer, évidement cela serait plus confortable au moins elle n'aurait rien à se reprocher. Mais les choses ne marchaient pas ainsi. Il se garda bien d'évoquer pour l'instant les risques de prendre par surprise une personne coupable à tous les niveaux. Mais dans ce cas là on ne pouvait pas réellement transiger.Devant son air un peu perplexe, il ajouta

« C'est à vous me dire quelle direction vous voulez prendre »

C'était toujours la partie délicate pour Seth, demander ce que le client voulait. Lui n'avait pas le pouvoir de choisir à sa place. En général il commençait toujours par là : « mais que voulez-vous, qu'est-ce que vous espérez ». Il avait fait une entorse cette fois, déjà car il avait été un peu surpris par cette arrivée, et bien sur ici les faits étaient évidents, sa volonté aussi.

Des souvenirs remontaient, les uns après les autres. L'avancement de cette histoire si désordonnée faisait resurgir des fragments qu'elle croyait oubliés. Des images par centaines s'entassaient à présent dans son esprit, d'aussi loin qu'elle pouvait se le rappeler. Beaucoup étaient des instant de joie, comme les noëls en Angleterre, rares moments où la rouquine revenait en Angleterre depuis l'installation au Japon. Des matins enneigés, le sapin éclairé, aux promenades en famille dans la nature immaculée. Ethel serrant la main de ses parents, sans un mot, leurs éclats de rire. D'autres instants moins joyeux, sa mère énervée, lui annonçant qu'elle ne l'avait jamais désirée, avant de voir cette dernière fondre en larmes et s'excuser, lui chuchotant que sa fille était le plus beau cadeau qu'on ait pu lui faire. Sa chute à 10 ans, qui lui avait valu une balafre impressionnante dans le dos, et sa génitrice aux petits soins pour elle pendant des semaines, la voir terrifiée à l'idée d'avoir pu perdre son enfant. Tout cela avait existé, mais semblait si loin, enfoui dans un autre monde, dans un recoin sombre de sa tête. Pendant un moment, tout avait été remplacé par des hurlements, des pleurs. Son monde écroulé par l'arrivée de cette femme chez Jake, la sensation violente de ses mains sur ses poignets, pour l'emmener au loin.

Malgré tout, elle aimait sa mère, tout en ne sachant plus si ce sentiment était partagé. Est-ce que tout cela n'avait pas été simplement fait pour protéger la rouquine, la protéger d'elle-même ? Il était possible que sa mère ait réellement voulu la sauver en la ramenant en Angleterre, puis dépassée, l'avait abandonnée à un sort trop sombre. Peut-être qu'elle aurait simplement du lui dire qu'elle était heureuse, et qu'elle était désolée, au lieu d'abandonner et de sombrer, laissant sa mère plonger dans une folie furieuse. Elle avait animé dans le cœur de celle qui lui avait donné la vie une psychose sans nom, et n'avait pas essayé de la combattre, de la réveiller. Il était sûrement trop tard, mais la faire souffrir encore plus, la mettre en prison ou à la rue n'était pas une solution. A présent elle le savait, elle voulait juste récupérer son fils, l'éloigner de sa grand-mère, mais ne pas entraîner plus de déchirements. Couper les ponts et lui permettre de se reconstruire, de passer à autre chose, loin de celui qui devait probablement déjà l'appeler Maman.

« Je ne veux pas qu'elle aille en prison, ou qu'elle se voit attirer plus d'ennui que ce qu'elle peut avoir. D'une certaine manière je comprends son positionnement. Elle s'est retrouvée à tout apprendre d'une fille qu'elle ne connaissait plus, et j'ai fait un nombre impressionnant d'erreurs, je ne peux me permettre d'en faire une de plus. Je veux juste mon fils, et ne plus entendre parler d'elle. Le reste n'a pas d'importance. »

Le reste n'a pas d'importance, tant qu'elle pouvait serrer Lois dans ses bras, elle se considérerait heureuse, pouvoir oublier toute cette histoire, oublier sa mère et les souffrances pour se reconstruire de manière saine, faire le deuil d'une femme qu'elle ne reconnaissait plus, d'une mère morte il y a plusieurs années déjà. La femme qui lui donnait tendresse et affection n'existait plus, sa mère n'existait plus, elle devait accepter cela et passer à autre chose.

La rouquine comprenait que le chemin allait être difficile, elle se demandait même si c'était possible. Sa mère avait tout, plusieurs centaines de milliers d'euros dans un compte en banque, sûrement un appartement magnifique qu'importe là où elle s'était installée, peut-être même un travail retrouvé. Ethel la connaissait, elle pouvait donner l'impression de la parfaite femme au foyer. Grande et élégante, cuisinière sans pareil, journaliste a succès. Toujours tiré à quatre épingles elle la visualisait très bien, accueillir les services sociaux dans un tailleur impeccable, un chignon travaillé sur la tête, un gâteau cuisant dans le four et Lois propre comme un sou neuf en train de rire dans sa chambre. Le tableau parfait si on n'y regardait pas de trop près, si on ne se rendait pas compte qu'elle avait plongé son mari dans l'alcoolisme, et sa fille dans une dépression qui avait faillit tuer l'enfant pour lequel elle s'était battue si férocement.

« Je ne sais pas véritablement à quel point mon rêve est réalisable. J'aimerais juste ne plus l'appeler rêve mais réalité, pouvoir élever mon fils. Je n'ai pas la stabilité financière de ma mère et je me doute bien que dans un dossier je fais plutôt office de tâche. Mais vous êtes mon seul espoir, tous les autres m'ont claqué la porte, je n'ai pas d'argent, pas de situation, juste un espoir que j'espère accessible... »

Elle baissa la tête, inspirant longuement, ne sachant plus quoi faire de ses mains et de son corps, se trouvant à se dandiner sur sa chaise en retenant des larmes qui essayaient de s'extirper de ses yeux pour courir sur ses joues.

Invité

« Je ne veux pas qu'elle aille en prison, ou qu'elle se voit attirer plus d'ennui que ce qu'elle peut avoir. D'une certaine manière je comprends son positionnement. Elle s'est retrouvée à tout apprendre d'une fille qu'elle ne connaissait plus, et j'ai fait un nombre impressionnant d'erreurs, je ne peux me permettre d'en faire une de plus. Je veux juste mon fils, et ne plus entendre parler d'elle. Le reste n'a pas d'importance. »

C'était donc cela, une personne qui ne souhaitait plus avoir de problèmes. Les choses pouvaient changer dans le temps, mais Seth était d'accord avec cette direction. Le reste ne devait pas tellement poser de difficultés. Le dédain était certainement la meilleur arme dans cette situation. Tout allait devenir très violent inutile d'en rajouter. Il fut étonné de la voir parler de prison si rapidement néanmoins, certainement que l'on peut penser à cela en premier mais ce détail devait avoir aussi son importance.

« Je ne sais pas véritablement à quel point mon rêve est réalisable. J'aimerais juste ne plus l'appeler rêve mais réalité, pouvoir élever mon fils. Je n'ai pas la stabilité financière de ma mère et je me doute bien que dans un dossier je fais plutôt office de tâche. Mais vous êtes mon seul espoir, tous les autres m'ont claqué la porte, je n'ai pas d'argent, pas de situation, juste un espoir que j'espère accessible... »

Voilà qui était déjà plus normale, elle avait donc bien des inquiétudes et une certaine conscience de la situation. Était-ce vraiment un rêve ? Il était peut-être plus juste de parler de désir dans cette situation, tous les éléments de cette histoire était bien réels. Seth n'avait plus beaucoup de temps, il devait repartir pour l'Académie dans une heure. Et pourtant il fallait en passer par là. Mais il y avait plus urgent que sa situation en réalité, le pire dans ce genre de situation était l'intervention d'une tierce personne à même de régler des éléments aussi : le père. Ethel n'avait rien dit à son sujet, et Seth ne voulait pas se faire prendre au dépourvu par une arrivée surprenante qui viendrait tout gâcher.

« Votre situation est ce qu'elle est, nous composerons avec. Je vais vous donner des papiers à remplir pour me familiariser avec votre histoire. Nous devons évoquer le cas du père, sa situation et ses prétentions. Notamment si il est absent de cette histoire, le pire serait de le voir intervenir dans un sens défavorable à notre action ».

Seth voulait se montrer le plus simple possible, soit il était là et accepté les conditions de l'avocat, soi il renonçait à toute autre procédure. Le mieux était quand même qu'il puisse soutenir Ethel. Mais ce n'était pas du ressort de Seth de demander cela. Encore qu'il fallait bien évoquer les soutiens dont pouvait disposer la jeune femme. Elle n'avait d'ailleurs pas parlé de son propre père. Était-il lui aussi devenu fou comme la mère ? C'était en tout cas ce qu'elle semblait vouloir dire au sujet de la mère.

« Inutile de vous le préciser, mais quand même, le coup d'une recherche hasardeuse en amoureux est totalement exclu ; vous devez me laisser faire »

Peut-être que c'était un peu trop pathétique mais la nécessité imposée d'en passer par là. Il y avait des hypothèses qu'on ne cherche pas à avoir sur le coup et pourtant. Dans ce genre de cas le futur se trouve toujours remis à plus tard. Même si elle devait prendre une décision pour deux personnes voir trois, Seth n'était pas dupe des pensées et désirs qui allait lui traverser l'esprit à un moment ou un autre.

« Alors dîtes moi ce qu'il en est... »

Seth regarda Ethel tout en cherchant sur son ordinateur des feuilles d'informations, inutile de lui faire sa biographie maintenant il avait le temps de préparer ses choses tout seul. Au vu de silence qu'elle maintenait l'histoire ne devait pas être simple, évidement comment pouvait-il en être autrement ?

Seth devait s’affairer afin de sortir tous les documents lui-même, décidément sa secrétaire lui manquait terriblement. Et puis ce n'était certainement pas agréable pour quelqu'un qui doit raconter une histoire douloureuse de voir son interlocuteur se battre avec l'imprimante. Une fois la pile de papier prête, il remarqua qu'il n'avait aucune pochette pour lui donner tout ça. Il avait donc des dépenses triviales en prévision à présent. Il lui ajouta aussi une carte avec de quoi le joindre. Une fois la préparation terminée il la regarda à nouveau.

La question qu'elle redoutait fini par arriver. Étrangement elle avait plus appréhendé un questionnement sur Jake que sur sa mère. Quand il avait s'agit de sa génitrice, elle savait quoi répondre, bien que compliqué la situation était d'une certaine clarté. Avec Jake c'était tout l'inverse, bien évidemment elle savait ce qui se passait en ce moment, mais l'avenir était bien trop incertain. Avec ce qui s'était passé, cette rancœur que le jeune homme portait malgré son amour pour la jeune femme était palpable. Ils s'aimaient, comme on aime quand on est jeune, mais l'éloignement forcé avait conduit à une gêne. Après tout, la rouquine avait disparu pendant sept mois, période pendant laquelle elle avait laissé Jake dans un silence total, et il lui en voulait terriblement, il était possible que jamais il ne lui pardonne, et qu'elle ne se pardonne jamais vraiment non plus. Ils se revoyaient, et Ethel passait de plus en plus de temps chez lui, parfois plus que dans sa chambre d'université qui commençait à l'étouffer sérieusement. Il voulait à présent tout autant qu'elle récupérer Lois et acceptait le fait qu'elle puisse voir un avocat pour cela. Comme l'avait évoqué Seth, il avait en effet voulu au début se lancer dans une recherche à deux, sans aide extérieur, mais Ethel avait vite réalisé à quel point cela était vain.

Mais que dire de Jake, serait-il réellement près à assumer un enfant ? Il ne réalisait peut-être pas véritablement, et poser ses espoirs en lui pour le voir s'enfuir à la vue de la charge qu'imposait Lois était terrifiant. Se retrouver seule était ce qu'elle craignait le plus. Bien sur qu'elle voulait récupérer son enfant, mais l'idée de devoir élever un être vivant d'elle-même lui faisait peur, ne sachant pas si elle pourrait lui donner tout ce dont il pouvait avoir besoin. L'amour, elle avait sans aucun doute, mais l'expérience, l'attention, élever un enfant au mieux... En était-elle seulement capable ? Bien sur, toutes les mères ont déjà été des nouvelles mères. Mais à 20 ans, sortant d'une addiction qui l'avait détruite, d'un combat qui semblait sans fin et surtout vide d'expériences, la peur la tenaillait.

Elle laissa Seth farfouiller dans ses papiers, semblant légèrement perdu dans son rangement. Profitant de ces quelques secondes pour essayer de trouver quoi répondre. Quand finalement il se redressa, elle inspira longuement avant de se lancer, comme si les mots accrochaient sa gorge.

« Ma relation avec le père est quelque peu compliquée. Lorsque ma mère m'a ramenée en Angleterre, je l'ai laissé sans nouvelles pendant tout ce temps. Il est rentré dans une maison vide qui l'est restée sept mois. Il a mit un long temps à mon retour pour accepter de me revoir mais depuis trois semaines je recommence à le voir. Il veut rencontrer Lois, le reconnaître et se dit prêt à l'élever à deux. Cependant il m'en veut terriblement de l'avoir abandonné sans un mot, et je crois que cette rancœur sera toujours présente. »

Nerveuse, elle commença à gratter le dos de sa main droite, n'aimant pas l'idée de voir Jake partir encore une fois, de le sentir s'éloigner d'elle. Le savoir loin pendant 24h était déjà insupportable, alors tout une vie semblait insurmontable. De plus, elle ne voulait pas voir Lois grandir sans un père, même en mettant de côté ses doutes en ce qui concernait ses compétences maternelles. Ces derniers mois, voir son père s'éloigner, complètement absent mentalement alors qu'elle avait besoin de lui avait été d'une violence sans pareil pour la rouquine. Si elle avait pu juste une fois sentir le soutien, même démuni de son géniteur, il était probable qu'elle aurait bien mieux vécu tout cela, en sachant qu'il existait dans la maison quelqu'un qui reconnaissait son existence. Mais il était tout aussi présent qu'une poêle à frire, engoncé dans son fauteuil tourné vers la fenêtre à chaque heure de la journée, un verre de whisky dans la main, une cigarette voir un deuxième verre dans l'autre en fonction de l'heure de la journée. Il avait perdu presque une quinzaine de kilos, oubliant de se nourrir la plupart du temps et son visage s'était teint de cernes violacées. La simple vision de ce père qu'elle ne reconnaissait plus lui avait été insupportable, presque plus certains jours que de croiser cette étrange femme qu'elle ne pouvait plus appeler mère.

Lois avait besoin d'un père, et Ethel espérait de tout cœur que Jake pouvait remplir ce rôle, elle en avait envie, une envie incommensurable mais peut-être vaine, s'il ne parvenait pas à la pardonner, et continuait également à boire comme il le faisait ces derniers temps. L'esprit de l'homme qu'elle aimait était fermé, impénétrable et elle se heurtait à un mur dès qu'elle cherchait à y pénétrer. Son passé était noir, il n'avait jamais laissé la moindre parcelle filtrer vers Ethel. La peur était donc là, était-il si stable qu'elle voulait le croire ?

Invité

« Ma relation avec le père est quelque peu compliquée. Lorsque ma mère m'a ramenée en Angleterre, je l'ai laissé sans nouvelles pendant tout ce temps. Il est rentré dans une maison vide qui l'est restée sept mois. Il a mit un long temps à mon retour pour accepter de me revoir mais depuis trois semaines je recommence à le voir. Il veut rencontrer Lois, le reconnaître et se dit prêt à l'élever à deux. Cependant il m'en veut terriblement de l'avoir abandonné sans un mot, et je crois que cette rancœur sera toujours présente. »

La réponse tapait évidement à côté de ce qu'il attendait. Mais si c'était la seule chose qu'elle pouvait lui apprendre il s'en contenterait pour l'instant. Si il était là c'était déjà un bon début. Au moins Ethel n'était plus seule. Le rendez-vous devez prendre fin, la souffrance de la jeune femme était palpable, parler de tout ça était d'une infinie douleur pour elle.

« Très bien, nous allons nous en tenir à sa volonté de voir Lois revenir. Il est peut-être important qu'il me rencontre, ce n'est pas simple de mettre tous ces espoirs dans un inconnu. »

Il y avait aussi une pointe de curiosité, Seth voulait voir qui était donc ce père aussi présent que absent. Mais surtout il était bien normal que ce jeune homme puisse le rencontrer. Mais avant toutes choses des renseignements, Seth tendit donc la pile de papiers et de consignes à Ethel.

« Bon voilà de la lecture, vous me remplissez tout ça, vous parcourez les différents éléments et si il y a une question il ne faut pas hésiter. Téléphonez moi avant, je dois déménager dans quelques temps. »

Les déménageurs l'avaient contacté, dans deux jours ils arrivaient avec ses affaires. L'agence avait fini par lui trouver un appartement très accueillant, mais vide. Il serait plus à même dans les jours qui viennent pour recevoir le couple, ou seulement Ethel. Même si maintenant il songeait à prendre un bureau en ville.

« Vous avez à la fin une feuille avec des éléments à inclure dans les mails que vous devez envoyer à votre mère le plus rapidement possible. Mais envoyez les moi avant pour que je valide. »

Seth regarda autour de lui pour voir si il n'avait rien oublié. Non c'était certainement bon, de toute façon il allait la recontacter sous peu. Peut-être devait-il évoquer les différentes échéances, il se méfiait un peu des étudiants quand il s'agissait de rendre des documents.

« Il me faut ces papiers dûment complétés pour la semaine prochaine, et au moins un mail doit partir d'ici là. A priori nous allons communiquer par mail mais si besoin nous pouvons nous rencontrer sans problème. »

Cette fois il avait tout dit et donner le ton général. Il espérait que sa motivation était suffisante afin de se plier à ses règles. Cette fois c'était à lui de couper court à la conversation mais non sans mal dans son cas. Après tout il avait encore un peu de temps.

« Bien pas de problème pour l'argent je vous aide avec joie, si vous avez encore des choses à me dire je vous écoute sinon je dois me mettre au travail au plus vite... »

Il regarda son interlocutrice d'un air un peu embêté ne sachant pas si il s'était montré suffisamment à la hauteur des espoirs de la jeune femme. Ce n'était pas à lui de le dire, la suite confirmerait ou non le talent de Seth pour régler les problèmes.

L'entretien touchait à sa fin, et tout cela avait quelque peu rassuré Ethel. L'espoir renaissait, semblait s'autoriser à sortir de la cachette dans laquelle il s'était enfoui, par peur de disparaître totalement. Seth avait l'air confiant, mais pas trop, sur de ce qu'il disait, mais sans se lancer sans aucun filet. A partir de maintenant le travail d'Ethel allait être différent. Il était d'une évidence même qu'elle allait suivre à la lettre tout ce qu'il allait lui dire. La confiance était installée, et elle croyait à présent en lui, persuadée qu'il pouvait être la seule personne capable de lui ramener son fils. Intérieurement elle remercia Miya, pour lui avoir conseillé un avocat qui acceptait de travailler gratuitement, mais qui en plus semblait prêt à s'occuper pleinement de cette histoire si bordélique. La fatigue commençait à s'abattre sur les épaules de la jeune fille. Depuis le début de la journée, son ascenseur émotionnel avait été quelque peu malmené, à la limite d'une attraction où elle aurait été lâchée dans le vide, puis ramenée à toute vitesse, et cela des dizaines de fois sans aucune pause. Sa tête ne parvenait plus vraiment à réfléchir, maintenant que tout avait été dit, elle voulait juste poser son corps et se reposer, pour digérer tout ça.

Elle hocha la tête à tout ce que Seth pu lui dire, pas parce qu'elle n'écoutait que d'une oreille, au contraire elle ne perdait toujours pas une miette des paroles du jeune homme, mais elle ne voulait pas l'interrompre et craindre de le voir oublier quelque chose. Rien ne pouvait être oublié, il fallait être sur que tout était fait dans l'ordre. Pour la semaine prochaine, son engouement renaissait bien trop pour attendre une semaine, et il était très probable qu'elle ait fini de tout remplir avant le lendemain soir. Juste le temps d'aller s'étendre, et de dormir une quinzaine d'heures peut-être, après elle serait d'attaque pour commencer et recommencer, quoi qu'il faille faire. Tout cela allait à une vitesse affolante. A peine une heure qu'elle était entrée dans cette chambre d'hôtel, le cœur plein de peurs et d'incertitudes, et à présent et s'apprêtait à en ressortir avec un sourire.

Les problèmes n'étaient pas terminés, ça elle le réalisait. Bien qu'ayant à présent quelqu'un de qualifié pour l'aider, il était évident que Lois n’apparaîtrait pas dans ses bras le lendemain, et que la route allait être longue. Mais tout semble plus facile quand quelqu'un nous prends la main et nous guide, surtout lorsque cette personne connaît bien mieux le chemin. Les détours étaient toujours aussi sombre et l'issue inconnue, mais elle avait moins peur.

« Je crois que tout as été dit, sinon peut-être merci. Merci infiniment j'ai une dette envers vous. Je vous envoie un mail dès que j'ai remplit les papiers. Je n'ai pas de téléphone donc il va être difficile pour moi de vous appeler mais je resterais en contact par mail. »

Son ordinateur, qu'elle n'allumait qu'une fois par semaine tout au plus ces derniers temps, allait très sûrement rester ouvert pendant un petit moment. Trop tard pour reculer, à présent elle ne pouvait qu'avancer, et cette sensation était presque grisante. Elle prit la carte de Seth, ainsi que tous les papiers qu'il lui avait tendu. Les rangeant précieusement dans son sac, elle se leva. Il était évident que l'entretien était terminé, mais certainement pas l'histoire, tout restait à écrire, et elle était prête à sortir sa plus belle plume.

« Merci beaucoup Mr Darnell, je vous contacte au plus vite. »

Elle lui fit un sourire éclatant et sincère, le pas bien plus léger sur le retour. Jake n'étant pas là ce soir, elle décida de retourner dans sa chambre à l'Académie, de toute manière il était évident qu'une fois arrivée elle ne tiendrait pas une seconde éveillée. Et en effet, passée harassante montée vers le campus, la jeune fille ayant la tête bien trop pleine pour se rappeler qu'elle pouvait prendre le bus, elle s'écroula à peine arrivée chez elle. Son lit fut l'intense libération, et sa tête s'échoua sur l'oreiller avant même qu'elle n'ait pu se déshabiller. Entièrement vêtue, mais s'en fichant pas mal, elle s'en alla pour un sommeil réparateur, le plus paisible depuis des mois.

» Himura Kaede — boy without worry
» Try again [ Ethel ]
» I just gotta know [PV Ethel]
» Ethel Dawkins.
» Ethel Dawkins.