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Sujet: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Mer 12 Déc 2012 - 0:17
Le bruit du sèche-cheveu soufflant à tout va son air chaud afin de faire sécher les cheveux légèrement bouclés de Miya couvrit le bruit du vibreur de son portable.
Assise devant sa coiffeuse, brossant avec soin ses cheveux encore humides avec une brosse spéciale en céramique – dernier cri ! –, elle coinçait méticuleusement chaque mèche de cheveux composant sa masse de chevelure pour lui donner volume et courbe, la tête légèrement penchée sur le côté, sourcils froncés et langue pointant le bout de son nez hors de sa bouche ; marques de sa concentration extrême pour réussir la coupe parfaite avant de la monter en tresse africaine, ne permettant qu’à quelques rares mèches de s’échapper du carcan qu’elle leur créait pour encadrer le joli ovale de son visage.
Après une bonne vingtaine de minutes, plusieurs épingles et coups de laque, elle se détendit enfin et sourit de toutes ses dents, pleinement satisfaite. Andrew, comme à son habitude, lui apporta un second miroir pour marquer la tenue de sa tresse, un sourire en coin parfaitement plaqué sur ses lèvres pour faire pétiller ses yeux ; ces mêmes lèvres qui vinrent effleurer avec une infinie douceur sa joue gauche et lui arracher une exclamation faussement outrée, un peu de rouge venant orner ses pommettes.
« Andrew, et si tu allais plutôt t’occuper d’appeler quelqu’un pour venir tailler la roseraie, avant que la neige ne s’installe totalement ? Tu vas finir par me démaquiller… »
Un rire leur échappa, commun, complice, tendre. Andrew s’inclina face à elle, poing fermé contre son buste, en parfait majordome – qu’il était, après tout.
« Yes, Milady. »
Une jolie moue vint souligner l’amusement qui se lisait sur le visage de la Française.
« Ne te moque pas, vilain ! »
Il disparut dans l’embrasure de la porte, la laissant seule, amusée, et légèrement pensive. Terminant de se maquiller, elle eut un mouvement des lèvres pour fixer correctement son rouge à lèvres liquide couleur cerise, et se leva pour passer un pull en cachemire blanc cassé par-dessus sa robe-salopette en laine d’un brun appuyé, ainsi, y accrochant une petite broche dans les tons rose & or. S’assoyant sur son lit, elle tendit un bras vers son téléphone dont la pâle lumière de l’écran persistait à afficher la présence d’un nouveau message.
Intriguée, elle le ramena rapidement à elle d’un mouvement habile du poignet, et pressa son pouce sur la touche « Déverrouiller » pour voir apparaitre un numéro inconnu. Froncement de sourcils, n’empêchant pas pour autant la demoiselle de cliquer sur « Lire le message », sa curiosité finissant toujours par briser toutes les barrières de prudence qu’elle aurait pu s’imposer. Pour que ses yeux s’agrandissent sous la surprise et l’émotion, lui faisant lâcher instantanément son téléphone et le laisser tomber au sol pour s’écraser contre la moquette dans un bruit mou d’amorti lui épargnant la mort. Ses mains, déployées, s’étaient rejointes l’une sur l’autre, tremblante, pour masquer sa bouche entrouverte qui tentait tant bien que mal d’articuler des syllabes pour former un mot qui saurait exprimer son ressenti du moment, restant pourtant coincées au fond de sa gorge nouée. Sur l’écran, une simple phrase, en disant peut-être déjà trop.
« Pour figurer au futur et s'y lier, fait immixtion, dans le présent, le passé. Saut en arrière, c'est un bond de plusieurs années dans le temps que tu devras faire... »
Qui. Qui. Qui ? Qui pouvait lui envoyer ce genre de choses ? D’un coup, d’un seul, elle se leva, saisit son manteau, le serra à la taille, passa un foulard puis une écharpe autour de son coup, déposa délicatement un bonnet en fourrure sur sa tête, agrippa ses gants, son sac, y fourra son téléphone et sortit de sa chambre, offrant au passage un sourire totalement naturel à Andrew avant de claquer la porte et dévaler les escaliers du perron. C’était forcément quelqu’un qui la connaissait un minimum, pour lui proposer ainsi un début d’énigme. Elle avait toujours raffolé de ça, depuis petite, mais ne s’était pas ouverte sur le sujet à beaucoup de personnes. C’était écrit en Japonais. Bien. Qui connaissait-elle de près ou de loin qui sache parler Japonais, d’abord ? A moins… Qu’il ne s’agisse d’une stupide farce et qu’elle ne s’emballe totalement ? Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, marqué par la vapeur d’eau faisant apparaitre un petit nuage autour de son visage du fait de son expiration. L’hiver arrivait, lentement, mais sûrement, c’était vrai… Et d’abord, pourquoi se précipitait-elle ? Pour aller où ?
Où était le vrai du faux ?
Scriiiiitch.
Son ongle vint grincer contre la coque de son téléphone, en rayant superficiellement la surface, lui arrachant un petit cri de surprise face à la morsure du froid sur ses doigts. Ah. Il commençait à faire froid. Saisissant ses gants fourrés à la hâte dans son sac, elle les en extirpa pour les passer à ses mains fines afin de les envelopper d’une douce chaleur. Le daim brun lui allait particulièrement bien. Resserrant son écharpe autour de son cou au passage, elle en profita également pour replacer son bonnet correctement et s’assurer que ses oreilles ne subiraient pas l’assaut de l’hiver naissant. Sans un bruit, elle reprit son portable pour relire le message une seconde fois, sourcils froncés.
Et, soudain, un rire clair vint percer le silence de la rue où elle habitait. Il n’était que sept heures et demie du matin, après tout.
« Ma pauvre Miya, te voilà complètement à côté de la plaque… »
Son sourire revint orner ses lèvres qui menaçaient de gercer. Y appliquant une couche de pommade protectrice, elle commença à se diriger vers le campus, lentement mais sûrement. Après tout, elle avait cours. Elle verrait plus tard, pour ce mystérieux sms. Après tout, rien ne lui prouvait que la chose était sérieuse… Sur le chemin, elle retrouverait les lambeaux délétères de sa bonne humeur enfuie dans le vent qui soufflait durement. Il ne fallait pas se laisser atteindre aussi facilement. La personne qui la visait cherchait très certainement à la déstabiliser. Apposant, pensive, son téléphone contre ses lèvres, elle frémit en sentant un nouveau vrombissement, suivi d’une image apparaissant à l’écran pour signaler à nouveau un message, du même inconnu inquiétant.
« Mais comment a-t-il pu avoir mon numéro, ce guignol-là… »
C’est en soupirant qu’elle ouvrit le message pour en découvrir le contenu, en marchant, sous les premiers flocons de neige traçant sa silhouette dans un décor uni et plat…
Dernière édition par Miya Chanteclair le Jeu 20 Juin 2013 - 18:16, édité 1 fois
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Jeu 13 Déc 2012 - 22:49
« Come on, skinny love… »
Il s’était levé tôt. Ses cours ne commençaient qu’à 10 heures, mais il avait quelque chose d’important à faire, ce matin-là. Deux semaines. C’était le temps qu’il lui avait fallu pour finalement se décider. Le réveil avait sonné à 6h00 tapantes, lui laissant le temps de sortir de la douce brume des songes pour avoir les idées suffisamment claires lorsqu’il mettrait son plan à exécution. Il s’était levé en pestant contre la sonnerie stridente, puis avait attrapé son téléphone, le fixant quelques minutes avant de le reposer sur un côté du lit. Il avait tout prévu et tenait à respecter son timing.
Il se doucha pour achever de se réveiller, s’envoya une tasse de café tiédi et grignota un morceau de biscotte avant de s’installer à son bureau après avoir repêché son portable entre deux plis des draps. Se balançant sur sa chaise en se mordillant nerveusement les lèvres, il repassa une dernière fois l’intégralité de sa stratégie, pour être sûr de ne rien oublier. Il écrivit rapidement la phrase qu’il lui destinait et qui signerait le début du jeu, ses doigts frôlant à peine le clavier du téléphone dans son application. Il relu sommairement les quelques mots alignés et bloqua sa respiration en appuyant sur le bouton d’envoi. Il ne s’autorisa à inspirer, profondément, qu’une quinzaine de secondes plus tard lorsque l’appareil vibra entre ses mains, lui signalant que le message avait bien été reçu. Un nouveau départ. Une chance. Une folie ? Le besoin maladif de rendre son statut de réalité à un simple souvenir. Sans doute un peu de tout cela, et bien d’autres choses encore.
Quand il s’agissait de sentiments, Saden avait tendance à s’égarer, emporté par un flot d’émotions duquel il n’était plus coutumier. Oui. Miya le rendait fou, toujours, et la simple évocation du prénom de la seule personne aimée résonnant dans sa tête en alliant la douceur d’une mélodie enfantine aux souffrances d’une déchirure béante et jamais refermée suffisait à le rejeter dans les bras d’une tempête intérieure qu’elle seule pourrait apaiser.
« …And In the morning I'll be with you… »
Il avait trouvé son numéro par hasard, ce même hasard qui lui avait fait apprendre qu’elle étudiait dans cette même université. Ce même hasard qui avait failli le tuer lorsqu’il avait appris la nouvelle. Ce même hasard, encore, qui avait un beau jour précipité Miya dans sa vie… pour ne plus la laisser en sortir. Son cœur faisait écho à son esprit et les moments pendant lesquels il se rappelait d’elle, attirait à lui toutes ces images joyeuses d’un passé révolu, étaient sans doute autant de meilleurs moments qu’il gardait précieusement, les disposant avec soin dans les étagères de son mental pour que jamais l’oubli ne vienne apposer sa marque, pour que jamais le vide ne remplace le bonheur fugace qu’il ressentait à chaque fois qu’il effleurait du bout des pensées ce que contenaient ses précieux rangements. Tout le monde possède, dans un coin de sa mémoire, un espace réservé aux êtres chers qui le restent quoi qu’il puisse se passer. Son espace à lui était empli de Miya. Du soleil de sa chevelure et du pli rieur de ses lèvres lorsqu’elle faisait la moue. Du cristal de son rire et de la finesse de son visage. Il parvenait même, de temps en temps, à se remémorer l’odeur sucrée qu’elle dégageait à l’époque et qui l’emplissait de la joie de celui qui sait que ses prochaines heures seront belles. Plus rarement encore, il revoyait cet éclat magique qui faisait étinceler les prunelles émeraude de son amour.
Pour Saden, l’amour n’était pas rouge, commun, périssable. L’amour était Miya, et ses couleurs, Miya et sa tendresse, Miya et le bonheur qu’elle lui apportait. C’était cela, l’amour. Et ça le resterait. Il en était persuadé, il s’en était persuadé alors qu’il écoutait cette conversation sans rapport, un matin froid comme les autres qui s’était tout à coup nimbé de chaleur et illuminé sous un masque d’espoir. Elle était là. Elle était proche. Il pouvait… Il pourrait… Il le ferait. Il l’avait fait.
« …My, my, my, my, my, my, my, my, my my… »
Saden se servit un nouveau café pour se donner du courage et se posta devant la fenêtre, observant d’un air pensif la blancheur neigeuse qui occupait le ciel. Un temps parfait pour une balade, la froideur du dehors rendant la petite flamme qui lui réchauffait le cœur encore plus présente. Il absorba le contenu de sa tasse à petites gorgées et frissonna lorsque quelques gouttes glissèrent de ses mèches encore humides au creux de ses épaules. Il avait le temps, mais l’extérieur l’attirait, irrésistiblement. Il pivota, tournant le dos au panorama du futur enneigé et examina le tas de fringues qui trônait au pied de son lit. Il récupéra une chemise ample qu’il enfila avant d’attraper un jean plutôt classe malgré la déchirure artificielle qui entaillait l’un des genoux. Peu voyant. Ni trop trash, ni trop branché. Sombre et discret. Parfait. Il sauta dedans. Une foi habillé, il attrapa sa veste – sombre également -et la passa puis agrémenta l’ensemble d’une touche de couleur verte. Une écharpe, qu’il noua soigneusement avant de prendre son sac de cours et de se diriger vers la porte.
« … Puisqu'il nous faut attendre que le ciel se découvre… »
Il dévala les escaliers et se retrouva dehors, inspirant à plein poumons la fraicheur hivernale. Les premiers flocons parsemaient le ciel de minuscules étoiles gelées et Saden esquissa un sourire joyeux avant de se mettre en route. Le quartier dans lequel il s’était installé, sans être spécialement riche ou classe – c’était plutôt le contraire – ne manquait pourtant pas d’attrait à ses yeux et il aimait en parcourir les rues à pied, s’immergeant dans le décor qui le changeait tant de ce qu’il avait connu aux States. Le froid lui mordit les joues et il glissa ses mains dans ses poches pour les préserver, sentant un premier frisson l’attraper sous sa veste. Il aurait pu mieux se couvrir, certainement, et il se maudit silencieusement lorsqu’une brusque bourrasque lui fit monter les larmes aux yeux. Il resserra un poil son écharpe, remonta son sac sur son épaule et traça rapidement jusqu’à atteindre l’enceinte de l’université. Lorsqu’il franchit les portes, il pris directement le chemin de la cafet’, ne comptant décidément pas meubler ses heures de vide sans être au chaud avec un café neuf dans la main. Il en profiterait également pour choisir le contenu du troisième message qu’il allait lui envoyer. Il avait expédié le second sur la route, vers 07h30, laissant le vent ravir le sourire qu’il avait alors esquissé. Si seulement le vent pouvait ravir chaque réminiscence du passé…
Il poussa les portes de la cafétéria en émettant un soupir soulagé. Ouf, enfin à l’intérieur. Les flocons qui lui avaient tenu compagnie sur la route, s’ils ne manquaient pas d’esthétisme, nuisaient tout de même à son idéal de confort. Il repêcha son téléphone au fond de sa poche et jeta un coup d’œil à l’heure, prenant note que le second message avait également été reçu. 08h15. Saden fronça les sourcils, puis parti s’installer à une table quelque peu isolée. S’il n’avait pas de mal à se faire des amis et qu’il ne manquait pas de contacts et de connaissances bien que n’étant arrivé que cette année, son besoin d’être seul se lisait parfaitement sur son visage fin strié de mèches inégales. Le message était clair quand il avait cet air-là : ne me dérangez pas, je n’ai pas de temps à vous accorder. Il se laissa tomber sur la banquette avec un soupir d’aise et commença à pianoter allègrement sur le clavier du portable, composant ce qui serait le troisième sms.
« … Puisque notre étoile brûle juste devant nous… »
Il appuya sur la touche d’envoi sans hésiter cette foi, une légère pointe d’impatience venant se glisser dans l’engrenage bien huilé de ses actes. Oui, depuis qu’il la savait accessible, chacun de leurs moments passés ensemble, dont il avait soigneusement conservé la saveur, se rappelait à lui sans prévenir. Doux-amer. La douceur pour elle, l’amertume pour lui-même et ses craintes quant au fait que ce qu’il espérait pouvait bien ne jamais se produire.
Humph. Inutile de se mettre martel en tête alors qu’il approchait du but qu’il s’était fixé, à savoir, reprendre contact avec Miya. Il avait évidemment pensé à la reconquérir, son amour à lui n’ayant rien perdu de son intensité, mais il avait trop appris durant ces dernières années sur la manière dont les chemins se séparent pour prétendre à quelque chose qui ne lui appartenait sans doute plus depuis bien longtemps. La revoir. La sentir. Pouvoir échanger de nouveau avec elle et admirer l’éclat de ses prunelles autrement que sur une photo ternie. Il n’en demandait pas plus… n’en demanderait pas plus, pendant un premier temps. Il était incroyable de se dire qu’ils ne s’étaient pas encore croisés, mais le campus était vaste et Saden, bien qu’il traîne un peu partout, ne fréquentait aucun des clubs dans lesquels il aurait pu approcher Miya. Qu’importait. Les retrouvailles n’en seraient que plus agréables, de plus, l’effet de surprise lui permettait d’orchestrer les choses à sa convenance et d’une manière qui plairait forcément à la jeune femme.
« …Puisqu'il nous faut partir alors que tout est vert… »
Le dernier message envoyé contenait toutes les indications nécessaires – à condition qu’elle puisse les décrypter mais de ça il ne doutait pas – pour guider Miya jusqu’à l’indice qu’il avait placé sur le panneau d’affichage en arrivant. Un simple feuillet arraché à l’un de ses cahiers, sur lequel étaient inscrits ces quelques mots : le prince a certes perdu son royaume mais son cœur ne bat toujours que pour sa princesse. Retrouve-moi ce soir si le temps n’a pas altéré ta mémoire et que tu veux des réponses, je te promets que la surprise sera belle.
Bien évidemment, Saden se doutait que pareil message laissé à la vue de tous ne risquait pas de rester en place bien longtemps, aussi n’avait-il pas tardé à envoyer le message en indiquant la position. Et maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre. Attendre que cette journée interminable se termine, en résistant à la tentation d’aller faire un tour, pour l’apercevoir avant l’heure et se perdre dans le spectacle d’un renouveau qu’il pensait impossible. Attendre que la belle trouve son mot, peut-être qu’elle y réponde. Attendre qu’enfin, la destinée qui les avait séparés si longtemps les réunissent enfin. Attendre…
Assurément, la surprise serait belle.
« … Prendre la route, sans toi, retrouver l’hiver… »
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Ven 14 Déc 2012 - 15:14
Je rêve son visage, je décline son corps Et puis je l'imagine habitant mon décor.
« On a beau tout rêver, tu dépasses le rêve. Disait Victor Hugo... »
Immobile au sein de ces flocons tombant sereinement autour d'elle pour la recouvrir d'un drap blanc, Miya laissa couler son regard sur la surface lisse et terne de son téléphone portable et lire le message qui venait de s'afficher sur son écran, laissant un froid insidieux s'insinuer subitement en elle et lui geler le cœur. Le Froid, une fois personnifié, était bel homme; avec une silhouette fine et élancée, une longue chevelure tirée en arrière et hérissée de piques, et un sourire doux et froid à envelopper et glacer son interlocuteur jusqu'à l'âme. Ce Froid, il venait de s'immiscer en elle, lentement, il prenait possession de son corps et y imprimait sa marque. Il venait de saisir son cœur avec délicatesse, du bout de ses doigts, pour y laisser sa froideur y pénétrer profondément, et puis s'en était retourné aussi rapidement qu'il était venu, s'était extirpé d'elle, avait effleuré ses lèvres pour les glacer à leur tour, avant de lui offrir ce sourire terrifiant qu'il destinait à chacune de ses victimes; la laissant seule, inerte et vide, sur un trottoir où l'enneigement naissait, le regard rivé sur ce message qui lui était destiné, une larme naissante au coin de son œil gauche, gonflant & menaçant de déborder pour s'écraser contre sa pommette et dévaler sa joue dans une course vertigineuse, avant d'aller mourir dans son cou et disparaitre dans un des replis de son écharpe. Ses prunelles brillant d'un éclat de terreur. Le Froid était certainement fiancé avec la Mort, pour être aussi beau et si retors...
La larme finit par se détacher des cils inférieurs qui la retenaient à grand peine, et poursuivit son chemin en ne laissant qu’une légère trace humide sur la peau pâle de son visage, telle une étoile filante dont on n’aperçoit que l’infime tracé l’espace d’une seconde. Relâchant son bras, elle glissa mécaniquement son téléphone dans la poche de son manteau en tweed et reprit sa marche, ses lèvres tremblant toujours légèrement. S’enfonçant un peu plus sous ses couches épaisses de vêtements afin de se réchauffer le corps et l’âme ; peine perdue. Son index, tendu à l’horizontale, s’éleva gracieusement dans l’air, comme s’il flottait naturellement, pour venir écraser la petite sœur de sa première larme, afin d’avorter ce semblant de vie et la renvoyer au néant. Faire abstraction n’était jamais évident, au final. Tenter de se détacher de ce qu’on pouvait recevoir, entendre, voir. Un soupir s’enfuit d’entre ses lèvres, lourd de sens et pourtant si léger, et s’en alla se mêler à l’air environnant, disparaissant au milieu des flocons dansant gaiement autour d’elle, la taquinant en venant se poser sur ses joues, le bout de son nez rougi par le froid, ou encore à ses cils, y restant accrochés jusqu’à ce que sa chaleur corporelle les fasse s’évaporer. Comme s’ils cherchaient à égayer le flot de pensées troublées qui coulait en son intérieur, faisant bouillonner son corps en son entier.
Je voudrais oublier le temps, Pour un soupir pour un instant Une parenthèse après la course Et partir où mon cœur me pousse
Un timide sourire osa s’afficher sur son visage. Si quelqu’un passait dans la rue à cet instant, il la prendrait certainement pour une folle, vu le nombre d’expressions à la minute que son visage affichait. Tristesse, scepticisme, douleur, mélancolie, légère joie, espoir, dénégation, indifférence, désespoir. Existait-il beaucoup de monde au Japon qui soit capable de citer du Victor Hugo ? Elle en doutait. Sérieusement. Inspirant profondément, elle se détendit pour replacer sur son visage son masque d’impassibilité auquel elle accrocherait joie, bonne humeur, sourire, taquinerie, en temps voulu et sur commande. Elle avait beau être naïve et fragile, elle était aussi forte, rusée et stratège, lorsqu’elle le souhaitait véritablement. Bien. La première chose, pour ne pas se laisser totalement mener par le bout du nez, était d’accord un minimum de crédit à la personne cachée derrière ces messages mystérieux. Lui donner un peu d’importance, de valeur. Simplement pour entrer totalement dans le jeu et lui faire croire qu’il menait totalement la danse, pendant qu’elle tisserait patiemment sa toile autour de lui (ou d’elle) jusqu’à le/la piéger. Peu importe le temps que la chose prendrait. Elle allait s’amuser, tiens. Renvoyer la balle. Et, peut-être même, inverser la donne.
Saisissant son portable de sa poche, elle en déverrouilla l’accès d’un coup de pouce pour faire réapparaitre le second message qui lui avait été envoyé. L’expéditeur était résident au Japon. Ou avait un téléphone japonais, peu importait. L’essentiel était de voir les onze chiffres du numéro apparaitre à l’écran, bien qu’une partie soit dissimulée et remplacée par des étoiles. L’ombre d’un sourire naquit de plus belle sur ses lèvres, amenant presque un léger rire avec lui, avant de retourner d’où il venait. Astucieux. Miya avait donc, par un habile moyen de la part de son mystérieux expéditeur, la possibilité de lui répondre, voire, peut-être, de l’appeler, mais ne pouvait pas voir le numéro en son entier, et donc, ne pouvait l’identifier par un simple coup de fil à son opérateur. Victor Hugo. Voilà qui resserrait le carcan au sein duquel on souhaitait l’enfermer. Son expéditeur allait-il s’obstiner ? Tout ce qu’il lui enverrait, elle le décortiquerait jusqu’à trouver l’essence même du message qu’il lui faisait passer. C’était certainement l’une de ses spécialités.
Clic. Tic tic tic tic tic tic tic tic.
Rapidement, elle pianota sur le clavier de son Samsung ce qui composerait sa première réponse, relevant la commissure de ses lèvres avec légèreté et brisant progressivement la glace qui semblait avoir emprisonné son cœur pour la remplacer par une douce chaleur. A croire qu’une succession de personnifications était prévue en son sein. Elle se sentait presque comme un lieu huppé où une queue longue de plusieurs mètres de personnifications attendaient pour y entrer, visiter, faire le tour du propriétaire, y laisser leur patte propre avant de repartir, satisfaites. Pour peu, elle se verrait comme un réceptacle à émotions avec un panneau lumineux et clignotant invitant chaleureusement les intéressées à entrer tout en garantissant la qualité certifiée du produit.
«Très bel auteur. Je l’ai beaucoup lu, dans ma jeunesse. Notamment au coin du feu. As-tu déjà lu Les Misérables ? »
Envoyé. Satisfaite, elle reprit sa route pour la troisième fois, bien décidée à arriver en cours à l’heure et à le suivre avec autant d’attention que s’il s’agissait d’une exposition photographie de Sarah Moon juste avant la fin du monde. Certainement l’une de ses photographes préférés, sans conteste. Le coin droit de ses lèvres se releva, la faisant rire intérieurement à sa propre pensée. Il faudrait qu’elle se renseigne pour aller la voir, un jour. Ses clichés dataient déjà quelque peu, mais étaient tellement beaux qu’elle ne doutait pas de pouvoir trouver une exposition à sa mémoire. Elle était française de base, aussi aurait-elle peut-être plus de chance de trouver l’objet de son désir en France. Rentrer au bercail quelques temps ne lui ferait pas trop de mal en plus. Quoique. Depuis l’annonce de ses fiançailles avec Ethan, elle craignait quelque peu de rencontrer le regard de ses parents. Autant celui de sa mère que celui de son père. Ils étaient aussi manipulateurs l’un que l’autre. C’était d’ailleurs de leur faute si elle le devenait aussi. A croire que certains traits de personnalité tels que l’arrogance, la modestie, la manipulation, le mensonge ou encore la coquetterie étaient profondément ancrés dans les gênes. Et vive les codes génétiques ! Faisant un arrêt dans l’une des nombreuses rues composant la ville basse de Keimoo pour y observer les différentes boutiques commençant tout juste à s’ouvrir, elle s’accorda un plaisir en commandant un croissant pur beurre dans la seule boulangerie presque française présente. Les Japonais ne s’étaient toujours pas faits au pain et aux viennoiseries, c’en était désolant. Heureusement que tous les étrangers présents en ville venaient se fournir dans cette boulangerie ; sans quoi elle aurait irrémédiablement coulé… Bah, ils finiraient par aimer un jour. Peut-être.
Le vrombissement de son téléphone suivi d’une courte sonnerie attira une nouvelle fois son attention. Pointe de croissant en bouche, elle attrapa son portable pour y lire le numéro presque masqué figurant également sur les deux messages précédents qu’elle avait reçu. Réponse ou nouveau jeu vide de sens ?
« Au sein d’un lieu empli de jeunes vies, un point à la vue de tous pour qui s’y arrête. La suite t’y attend… »
Haussant un sourcil, elle croqua son croissant et le rattrapa de justesse de la main gauche, son téléphone dans la droite. Devait-elle rire ou pleurer devant l’indication ? Trop facile. Un panneau d’affichage. Et vu qu’il s’agissait d’elle… Le campus ? Bon. Rien de bien compliqué, en soi. Le problème venait surtout du fait qu’il sache qu’elle aille à l’université, maintenant, de suite. Là, ça prenait une toute autre tournure. Parce qu’un mot à son intention affiché aux yeux de tous, ça allait vite disparaitre. Nouveau soupir. Il/Elle espérait vraiment qu’elle allait se précipiter sur le campus, talons aux pieds, emmitouflée comme elle l’était, pour un pauvre bout de papier qui risquait plus de la faire tourner en bourrique qu’autre chose ? Hors de question. … Pourtant… Raaaaaaaaaaah ! Bon, elle y allait.
C’est donc avec un certain empressement qu’elle se dirigea jusque sur le campus, pour s’arrêter face au panneau d’affichage. Levant le regard vers lui, elle eut un léger sourire en voyant le morceau de papier presque volant devant lequel de nombreuses personnes s’étaient arrêtées. Bonjour la discrétion. Elle, par contre, elle éviterait de se faire remarquer. Elle se contenta de lire ce qui lui était destiné. Si elle l’avait pu, elle aurait saisi le message et l’aurait pressé contre son cœur pour en calmer les battements désordonnés. Un homme. C'était donc un homme.
« Le prince a certes perdu son royaume, mais son cœur ne bat toujours que pour sa princesse. Retrouve-moi ce soir ; si le temps n’a pas altéré ta mémoire et que tu veux des réponses, je te promets que la surprise sera belle. »
S’éloignant, elle sortit une dernière fois son téléphone de sa poche pour lui renvoyer un message, simple et concis : Où ?
A simple thing Where have you gone I'm gettin' old and I need something to rely on So tell me when You're gonna let me in I'm getting tired and I need somwhere to begin...
La question était de savoir désormais si son esprit lui jouait des tours, ou si quelqu’un avait mis la main tellement loin sur son passé qu’il tenterait de la briser sous le coup de l’émotion. Un prince & une princesse. Il n’y avait qu’une seule personne avec qui elle ait joué à ce jeu, dans le passé. Et il se prétendait de retour. Etait-ce seulement possible ? Elle ne le saurait pas avant ce soir. Elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Et si la nouvelle s’avérait vraie… Elle… Elle ferait quoi… ? Détournant le pas, elle repartit en direction des rues de Keimoo. Sa motivation pour suivre les cours venait de s’envoler en fumée dans l’air environnant. Il lui fallait s’occuper. Vite. N’importe comment. Ou elle ne tiendrait pas jusqu’au soir, et son cœur lui ferait faux bond avant l’heure fatidique.
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Dim 16 Déc 2012 - 16:47
« …All my thoughts are with you forever Until the day we'll be back together I will be waiting for you? »
L’attente. Un joli mot. Plein de promesses et de mensonges. Et cet espoir qui ronge plus qu’il n’aide à force de retenue n’est pas non plus une bonne chose. Saden termina son café sans hâte, tâchant de se focaliser sur la journée de cours qui l’attendait et non sur le rendez-vous à venir. Difficile, sachant que seule la blonde occupait ses pensées de manière efficace. Il la repoussa pourtant, au prix d’un gros effort de volonté. Il avait attendu durant plusieurs années sans même savoir s’il la reverrait un jour. Maintenant que ce point-là était réglé, il pouvait bien patienter quelques heures de plus… les dernières avant que tout ne change de nouveau.
« …Hold your silence It's so violent Since your gone… »
08h45. Le bip de son téléphone le tira de ses efforts de concentration. Il jeta un coup d’œil intrigué à l’appareil et son cœur loupa un battement lorsqu’il lut la simple question. Le contact, aussi fugace et léger soit-il, était rétabli. Elle dansait au bout du fil ténu de leur correspondance. Il ferma les yeux et inspira profondément avant de se mettre à écrire. S’il n’avait pas répondu au premier sms par peur de se découvrir trop tôt, la réponse pour celui-ci était déjà préparée.
Il jeta un coup d’œil rapide à sa tasse, puis envoya le message indiquant le point de rendez-vous fixé. Si tout se passait comme prévu, il la retrouverait à la fin des cours dans l’une des rues montant jusqu’au centre-ville. Pas trop près de l’université. Pas trop près du centre-ville lui-même. Il mourrait d’envie de la voir, de lui parler, mais à l’écart des regards indiscrets. Il n’était pas question que la magie qu’il percevait d’avance dans le moment à venir leur soit volée, retirée, entachée par la présence d’indésirables. La popularité, si lui s’en accommodait plutôt bien, n’était pas toujours un avantage, loin de là, et approcher Miya, qui était encore bien plus connue que lui nécessitait une bonne dose de finesse.
« … Never thought things would change Hold me tight… »
09h00. Il avait encore une heure devant lui. Liberté, liberté. Si le temps paraissait généralement lui filer entre les doigts sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit pour le retenir, l’excitation latente à laquelle il était en proie aujourd’hui plus que tout autre jour étirait sournoisement les minutes en lui rendant l’attente insupportable. On y revenait finalement, à cette attente, toujours semblable. Enveloppante, pressante, presque angoissante s’il s’y abandonnait vraiment. Interminable.
Hésitant entre se commander un second café ou commencer à relire ses cours, il opta finalement pour la seconde solution et s’occupa ainsi jusqu’à ce que les vibrations de son téléphone lui fassent relever le nez. Il jeta un coup d’œil ennuyé à sa fiche, puis la glissa dans son sac avant de se relever. Il était temps d’y aller, cette fois. Il attrapa son sac et le jeta sur son épaule, quittant la cafétéria d’une démarche assurée et toujours sans porter le moindre regard vers les autres élèves arrivés entre temps.
La journée fut aussi longue qu’elle le laissait présager. Il put à peine se concentrer sur ce que racontaient les profs, laissant bien plus souvent son regard errer sur la fenêtre que sur les instructions qui leur étaient données. Inutile d’essayer, il ne risquait pas d’apprendre ni de retenir quoi que ce soit aujourd’hui. La vie semblait si futile parfois, il suffisait d’un seul évènement d’importance pour bousculer irrémédiablement l’ensemble de petites habitudes prises à force de routine. Pour jeter le côté rassurant d’une journée tranquille et banale au profit d’un gout du risque et d’une assurance de changement profond.
Peut-il se faisait-il des idées. Peut-être qu’au bout de tout ce temps, le prince et la princesse n’auraient plus rien à se dire, plus rien à découvrir l’un de l’autre, plus rien à partager. L’idée même le glaçait et lui donnait envie de disparaître, de s’enterrer, profondément et le plus loin possible. Ce qu’il était, ce qu’il avait construit, ce qu’il avait appris sur lui-même durant ces dernières années, tout n’était que miroir fragile face au reflet obsédant de Miya.
Il n’était pas romantique. Ne s’attachait à personne et ne laissait personne s’attacher à lui. En apparence du moins. Lui, et les autres, deux entités bien distinctes que rien ne pouvait rapprocher. Des connaissances en surface et des amitiés de façade côtoyaient des amours de substitution. Il ne pouvait aimer personne d’autre. Il ne voulait aimer personne d’autre. Prétentieux est celui qui pense posséder le moindre contrôle sur ses sentiments, ses émotions, les choix du cœur, mais Saden s’était suffisamment barricadé en lui-même pour que jamais personne ne puisse s’approprier cette place emplie de seuls souvenirs mais toujours réservée.
Il ne contint pas son soupir soulagé lorsqu’il vit enfin se profiler l’heure de la libération et l’approche du rendez-vous. Après l’excitation, un calme serein l’avait peu à peu enveloppé, mais maintenant, la fébrilité avait pris le dessus. Ses mains tremblèrent presque lorsqu’il attrapa ses feuillets et les jeta au fond de son sac sans même prendre la peine de mettre un quelconque ordre. Sac de nouveau envoyé sur l’épaule, il se précipita vers la sortie, dévalant les escaliers au risque de chuter et de se rompre le cou. Il manqua d’ailleurs perdre un équilibre qu’il rétablit en balançant son sac de l’autre côté puis arriva enfin au bout de la série de marches en haletant. Bon, calme, calme. Il y était presque. Il reprit péniblement son souffle après la cavalcade et se dirigea avec plus de retenue vers l’extérieur, se retenant à grande peine d’abandonner son sac sans plus de cérémonie et de se mettre à courir. Maeda traversant la moitié du campus avec l’air d’avoir le Diable aux trousses, voilà qui risquait d’attirer l’attention, chose qu’il voulait à tout prix éviter. Il se mordilla les lèvres en marchant, prenant son mal en patience jusqu’à franchir les portes.
Enfin dehors. Il se sentait à la foi léger – ne dit-on pas que l’amour donne des ailes ? et incroyablement angoissé. Tout risquait de se jouer, il ne savait pas de combien de temps il disposerait, et si en ce qui concernait les messages il avait tout prévu, il ne s’était absolument pas penché sur la rencontre en elle-même. Pas par oubli, évidemment, mais simplement parce qu’il était bien incapable de prévoir la moindre de ses réactions une fois qu’il se trouverait effectivement face à elle.
Il bâillonna son cerveau et baissa son regard sur la route, se plongeant dans la contemplation ô combien magnifique de ses pas. Magnifique parce que chacun d’eux le rapprochait de Miya.
« … If I tell you, Will you listen ? Will you stay ? Will you be here forever ? Never go away… ? »
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Jeu 20 Déc 2012 - 21:41
I miss you, miss you so bad I don't forget you, oh it's so sad I hope you can hear me
Assise dans un café, coude appuyé sur la table et menton enfoncé dans la paume partiellement repliée de sa main, Miya touillait distraitement la cuiller trempée dans sa tasse de chocolat chaud, créant un tourbillon en son centre pour entrainer les pauvres bulles composant la mousse le surplombant et les engloutir, réduisant à néant le semblant de vie qu'une quelconque personne aurait pu y voir. Le regard rêveur, elle attendait que le temps passe, de nombreux soupirs s'échappant de ses lèvres et lui faisant arborer cet air boudeur qui ramenait à elle des souvenirs par centaines, en petits flashs, comme lors d'une soirée diapositive où chaque image était chassée d'un « clac » sec afin d'en faire apparaitre une nouvelle, les négatifs semblant se bousculer, frénétiques, pour voir leur tour arriver. Son téléphone n'avait sonné qu'une seule fois, depuis qu'elle avait envoyé un message à son inconnu, pour lui donner l'heure et le lieu du rendez-vous. Son cœur s'était serré dans sa poitrine, signalant un état latent qu'elle craignait, signalant que trop bien qu'elle se mettait à y croire plus que prévu. Et depuis, elle avait attendu, sans grande conviction, que les aiguilles bougent un peu plus rapidement que d'habitude pour que l'heure arrive sagement. 18h30. Il fallait qu'elle sois patiente jusqu'à 18h30. Et il n'était que 17h... Un nouveau soupir franchit ses lèvres, comme un morceau d'âme se détachant d'elle pour s'envoler et ne jamais revenir, jusqu'à la laisser totalement vide.
I remember it clearly The day you slipped away Was the day I found It won't be the same
Elle s'était débrouillée pour faire passer le temps, jusque là. Bien qu'elle soit déjà passée plusieurs fois dans ce café et soit certainement passée pour une dépressive mélancolique attendant désespérément un rendez-vous raté qui n'arriverait jamais. Après s'être arrêtée au panneau d'affichage et avoir fait demi-tour, elle avait erré sur le campus quelques minutes, pour repartir en direction de la basse-ville, et se promener un moment, le temps que les boutiques ouvrent totalement. Elle s'était arrêtée dans l'une d'elle, après avoir jeté un œil distrait à l'enseigne. Magasin de chaussures. Ça l'occuperait un moment, tiens. Du bout de son index dressé, elle avait effleuré toutes les paires exposées, son regard allant d'une à l'autre sans forcément s'arrêter. Le prix avait beau ne pas lui poser problème, elle n'allait pas pour autant acheter quelque chose pour le simple prétexte que plusieurs zéros s'affichaient derrière le premier chiffre. Une vendeuse, bonne poire la prenant pour un pigeon, lui avait souri, de ce sourire faux et hypocrite présent sur ses lèvres pour l'inciter à acheter. Elle s'était donc mise dans la peau d'une pouffiasse pleine aux as et s'était assise, tout aussi souriante, dans un des fauteuils présents au sein du magasin, et avoir royalement croisé les jambes. Au moins, là, elle était certaine de perdre deux heures à torturer une pauvre vendeuse dont le seul tort était de l'avoir sous-estimée. De nombreuses boites s'étaient entassées autour d'elle, et plusieurs chaussures s'étaient glissées à son pied, pour faire apparaitre presque à chaque fois une moue désapprobatrice sur son visage. Ce qui, en plus, était vrai. Aucune des paires qu'elle avait enfilée ne lui avait plus. Trop trash, trop flashy. Talon trop haut, trop fin. Trop pouffe. Pas assez fines. Coloris déplaisant. Et plus elle avait senti le désarroi et l'exaspération de la vendeuse, plus elle avait continué en enfonçant le clou, en jouant le rôle de l'innocente désolée à merveille. Finalement, elle avait fini par trouver la perle rare; ses yeux émerveillés en avaient témoignés. Ce qui lui avait valu un soupir de soulagement et un sourire béat de la part de sa conseillère de vente qu'elle avait fusillé du regard, pour la voir baisser le regard en rougissant de gêne. Mais vu qu'elle y avait gagné - la patronne lui avait fait un rabais en guise d'excuse car elle tenait à la réputation huppée du magasin - elle n'avait pas cherché plus loin, et était repartie, près de trois heures plus tard, au final, avec un miracle de couture, respirant le bonheur ancré à chaque parcelle de son corps.
I didn't get around to kiss you Goodbye on the hand I wish that i could see you again I know that i can't
Se sentant plus légère, elle avait décidé de retourner sur le campus et avait suivi un cours ou deux sur les cinq qu'elle avait dans la journée, s'y abandonnant comme si sa vie en dépendait. Sa plume avait couru sur le papier, encore et encore, l'air concentré, ses boucles blondes s'écroulant inlassablement de ses épaules pour se suspendre dans l'air environnant. Ses yeux émeraude passaient de gauche à droite, descendant progressivement à mesure que l'encre recouvrait les feuilles qui s'accumulaient. Elle semblait absorbée, passionnée, guettant souvent le professeur comme si ses paroles étaient source de vie. Et finalement, l'angoisse avait progressivement repris le dessus jusqu'à posséder la moindre de ses veines. Alors elle était repartie, sans se soucier du fait de rater un amphithéâtre. Quelqu'un lui prendrait le cours, elle n'avait pas à s'inquiéter. Un sourire flottant sur ses lèvres, elle avait décidé de refaire les boutiques, s'était acheté deux vestes, une robe, un chapeau, un jean pattes d'éph' & un foulard de soie. Autant dire que la chasse avait été bonne. Et elle avait échoué, par trois fois, au café. A ce même café où elle se trouvait actuellement, en train de touiller son chocolat, tellement fort qu'il finirait par en déborder sur les côtés et laisser sa tasse vide, avec un liquide brunâtre sur la table en verre à laquelle elle était attablée. Dans un sursaut de conscience, elle finit par laisser tomber sa cuiller sur la sous-tasse et saisir la hanse de la tasse en repliant rapidement son index et son majeur avant de la porter à ses lèvres pour boire le précieux liquide afin de lui réchauffer l'intérieur, sentant la chaleur de diffuser lentement dans tout son corps. Reposant la tasse, elle tendit rapidement son bras pour le ramener contre elle à la même vitesse, dans le but de relever sa manche et faire apparaitre sa manche. 18h. Elle avait trouvé le moyen de se remémorer l'intégralité de sa journée et de touiller son cacao pendant une heure. Incroyable... La chose la fit sourire, et elle se leva pour aller payer, laissant quelques regards se poser sur sa silhouette gracieuse alors qu'elle renfilait son manteau, son écharpe, son chapeau et ses gants pour retourner affronter le froid environnant.
Il était temps d'y aller. Posant son regard sur ses pieds, elle sentit son cœur s'accélérer au fur et à mesure qu'elle s'approchait du point de rendez-vous. Elle en avait pour une bonne vingtaine de minutes, elle fit exprès de trainer en route pour arriver pile à l'heure en faisant un crochet par une rue adjacente afin de laisser tous ses paquets à Jake, son chauffeur, venu récupérer ses courses et la déposer au plus près de son point de rendez-vous, sans poser de questions quant à la personne qu'elle devait retrouver. Voir son air rêveur et son léger sourire avait dû lui suffire. L'alarme qui s'était déclenchée dans sa tête pour lui signaler un éventuel danger quant à l'identité de son inconnu mystérieux avait fini étouffée sous une pile de pensées ayant fait office de coussins pour tuer ce son désagréable. En descendant de la voiture, Jake pressa doucement sa main dans la sienne, offerte pour l'aider à s'extirper de la limousine, lui offrant un sourire d'encouragement auquel elle répondit, à moitié, tremblant légèrement. Elle s'était avancée jusque dans la rue indiquée dans le message, positionnée, comme prévu, à côté d'un magasin de friperies. Et elle avait attendu, quelques minutes, promenant ses yeux verts sur l'espace environnant, souriant timidement aux quelques personnes la dévisageant, se demandant si l'une d'elles étaient celui qu'elle attendait. Jusqu'à ce qu'elle relève le regard sur lui, en particulier, et sentir son cœur tout à la fois se serrer et exploser dans sa poitrine. Son sourire vint orner ses lèvres, un énorme bonheur s'inscrivant sur son visage et venant s'implanter dans tout son corps. Tremblante, frêle, fragile, elle ancra son regard dans le sien, certaine d'avoir enfin trouvé l'objet de son attente et de son espoir fou, malgré sa taille plus grande, son visage affiné et ses cheveux plus longs. Et d'un simple pas, elle s'élança vers lui, afin de créer un contact perdu depuis trop longtemps. Son Saden était bien là...
But it's all coming back to me It's so hard to resist And it's all coming back to me I can barely recall But it's all coming back to me now But it's all coming back
Invité Invité
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Ven 21 Déc 2012 - 3:55
« … Mabataki ga kaze wo yobu, Hohoemi ga zawameki wo keshisaru, anata no me ni sumu tenshi ga sasayaku, Subete ga ima hajimaru to… »
Il gardait la tête résolument baissée vers le sol, n’ayant d’yeux que pour ce chemin qu’il traçait, ce chemin qu’il ouvrait, qui le menait jusqu’à ce nouveau pan de vie qu’il avait tant de fois imaginé. Ensemble. Son regard était vide, imperméable au monde extérieur et ne reprendrait vie que lorsqu’il la verrait enfin.
« … Can you feel it now Can you feel it now Nami ni nomikomareta you ni Pulling on my heart Pulling on my heart Iki wo tome te wo nobashite… »
L’écran de son téléphone, plongé dans l’obscurité de sa poche, affichait insolemment en lettres lumineuses : 18h16. Les rues étaient encore fréquentées à cette heure, mais rien n’était susceptible de détourner son attention du film qui tournait en boucle sous son crâne.
L’instinct le guidait, le portait, comme son cœur avait toujours porté l’espoir de la revoir. Et en même temps que cette attente insoutenable qui lui broyait les côtes dans un étau douloureux, la froideur insidieuse d’une désillusion possible s’insinuait en lui, inoculant au germe déjà présent des doutes l’engrais nécessaire à une croissance rapide et encombrante. NON !
Le refus résonna dans sa tête, le faisant presque sursauter et en chercher l’origine avant qu’il ne réalise qu’il n’était qu’un effet de son inconscient. Allons bon. Voilà qu’il se disputait avec lui-même maintenant, ou plutôt, que les différentes parties qui le composaient lui se menaient une guerre ouverte.
Il ne se préoccupa pas de savoir qui l’emporterait, mettant de nouveau ses pensées en sourdine pour ne s’occuper que d’avenir. Un avenir qu’il voyait radieux, ou qu’il préférait presque ne pas voir. Il avançait. Il se rapprochait du point de rendez-vous. De la continuité d’une chose aussi belle que simple ou de son arrêt brutal. Il était incapable de se décider.
Lorsqu’il tourna le coin de la rue, il releva la tête, mécaniquement, prunelles éteintes et toujours figées sur un arrêt sur image particulier qui prenait pour l’heure le pas sur la réalité. Il la revoyait, si douce, si sensible. Si pleine de bonheur. Si lointaine. Evanescente.
Il secoua la tête pour se sortir du songe virant au cauchemar et son regard accrocha un reflet blond illuminant la grisaille environnante. Il ouvrit la bouche, mais resta aphone. Il ouvrit les bras, s’immobilisant et seules ses prunelles chaudes reflétèrent l’éclat de vie violent qui le traversa tout entier lorsque la silhouette se précisa devant ses yeux ébahis, pris forme et contours pour se révéler dans toute sa splendide surprise.
Ses lèvres articulèrent silencieusement son prénom alors que son regard s’emplissait d’une buée annonciatrice du trop plein d’émotions transformant son corps en tourbillon sentimental et enfin, enfin, referma ses bras sur elle, muet récitant pourtant avec ferveur une comptine apprise par cœur, bien des années plus tôt.
« …Baby kono sekai wa Kinou to wa chigau Anata no koto shika mienai Baby my wish on a wing Kono sora wo saite Afureru hitotsu no kotoba de… »
Il lui fallut du temps. Beaucoup de temps pour parvenir à articuler à haute et intelligible voix :
« … Mi…Miya… »
Il n’ajouta rien d’autre, laissant le frisson qui le saisit parler pour lui alors qu’il l’enveloppait d’une étreinte presque désespérée. Comme si, à peine après l’avoir retrouvée, le temps des adieux devait de nouveau voler la joie des retrouvailles. Non. Jamais.
Il ne parvenait pas à desserrer la prison de ses bras et de ses mains qui s’étaient fermement liées dans le dos de la jeune femme. Il ne parvenait pas à dire autre chose que son prénom. Son esprit habituellement vif lui faisait défaut et seule l’image de la blonde courant vers lui se détachait du magma grisâtre de ses autres pensées. Une gravure. Un rêve qui se réalise. Une consécration.
Bien sûr, il avait une certaine conscience qu’il en faisait trop. Que les mots qu’il employait en esprit étaient trop forts… Ou ne l’étaient justement pas suffisamment. Comment dire. Comment transcrire. Comment expliquer à quel point, parfois, les sentiments se jouent de nous. Il n’en savait rien, finalement. Il ne voulait pas le savoir.
S’il avait idéalisé Miya, que cet idéal lui serve maintenant de base pour tous ces nouveaux souvenirs à deux qu’il pressentait, qu’il appelait de toutes ses forces. Cette force avec laquelle il la tenait, cette force qu’il lui offrait, lui partageait, cette passion qui loin de l’éphémère se voulait indélébile. Et qui avait su le rester.
« … Baby mou mirai mo Yakusoku mo iranai Anata ga soko ni iru dake de Baby my wish on a wing Kono koe wo tobase Furueru hoshi wo tsukinukete… »
Le temps des attentes, le temps des solitudes et des recherches infructueuses, le temps des larmes et celui des regrets, tout ce temps passé sans elle. Terminé. L’attente avait pris fin, dans une apothéose de couleurs chatoyantes et prometteuses, un florilège de tout ce que le monde peut offrir de beau, de magique, d’innocent et de pur. Un concentré ardent d’émotions brutes et impétueuses.
Son cœur battait tellement fort dans sa poitrine qu’il finit par se demander s’il n’allait pas mourir là, le plus bêtement du monde, sans même avoir pu profiter de l’occasion pour lui assurer de nouveau tout son amour.
Ses mains reprirent vie, il les bougea lentement, précautionneusement, les remontant dans le dos de la jeune femme jusqu’à pouvoir lui envelopper les épaules de ses paumes. Avec douceur, il la recula de lui, envoyant ensuite une main aussi fine que les traits de son visage lui relever le menton. Il voulait la voir, l’absorber, la faire sienne pour toujours et si jamais, si jamais les choses tournaient mal, se raccrocher à cette vision renouvelée.
Ses prunelles cherchèrent les siennes, d’abord hésitantes, puis frénétiques, regard vacillant dangereusement lorsque le brun chaleureux croisa le vert qui l’affolait si parfaitement. Ses lèvres se fendirent d’un sourire timide, puis rayonnant, avant qu’il ne remonte ses deux phalanges jusqu’à la joue de Miya qu’il effleura le plus tendrement du monde.
« … On dirait bien… que tu m’as manqué. Princess’. »
Le sourire s’élargit alors que les larmes achevaient de lui brouiller la vue, se refusant pourtant à couler et se contentant de voiler ses yeux temporairement, rendant toute l’absolue sincérité des sentiments qu’il éprouvait, qu’il n’avait jamais cessé d’éprouver pour elle. Il se reprendrait. Il n’était pas vraiment démonstratif. Mais… pas tout de suite.
« … Do you feel me ? »
De toutes les promesses qui se font et se défont, les plus sincères sont en général celles qu'on se fait à soi-même, dans la tranquillité et l'intimité d'un esprit non partagé, hors du monde.
Il s'était fait la promesse de la retrouver. Il avait tenu cette promesse. L'horizon s'ouvrait, libérant la myriade de ses possibles.
Spoiler:
JE T'AVAIS DIS QUE JE LA METTRAI LA FUCKIN' SONG HAHAHA ! 8D - ♥
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Sam 29 Déc 2012 - 21:52
Sono umane situazioni Quei momenti fra di noi I distacchi e i ritorni Da capirci niente poi Già...come vedi Sto pensando a te... Sì...Da un po'
La course jusqu'à lui lui parut longue, interminable. Chacun de ses pas résonnaient lourdement sur le sol, alors qu'elle fendait la foule pour le rejoindre, et il lui semblait qu'elle mettait une éternité à parcourir ces quelques malheureux mètres qui la séparaient de Lui. Et elle avait beau courir, courir encore, la distance ne s'amenuisait qu'avec la lenteur d'un escargot peinant à tirer sa pauvre coquille sur son dos. Un pas, deux pas. Trois, quatre, cinq. Elle finit par cesser de compter, frustrée de s'apercevoir qu'il lui en fallait tant pour l'atteindre. C'était comme dans ses rêves les plus fous, qui viraient subitement au cauchemar; elle courait, éperdue, tendait la main en hurlant son nom, et lui ne faisait que reculer, comme s'il ne l'entendait pas, pour se détourner et disparaitre dans la foule environnante. A chaque fois, elle se réveillait en pleurs et pantelante, gardant la blessure à vif depuis désormais huit ans. Elle l'avait imaginé, dépeint sous toutes les coutures, mis en scène. De rêve, il était devenu fantasme. Où était-il, que faisait-il ? A quoi pensait-il ? Se rappelait-il d'elle ? Avait-elle gardé une place dans sa vie ? L'aimait-il toujours ? La dernière question lui paraissait le plus improbable; mais son propre sentiment à elle avait mué et s'était mis en hibernation, couvant toujours dans un petit coin de son cœur, avec l'espoir fou de le revoir un jour.
Et voici qu'il était là, face à elle, la dévisageant avec la même intensité et la même émotion peinte sur son propre visage. Ses lèvres tremblaient, et sur ses larmes roulaient de grosses larmes d'un fardeau porté trop longtemps et enfin déposé. Mais ces larmes, c'était du soulagement, de la joie, de l'amour. Un savant mélange de tous ces sentiments mis sous scellé pendant huis longues années qui venaient de défoncer avec fracas la porte les gardant prisonniers pour jaillir, torrent bouillonnant et tumultueux, qui menaçait de tout emporter sur son passage. Son cerveau n'arrivait toujours pas à admettre la chose, analysée comme trop improbable, quand bien même ses yeux lui envoyaient une image on ne pouvait plus nette de Saden, son Dominique rebaptisé, et que son cœur battait en tout rompre après avoir confirmé qu'il s'agissait bien de lui. Enfin, elle atterrit dans ses bras, sautant littéralement à son cou et manquant de le faire tomber à la renverse, pour se serrer tout contre lui, nouant ses mains autour de sa nuque dans un premier temps pour y fourrer son nez, avant de les détacher et d'enserrer son poitrail de toute sa force, comme si elle craignait qu'il ne s'agisse que d'une douce illusion qui finirait indubitablement par disparaitre. Un sourire rayonnant ornant ses lèvres, son rire clair ne voulant pas se stopper, trop bien à marquer sa joie, elle s'était totalement enfouie contre lui, afin de s'assurer de sa présence physique, et parsemait ses joues de baisers humides de larmes, ses yeux verts brouillés mais brillants de bonheur.
« Saden, Saden, Saden, Saden !! »
Elle ne pouvait plus s'arrêter de murmurer son prénom entre rire et sanglots de joie, étant incapable d'articuler autre chose sous le coup de l'émotion trop forte.
Yes, you know it's true That I just can't stop thinking of you No I just can pretend All the time that we spend could die Wanna feel it again All the love we felt then
Un frisson électrique vint inonder sa colonne vertébrale, pour se répandre ensuite en ondes de choc dans tout son corps, lorsqu'elle entendit sa voix prononcer son nom avec hésitation. Cette voix qu'elle n'avait plus entendue pendant huit ans résonnait à nouveau à ses oreilles et dans son corps, et cette voix tant chérie, grave et veloutée, venait de prononcer son prénom, comme s'il n'y croyait pas non plus. Ainsi, il s'était vraiment souvenu d'elle ? Il avait continué à chérir son souvenir ? Une nouvelle vague de joie se répandit en elle, la faisant presque trembler de toutes ces émotions qui l'habitaient avec intensité. Ils étaient ensemble. Ils s'étaient retrouvés. Leurs cœurs battaient à nouveau l'un contre l'autre, lui faisant sentir le battement désordonné de celui de Saden faire écho au sien. En les voyant, on aurait pu croire une petite Slave pétillante de joie après avoir retrouvé son futur mari américain dans les années 80. Et soudain, il saisit son menton pour relever son visage et ancrer son regard dans celui de la Française, dont les prunelles vertes ruisselaient toujours de larmes se séchant progressivement pour ne laisser place qu'à une allégresse sans nom, son sourire rayonnant tellement qu'il aurait pu illuminer une pièce entière, si l'on avait éteint la lumière. Elle le dévisageait, analysait ce qu'il était devenu, cherchait ce qu'il avait été, créait des parallèles, des ponts, des liens pour relier passer et présent. Et qui, savait, futur ? Ses mains remontèrent vers sa nuque pour s'y nouer fermement, marquant son intention de ne pas le lâcher de sitôt; lorsque les doigts de Saden vinrent effleurer sa joue, elle ferma les yeux pour savourer l'instant et frémit de tout son être, une unique larme perlant une nouvelle fois au coin de son œil gauche. Cette caresse, elle l'avait espérée, désespérément. Elle l'avait rêvée, imaginée, priée, suppliée. Enfin, elle était arrivée, comme dans les scénarios les plus fous qu'elle avait créés de toute pièce - merci à son imagination débordante.
« Saden... Tu m'as manqué, aussi. Tellement. Si tu savais... ! Toutes ces choses à se dire. Tant de temps à rattraper... »
En le voyant sur le point de pleurer, elle craqua une fois de plus, enfouissant son visage dans son cou pour y verser les dernières larmes de son corps, sentant le trou de sa poitrine commencer déjà à se combler et se refermer après tant d'attente. Il était à nouveau là. Il était venu la retrouver.
What is life without a dream to hold? Take my hand and never let me go But it's part of life together Oh what future does it hold?
Sa vie semblait subitement reprendre sens. Elle-même reprenait vie et pied. Elle avait de nouveau une raison d'exister. Son premier ami et amour venait de réapparaitre, elle ne le laisserait pas repartir ainsi. Non, hors de question. Il y avait un trop grand vide à reboucher pour ça. Elle voulait l'entendre parler des heures, l'observer, lui sourire, rire, pleurer, et lui faire son propre récit de ses huit ans d'existence loin de lui.
If our hearts miss a beat Or get lost like a ship at sea I want to remember, I can never forget I just can't stop thinking of you
Le plus naturellement du monde, comme si ces huit ans d'absence n'avaient pas existé, elle glissa, complice, sa main dans la sienne pour entrelacer leurs doigts, lui offrant un sourire lumineux dépassant de son écharpe, une boucle blonde s'étant échappée de sa toque de fourrure pour venir chatouiller l'arête de son nez la faisant rire.
« Ne restons pas là. Allons au chaud... Manger ? Tu veux ? Je connais beaucoup de bon restaurants, ici... »
Elle ne voulait pas que cet instant s'arrête. Jamais. Surtout lorsque cette petite voix recommença à lui susurrer, dans un lointain écho, de doux Je t'aime revenant de loin...
Invité Invité
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Ven 11 Jan 2013 - 0:36
« … Find light in the beautiful sea I choose to be happy You and I, you and I We’re like diamonds in the sky…»
Le rêve devenait plus réel à chaque minute qui passait. D’abord ce contact, puissant, étourdissant, de son corps contre le sien. Et puis ses mains qui le retenaient. Et enfin cette voix. Sa Voix. Il retint ses larmes, le cœur balayé par une joie indicible qui renvoyait en lui d’innombrables échos charriant leur sensation de plénitude.
Elle enfouit son visage dans son cou et il envoya une main lui caresser les cheveux dans un geste presque brutal mais empli de tendresse .
La boite noire pouvait bien s’ouvrir désormais, il avait de nouveau de quoi faire taire les doutes et l’incertitude. Et cet accomplissement, au bout de huit ans, était de taille à refermer n’importe quelle faille formée par l’absence. Si on se rend vraiment compte du vide créé par le manque d’une personne, on ne réalise pour de bon l’ampleur de ce vide et la place qu’il a prise dans nos vies uniquement lorsque l’absence prend fin. Du moins le pensa-il en refermant de nouveau ses bras autour d’elle.
Sa main. Dans la sienne. L’attache fragile le tira de ses pensées et il verrouilla ses doigts aux siens, répondant à son sourire par un regard plein d’assurance. Lui non plus ne la lâcherait pas, assurément. Dieu qu’il aimait son rire.
Il acquiesça rapidement, peinant à se détacher d’elle-même si leurs deux mains unies étaient là pour abattre la distance. Il y parvint finalement, reculant de deux pas sans lui lâcher la main et sans cesser non plus de sourire avant d’ajouter :
-« Laisse-moi t’emmener ma belle, je ne doute pas que tes connaissances du coin soient plus approfondies que les miennes mais… je vais privilégier le calme à la découverte pour cette fois. T’écouter m’intéresse bien plus que la découverte d’un nouvel endroit. »
« … You’re a shooting star I see A vision of ecstasy When you hold me, I’m alive We’re like diamonds in the sky…”
C’était étrange cette impression de déjà-vu à la fois familière et si différente de ce à quoi il s’était attendu tout ce temps. Il ne l’avait pas idéalisée car cela aurait voulu dire que la réalité remise en place aurait été décevante, et elle était tout sauf décevante cette réalité. Pétillante, comme dans ses souvenirs, avec ce quelque chose en plus que l’esprit malgré tous les efforts faits ne peut reproduire parfaitement.
Il manquait à sa mémoire cette étincelle de réalisme qui donnait toute leur saveur aux moments passés avec Miya. Il pouvait fantasmer, rien n’égalerait jamais le fait de l’avoir à ses côtés. Il l’entraîna avec lui lorsqu’il se remit à marcher, chacun de ses pas étant empreint d’une légèreté sans pareil par cette simple présence ajoutée à la sienne.
« … I knew that we’d become one right away Oh, right away At first sight I left the energy of sun rays I saw the life inside your eyes... »
Il les emmena vers le centre-ville certain d’y trouver un petit restau épargné par la foule qui saurait accueillir leurs confidences sans brouhaha désagréable en fond sonore. Il l’avait toute entière pour lui, et comptait bien en profiter le plus possible.
Ils finirent par arriver là où il comptait l’emmener. Un petit restaurant sans prétention passant presque inaperçu, caché dans l’une des rues proches du centre. Il poussa la porte, tenant toujours fermement la main de Miya et la fit entrer à l’intérieur avant de refermer derrière elle.
Il l’emmena jusqu’à une table proche de la fenêtre, à travers laquelle on pouvait voir la rue, puis la laissa s’installer alors qu’il prenait place lui-même. Il évitait de la regarder, maintenant, sachant pertinemment qu’il ne s’arrêterait plus une fois qu’il aurait commencé.
Ce n’est qu’une fois assis qu’il reporta son regard sur elle, laissant ses prunelles se perdre dans l’éclat doré des quelques mèches dépassant de son bonnet. Adorable. Admirable. Il étira un nouveau sourire sans même s’en rendre compte, touché et attendri par la vision de son amie devenue amour.
« … So shine bright, tonight you and I We’re beautiful like diamonds in the sky Eye to eye, so alive We’re beautiful like diamonds in the sky…»
Pour ce qui était des sentiments , il ne savait trop qu’en penser. Tout se bousculait bien trop rapidement en lui pour qu’il puisse y voir vraiment clair. Evidemment, il n’en montrait rien, laissant à son esprit seul le soin de démêler tout ce fracas émotionnel. Il avait changé, certainement, mais n’était pas en mesure de savoir clairement en quoi et de quelle manière les changements se manifesteraient dans sa relation avec Miya.
Le plus important pour le moment était d’être avec elle, de l’écouter, d’apprendre, de savoir tout ce qu’il avait raté de cette période qu’ils auraient dû passer ensemble. Si la vie en avait décidé autrement, il comptait bien rattraper ce retard.
Il s’humecta les lèvres, cherchant ses mots sans les trouver tout d’abord, puis finit par articuler alors que ses mains tremblaient légèrement :
-« Alors… J’avoue que j’ai du mal à savoir par où commencer… donc j’te laisse choisir, qu’est-ce que tu veux m’raconter en premier ? La chose la plus importante qui s’passe dans ta vie en c’moment… ? »
Il lui lança un sourire encourageant, se mordant la lèvre inférieure en réfléchissant. Il n’avait pas la moindre idée du parcours qu’avait pu suivre Miya depuis leur séparation et les retrouvailles étaient si hasardeuses qu’il se demandait par quel coup de sort ils avaient pu se retrouver ainsi . Il n’allait pas s’en plaindre, certes, mais tout de même, le phénomène tenait du miracle. « …So shine bright, tonight you and I We’re beautiful like diamonds in the sky Eye to eye, so alive We’re beautiful like diamonds in the sky…»
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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KMO :
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Ven 11 Jan 2013 - 17:02
Heartbeats fast Colors and promises How to be brave How can I love When I'm afraid to fall
Ses bras autour d'elle. Sa chaleur l'enveloppant. Son parfum semblant remonter de si loin qu'il en ramenait des souvenirs jusqu'alors enfouis pour les faire danser devant ses paupières closes afin de mieux savourer cet instant où deux êtres connectés depuis si longtemps venaient de se rejoindre, créant une fusion au point de les détacher de leur toile initiale et de leur faire quitter, en pensée, la foule environnante pour les plonger dans un décor où eux seuls flottaient, actionnés par leur explosion de joie. Elle aurait voulu crier sa joie de le retrouver, cependant que son coeur battait à un rythme serein, comme si le dernier morceau nécessaire à son fonctionnement plein et entier venait de se placer de lui-même, connaissant d'avance sa place qui lui avait été réservée depuis tout ce temps. Les couleurs lui paraissaient plus vives, les rayons du Soleil, plus chaud. Les gens semblaient plus souriants; tout était plus léger, tout prenait plus d'importance tout en ne restant que secondaire. Lui seul importait. Lui, et personne d'autre.
Son sourire était le miroir de sa joie, et il brillait plus que jamais, faisant pétiller ses prunelles d'émeraude, une flamme de joie dansant en elle, la rendant encore plus vive qu'à l'accoutumée. Ses murs de glace, censées la protéger des autres, avaient fondu. Pour cette fois. Rien que pour cette fois. Personne n'en saurait rien. Il serait rien qu'à elle, à nouveau, pour cette seule fois. Peu importait la suite, tant que, là, maintenant, elle pouvait le dévorer du regard, détailler le moindre de ses mouvements, épier ses réactions, apprendre par coeurs ses tics de langage ou de gestuelle; vivre intensément un bout de lui à ses côtés. Si le temps le reprenait par la suite, elle pourrait au moins mourir heureuse d'avoir pu revoir ce si beau sourire, ce visage lui exprimant tant d'amour, cette personnalité lui offrant tant de chaleur, de réconfort, d'estime. Pour aujourd'hui au moins, il serait sa raison de vivre.
I have died everyday Waiting for you Darling don't be afraid I have loved you For a thousand years I'll love you For a thousand more
Et de nouveau, ce sourire, lui étant adressé, qui l'éblouit jusqu'à l'âme, au point de ne presque pas assimiler ses paroles. Lui souriant en retour, si pleine et débordante d'amour à son égard, elle lui adressa un petit regard navré. Comme si elle venait à peine de gâcher leurs premiers instants ensemble. Oui, il l'avait cherchée, il l'avait retrouvée. Autant lui laisser mener la danse jusqu'au bout. Des rencontres, des discussions, il y aurait probablement d'autres. Elle l'espérait, au plus profond d'elle-même. Maintenant qu'il était là, elle brûlait de tout savoir de lui, et pourtant de le retenir dans ses paroles, afin d'avoir une excuse pour le revoir. Profiter une nouvelle fois de ses yeux en amande si tendre, de cette chevelure soyeuse se balançant au rythme de ses pas. De ce corps contre lequel elle avait envie de se coller afin d'y sentir tout son feu, toute cette vie qui coulait en lui. Sa main toujours glissée dans la sienne, elle s'élança à sa suite, ravie de constater qu'il ne la lâchait pas, semblant même resserrer un peu plus sa prise autour de la sienne pour s'assurer de ne pas la perdre.
« D'accord. Cette fois, l'aventure sera pour moi... »
Ma belle. Il l'avait appelée « Belle ». Comme huit ans auparavant, elle se sentait à nouveau choyée, aimée, admirée. Il commençait déjà leurs retrouvailles par un des petits noms qu'elle affectionnait le plus. Il aurait même pu ne pas le penser, cela n'avait pas d'importance à ses yeux. Tout résidait dans le rappel de leur vie d'antan, comme s'ils allaient pouvoir renouer là où tout s'était brisé, effacer presque une décennie d'absence. Faire table rase, recommencer. Ou plutôt, continuer. Même s'ils n'étaient plus des enfants. Ils vivraient réciproquement la vie de l'autre en accéléré, réapprendraient tout sur le bout des doigts. Elle lui apprendrait son amour de la photographie, il lui ferait découvrir sa passion. Ils se diraient à nouveau toutes leurs peines et leurs joies. Elle se sentirait à nouveau entourée, elle se croirait à nouveau là-bas, mais avec plus de liberté de mouvement, cette fois...
Time stands still Beauty in all she is I will be brave I will not let anything take away What's standing in front of me Every breath Every hour has come to this
Miya reposa son regard sur la main qui tenait la sienne, songeant qu'elle était peut-être en train de rêver. Après tout, c'était trop beau pour être vrai. Il pouvait aussi bien ne pas être là, elle se réveillerait en pleurant de joie d'avoir rêvé quelque chose d'aussi réaliste et se rapprochant très certainement de ce à quoi il ressemblerait aujourd'hui. Peut-être n'avait-elle plus le droit de l'avoir à ses côtés. Peut-être n'avait-elle plus le droit de le réclamer auprès d'elle, peut-être ne pouvait-elle plus espérer être la première personne de sa vie, celle à qui il viendrait parler en priorité, celle qu'il couvrirait d'amour et d'attention jusqu'à ce qu'elle se sente parfaitement bien et rassurée; peut-être ne pouvait-elle plus pousser ses caprices jusqu'à vouloir vivre chaque parcelle de sa vie comme si elle l'avait vécue en lui, au travers de ses yeux, de chaque battement de son corps. Alors, autant laisser le rêve durer jusqu'au bout, et même tenter de le prolonger. Rêver, jusqu'à la fin. Le temps des larmes viendrait plus tard, pour l'instant, elle voulait de la joie, de l'amour, de l'émotion.
Elle ne releva le regard qu'après être arrivée devant la vitrine du restaurant, constatant au passage qu'elle n'avait même pas suivi le trajet qu'ils avaient parcouru. Tout était devenu secondaire, insignifiant, face à cette main chaude glissée dans la sienne, qui lui avait fait garder le sourire du début à la fin, sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Un pincement au coeur se fit ressentir lorsqu'il lâcha sa main. Mais ils étaient arrivés, elle ne pouvait pas la réclamer éternellement. Restant fixée quelque instants sur sa main gantée vide, elle se rabroua intérieurement pour s'asseoir, avant de détailler l'endroit, découvrant un restaurant dans lequel elle ne serait jamais entrée s'il ne l'y avait pas emmenée. En huit ans, malheureusement, ses parents lui avaient fait vivre dans un monde tellement doré et luxueux qu'elle en avait perdu le goût des choses simples. Enfin, mieux valait se dire qu'il s'agissait alors d'une occasion pour le retrouver... Retirant successivement, avec lenteur et grâce, ses gants, qu'elle rangea dans son sac, suivi de peu par son bonnet qui disparut sous le cuir, elle s'attarda sur son écharpe afin de l'enlever avec suffisamment de délicatesse, de sorte qu'elle ne défasse pas sa tresse africaine. Vint finalement son manteau, qu'elle déboutonna avec dextérité avant de le replacer correctement sur le dossier de la chaise au bois confortable, bien que ne payant pas de mine. Pour enfin reporter son attention sur lui et ne pas pouvoir se retenir de rougir légèrement face à son regard la fixant intensément et ce sourire si pur ornant ses lèvres.
Croisant ses mains entre elles pour se redonner un peu de contenance, elle jeta un simple coup d'oeil à la carte que le serveur venait d'apporter dans un sourire, les croyant certainement en rendez-vous amoureux, sans l'ouvrir. Elle était jolie. Elle n'osa pourtant pas la caresser, préférant relever le regard sur lui avec lenteur et s'apercevoir que ses mains à lui tremblaient quelque peu. Il devait bouillonner, de l'intérieur. Retrouver un ancien amour perdu de vue depuis huit ans n'avait rien de banal, après tout...
And all along I believed I would find you Time has brought your heart to me I have loved you for a thousand years I'll love you for a thousand more
Mais voilà, le rêve ne pouvait pas durer éternellement. La simple question qu'il venait de lui poser le lui prouvait. La chose la plus importante... En ampleur ? Ses fiançailles, sans aucun doute. Elle ne savait même plus où elle en était par rapport à Ethan. Il la faisait tourner en bourrique, semblant parfois lui tendre la main dans un sourire tendre pour la glacer sur place de son regars noir l'instant d'après. Baissant les yeux, elle se fixa une nouvelle fois sur les jointures de ses doigts fins, blanches de crispation. Par quoi commencer... Que dire ? Comment ? Lorsqu'elle releva le regard vers lui, un sourire amusé aux lèvres, ses yeux avaient retrouvé tout leur pétillant. L'enchantement venait de reprendre place.
« Ca se passe maintenant. Te retrouver. Après huit longues années sans toi... »
Saisissant subrepticement son verre dans lequel le serveur avait servi de l'eau pour ensuite déposer la carafe sur la table, elle en but une goulée afin de se donner du courage. Ils étaient aussi nerveux l'un que l'autre. Voilà qui n'arrangeait pas les choses. Appuyant son menton sur le revers de sa main droite, son coude posé sur la table, elle lui offrit un sourire taquin, une mèche de cheveux s'échappant de derrière son oreille pour tomber sur sa pommette et la chatouiller avec délicatesse, lui donnant un air joueur.
« Voyons. Commençons par les banalités... J'ai commencé mon année à l'université de Keimoo en avril. Mais je suis au Japon depuis que j'ai... 16 ans ? Ma mère voulait que sa digne fille y apprenne la retenue et la délicatesse. J'espère que c'est réussi... »
Une exclamation soudaine fanchit ses lèvres alors qu'elle semblait bondir de sa chaise, excitée comme une puce, un éclair de joie traversant ses prunelles.
« Oh ! Je ne sais pas si tu te souviens d'Andrew ? Il a commencé à me suivre comme mon ombre depuis l'âge de mes 10 ans. Eh bien, il est toujours mon fidèle ami et majordome ! Et il est aussi ici, à Keimoo ! »
La bonne humeur semblait se répandre à mesure qu'elle se réchauffait dans la pièce, l'oeil parfois attiré par un passant plus intriguant que les autres. Qu'on le lui laisse rien qu'à elle encore un moment. Juste ce soir.
But watching you stand alone All of my doubt suddenly Goes away somehow One step closer
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Sam 12 Jan 2013 - 20:59
«…Look around There's no one but you and me Right here and now The way it was meant to be There's a smile on my face Knowing that together everything that's in our way We're better than alright…»
Le tremblement de ses mains cessa lorsque son regard croisa de nouveau le sien. Il se figea et toute la tension qui semblait s’accumuler dans ses muscles s’envola, lui rendant sa légèreté. Il n’y avait aucune raison de se sentir mal, ou gêné, bien au contraire puisqu’il se trouvait avec la seule personne qui le connaissait suffisamment pour lui interdire toute façade. Il pouvait être lui-même sans aucune crainte et c’était l’une des choses qu’il avait oubliée durant ces années passées seul.
Il se détendit donc, fronçant imperceptiblement les sourcils en captant la gêne fugace semblant s’emparer de Miya, mais ne fit aucun commentaire, heureux de constater que le sourire reprenait sa place.
La réponse lui fit ouvrir la bouche sur une déclaration qui ne se franchit finalement pas ses lèvres et il finit par secouer la tête, des étincelles dans les yeux :
-« Bravo, on se retrouve à peine et tu me ferais déjà presque rougir haha ! »
«…Walking between the raindrops Riding the aftershock beside you Off into the sunset Living like there's nothing left to lose Chasing after gold mines Crossing the fine lines we knew Hold on and take a breath I'll be here every step Walking between the raindrops with you…»
Il ne rougissait jamais, et elle le savait très bien. Par contre, les mots le touchaient et ça aussi elle devait pouvoir le sentir sans peine. Elle le connaissait trop pour ne pas saisir l’importance de telles paroles. Il laissa quelques-unes de ses mèches lui retomber sur le visage, puis souffla nonchalamment dessus pour les dégager avant d’ajouter, sourire un brin crispé :
-« A ce que j’entends, tes parents n’ont pas changé… »
Pour le coup, il n’aurait vraiment su dire si c’était un bien ou un mal. Certes la retenue comme la délicatesse seyaient parfaitement à Miya mais son naturel était tout aussi important, du moins aux yeux de Saden.
L’exclamation le surprit et il se tut en la dévisageant les yeux écarquillés, avant que son visage ne s’illumine sous l’effet d’un nouveau sourire. Assurément, la nouvelle était bonne ! Il se souvenait bien évidemment d’Andrew et l’adorait pour la manière avec laquelle il prenait soin de Miya. Il avait espéré durant ces années qu’elle bénéficie de ce type de soutient et venait d’en recevoir l’assurance. Il acquiesça joyeusement et frappa la table de sa paume dans un geste mêlant allégresse et impatience :
-« Oh ! Il est là tu dis ! Il faudra absolument que je passe lui dire bonjour ! »
«…Take me now The world's such a crazy place When the walls come down You'll know I'm here to stay There's nothing I would change Knowing that together everything that's in our way We're better than alright…»
Pour le revoir, mais surtout pour le remercier bien qu’il ne compte pas faire part de ce détail à Miya. En plus de ça, Andrew lui rappelait une partie de sa vie avant son départ et ces rappels restaient précieux, même plusieurs années plus tard.
Il dévisagea de nouveau la jeune femme en se mordant la lèvre, cherchant à son tour quelle information le concernant lui donner en premier. Dur de se décider, il avait tant à lui dire et chaque évènement revêtait la même importance : il devait tout partager avec elle. Il fronça les sourcils, agacé de ne pas réussir à choisir et se lança finalement après avoir pris une profonde inspiration :
-« Alors… excuse-moi d’avance si mes paroles sont quelque peu décousues, j’ai peur de perdre le fil. J’ai fait une longue station aux States avant de débarquer au Japon pour ma part, et c’était vraiment bien. Rien à voir avec ici, clairement, là-bas ils ne sont absolument pas axés sur les manières ou même la culture. De ce que j’ai vu, du moins. J’suis venu plusieurs fois pour voir mon père et à force, j’me suis pris d’affection pour le pays. Donc j’ai décidé de m’y installer et de poursuivre mon cursus ici. Voilà pour les grandes lignes. L’entreprise de p’pa marche bien, ce qui me permets de ne pas trop me soucier d’autre chose que des études. Pas besoin de bosser à côté même si l’idée ne me dérange pas. Enfin, c’est comme ça que j’ai atterris à Keimoo. La ville est pas mal et même si mon quartier craint un peu, j’suis plutôt satisfait. »
«…Walking between the raindrops Riding the aftershock beside you Off into the sunset Living like there's nothing left to lose Chasing after gold mines Crossing the fine lines we knew Hold on and take a breath I'll be here every step Walking between the raindrops with you…»
Il étira un nouveau sourire qu’il lui adressa avant de regarder à son tour la carte apportée, parcourant les listes de menu sans vraiment les voir. Décidemment, il ne pouvait pas se concentrer sur autre chose que sur Miya lorsqu’elle était dans les parages, et ça n’avait rien d’une nouveauté. Il se rappelait encore des rappels à l’ordre de sa mère lorsqu’elle tentait de le faire réviser et que ses pensées à lui ne s’égaraient que du côté de la blondeur de son amie.
«…There's a smile on my face Knowing that together everything that's in our way We're better than alright…»
Les gouts et les habitudes changent en huit ans, aussi ne lui proposa-t-il rien de ce qu’il la savait aimer, se contentant de la contempler en silence en relevant de temps en temps ses prunelles de la carte. Tout silence n’a pas besoin d’être brisé et celui qui les enveloppait portait la douceur confortable que seule l’amitié et l’absence de tout faux-semblant peut lui donner.
Il reposa finalement la carte, se servit un verre d’eau qu’il vida en quelques secondes, puis déplaça les cheveux revenus lui encadrer le visage. Il ne les avait pas attaché pour cette fois et le regrettait presque à les sentir tomber dans tous les sens, mais bon.
Détournant son regard d’elle, il laissa ses prunelles observer la ruelle à travers la baie vitrée, traits se faisant songeurs alors qu’il repensait à ces dernières semaines. Il avait vraiment réussi, mais la réalisation de cette victoire lui arracha un sursaut de conscience qui le fit se tourner vers elle :
-« Oh ! Au fait, j’espère que mon texto ne t’as pas trop inquiétée, ce n’était pas le but… »
Il lui jeta un regard prudent, se sentant subitement presque stupide de ne pas y avoir pensé plus tôt puis secoua la tête en soupirant. Effrayer Miya, comme si c’était réellement possible en fin de compte. Sa propre conclusion lui fit ouvrir un sourire fin et son regard s’éclaira d’un éclair malicieux :
-« Enfin, telle que je te connais, tu as plus du te ronger l’esprit à chercher de qui il pouvait bien provenir plutôt que de t’inquiéter… J’me trompe ? »
« …Walking between the raindrops Riding the aftershock beside you Off into the sunset Living like there's nothing left to lose Chasing after gold mines Crossing the fine lines we knew Hold on and take a breath I'll be here every step Walking between the raindrops with you Between the raindrops with you Between the raindrops with you…»
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Mar 15 Jan 2013 - 0:11
Come notice me And take my hand So why are we Strangers when Our love is strong Why carry on without me ?
Son sourire. Il était beau, vraiment. Surtout lorsqu'il animait son visage tout entier pour y loger des étincelles dans ses yeux et le faire pétiller de joie. Il lui donnait envie de le serrer contre elle, fugacement et pourtant fortement, pour sentir son odeur, redécouvrir l'enfant devenu homme, et le relâcher pour le laisser se détacher en tant qu'entité propre qu'elle ne devait pas chercher à absorber, malgré son envie de le voir n'appartenir à nouveau qu'à elle. Les souvenirs ressurgissant, ils créaient une sorte de paradoxe temporel pour lui donner l'impression que rien n'avait changé, qu'ils étaient toujours les mêmes, qu'il allait la reprendre dans ses bras, l'emmener jouer à la princesse, orner ses cheveux d'une couronne de fleurs, ployer le genou devant elle, et lui avouer, subitement, qu'il l'aimait « comme les grands ». La faire rougir, la faire danser, la faire rire, l'amuser. Il avait fait tout cela. Etait-il désormais impossible pour elle de voir revenir toutes ces choses, les ramener à elle, les enfermer contre elle pour les empêcher de repartir ? Au fond d'elle-même, elle le savait. Elle avait déjà réfléchi à la question. Tout n'était que question d'un effort de volonté de sa part pour tout relâcher, tout abandonner. Laisser les souvenirs n'être que des souvenirs, pour se forger à nouveau de véritables liens basés uniquement sur les faits actuels, et non pas sur une idéalisation de la mémoire.
Lentement, ses lèvres s'étirèrent en un sourire capable de faire écho au sien, sentant un débordement de joie bouillonner en elle pour jaillir de son coeur et illuminer tout son être. Un bonheur palpable. Voilà ce qu'elle vivait. Pour l'instant, il était à elle, avec elle. Ils renouaient, ensemble, les liens du destin détruits par une main humaine, mais n'ayant jamais cessé de vivre, d'un côté comme de l'autre. Son coeur palpitait tout doucement dans sa poitrine, chaque battement lui ramenant une foule de souvenirs qui se débloquaient progressivement pour lui fournir une multitude de possibilité de discussions. De « tu te rappelles...? ».
« Mais, tu as rougi, Saden. De l'intérieur... »
Un poil narquoise, son sourire s'affaissa lorsqu'il aborda le sujet de ses parents, lui faisant replonger son nez dans son verre d'eau qu'elle sirota avec une attention toute particulière. Ses parents. Le sujet tabou, en quelque sorte. C'était toujours d'eux que partaient tous les soucis majeurs qu'elle avait rencontré au cours de sa vie. Ils avaient beau l'aimer et la chérir sincèrement, du plus profond de leur être, ils n'en restaient pas moins calculateurs et froid en matière de son avenir, comme s'il ne s'agissait que d'un contrat sur lequel tout avait déjà été tracé et qu'elle avait signé contre son gré le jour même de sa naissance.
And everytime I try to fly I fall without my wings I feel so small I guess I need you baby And everytime I see you in my dreams I see your face, it's haunting me I guess I need you baby
« Non. Ils ne changeront jamais... »
Relevant le regard sur lui dans une vague de douceur, elle lui sourit avec une infinie tendresse, son menton tremblant légèrement, ses yeux commençant à s'embuer. Lentement, elle laissa sa main, menue et fragile, traverser la table de bois le séparant d'elle - séparation ressentie comme un déchirement malgré leur proximité, comme si tout tenait à les maintenir loin de lui -, hésitant un peu, pour venir se poser sur la sienne, tressaillant à son contact comme si elle venait de recevoir la foudre. Alors, les larmes coulèrent d'elle-même, en une nouvelle salve trop longtemps contenu, n'entachant en rien son sourire mince de joie.
« Tu m'as manqué. Tellement. Si tu savais comme tu m'as manqué. Comme je n'ai cessé de penser à toi, jour après jour. En me demandant, à chaque lever, où tu étais. A chaque coucher, ce que tu faisais. Si tu pensais à moi. Si tu m'en voulais. Si tu pourrais, un jour, me pardonner. Je rêvais, en regardant les étoiles, de toi. En cherchant à percevoir tes battements de coeur, ton élan d'âme. Je t'imaginais grandir, devenir toi. Je voulais savoir comment tu allais. Si ton coeur se réparait. Si tu étais heureux. Rien n'avait plus d'importance, pour moi. J'ai... »
Miya déglutit, gardant sa main fermement ancrée sur la sienne, prenant soin de ne pas parler trop fort, de sorte que ses mots ne touchent que l'intéressé principal, à savoir : Lui, et lui seul.
« J'ai prié pour te revoir. De toute mon âme. Pour te tenir contre moi, te dire tout cela. Et voilà que tu es arrivé, comme une fleur, débarquant subitement pour me permettre de réaliser ce désir profond qui me tiraillait depuis huit ans. Huit longues années... »
Un nouveau sourire, plus joyeux encore, vint totalement éteindre ses larmes pour les laisser uniquement brillants de l'humidité qu'ils renfermaient encore, faisant danser de petites étoiles dans son regard d'émeraude.
« Merci, Saden. Merci... »
Il n'y avait pas d'autre mot. Lui demander pardon ne lui apporterait rien, puisqu'elle-même ne serait jamais capable de pardonner à ses propres parents un tel état d'esprit et une telle étroitesse les ayant poussé à la séparer d'un ami, d'un amour d'enfance, qu'elle aurait pu simplement ramener au stade de l'amitié - avec des efforts, certes -, s'ils avaient seulement daigné lui en parler, lui expliquer. Ses parents l'avaient toujours tenue en-dehors de sa propre existence. Aujourd'hui, tout changeait. Malgré leur plan, une magnifique perle, d'une solidité à toute épreuve, venait de se bloquer dans leur engrenage si bien huilé pour le faire dérailler, lentement mais sûrement. Et cette perle brillait pour elle, l'engageant à la suivre, à prendre les rênes de sa vie en main.
I make believe That you are here It's the only way I see clear What have I done You seem to move on easy
Les lèvres de Saden remuèrent en une jolie moue embarrassée, lui rendant toute sa bonne humeur, et elle l'écouta parler, tout simplement. Sa voix était mélodieuse, et sous l'impulsion de ses mots, elle semblait s'envoler dans le monde de ses souvenirs pour les voir dérouler sous ses yeux dans un filet de fumée colorée. Un tableau tracé à l'encre se dessinait, limpide, pour s'inscrire dans sa propre mémoire comme s'il avait appartenu à sa vie. Tout se représentait de manière concrète, lui donnant ce sentiment serein et apaisant qu'elle partageait véritablement avec lui un morceau de sa vie, qu'il lui faisait confiance pour tout lui dire. Il faudrait bien qu'elle finisse par en faire autant avec lui. Lui dire que ses parents comptaient la fiancer. Avec... Ethan. Plongée dans sa rêverie des mots, dans son fouillis de souvenirs, jetés à la pelle dans ses oreilles pour être analysés à peu près méthodiquement par son cerveau, elle n'en sortit, à contrecoeur, que lorsqu'il l'apostropha à propos du sms qu'il lui avait envoyé. La faisant se rembrunir immédiatement, quelques instants, pour remplacer son malaise passagé par un sourire navré. Toujours accoudée à la table, ses bras rentrés vers l'intérieur, pour laisser ses mains pendre dans le vide, elle le fixa d'un air doux et rêveur.
« Hm. J'ai cherché, effectivement. Ma passion des énigmes ne m'a toujours pas quittée. Mais... C'est un peu plus compliqué que ça. »
Glissant une main dans ses cheveux pour se redonner contenance, elle finit par enlever l'élastique les retenant en tresse pour qu'ils dévalent librement en cascade sur sa nuque pour venir crouler sur et sous ses épaules, avant de passer ledit élastique autour de son poignet, pour relever une nouvelle fois le regard sur lui, inspirant lentement pour se donner du courage. Afin d'aborder naturellement un sujet du moins assez grave.
« J'ai... J'ai fait un coma, récemment. De presque une semaine. Ca date d'il y a... Deux, trois mois ? Mes nerfs ont lâché. Et il a tellement fallu étouffer l'affaire pour éviter toute complication, tout débordement, que j'ai commencé par croire que quelqu'un l'avait découvert et me menait en bateau... »
Un petit rire embarrassé emplit l'espace les unissant, alors qu'elle relevait le coude pour le poser perpendiculairement à la table, s'offrant ainsi le luxe de se gratter la tempe gauche du bout de son index replié. Pitié, qu'il ne réagisse pas excessivement. Le pire restait encore à venir, puisqu'il fallait également qu'elle lui parle de l'existence d'Ethan et des desseins de ses parents à leur égard commun...
I may have made it rain Please forgive me My weakness caused you pain And this song is my sorry
Sentant un blanc plus que lourd s'installer entre eux alors qu'il digérait l'information déballée tout à trac, elle se recula pour s'appuyer contre le dossier de sa chaise et agiter les mains dans sa direction afin de marquer son désir de traiter la chose... En douceur ?
« Ah ! Mais, je te rassure, je vais bien ! Alors, ne t'en fais pas... D'accord ? »
Dieu, faites qu'il lui obéisse. Qu'il ne s'énerve pas. Qu'il n'en fasse pas tout un foin. Pour meubler le silence, craignant plus que jamais sa réaction, Miya continua sur sa lancée, son regard rivé sur la carte qu'elle trouvait subitement plus que captivante.
« Mon père est venu. Il s'est déplacé pour moi. Il a pris soin de moi, avec Andrew. Tout a été fait dans le but de me permettre d'aller mieux. Il m'est juste demandé de faire attention à ne pas me surmener quelques temps. »
Un sourire gracieux se traça sur ses lèvres alors qu'elle apposait son index sur ses lèvres pour les humidifier légèrement.
« Dis-moi plutôt. Comment vont tes parents...? »
At night I pray That soon your face Will fade away
And everytime I try to fly I fall without my wings I feel so small I guess I need you baby And everytime I see you in my dreams I see your face, it's haunting me I guess I need you baby
Invité Invité
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Mer 30 Jan 2013 - 5:24
S'en aller main dans la main S'en aller bien avant que l'heure Oublier qu'ici on n'est rien Oublier qu'ici on a peur S'aimer sous le croissant de la lune Et puis faire l'amour sur la dune À regarder les étoiles À sauver notre idéal Et puis suivre l'hirondelle Puisqu'au feu est la colombe L'amour sera notre ciel Mon amour, tu seras ma tombe On n'a pas besoin de leurs dollars Juste tes rêves et sa guitare C'est le soir de l'indépendance C'est le soir de la renaissance
Ils étaient restés les mêmes. Évidemment. Et pourtant le temps avait fait son œuvre, les changeant tous deux, les marquant de son sceau en chassant l'empreinte fantomatique des adolescents qu'ils n'étaient plus pour laisser place aux adultes en devenir, l’amitié enfantine depuis longtemps transformée en amour véritable.
Il croisa son regard et ses prunelles s’embuèrent d’une nouvelle vague d’émotion. Impossible à contenir cette émotion, à la fois douce et sauvage. Le même frémissement le parcourut lorsque leurs mains se touchèrent et il but ses paroles en ayant l’impression de s’entendre parler lui-même tellement le ressenti était semblable. Une même absence, une même douleur, une même patience aussi, et un même désir de se retrouver, de se revoir, de vivre à nouveau toutes ces choses… ensemble.
Il ne répondit pas, rendu muet par les circonstances, la situation, les retrouvailles, et toutes ces choses qui ne cessaient de tournoyer en lui et que la douceur de Miya agitait plus encore. Il ne réagit vraiment que lorsqu’il la vit se rembrunir et son propre sourire déserta ses lèvres, remplacé par un air interrogateur alors que ses sourcils se fronçaient. L’avait-il vraiment effrayée ? La phrase le laissa perplexe et il essayait encore d’en comprendre le vrai sens en cherchant de quelles complications elle pouvait bien parler lorsque le timbre chantant de Miya lui offrit les précisions qu’il lui manquait.
C’est au moment précis où elle prononça le mot « coma » que quelque chose dans son esprit chavira. Son visage calme et souriant ayant déjà laissé paraître une première trace d'inquiétude à l'annonce des complications évoquées se mua en un masque livide et ses prunelles semblèrent pulser l'espace de quelques secondes alors qu'il la fixait, hagard. Ses mâchoires s'étaient serrées pour contenir l'explosion interne qui menaçait de déborder et ce n'est qu'après une paire de minutes qu'il parvint à articuler d'une voix bien trop sourde pour que son malaise passe inaperçu :
Puisque l'on s'aime Puisque moi j'y crois encore Quand tu dis que tu m'aimes Que tu m'aimes à l'amour Que tu m'aimes à la mort Tant qu'on respire encore Tant qu'on respire encore
Il n'ajouta rien, la fixant toujours de ce regard presque perdu dans le doute et la crainte, comme si la passer au laser de ses prunelles allait lui permettre de comprendre. Ne pas s'en faire ? Comment pouvait-il ne pas s'en faire ? L'idée même d'un malheur la touchant lui était tout aussi insupportable que de songer à une nouvelle séparation. Il balaya l'assurance qu'elle venait de lui offrir d'un revers de main et détourna le regard quelques secondes, le temps de reprendre contenance.
Quand il fut certain que le danger était passé, il revint planter ses yeux sur elle, écoutant la suite du récit en essayant de contrôler les tremblements lui agitant les mains. Ce n'est qu'en la fixant longuement qu'il pu recouvrer son calme, mais ce calme ne l'empêcha pas d'envoyer l'une de ses mains attraper la sienne, celle qu'elle venait de poser contre ses lèvres, pour la serrer au point de presque la broyer. Les tremblements cessèrent.
Le contrôle rétabli, il s'aperçut qu'il n'avait absolument rien retenu de la question qu'elle venait de poser. Bien sûr, il avait vu sa bouche s'ouvrir et les mots sortis l'avaient effleuré, mais sans le toucher, sans que son cerveau ne parvienne à saisir l'information et le constat lui fit réaliser à quel point il avait été secoué. Il baissa doucement la tête, appelant son regard dans le sien et détendit la prise de sa main, caressant le dos de la sienne du bout du pouce dans un geste certes légèrement crispé mais on ne peut plus tendre avant de souffler :
-« Ils vont... bien, je te remercie. Tu m'excuses, mais... Miya. Je ne suis pas là pour parler d'eux, mais de toi. Ce moment est à nous, à personne d'autre... personne... »
Il la relâcha doucement avant de reposer un regard éteint vers la carte, ayant perdu l'appétit dans la bataille. Finalement, lorsqu'il releva le visage dans sa direction, c'est avec une fermeté nouvelle qu'il demanda :
-« Ecoute, je... je... Je n'ai plus vraiment envie de manger, est-ce que ça te dirais qu'on aille plutôt faire un tour et qu'on grignote quelque chose en marchant ? Je crois que j'ai besoin de prendre l'air... »
Marcher, s'éloigner, avec elle, la serrer, ne plus la lâcher, jamais. C'était vers cela que tout son esprit tendait pour l'heure, ne serait-ce que pour effacer le sale gout d'inquiétude qui lui serrait la gorge.
Le regard qu'il posa sur elle en attenant son accord était presque fiévreux, suppliant, et bien plus bavard que lui-même sur l'envie qu'il éprouvait de se retrouver réellement seul avec elle. Dans un endroit à part, loin de toute agitation, de toute possibilité d'écoute, loin des regards, loin du monde.
Il soupira, soulagé, lorsqu'elle acquiesça et se redressa presque trop vite avant de faire le tour de la table pour lui attraper la main. Il l'entraîna alors comme un peu plus tôt dans les rues et l'errance repris, sans but, mais avec la plus belle des compagnies. Le souffle du vent l'apaisait et le brouhaha de la ville également, se savoir en mouvement, sentir de nouveau cette main dans la sienne et voir les rues qui s'ouvraient sous leurs pas, l'ensemble contribuait à lui rendre ses esprits.
Il ne s'arrêta pas pour parler, se contentant de ralentir sensiblement la cadence de la marche pour adopter une allure plus tranquille et propice à l'échange, aux confidences :
-« Je m'en veux de te priver de repas pour le moment, mais tu es un peu trop importante pour que je laisse passer ce genre d'information. Raconte-moi tout. Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment est-ce arrivé ? Tu risques encore quelque chose ? Tu me dis que tes nerfs ont lâché, mais les nerfs ne lâchent pas sans raisons, alors ? »
Son ton n'avait rien d'exigeant, seule l'inquiétude guidait ses mots et amenait la foule de questions qu'il lui posait pendant que ses pensées s’emballaient comme les battements de son cœur s’étaient amusés à le faire auparavant. Il n’était pas du genre à perdre ses moyens ou à céder à l’emportement, mais Miya, et c’était bien la seule dans ce cas, provoquait des réactions disproportionnées, chacun de ses mots le touchant directement.
Il tourna lentement la tête, la regardant sans cesser de marcher et ses lèvres pincées se relâchèrent pour former un début de sourire. Sans être encore rassuré, il se sentait déjà mieux, et apte surtout à en entendre davantage, décidé à ne s’épargner aucun détail.
S'en aller main dans la main S'en aller suivre des lueurs Oublier qu'ici on n'est rien Oublier qu'ici c'est la peur S'aimer sur le toit des buildings Tendre le pouce à des Boeings À regarder l'apocalypse À attendre la fin de l'éclipse Et puis suivre l'hirondelle Puisqu'au feu est la colombe L'amour sera notre ciel Mon amour tu seras ma tombe On n'a pas besoin de leurs dollars Juste tes rêves et sa guitare C'est le soir de l'indépendance C'est le soir de la renaissance
Spoiler:
Même que si t'es sage, j'te fais comme sur ma signa. ♥ 8D
~ Mon amour, tu seras ma tombe ~
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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KMO :
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Jeu 31 Jan 2013 - 19:58
Don't know much about your life. Don't know much about your world, but Don't want to be alone tonight, On this planet they call earth.
La pression sur sa main lui parut infiniment tendre, même si ses jointures blanchirent sous le coup de l'émotion le ravageant intérieurement dont il fit preuve. Le simple fait de le sentir aussi proche d'elle lui suffisait; la douleur n'avait pas lieu d'être. Même, il lui arracha un fin sourire empli de douceur alors qu'elle relevait le regard lui pour l'observer, sentant à quel point il était en prise à un tourment de l'âme. Elle n'aurait peut-être pas dû lui dire, finalement. Elle venait de gacher cet instant magique en les ramenant brutalement à la réalité, les faisant se scratcher à même le sol dur et froid alors même qu'ils avaient failli toucher les étoiles du bout du doigt. Comme Icare, elle avait voulu voler trop haut. Elle était punie...
Miya avait chassé toute couleur du beau visage de Saden, la mettant en proie à un sentiment de culpabilité intense lui donnant un air inquiet et faisant trembler son menton, sa bouche légèrement entrouverte dévoilant un « oh » de désolation. Sa main vint à son tour écraser les doigts de Saden, menaçant de faire craquer leurs membres respectifs. Un peu plus et l'on les verrait se déboiter, spectacle macabre de tristes marionnettes désarticulées. Son autre main vint envelopper celle de son ancien amour avec tout l'amour dont elle était capable à son égard, lui arrachant un frisson le long de sa colonne vertébrale tout entière pour hérisser sa peau et lui faire monter le rouge aux joues. Non non, il ne fallait pas qu'il soit triste. Elle devait lui rendre son sourire, remettre des étoiles dans ses yeux. Effacer cette souffrance qu'elle avait créée. Tout reconstruire, tout solidifier. Elle reprendrait tout en main pour qu'il ne souffre plus comme il avait souffert de leur séparation. Elle ne supporterait pas la moindre larme de tristesse. Non...
Un sourire se dessina sur ses lèvres, chaleureux et rassurant, alors qu'elle resserrait ses mains autour de la sienne, apposant une nouvelle fois ses lèvres sur le bout des ses doigts dépassant encore de leur carcan de tendresse; l'irradiant d'ondes de candeur.
« Saden. Saden. Calme-toi. Je suis là, en vie, en forme. D'accord...? »
Dieu, comme la caresse qu'il administra au dos de sa main lui parut adorable. Si la situation si était prêtée, elle aurait même pu fermer les yeux en souriant pour profiter de l'infinie chaleur qu'il venait de répandre en elle, faisant courir un nouveau frémissement le long de son corps. S'abstenant à contre coeur, elle hocha la tête à sa réponse, émue. A « nous ». Comme ce mot résonnait bien en elle. Il y avait un « nous », il venait de l'affirmer indirectement. Miya sourit à demi. Il lui avait tellement manqué...
You don't know about my past, and I don't have a future figured out. And maybe this is going too fast. And maybe it's not meant to last,
Sans avoir le temps de répondre, elle l'observa, les yeux ronds, se lever, l'entrainer. Docilement, elle le suivit, se contentant de hocher la tête et de serrer un peu plus sa main lorsqu'il la saisit au vol, réchauffant un peu plus son petit coeur serré par la tristesse de l'avoir mis dans cet état, non sans avoir glissé un peu de monnaie au serveur, accompagné d'un sourire désolé. A nouveau emmitouflée dans son écharpe, dans son manteau, dans son bonnet et ses gants, elle ressemblait à une poupée de porcelaine aux joues rougies par le froid, souriant telle une enfant d'avoir son amoureux tout contre elle. Miyase serra totalement contre lui, simplement heureuse d'une telle proximité faisant battre son coeur un peu plus vite et un peu plus fort; faisant disparaitre le bras de Saden sous le sien, jusqu'à se l'approprier totalement. Pour peu, on aurait pu croire qu'elle câlinait une peluche chérie depuis une éternité, s'en occupant avec précaution tout en ayant la tentation de la tuer sous une montagne d'étreintes plus brûlantes les unes que les autres.
Elle ne releva le regard vers lui que lorsqu'il reprit la parole, sortant à contrecoeur partiel de ses songes pour retrouver une réalité tout aussi charmante, quoique son interlocuteur ait moins une adorable bouille de boule de poils. Son sourire se fit voilé, glissant une moue navrée sur son visage. Encore ce triste sujet. Autant le passer rapidement, pour retourner aux embrassades, aux sourires. A son sourire. Sourire qu'elle esquissa, malicieux, son regard se teintant de taquinerie quelque peu fraiche et croquante pour lui sensurer d'une voix mi-sérieuse, mi-amusée :
« S'il n'y a que ça, je te croquerai pour caler mon petit creux... »
Rieuse et satisfaite de sa petite pique, elle redevint sérieuse, levant un regard vert empli d'appréhension sur son visage un peu moins tendu que quelques instants auparavant.
« Tu tiens tant que ça à en parler...? D'accord... »
Inspirant un grand coup pour se donner contenance et courage, elle regarda droit devant elle, ne supportant pas l'idée de croiser son beau regard qui risquerait de s'assombrir de seconde en seconde.
But what do you say To taking chances, What do you say To jumping off the edge? Never knowing if There's solid ground below Or a hand to hold, or hell to pay, What do you say, What do you say?
« Bien. Commençons par placer la situation de l'instant... Je me suis perdue dans le pensionnat du lycée. J'étais venue ramener un jean neuf à un gosse que j'avais estopié quelques jours auparavant. Je me suis retrouvée dans la buanderie, complètement amorphe, en compagnie d'une métisse assez... Décalée... »
Elle soupira avant de rire doucement de sa présentation. Dit comme ça, sa vie avait l'air totalement déjantée, alors même qu'elle n'était rien d'autre qu'une successions d'événements réglés comme du papier à musique, et que l'encre avait simplement bavé un peu pour transformer une croche en pâté.
« Mes nerfs ont lâché parce que je n'en pouvais plus. Tu sais... J'ai dû supplier mes parents à genoux pour qu'ils me laissent venir étudier à l'université. Il n'était prévu que je sois au Japon que le temps de mon apprentissage des manières ancestrales des Japonaises de bonne famille... »
Nouvelle pause. Sa gorge se noua sous le coup de l'émotion, chaque instant lui revenant en mémoire, plus vivant que jamais, à mesure que les mots franchissaient ses lèvres, comme des diapositives diffusées sous ses yeux, à l'intérieur de sa tête.
« Un an. Il m'a fallu plus d'un an pour réussir à les convaincre d'accepter. Avec de lourdes contreparties en conséquence. Toujours être l'une des meilleures. Pas le moindre faux pas. Une réputation exemplaire. Des réceptions mondaines, des bals, des rencontres. Avec mon... Apprentissage... A côté. »
Elle eut un vague sourire, ses yeux plongés dans un passé assez peu appréciable qui la répugnait plus qu'autre chose, en fait. Cette vie ne lui convenait plus depuis longtemps. Elle finirait par s'en débarrasser d'un moyen ou d'un autre. Malgré la présence gênante d'Ethan qui venait compliquer les choses, bien qu'il n'ait pas plus demander qu'elle à être fiancé...
« J'ai beau être un peu sportive, je reste de constitution asez fragile. Le stress, la pression, les lubies de mes parents de vouloir me trouver un fiancé... Et la chaleur de la buanderie, l'angoisse d'être perdue et enfermée avec une nana glauque... Mon cerveau a switché. Je me suis écroulée, je me suis égarée dans les affres de la folie... »
And I had my heart beaten down, But I always come back for more, yeah. There’s nothing like Love to pull you up, When you’re laying down On the floor there So talk to me, talk to me, Like lovers do. Yeah walk with me, walk with me, Like lovers do, Like lovers do.
Folle. Oui. Sans l'être, elle risquait fortement de le devenir, si elle continuait de la sorte. Et elle n'avait pas encore abordé le pire. Le sang vint tambouriner contre ses tempes, battant vite et fort pour lui coller un début de migraine. Pourquoi avait-il fallu qu'elle naisse dans une famille pareille...? Sérieusement...? Soupirant une nouvelle fois, elle releva le regard vers lui, résolue, se serrant plus contre lui pour faire cesser les tremblements qui la saisissaient. Le froid de son âme se communiquait à son corps.
« Et il y a pire. Mes parents m'ont trouvé un fiancé. Ca doit se faire en février... »
La bombe était lâchée. Elle avait envie de pleurer. Elle craqua. Miya baissa le visage et laissa les larmes rouler sur ses joues, se déchargeant de sa détresse profonde et de ce mal-être qui la rongeait de l'intérieur. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Pourquoi n'avait-elle pas pu continuer sa petite vie avec Saden, pourquoi n'avait-elle pas pu fuir avec lui ? Découvrir les Etats-Unis ? Vivre de photographie...? Sa main remonta à son visage pour contenir ses tremblements et camoufler un joli reniflement dû aux larmes qui ne cessaient de couler. S'arrêtant en pleine rue, elle serra sa main un peu plus fort avant de relever un regard noyé vers lui, suppliante.
« Saden... Aide-moi... Serre-moi contre toi... N'importe quoi... »
What do you say To taking chances, What do you say To jumping off the edge? Never knowing if There's solid ground below Or a hand to hold, or hell to pay, What do you say, What do you say?
Sous la cascade de larmes qu'elle versait, elle réussit à articuler un pauvre sourire, tentant de lui communiquer tout son amour pour lui dans une tentative désespérée.
« Moi... Je ne voulais... Que toi... »
Don’t know much about your life And I don’t know much about your world...
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Jeu 31 Jan 2013 - 21:58
Si je tombe, si je tombe aimeras-tu encore le goût de mes lèvres? Si je sombre, si je sombre ta main sera-t-elle toujours dans la mienne? Est-ce que tu te relèveras de la vie que je mène Quand je rendrai les armes doucement sans éclats? Est-ce que tu seras là le jour de la défaite? Est-ce que tu seras là?
Evidemment qu’il voulait en parler. C’était bien pour ça qu’il l’avait entraînée à l’extérieur d’ailleurs, pour pouvoir parler, écouter, et surtout être sûr d’être capable de respirer en cas de nouvelle montée de pression. Parce que les endroits fermés, sans qu’il ne soit claustrophobe, le gênaient lorsqu’il sentait que le contrôle lui échappait. Et il n’était pourtant pas non plus du genre à vouloir tout contrôler, parfaitement capable de lâcher du lest et de prendre du recul lorsque le besoin s’en faisait sentir. Mais voilà. Miya changeait tout. Et Miya redonnait à ses émotions leurs couleurs d’antan.
Il garda un silence attentif, posant ses prunelles toujours inquiètes sur la jeune femme sans cesser de marcher. Il n’avait pas la moindre idée du genre d’évènements qui pouvaient aboutir à un coma. Les débuts d’une crise de nerf lui échappaient déjà, bien qu’il ait manqué en avoir un bref aperçu un peu plus tôt. Non, décidemment, il ne voyait pas ce qui avait pu pousser Miya aussi loin.
Le début de l’explication lui fit froncer les sourcils mais il s’abstint de commenter, attendant d’en savoir davantage pour s’autoriser à réagir. Jusque-là, la situation lui paraissait plus que banale. Il avait tendance à oublier également que tout le monde ne vivait pas les choses de la même manière et que ce qui pouvait lui sembler « normal » ne l’était pas forcément pour d’autres. Il se mordit la lèvre, levant un peu plus les sourcils lorsqu’elle reprit son récit.
Encore son rire et sa musique qui à lui seul pouvait faire taire mêmes les doutes les plus tenaces.
Le sourire qu’il était parvenu à former quelques secondes durant le placement de la situation s’éteignit lorsqu’elle entra dans le vif du sujet et sa main se referma sur la sienne comme pour pallier à la dureté des mots. Saden n’était pas fragile, il n’avait nul besoin qu’on le protège ou quoi que ce soit de ce genre, bien au contraire. Seulement, les choses voulant que tout ce qui venait de Miya le touche au centuple, il avait encore du mal à réguler l’intensité de ses réactions en sa présence. Normal en même temps quand on retrouve quelqu’un qu’on a chéri plus que tout durant des années. Des années qui, mine de rien paraissent, surtout à cet âge.
Sa mâchoire se contracta lorsqu’elle parla de ses parents et il retint l’injure qui lui monta dans la gorge. Pas son genre non plus de se laisser aller à parler n’importe comment. Pas en sa présence du moins. Mais bien qu’à l’époque il ait été trop jeune pour réaliser correctement la manière dont fonctionnaient les parents de Miya, il ne les avait jamais vraiment portés dans son cœur. Ce qu’elle lui racontait présentement ne faisait que venir confirmer ce sentiment. Avec une petite variante : aujourd’hui, il comprenait sans mal ce qu’elle pouvait endurer sous leur coupe.
Il avait de plus en plus de mal à se taire mais la laissa quand même parler en prenant sur lui pour ne pas l’interrompre, jugeant déjà le récit assez difficile à déballer sans qu’il ne vienne augmenter les difficultés en l’obligeant à développer ce qu’elle n’avait sûrement pas envie d’approfondir.
Il s’en voulait pour le coup de la forcer à se remémorer tout ça et se maudit en silence pour son insistance et son manque de tact. Mais bon, maintenant qu’elle était lancée, autant en profiter pour déballer le tout. Après tout, rien ne lui disait que Miya avait quelqu’un à qui elle pouvait se confier et faire part de tous ses tracas, ses doutes, ses désillusions, et ce que lui coutaient les efforts qu’elle était obligée de fournir.
Maintenant qu’une partie de la vie de Miya venait de lui être dévoilée, il ne pouvait se bercer d’illusions et faire comme si elle avait vécu de manière heureuse, non. Rien que pour ça, il en voulait à ses parents. Ouais, certains jours, l’impuissance aurait presque pu le faire étouffer.
De promesse en promesse, on ne fait que courir dans les ornières Si j'avance, si j'avance quelques mots que je terre Si je t'avoue qu'au fond mes silences sont autant de prières Je n'espère plus rien, enfin je crois Est-ce que tu seras là le jour de la défaite? Est-ce que tu seras là?
Il reporta son regard sur la route qu’ils parcouraient et s’amusa à les imaginer ailleurs, avec seulement ce chemin qui s’étend à perte de vue, sans obligation, sans contrainte. Un bien doux rêve, certes, mais un rêve pour le moment inaccessible. Si ça ne tenait qu’à lui, il l’aurait enlevée, tout simplement, mais pas sans être sûr de pouvoir lui offrir le meilleur et c’était encore loin d’être le cas.
Il hochait la tête, toujours sans rien dire, écoutant et assimilant les informations au fur et à mesure qu’elle les lui livrait et seul son visage qui se fermait trahissait la suite de sentiments qui le traversaient les uns après les autres. Il faillit s’arrêter lorsqu’elle fit allusion à une quelconque folie, pour la prendre dans ses bras, pour la réconforter, pour lui offrir sa présence, sa chaleur, tout ce dont elle aurait besoin pour remonter la pente, mais il ne le fit pas.
Il continua à marcher, pressant même un peu le pas pour les isoler encore plus du reste des passants. Il ne pouvait leur bâtir un monde sur mesure mais savait au moins comment faire pour l’emmener loin de tout le reste. Le dernier aveu lui arracha un sursaut nerveux et il manqua lui broyer la main alors que l’idée se faisait lentement un chemin jusqu’à son esprit déjà embrouillé pour aller rejoindre le reste. Bordel, il avait beau avoir sciemment décidé de ne s’épargner aucun détail, la goutte d’eau qui ferait déborder irrémédiablement le vase se rapprochait inexorablement.
Il sentit plus qu’il ne vit les larmes qui roulèrent sur ses joues et s’arrêta en même temps qu’elle, dans une synchronisation parfaite. Il n’attendit pas sa demande pour la serrer vivement contre elle, noyant le trop plein d’émotion qui lui serrait de nouveau la gorge en enfouissant le nez dans le bonnet de Miya.
Il resta là un bon moment, tâchant d’endiguer le flot de ses sanglots et ce n’est que lorsqu’il la sentit enfin se calmer un peu qu’il recula son visage, desserrant légèrement l’étau de ses bras pour la regarder. Il éleva une main à son visage, lui releva doucement le menton après avoir chassé les larmes maculant ses joues du bout du pouce et approcha lentement son visage du sien.
Il la dévisagea trois longues secondes, puis avança ses lèvres jusqu’à les écraser sur les siennes alors que sa main, libérant son visage, revenait se nicher au creux de ses reins. Il l’embrassa en mettant dans ce contact tout l’amour dont il était capable, retenant à grande peine l’ardeur qui le poussait à forcer le fin barrage de ses dents pour lui dévaster la bouche d’un baiser brûlant et possessif. Il se retint. Mais pas longtemps.
Dans les murs que je dresse Devant l'ombre qui s'avance Au moment de la dernière scène A la fin de la romance Est-ce que tu te relèveras de la vie que je mène Quand je rendrai les armes doucement sans éclats? Est-ce que tu seras là le jour de la défaite? Est-ce que tu seras là ?
Il ne tarda pas à la serrer un peu plus fort alors qu’il envoyait sa langue trouver la sienne pendant que sa seconde main remontait lentement le long de son dos pour aller se glisser dans ses cheveux, jusqu’à ce qu’elle les débarrasse du bonnet sous lequel ils étaient retenus.
- « Sais-tu combien je t’aime ? » lui murmura-t-il sans même mettre fin à son assaut.
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
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Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Ven 1 Fév 2013 - 0:19
Sometimes I feel like Everybody's got a problem Sometimes I feel like Nobody wants to solve them I know that people say We're never going to make it But I know we're going To get through this
Les larmes coulant sur ses joues avaient un goût doux et amer à la fois. Les bras de Saden l'entouraient avec douceur, lui prodiguant chaleur et réconfort, faisant percer une lueur d'espoir en elle. Tout n'était peut-être pas perdu... Il était doux. Il était tendre. Il était tout ce qu'elle avait toujours imaginé qu'il resterait. Sous ses yeux à la vue brouillée se dessinait nettement l'image d'un jeune homme magnifique la serrant contre lui avec amour. Dur à croire, pourtant si réel. Pour un peu, elle se serait laissée aller tout contre lui, bercée par les ondes positives qui émanaient de lui. Elle aurait fermé les yeux, ronronné légèrement, et aurait sombré dans un sommeil lourd, heureux, empli de rêves kitsch aux papillons multicolores pour se réveiller le lendemain matin, fraiche, belle, rayonnante. Seule, car tout n'aurait été qu'un rêve. C'en était peut-être un, au fond ? Elle n'avait toujours pas su déterminer s'il s'agissait de la réalité ou non. Pourtant, sa chaleur et sa douceur semblaient vrais. D'autant qu'elle n'avait connu que rarement la beauté d'une étreinte, même fugace, aussi poignante et intense.
Mais il ne lui laissa pas le loisir de prolonger le rêve - belle illusion fragile - et lui vola son menton tremblant, son regard se séchant quelque peu. Heureusement pour elle, elle avait investi dans le maquillage waterproof. Sans quoi, au vu de toutes les émotions de la journée, elle aurait fini avec un visage bariolé de rose, de vert et de noir. Miya serait devenu un Picasso, de faciès. Charmant, vraiment. Surtout face à son amour de jeunesse, qui la fixait de façon intense, déstabilisante, lui faisant se mordiller rapidement la lèvre inférieure en se demandant bien ce qui pouvait se passer exactement dans sa tête, ses yeux semblant trop bien refléter son intention pour qu'elle puisse y croire. Et pourtant... Une détonation violente eut lieu dans son cerveau lorsque leurs lèvres se rencontrèrent comme dans un crash, furtivement, intensément. Avec le désespoir d'un condamné à mort voulant goûter à l'amour pour une dernière fois, quand il s'agissait, à elle, de sa première fois. Personne n'avait jamais osé, personne n'avait jamais pu. Le baiser qu'ils auraient dû échanger huit ans plus tôt avait finalement lieu, grillant ses neurones sous le coup de la décharge, pour ne lui laisser en mémoire que trois choses : Saden. Elle. Baiser.
Close your eyes and Please don't let me go Don't, Don't, Don't Don't let me go now Close your eyes Don't let me let you go Don't, Don't, Don't
« Aaah... »
Un murmure, un souffle, une réponse à sa propre question alors qu'il l'entrainait dans un tourbillon de nouvelles sensations lui arrachant frisson sur frisson. Elle sentit son bonnet tomber à terre, découvrant ses cheveux qui s'envolèrent légèrement sous la brise présente, ne s'en formalisa pas. Plus rien ne comptait sur le coup, si ce n'était eux deux au milieu d'une rue très peu - trop peu - fréquentée. Tout semblait fondre sous le baiser qu'il lui imposait, y compris elle-même, tatonnant doucement pour prendre ses marques en répondant progressivement à son assaut de son propre chef, brûlante de passion et d'amour trop longtemps contenu. Oui, ils étaient différents, avaient vécu d'autres choses. Ils se laissaient happer dans une capsule temporelle, revenaient en arrière, sans savoir si tout serait pareil. Mais, qu'importait. Là, tout de suite, tout était bien...
Glissant ses doigts le long de son manteau pour l'agripper au niveau du dos, comme suspendue à lui, elle appuya un peu plus ses lèvres contre les siennes, cherchant plus de contact physique, de proximité. Ses doigts dans ses cheveux, son odeur, tout. Tout la rendait folle. Elle l'aimait, elle aimait ce qu'il lui faisait, l'effet qu'il lui procurait. Les yeux fermés, elle imaginait son visage, beau, calme, apaisé, si près du sien, mais pas encore suffisamment. Frissonnant de plus belle, elle s'avança pour se plaquer totalement lui, comme si elle avait peur qu'il ne disparaisse pour toujours. Cette fois, elle le savait, elle ne rêvait pas. Des lèvres, elle n'en avait jamais goûté, et celles de Saden avaient un parfum totalement indescriptible et impossible à imaginer, même avec tout le génie de tout le cerveau humain. Une saveur ennivrante. A rendre accro dès la première perception. A ne plus vouloir le lâcher, pour le garder, encore et encore, afin de s'en rassasier, tout en sachant qu'il n'y aurait jamais de fin à une telle ivresse. Trop de temps s'était écoulé entre leurs doigts, le sable s'étant échappé à trop grande vitesse, pour qu'elle le relâche maintenant. Tant pis, elle crèverait sous ce baiser s'il le fallait, mais elle ne le romprait pas.
Take my hand tonight Let's not think about tomorrow Take my hand tonight We could find some place to go Cause our hearts are locked forever And our love will never die Take my hand tonight One last time
Pourtant, il le fallut bien. Ne serait-ce que le temps de respirer, un court instant. Séparant leurs lèvres à contrecoeur, elle entrouvrait à demi les yeux, laissant filtrer le vert de ses prunelles, pour lui lancer un regard langoureux, un sourire presque prédateur aux lèvres. Toujours serrée contre lui, elle lui souffla un :
« Au moins autant que toi... »
Avant de pencher légèrement la tête sur le côté et de poser à nouveau ses lèvres sur les siennes, avec une feinte douceur, pour lui laisser une nouvelle fois l'iniative proesque totale du baiser, y ayant rapidement pris goût. Encore, encore, encore. Et les séparer une nouvelle fois, narquoise, afin de ramasser son bonnet, comme s'il s'agissait de l'intérêt principal de l'instant, afin de ne pas le laisser trainer sur un tas de neige à demi fondue. Oui, malgré tout, elle restait une princesse capricieuse, et aimait faire tourner son monde en bourrique. Pour une fois, elle se sentait ardemment désirée, et répondait à ce sentiment avec autant de passion - en témoignait le premier baiser échangé. Le pire était sûrement qu'elle était fière de jouer ainsi. Alors qu'ils avaient perdu 8 ans de leur vie l'un sans l'autre. Paradoxal ? Totalement. S'il la voulait tant que ça, qu'il vienne la chercher, elle était à portée de main...
Le glissant furtivement dans son sac, elle releva le nez, souriant toujours plus ou moins, et effleura intentionnellement ses lèvres tout en glissant sa main dans la sienne pour la presser avec force, volontairement, bien que peu costaude, pour lui signifier son envie de continuer.
« Tu ne m'as presque rien dit, toi... »
Comme s'ils avaient envie de parler, présentement, tiens...!
The raindrops The tears keep falling I see your face and It keeps me going If I get lost your light's Going to guide me And I know that You can take me home You can take me home
Relevant un regard doux vers lui, elle lui sourit, franchement, sentant son coeur inonder sa personne entière d'un mélange de joie, d'excitation, d'euphorie et d'adrénaline. Revenant se presser contre lui, elle embrassa son cou, en laissant sa main libre venir tracer un caresse du bout de l'index, telle une arabesque aérienne nécessitant la plus grande minutie pour transformer un simple trait en chef d'oeuvre. Ses lèvres soufflèrent son air expiré contre sa peau, juste où ses lèvres s'étaient posées pour la mordiller, dans l'espoir de lui arracher un frémissement, à son tour. Il n'était pas juste qu'elle soit la seule à se transformer en hérisson à chaque fois qu'il la touchait. Autant dire, tout le temps. Finissant par nicher son visage au creu de son cou, juste au-dessus de la clavicule, elle soupira, de manière volontairement forte, histoire de l'embêter encore. La taquinerie lui avait manqué, à elle. Qu'en était-il de lui...? Fermant les yeux, elle sourit légèrement, le coin de ses lèvres à peine retroussé, et glissa ses deux bras autour de sa taille, furtivement, afin d'exercer une légère pression sur lui et le garder près d'elle. Il n'était plus question qu'elle le laisse partir. Non. Ce soir, elle le gardait totalement. Exclusivement. Même Andrew n'aurait pas le loisir de le voir. Elle ne dirait pas où elle était. Ou elle mentirait. Elle savait le faire, lorsqu'elle le souhaitait. Elle demanderait à être tranquille, sur un ton tellement sérieux qu'il ne pourrait qu'obéir. Oui, elle serait seule avec son amour d'enfance, fraichement renoué. Lui, il pourrait tout lui demander, elle le présenterait sur un plateau d'argent.
« Tout ce que tu veux prendre, prends-le. Tout, tout est à toi... »
The city sleeps and We're lost in the moment Another kiss says We're lying on the pavement If they could see us They would tell us That we're crazy But I know they Just don't understand
Saden rouvrit les yeux, comme perdu l’espace de quelques secondes, temps qu’il fallut à ses prunelles pour retrouver leur entière vivacité. C’était comme se trouver au sortir d’un rêve, le corps encore frissonnant et le gout particulier des instants volés au nez et à la barbe de la réalité adhérant aux lèvres.
Il ouvrit un sourire en captant son regard, la ramenant brusquement tout contre lui alors qu’elle revenait capturer ses lèvres. Il la laissa faire, à mi-chemin entre l’amusement et le désir, ne se lassant pas de découvrir encore et encore cette saveur si particulière dont il avait trop rêvé.
Haussant un sourcil en la voyant récupérer son bonnet, il laissa l’amusement prendre le pas sur l’envie, pour cette fois, portant sur elle un regard aussi amoureux que protecteur en oubliant sans trop de mal la dureté des annonces qu’elle lui avait faites un peu plus tôt
Il referma sa main sur la sienne et hocha doucement la tête, lui rendant son sourire sans prendre la parole pour autant. Encore un peu de ce silence, de cet éphémère dont ils avaient tout compte fait à peine profité. Encore un peu de toi, Miya, et de moi également. Encore un peu de tout ça.
Il ferma les yeux lorsque le contact doux des lèvres de la jeune femme se fit sentir dans son cou alors qu’un bref frisson le secouait et il rabattit une de ses mains dans ses cheveux, les caressant doucement.
Il aurait pu rester là 1 000 ans, les paupières closes et le corps de Miya contre le sien. Il s’autorisa un rire quand le soupir lui vint aux oreilles et recula légèrement le visage en se composant un air faussement désapprobateur :
- « Eh bien ? Mademoiselle n’est pas heureuse dans mes bras ? Mmmh ? »
Son sourire s’étendit quand elle passa ses bras autour de lui et il envoya son pouce lui caresser la joue, lui assurant ainsi que non, non, rien ne le ferait plus partir. L’ensemble de ce qui composait leur relation lui avait manqué, ce qui était assez compliqué à gérer étant donné que le vide se trouvait brusquement comblé au point que le débordement menace.
Il n’avait pas répondu à sa question, pas encore décidé à rejoindre la dimension d’une discussion normale et presque banale. Il voulait continuer à évoluer hors du temps, avec elle, hors d’atteinte. Il planta de nouveau ses prunelles dans les siennes, puis souffla d’un ton taquin ne suffisant pas à démentir le sérieux de ses mots :
- « Alors je te prends toi. Toute entière. Et je te garde, en bon égoïste, et tant pis pour les autres. »
Il renvoya une main au visage de la jeune femme, écartant deux mèches blondes échouées sur sa joue et, serrant sa main un peu plus fort, l’invita à reprendre leur promenade. Elle voulait donc à son tour entendre ce qu’avait été sa vie loin d’elle ? Bien. Il ne savait pas vraiment par où commencer, résumer un pan entier d’existence se révélant bien plus ardu que prévu, mais il se lança d’une voix égale :
- « Quand mes parents se sont séparés, j’ai eu du mal à comprendre ce qu’il se passait vraiment. C’est chaud de se mettre à la place d’adultes et d’essayer de comprendre leurs décisions. J’ai essayé, mais sans succès. Alors j’ai rangé ça dans un coin de ma tête, tu vois, à l’abri, pour ne me concentrer que sur le plus important, à savoir mon avenir. Je n’ai jamais oublié pourtant, et je n’ai jamais cessé de repenser à toi… Parce qu’outre le fait que je tenais déjà à ta personne plus que de raison, tu étais vraiment celle qui comptait le plus dans ma vie, et cet amour-là allait bien au-delà de ce que les adultes peuvent prévoir, je pense… »
Il marqua une pause en s’humectant les lèvres, s’assurant d’une brève pression de ses doigts sur la main de la jeune femme qu’elle ne le lâcherait pas et continua :
- « J’ai fait des expériences, les States, c’est vraiment très différent de la France, mais aussi d’ici. C’est une sorte de jungle urbaine en fait, j’sais pas trop comment dire ça. Y’a de tout, dans tous les sens, et avant que ma mère ne trouve un endroit cool, on a passé pas mal de temps dans la banlieue d’une grande ville. Faut savoir se faire une place, se faire accepter, reconnaître les coups d’main des coups d’pied, c’est pas évident. J’pense que c’qui m’a tenu loin des drogues et autres tentations du genre c’était l’énergie que j’mettais dans mon boulot. Tout l’temps en cours ou en train d’étudier, c’qui laisse peu de temps pour les loisirs et le laisser-aller. Enfin au début. Quand on a déménagé, la ville était bien plus petite et bien plus tranquille, alors j’ai passé moins de temps dans ma chambre et plus à l’extérieur. Enfin voilà, franchement j’pourrais résumer mon absence par ces trois mots Miya : travail, expérience, manque. »
Ouais, il avait omis certains détails, forcément, mais ils viendraient plus tard. Balancer une foule d’informations pêle-mêle et voir ce que l’autre comprend, ressent, déduit, interprète. Il n’avait pas plus que ça envie de fournir le moindre développement de toute façon, car la pensée qui était revenue prendre la tête d’affiche dans sa tête nécessitait une réponse urgente.
Il tourna la tête vers sa compagne, se mordant la lèvre inférieure en hésitant quelque peu, puis lança finalement en détournant le regard, revenant fixer le chemin :
- « Parle-moi donc de ton… Fiancé ? Qui est-il ? Comment ça s’est fait ? Comment tu le vis ? »
Finalement, cette donnée n’étant pas du fait de Miya elle-même, elle le choquait bien moins que ce qui touchait personnellement la jeune femme, comme son coma par exemple. Mais ce n’était pas pour autant qu’il la laisserait esquiver le sujet, ne serait-ce que pour lui apporter un peu de réconfort si le fait énoncé s’avérait aussi compliqué que ça à supporter.
Etrangement il ne s’inquiétait pas, ne se doutant pas une seconde que la jeune femme ait pu réellement tisser un lien avec l’intéressé. Pour lui, ce n’était qu’affaire d’arrangement entre famille et ça n’incluait donc aucun sentiment, de la part de l’un ou de l’autre.
Miya Chanteclair ▼ Civil - Fleuriste
Genre : Age : 32 741 Multicompte(s) : Chaque chose en son temps, mon petit chou. ♥
KMO :
Sujet: Re: Un morceau d'étoile. [pv Saden] Mer 13 Fév 2013 - 23:18
Some things we Don't talk about, Better do without and Just hold a smile Falling in and out of love Ashamed and proud of Together all the while
Un sourire, doux, léger, vint s'esquisser contre sa peau alors qu'elle relevait le regard vers lui, une pointe de tristesse dans le regard. Petite chose fragile, elle l'observa du coin de l'oeil en profitant de sa douce caresse, blottie dans son cocon de chaleur, se protégeant du froid hivernal extérieur reprenant progressivement le dessus sur son coeur. Il semblait déjà loin, son ancien Dominique, alors qu'il était plus proche que jamais. Comme si le passé ne voulait pas s'extirper de sa carapace temporelle pour devenir le présent; Dominique n'était plus, et il faudrait faire avec Saden, le nouveau. Heureuse, dans ses bras, elle l'était pleinement. Elle ne lui permettrait pas d'en douter, ou d'en rire, même sur le ton de la taquinerie. Trop d'émotions et de sentiments s'étaient bousculés en elle jusqu'à cet instant fatidique pour qu'elle soit pleinement capable de faire la part des choses et de laisser le ton léger être uniquement léger, sans y ajouter une note grave pour faire couler son humour et l'évoluer vers un reproche bien plus que justifié; tout du moins dans son esprit. Il avait vu juste, elle n'aurait pas dû le lâcher. Elle aurait dû rester sagement contre lui jusqu'à ce que le temps lui-même décide de les séparer par son flot impétueux de caprice intempestif.
Un regard tremblant se releva vers lui, prunelles flottant dans un bain d'incertitude la plus totale, pour finir par lui arracher furtivement une ombre de sourire, donnant un air grave à son visage, l'habillant trop lourdement pour que la joie de la déclaration venant de lui être faite puisse pleinement paraitre. Oui, qu'il prenne tout, puisqu'il en avait le droit. Elle le suivrait où bon lui semblerait. Sa peau frissonna sous sa main, lui faisant fermer les yeux pour mieux apprécier la sensation créée par ses doigts et la plonger un court instant dans un vide total où seul ce contact avait gardé vie, le prolongeant indéfiniment par sa seule volonté. Jusqu'à rouvrir les yeux sous l'impulsion de ses mêmes doigts descendus sur sa main pour l'inciter à reprendre la route, ensemble, embaumant son coeur de chaleur pour faire fondre la couche de neige fraiche venue s'y déposer quelques instants auparavant; sensible à chacun de ses faits et gestes au point de pouvoir la faire plonger de vie à trépas en une fraction de seconde pour la ressusciter, plus vivante que jamais, l'instant d'après. Lui emboitant le pas, ils se mirent à marcher tranquillement, rejoignant la rue principale où le calme commençait à se faire à mesure que la nuit tombait, désemplissant quelque peu le lieu de la foule diurne s'y étant trouvée jusqu'à peu de temps auparavant.
You can never say never While we don't know when But time and time again Younger now than We were before Don't let me go Don't let me go Don't let me go
Ses pupilles, agrandies par le noir environnant, ne cessaient de se poser ça et là sur le corps de Saden, attrapant un détail à chaque analyse rapide, pour graver dans sa mémoire son profil de beauté avec son nez taillé parfaitement au centre de son visage, la vivacité de son regard brun, ses longs cheveux, semblant aussi doux que de la soie, se balançant au rythme de l'ondulation créée par ses pas; son cou dévoilé parfois, allant jusqu'à montrer une oreille coquine jouant à se cacher du fait du froid, ses épaules carrées et musclées qui l'enserraient si bien contre lui pour ne sembler jamais vouloir la relâcher et prolonger leur étreinte jusqu'à l'infini. Sa taille, devinée partiellement, féline, sculptée dans l'argile, son torse puissant lui offrant assurance et réconfort. Ses longs bras chauds et caressants, donnant sur des mains tout bonnement fascinantes; l'une enserrant la sienne avec tant de volonté et d'amour qu'elle en rougit subitement au point d'enfoncer son visage dans son écharpe jusqu'aux yeux. Miya semblait réaliser tout à trac qu'elle donnait l'impression d'être en couple avec Saden, chose qu'elle n'aurait jamais pu imaginer possible jusqu'alors. Chose qui restait matériellement impossible au vu des fiançailles arrivant à grands pas, lui retombant également sur le coin du nez pour lui rappeler qu'elle n'avait pas voix au chapitre et devrait certainement se raisonner pour abandonner tout espoir afin de partir faire sa vie, pourtant encore confuse, avec Ethan Matthews.
Son regard se détacha à regret de sa personne pour se poser sur l'horizon, arborant un air pensif, afin de se forcer à se concentrer sur sa voie et saisir chaque mot afin de ne pas rater la moindre syllabe prononcée. Lui non plus, il n'avait pas oublié. Il n'avait pas pu. Alors, ils avaient tous deux agi de la même manière, en rangeant les beaux souvenirs dans un coin de leur mémoire, comme un enfant finissant par entasser ses beaux jouets dans un carton avant de les remiser au grenier. A la seule différence qu'en grandissant, ils avaient tout gardé vif dans leur mémoire, ressortant régulièrement les souvenirs rutilants en faisant attention à ne pas les laisser prendre la poussière, espérant un jour pouvoir leur redonner pleine & entière vie. Il avait beaucoup travaillé, aussi. Comme elle. Miya s'était abimée dans le travail, ayant fini par se résigner afin de ne pas se laisser ronger par le désespoir et se laisser dépérir; sa volonté d'enfant étant alors résolue à retrouver son amour d'alors pour en faire son véritable prince charmant et l'épouser un jour. Ironie du sort, elle était destinée à un autre genre de prince. Prince de la dernière génération, à savoir pas du tout charmant : narcissique, calculateur, froid, hermétique, semblant contenir une personnalité de feu ne demandant qu'à déborder pour déverser le trop-plein de violence créé par les émotions masquées.
Picture you're Queen of everything As far as the eye Can see under your command I will be your guardian When all is crumbling I'll steady your hando
Tressaillant à sa question, elle leva un regard inquiet vers lui, ne comprenant définitivement pas pourquoi il s'obstinait à remuer dans la plaie à vif le couteau à la lame empreinte de moments négatifs de la vie, sans distinction passée, présente ou future. Retournant s'abimer en contemplation des pavés sur lesquels elle posait les pieds tour à tour, un air peiné et attristé au visage, elle prit une légère inspiration qui se finit par un soupir. Ethan était... Ethan.
« Fiancé, pas encore. Futur. Avec espoir d'en faire un futur ex futur. »
Marquant une pause, elle sentit ses lèvres se retrousser en un petit sourire malicieux, sachant qu'Ethan pensait tout aussi bien la même chose au même instant. Lui non plus n'avait pas eu l'air ravi à l'annonce de la nouvelle, bien qu'en humanoïde robotisé de dernier cri, il n'ait pas laissé paraitre la moindre colère, le moindre dérangement. Juste une profonde indifférence ayant fait un peu plus mal à la jeune femme.
« Ethan Mathews. Métisse, comme toi. Populaire sur le campus, facilement identifiable à son Audi. Un caractère de cochon; froid et impitoyable, tranchant profondément avec son physique en attirant plus d'une... Voire plus d'un. »
Sortant sa main libre de sa poche, elle en extirpa son téléphone portable, partant à la recherche de son dossier 'photographies' devant bien contenir au moins une image de lui, afin de permettre à Saden de mettre un visage sur le nom qu'elle venait d'énoncer. Peut-être l'avait-il même déjà croisé, d'une manière ou d'une autre; bien que le campus soit vaste, le réseau de 'populaires' était facilement identifiable, et, par là même, tout le monde se connaissait au moins de nom et de vue. Poussant une légère exclamation de joie teintée de satisfaction lorsque son pouce fit défiler sa galerie pour la faire atterrir sur une photo d'Ethan tout à fait sobre et ronchon, elle tendit le téléphone sous le nez de Saden, ne le lâchant pas pour autant, le mettant à portée de ses yeux.
« Voilà la tête de mon futur bourreau. Ca te dit quelque chose ? »
Laissant son regard dériver une nouvelle fois sur le chemin qu'ils empruntaient sans songer à imprimer le parcours effectué afin de ne pas se perdre, elle attendit sagement une réaction de la part de son... Ami ? Amour ? Tout en reprenant la parole dans un nouveau soupir.
« Je le vis mal, évidemment. Je ne suis pas du genre à vouloir me marier à n'importe qui pour le simple fait de faire plaisir à mes parents et leur permettre de tout faire concorder selon leurs plans. D'autant qu'Ethan est une bourrique. Insupportable. »
We're pulling apart and Coming together Again and again We're growing apart But we pull it together Pull it together Together again