₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 9 Oct 2011 - 16:01 | |
| ATTENTION !!! Il y aura plus tard dans ce topic, des scènes de nature sexuelle entre deux femmes des plus explicites. Ces scènes, si elles seront brèves, pourraient sans aucun doute choquer certain. Vous êtes prévenus.Sinon, petite note, ce topic ne parlera pas seulement de Renna et de Myra, mais aussi de Star, un personnage que je jouerais. « Je hais ce fichu monstre aux yeux verts. »
La réplique tomba, mortelle, dans le brouhaha des environs sans que personne n'y fasse attention. Quelques regards curieux se posèrent sur la silhouette qui venait d'exprimer la dite réplique, mais retournèrent bien vite à leur verre, peu intéressés par les raisons qui avaient poussées la jeune dame à laisser passer ce genre de propos. La dite jeune dame était perchée sur un tabouret devant le comptoir du bar et semblait éprouver un plaisir certain dans l'acte de regarder fixement le contenu de sa coupe à martini en fronçant les sourcils d'un air ennuyé. Son index et son pouce jouaient presqu'inconsciemment avec une petite épée de plastique qui tenait captive une cerise bien rouge dans le liquide de son verre. Elle faisait tournoyer doucement la dite cerise en roulant l'épée entre ses doigts, ses iris bleutés ne lâchant pas une seconde le spectacle. Quiconque aurait pu penser que la dame était malencontreusement bien trop embrumée par le contenu de son verre pour réaliser qu'elle venait de dire à voix haute ce qu'elle pensait. En fait la vérité était qu'elle n'était aucunement saoule, seulement il lui avait semblé important de lâcher dans le vide interstellaire sa frustration du moment. Après tout, le lieux portait aux confessions, tout du moins c'était ce que le barman lui avait fait comprendre quand il s'était appuyé sur le comptoir devant elle et qu'il avait dit d'un ton blasé que si elle cherchait une oreille attentive, il était bien présent. Apparemment les gens semblaient souvent le confondre avec un thérapeute. Elle avait bien entendu chassé l'homme d'un regard plus que frigide qu'il avait du ressentir bien profondément dans son être, vu la vitesse avec laquelle il s'était éloigné. Il était rare qu'un lieu tel que celui-ci attire dans ses griffes, une personne comme Renna Maria Johnson. D'ailleurs, quelconque la connaissant aurait certes été plus que surpris de la voir dans les lieux. Il était tout de même étrange de voir une enseignante qui préférait la solitude et un bon livre au chahut d'une vie sociale trop remplie dans un bar un soir de fin de semaine, quand la plupart des gens étaient justement eux aussi sortis dans ce dit bar. Mais elle avait eu besoin de fuir son studio dans les plus brefs délais et avait eu la soudaine envie de jouer les impulsives, une activité dangereuse quand elle était concernée. Non pas que Renna soit du genre à ne jamais sortir pour une petite soirée de plaisir, sa garde robe bien fournie en robes de soirées plus que sensuelles le prouvait bien, seulement il était inhabituel pour elle de se tenir dans ce genre d'endroit quand elle était dans cet état.
Et bien entendu, qui disait réaction inhabituelle chez la dame, impliquait aussi Myra Jefferson dans le lot. Après tout c'était bien à cause d'elle qu'elle se trouvait là, sur son tabouret à martyriser une pauvre cerise bien rouge. Cela faisait maintenant deux semaines que la jeune femme résidait avec elle dans son studio. Deux semaines de pur martyr, de cauchemars et de frustration infinie. La vérité était que Renna était au bout de son rouleau. Elle poussa d'ailleurs un soupir et se pinça l'arrête du nez pour bien illustrer cette idée, l'absence de lunettes sur son visage n'entravant pas ce mouvement. Il était rare de voir la dame se promener sans lunettes, pour la simple et unique raison qu'elle déteste les verres de contact. Elle les trouvait inconfortables et diablement peu pratiques. Mais en cette soirée, Renna avait eu la soudaine envie de devenir irrésistible, impulsive et complètement laissée à ses émotions. De devoir sans cesse se garder et jouer les renfermées devant son étudiante n'avait pas manqué de la frustrer horriblement. C'était une situation cauchemardesque, l'enseignante devait, depuis cette fatidique soirée au restaurant, n'afficher aucune émotion qui permettrait à Myra de deviner son trouble intérieur face à sa personne. En même temps, elle n'avait pas pu malgré ses plus grands efforts redevenir cette peste qu'elle était auparavant avec la jeune femme, pour deux bonnes raisons : la première étant qu'elle n'en était tout simplement pas capable, cela allait tout simplement contre tous ses désirs et la deuxième était qu'elle ne le pouvait pas parce que cela voudrait dire une faille dans leur entente. Cela voudrait également dire que melle Jefferson fuirait sa présence sans demander son reste et elle n'était également pas prête à accepter cette fuite. En clair, en résumé, elle ne savait plus quoi penser. D'une part elle voulait que la jeune femme quitte sa vie pour ne plus jamais revenir et de l'autre elle voulait la garder près de sa personne pour toujours. C'était diablement frustrant, d'autant plus que bien souvent le fait qu'elle n'arrivait pas à contrôler ses émotions en sa présence donnait lieu à des explosions de colère frigide qui se terminaient en une Myra en colère qui lui claquait la porte de sa chambre au nez. Un autre élément de frustration, était la montée puissante des effets de Myra Jefferson sur sa personne. Renna était de plus en plus consciente de la beauté et de la sensualité de son être, ce qui ne l'aidait pas du tout dans ses efforts de retenue sentimentale. Cette pensée causa chez elle un grognement et elle vida son verre d'une traite, tapotant la surface pour faire signe au barman qu'elle en désirait un autre.
Justement, elle avait décidé de fuir son studio en toute hate quand une autre engueulade enflammée s'était produite entre les deux jeunes femmes et qu'elle avait eu très soudainement envie de faire taire melle Jefferson avec ses lèvres. Bien entendu, cette solution des plus inacceptable l'avait conduite à laisser l'élève en plan au beau milieu d'une réplique et de s'enfermer dans sa chambre où elle se changea avec rapidité dans un ensemble des plus aguicheurs. La robe de tissus moulant d'un rouge saisissant au décolleté plongeant et aux bretelles tombantes sur ses épaules était on ne peut plus révélatrice sur sa personne, mais elle la portait avec merveille. Le fait que la dite robe se termine à la mi-cuisse aidait aussi à rendre l'aspect sensuel sur sa personne. Mais sans doute que Myra avait eu un choc en voyant son enseignante sortir de sa chambre ainsi accoutrée et maquillée avec soin, sans ses lunettes. Melle Johnson était ensuite partie, sans un mot, sans un regard en claquant la porte d'entrée. Maintenant la voilà qui était sur son tabouret à noyer ses frustrations dans un verre de martini aux pommes sans plus de cérémonie. Mais elle était déterminée à terminer sa soirée entre deux cuisses féminines bien chaudes, car elle avait cette théorie que sa nouvelle frustration pour Myra était due au fait qu'elle n'avait pas eu de sexe depuis bien trop longtemps dans sa vie. Il fallait rectifier cela, et bien vite. Il y avait une chose que melle Jefferson ne savait pas sur elle, c'était que si elle le désirait, elle pourrait avoir n'importe quelle femme dans son lit. La combinaison du regard sévère et de la confiance sournoise en elle-même attirait bien des conquêtes. D'ailleurs, Renna épia une jolie brune qui lui faisait des regards enflammés dans un coin de la pièce. Elle s'extirpa de son siège et se dirigea vers la dame, sourcil levé. Ceci allait être une magnifique soirée. ***** Loin de cette scène bruyante située dans un coin chic de la ville, une jeune femme accoutrée des plus indécemment trottinait avec joie vers son lieu de destination, souriant farouchement aux passants et offrants quelques commentaires choquants à ceux qui persistaient à la dévisager avec trop d'insistance. Elle battit même des cils à un homme qui marchait avec sa femme et qui semblait aimer un peu trop la manière dont son chandail à paillette bleutés montrait sans équivoque sa poitrine moindre. Voyant l'agacement de la femme, elle gloussa et offrit un baiser soufflé à l'homme qui vira au cramoisi avant de détourner prestement le regard. La jeune femme s'esclaffa de rire, choquant quelques passants. Il est vrai qu'il était rare de voir quelqu'un laisser libre court si aisément à ses quintes d'amusement et avec autant d'enthousiasme, mais la jeune femme ignora comme à son habitude les regards méprisants tout en continuant son chemin. Son haut presque'indécent se terminait au dessus de son nombril, affichant un joli anneau argenté dans celui-ci et un ventre plat. Plus bas, une jupe monstrueusement courte et moulante mettait l'emphase sur ses fesses rebondissantes et ses jolies cuisses bien en forme. Des bas résille finissait son accoutrement choquant ainsi que des bottes cuissardes noires à talon haut qui se terminait en devant pointu. La jeune femme attendait à l'instant au coin d'une rue, chantonnant pour elle-même en se balançant sur ses pieds, son visage maquillé avec trop d'application enjolivé d'un sourire goguenard. Elle observa sans timidité le visage de l'homme à ses cotés et quand celui-ci lui offrit un regard scrutateur, elle lui fit un grand sourire et s'empara de son chapeau noir de cowboy sans plus de cérémonie, traversant la rue d'un pas rapide. L'homme la fixa un long moment en battant frénétiquement des cils, se demandant ce qui venait de se passer. La jeune femme était déjà en train de s'avancer vers un bâtiment en particulier avec un large sourire sur ses lèvres, son nouveau bien perché au sommet de ses longs cheveux ondulés et épais. Enfin, elle entra à l'intérieur et alla s'appuyer contre le comptoir, offrant à la jeune fille une vue prenante sur sa poitrine.
« Hello daaarling ! Tu sais si Ren-chan est là ? » « Star, qu'est-ce que je t'ai dis la dernière fois ? » « Hmm... Laisse moi m'rappeler... Que t'étais pas à mon service et que si j'voulais savoir ce genre de chose j'avais qu'à vérifier moi-même ? » « Précisément. » « Mais rooooh aller quoi ! Et si ch'te fais un bisou ? » « Bon sa va, je sais pas, je viens juste de commencer à travailler. Ouste aller. » « Merci, t'es un amoooour <3 ! »
La jeune femme se donna un élan en se poussant sur la surface du comptoir, offrit un baiser sur la joue de celle à qui elle venait de s'adresser et trottina jusqu'à l'ascenseur sans plus de cérémonie, tout sourire. Une dame qui se trouvait dans le hall à cet instant lui jeta un air dédaigneux et ahurit en notant sa tenue clairement inacceptable dans un tel milieux. La supposée Star lui offrit un grand sourire et lui fit un signe de la main tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient, outrant profondément la dame qui offrit un regard accusateur à la réceptionniste. Celle-ci offrit un sourire faible à la dame avant de retourner aux pages de son magasine et de reprendre son air blasé. Quelques minutes plus tard, une jeune femme chantonnante se dirigeait vers sa destination en gambadant joyeusement sur ses talons, un exploit ma fois fort difficile à dupliquer. Une fois devant la porte tant recherchée, elle toqua joliment à celle-ci avec un rythme joueur avant de dire sur un ton chantant :
« Ren-chaaaan, ouvre-moi s'il-te-plait, j'ai perdu ma clef dans les égouts en sortant de chez mon client. »
Voyant que la porte ne s'ouvrait toujours pas, elle battit des cils un moment en se mâchouillant la lèvre, puis fit la moue et flanqua un coup de talon à l'object détestable.
« Maaaaais t'es pas drôle ! Aller quoi, j'te promet d'être sage cette fois. »
La jeune femme attendit encore, au bout de sa patience. Quelle ne fut pas sa surprise quand la porte demeura résolument interdite et qu'elle ne reçut toujours aucune réponse. Fronçant les sourcils dans une mine mécontente, elle croisa les bras et se remit à marteler la porte de coups de pieds, jouant les agaçantes. D'habitude, cette tactique marchait toujours.
« Alleeeeer sois sympa, sa fait une éternitéééé qu'on a pas fait joujou ensemble, Star-chan junior s'ennuie tu sais ? Ohhhh fait pas la cruelle aller, si tu m'laisse entrer, j'te frais du bon service, qu'est-ce que t'en dis ? Ren-chan, Ren-chaaaaneuuuuu ! » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 9 Oct 2011 - 21:06 | |
| Cela faisait deux semaines jour pour jour que les choses sérieuses avaient commencé. Après son installation express, Myra Jefferson avait fini par prendre ses marques et fignoler ses petites habitudes dans les prestigieux appartements de mademoiselle Johnson. Lorsqu’elle n’allait pas traîner ses pattes dans les bars et les boîtes de nuit environnants, elle subissait silencieusement les cours de soutien de son enseignante de mathématiques, qui était également, à titre informatif, son enseignante principale. De ce fait, elle était un peu l’intermédiaire entre l’Académie Keimoo et la possible école ou université qui accueillerait la jeune élève. Pour l’instant, rien n’était acquis, et il arrivait que les efforts de la Rebelle ne soient pas toujours à la hauteur des espérances de son professeure. Pour cause, elle faisait souvent preuve de je m’en foutisme, alors qu’elle avait fait la promesse aussi solennelle soit-elle de se comporter correctement. Toutefois, son humeur bonne enfant la rattrapait au vol, et la rendait insupportable. Tant et si bien qu’elle avait parfois l’impression de ne pas avoir vraiment quitté l’académie, étant donné que les règles y étaient aussi contraignantes qu’agaçantes. La vérité, c’était qu’elle tenait encore à sa liberté, et même pour obtenir des notes exemplaires, elle ne semblait pas encore totalement prête à faire des concessions. Mordillant l’extrémité d’un stylo, gribouillant des dessins obscènes dans un coin de ses feuilles à petits carreaux, ou soupirant en attendant que Renna cède à ses caprices et lui offre dix misérables minutes de repos, Myra devenait le prototype du disciple que personne n’aimerait avoir. Elle enviait les adolescents qui criaient dans la rue comme des hommes primitifs à dix-huit heures pétantes, tandis que mademoiselle Johnson la harponnait furieusement pour qu’elle termine un exercice de calcul. Elle mourait d’envie de chausser des escarpins de trois mètres de haut, de mouler ses seins et son postérieur dans des vêtements sexy, pour aller se pavaner sur les pistes dansantes. Après tout, l’été, c’était fait pour ça, mais cette femme à l’air austère et au ton vindicatif en avait décidé autrement. Prise d’assaut par un proviseur exigeant, elle avait dû assumer les conséquences de son jugement trop strict sur le travail de l’ensemble des élèves. Myra avait été une cible de taille à cause de son dossier scolaire catastrophique, et voilà où elle en était rendue. Elle régressait jusque dans ses premiers âges de l’adolescence, où sa mère la sermonnait pour avoir commencé à fumer, ou encore pour s’être fait faire ce fameux tatouage tribal en bas de son dos. Surtout ne pas craquer. Sauf qu’elle était aussi têtue que sa tutrice, et quand elles commençaient à se quereller pour un oui ou pour un non, seul le départ temporaire de l’une d’entre elles pouvait apaiser les tensions.
Ce jour-là, l’objet de la dispute fut d’une, que Myra avait traîné pour se lever alors que Renna avait prévu une séance intensive de travail à partir de neuf heures. De deux, elle avait la gueule de bois et avait manqué de vomir sur l’adulte le restant d’alcool qui nageait dans son sang, et pour finir en beauté, elle fut incapable de l’écouter pendant tout le temps où elle essayait de lui expliciter précisément les étapes d’un calcul un peu plus complexe. Les coudes appuyés sur le rebord de la table, elle somnolait et finissait par se vautrer sur la pile de livres que Renna lui avait recommandés pour progresser. Exténuée par les soirées qu’elle enchaînait pendant ses heures de liberté, elle finissait par en payer le prix fort. Son corps la lâchait, au même titre que son cerveau déjà peu enclin à se mettre à réfléchir. La journée avait très mal commencé, et une tension perpétuelle électrisa l’atmosphère de l’appartement. Par conséquent, avant que mademoiselle Jefferson ait l’excellente idée de prendre l’air, l’enseignante s’enferma dans sa chambre à coucher, et en ressortit plus sulfureuse que jamais. Une robe d’un rouge éclatant soulignait sensuellement les courbes de sa silhouette allongée et aux cuisses bien galbées. A la fois troublée et stupéfaite par cette vision enchanteresse, la Rebelle nonchalante papillonna des yeux et la vit la snober magistralement en claquant la porte d’entrée. Un vent d’une rare force parut s’écraser sur les pourtours de son visage, tandis qu’il ne resta plus que la lointaine effervescence de la ville pour rompre le charme du silence. Il lui fallut cinq bonnes minutes pour réaliser qu’elle était enfin tranquille, pour la première fois depuis que cette fichue journée avait démarré. Néanmoins, elle n’avait pour projet de laisser libre cours à ses désirs festifs, puisque son estomac rejetait toute substance un tantinet alcoolisée. Elle avait juste besoin de se reposer, en s’avachissant devant la télévision, un bol de soupe entre les mains pour purifier son organisme. En zappant à l’aide de la télécommande, elle atterrit sur une stupide émission de téléréalité. Le genre de programme que Renna ce serait empressée de critiquer. Myra eut un moment d’hésitation. Elle s’accapara à nouveau la télécommande, puis, fronçant les sourcils, eut une révélation.
- Bwarf, cette vieille bique n’est pas là de toute façon. Au diable les interdictions !
Elle réalisa également qu’elle pourrait mettre les affaires de son professeur sens dessus dessous pour espérer trouver son paquet de cigarettes, mais elle n’avait aucune motivation pour ça. Son cerveau semblait se liquéfier dans sa boîte crânienne, et avalant passivement les informations inintelligentes transmises par l’émission, Myra se transforma bientôt en légume. Elle était en paix avec elle-même, et n’éprouva aucune culpabilité à l’idée de gaspiller ces heures censément consacrées aux études. Quand elle était d’une humeur massacrante, elle n’avait aucun scrupule à embêter son monde. Et quand elle était résolue à ne rien entreprendre, il était très difficile pour les plus téméraires d’essayer de la faire changer d’avis. Bref. Fascinée par le quotidien d’individus abrutis et cohabitant dans une grande villa truffée de caméras, Myra en laissa refroidir sa soupe qu’elle abandonna sur la table basse du salon. Ses pieds appuyés sur cette dernière, elle ressemblait à un phoque étendu comme une larve sur une plage de sable fin. Quelques lueurs de vie pouvaient être entraperçues dans son air poissonneux, tandis que le temps défilait à une allure vertigineuse. Quelques fois, elle jetait un coup d’œil rapide à la pendule suspendue au-dessus de l’écran plat. A mesure que les secondes se succédaient, elle se demanda ce que pouvait bien fabriquer l’hurluberlue qui l’avait accueillie ici. Puis, jugeant plus convenable de ne lui accorder aucune attention, elle haussait fébrilement les épaules et se calait confortablement dans le canapé. En mode cocooning, elle se fit bientôt bercer par les bras de Morphée. Sa respiration fut de plus en plus lente et régulière, et ses paupières devinrent lourdes. Les mains posées sur son estomac gavé de soupe, elle ne tarda pas à émettre les prémices d’un ronflement. Puis, surprise par un étrange tintamarre, elle sursauta et manqua de renverser le bol posé au bord de la table basse. Le rattrapant de justesse, elle fit cependant tomber quelques gouttelettes sur le sublime tapis que Renna avait probablement payé une fortune. Dans une grimace plus qu’évocatrice, elle pria pour que ce ne soit pas elle qui revenait de sa soirée, plus courte que ce que son élève l’avait espéré. Fébrilement, elle se leva, tandis qu’une personne s’acharnait sur la porte d’entrée. Une voix au timbre fluet s’éleva de l’autre côté, et démentit le fait qu’il s’agissait réellement de mademoiselle Johnson. Agacée par cette visite qui ne lui était pas destinée, Myra fulmina de rage, convoitant ardemment sa tranquillité. La tête grosse comme un ballon, un marteau semblait s’y être introduit. Il cognait cruellement contre les parois de son cerveau, provoquant ainsi une douleur sourde et lancinante. A bout de force, et comprenant que la grossière inconnue ne débarrasserait pas le plancher, la Rebelle hissa le drapeau blanc et finit par se hâter jusqu’à la porte. Excédée, elle l’ouvrit promptement.
- C’est pas bientôt fini ce bordel, putain ! hurla mademoiselle Jefferson dans le corridor de l'étage.
Les mains sur les hanches, elle demeurait fermement plantée dans l’entrée. Loin de se douter de la réelle nature de cette femme, Myra la toisa curieusement de la tête aux pieds. Le teint fiévreux et la mine furibonde, elle ne manqua pourtant pas d’énergie pour la repousser vivement de la porte, précédemment martelée de coups de pieds. Elle n’avait même pas prêté attention aux petits surnoms affectifs donnés à la propriétaire de l’appartement. « Ren-chan » était un indice qui en disait long sur la puissance du lien instauré entre elle et la principale concernée, mais le monstre aux yeux verts était bien trop énervé pour se préoccuper d’un tel détail.
- Si vous cherchez mademoiselle Johnson, repassez plus tard. Comme vous pouvez le constater, elle n’est pas disponible pour le moment.
A défaut d’employer un ton ferme, elle imita celui de la parfaite cruche au service de son patron. Le corps légèrement cambré sur la droite, elle adopta une posture très caricaturale, pour bien signifier à son interlocutrice que ce n’était pas la peine de faire le pied de grue devant cette fichue porte. Dégainant son plus beau sourire hypocrite, la métisse rêvait d’un univers où Renna n’existerait pas, et où toutes ses relations personnelles ne s’insinueraient pas dans son paisible quotidien. Il était presque huit heures du soir, la journée avait été un savoureux mélange de chaos et de soulagement, bientôt suivis d’un maelstrom d’interrogations. Elles ne manqueraient pas de retourner l’esprit de l’étudiante qui, vraisemblablement, ne se doutait de rien. Pourtant, si elle avait été pourvue de pouvoirs magiques, elle aurait pu s’attendre à ce que la soirée soit riche en évènements. En effet, le personnage atypique que voici, et dont la porte d’entrée constituait un défouloir de taille, ne semblait pas décidé à tourner les talons. Son enjouement ainsi que son extravagance la mettaient déjà hors d’elle. Et puis, c’était quoi cette tenue de péripatéticienne ? D’où sortait-elle, nom d’un chien ?
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 9 Oct 2011 - 21:56 | |
| « Maiiiiiiiis euuuuu t'es pas sympa, la poooorteu Ren-chan ! Tu sais bien que j'vais pas partir tant qu'tu viendras pas m'accueillir, pense même pas à dormir en paix, viens m'ouvrir alleeeeeer j'sais que t'en meurs d'envie ! »
Le ton qui avait été des plus geignard, ressemblait bien plus à celui d'une gamine frustrée qu'à un ton aguicheur, ce qui sans doute avait été le but recherché. La jeune femme boudeuse qui persistait à martyriser la porte de son talon de botte avec acharnement n'était pas très douée dans l'art de jouer les adultes, surtout pas quand sa cliente préférée était en jeu. Malheureusement pour elle, l'adulte semblait peu encline à venir lui ouvrir ce qui provoqua en elle encore plus d'acharnement au lieu de la décourager. D'ailleurs, c'est bien dans un mouvement déterminé qu'elle brisa sans plus de cérémonie son talon contre la porte de bois et poussa une exclamation de surprise bien trop exagérée avant de s'étaler de tout son long sur le sol du corridor. Au lieu de rester là, pathétiquement écrasée telle une crêpe, la jeune femme cru bon de se plaindre bruyamment en se frottant la nuque et en grimaçant, son chapeau de cowboy volé trônant un peu plus loin tandis qu'elle se redressa dans une posture peu pudique sur le sol, les jambes écartées. Son regard se posa furieusement sur le talon brisé, puis identifiant le problème, ses yeux s'écarquillèrent et elle se saisit du talon pour tenter désespérément de le recoller en appuyant fortement sur la semelle de la botte. Évidemment, ses efforts furent vains et après moult essais, la jeune femme finit par afficher une moue boudeuse et lancer le talon brisé avec rage contre la porte, croisant ses bras contre sa poitrine avec une mine renfrognée.
« Roooh Ren-chan, à cause de toi j'viens d'casser ma paire de bottes préférée, j'espère que t'es prête à me réconforter chaudement pour la peine ! »
Voyant que la porte lui était toujours interdite et n'entendant pas de pas se rapprochant de celle-ci, Star papillonna des paupières et resta en plan sur le sol quelques secondes, dans sa chère position peu flatteuse. Et juste avant qu'elle ne se remette à faire du boucan, la porte s'ouvrit avec rapidité pour dévoiler une jeune femme de quelques années sa cadette clairement furibonde devant ses propres agissements. Star cligna un moment stupidement des yeux en fixant la nouvelle arrivante, son cerveau s'éteignant totalement et ignorant les paroles vociférées à son sujet tandis qu'elle tâchait de comprendre ce que l'inconnue faisait là au juste. Ses grands yeux foncés continuèrent de fixer la jeune femme d'un air ébahit, sa bouche formant un joli 'o' tandis qu'elle resta là, sur le sol encore et toujours dans sa charmante position peu flatteuse. Un silence de mort régna dans le corridor tandis que les deux jeunes femmes se toisèrent, chacune avec un air bien différent. L'une semblait plus que rageuse que d'avoir du endurer les scènes de l'autre et l'autre semblait en parfait état de choc de voir sa vise-à-vis, s'étant clairement attendue à quelqu'un d'autre. Puis, le silence toujours durant, Star sauta soudain sur ses jambes dans un geste rapide, mais maladroit et se saisit sans plus de cérémonie des joues inviteuses de la nouvelle venue, un grand sourire lui fendant le visage.
« Mais qu'est-ce que t'es mignoooooooonne toi !!!! Tu sors d'où ???? »
Cette réaction totalement incongrue et inusitée aurait surpris n'importe qui, surtout que la jeune femme avait ni plus ni moins changé soudainement de personnalité et d'humeur en l'espace de quelques secondes à peine. Star, qui ne semblait pas du tout remarquer que ses agissements étaient tout sauf normaux, offrit encore une fois à la jeune femme une vue prenante sur son large sourire, avant de se saisir de son chapeau ignoré sur le sol, se penchant pour se faire et montrant ainsi sans timidité sa culotte bien visible à la jeune femme. La japonaise entreprit ensuite de poser le chapeau sur la tête de la jeune femme, puis observa son oeuvre et apparemment satisfaite, passa à côté d'elle et entra à l'intérieur de l'appartement sans plus de cérémonie. Claudiquant difficilement avec son talon manquant, elle alla poser ses fesses sur l'un des divans dans un grand soupir de satisfaction, s'y installant dans une position tout sauf convenable en laissant mollement traîner ses bras vers le sol.
« Oh purééééée que ch'suis morte moi, ce fichu lourdeau y est pas allée de main morte avec moi, le rustre. Merci de m'avoir ouvert la porte sinon chérie <333 ! »
Star ne prit même pas deux petites secondes pour évaluer son comportement et comprendre qu'elle agissait atrocement mal avec cette étrangère, tout simplement parce qu'il n'était pas dans ses habitudes de se formaliser de ce genre de choses. Il y avait bien peu de chose dont elle se formalisait, sauf bien entendu quand il s'agissait de choses qui l'affectaient directement et comme rien ne semblait l'affecter, elle agissait comme bon lui semblait la plupart du temps. C'est à dire sans aucune gêne, sans aucune pudeur et bien bruyamment. Une prostituée était habituée, il est vrai, à voir des choses horribles dans la vie ce qui bien souvent la rendait complètement blasée devant toute chose. Si l'on doublait sa avec une personnalité de nature enjouée, enfant gâtée et gamine et bien l'on obtenait Star. Quant à sa relation avec la frigide enseignante de mathématiques, disons que c'était plus compliqué. Star avait rencontré la charmante glacière quand celle-ci avait cru bon de quémander les services de l'une de ses colocataires, j'ai nommé Yuki et un soir, quand la dite colocataire fut malade et incapable de respecter ses engagements avec Renna, elle alla tout bonnement se proposer en remplacement. Bien entendu, Renna lui avait claqué la porte au nez, mais il se trouve que la jeune femme était très persistante, surtout quand on lui refusait quelque chose. L'enseignante avait finit par accepter l'offre afin qu'elle cesse de réveiller tous les voisins et qu'elle ne tienne pas honneur à sa menace de venir rejoindre la terrasse par la fenêtre si elle ne lui ouvrait pas la porte à l'instant. Pendant bien des minutes, ce fut difficile de convaincre la professeur de ne pas appeler la police pour se débarrasser de sa personne, mais Star persista à la poursuivre dans l'appartement, à piocher dans son réfrigérateur et à se dévêtir pour s'étaler sans aucune once de pudeur contre ses draps. Au final, elle avait eu ce qu'elle était venu cherché. Depuis ce jour, Star se considérait comme une sorte d'amie de l'enseignante. Elle la visitait quand elle pouvait, quémandait quelques heures d'amour enflammé et persistait à rester encore pour soutirer d'elle nourriture et compagnie. Surtout depuis la mort de Yuki, qui semblait avoir durement secouée Renna bien qu'elle refusait de l'avouer à voix haute. La vérité était que Star adorait l'enseignante. Si elle même n'avait pas été prostituée et peu encline à aller vers le droit chemin, elle aurait même sans doute demandé la jeune dame frigide en mariage, quand bien même que celle-ci aurait platement refusé son offre et qu'elle l'aurait probablement jeté dehors sans plus de courtoisie.
Néanmoins, la voici qui était encore en train de se vautrer dans les fauteuils de melle Johnson et qui était bien décidée à rester là pour encore toute une nuit. Malheureusement bien sûr pour la pauvre Myra qui allait devoir distraire la prostituée en l'absence de l'enseignante qui était partit jouer les séductrices. Star se déplaça sans grande grâce sur le divan pour se retrouver tête dans le vide et fixa la jeune boudeuse avec un grand sourire, ses cheveux tombant en cascades sur le sol. Ainsi positionnée, elle avait l'air bien ridicule, mais on ne pouvait nier sa beauté exotique. D'ailleurs en y regardant de plus près, elle avait presque des airs de ressemblances avec melle Jefferson si présente, comme les cheveux épais, foncés et ondulés ou encore la peau légèrement basanée. Il y avait même quelques suggestions dans le corps de cette ressemblance. À croire que Renna supportait la peste simplement pour cet infime lien entre les deux jeunes femmes. Star toisa encore un moment la jeune femme avant de lancer en lui faisant un signe de main :
« Roh, aller approche-toi, s'pas comme si j'allais te croquer ! M'enfin, pas sans ta permission bien sûr ! »
La prostituée prit une position plus convenable sur le divan et observa le désastre qu'était son talon brisé en poussant une grande exclamation déçue suivie d'une litanie de jurons plutôt vulgaires et choquants. Puis, se fut la moue tandis qu'elle présentait le gâchis à mademoiselle Jefferson :
« Quand même, regarde ce gâchis ! C'est ta faute t'sais, fallait pas m'faire attendre si longtemps ! Comment tu comptes arranger ça ma jolie ? »
La jeune prostituée agita sans aucune gêne son pied devant le visage de la jeune femme au tien bronzé, sa mine boudeuse et enfantine choquante sur ses traits asiatiques. Tout de cette femme semblait transpirer l'épuisement et les destins étaient sûrs d'une chose : Myra Jefferson allait passer un sale quart d'heure avec cette peste de Star. Elle allait sans doute également en voir de toutes les couleurs en sa compagnie. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Lun 10 Oct 2011 - 8:18 | |
| NB : Cette réponse a été écrite à mon réveil, donc pardonne la qualité foireuse.
La confusion de Myra était à son paroxysme. L’allure de cette parfaite inconnue la laissait sans voix, car elle était synonyme de séduction. Cependant, cette séduction n’avait rien de subtil. Elle était dépravée, et ce fut ce qui la surprit majoritairement. C’était assez contradictoire, puisqu’elle-même ne connaissait rien de ces étapes devant censément précéder une relation sentimentale. Mais elle avait toujours eu du mal à comprendre ces femmes qui exposaient la moindre parcelle de leurs corps, en faisant abstraction de leur pudeur. Il fallait un minimum, et celle qui se trouvait en face d’elle, sautant rapidement sur ses jambes et l’observant scrupuleusement de la tête aux pieds, semblait avoir omis ce détail. Il n’y avait rien sur elle qui ne faisait pas penser à une prostituée, et convaincue qu’elle devait faire partie de cette catégorie de personnes, Myra se souvint qu’elle était chez son enseignante, et qu’il n’y avait aucune raison pour qu’elle soit rattachée de près ou de loin à cette étrangère. Mais il y avait un hic. En se rappelant ses précédentes paroles, elle finit par repérer ce fameux surnom clamé haut et fort par ses soins. La Rebelle se souvint qu’en tant qu’élève, elle n’avait même pas le droit d’appeler Renna par son prénom. Pourtant, elle aurait aimé pouvoir instaurer cette proximité avec elle, mais on lui avait formellement conseillé de s’en tenir à son nom de famille, car ça ne devait pas fonctionner autrement. La vexation de la jeune étudiante avait été considérable lorsque sa tutrice avait cruellement rejeté sa proposition, mais elle avait fini par s’en remettre, jusqu’à aujourd’hui. Elle était intriguée par la familiarité de cette énergumène, qui ne lui laissa pas le temps de s’interposer pour l’empêcher de pénétrer dans l’humble demeure de mademoiselle Johnson. Elle s’y imposa parce qu’elle connaissait déjà le chemin par cœur. Il n’était pas difficile de le deviner, puisqu’elle prit ses aises dans le salon, décontractée et plus que décomplexée. L’esprit embrumé par son sédentarisme, Myra baissa les bras et finit par refermer la porte après son passage. Elle n’était pas disposée à se battre pour récupérer sa liberté. De toute évidence, elle était en face d’une proche relation de son professeure, sauf erreur de sa part. Par conséquent, elle vit presque cette rencontre comme une opportunité. Néanmoins, ça serait mieux si elle ne la considérait pas comme une demeurée, en lui parlant de la sorte, et en s’adressant à elle comme si elles avaient élevé les cochons ensemble. Certes, la Rebelle était réputée pour son tempérament sociable. Mais il lui en fallait très peu aussi pour monter sur ses grands chevaux, et tirer un trait sur ses sourires radieux.
- Pour commencer, je ne t’ai pas ouvert la porte, Chérie. Tu t’es introduite dans cet appartement de ton plein gré. Si j’en avais la force, je t’aurais virée avec un bon coup de pieds aux fesses. Rien que ta voix geignarde me donne envie de vomir.
Sa mauvaise humeur croissait de seconde en seconde, tandis que son invitée-surprise s’armait d’une spontanéité déconcertante. Après s’être avachie sur le divan, elle daigna cacher ce qui lui servait de sous-vêtements en se ressaisissant, et en se réinstallant confortablement. Myra se demandait comment elle allait gérer ce cas jusqu’au retour de la propriétaire officielle des lieux. Déjà qu’elle n’avait pas envie de taper la causette, il fallut qu’elle continue de la harceler avec ses paroles innocentes en apparence, mais bourrées de sous-entendus. De quel rustre parlait-elle entre parenthèses ? Plus l’esprit de la Rebelle cogitait, plus la théorie de la courtisane du 21ème siècle se confirmait. La stupéfaction ferait bientôt place au dégoût, encore qu’elle était habituée à ce genre de choses, en sachant qu’elle était née dans une génération un peu spéciale. Être dévergondé, c’était une chose, mais vendre son corps pour de l’argent, c’en était une autre. S’il s’avérait que cette femme faisait partie intégrante de ce système, elle n’aurait qu’à cautionner le fait que son enseignante asexuelle ne l’était pas tant que ça. Néanmoins, elle était encore loin d’imaginer que ses hypothèses s’avèreraient justes. Elle espérait secrètement qu’il s’agissait d’une mauvaise blague, et elle priait même pour que Renna la morigène pour avoir laissé entrer cette femme dépourvue de vergogne. Peut-être qu’un élève de l’académie lui faisait un canular, et peut-être était-ce le moment choisi par le destin pour divulguer publiquement ce qui se passait entre les deux jeunes femmes ? Ou alors, elle se faisait des films monstrueux, alors qu’il ne fallait pas chercher midi à quatorze heures.
Croisant les bras sur sa poitrine et dansant un pied sur l’autre, Myra refusa catégoriquement de rejoindre la parfaite inconnue sur le canapé. Elle n’avait pas envie de sympathiser avec elle, à moins qu’elle soit détentrice d’informations susceptibles de l’intéresser. Sa curiosité grandissait à vue d’œil en ce qui concernait l’intimité de son enseignante, et le hasard n’avait peut-être pas été si cruel que ça en mettant cette dévergondée sur son chemin. Outre son allure et son comportement violant plusieurs principes, elle avait la langue bien pendue, mais les sentiments de Myra à son égard étaient encore trop confus et ambivalents. Tant elle souhaitait sympathiser par anticipation, mais d’un autre côté, elle ne voyait pas l’intérêt de s’approprier des confidences qui lui coûteraient sûrement très cher. Par ailleurs, si cette femme était une bonne amie de la fameuse Johnson, elle ne prendrait pas le risque de briser leur relation, en dénonçant ce qui ne devait pas l’être. En même temps, en constatant sa désinvolture, mademoiselle Jefferson doutait grandement de sa conception des relations humaines. Actuellement, elle avait une si mauvaise estime de son interlocutrice, qu’elle fut incapable de lui trouver un quelconque intérêt. La cerise sur le gâteau fut lorsqu’elle lui demanda comment elle pourrait se rattraper pour cette histoire de talon cassé. Mais qu’est-ce qu’elle en avait à foutre, de son fichu talon. C’était de sa faute, elle n’avait qu’à pas frapper comme une forcenée sur la porte des gens, sous prétexte que Mademoiselle souhaitait être le centre du monde. Elle était loin d’être parfaite pour que la planète entière lui voue une quelconque considération. Et vivant probablement dans l’espoir que Myra réagisse, la prostituée agita la fameuse chaussure cassée sous son nez.
- Tu t’imagines peut-être que je vais le réparer à ta place, alors que c’est toi qui t’es mise toute seule dans ce pétrin ? Débrouille-toi avec ton talon, et mets-toi-le là où je pense tant que j’y suis. Tu dois en connaître un rayon sur ce genre de pratique.
La violence de ses propos n’atteindrait sûrement pas l’Inconnue. Ou si c’était le cas, elle se chargerait de le lui faire sentir à sa façon. Son culot dépourvu de limites laissait supposer qu’elle était prête à tout. Se faire remarquer semblait être dans ses cordes, et mettre son prochain à bout devait aussi être une de ses compétences favorites. Craignant définitivement pour son bien-être, Myra perdait sérieusement patience, et lui faussa compagnie après lui avoir balancé ladite chaussure en pleine figure. D’un pas alerte, elle rejoignit sa chambre, s’y enferma, et attrapa prestement son téléphone portable. Fulminant de rage, elle chercha le numéro de Renna dans son répertoire, et appuya sur la touche verte afin d’ouvrir la communication. A l’autre bout du fil, la sonnerie retentit plus de cinq fois. Il n’y eut aucune réponse, jusqu’au moment où le répondeur de son enseignante s’actionna. A bout de nerfs, Myra manqua de balancer son téléphone par la fenêtre, mais se souvint qu’il s’agissait d’un objet indispensable. De lui dépendait une bonne partie de sa vie sociale, et s’en débarrasser, ce serait comme supprimer son compte Facebook. Des liens inestimables seraient rompus et, qui plus est, elle se retrouverait isolée de son propre réseau relationnel. Hors de question de sacrifier une telle chose, à cause d’une stupide jeune femme dénuée de politesse. Réalisant qu’elle allait devoir se montrer courtoise pour ne pas aggraver la situation, Myra respira un grand coup et se laissa mollement tomber sur le rebord de son lit. Son matelas ferme ainsi que ses draps colorés la rappelaient, lui sommant ainsi de ne plus penser à rien. Si seulement il lui était possible de s’assoupir et de se réveiller, pour constater qu’il s’agissait d’un malheureux cauchemar, la vie lui paraîtrait moins compliquée. Malheureusement, la simplicité n’était pas le maître mot pour qualifier son quotidien. Mouvementé serait l’adjectif adéquat, et en ce qui la concernait, la poisse lui collait inéluctablement à la peau, surtout depuis le commencement du tutorat.
- Zen, je suis tout à fait zen. Je contrôle parfaitement la situation. Ne pas craquer. Ne pas craquer. Ne pas craquer. Ne pas craquer. Je suis calme. Calme. Calme...
Elle se répéta cette phrase jusqu’à réaliser qu’elle y serait encore dans cent ans. Faisant preuve de bonne volonté, elle se leva de son lit et s’extirpa de sa chambre. Elle n’oublia pas d’emporter son téléphone portable au passage, en l’enfouissant dans la poche droite de son pantalon. Si jamais Renna avait l’extrême bonté de la rappeler, elle n’aurait pas à retourner l’appartement afin de répondre dans les plus brefs délais. Les circonstances laissaient présager pas mal de difficultés, et le découragement de Myra était incontestable. Comme lorsqu’elle entamait une interminable série de calculs mathématiques, elle avait vite fait de ployer sous les complications. Si ce comportement était largement justifié dans un premier temps, il ne pouvait l’être dans le second. Il ne s’agissait pas de choses aussi abstraites que les chiffres. Elle était en présence d’une créature juvénile, et son but, dans la vie, c’était de trouver un moyen de réparer les talons cassés de ses chaussures. Bien que nous n’ayons pas les mêmes valeurs, Myra daigna remontrer le bout de son nez dans le salon. S’apprêtant à apostropher sa convive, elle fut étonnée par le calme de la pièce. En effet, l’acharnée semblait s’être éclipsée. Cependant, la chaussure qu’elle lui avait tendue négligemment était aux pieds du canapé, ce qui signifiait qu’elle était forcément dans les parages. Très inquiète, la Rebelle fronça les sourcils et tapa du pied pour exprimer son agacement. Dans un ultime élan d’espoir, elle extirpa furtivement son téléphone de sa poche, et composa une seconde fois le numéro de Renna. Toujours pas de réponse, et cette fois-ci, il lui sembla que son appel avait été filtré puisqu’à peine trois sonneries retentirent avant que la communication soit définitivement coupée. Se mordillant la lèvre inférieure afin de ne pas hurler et se déchirer les cordes vocales, Myra remit simplement son mobile dans son jeans, en attendant que les choses se calment. Ou pas.
- Pourquoi tant de haine ? S’il y a un dieu sur cette Terre, qu’Il se montre miséricordieux au moins une fois dans sa chienne de vie éternelle.
Dernière édition par Myra Jefferson le Sam 15 Oct 2011 - 23:11, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Lun 10 Oct 2011 - 15:03 | |
| La jolie brune que Renna avait décidé de séduire ce soir là, n'avait apparemment pas besoin de se faire convaincre. À ses dires, elle avait déjà vu maintes fois l'enseignante dans ce bar, mais jamais encore la blonde frigide n'avait su remarquer ses regards enflammés. Elle avait dit tout cela avec un mince sourire amusé, sirotant son cosmopolitain sans la quitter des yeux. Bien entendu, Renna avait répondu à tout ceci avec un haussement de sourcil et l'affichage d'un sourire en coin séducteur avant de susurrer que c'était bien dommage d'avoir manqué un tel délice. La brune sembla apprécier le ton susurreux, tout du moins. L'enseignante à cet instant semblait tout sauf elle-même. La manière dont chacun de ses geste était calculé pour sortir de sa proie, la plus grande réaction semblait presqu'annormale venant d'elle. D'ailleurs, si quelqu'un, par exemple melle Jefferson avait pu la voir à cet instant, croisant les jambes pour offrir une meilleure vue de sa cuisse à sa partenaire, elle aurait sans doute été plus que surprise. Il n'arrivait pas souvent, il est vrai, à la professeur de ressentir le besoin d'ainsi s'exposer à l'univers de la séduction. Plus souvent qu'autrement, quand elle avait envie de plaisir charnel, elle faisait affaire avec son réseau de prostitution de prédilection puisque c'était plus simple et qu'elle avait l'argent pour soutenir ce genre d'activité. Mais ce soir-là, elle voulait se sentir désirable et voulait se prouver à elle-même, à défaut de cette peste de monstre aux yeux verts, que simplement en agitant le petit doigt elle pourrait obtenir ce qu'elle désirait. Apparemment cette théorie se prouvait bien véridicte, si l'on pouvait en juger par la manière désireuse que la jolie brune la lorgnait. Renna se sentait libérée d'un fardeaux considérable, maintenant qu'elle jouait le jeu des adultes, loin de toute jeune femme immature et puérile. Elle se sentait revivre. Il fallait bien noter également que Renna en avait eu plus qu'assez de se faire voir comme une adulte asexuée et coincée et si elle ne pouvait pas démentir cette fâcheuse impression de sa personne à celle même qui avait osé l'exposer, alors elle se le prouverait simplement à elle-même. Malheureusement, un petit trouble vint chatouiller son jeu de séduction quand elle sentit son téléphone portable vibrer malencontreusement dans son sac à main. Tout sourire à sa partenaire, elle excusa son geste et plongea la main dans son sac pour soutirer l'objet fautif, avant de lui offrir un regard presque meurtrier. En voyant sur son afficheur le nom si détestable de son élève, tout du moins pour ce soir là, elle fixa l'écran momentanément sans réagir, espérant presque la jeune femme pourrait ressentir la froideur de ses yeux à travers du portable.
Puis, sans plus de cérémonie, elle remit l'objet dans son sac et revint à ses sourires vers la jeune brune, qui la questionna sur cet appel. Renna démenti l'importance du dit appel et passa un doigt caresseur sur le dos de la main de la jeune femme, lui demandant si réellement elle voulait passer la soirée à parler de foutaises. Bien entendu, son geste aurait eu bien plus d'impact si son téléphone ne s'était pas remit à vibrer dans son sac. D'ailleurs, Renna tiqua légèrement et dans un mouvement brusque, se saisit à nouveau de son portable pour raccrocher cette fois, souhaitant ainsi que cette peste comprendrait le message. Pour bonne mesure, elle éteignit le portable et observa avec satisfaction l'écran devenir noir avant de l'enfouir à nouveau dans son sac. Puis, l'enseignante se reconcentra sur sa vise-à-vis, toute pensée sur son élève perdue dans un torrent de machinations et de désirs frustrés. ***** Bien sûr, il était évident de deviner vu l'attitude de la jeune prostituée aux égards des autres, que de telles paroles cruelles n'allaient pas l'affecter grandement. En effet, Star avait des sautes d'humeur imprévisibles qui semblaient aussi changeantes que le vent. Une minute elle pouvait ricaner devant une colère noire et l'autre s'insurger devant un sourire compatissant. C'était à n'y rien comprendre. Sans doute que des scientifiques zélés éprouveraient une grande satisfaction en décortiquant le cerveau de la jeunaude, histoire de comprendre un peu comment cet enchevêtrement d'éléments complexes pouvait même tenir la route. C'est donc avec un rire bien à elle que la jeune femme répliqua aux parole acerbes de melle Jefferson, avant de prendre un faux air sévère et d'agiter le doigt dans sa direction, en une imitation presque parfaite d'une certaine Renna Maria Johnson absente.
« Oh c'était pas très poli comme réplique ça tu sais mon choux ? Mais c'est pas grave, ch'te pardonne comme t'es si jolie ! »
Myra n'avait vraisemblablement aucunement envie de se faire pardonner, si l'on pouvait en juger par ses traits tirés par la frustration de devoir endurer un si lourd fardeau. Inconsciemment, elle vivait ce que Renna devait vivre chaque fois que Star venait la visiter. Mais pourquoi pas seulement jeter la carcasse honteuse dehors et appeler la police pour s'en débarrasser ? Parce que, et bien malgré elle, notons le bien, Renna s'était entichée de la prostituée. C'était bien pour cette raison que la dite jeune femme revenait toujours à la charge, parce qu'elle savait que l'enseignante, malgré ses protestations blessantes, avait une toute partie de son coeur simplement réservée pour sa personne. Dans des gestes discrets, elle lui refilait un peu d'argent pour qu'elle survive, la grondait quand elle revenait en mauvais état d'un rencontre avec un client et s'assurait qu'elle ait toujours le temps d'aller voir un médecin, afin qu'elle ne contracte pas de maladies. Renna laissait toujours la jeune femme rester dans son studio quand les choses étaient au plus bas pour sa personne également et bien que Star ne faisait que glousser et se mettre en spectacle, elle était éternellement reconnaissante à la dame de toutes ces petites attentions. Elle savait, bien entendu, que Renna n'était pas amoureuse d'elle et que tout ceci était un peu parce qu'elle avait été la meilleure amie de Yuki, mais elle s'en fichait un peu. Quand on était dans ses souliers, on profitait de toute compassion, qu'importe la forme que celle-ci prenait. De son côté, Star avait toujours eu un point faible pour l'enseignante frigide et bien qu'elle savait que jamais la dame ne ressentirait pour elle ne serait-ce qu'une seule petite once d'amour, elle persistait à revenir pour s'assurer que la professeur était encore en vie et bien en forme. Maintenant, il fallait avouer que si elle n'en montrait absolument rien, Star se demandait qui était cette intruse qu'elle venait de coincer dans les appartements de son enseignante préférée. Parce que si elle nourrissait une affection et une curiosité sans bornes pour la dame, elle avait aussi toutes les peines du monde à soutirer une petite information sur sa personne. Et donc l'esprit de Star se remuait pour tenter de deviner le lien. Familial peut-être ? Se serait presque risible qu'elle ait devant les yeux la progéniture de la dame. Non, elle était trop vieille, cela serait hautement illogique. Une nièce ? Une cousine ? Même une soeur ? Leurs traits étaient bien trop dissimilaires... Et tandis que les méninges tentaient de deviner, la moue se dessiner et le regard foncé se faisait perçant sur la jeune femme. Ses réflexions furent dérangées quand la jeune femme lui lança sa botte au visage et elle dut se protéger les yeux en poussant un léger gémissement de surprise, tombant finalement sur le sol comme sa position avait été plus que précaire sur le divan.
Elle passa un instant à observer avec surprise la jeune femme qui apparemment était bien farouche, mais au lieu de se fâcher de ce comportement, elle se mit à glousser, puis à s'esclaffer avant d'échanger avec la jeune femme un sourire complice.
« Le S&M, je fais que les Dimanches chérie, mais pour toi je veux bien faire une exception. Je dois t'avouer qu'c'est pas très confortable comme activité, surtout qu'ils sont vieux ces talons, j'pourrais m'abimer, mais si tu paie bien j'veux bien même te faire un joli spectacle, qu'est-ce que t'en dis <3 ? »
Au cas où vous vous le demandiez, les connexions cervicales de Star sont bien présentes, seulement parfois elle choisit de les ignorer pour tirer de propos clairs ses propres conclusions farfelues, comme on pouvait bien le voir à cet instant précis. Puis, ni d'une di deux la jeune femme quitta la salle d'un pas rageur, laissant derrière elle une prostituée en plan. Star papillonna un moment des paupières, la regardant partir avec une moue déçue. C'est qu'elle était charmante cette jeune fille et elle aurait bien voulut pouvoir l'observer un peu plus. Par conséquent, au lieu de comprendre le message et de laisser la pauvre jeune femme tranquille, Star entreprit de retirer son autre botte, de se relever en s'étirant sans gêne puis de suivre la silhouette fuyante dans la salle où elle s'était cachée. S'appuyant avec désinvolture contre le cadre de porte, elle pencha la tête en l'observant tandis qu'elle combattait farouchement avec son téléphone portable. Vu la tension sur les épaules de l'inconnue, la prostituée se doutait bien que le résultat escompté n'avait pas été atteint. Elle resta là à observer sa nouvelle distraction, bien amusée de toute cette situation des plus cocasses. Si on lui avait dit ce matin là qu'elle rencontrerait une jeune femme ravissante dans les appartement de son enseignante favorite, elle aurait sans doute rit à en fendre l'âme, parce que Renna n'était pas du genre bien sociale et cela devait faire des lustres qu'elle ne l'avait vu avec quelqu'un. Depuis la mort de Yuki, tout compte fait. D'ailleurs, Star remarqua avec une certaine stupeur qu'elle se trouvait dans la fameuse chambre d'invité tabou que l'enseignante n'avait pas voulut déranger durant tout ce temps. Elle cligna un moment stupidement des yeux en notant les nouvelles couleurs et le décor, avant d'afficher des yeux ronds et de faire le tour de la pièce tout en s'exclamant devant chaque nouvelle découverte.
« Purée, elle a enfin réussit à faire quelque chose de s'te pièce ??? Ah bah j'y aurais jamais cru, quel miracle, c'est Yuki qui va être contente, du haut d'son nuage. Hey Yuki, t'as vu, ta Ren-chan bien aimée elle est enfin passée à aut' chose !!! »
Avec un immense sourire de joie, Star s'étendit de tout son long sur le lit offert, se fichant pertinemment que Myra ne désirait sans doute pas ce genre de chose de sa personne. Elle s'était, après tout, invitée dans la pièce sans crier gare alors que melle Jefferson voulait sans doute être laissée à elle-même. Voyant que la jeune femme venait de quitter la pièce, Star poussa un grognement. C'est qu'elle était confortable sur ce nouveau lit, mais maintenant elle allait devoir se lever et c'était juste si peu convenable comme moment. Poussant un large soupir, elle se releva et trottina pour retrouver la charmante jeune femme, son sourire agaçant toujours bien en vue sur ses lèvres. Notant avec quelle frénésie elle tenta à nouveau de rejoindre quelqu'un avec son portable, Star fit un sourire énigmatique et se posa sur le mur derrière la jolie jeune fille, dans une position on ne peu plus suggestive sans réellement s'en rendre compte. Elle écouta les paroles frustrée et éclata soudainement de rire, se maintenant les côtes afin de ne pas s'écrouler.
« S'il y a un dieu ?! M'enfin tu sors d'où mon choux ? Y'a pas d'dieu dans un univers aussi pourris, juste des anges parce que sa doit être sympa de flotter sur des nuages, tu crois pas ? »
La jeune prostituée fit une petite pause, avant de gambader joyeusement vers la jeune femme et d'à nouveau se saisir de ses joues. Se faisant, elle lui offrit encore une fois une vue pleine sur son immense sourire bien trop joyeux avant de dire sur un ton chantant :
« Mais oh, t'es vraiment trop adorable toi, pas étonnant que Ren-chan souffre ta présence <3 ! Ah mais j'me suis pas présentée, on m'appelle Star, à ton service. Et toi ma jolie, c'est quoi ton petit nom ? » |
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| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 16 Oct 2011 - 0:24 | |
| Star avait bien raison de rappeler qu’un quelconque dieu ne pouvait pas exister. Car si une entité similaire était l’auteure d’un monde aussi déchu que celui-ci, alors il n’y aurait pas de quoi se féliciter pour un ouvrage aussi déficient. Les humains n’avaient plus de respect, que ce soit pour leur propre nature ou pour celle des autres, et la planète souffrait de leur présence envahissante. Elle saignait en silence, elle sanglotait en faisant pleurer les nuages de ses cieux, et elle espérait secrètement que le soleil l’engloutirait bientôt lorsque viendrait l’apogée de son énergie dévastatrice. Myra se rendait bien compte de l’absurdité de ses dernières paroles, mais en de telles circonstances, elle était prête à se damner pour recouvrer un semblant d’allégresse, de repos et de tranquillité. La parfaite inconnue ne lui rendait pas la tâche facile, et ne faisait qu’accroître les tensions accumulées à cause de cette querelle violente entretenue avec Renna. Bien que ne croyant pas au destin, la Rebelle eut envie de se châtier en se demandant si elle n’aurait pas dû lui présenter ses excuses avant qu’elle disparaisse dans sa jolie robe moulante. Peut-être aurait-elle mieux fait de lui expliquer clairement ce qu’elle ressentait, au lieu de lui reprocher son obstination en tant qu’enseignante assidue et responsable. Dans l’histoire, c’était encore elle la sombre idiote qui n’avait pas su rester sagement à sa place, en se contentant de respecter à la lettre les conditions imposées dans le cadre du tutorat. Elle aurait dû s’écraser pour la énième fois, mais elle ne savait pas se plier sous une force qui lui était largement supérieure. Elle n’était pas une Rebelle pour rien, elle s’efforçait d’aller à contre-courant, et du coup, elle embêtait plus son monde qu’autre chose. Dépasser les limites des conventions sociales, c’était bien, courageux et téméraire, mais c’était aussi une source de problèmes incommensurables. Pas tout le monde de nos jours, pouvait supporter les caprices d’une jeunesse survoltée, levant le poing et usant de la violence pour se faire respecter. Parfois, les gens étaient exténués par cette rébellion perpétuelle, et c’était ainsi qu’ils se confortaient dans un mouvement suivi docilement, comme de ravissants petits moutons de panurges. Après s’être tirée partiellement des griffes de l’autorité parentale, Myra se retrouvait en face d’une Bête Noire qu’elle maudissait autant qu’elle appréciait, parce qu’elle avait des mystères qu’elle crevait d’envie de percer.
Maintenant, restait à savoir ce que représentait cette femme pour Renna. Apparemment, elle la connaissait intimement, puisqu’elle faisait allusion à plusieurs détails propres à la personnalité de mademoiselle Johnson. Elle devait la connaître depuis de nombreuses années, pour ainsi être capable de deviner à quel point elle souffrait la présence de cette demoiselle à la peau halée. En fait, Myra ne se doutait pas de ce qui se tramait réellement là-dessous, mais elle n’était pas surprise de savoir que son enseignante agonisait en subissant sa vigoureuse versatilité. En même temps, elle était jeune, elle avait des atouts et elle n’aspirait qu’à s’en servir. Mais tout dépendait de jusqu’où l’on souhaitait aller pour obtenir ce que l’on convoitait. Harcelée par ce sourire naïf et béat, miss Jefferson n’eut pas d’autres choix que de se soustraire à l’interrogatoire surprise de Star. Elle fut également plus ou moins flattée par ses compliments, qu’elle finit par entendre et accepter à leur juste valeur. A leur entente, elle se contenta de hausser faiblement les épaules avant d’expirer un grand coup. Elle s’octroyait une bonne dose de courage pour faire preuve d’hospitalité et de bonne volonté, à l’égard de cette femme qui ne semblait pas si étrangère que cela à l’environnement de sa tutrice. La curiosité attisée et le sens de l’observation plus ou moins aiguisé, elle voulut comprendre le pourquoi du comment en allant chercher à la source. Elle savait qu’elle prenait des risques en désirant violer une partie de la vie privée de Renna, mais elle n’avait pas qu’à attirer les soupçons en se braquant à la moindre interrogation. En résumé, depuis le commencement, elle avait tendu la perche, et Myra comptait bien s’en servir à charge de revanche.
- … Je m’appelle Myra. Je suis ici pour une période limitée et étrangement, Renna n’est pas la seule à souffrir de cette cohabitation. Je m’en prends aussi plein la figure dans toute cette histoire. Mais je reconnais que je suis souvent en tort aussi.
Elle n’éclaircit pas davantage ses propos et usa d’un self-control impressionnant pour ne pas aggraver la situation. Après tout, si elle se montrait coopérative et accueillante, peut-être que la fameuse Star calmerait ses ardeurs. D’ailleurs, quelle drôle d’appellation pour une jouvencelle ! Etant donné qu’elle avait précisé qu'elle lui était attribuée par autrui, elle en déduisit facilement qu’il s’agissait d’un pseudonyme. Myra n’était aucunement intéressée par son vécu personnel, et elle ne chercherait pas à connaître son véritable patronyme. De ce côté-là, elle saurait se montrer respectueuse, à moins que son interlocutrice souhaite d’elle-même s’exprimer sur la question. Ensuite, un second détail interpella les oreilles faussement chastes et délicates de la Rebelle aux yeux verdoyants. Le terme de « service » la gênait, dans la phrase dernièrement prononcée par son acolyte. Elle se souvint qu’elle avait aussi évoqué des offres particulièrement affriolantes que n’importe quel homme dépourvu de pudeur et de retenue apprécierait, surtout en compagnie d’une femme aussi décontractée que Star. A contrecoeur, Myra en vint à accepter le fait qu’elle se trouvait réellement devant une péripatéticienne, et bien que n’osant pas prononcer le terme exact, elle se freina dans ses questionnements indiscrets. Elle éluda toutes les questions qu’elle aurait pu énoncer, et refoula les inquiétudes qui affleurèrent à la surface de son esprit. Et puis, pourquoi était-elle anxieuse exactement ? Etait-ce le fait de s’être trompée sur la réelle nature de Renna qui la froissait ? Etait-ce de la cerner sous un nouveau jour qui la contrariait, et modifiait radicalement la vision austère qu’elle avait toujours eue d’elle ? Ou plus audacieux, ne jalousait-elle pas les possibles femmes qui lui octroyaient tous les services sexuels possibles et inimaginables durant une nuit torride ? Allons bon, cette hypothèse était absurde. Tellement absurde qu’elle en rougit violemment et tenta de ne pas se faire trahir par la mine très observatrice de son vis-à-vis.
- Je ne sais pas quand est-ce qu’elle reviendra. Je ne sais même pas où elle se trouve actuellement. En temps normal, je m’en foutrais comme de l’an trois mille, mais je m’en veux un peu. On s’est disputées avant qu’elle claque furieusement la porte.
En guise de bouclier, elle croisa à nouveau ses bras sur sa poitrine. Elle ne se rendait sans doute pas compte de l’interprétation qu’il était possible de donner à une telle posture. Non seulement elle se mettait sur la défensive, mais par-dessus le marché, elle instaurait un fossé large et béant entre elle et son interlocutrice. Comme si elle avait des choses à cacher, comme si elle était réellement préoccupée par les évènements actuels. En même temps, comment ne pas être embarrassée, lorsque l’on ne se trouvait pas chez soi par définition, et que l’une des connaissances de votre hôte vous abordait ainsi ! Myra était quelque peu submergée par l’émotion, et dépourvue de pouvoir, elle dut se faire violence pour briser le charme du silence qui s’éternisa soudainement entre elles.
- Bon et bien, puisque tu es là, il y a quelque chose qui te ferait plaisir ? Je veux dire, en dehors des délires sadomasochistes. Tu veux un café ? Du thé ? Une tisane ? Un verre de vodka à boire cul sec ? J’ai pas encore tous mes repères ici, mais tant qu’à faire, autant rendre la chose agréable.
Elle marqua une pause, se mordilla inconsciemment la lèvre inférieure avant de s’éloigner de son invitée-surprise. Elle se dirigea dans la cuisine, et commença à se préparer un excellent chocolat chaud, qu’elle agrémenta d’un copieux nuage de chantilly afin de lui donner une touche viennoise. Fière de son exploit, elle remit tous les ingrédients à sa place, et disposa sa tasse dans le four à microondes. Tandis que ce formidable bijou de technologie s’occupait de finaliser son encas, Myra chercha un allié de taille pour affronter ces circonstances douteuses. Devant le microondes, elle dansa un pied sur l’autre, se rongea furieusement les ongles dont un jusqu’au sang, et sifflota un air récemment entendu à la radio pour se détendre. Elle appréhendait de côtoyer une femme absolument imprévisible, et qui avait le dessus sur elle par rapport à ses connaissances sur Renna. C’était fou comme la fascination pouvait rendre un rien perturbant, au point qu’une jouvencelle aussi spontanée que Myra en perde son naturel ainsi que sa jovialité. Elle se faisait bouffer par une angoisse indescriptible, et dans sa tête, elle tournait le problème dans tous les sens, sans y voir une issue qui lui conviendrait. Et la seule vision qui la tranquillisait, était celle d’une cigarette présente entre son index et son majeur. Son corps fin et rigide se consumant, crachant son sillon de fumée, qui s’évaporait lascivement dans l’atmosphère. Si pour certains cette drogue douce banalisée était un fléau, elle demeurait une source d’ardeur et de motivation pour mademoiselle Jefferson. Cette petite chose à double tranchant appuyait ses mouvements quand elle débattait avec ses amis d’un phénomène de société, la rassurait et lui permettait de se débarrasser de toute sa frustration quand elle venait d’obtenir deux heures de colle, et tuait son ennui quand elle n’avait rien d’autre à faire de ses journées. Elle était aussi un objet de fraternisation, notamment lorsque Myra devait quémander du feu à l’un de ses camarades. Après s’être acquitté de sa dette, l’autre pouvait avoir envie de faire connaissance, et de l’inviter à prendre un café comme ça lui était arrivé quelques fois. La cigarette pouvait presque être personnifiée, et considérée comme une amie qui ne nous abandonnait jamais. En effet, une fois qu’on s’en était entichée, il était très difficile de s’en défaire, parce qu’on se sentait vite incomplet sans son odeur âcre, ses volutes fumantes et gracieuses, ainsi que sa présence entre nos doigts. Certes, c’était subjectif, mais la vision de Myra était claire à ce sujet.
- T’aurais pas une cigarette par hasard ? Renna me met à la diète, et là, j’en ai furieusement besoin.
Cette demande avait été formulée sur un ton mielleux, teinté de désespoir.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Mar 18 Oct 2011 - 21:53 | |
| Si Star avait pu lire les pensées des gens, sans doute qu'elle n'aurait pas finit aussi bas dans l'échelle sociale. En fait, sa dégringolade vers la bassesse de l'humanité avait été plutôt rapide, choquante et irréversible, causée par bien des facteurs bien malheureux. Pourtant elle était heureuse de sa situation. Heureuse, oui, vous avez bien lu. Beaucoup seraient horrifiés que de devoir vivre comme la jeune femme, heureusement elle avait la personnalité parfaite pour se confondre au moule et accepter sa situation dans la vie. Ce mode de vie, simple, dangereux et risqué lui convenait à merveille. Après tout, c'est pas comme si dans sa tête de linotte on pouvait trouver un cerveau scintillant destiné à découvrir une solution aux maladies incurables du monde. Comme l'avaient de nombreuses fois prouvé ses notes désastreuses et ses airs confus faces aux apprentissages que ses enseignants essayaient de lui faire entrer dans la tête. Contrairement à bien des gens qu'elle connaissait et qui étaient coincés dans la même vie de débauche que la sienne, Star avait toujours le sourire. Elle n'en voulait pas aux riches, ne rêvait pas d'un avenir meilleur et préférait vivre au jour le jour, trouvant des joies dans ses observations de son entourage. Après tout, que pouvait-elle bien vouloir de plus dans la vie qu'un logis, de la nourriture et des amis ? Bon, fallait pas dire non plus qu'elle n'était jamais de mauvais poil ou qu'elle n'avait jamais envie d'un jacuzzi, d'une ferrari ou d'un manteau de fourrure. Mais bref donc, savoir lire dans les pensées lui aurait sans aucun doute donné ce petit élan nécessaire pour qu'elle ait un rythme de vie moins dangereux, malheureusement elle n'était pas doté de ce talent. C'est d'ailleurs l'absence de ce talent qui l'empêcha de réaliser que cette charmante jeune femme qui se trouvait dans les appartements de sa chère Ren-chan était en train de se tromper sur son compte. D'ailleurs, elle aurait probablement rit jusqu'à en mourir si elle avait pu entendre les réflexions de la jeune fille confuse. Une telle hilarité aurait certes causée sa chute sur le sol et augmenté la confusion de la pauvre jeune femme qui avait déjà assez à faire à endurer la présence de Star dans son logis temporaire. Mais il fallait dire aussi que Myra tirait des conclusions logiques de ses observations et ne pouvait pas tout comprendre, comme il lui manquait cruellement d'informations. Il était donc des plus raisonnables de penser que Renna et Star se connaissaient depuis de nombreuses années, vu la familiarité avec laquelle Star semblait traiter l'adulte stoïque.
La vérité était que Star ne connaissait Renna que depuis neuf mois. Surpris ? Ce n'est que plausible d'avoir une telle réaction. Après tout la prostituée agissait réellement comme si elle et l'enseignante étaient de vieilles connaissances. Mais est-ce que le laps de temps en lui-même était réellement important ? Après tout, deux individus se connaissant depuis des lustres pouvaient bien être des étrangers tandis que deux personnes venant à peine de se rencontrer pouvaient vite devenir de très proches amis. En ce qui concernait Renna, il ne fallait surtout pas tomber dans le piège et considérer sa vie sociale comme normale. Après tout, si l'on pensait que quelqu'un connaissant l'adulte depuis longtemps devait vraisemblablement être proche d'elle, alors on se fichait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. La preuve était là, dans les parents de l'enseignante, qui malgré le fait qu'ils avaient été présents dans la vie de leur fille toute sa vie, ne furent jamais réellement proche de sa personne. Cette vérité se collait aussi aisément à Star. La prostituée ne connaissait pas Renna depuis longtemps, mais vu ce qu'elles avaient eu à traverser ensemble, leurs personnalités respectives et cette facilité qu'elles avaient à se comprendre d'un seul regard avait causé aux deux jeunes femme de se rapprocher. Du côté de Renna sa avait sans doute été contre son gré, pourtant elle endurait encore et toujours la prostituée dans sa vie alors que d'habitude elle aurait tout simplement claqué la porte au nez de quiconque agissant ainsi avec sa personne. Pour Star, qui était attirée comme un papillon de nuit vers l'enseignante glaciale et souhaitait pour elle le mieux que la vie pouvait offrir, un rapprochement était tout simplement inévitable.
Si l'attitude de la charmante jeune femme aux yeux verts avait changé un tant soit peu face à la prostituée énergique, celle-ci fit mine de ne rien déceler. C'était une habitude que l'adulte avait développé avec le temps, réalisant rapidement que les gens préféraient avoir à faire avec une prostituée souriante et un peu idiote plutôt qu'une prostituée observatrice et rusée. C'est donc intérieurement qu'elle sourit face à l'adoucissement du chaton effarouché, notant le changement avec un certain amusement. Elle attendit donc les prochaines paroles en n,affectant aucun changement dans sa propre attitude et quand elle les reçu, elle fit une petite moue en penchant la tête d'un côté, faisant mine de réfléchir aux propos alors qu'en fait elle les analysant doucement dans son fort intérieur. Une collocation hein ? Mais quelle nouvelle surprenante, quoi qu'amusante ! Star avait toujours soupçonné que Renna lui cachait des trucs, d'ailleurs elle savait depuis bien longtemps que l'adulte était une personne privée. Elle n'avait découvert que peu sur elle, notamment qu'elle était américaine et qu'elle avait du souffrir d'un amour difficile avant de rencontrer Yuki, c'était tout ce qui pouvait expliquer son attitude face à la prostituée, cette réticence, cette confusion mais surtout ce refus total des sentiments tendres que pourtant Star avait su aisément deviner dans les yeux de glace. Elle se demanda un instant si cette jeunaude était même consciente que l'adulte n'était pas du genre à accepter n'importe qui dans son logis et des implications derrière ce fait. Star ne voulait pas faire de conclusion hâtive, après tout elle s'était déjà trompée sur Renna auparavant, mais en notant les ressemblances légèrement troublantes avec sa propre apparence et celle de Myra, en se souvenant des regards lointains que l'adulte avait posé sur sa personne durant l'acte... Bref, Star commençait à franchement s'intéresser à Myra. Rapidement, afin de ne pas sembler trop intelligente pour son propre bien, elle afficha un large sourire et s'exclama sur un ton enjoué de gamine :
« Myra ? Tu t'appelles Myra ? Nooooon mais c'pas vrai c'est trop joli comme prénom !!! Chanceuse, mon nom à moi il est juste horrible, c'est pour ça que j'ai affecté Star, c'est bien mieux collé à ma personnalité : mignon, brillant et tout <3. »
L'enthousiasme de Star ne diminuait jamais, peu importe la situation. C'était ainsi qu'elle arrivait si aisément à garder sa façade d'idiote écervelée et elle avait depuis longtemps perfectionné cet art. Pour ponctuer les derniers propos de la jeune femme, la prostituée se mit à s'esclaffer grassement, toujours étendue sur le mur dans une position quasi-vulgaire, se tenant les côtes.
« Toi ? Vivre avec Ren-chan ? Sa c'est juste la meilleure ! J'vais devoir la narguer, elle qui m'dit toujours qu'elle DÉTESTE vivre avec des gamines ! J'sais pas comment t'as réussit à te faufiler dans ses bonnes grâces, mais enfin j'te lève mon chapeau ! Tien en parlant de chapeau... Il est passé où ? »
Star, les mains sur les hanches et une moue ennuyée sur le visage, parcouru furtivement des yeux l'appartement, cherchant son bien qui n'était plus perché sur sa tête. Elle finit par le repérer, trônant sur le divan où elle avait étendu sa carcasse si peu vêtue quelques instants plus tôt et c'est avec un cri de jubilation qu'elle se jeta à nouveau sur le dit divan pour le récupérer, le fichant sur sa tête. Prenant une nouvelle position irrespectueuse sur la surface du divan, la jeune prostituée se remit à détailler la jeune femme d'un regard d'ébène pétillant, se permettant un discret sourire espiègle. La vérité était qu'elle se posait un tas de questions sur cette nouvelle venue dans la vie avant si vide de sa glacière préférée. Elle ne le montrait aucunement, certes, mais avait bien l'intention de deviner ce que cette charmante jeune fille faisait au juste dans l'appartement de Renna de la façon habituelle qu'elle avait pour soutirer des informations aux gens qui l'intriguaient : furtivement, sans que la personne ne réalise qu'elle fournissait des informations sur sa personne et tout en gardant ses airs naturels. Puis, vinrent les prochaines paroles, prodiguant la jeune prostituée avec encore un peu plus d'informations croustillantes. Elle haussa fortement les sourcils et affecta de réfléchir sottement aux propos, quand en fait elle assimilait ce nouveau fait. Rien que d'après les sous entendus de ces mots, Star venait de comprendre que 1. Myra n'appréciait pas réellement Renna ou de devoir vivre dans cet appartement qui n'était vraisemblablement pas le sien, 2. Elle semblait tout de même ressentir une parcelle d'attachement pour l'adulte puisqu'elle se préoccupait du fait qu'elles s'étaient disputées. Avec un grand sourire emplit de tendresse, la prostituée gloussa un moment avant de dire à Myra :
« Oh j'm'inquièterais pas pour ça chérie, Ren-chan elle aime bien monter sur ses grands chevaux et prétendre qu'elle se fiche de tout le monde, mais au fond elle a un coeur gros comme le monde. T'sais, j'm'engueule souvent avec elle aussi et puis elle me dit des trucs teeeeeeellement méchants des fois, mais elle me laisse toujours entrer et puis elle a toujours une petite attention pour moi. J'sais pas pourquoi au juste vous vous êtes disputées, mais crois-moi elle va s'en remettre. Je te gage même ma culotte qu'elle a déjà tout oublié et qu'elle est en train d'séduire sa proie du soir, histoire de décompresser. »
Ces mots semblèrent la troubler un moment et elle fronça les sourcils avant de pousser un énorme soupir.
« Haaaaan j'espère que j'ai pas raison, moi qui voulait un peu d'amour de Ren-chan ce soir ! Elle s'rait pas assez cruelle pour aller s'offrir sur un plateau à une pimbêche tu crois ? Et zuuuuteu ! »
Star n'avait pas manqué de noter le geste défensif que la jouvencelle avait effectué en se barrant le poitrail de ses bras, bien qu'elle avait fait mine de ne rien voir comme à son habitude. C'est ce geste précisément qui lui avait fait comprendre que cette jeune femme ne serait pas facile à percer et ne communiquerait pas grand chose sur sa personne. Qu'importe, la jeune prostituée raffolait des défis et apparemment elle venait de s'en fait servir un de taille. C'est donc avec un frottement mental de paumes et une observation discrète de la jeune femme qu'elle continua de jouer son manège, guettant les prochains agissements de Myra. Ce fut à cet instant, après un léger silence, que la jeune femme se décida à lui poser une autres question, question qui prouva à Star que si la jeune femme n'avait apparemment aucune envie d'endurer sa présence, sa curiosité la poussait tout de même à tenter d'être aimable ce qui était tout en sa faveur. La jeune prostituée offrit un large sourire à son 'hôte' avant de taper des mains d'un air excité, les yeux plein d'étoiles.
« Ooooh mais c'est que c'est une riche idée ça !!! J'te suis chérie <3. Quand même, ch'suis déçue j'aurai bien aimé que tu t'offres toi comme option, je t'aurais bien dévoré, mignonne comme tu es. Remarque, j'suis flexible, si tu préfères me dévorer moi je m'offre ! »
Aussitôt dit, aussitôt fait comme on le dit si bien. Star se leva et suivant de son pas dansant l'individu à la cuisine où elle l'observa fabriquer son oeuvre culinaire de grands yeux ébahis. Elle qui vivait de nouilles préchauffées sans sauce, de noix pigées dans des bols publics dans des bars et de riz trop cuit s'émouvait toujours devant de la nourriture. Tandis que le chocolat chaud cuisait dans le micro-ondes, la prostitué marcha en sautillant vers le réfrigérateur et l'ouvrit sans invitation, scrutant son intérieur avant de pousser un grand soupir de déception. Renna était bien gentille, mais bon dieu qu'elle mangeait trop peu ! Son réfrigérateur était presque toujours vide ou alors rempli d'aliments trop santé pour Star, qui ne manquait jamais de s'en plaindre.
« Oooooh j'lui avais pourtant dit qu'un frigo aussi vide c'était inacceptable mais !!!! Chaque fois c'la même chose, elle m'vide de toute mon énergie avec ses chaudes attentions et pis après elle comprends pas pourquoi je proteste qu'elle ait rien pour me nourrir ! »
Frottant son ventre gargouillant avec une moue de dépis, elle se mit à réfléchir à une solution. Après tout, elle aurait voulut remercier la jeune femme de lui avoir offert si gentiment un breuvage et comment le faire autrement mieux qu'en mangeant un festin de roi en sa compagnie ? Puis, une lumière tilta au dessus de sa tête. D'ailleurs, donnant un sourire complice à la jeune femme, elle lui fit signe de garder le silence malgré le fait qu'elles étaient seules dans l'appartement et glissa sans plus de cérémonie sa main dans celle de la jouvencelle pour la traîner de force dans la chambre de la maîtresse de l'appartement. De mouvements sûrs qui prouvaient bien que Star avait pénétré cette salle de nombreuses fois par le passé, elle entrouvrit le garde robe sans cérémonie et se mit à farfouiller dans les tiroirs entre les tissus riches.
« Rooooh mais où tu te caches vilaine, je sais que t'es dans le coin, j'ai vu Ren-chan te fourrer là y'a pas si longtemps, aller, aller ! Ah-ha, te voilà coquine ! »
Star brandissait maintenant fièrement une carte de crédit qui brilla dans la pénombre, un large sourire satisfait sur son visage. Elle replaça furtivement son bordel avant de revenir vers Myra, lui chatouillant le nez de sa trouvaille.
« Oublie le thé et la vodka chérie, ce soir on sort le champagne et l'caviar ! »
N'importe qui à cet instant aurait sans doute pu observer la démarche déterminée de la prostituée vers le téléphone d'un air sidéré. Allait-elle réellement... ? Et oui. C'est sans grande cérémonie que la jeune femme s'était remise à plat ventre sur le divan, le téléphone en main et qu'elle avait pianoté un numéro quelconque, attendant que quelqu'un lui répondre en battant l'air de ses jambes décorée de collants.
« Plazaaaa ? Ouais, alors écoute bien ça mon choux, c'est pour une livraison à domicile, appartement 111 Gakuen Corner Building. C'est bon t'as tout ? Biiiien, alors on va te prendre euuuu une dinde, 20 ailes de poulet bien épicées, du foie gras, un ragoût et euuuu c'est quoi déjà le truc avec des pinces ? Oui c'est ça, 2 homards ! Quoi ? Non non attends c'est pas tout, il reste le dessert enfin, c'est la meilleure partie ! Et doooonc un soufflé au chocolat, une mousse au chocolat, un mille feuille, 2 ou 3 éclairs, un gâteau au fromage et une charmante tarte tatin. Payé par carte de crédit gold mon choux, oh que oui ! Merci bien, t'es un amour <3 ! »
C'est donc au terme de cette commande gargantuesque que le téléphone fut raccroché et que la prostituée s'étala sur le dos sur le divan, son regard illuminé fixant à nouveau la jeune Myra. Un large sourire satisfait se posa sur ses lèvres tandis qu'elle sortait son paquet de cigarettes et qu'elle le lança à la jeune femme sans doute pétrifiée devant ce qu'elle venait de faire.
« Tien chérie, mais oh ch'te conseille d'fumer sur la terrasse, Renna me tuerait si j'te laissait 'polluer son air de fumée nauséabonde', ah c'qu'elle est sexy quand même quand elle me dit ça avec son air frigide... Ça m'fiche des frissons partout ! » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Jeu 10 Nov 2011 - 14:25 | |
| Myra était pas mal déconcertée par les nombreuses réactions de son interlocutrice. Elle ne savait pas si son apparente stupidité était une arnaque, une façade incongrue, ou une nature qu’elle ne pouvait s’empêcher de revendiquer haut et fort. Ponctuant ses paroles de mimiques diverses, elle semblait à l’affût de la moindre information concernant la jeune adulte, dont les mirettes verdoyantes tentaient de lever le voile sur les innombrables secrets de Star. Au moins, elle ne se montrait pas réticente quand il s’agissait d’expliquer le cas de Renna, et bien qu’elle ne la connaissait depuis pas plus longtemps que ça, soit l’équivalent d’une grossesse se déroulant dans des conditions normales, elle s’épanchait aisément sur sa personnalité, et en soulignait les défauts les plus flagrants. En effet, Myra avait déjà remarqué que son enseignante était une personne pleine d’habitudes, soucieuse de se préserver de toute nouveauté dérangeante ainsi que de la compagnie envahissante d’un individu. Elle vouait un culte à sa solitude, et rien que l’aménagement de son appartement témoignait de ce besoin. Cet environnement n’était pas conçu pour un couple, mais pour une jouvencelle célibataire, qui acceptait néanmoins de décompresser dans les bras d’une parfaite inconnue. D’ailleurs, Myra fut quelque peu abasourdie voire offusquée d’apprendre qu’elle devait être en train de déverser toutes ses tensions auprès d’une pimbêche, ce que Star se mit à déplorer en lui en voulant de la mettre de côté. En même temps, qui pouvait prévoir ce qui se tramait dans l’esprit de mademoiselle Johnson ? Au fond, elle n’était pas si complexe que ce qu’elle souhaitait faire croire, mais elle était imprévisible, et après avoir digéré le fait qu’elle n’était qu’une débauchée à ses heures perdues, Myra inspira un grand coup et continua d’observer son vis-à-vis. Star s’agitait dans tous les sens comme à son habitude, et fit preuve d’un enthousiasme grandissant. La Rebelle dut se retenir de ne pas lui octroyer un pain magistral, en particulier lorsqu’elle laissait libre cours à quelques familiarités comme lui pincer les joues, ou lui faire des propositions tendancieuses. Normalement, Myra n’aurait pas craché sur la soupe et aurait vu cette perspective d’un œil très lubrique, mais elle n’était pas d’humeur, et comprenant qu’un lien étroit était déjà tissé entre la prostituée et son professeur, une violente nausée s’éprit de son estomac.
Là où ça devint intéressant, ce fut lorsque Star prit la décision d’ajouter un peu de piment à cette soirée morose. Après s’être plainte du vide intersidéral dans le réfrigérateur de la propriétaire des lieux, elle se précipita en direction de Myra, la prit délicatement par la main et la tira derrière elle. La Rebelle aurait pu riposter que ça n’aurait rien changé, puisque l’optimisme et la détermination incommensurables de son acolyte étaient lancés, et pour ce qui était de stopper leur croissance, on pouvait toujours s’accrocher. Des étincelles pétillaient dans le regard de Star, ce qui rappelait insidieusement la raison pour laquelle elle se faisait appeler de cette manière, et pénétrant dans le jardin secret de Renna, elle ne tarda pas à mettre la main sur l’un de ses plus grands trésors. Une carte de crédit, dont le corps rigide et la forme rectangulaire faisaient l’effet d’un viagra chez bon nombre de personnes. N’importe qui aurait fait en sorte que Star ne parvienne pas à ses fins, et repose docilement cette carte bleue. Mais Myra fut totalement désarmée et prise au dépourvu. Elle aussi avait un peu faim, et son ventre ronronnait furieusement à force d’être nourri avec des aliments peu nutritifs. Ses tendances rebelles et anti conventionnelles la rappelaient doucement à l’ordre, et lui sommaient de prendre exemple sur l’esprit entrepreneur de la prostituée. Haussant les épaules en admettant qu’elle ne pouvait rien y faire, elle mit tout ceci sur le compte de Renna, qui n’avait pas fait une bonne affaire en s’acoquinant avec une telle effrontée. D’ailleurs, elle eut à peine le temps de se mettre d’accord avec sa conscience, puisque Star était déjà agrippée à son téléphone portable, soumettant ses recommandations à son entourage apparemment très étendu. A demi-admirative, l’étudiante ne pipa aucun mot et la laissa prendre les choses en mains, puisqu’elle était si douée pour ça. Imaginant les mets copieux qu’on s’apprêtait à leur livrer sur place, elle s’en lécha les babines par avance, et aurait aimé qu’un claquement de doigts suffise à la conception d’un succulent dîner.
Soudainement, un paquet de cigarettes atterrit dans ses mains, et la sensation de manque se fit très vivace. Assiégeant ses effets personnels de ses mains baladeuses, Myra parvint à retrouver son briquet, et à renouer avec la fragrance âcre mais addictive de cette drogue banalisée. Star n’aurait pas dû gaspiller sa salive en précisant qu’il était préférable de fumer sur la terrasse, car elle avait compris depuis un petit moment que Renna ne supportait pas cette odeur, et qu’elle la capterait en deux temps trois mouvements en revenant de son rendez-vous galant. S’appuyant contre la balustrade du balcon, elle soupira d’aise après avoir recraché un nuage grisâtre dans l’atmosphère. Elle était enfin apaisée, et presque définitivement débarrassée des tensions de la journée. Si Renna sollicitait la présence d’un jouet sexuel humain, Myra en revanche, pouvait se satisfaire de ce bonheur simple mais nocif, compte tenu des conséquences qu’il pouvait avoir sur la santé. En quelques minutes, elle put faire abstraction de la femme expansive qui rôdait dans les environs, et guettait impatiemment l’arrivée de sa commande téléphonique. Fermant les yeux et sentant une légère brise caresser son visage et soulever sa longue chevelure d’ébène, elle eut presque l’impression d’être seule et libre, livrée à elle-même dans un monde où la sécurité demeurait utopique. A tout moment, on pouvait découvrir des choses surprenantes sur soi et son prochain. Malheureusement pour elle, toutes ses pensées se rivèrent automatiquement sur son enseignante, qu’elle n’avait jamais imaginé aussi métrosexuelle. Encore qu’elle n’avait peut-être pas battu le record des Don Juan que Myra fréquentait régulièrement, par souci de s’abreuver de leur présence si séduisante. Après s’être convaincue de son asexualité, elle devait accepter qu’elle aussi avait une vie, et qu’elle l’entretenait en établissant des rapports éphémères mais charnels avec autrui. Admettons qu’elle l’ait simplement rencontré dans un bar, est-ce qu’elle se serait autant souciée d’elle ? De son bien-être, de son état d’esprit, et de son évolution scolaire ? En fait, elle doutait dangereusement de tout cela. Au départ, c’étaient les conditions imposées par le directeur de l’Académie qui avaient fait qu’elles s’étaient retrouvées contraintes de se supporter. Mais maintenant qu’elle pouvait fouler le sol de son jardin secret en clamant fièrement qu’elle vivait ici, pouvait-elle considérer que Renna lui accordait davantage d’attention ? Cette réflexion faite, Myra remarqua que l’existence de sa cigarette touchait à sa fin. L’écrasant sur le balcon, elle ne tarda pas à la balancer du haut de l’immeuble, où son corps rabougri s’échouerait probablement sur le macadam.
- Hé Star, j’ai une question insolite pour toi. Comment elle est au lit ? Je veux dire, elle est plutôt active ou passive ? Non parce que, c’est quand même amusant d’apprendre à connaître son professeur de mathématiques sous cet angle. Si j’avais su, j’aurais couché avec elle pour obtenir de meilleurs résultats. Et dire qu’elle ose faire sa frigide en cours alors qu’elle est une grosse impulsive sexuelle. Ca me dépasse totalement !
Et à coup sûr, Renna aurait été totalement dépassée par ses propos moqueurs et grossiers. Elle l’imaginait déjà monter sur ses grands chevaux, l’air furibond et le teint rougeâtre, menaçant d’exploser telle un volcan en éruption. Si elle s’était trouvée dans les parages, elle n’aurait pas manqué de la traiter de sale dévergondée, de petite impertinente qui n’avait aucun droit de juger sa vie privée. Elle l’aurait sermonnée en lui définissant exhaustivement le respect et la politesse, et elle l’aurait conviée à s’enfermer dans sa chambre et à méditer sur la question en apprenant ses leçons d’histoire, de langues étrangères ou tout simplement de mathématiques. Elle en aurait été capable, et d’aussi loin que Myra se souvienne, personne hormis Star ne lui avait parlé d’elle en des termes aussi crus, suggérant que derrière une femme glaciale pouvait se trouver un cœur torturé par des désirs qu’il lui fallait assouvir dans l’immédiat. En fin de compte, il y avait quelque chose de très masculin dans cette manière d’être, et l’étudiante fut incapable de savoir si ça la charmait ou si ça la révulsait venant d’elle. Haussant les épaules et rejoignant Star qui trépignait d’impatience, elle lui pinça le bras pour l’inciter à répondre plus rapidement.
- Si tu me dis tout, je veux bien t’offrir des petits bouts de moi pour la nuit…mais il faudra que je sois un peu alcoolisée pour ça, je crois.
Oh que oui. Une bonne dose d’alcool dans le sang suffirait amplement à la désinhiber, et lui faire oublier qu’à part Renna, d’autres personnes étaient passées sur le corps plantureux et à demi-vêtu de Star. Cette brusque proposition pouvait paraître suspecte, mais sans de tels plaisirs, un dîner aussi orgiaque que celui qui s’apprêtait à arriver n’aurait plus aucun sens. Tout du moins, elle tenta de s’en persuader, mais n’était pas encore sûre de donner suite à ses promesses en les concrétisant, même après s’être gavée d’ailes de poulets. Attendons, et voyons. La sonnerie de l’appartement tintinnabula cinq minutes plus tard, et on se rua à la porte pour découvrir les gourmandises que leurs estomacs s’apprêtaient à ingurgiter les unes après les autres. Une délicieuse odeur de nourriture s’élevait déjà dans le vestibule, présageant des réjouissances inoubliables.
- Je sens un orgasme arriver alors que je n’ai pas encore touché à toute cette nourriture. Si c’est un rêve, je souhaite qu’il ne s’arrête jamais.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Jeu 10 Nov 2011 - 18:40 | |
| Une personne observatrice qui aurait analysé la situation de façon extérieure aurait bien vite pu applaudir devant le jeu d'acteur qu'effectuait Star à cet instant précis. Bon, c'était un personnage qu'elle revêtait avec entrain et ne retirait que le soir avant de s'endormir, pour se permettre de retrouver ses propres traits devant la glace histoire de ne pas oublier qu'il y avait une véritable personne cachée sous les sourires et les idioties qu'elle se permettait durant la journée. Comme certains utilisaient la froideur pour chasser les autres de sa vie et se protéger contre une observation trop poussée de leur personne, Star usait du charme et se faisait passer pour une idiote afin de permettre aux autres d'oublier qu'elle avait un cerveau bien trop développé pour une simple prostituée. Et puis, par le passé, il était arrivé bien souvent que ses aptitudes intellectuels si bien camouflée lui sauvent la vie. Notamment quand elle avait eu désespérément besoin d'argent et qu'elle avait laissé un puissant homme d'affaire s'amouracher de la personne, lui permettant ainsi d'écouter l'homme parler de la bourse et de ses futures actions pour avoir un maximum de profit. Suivant son exemple, elle avait vite réussit à transformer ses maigres économies en une petite fortune qui lui avait servit à se sortir des misères de la drogue et à payer ses dettes avant de passer à un autre amant. À cet instant, elle utilisait sa façade avec brio pour faire baisser la garde à Myra et arriver ainsi plus aisément à la cerner et à comprendre son rôle dans la vie de sa glacière favorite. Parce que mine de rien, Star ne savait toujours pas au juste qui était Myra et ce qu'elle faisait dans l'appartement de l'adulte. À cet instant précis, si elle s'était écoutée au lieu de se forcer à jouer ce jeu dangereux, elle aurait certes été moins frivole avec la jeune adulte et l'aurait sans doute plaquée contre un mur en l'assénant de questions. Star était légèrement possessive lorsque Renna était concernée, bien qu'elle avait parfaitement conscience que jamais l'adulte ne pourrait ressentir envers elle plus que de la compassion et une amitié fragile. Elle se satisfaisait de cette réalité et en échange, s'était jurée de veiller au bonheur de la dame. Si cette jeune femme lui donnait le moindre doute sur ses intentions face à Renna, bien vite Star montrerait ses crocs, mais pour l'instant elle préférait observer, noter et attendre son heure.
La prostituée ne manqua pas de noter, en l'occurrence, que Myra ne semblait nullement encline à protester sur son usage scandaleux de l'argent de l'enseignante, ce qui la laissa supposer deux éventualités :
1. Elle savait que Renna était si riche qu'une telle transaction ne lui infligerait probablement aucune colère. 2. Elle se fichait éperdument de la dame et donc de la ruiner pour une chose aussi simple que de se nourrir.
Si la vérité se trouvait dans la première éventualité, alors Myra Jefferson était bien plus proche de Renna qu'elle ne devrait l'être, puisqu'il était difficile de savoir à quel point la dame était riche sans la connaître. Renna ne communiquait pas grand chose de sa personne à quiconque aisément. Bon après, peut-être que Myra avait simplement déduit ce fait en observant son somptueux appartement. Mais si la vérité se trouvait dans la deuxième éventualité, alors Star souffrait d'une grande confusion. Que faisait Renna à endurer une jeune femme qui la détestait dans son espace vital ? Quelque chose devait se tramer d'anormal, un truc que la prostitué n'avait pas encore réussit à débusquer. Elle allait devoir rester sur ses gardes si elle voulait comprendre cette situation des plus confuses. N'importe qui aurait sans doute tout simplement demandé à la jeune femme d'expliquer sa présence en ce lieu, mais Star était plus subtile et puis elle faisait confiance à son impression que Myra réagirait probablement négativement à une confrontation aussi directe. Après tout, si Star ne savait rien de la jeune femme, Myra ne savait pas grand chose sur la prostituée elle-même. Néanmoins, Star se permit un léger regard curieux dans la direction de Myra en lui tendant son paquet de cigarettes, perdant un peu son sourire niais pour afficher de l'intelligence bien camouflée dans son regard, observant les réactions de la ravissante jeune femme avec attention. Parce que si la prostituée se méfiait de la présence de cette étrangère dans l'entre de Renna, elle n'était pas aveugle et pouvait bien noter son apparence magnifique. Elle avait aussi remarqué que cette apparence était dans les goûts de l'adulte, des cheveux sombres à la peau basanée, en passant par les yeux verts. Comme elle l'avait noté plus tôt, la jeune femme ressemblait beaucoup à Yuki. Cette ressemblance contribua à faire comprendre à Star que cette situation était bien plus complexe que ce qu'elle paraissait. La prostituée rejoignit la jouvencelle sur le balcon, où elle se mit elle aussi à tirer d'une cigarette, la nicotine si nécessaire à son être. Star laissa un soupir de bonheur échapper ses lèvres tout en se postant de façon bien peu sécuritaire sur la balustrade, juste à côté de Myra, l'observant avec un grand sourire avant d'éclater de rire en notant la jouissance de ses traits.
« Quelque chose me dit qu'ça faisait un moment qu'ton corps réclamait son p'tit plaisir ! Ma pauvre chérie, t'aurais du dire quelque chose plus tôt ! »
C'est donc avec un énième sourire que Star entendit les prochaines paroles jaillirent des lèvres de la jeune femme. Un silence tomba entre les deux jeunes femmes tandis que la prostituée laissait un tant soit peu sa façade tomber pour observer pensivement son vis-à-vis, réfléchissant à la teneur de cette question. Puis, un sourire énigmatique se posa sur les lèvres de la jeune femme tandis qu'une lueur apparut dans son regard.
« Ren-chan ? Au lit ? Mais quelle question intéressante, succulente même... Je m'attendais pas à ce genre de truc de ta part chaton. »
Puis, comme si le rêve s'était achevé, Star retomba sous les murs de son camouflage et poussa une sorte d'exclamation surprise, avant de poser ses deux mains à plat contre sa bouche, gloussant d'un amusement palpable.
« Attend là, t'es en train d'me dire que Ren-chan est une prof ???? HA HA HA la belle affaire, maintenant, j'comprends pourquoi elle a jamais voulut me dévoiler son boulot ! Clair, la prochaine fois je me pointe avec un uniforme d'écolière, j'suis certaine qu'elle pourra pas me résister si j'le fais ! »
Star se pencha vers Myra et prit un air complice avant de susurrer d'un ton plus bas, son sourire toujours présent :
« N'empêche, elle doit être irrésistible avec toute une classe sous son commandement, j'en ai des frissons... Dit chérie, elle t'excite toi quand elle donne ses leçons ? »
Elle retrouva un peu de sérieux quand la jeune femme se mit à la fixer dans les yeux, lui offrant un peu de sa chair si délicieuse en échange de cette information. La fixant d'un air bien plus calculateur que naïf, elle analysa cette nouvelle information sans réagir, laissant la jeune femme lui saisir le bras. Cette jeune femme était bien décidée à tout faire pour qu'elle partage d'un peu de son savoir... Ce qui confirmait bien à Star que Myra n'avait encore jamais goûté aux plaisirs de la chair avec sa chère et tendre Renna. Et donc qu'elle ne vivait pas à ses côtés à cause d'un quelconque contrat d'amantes. D'apprendre le métier de Renna avait certes surpris grandement Star et elle était éternellement reconnaissante à Myra de lui avoir offert quelque chose qu'elle recherchait depuis des mois. Renna n'avait jamais voulut lui communiquer cet aspect de sa personnalité, et maintenant qu'elle savait, la prostituée pouvait aisément comprendre pourquoi. Elle s'était sans doute dit que de communiquer une telle chose avec la jeune femme serait proposer des pensées bien peu saines à son esprit dépravé. Elle n'avait pas eu tord. Mais maintenant, elle réalisait d'après les propos de la jouvencelle aux cheveux sombres que Myra était l'élève de Renna, ce qui obscurcit encore un peu plus leur relation. Que pourrait bien penser Renna en invitant ainsi une étudiante à se mettre à ses aises chez elle ? Fronçant les sourcils, Star continua de fixer les méandres vertes des yeux de la jeune femme sans répondre à ses requêtes jusqu'à ce que la sonnerie de la porte d'entrée retentisse. Utilisant ceci comme excuse, Star offrit un énorme sourire en direction de la porte, retrouvant sa façade idiote, puis poussa une exclamation de joie intense tout en trottinant rapidement vers la porte d'entrée qu'elle n'hésitait pas à ouvrir en grand. Notant l'apparition d'un homme vêtu d'un habit propre qu'elle connaissait si bien, la jeune prostituée n'hésita pas à se jeter dans les bras du nouveau venu, entourant même ses hanches de ses jambes sans aucune gêne. L'homme, apparemment habitué à ce genre de réaction de la part de la prostituée imprévisible, laissa ses bras se refermer avec indulgence sur le corps en affichant un très mince sourire.
« Kaaaaasumiiiiii !!!! J'pensais que tu travaillais plus à la Plazaaaa gyaaah tu m'avais trop manqué mon coeur ! <3 » « Mademoiselle Gakami, vous savez bien que ce genre de familiarité est la raison même pour laquelle ma femme me fait des scènes quand je reviens à la maison imbibé de votre parfum, tâchez de vous calmer. » « Haaaan comment elle va cette Hachiko-chan ? Toujours aussi mignonne à croquer ? Mais eu t'es pas drôle Kasumi, tu sais que je déteste que tu m'appelles par mon prénom ! »
Après un échange d'informations plus raisonnable, Star tendit d'un air triomphant la carte de crédit qui fut bien vite délestée d'un peu de son fardeau avant d'aider l'homme à faire entrer la nourriture au beau milieu du salon. L'échange terminé, le serveur les quitta en se faisant gratifier d'un baiser mouillé sur sa joue qu'il s'empressa d'effacer d'un mouchoir, un sourire indulgent sur les lèvres. L'homme à nouveau absent, Star put enfin tourner toute son attention sur le festin de roi qui dégageait une odeur alléchante. Elle jeta son dévolu sur les plat, découvrant chacun avec émerveillement et une expression exagérée de jouissance inouie, goûtant à tout d'un doigt expert et humant avec délice. Enfin, elle se tourna vers Myra et pouffa de rire à son commentaire avant de tirer la jouvencelle vers le festin, l'invitant avec insistance à se servir sans plus de gêne. Saisissant l'un des homards en le fichant dans son assiette déjà remplie à craquer, Star aida la jeune femme à remplir son propre plat avant de la tirer vers la terrasse où elle se prélassa tout en dévorant son homard sans aucune retenue. Sa manière de manger témoignait bien de son statut d'affamée et de l'absence d'instruction de bonnes manières dans son éducations. Bientôt, elle se coucha sur le ventre et se mit à battre des jambes en l'air, avalant goulument et poussant des exclamations de délice à n'en plus finir. Quelques minutes plus tard, Star était en train d'entamer sa deuxième assiette, quand elle s'arrêta brusquement avant de se relever, affichant un air complice vers la jouvencelle qui lui tenait compagnie. La prostituée traversa de grandes enjambées l'appartement, se saisit d'une bouteille de champagne et de plusieurs bouteilles de rhum avant de revenir sur la terrasse en présentant l'une de ses trouvailles à Myra, gardant pour elle un peu de rhum. Chose faite, elle retourna se prostrer sur le sol de pierre, assise en indien, avant d'avaler une lampée copieuse d'alcool sans même grimacer, montrant bien son habitude à la beuverie. Ce fut après un léger silence, que Star daigna enfin donner suite aux questions de la jouvencelle sur un ton conspirateur.
« Si tu veux savoir, Renna, c'est une déesse au lit. Je veux bien te communiquer mes connaissances, mais j'ai pas b'soin d'une récompense. Parler des prouesses de Ren-chan au lit, c'est mon activité préférée. Mais pour parler de telles choses, faut que tu prenne la bonne position. »
Sans crier gare, la prostituée tira de force Myra au sol pour qu'elle s'asseoir à ses côtés, puis prit un air solennel et presque rêveur avant d'entamer ses explications d'un ton révérenciel bien sérieux qui témoignait d'aucune exagération.
« Renna Maria Johnson au lit, c'est... Bon dieu, c'est juste orgasmique. Premièrement, faut qu'tu sache que ta chère et tendre enseignante est une dominante confirmée. Avec elle, pas moyen de prendre le dessus, non que j'me plaigne, bon dieu ce qu'elle m'excite quand elle prend les devant, avec son regard... Tu l'as remarqué au moins, qu'elle avait des yeux super expressifs. Normalement ils sont glacés, mais quand elle a envie de sexe, bon dieu ce qu'ils fondent vite... Ils prennent une couleur et une expression juste jouissive et quand elle tourne son regard vers toi, putain que tu fonds, pas moyen de faire autrement. C'est quelqu'un d,axé sur les détails, oh que oui. Pas de brusquerie ou de rapidité pour madame Johnson, oh non. Elle préfère lentement te faire tourner l,esprit en te caressant de fond en comble, elle laisse même pas une parcelle de peau non explorée et putain qu'elle sait se servir de sa langue... Surtout quand elle est entre tes cuisses. Alors là, faut que tu me crois chaton, Renna, c'est la reine du service oral. Crois-moi, j'sais c'que j'dis, avec toute l'expérience que j'ai, jamais encore j'ai connu quelqu'un qui sait si bien faire. Et oh putain ses ongles ! La vile enseignante que tu accuses d'être frigide et bah ce qu'elle sait y faire avec ses ongles ! Juste d'y penser, j'en mouille ma culotte tien ! Et ... »
La prostituée s'interrompit un instant dans son récit passionnel afin de gratifier la jouvencelle d'un regard intense et sérieux, puis dit solennellement :
« Elle sait s'en servir, de ses doigts. Elle connait bien l'anatomie féminine pour le coup. J'ai rencontré personne encore qui était arrivé à être déçue après une nuit passée avec madame. Personne. T'entends ? Personne. Tu voulais savoir autre chose chérie ? » |
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| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Jeu 10 Nov 2011 - 20:52 | |
| Myra avait un défaut de taille : elle se focalisait sur ses aprioris, sans se douter qu’ils pouvaient être un leurre. Inconsciemment, elle se faisait piéger par le parfait rôle d’actrice de Star. Elle était convaincue que son importance reposait essentiellement sur ce qu’elle pouvait faire sexuellement avec Renna. Elle ne pouvait pas imaginer qu’elle puisse être plus intelligente et stratège que ce qu’elle en avait l’air, au-delà de ses accoutrements provocants, de ses prises de décisions absolument imprévisibles, et de ses attitudes purement gamines. En un mot, elle fonçait tête baissée dans le mur, et elle persistait à s’enliser dans son erreur. Si elle avait eu un peu plus de jugeote, elle aurait pu comprendre les projets secrets de son interlocutrice, mais elle ne pouvait pas nier que sa situation la tracassait, et que sa position vis-à-vis de Renna était floue. D’ailleurs, elle comprit rapidement qu’elle n’était pas la seule à être éloignée de la vie privée de mademoiselle Johnson, puisque la prostituée n’était même pas au courant de la profession qu’elle exerçait. A ce moment là, les yeux de la Rebelle s’écarquillèrent, et elle pensa qu’elle avait commis une immense gourde. Elle espérait que cette révélation malvenue ne porterait aucun préjudice à sa tutrice, en sachant que personne n’était censé connaître l’existence de Myra dans son quotidien. Maintenant, elle en faisait partie intégrante, et n’importe qui aurait établi mille et unes hypothèses pour comprendre comment une femme de la trempe de Renna, pouvait cautionner l’intrusion d’une telle créature dans son antre. Et pour ce qui était de l’usage abusif de son argent, elle considérait simplement que ça ne la regardait pas, et qu’il n’en tenait qu’à son professeur de mieux filtrer ses relations, afin qu’elles ne s’approprient pas ses richesses comme bon leur semblait. Elle demeurait passive, ce qui était assez surprenant, car elle était toujours la première à revendiquer telle chose, à se plaindre de tel détail, le tout en grommelant des jurons incompréhensibles en espagnol. Peut-être commençait-elle à se complaire dans son rôle de petite élève docile, ou alors, la fatigue devait y être pour beaucoup.
- Mademoiselle Johnson ? Excitante quand elle nous fait avaler des leçons avec des milliers de formules incompréhensibles ? J’espère que c’est une plaisanterie. Cette femme est un tue-l’amour quand elle se met à crier sur n’importe qui. Et figure-toi que je suis son punching ball. Elle n’a jamais loupé une occasion de me faire chier. Manque de bol pour elle, je déteste me faire marcher sur les pieds, alors j’ai toujours résisté. Maintenant, je me retrouve dans son appartement, quelle ironie du sort, n’est-ce pas ? J’en ris encore à mes heures perdues.
Elle observa les réactions de Star d’un air blasé, et quand elles purent enfin goûter au succulent mets commandé par téléphone, Myra en oublia d’avoir envie de vomir en supposant que Renna pouvait être excitante. D’accord, elle avait une silhouette à tomber par terre, une personnalité unique et une autorité qui pouvait prêter à l’excitation, mais elle n’arrivait pas à se défaire de l’idée qu’elle était son professeur. Rien ni personne ne pourrait changer cela, à moins que cette cohabitation engendre une proximité susceptible d’annihiler cette conception très arbitraire de la chose. Mais là n’était pas la question. A présent, l’aîné de ses soucis était de planter ses dents dans ces ailes de poulet, desquelles furent arrachés plusieurs morceaux dans un mouvement à la fois sauvage et sensuel. Au même titre que Star, Myra mangea comme une ogresse, et se jeta avec voracité sur la moindre parcelle de nourriture. Quand elle en arriva aux éclairs au chocolat, la conversation prit une nouvelle tournure. En même temps que Star dissertait passionnément sur les pratiques sexuelles de mademoiselle Johnson, la crème chocolatée de l’éclair dégoulinait sur les doigts de l’étudiante, et menaçait de tâcher malencontreusement le tissu de ses vêtements. Au fur et à mesure, une scène sensuelle puis de plus en plus érotique se projeta dans son esprit, et lui fit oublier qu’elle avait une gourmandise très appétissante entre les doigts. Absorbé par le récit de Star, elle passa d’une stimulation discrète, à un sentiment de malaise, puis de nouveau à une attirance presque irrésistible qui lui arracha quelques frissons électrisants. Par la suite, ces frissons traduisirent une peur, celle d’en savoir plus que ce qu’elle avait exigé, et elle aurait aimé pouvoir se boucher les oreilles. L’enthousiasme se transforma en aversion, et lorsque son interlocutrice se décida à lui demander si elle avait d’autres questions aussi alléchantes à lui poser, Myra n’eut pas d’autre réponse à fournir que :
- J’ai failli vomir dans ma bouche.
Difficilement, elle mâchouilla et avala ce qu’il restait de son éclair au chocolat, et suçotant machinalement son index, son pouce puis son majeur, elle fut prise de quelques relents. Pourtant, elle n’était pas la dernière à accepter qu’une femme l’emmène au septième ciel et réciproquement, mais elle imaginait clairement la femme avec qui elle se trouvait dans les bras d’une autre qu’elle côtoyait vingt-quatre sur vingt-quatre. La confusion prenait aisément place sur son faciès, et dépassée par la projection mentale d’un scénario beaucoup trop trash compte tenu des circonstances, elle inspira et expira un grand coup. Elle ne voulait surtout pas gâcher le fabuleux repas que Star s’était évertuée à acheter rien que pour elles, alors que la faim s’était faite tenace et expressive.
- Et je pense en savoir assez pour deviner que tu es actuellement aussi humide que la rosée du matin.
En même temps, elle avait tendu la perche en demandant quel profil sexuel détenait Renna. A en juger par ce qu’on venait de lui raconter, elle était une vraie tigresse qui, cependant, savait prendre son temps, profiter de chaque seconde en les immortalisant délicatement entre ses lèvres. Au moins, il n’y avait aucun doute à avoir là-dessus. Le témoignage de la prostituée était bien trop fort et spontané pour n’être qu’un ramassis de mensonges. En se souvenant qu’elle l’avait surprise nue dans son lit, avant de s’étaler comme une loque sur son carrelage, Myra réalisa davantage la chose, et se surprit à rougir légèrement. Non, elle ne pouvait pas être plus contrariée que cela, surtout pas en présence de celle qui avait partagé plus d’une nuit torride en sa charitable compagnie. Ce serait trop fort, elle avait abaissé ses barrières, et elle agissait comme une vierge effarouchée qu’elle n’était plus depuis belles lurettes.
- Bref, je crois que le champagne va beaucoup m’aider ce soir.
Elle lia le geste à la parole en se servant une coupe, et en la buvant tantôt avec empressement, tantôt en en savourant les arômes savoureux. Le liquide réchauffa sa gorge, s’écoula dans son œsophage, et finit par lui procurer les sensations d’une ivresse encore douce et peu présente. Elle caressa rêveusement les rebords de son récipient, et contempla les astres dorés qui brillaient dans le ciel, et offraient un spectacle simple mais beau à ses regardeurs. Après ce qu’elle venait d’entendre, elle préférait se satisfaire de ça, plutôt que de se repasser en boucle les scénarios salaces que Star lui avait raconté. N’aurait-elle pas pu se contenter du strict minimum en les décrivant ? N’aurait-elle pas pu se restreindre à quelques images beaucoup moins crues et incongrues ? Enfin, il ne fallait pas non plus être prude, et puis, même en passant par toutes les métaphores que l’esprit pouvait produire, il émanait de l’acte sexuel une bestialité qui pouvait être soit modérée soit totalement délivrée par celui qu’elle possédait. C’était aussi un ensemble de mécanismes et de processus que l’on activait au fil des étapes, que certains croyaient bon de brûler dans leur envie incontrôlable de s’unir à l’autre. Fronçant les sourcils, Myra en conclut qu’elle allait encore se coucher avec des visions aussi horrifiques que troublantes, et la moindre des choses serait de les chasser illico-presto si elle ne voulait pas que Renna se doute des connaissances à présent détenues sur elle. Loin de vouloir l’offenser pour ce qu’elle faisait de son temps libre, elle se rappela qu’elle n’était pas mieux lotie qu’elle, et qu’abuser de sa liberté l’avait conduite à s’adonner à des activités aussi peu catholiques et respectables.
- Tout ça pour dire que Renna est une femme comme les autres qui ne sait pas résister au sexe quand il lui faut déverser sa frustration d’une quelconque façon. Je ne prendrai plus de risques en te questionnant davantage sur le sujet, car vraiment, je ne veux pas recracher tout ce que j’ai mangé ce soir. C’était bien trop bon et luxueux. Je pense qu’on a qu’à remercier indirectement Renna pour ce merveilleux repas. Amen.
Fière du point final qu’elle avait pu donner à cette conversation, elle hocha fermement la tête, arbora une expression grave, sauf qu’en voulant se remettre sur pieds, elle manqua de s’effondrer comme une loque. Trop absorbée par la tranquillité de l’instant, elle avait enchaîné les verres avec insouciance, en se croyant encore maître de ses mouvements. Or, son corps se joua d’elle et échappa totalement à son contrôle. Ses jambes branlantes ainsi que ses bras flasques témoignaient d’un état d’ébriété plus ou moins avancé, et ses pensées devinrent évasives, entremêlées, insensées. Elle fit une nouvelle tentative et parvint à se hisser sur ses quilles. Elle s’appuya contre la fenêtre coulissante, et rejoignit le salon tant bien que mal. Lorsqu’elle croisa le chemin du canapé, elle en épousa les formes de son enveloppe charnelle et s’empara d’un coussin qu’elle enlaça furieusement. Son ventre était lourd, comme si elle avait avalé des cailloux, et que la digestion les transformait en sable, lequel aurait été capable de la couler si on avait eu l’idée malsaine de la balancer à la mer. L’alcool embrumait le fil de sa réflexion, et elle fut à deux doigts de se faire bercer par les bras de Morphée. Malheureusement pour elle, l’endormissement fut interrompu puisqu’un cliquetis se fit entendre de l’autre côté de la porte d’entrée. Des bruits retentirent dans le vestibule, et d’un air ahuri, Myra contempla l’arrivée de sa mort. Parce que oui, avec tout un banquet sur sa terrasse, et la présence envahissante de Star, Renna ne manquerait sûrement pas d’exploser et de répandre sa haine sur les deux jeunes femmes. Et pour cause, lorsque mademoiselle Jefferson l’aperçut en face d’elle, il ne lui vint pas à l’idée de détaler comme toute personne normale ferait. Elle la gratifia d’un grand sourire béat, et sur un ton très naturel, déclara :
- Bonsouaaaar Mademoiselle Johnson ! Vous nous ramenez une autre pute ? Qu’est-ce qu’on va s’amuser ce soir ! J’espère que vous partagez, surtout qu’apparemment, vous êtes bien expérimentée. Pourquoi vous n’enseignez pas la pratique sexuelle à l’Académie ? J’pense que vous devriez méditer sur la question en cas de reconversion professionnelle, non ?
Nous lui pardonnerons sa désinvolture, car elle ne savait pas ce qu’elle faisait, et encore moins ce qu’elle disait. Il était fort probable qu’elle ne se souvienne de rien quelques heures plus tard, car la digestion additionnée à l’assimilation d’un taux d’alcool plus ou moins conséquent ne faisait pas bon ménage. Sur la terrasse, un véritable chantier de nourriture se tenait, et une légère odeur de tabac flottait, rappelant que les demoiselles s’en étaient donné à cœur joie, même si elles avaient pris toutes les précautions nécessaires afin de ne pas se trahir. Prises sur le fait comme des enfants ayant commis une grosse bêtise, il ne leur restait plus qu’à endurer le passage de ce violent orage.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Jeu 10 Nov 2011 - 22:16 | |
| Loin, bien loin de cette scène prenant rapidement des airs de débauche, Renna Maria Johnson sirotait son martini à la pomme avec un sourcil haussé, feignant être plus qu'intéressée par la conversation de la jolie brune qui tentait de l'impressionner avec ses histoires de bureau. Une main parfaitement manucuré pianota avec une légère pointe d'impatience sur sa propre cuisse, bien à l'abris du regard de sa partenaire sous la table. En vérité, elle s'ennuyait à en mourir et commençait sérieusement à se demander s'il existait en ce monde des gens dont la conversation intelligente et le physique de rêve s'alliait à merveille pour former un tout un tant soit peu intéressant. Son esprit traitre choisit ce moment pour faire apparaître dans ses songes le visage ennuyé que lui lançait souvent un certain monstre aux yeux verts, comme pour lui rappeler qu'elle avait bien une telle personne à proximité. L'agacement puissant que causa cette soudaine image se démontra sur son visage dans le pincement ferme de ses lèvres peintes d'une couche de rouge à lèvre rouge vermillon de la même teinte que sa robe suggestive. Malgré cette preuve claire que son interlocutrice ne lui dévouait plus toute son attention, la jolie brune continua d'extrapoler sur son patron idiot et ses collègues incompétents, ses grands yeux noisette brillant d'une flamme d'amusement sans borne. Renna se perdit rapidement dans la contemplation des lèvres pulpeuses, de la peau dorée invitante et de la suggestion d'une poitrine raisonnable offerte à la vue par un décolleté de choix, souhaitant oublier tout ce qui pourrait avoir un lien de près ou de loin avec Myra Jefferson. Une pensée frôla son esprit, mais comme à son habitude lorsque ce genre de pensée décidait de venir lui pourrir la vie, elle décida de l'ignorer avec force afin de ne pas souffrir des conséquences qu'elle pourrait avoir sur sa personne. cette pensée lui susurra que Myra avait toujours su faire partie de ses pensées, qu'elle le veuille ou non et que ce n'était pas en se noyant dans les plaisirs de la chaire avec une autre femme qu'elle allait si aisément l'oublier. Renna voulait du répit. Depuis que la jeune femme avait élu domicile chez elle, de par sa propre suggestion, il devenait de plus en plus difficile de garder le contrôle sur ses esprits, en particulier sur cette part de son être si totalement félin que l'élève refusait d'accepter à cet instant même au creux de son logis. L'adulte avait toujours eu cette part sauvage de sa personnalité qu'un agissement aussi froid et retiré que le sien ne pouvait qu'inévitablement causer. Et ses pulsions adoraient se réveiller dès que la jeune femme était à proximité, à son plus grand dam. Ennuyée de se faire déconcentrer dans sa contemplation du corps séduisant de la jeune femme lui faisant face par le monstre aux yeux vert malgré son absence, Renna décida de passer à l'action. Elle fit glisser sa mains jusqu'à celle de la jolie brune qui, sous la surprise, s'interrompit dans son récit pour la dévisager, une question bien en vue sur ses traits clairement peu asiatiques.
« C'est très intéressant, mais sans vouloir vous offenser, je ne vous ai pas approchée pour tenir une conversation... »
Le ton sussureur, les yeux à demi cachés sous ses paupières et le caressement de ses doigts suffirent à faire frissonner violemment la jeune femme qui lui faisait face qui oublia totalement de quoi elles discutaient quelques minutes plus tôt pour poser sa main libre sur celle de l'enseignante, un sourire amusé se posant sur ses lèvres.
« Oh ? Pourquoi m'avez-vous approché alors ? » « Il serait excessivement aisé pour vous de le découvrir en me suivant jusqu'à mon appartement... Quelle chance qu'il se trouve si près... Qu'en dites-vous ? »
La jolie brune arqua un sourcil, sourire toujours présent, avant d'accepter la requête d'un ton prometteur, se relevant de sa chaise sans plus de cérémonie pour offrir à Renna une vue prenante sur sa robe noire délicieusement moulante. L'enseignante fit de son observation langoureuse un spectacle bien peu subtil en parcourant la silhouette de son regard pénétrant, avant de se relever à son tour et de glisser la pointe de ses ongles sur l'intérieur du bras, invitant sa cible d'un ton séducteur à son oreille de la suivre jusqu'à sa voiture. Après avoir frémit devant cette attention, la jeune femme ne se fit pas prier pour sortir du bar et suivre la blonde jusqu'à la dite voiture, se mordant doucement la lèvre sous l'anticipation qui courrait dans ses veines. N'empêche, la jolie brune était plus que fière d'avoir réussit à tirer Renna dans ses filets, après tout il était de notoriété publique que la jeune dame frigide ne se laissait que peu souvent tenter par la séduction. Mais quand la meilleure amie de la jolie brune lui confia en soupirant rêveusement des plaisirs qu'elle avait éprouvé en laissant Renna lui faire découvrir les plaisirs de la chaire, elle n'avait pu que devenir curieuse... Et désireuse. Le trajet en voiture fut décidément court, mais la jeune femme le sentit comme une éternité, surtout quand Renna eut la bonne idée de lui caresser la cuisse de sa main libre en tenant le volant, provoquant en elle des frissons évoquant des plaisirs futurs. L'enseignante ne lâcha pas la route des yeux un seul instants, mais ses iris bleutés brillèrent d'une lueur d'excitation qui témoignait de son empressement. Les deux jeunes femmes entrèrent dans le hall d'entrée de l'établissement, mais n'eurent pas le loisir de détailler les lieux, pressées qu'elles furent par leur désir respectif qui tailladait leurs entrailles. La jeune fille blasée qui se peignait les ongles d'une jolie couleur rosée derrière le comptoir leur jeta un air morne tout en continuant sa besogne, habituée à ce genre de vision et encore plus habituée à les ignorer. Ce n'est qu'une fois dans la cage d'ascenseur que l'anticipation sembla être de trop pour la jolie brune qui se planta contre le corps de Renna pour voler un baiser aux lèvres minces de l'enseignante qui, surprise par l'audace de sa vise-à-vis, se vit un moment soumise, avant de rejeter doucement la jeune femme, lui offrant un regard inviteur.
« Votre impatience est des plus flatteur, mais mon appartement n'est pas bien loin, tâchez de vous retenir encore quelques instants, j'ai des voisins affreusement curieux vous savez. » « Hmmm je vais tenter la chose, mais je ne vous promet rien, vous êtes une tentation si difficile à résister... »
La jolie brune passa une main douce sur la joue, offrant à Renna un regard convoiteur et enflammé qui acheva de gonfler son ego et fit grimper son propre désir en flèche. Aussitôt que les portes de l'ascenseur s'entrouvrirent, Renna tira la jeune femme par le bras jusqu'à son appartement, sortit fébrilement ses clefs et claqua la porte avec fermeté derrière leurs personnes avant de plaquer la dame contre la porte pour dévorer ses lèvres avec ardeur. Elle entendit un gémissement approbateur récompenser sa fougue tandis que la jeune femme laissait tomber son sac à main sur le sol, préférant glisser ses mains sur le dos de l'enseignante. Renna ne perdit par une minute et se mit à explorer la gorge à la peau si dorée de son aventure d'un soir,fermant les yeux sous les sensations qui menaçaient de la faire flancher. La violence de sa passion la troubla un instant et elle s'admonesta grandement, se disant qu'il était dangereux pour elle de ne pas satisfaire ses désirs charnels de la sorte. Bien décidé à profiter pleinement de cette opportunité, elle laissa ses mains fébriles épouser les formes féminines de la jolie brune qui était perdue dans ses caresses, la tête contre la porte, les lèvres entrouvertes sur des halètements rapides. La blonde laissa ses mains suivre la forme de la poitrine de la jeune femme qui poussa un gémissement de surprise avant d'attirer plus pleinement le corps de l'enseignante contre sa personne. Après un dernier baiser fougueux, Renna ne perdit pas une seconde et fit glisser sa main entre les cuisses de la jeune femme pour goûter à la chaleur des fruits interdits, lorsqu'une voix qu'elle reconnaissait si bien brisa la magie du moment et la rendit aussi rigide qu'une statue. La vérité était qu'elle s'était attendue à trouver son appartement vidé de la présence de Myra après son départ précipité. Elle s'était attendue à ce que la jouvencelle, frustrée de son attitude et d'avoir été coupée dans ses engueulades, profite de son absence pour aller s'adonner à ses excès sans retenue toute la nuit dans un coin inusité de la ville. Alors quand la voix rauque de la jeune étudiante parvint à ses oreilles, elle fut momentanément interdite. Puis, lentement, sa tête tourna dans la direction de la voix, comme pour confirmer qu'elle était réellement là et qu'il ne s'agissait pas d'un produit de son imagination débordante. L'échange de regard fut immédiat. ET sans le vouloir, Renna offrit à la jouvencelle une vue prisée sur des choses qu'elle n'avait vraisemblablement aucune envie de voir. Comme par exemple ses lèvres gonflées sous les baisers dont le rouge à lèvre s'était copieusement répandu de toute part, lui donnant un air de débauche peu souvent notable sur ses traits. Mais également sur sa chevelure en désordre et sur ses iris qui étaient toujours brillants de frustrations sexuels, reflétant très bien cet aspect 'fondu' que leur avait attribué Star. Et dans le silence cuisant des lieux entrecoupé par des halètements encore sonores, Renna dit sur un ton qui cachait bien peu sa surprise :
« ... Melle Jefferson ? »
Le 'que faites vous là' était facile à deviné, bien que pas prononcé, flottant dans l'air comme des paroles interdites. Les paroles de l'enseignante encore dans l'air remit un accent de réalité dans l'esprit brouillard de la jeune dame qui réalisa sa position actuelle avec une certaine désinvolture. Après tout, elle ne s'était jamais cachée de ses pulsions sexuelles et elle se fichait bien de ce que pouvait penser Myra à leur sujet, mais tout de même, une frustration pointilleuse de mit à se dessiner dans son esprit quand elle réalisa que la présence de la jouvencelle dans son logis l'empêcherait probablement de donner suite à ses séductions. Cette pensée fut de plus en plus pressante à son esprit quand elle nota l'aspect brouillé des yeux de son étudiante et son attitude qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs, notamment le jour où elle avait proposé à la jouvencelle de partager son logis. Sur un ton interdit qui reprenait peu à peu ses accents frigides ordinaires, l'enseignante prononça ces mots :
« Vous êtes ivre. »
C'était sans doute l'aspect irréel de cet instant qui avait causé à Renna de prononcer de telles paroles. Après tout, ce fait était évident rien qu'à observer la personne de l'étudiante et donc il avait été parfaitement inutile pour la dame de le prononcer de vive voix. Seulement, elle se réveillait lentement des limbes de son désir frustré d'être encore une fois ignoré et elle avait encore un mal fou à comprendre toute cette situation.
« Hey chaton, t'es passée où ??? Il este encore de la mousse au chocolat, t'en veux un p-- »
La voix chantonnante s'était rapidement interrompu quand Star avait aperçu la silhouette interdite de son enseignante favorite dans l'entrée et, sur le coup de la confusion, elle afficha clairement sa surprise avant de réagir à cette apparition. Renna ne fut pas mieux mise, elle dévisagea la nouvelle arrivante qui sortait de sa terrasse en papillonnant confusément des paupières, se demandant un moment d'où au juste elle venait de sortir. La scène sembla un moment se figer dans le temps et dans l'espace, avant que l'enseignante ne se fasse accoster par une prostituée souriante, accostage qu'elle aurait du pouvoir deviner aisément en voyant sa silhouette se précipiter vers sa personne. Le soudain poids sur son dos la fit se presser contre le corps de la jolie brune qui n'eut pas la conscience de s'en plaindre, observant les deux jeunes femmes occupant l'espace vital de sa presqu'amante avec de grands yeux confus.
« Ren-chaaaaaan !!! Enfin te voilà, je me suis siiii ennuyée, tu peux pas savoir ! sa va pas de me laisser dans un tel état enfin, je te veux moi ! » « Qui c'est celle là ? » « Ooooh tu m'as apporté un cadeau ! T'aurais pas du, tu sais mon anniversaire c'est dans trois mois coquine <3 ! » « Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Qui c'est cette fille ?! » « Star, pour vous servir m'dame. J'veux bien écarter les cuisses pour vous ! »
Le silence malaisé fut général. Finalement, la jolie brune demanda frigidement à Renna de se dégager, puis défit quelques plis sur sa robe avant de demander directement à l'enseignante sur un ton neutre :
« Qui sont ces deux là ? » « ... C'est une longue histoire. Je crois qu'il serait mieux pour vous de partir. » « Quoi ? Mais je- » « Vous êtes sourde ? »
La jolie brune écarquilla les yeux devant ce brusque changement d'attitude et frissonna d'effroi en notant la frigidité avec laquelle l'enseignante la dévisageait. Silencieusement, elle se saisit de son sac à main et quitta les lieux sans demander son reste, comprenant enfin pourquoi les gens surnommaient la jeune femme la glacière. Un autre silence emplit la salle avant qu'enfin Renna daigne tourner son regard frigide sur la prostitué, qui reconnu bien vite les accents de colère qui se teintaient dans les iris de glace. Star offrit un petit sourire gêné à la jeune dame, rougissant et offrant ses mains en guise de défense.
« Hey oh me regarde pas comme ça Ren-chan, j'ai rien fait moi, j'te jure ! » « Star. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Je croyais t'avoir dit de ne plus revenir. » « Ah mais j'avais besoin d'un endroit où rester et... » « Qu'est-ce que vous avez fait à ma terrasse ? »
Renna avait enfin su noter la bouteille de rhum entre les doigts de la prostitué et avait observé avec une horreur non déguisée la débauche totale qui s'exhibait sur le balcon. Fronçant les sourcils, elle offrit un regard accusateur à Star qui comprit le message et offrit de tout ranger avant de s'enfermer sur la terrasse en fermant la porte, histoire de se protéger contre les fulminations d'une enseignante furax et frustrée. Cette fois, quand le silence retentit entre les deux jeunes femmes, Renna retrouva son calme et une pointe de malaise. Elle était seule avec Myra à nouveau et elle commençait à se rendre compte que la dernière fois qu'elles s'étaient vues, elles s'étaient violemment disputées. Maintenant, la voilà qui faisait face à son étudiante, débauchée, sa robe rouge froissée et tout de son être respirant parfaitement les plaisirs charnels. Et Myra était étendue, exhibant les signes clairs d'une autre sorte de débauche. Du chocolat provenant des éclairs barbouillait ses lèvres et son corps respirait le champagne. Ses vêtements étaient froissés et son regard poissonneux faisait fois. L'enseignante se vit ailleurs assaillit par un étrange sentiment de culpabilité, culpabilité qui la força à s'approcher de son invitée forcée avec douceur, avant de se pencher au dessus d'elle pour sentir du dos de sa main son front, vérifiant ainsi si elle souffrait de fièvre. Puis, s'accroupissant à ses côtés, elle retira le coussin d'entre ses doigts et tenta d'aider la jeune femme à se relever.
« Vous empestez. Laissez-moi vous aider à vous rendre plus présentable. » |
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| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Jeu 10 Nov 2011 - 23:43 | |
| A demi-consciente de son état, Myra n’avait pas raté une miette des batifolages entre son professeur et la parfaite inconnue qu’elle avait décidé de ramener ce soir-là. D’abord intriguée, puis de plus en plus renseignée sur la nature de ses actes, elle surprit le corps des deux femmes se presser l’un contre l’autre. Elles semblaient se dévorer le visage, à défaut de se contenter de quelques baisers langoureux, qui auraient pu être suivis d’une formidable partie de jambes en l’air. Mais les faits étaient là, et ils confrontèrent Renna à une triste réalité. Elle avait actuellement la responsabilité d’une jouvencelle qui, loin d’avoir pu se débaucher toute la nuit durant, avait préféré s’enivrer dans son coin avec une charmante prostituée pour atténuer les souffrances de la solitude. Affalée sur le canapé, elle n’avait pas eu tôt fait d’apprécier la splendide scène que voici qu’elle s’empressa d’en interrompre le charme volontairement. Le timbre de sa voix était rauque, ce qui signifiait qu’elle était déjà plus que pompette. L’ivresse l’avait gagnée une nouvelle fois, et tandis que Renna venait de tomber des nues, l’ambiance chaleureuse de la pièce se dissipa, et devint bien plus lourde et tendue. Pour preuve, la proie potentielle de mademoiselle Johnson se fit sèchement renvoyer des lieux, tandis que Star fit brusquement profil bas. Les épaules rentrées, les muscles contractés et le visage déformé par la confusion et la culpabilité, elle ne tarda pas à lui présenter ses plus plates excuses. Pour cause, la situation n’avait rien d’enjouée et d’appréciable, car Myra pâtissait encore d’un tempérament qu’elle ne pouvait pas contrôler. Elle était aussi un peu perdue dans ce qu’elle ressentait, et ses quelques appréhensions la conduisaient à commettre l’irréparable. Là encore, elle n’exposait pas un aspect très séduisant de sa personnalité, et une partie de sa conscience la tiraillait, en lui susurrant qu’elle ne prouvait rien hormis son idiotie et son manque de profondeur spirituelle. D’un œil poissonneux, elle regarda la silhouette de son enseignante s’approcher. Elle posa une main sur son front un peu chaud, mais la Rebelle la rabroua d’un geste vif. Elle lui agrippa férocement le poignet et fit en sorte qu’il ne l’approche pas davantage. Puis, quand le coussin lui fut retiré, elle se déplaça de l’autre côté du canapé, s’allongea en chien de fusil en lui montrant négligemment ses fesses. Oui, vous ne rêvez pas, Myra boudait, comme une enfant qui se sentait abandonnée par sa génitrice. Les lèvres pincées et légèrement en avant, elle avait également un air furibond.
- Je suis pas ivre d’abord, j’suis juste un p’tit peu pompette m’voyez !
Afin de ne pas céder aux exigences de l’adulte, elle se concentra sur un point invisible et le fixa jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. Puis, elle les fit papillonner frénétiquement et daigna se redresser. Quand elle observa ce qu’il se passait sur le balcon, elle remarqua que Star s’affairait au rangement de la terrasse. En effet, il y avait une vraie débauche à cet endroit-là, et les nombreux cartons d’emballages qui avaient permis la facilitation de la conservation des éclairs au chocolat laissaient présager beaucoup de travail pour la prostituée. D’abord décidée à lui prêter main forte pour ne pas subir sa confrontation avec Renna, elle comprit ensuite qu’elle ne serait pas en mesure d’effectuer un tel effort physique. Quand elle avait ne serait-ce que quelques litres d’alcool dans le sang, elle était vite dépossédée de son habileté et de sa dextérité. Elle s’apparentait aisément à une épave humaine, et même le dernier des incultes la devinerait incapable de faire preuve de débrouillardise. Renna avait raison de ne pas la sermonner, car d’après leurs ultimes querelles, il était préférable d’apaiser les choses, de ne pas les envenimer, et de crever l’abcès. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, ce fut l’étudiante qui prit les devants. Sans crier gare, elle riva ses mirettes verdoyantes vers son professeur, et tapotant maladroitement sur le divan, elle la convia à s’asseoir auprès d’elle. Même ivre, il lui arrivait d’avoir des moments de lucidité. La communication n’était pas son point fort, elle se contentait souvent d’hurler comme une femme primitive pour rappeler sa misérable puissance en ce monde, mais quand il était question de se défendre en argumentant, elle avait du mal. Et puis, quand elle se mettait à peser le pour et le contre, elle réalisait qu’elle n’était pas tendre, et que son comportement laissait souvent à désirer. Non, encore une fois vous ne rêvez pas, elle s’avouait fautive, mais elle ne savait pas comment l’exprimer sans donner l’impression à Renna que son pouvoir était acquis. Elle ne souhaitait pas lui offrir l’occasion de jubiler et de se satisfaire de cette petite victoire, parce qu’elle était toujours loin de lui obéir sans ciller. Mais comme elle vouait un certain respect à leur consensus, elle voulut rendre les choses plus agréables.
- Vous êtes partie super vite, et du coup, j’ai pas eu le temps de m’expliquer tout à l’heure. C’est vrai qu’hier j’ai juuuuste un p’tit peu trop bu, mais ça vous savez, c’est naturel chez moi. Dès qu’il y a de l’alcool, c’est bizarre mais d’un seul coup, c’est Bagdad dans ma tête. Mais aujourd’hui, j’ai essayé de me retenir parce que j’me disais « Quand la vieille bique reviendra, je lui présenterai mes excuses parce que j’ai été une grosse cruche. » Mais j’crois que j’ai pas été assez patiente.
Trop submergée par l’émotion, elle éructa un peu en prenant soin de mettre sa main devant la bouche. Puis, elle se gratta l’arrière-crâne, le coude, le poignet, se rongea l’extrémité de chaque ongle, mâchouilla une mèche de cheveux, s’humecta plusieurs fois les lèvres car elle avait la bouche atrocement pâteuse, se frotta les yeux car elle commençait à tomber de sommeil, se renifla plusieurs fois pour constater qu’elle empestait réellement le champagne et l’éclair au chocolat, et se débarbouilla un peu avec la manche de son haut, ce qui était un geste tout à fait répugnant mais compréhensible lorsqu’on soulignait l’état déplorable de la demoiselle. Tous ces gestes vides de sens n’étaient là que parce qu’elle était atrocement gênée des visions barbares infligées à l’adulte. En une fraction de seconde, elle aurait aimé être perçue comme un exemple, mais elle était absolument tout le contraire. Pour une raison qu’elle ignorait présentement, elle se décevait bien plus que d’habitude, et épiait d’un air miséreux la pauvre Star qui se tuait à la tâche du rangement. Afin de rompre le silence mortifère, la Rebelle racla bruyamment de la gorge et se ratatina de plus en plus sur le canapé. Elle pria pour qu’une quelconque divinité claque des doigts et la transforme en petite souris, pour qu’elle puisse se terrer dans un trou jusqu’à ce que Renna ait oublié la vue atroce de cette gamine immature et irresponsable, qui ne savait pas se surveiller seule par-dessus le marché.
- Mais bon le principal c’est que vous soyez revenue.
Cette phrase ne servait absolument à rien, mis à part qu’elle avait besoin de se l’entendre dire. C’était un repère, signifiant qu’elle pouvait maintenant cracher ce qu’elle ressentait, comme lorsqu’elle épanchait ses états d’âme à un psychologue. A dire vrai, elle ne savait pas trop par où commencer. Elle désirait lui faire part de ce que sa prostituée lui avait confié, du fait qu’elle avait malencontreusement révélé une partie de ce que Star ne savait pas comme sa profession, et qu’elle s’était délibérément renseignée sur tout ce qu’elle entreprenait lorsqu’elle n’était pas au lycée ou en train de s’arracher les cheveux en lui expliquant un exercice quelconque. Elle aurait cent fois préféré lui dire qu’elle avait enfin réussi à résoudre une équation différentielle du second degré, sans s’aider des corrigés qu’elle recopiait souvent en cachette pour faire croire qu’elle était une warrior. Elle aurait eu beaucoup de fierté en l’informant qu’elle avait passé une journée sans avoir envie de fumer une cigarette après chaque repas, mais pour l’instant, c’était impossible. Elle n’avait pas grandi, elle en était restée à un stade où l’avenir n’avait aucune importance. Elle abusait de ce que le présent pouvait lui offrir, tout en raréfiant les richesses qu’elle aurait pu recueillir à l’avenir. Elle était esclave de ses pulsions, elle ne savait pas répartir son temps comme il le fallait, et elle le paierait tôt ou tard. Ce projet de tutorat n’était pas seulement conçu pour lui faire obtenir des résultats respectables mais également pour la faire mûrir. Et à la voir recroquevillée sur ce canapé, elle n’avait rien de l’adulte de dix-neuf ans qu’elle prétendait être.
Soudainement, elle se redressa sur son séant, racla à nouveau de la gorge pour se donner de la contenance, bomba la poitrine, arrangea un peu ses cheveux, retroussa ses manches tâchées de chocolat, et croisa ses jambes avec le peu de grâce qu’il lui restait. Après avoir laissé planer un énième silence, elle prit un air très solennel et déclara sur un ton monocorde :
- Je vous présente mes excuses, mademoiselle Johnson. Et vous avez vu, j’ai même pas vomi !
Cette phrase aurait pu être effective si seulement elle n’avait pas eu un haut-le-cœur inopiné qui manqua de la faire vomir sur le magnifique tapis de salon de mademoiselle Johnson. Comprenant que son estomac ne lui donnerait pas plus de répit, elle se précipita dans la salle de bains, s’y enferma à double tour, et cracha la majeure partie de ses tripes. Et dire qu’elle aurait aimé garder ce fabuleux repas plus longtemps ! Mais le champagne avait été de trop, et le seul bénéfice qu’elle avait pu tirer de son ivresse était cette humilité qu’elle avait toujours reniée car elle la considérait comme une faiblesse. Ainsi, après s’être libérée du poison qui coulait dans ses veines, elle tira la chasse car elle était une personne civilisée, s’appuya sur le lavabo, se mira dans la glace pour constater l’étendue des dégâts et entreprit de se rendre plus présentable. Oui, elle ferait un petit effort et pour commencer, elle se jeta sur sa brosse à dent, la recouvrit d’une bonne couche de dentifrice qu’elle fit ensuite mousser dans sa bouche après l’avoir passé sous un mince filet d’eau froide. Elle frotta énergiquement pour améliorer son haleine de chacal et entretenir ses dents qui, en plus du tabac, souffraient quotidiennement de ses abus alcoolisés. Après cela, elle se déshabilla, s’imposa une douche glacée pour se remettre les idées en place, et en profita pour se refaire une beauté. Grâce aux gels douches parfumés qu’elle empruntait régulièrement à son enseignante, elle put profiter d’une chair gourmande et vierge de toute saleté. Encore un peu vaseuse, elle tâcha de se concentrer sur le brossage intensif de sa crinière noire. Elle la noua en une tresse épaisse qui reposa lascivement sur son épaule droite. Puis l’étape ultime surgit et elle s’extirpa de la salle de bains, le corps uniquement enveloppé d’une serviette moutonneuse et douillette.
- Je ne suis pas là, ne matez pas, merci bieeen ! s’exclama-t-elle en trottinant jusqu’à sa chambre où elle s’accapara la nuisette en coton qu’elle portait pour la nuit.
Maintenant qu’elle était un peu plus présentable, elle réapparut dans le salon et se pavana sous l’air sûrement indifférent de son enseignante. Quand elle agissait de cette manière, Renna avait le chic de se montrer glaciale et peu encline à converser. Mais toujours un peu pompette, Myra diminua la distance qui les séparait tout en arborant un air zombifié. Puis elle retrouva place sur le canapé et se pressa instinctivement contre l'enseignante. Malgré la douche froide, la somnolence reprit le dessus, et elle appuya très légèrement sa tête sur l'épaule de l'adulte. Le mal de tête des lendemains difficiles refaisait progressivement surface et abandonnée à un étrange sentiment de soulagement, elle sombra sans crier gare. |
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| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Ven 11 Nov 2011 - 5:25 | |
| Renna savait pertinemment que ce que ses impulsions lui dictaient de faire était totalement incongru, malgré tout elle les suivait sans rechigner, tel un pantin au bout de ses cordes. En toute logique, de se sentir coupable en voyant la jouvencelle dans cet état était totalement insensé. Après tout, melle Jefferson s'était évertuée à rendre son corps dans un état bien pire auparavant et jamais elle n'avait resentit le moindre remord la tenailler. À juste titre, puisqu'elle n'avait en rien influencé ses choix lors de ces multiples instances. D'autant plus que Renna nourrissait cette ferme conviction que les gens étaient leurs propres sculpteurs et avait toujours pensé que si Myra souhaitait se pourrir la vie en se noyant dans ses excès, c'était son affaire et non la sienne. Alors pourquoi de la voir ainsi, presque vulnérable et fuyant ses bonnes intentions lui donnait-elle envie de se rapprocher et d'offrir un peu de compassion ? Elle qui ne ressentait jamais la moindre empathie, ni la moindre envie de se rapprocher de qui que se soit, se voyait chamboulée par des émotions incontrôlables, comme toujours lorsque la jeune femme était concernée apparemment. L'enseignante regarda donc son étudiante qui lui tournait maintenant le dos, laissant mollement retomber son bras contre son corps sans daigner bouger ne serait-ce que le petit orteil. Ses yeux, au lieu d'offrir leur éternel froideur, semblaient curieusement lumineux dans la noirceur des environs, chose rare. Renna était, encore une fois et risiblement décontenancée. Elle avait finit par apprendre avec le temps qu'il ne servait à rien de tâcher d'analyser ses réactions lorsque le monstre aux yeux verts était concerné, puisque celles-ci défiaient tout simplement toute logique. Elle avait également finit par accepter qu'il était inutile de tenter de se battre contre elle-même à ce sujet, puisque cela n'accomplirait jamais rien sinon lui faire du tord. Et l'adulte en avait plus que marre de jouer les enragées. Elle voulait se reposer, se recroqueviller sous un balcon pour lécher piteusement ses blessures comme un chien battu. En clair, elle hissait le drapeau blanc. Ce processus avait été lent et contre son gré pour la plupart du temps, causant des excès de frustration qu'elle avait cru bon de déverser sur son étudiante sans la moindre raison valable. Mais suffit. Certes, Myra Jefferson était quelqu'un avec qui Renna Maria Johnson trouverait toujours moyen de s'énerver, leurs personnalités si complémentaires et différentes ne pouvait donner un autre résultat, mais elle refusait de jouer aux aveugles une seconde de plus. Les paroles poussées par la jeune femme ne provoquèrent aucune réaction de la part de la jeune dame, preuve déjà qu'elle n'était pas dans son assiette. C'était bien elle après tout qui ne manquait pas une seule occasion de rabaisser la jouvencelle et de lui offrir ses condescendances sarcastiques.
Un silence s'installa entre les deux jeunes femmes. Renna se surprit à se rendre compte que leur histoire semblait sans cesse ponctuée ainsi. Des insultes crachées sans réflexion, puis le silence, toujours mortel et déplaisant. L'enseignante avait voulu penser à tord que tout revenait de la faute de Myra, mais elle réalisait lentement qu'elle avait elle aussi sa part dans toute cette histoire. Myra n'était pas idiote, elle se l'était avouée à elle-même bien avant de jeter la hache de guerre. Après tout, si elle avait été idiote, jamais l'enseignante n'aurait été à ce point intriguée par sa personne, subjuguée serait même un meilleur mot dans cette situation de dingue. Mais alors si elle n'était pas idiote, l'attitude que l'enseignante avait entreprit à son égard n'avait-elle pas été fautive ? Certes, elle l'avait été. Mortellement. Cruellement. L'ennui, c'était que Renna ne savait pas comment agir autrement avec les gens. Habituée à être seule, dans son nid douillet et sécurisant, elle craignait autrui et préférait se convaincre de ne pas avoir besoin de leur présence, de leur chaleur. Pourtant, son corps traitre quémandait cette présence constamment contre son gré. Et elle se retrouvait là, laissée pour compte et devant faire face aux conséquences de ses constantes attaques contre le monde en général. Renna continua de fixer son élève sans bouger ni afficher la moindre condescendance, presque vulnérable dans sa robe si ridiculement rouge et sensuelle. Elle aurait voulut se vautrer sous ses couvertures et s'effacer un moment du monde pour réfléchir, retrouver ses esprits et comprendre toutes ces émotions contradictoires qui se tramaient dans son esprit. Elle aurait voulut comprendre surtout pourquoi elle avait à la fois envie de secouer mortellement melle Jefferson, tout comme elle avait envie de l'embrasser avec tendresse. L'illogique complet de ces deux pulsions provoqua en elle un très léger pincement de lèvres tandis qu'elle baissait le regard au sol, momentanée faiblesse qu'elle eut vite fait de ranger. C'est à cet instant précis que Myra décida de faire le premier pas vers une réconciliation. Renna croisa son regard hésitant, puis son geste malhabile d'invitation avec incompréhension, restant un instant sur place en cherchant à comprendre. Finalement, lentement, de gestes badauds, elle vint rejoindre son étudiante sur le divan, gardant les mains sur ses jambes et une posture raide, prenant bien soin de laisser à Myra son espace vital. Cette nouvelle proximité la troubla encore plus que le silence et durant un instant, elle considéra retomber derrière ses habitudes et lancer une réplique sèche à Myra, mais se ravisa à la dernière minute, fronçant les sourcils et se sermonnant mentalement avec fureur.
Renna fut surprise par les paroles prononcées d'un ton raisonnable qui jaillirent des lèvres de melle Jefferson. Si surprise en fait, qu'elle tourna le visage dans sa direction afin d'étudier son visage, gardant un air impénétrable sur ses propres traits. Cette nouvelle facette de la personnalité de Myra vint comme un choc pour l'enseignante. Elle ne s'était pas armée contre une Myra normale, qui ne beuglait pas des idioties et était capable d'agir en adulte. Le trouble rendit ses traits transparents un instant et elle entrouvrit les lèvres pour riposter, mais ne trouvant rien à dire, les referma rapidement, continuant de fixer la jeune femme. Ce fut donc cet éclair de lucidité qui permit à Renna de se rendre compte que la jeune femme qui lui tenait compagnie sur son divan était mal à l'aise à ses côtés. Elle nota les gestes nerveux, le ratèlement de gorge et la manière équivoque avec laquelle Myra se recroquevillait sur le divan, souhaitant apparemment disparaître, loin du regard inquisiteur de melle Johnson. Cette observation fit comprendre à Renna une chose bien importante chez la jeune femme : elle était doté d'un orgueil et d'une obstination qui rivalisaient bien avec les siens et c'était ce qui devait causer la plupart des répliques acerbes qui sortaient de sa bouche lorsque son enseignante était concernée. Médusée par cette nouvelle découverte, l'adulte papillonna un moment des paupières, une surprise claire sur les traits de son visage. De découvrir que sa personnalité était si semblable avec celle de son élève, tout du moins sur certains points, l'avait fortement secouée. Le pire, c'est qu'elle arrivait parfaitement à comprendre le comportement de Myra, puisqu'elle souffrait des mêmes vices. Lentement, l'expression de l'enseignante s'adoucit aux dernières paroles et elle décida de répondre à cette main tendue par ses propres paroles, fixant ses mains repliées sur ses genoux.
« J'ai été trop dure avec vous, mademoiselle Jefferson. Vous êtes une jeune adulte qui... Fait parfois des erreurs. J'oublie souvent que vous avez encore beaucoup à apprendre et sous le coup de la frustration, vous inflige des remontrances qui sont non nécessaires. Il est difficile pour moi de voir en vous un potentiel gâché et au lieu de tenter de vous aider, je vous rabroue. J'ai conscience que c'est là une réaction puérile et je m'en excuse. Je ne suis pas... Habituée à interagir de manière positive avec les gens. Cette situation est pour moins non usuelle, j'ai du mal, je vous l'avoue, à m'y adapter, mais... Je ne regrette rien. »
Les dernières paroles avaient été presque murmurées et hésitantes. Renna les avait presque ravalée, mais sur un dernier élan de courage, décida de les lâcher, puisqu'elles étaient empreintes d'une vérité qu'elle avait encore un peu de mal à accepter elle-même. Tournant un regard en coin à la jeune femme, elle ajouta sur un coup de tête :
« ... Non, je ne regrettes vraiment pas de vous avoir tendu la main, bien que ce fut de base une obligation qui me fut faite. »
Subjuguée par une vague d'embarras, melle Johnson eut le réflexe de se saisir de ses lunettes pour oeuvrer à les nettoyer, mais se rendit bien vite compte qu'elle avait ses verres de contact dans les yeux et qu'un tel acte était bien inutile. Sentant ses doigts se refermer sur du vide, elle se sermonna sévèrement avant de reporter ses doigts brusquement contre ses cuisses, serrant le tissus de sa robe en se mordant l'intérieur des joues. Peu habituée à se montrer si vulnérable devant autrui, elle voulut lancer une pique venimeuse à Myra pour reprendre le dessus, mais s'en ravisa assez vite, se rappelant que si elle souhaitait réellement enterrer la hache de guerre et permettre à melle Jefferson de se rapprocher un tant soit peu de sa personne, ceci ne serait pas le meilleur moyen de commencer les choses. Mortellement humiliée par son incapacité à se protéger de sa nouvelle fragilité, Renna fut éternellement reconnaissante à melle Jefferson pour ses prochaines paroles, car elles lui permirent de remplacer son trouble actuel par une surprise bienvenue. L'enseignante regarda la jeune femme un moment, heureuse de recevoir ses excuses mais ne s'y attendant guère. Le fait que ces dites excuses avaient été ponctuées des prochains propos la troubla d'avantage et elle eut le soudain réflexe d'éclater de rire devant l'air fier de son étudiante, mais son esprit s'indigna d'une telle action. Renna Maria Johnson ne sourirait pas et s'esclafferait encore moins de rire pour un truc aussi ridicule que les agissements de son élève, ah ça non ! Reprenant le dessus sur ses pulsions, elle regarda Myra fuir vers la salle de bain et fixa la porte close d'un air ébahit avant d'hausser les sourcils en entendant les bruits révélateurs de la raison pour laquelle la jouvencelle avait soudainement fuit sa présence. Sans pouvoir s'en empêcher, Renna poussa un soupir et afficha un air presqu'attendrit, amusé de la situation. En entendant la douche et en comprenant que la jeune femme ne sortirait probablement pas de si tôt de la salle de bain, l'enseignante se releva pour aller retirer sa robe froissée et poussa un soupir de soulagement en retirant ses escarpin, se massant machinalement les pieds. Elle enfila des pantalons plus confortable ainsi qu'un débardeur simple avant de retourner au salon, pieds nus et ses lunettes à nouveau sur le nez, les verres de contact reposant dans leur étui dans son sac à main posé avec négligence sur son lit. De nouveau assise sur son divan, Renna fronça les sourcils, se demandant pourquoi au juste elle était revenue dans la pièce. La conversation lui avait semblée terminée après tout et elle ne voyait pas pourquoi elle avait eu le réflexe de revenir.
Tournant la tête, elle posa ses doigts fins à l'endroit où la jouvencelle avait été assise quelques instants plus tôt, comme cherchant sa chaleur. Si elle avait été plus honnête envers elle-même, sans doute que l'enseignante aurait réalisé que si elle était à nouveau assise sur le divan, c'était parce que pour une fois dans son existence elle avait vécu un bon moment et qu'elle ne souhaitait pas le laisser s'envoler dans le passé si vite. Bientôt, son trouble fut interrompu par l'arrivée de la jeune étudiante et par pur réflexe, Renna tourna le regard dans sa direction. Elle cessa presqu'instantanément de respirer sous le choc de la vue d'une Myra si transformée de son ancien état déplorable. De la voir ainsi, la peau toujours humide et le corps si peu recouvert d'une serviette alors qu'elle avait encore une frustration sexuelle tangible à fleur de peau ne lui fit pas grand bien, mais elle fut totalement incapable de détacher des yeux la silhouette tant désirée, la suivant alors qu'elle fuyait se cacher derrière une porte fermée. Une fois Myra disparue, Renna retira ses lunettes, les posa sur la table à ses côtés et poussa un grognement en se massant les tempes, ennuyée par son manque total de contrôle. Mais avant même qu'elle n'ait pu se reprendre, Myra était de retour et cette fois, elle réussit à la surprendre si totalement que Renna ne trouva pas la force ni la présence d'esprit de protester. L'enseignante ne s'était pas attendue du tout à ce que la jouvencelle se pose si près de sa personne. Elle avait pensé que l'étudiante aurait élu domicile dans sa chambre toute la nuit, afin de laisser son ivresse légère s'estomper, mais apparemment Myra avait, comme elle, du mal à se remettre des récents événements. Renna demeura aussi rigide qu'une statue au tout début, refusant d'observer les traits de la jouvencelle et tentant de se convaincre qu'elle était en train de rêver. Après tout, melle Jefferson n'agirait jamais de cette façon, s'était tout simplement insensé. Pourtant, quand enfin son regard se décida à se rebeller contre son esprit, elle devina la tête couverte de cheveux sombres reposant bien sur son épaule et le corps jeune toujours collé contre le sien. Les minutes passèrent. Renna n'osait toujours pas bouger. Mine de rien, bien que son choc était palpable, tranquillement l'enseignante réalisait que cette posture était tout sauf désagréable et son corps en manque d'affection aspira la chaleur humaine comme une éponge. Le temps que la surprise s'estompe, l'étudiante s'était endormie dans sa position précaire au plus grand étonnement de son enseignante. Lentement, elle observa le visage qu'elle devinait à peine et se permit et très petit et très mince sourire. C'est que Myra était bien trop adorable ainsi, son souffle régulier s'échappant de lèvres entrouvertes et ses yeux fermés au reste du monde.
Renna se sentait certes honnorée d'être gratifiée d'une telle confiance, après tout elle aurait bien pu faire ce qu'elle voulait à la jouvencelle durant son sommeil et pourtant Myra l'avait quand même choisit pour faire office d'oreiller. Cette étrange soirée et son état d'esprit encore plus confus combiné produisirent un effet étrange en Renna qui pour la première fois, laissa ses pulsions prendre le dessus sur sa logique implacable. Elle leva une main hésitante qui s'arrêta à mi-chemin, avant de continuer son périple pour atterrir dans les cheveux sauvages de l'étudiante. Et lentement, la main caressa la tignasse, défaisant en douceur la tresse et empêtrant ses doigts dans la masse de cheveux, observant ses mouvements d'un oeil doux. Puis, après de nombreuses minutes, elle posa son front contre la tête de la jouvencelle et ferma les yeux pour profiter de l'odeur de son invitée forcée. En y repensant, Renna ne pouvait plus compter le nombre de fois qu'elle s'était demandée comment sentirait la jeune femme ou encore comment elle se sentirait en passant ses doigts dans ses cheveux. L'adulte n'arrivait pas à croire qu'elle se permettait une telle vulnérabilité. Après tout, la jouvencelle pouvait à tout moment se réveiller... Mais Renna ignora son cerveau encore une fois en faveur de son coeur, finissant d'estomaquer complètement son être. Puis, dans un murmure, elle lança au vide interstellaire :
« Très bien. Tu es trop forte pour moi, vile émotion. Je t'acceptes. »
Et lentement, au rythme de ses caresses attentionnées, son corps se calla plus confortablement dans le divan et elle s'endormit sans demander son reste, le nez dans la chevelure de sa nouvelle protégée. Une prostituée exténuée entra un peu plus tard, sa besogne achevée et un sourire triomphant sur le visage, brandissant des restes du banquet de deux bras levés. Elle se ravisa vite de faire tout commentaire cependant, en apercevant la scène touchante qui s'offrait à elle sur le divan du salon. Pendant un long moment, Star resta un instant en plan dans la même position, ses yeux écarquillés par la surprise. Elle connaissait Renna depuis assez longtemps pour savoir que l'adulte ne s'adonnait pas à ce genre d'activités souvent et de la voir ainsi, si vulnérable dans son sommeil, une main empêtrée dans les cheveux de Myra lui provoqua un choc considérable. Puis, tombant lentement des nues, elle laissa un sourire attendrir ses lèvres. Marchant sur la pointe des pieds, elle alla poser les reste dans le réfrigérateur et griffonna une petite note à l'adulte qu'elle glissa sur la table dans l'entrée, avant de reprendre ses effets, d'enfiler sa bote au talon cassé ainsi que sa jumelle et de s'extirper hors du logis, oubliant momentanément qu'elle n'avait nulle part où dormir. Il lui avait seulement semblé impensable de dormir dans l'appartement, de peur de déranger cette scène emplie de douceur.
[HJ : Je te laisse le soin d'écrire le lendemain matin choupine, pardon je sais que c'est pas très inspirant et pardon aussi de l'aspect trop romanesque x)] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 13 Nov 2011 - 11:47 | |
| La nuit dernière, le Gakuen Corner Building revêtait des allures de foire où la tranquillité avait laissé place à une anarchie provoquée par la présence d’une prostituée un peu trop délurée. Par la suite, il y avait eu une confrontation fatale, qui avait suffi à calmer les ardeurs de chacun et à se remettre en question, afin que les problèmes du quotidien ne soient plus placés sous silence. Myra se souvenait difficilement de ce qu’elle avait pu dire ou faire, et un léger mal de tête s’était épris d’elle malgré cette paisible nuit de sommeil. Quand elle rouvrit doucement les yeux, une chaleur protectrice et apaisante l’enveloppait, et lui donnait envie de se rendormir aussitôt. Puis, elle se souvint qu’elle n’avait pas invité une quelconque aventure d’un soir, et que les seules personnes capables de pouvoir l’enlacer ainsi n’étaient autre que Star et mademoiselle Johnson, revenue en plein milieu d’alléchantes festivités. Alors intriguée par la réelle nature de cette chaleur affable, elle posa ses mains sur une masse de chair non identifiée, et parvint à se défaire délicatement de cette étreinte pour se rendre compte que Renna en personne l’avait coconnée entre ses bras. Myra dut se faire violence pour ne pas hurler en supposant qu’elle ait pu s’acoquiner avec elle en établissant une telle proximité. Au lieu de cela, elle posa fermement ses mains sur sa bouche, et étouffa plusieurs jurons contrecarrant le bien-être qu’elle avait cependant ressenti contre les formes de son enseignante. Si elle avait su que ce genre de choses pouvait se produire, elle aurait médité à deux fois avant de se lancer tête baissée dans cette périlleuse aventure. Et reconnaissant difficilement qu’elle en avait gardé un excellent souvenir puisque son sommeil lui avait été plus que bénéfique grâce à cela, elle s’échappa de l’emprise de son professeur et alla chercher des vêtements de jour parmi sa garde-robe personnelle. Quand elle eut jeté son dévolu sur un pull vert d’eau et évasé dévoilant sensuellement l’une de ses épaules, elle opta pour un pantalon beaucoup plus serré. Discrètement, elle s’enferma dans la salle de bain, se débarbouilla en passant un coup de gant sur son visage, et entreprit de se pouponner pour en camoufler les imperfections. A ce moment là, elle eut d’hostiles pensées à l’encontre de ses cernes proéminents qui, tout de même, s’étaient bien dissipés après cette confortable nuit. Embarrassée à l’idée qu’elle ait pu dire des choses amèrement regrettées par la suite, elle préféra se focaliser sur ses actes en enfilant son pull, son slim, en finalisant le tout par une petite touche de parfum.
Naturellement, l’endormissement de son professeure était une belle aubaine. En se rendant dans sa chambre à coucher, elle effectua les mêmes démarches que Star pour mettre la main sur sa carte bleue, et retrouva comme par magie son paquet de cigarettes. Elle n’en piqua qu’une seule pour le restant de la matinée, et la coinça derrière son oreille en attendant de pouvoir la fumer en paix. A plusieurs reprises, elle revenait vers Renna et se penchait pour s’assurer qu’elle dormait comme un bébé, et s’apprêtant à se concocter un bon petit-déjeuner, elle fut témoin des habitudes peu recommandables de son enseignante, en ouvrant le réfrigérateur et en remarquant qu’il n’y avait plus un seul aliment suffisamment nutritif pour contenter son estomac. D’un geste nerveux et légèrement colérique, elle referma la porte du dit réfrigérateur, et s’empara d’un post-it et d’un crayon à papier pour échafauder une liste de ce qu’il était essentiel d’avoir. Puis, elle s’assura de toujours avoir le chéquier fourni par son père dans son sac à mains, et sans demander son reste, elle s’éclipsa pour revenir une heure plus tard avec deux sacs de courses contenant le strict nécessaire. Pourtant, c’était déjà bien assez pour remplir le frigo affamé de mademoiselle Johnson. D’ailleurs en parlant d’elle, il semblerait qu’elle ait disparu de la salle à manger. Myra ne la retrouva pas affalée sur le canapé. Elle fut témoin d’un silence plutôt surprenant, et haussant les épaules en arborant un air naïf, elle supposa qu’elle était dans sa chambre ou dans la salle de bains, en train de se préparer.
- Mademoiselle Johnson, vous êtes là ?
Elle n’eut pour écho que le propre son de sa voix. Elle poursuivit donc son rangement, et après s’être acquittée de sa tâche, elle se frictionna convulsivement les mains et partit à la recherche de son enseignante.
- Vous savez, j’ai été faire quelques courses donc vous avez une dette envers moi. Et puis, je crois qu’on a des comptes à se rendre parce que je me souviens absolument de rien à propos d’hier soir. Ou alors j’ai juste des bribes.
Oui, des morceaux de souvenirs qui affleuraient à la surface de son esprit par des flashs successifs. Elle se rappelait le sourire à la fois sincère et surjoué d’une prostituée qui s’était permis de commander un buffet tout entier rien que pour elles. Renna était revenue d’un rendez-vous, mais Myra ne se souvenait pas du pourquoi du comment. Elle croyait se rappeler une conversation sérieuse, puisqu’elle visualisait le regard inquiet et les mouvements hésitants de son enseignante, déblatérant des paroles sur un ton très inhabituel des autres fois. Elle ne la sermonnait pas, elle paraissait beaucoup plus douce et indulgente dans ses souvenirs. L’ultime phrase qu’elle avait cru percevoir sonnait comme l’achèvement d’une guerre qui pourrait très bien reprendre ses droits sur leur quotidien. L’équilibre était encore instable, et la Rebelle redoutait qu’une rechute survienne, et qu’elles ne soient plus en mesure de communiquer. Déjà qu’elles galéraient comme des forcenées pour se comprendre et se tolérer, un énième conflit sanguinaire serait malvenu.
- J’espère que vous me boudez pas. Je flippe un peu là. Et j’ai pas l’air idiote de m’égosiller comme ça hein. C’est de votre faute encore.
Elle déversa toute sa frustration sur sa cigarette qu’elle n’avait pas encore pu fumer. Puis, en voulant la consumer, elle se rendit vite compte que son briquet avait rendu l’âme et qu’elle ne pourrait bientôt plus lui faire confiance. Elle s’acharna sur lui pour que l’ombre d’une flamme apparaisse, mais n’eut comme récompense que le vide intersidéral. Excédée par les petits tracas de l’existence, elle le balança loin derrière elle, sans se douter que ce projectile pourrait malencontreusement atterrir sur quelqu’un. Agacée, elle croisa les bras sur sa poitrine et fulmina en marmonnant des mots pas très polis dans sa barbe, avant de se stopper net à l’entente d’un bruit qu’elle aurait reconnu entre mille. Soudainement, elle blêmit, se retourna, regarda son enseignante et la gratifia de son plus beau sourire Colgate. Elle n’osa piper mot, et crut entendre un ange passer en jouant de la mandoline.
- Le... le frigo ! Il faut aller voir le frigo pour commencer. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 13 Nov 2011 - 17:00 | |
| Ce qui força Renna Maria Johnson hors des bras de Morphée en ce matin doux d'été, ce ne furent pas les déplacements de son étudiante dans son logis, mais bien l'arrivée inopportune de la chanson d'un oiseau. Elle fronça les sourcils et serra les paupières dans un effort futile pour retrouver le confort de son sommeil, mais capitula bientôt quand les gazouillis persistèrent à venir troubler son bien-être. Les paupières découvrirent donc deux iris d'un gris bleuté ennuyé qui cherchèrent la provenance des cris de la nature. Elle devina la silhouette de l'oiseau si détestable, posé sur la ballustrade de sa terrasse et entreprit de lui offrir un regard des plus noir. Malheureusement pour elle, le pauvre volatile fut bien incapable de deviner les reproches dans son regard et continua de chantonner sans demander son reste. L'enseignante poussa donc un soupir avant de se frotter les yeux, capitulant sans demander son reste et acceptant de se lever sans plus de cérémonie. Se fut en s'extirpant difficilement des limbes d'un sommeil profond que Renna vint enfin à réaliser qu'elle se trouvait dans son salon et non entre ses couvertures douillettes. Sur le coup de cette réalisation soudaine, elle cligna des yeux en observant son entourage, momentanément confuse. Puis, fronçant les sourcils à nouveau, elle posa les yeux sur la table en face d'elle, où reposaient ses lunettes négligemment posées la veille. Des souvenirs flottèrent jusqu'à son cerveau et expliquèrent la raison de sa présence inusitée dans cette pièce, mais ne réussirent pas totalement à taire son trouble. Le fait qu'elle était ennuyé par le sentiment de restriction que lui procuraient ses vêtements ne l'aidait pas dans ses réflexions. En effet, étant habituée à dormir nue, son corps avait oublié comment il se sentant un lendemain après un sommeil prisonnier d'articles de vêtements. Cette expérience ne l'avait pas réjouit du tout. Passant une main dans ses cheveux, Renna observa son accoutrement ainsi que le contenu de la pièce sans comprendre, cherchant la source de son malaise. Soudain, sa mémoire lui susurra qu'elle n'aurait pas du être seule allongée sur ce divan et que là demeurait la raison de son trouble. Sa main, qui était en train de dépeigner sa chevelure déjà en piteux état, cessa tout mouvement tandis qu'elle entrouvrit les lèvres. Elle avait dormit sur le divan, c'est vrai, maintenant elle s'en souvenait, et la raison de cet écart impardonnable avait apparemment prit la fuite. L'enseignante le pouvait pas lui en vouloir d'avoir prit la poudre d'escampette, après tout se réveiller entre les bras de son enseignante avait du lui procurer un choc considérable. D'ailleurs, la jeune dame poussa un grognement en enfouissant son visage entre ses mains, piquée à vif par ses propres actions impardonnables.
Il devenait rapidement clair à Renna qu'elle était tout à fait incapable d'agir comme il le fallait lorsque Myra était concernée. Non pas qu'elle l'ignorait auparavant, mais maintenant qu'elle avait décidé de cesser de se battre contre elle-même, il était plus aisé de l'accepter. Poussant un soupir, l'enseignante se releva et laissa son regard balayer le divan, se remémorant la veille avec une pointe d'acidité. Elle se rappela comment la chevelure épaisse de son étudiante avait été douce sous son touché prudent, comment l'Odeur de la jouvencelle avait charmé son odorat fin et comment elle s'était laissée bercée jusqu'au sommeil, épuisée par le surplus d'émotions qui avait décidé de la terrasser. D'ailleurs, cet épuisement se faisait toujours sentir dans son être et rendait la tâche de se réveiller totalement très difficile à l'enseignante. Renna s'enfut donc dans la salle de bain, où elle s'observa dans la glace avec une pointe d'acidité. L'enseignante s'était endormit sans retirer de ses traits son maquillage de la veille et son visage protestait vivement contre cet oubli en ce matin doux. Jugeant qu'une bonne douche serait la meilleure chose pour l'aider à recouvre ses esprits, la jeune dame retira ses maigres articles de vêtements froissés par son sommeil agité et se permit plusieurs minutes de repos sous le jet d'eau chaude, remettant lentement ses idées en place. Renna appuya son front contre le carrelage et réfléchit aux événements de la veille, plus apte à ne pas s'embrouiller maintenant que les dernières traces de son rouge à lèvre disparaissaient dans un tourbillon d'eau chaude et de mousse de savon. L'enseignante ne savait toujours pas ce que Star avait pu bien raconter à son élève, d'ailleurs son esprit ne fit pas le lien entre les paroles négligées de la prostituée et l'état d'ébriété de Myra. Elle se dit simplement que la jeune femme avait du se laisser entraîner par l'enthousiasme de Star, tout simplement. Quoi que quelque chose dans cette théorie la laissait insatisfaite et elle identifia bientôt ce détail en se remémorant certaines paroles prononcées par sa petite protégée. Sur le coup, la jeune dame n,avait pas su noter les implications derrière ces paroles parce qu'elle avait été beaucoup trop surprise par la présence même de la jeune femme, mais maintenant qu'elle y repensait à tête reposée, elle pu se permettre de pousser un grognement de frustration. Apparemment, Star avait laissé passé un surplus d'informations non nécessaires sur la vie sexuelle de son enseignante préférée, ce qui avait causé l'envie à Myra de se rendre ivre. Renna comprenait totalement cette motivation soudaine de perdre l'usage de ses facultés, après tout elle avait su noter, non sans frustration, que son étudiante se plaisait à l'imaginer asexuée. D'apprendre que ce n'était guère le cas a du provoquer en Myra un choc puissant.
Renna sortit de la salle de bain, se sentant à nouveau sa propre personne emmitouflée dans sa robe de chambre. Elle resta un moment interdite sur le pas de la porte, se demandant soudainement où était au juste passé la prostituée. Renna n'avait pas su y réfléchir auparavant, dans son état presque comateux, mais maintenant elle était apte à réaliser que la jeune prostituée n'avait pas l'habitude de disparaître ainsi, surtout sans avoir pu profiter de la présence de son enseignante favorite. Son regard chercheur tomba sur une feuille de papier posée sur la table dans l'entrée et elle s'approcha avant de s'en saisir, en parcourant les lignes d'un air songeur.
Renna, Je passerai chercher les restes de notre banquet demain matin très tôt. Je sais bien que t'apprécie pas ce genre de nourriture et puis oh, j'veux pas qu'elle puisse se gâter !
P.S : T'es vraiment choux quand t'es heureuse tu sais ? J'espère qu'elle te comblera de bonheur, ta petite protégée, mais méfie-toi, elle a des griffes acérées !
Star
Renna poussa un énième grognement en reposant la feuille de papier sur la table, se passant une main dans le visage. Selon les insinuations de Star, l'enseignante savait qu'elle n'avait pas finit d'entendre parler de toute cette histoire. Elle se dirigea vers la cuisine pour vérifier le contenu de son frigo et fut gratifiée de noter l'absence de tout reste, ce qui signifiait que la prostituée était déjà venue délester le dit réfrigérateur de leur présence et qu'elle n'aurait pas à endurer ses narguages incessant de si bon matin. Machinalement, l'enseignante se concocta du café bien noir tout en réfléchissant à toute cette situation, sourcils froncés. Bientôt, elle se retrouva devant le babillard dans son entrée, fixant les multiples consignes qu'elle avait infligées à mademoiselle Jefferson. En se remémorant cette première journée infernale, Renna eut l'impression que les événements s'étaient produits il y avait des mois alors qu'en réalité cela ne faisait que deux maigres semaines. Le regard de l'enseignante se voila un moment pour afficher une fragilité notable qui pourtant était très rare sur ses traits. Elle effleura des doigts les consignes si bien rédigées et serra les lèvres sur un coup d'émotion. Il lui semblait risible maintenant de considérer son attitude passée envers l'étudiante et encore plus risible de se remémorer toutes les stupidités qu'elle s'était bornée à se convaincre dans les méandres de son esprit. Bornée, elle avait refusé d'accepter son attachement certain à Myra Jefferson. Avec un acharnement infantile, l'enseignante s'était convaincue qu'elle faisait tout ceci parce qu'elle avait été forcée et que son orgueil était menacé, alors qu'en fait si elle avait réellement voulut s'extirper de cette situation, elle aurait tout simplement démissionné. Tout comme en notant la présence de Myra dans sa salle de classe, l'année dernière, elle s'était bornée à se dire qu'elle restait pour une simple question d'honneur alors qu'en fait elle avait été tout à fait incapable de se détacher de la présence de la jeune femme une seconde fois. Ses sentiments pour la jouvencelle la terrifiaient. Jamais encore elle n'avait ressenti une telle chose pour quiconque, même pas pour cette prostituée dénommée Yuki qui pourtant avait presque réussit à s'emparer de son coeur. La force de ses sentiments l,avait fait fuir et prestement, l'enseignante avait enfermé à double tour ces émotions qu'elle n'arrivait pas à accepter et s'était mit des oeillères. Mais elle refusait de persister sur cette pente glissante.
De toute façon, il était trop tard pour reculer. Maintenant qu'elle avait brandit le drapeau blanc, Renna était tout à fait incapable de se mentir à elle-même malgré ses années de pratique. Dans un mouvement de frustration, Renna s'empara des consignes et les déchira de grandes languettes, détruisant ainsi sa propre stupidité avant de laisser les morceaux retomber sur le sol pour se servir son café, se fichant du désordre qui pourtant l'aurait normalement fait sortir de ses gonds. De devoir observer cette preuve irréfutable de sa stupidité lui avait simplement semblé trop difficile. Quelques instants plus tard, elle était sur sa terrasse, tasse de café en main et regard songeur. Le petit oiseau qui avait décidé de la réveillée en ce matin doux, l'observait de yeux curieux et elle le laissa faire sans protester. Renna avait besoin de faire le point.
Quand Myra revint de ses emplettes, Renna avait disparu de la terrasse. Elle s'était enfuit dans le salon, où elle avait entreprit de s'asseoir à même le sol et de fixer morosement le vide. La raison pour laquelle l'étudiante ne sembla pas apte à noter sa présence, fut vraisemblablement parce qu'elle ne se serait jamais attendue à voir son enseignante assise dans un endroit si incongru, vêtue simplement de sa robe de chambre. L'enseignante écouta les questionnements, les propos de son étudiante sans y faire suite, ne réagissant aucunement à sa présence. Elle semblait presque dans une transe, là sur le sol à fixer le plancher. Et quand enfin elle se décida à lever les yeux pour observer la jouvencelle se battre avec son briquet sur la terrasse, un rare sourire se permit une brève apparition sur ses lèvres. Ses yeux étaient fixés sur la cigarette qui se trouvait entre les doigts de la jeune femme et qui, selon leur contrat, n'aurait jamais du l'être. Renna se permit même un petit rictus un peu triste en se remémorant le contrat maintenant en miettes sur son plancher et au lieu de se trouver frustrée de l'enfreinte des règles de son étudiante, elle lui en fut éternellement reconnaissante. Pourquoi ? Parce que maintenant elle savait comment régler toute cette situation ridicule. Elle se leva, sereinement et s'approcha de la terrasse, où elle s'appuya contre la porte ouverte pour fixer son étudiante d'un regard observateur, presqu'ouvert, les bras croisés sur sa poitrine. Elle vit le trouble dans les traits de melle Jefferson lorsque la jouvencelle se tourna dans sa direction et se mit à parler du frigo, mais ne donna pas suite aux paroles maladroites. Pendant un long instant, Renna ne fit que fixer la jeune femme, absorber ses traits au plus profond de son être. Elle savait maintenant comment régler cette situation stupide. C'était si simple qu'elle aurait voulut en rire. C'est donc sur un ton presque doux, léger, qu'elle prononça ces simples mots :
« Je vous redonnes votre liberté, mademoiselle Jefferson. »
Étrange comme le ton doux faisait tache avec les expressions de froideur qu'elle revêtait normalement, encore plus étrange comme son allure générale semblait tant démontrer une fragilité non dévoilée depuis si longtemps. Sans quitter la jouvencelle des yeux, Renna attendit que ses mots pénètrent dans sa cible avant de continuer sur le même ton, raisonnable, patient, doux :
« Cette entente que nous avons cru bon de fabriquer est après tout clairement ridicule, vous devez vous en rendre compte. »
Le ton continuait de s'adoucir, devenant presqu'un murmure. Un étrange demi sourire sardonique se dessina sur les lèvres de l'enseignante tandis qu'elle refermait légèrement les papières, cachant à demi son regard troublant à la vue de l'étudiante.
« Vous n'avez aucunement l'intention d'apprendre quoi que ce soit en ma compagnie, chose qu'il est impossible pour moi de ne pas comprendre comme c'est moi qui vous ai forcé la main. Vous avez toujours revendiqué un désir de liberté et pourtant au lieu de vous laisser comprendre vos erreurs de votre propre chef, je vous ai enfermé dans une cage ridicule. Cessons de nous voiler la face, vous voulez bien ? Cette situation est des plus risible et j'ai décidé d'y mettre fin. »
L'enseignante se passa une main dans les cheveux en poussant un soupir calme, détournant complètement le regard de la silhouette de la jeune femme.
« Je déclare solennellement cette entente rompu. Je vous libère de ce sordide contrat, melle Jefferson. Libre à vous de vous saisir de vos effets et de quitter mon logis quand vous voudrez. J'imagine que vous allez vouloir partir plus tôt que plus tard. C'est dommage, je vous aurais bien offert mes talents de cuisinière. »
Lentement, Renna reporta son regard vers son étudiante et ainsi, lui offrit une vision des plus rares : un très maigre sourire se tissa sur ses lèvres. Puis, elle lui tourna le dos et se dirigea vers sa cuisine, lançant comme dernière réplique :
« Ce fut un plaisir pour moi d'avoir votre compagnie, melle Jefferson, ne doutez jamais de cette vérité. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Il y a des choses que l'on préférerait ne pas savoir [PV Myra Jefferson] Dim 13 Nov 2011 - 22:47 | |
| Myra s’était soudainement figée après s’être énervée contre ce briquet qui avait vraisemblablement décidé de lui mener la vie dure. Le bruit de l’objet retombant lourdement sur le sol avait suffi à faire monter la tension d’un cran, tandis que Renna la fixait de ses yeux obscurs. La Rebelle ne comprenait pas, et légèrement prise de panique, elle se demanda ce qu’une telle expression présageait. Dans sa tête, elle imaginait qu’elle allait se faire tabasser, étriper, éventrer, égorger, empoisonner avec une bonne dose de cyanure, parce que l’enseignante aurait trop eu la haine contre elle étant donné qu’elle était parvenue à faire ressortir ses plus grandes faiblesses. Par conséquent, elle préfèrerait l’assassiner plutôt que d’endurer sa présence plus longtemps. Toutefois, elle demeurait là, plantée devant son élève, cherchant probablement une phrase correcte pour briser le silence et ainsi en venir aux faits. Cette fois-ci, mademoiselle Jefferson aurait préféré qu’elle la sermonne et lui rappelle à quel point elle pouvait être stupide et dépourvue de cervelle. Mais elle ne déclara rien de tout cela, ce qui était la pire sentence qu’elle ait pu lui infliger jusqu’à présent. Son indifférence additionnée à son brusque mutisme constituait la goutte qui allait faire déborder le vase. La Rebelle allait se prendre la prune du siècle sur le coin de la figure, et elle tentait vainement de scruter son regard et d’en identifier tous les sentiments possibles et inimaginables. Décontenancée, elle enfouit machinalement les mains dans ses poches, se mordilla la lèvre inférieure, fit mine de regarder le plafond puis de contempler ses chaussures. Elle remarqua des résidus de boue sur leurs côtés, et se souvint qu’elle devait les nettoyer depuis un moment. Puis, elle riva ses yeux couleur émeraude en direction de la terrasse, où le banquet fait maison de Star voyait ses vestiges moisir en attendant d’être définitivement mis aux oubliettes. Toujours peu sûre du futur que lui réservait son interlocutrice, elle la questionna plusieurs fois avec des « Qu’est-ce que vous avez ? » ou encore des « Me regardez pas avec ces yeux de merlans frits. » avant de tomber des nues. Oui, elle chuta de son petit nuage cotonneux, après avoir cru trouver un terrain d’entente définitif avec elle. Sur un ton qui se voulait étrangement doux mais aussi étonnamment monocorde, elle déclara qu’elle lui rendait sa liberté, qu’elle avait le droit de débarrasser le plancher en prenant ses clics et ses clacs lorsque bon lui semblerait.
- Mais vous…
Elle n’eut pas le temps de rétorquer quoique ce soit puisqu’elle lui expliqua de A à Z le pourquoi du comment de sa décision, en faisant allusion aux innombrables contraintes qu’elle lui avait imposées. Elle pensait que ce n’était pas bon pour la jeune fille, et qu’elle avait tout fait de travers. Clairement, elle baissait les bras, chose que Myra ne l’avait jamais crue capable de faire, après toute l’énergie déversée dans sa rééducation et son intégration des bonnes bases de travail. Comment pouvait-elle détruire le petit empire qu’elles étaient en train de se construire ? Quand bien même si leur équilibre demeurait instable, l’esquisse d’une cohésion voyait le jour. Mais non. Madame avait décidé que c’était fini, et à défaut d’appuyer sur le bouton « pause » pour laisser le temps à Myra de s’en remettre, elle usa d’une indélicatesse infinie en lui tournant le dos, et en prenant place dans la cuisine. Sensiblement, elle était décidée à faire comme si de rien n’était, et jouant le jeu jusqu’au bout en étant convaincue que c’était ce qu’elle souhaitait vraiment, la Rebelle demeura silencieuse, inspira un grand coup et tapant des mains, hocha fermement la tête en déclarant solennellement :
- Parfait. Je serai partie dans une dizaine de minutes.
Elle ne prit pas en compte sa dernière phrase, prétendant qu’elle avait passé d’excellents instants en sa charitable compagnie. Sans piper ne serait-ce qu’un mot supplémentaire, elle traversa le salon d’un pas franc et déterminé, et extirpa son sac de voyage de sa garde-robe afin d’y ranger correctement la plupart de ses vêtements, et de ses effets personnels. Dans son sac à mains, elle veilla à enfourner son petit ordinateur portable, qui avait commencé à lui servir pour autre chose que son réseau Facebook et son compte Twitter, et elle n’oublia pas de récupérer les quelques ouvrages achetés pour peaufiner ses notions dans certaines matières. Quand elle rentrerait chez elle, ces mêmes livres atterriraient soit dans un feu de joie, soit dans sa bibliothèque qu’elle ne consultait jamais, malgré les innombrables auteurs qui y croupissaient. Elle fit un bref détour par la salle de bains afin de récupérer ses quelques affaires de toilette, y compris son parfum auquel elle tenait tant, puisqu’il s’agissait d’un présent de son père pour les fêtes de Noël. Hâtive à l’idée de renouer avec lui et de lui cracher toutes ses frustrations à la figure, elle pressa le pas, et une vingtaine de minutes plus tard, elle put faire glisser la fermeture éclaire de son sac et en hisser la bandoulière par-dessus son épaule. Non sans regrets, elle parcourut une dernière fois cette pièce confectionnée exprès pour son séjour de quelques mois. Ecoeurée par ce dénouement arbitraire, elle serra les poings et fit en sorte de mémoriser le moindre détail composant le mobilier de cette pièce, où différentes textures se mélangeaient pour former une harmonie paisible et sereine. Puis, une fois qu’elle en eut terminé avec ses réminiscences inutiles, elle rejoignit la pièce principale, se statufia sur place alors que Renna poursuivait son train-train habituel. Sans doute s’apprêtait-elle à exploiter le peu de courses qu’elle lui avait achetée, afin de se concocter un repas un peu plus consistant que ce à quoi elle était habituée. Cependant, Myra avait choisi pas mal d’ingrédients dépendamment de ses préférences. Par conséquent, il ne serait pas surprenant que son enseignante les boude catégoriquement, mais ce n’était pas comme si elle l’avait mise devant le fait accompli, sans avoir pris la température, sans avoir eu la décence de lui fournir quelques indices du style : « Hého, ne t’enflamme pas trop vite, car dans quelques heures, tu ne seras plus ici. »
- Bon hé bien, c’est aujourd’hui que nos chemins se séparent. Et puisqu’apparemment je suis condamnée à redoubler cette dernière année à l’académie, à moins que le directeur décide de m’éjecter par dépit, je vous souhaite une excellente continuation. Sur ce.
Sur ce, elle rebroussa chemin et s’arrêtant une dernière fois dans le vestibule pour enfiler sa veste qu’elle avait failli oublier sur le porte-manteau, elle claqua la porte non sans exprimer une once de courroux. Un léger coup de vent prit forme dans le corridor d’entrée, et ce fut le silence total. Cependant, Myra mit un temps à s’éloigner de cette porte, et ce fut en écoutant les bons conseils de sa conscience qu’elle comprit que ça ne servait à rien de vouloir reculer. Une autre période venait de s’achever, et elle allait devoir en côtoyer les bons et les mauvais souvenirs pour un long moment. Dans les moyens de transport qui la conduisirent jusqu’à l’appartement de son père, elle appréhenda pour son avenir, elle cogita comme jamais, et réalisa qu’elle devrait se réhabituer aux tâches ménagères, aux amantes que son paternel ramenait sans vergogne, et aux leçons de morale qu’il prétendait pouvoir lui faire. En pénétrant dans l’ascenseur qui la séparait de quelques étages de son chez elle, une boule se forma dans sa gorge, et son estomac demeurait noué. En voulant rentrer discrètement, elle fut cependant surprise par son père qui se précipita vers elle et la prit affectueusement dans ses bras. Il déclara être comblé par son retour, et lui confia avoir pris la sage décision d’entretenir leur cocon régulièrement. Et en effet, lorsqu’elle effectua une petite inspection pour s’assurer qu’il ne se moquait pas d’elle, Myra vit que sa conception de la propreté avait bien évolué. Elle le félicita, et quand il le questionna soudainement sur le pourquoi du comment de son retour, son sourire radieux s’effaça et une moue furibonde galvanisa les traits de son faciès.
- Oh, finalement cette prof n’était qu’une bonne à rien. Elle ne m’a rien appris de plus que les autres.
Déconcerté par sa réaction, Lewis opina docilement et la convia à s’attabler dans la cuisine. Sans s’attendre à ce qu’elle revienne sur un coup de tête, et les douze coups de midi approchant à grands pas, il avait commencé à se préparer un petit plat de légumes cuits à la vapeur avec un peu de riz. Un mets simple mais efficace, dont il accepta de partager la généreuse quantité en deux. Cependant, chose très surprenante, lorsqu’il lui proposa une cigarette pour accompagner son déjeuner, elle refusa catégoriquement. Ce fut donc l’âme morose mais allégée par les améliorations notables de son père qu’elle clôtura un énième chapitre de son existence. Ou pas.
[Topic clos je suppose. :)]
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