Koto Amatsukami -Renji-

[olé! *clap clap*]


- Yes Sir! You know, I'm bilingue!! Avait il lancé tout à l’heure en riant aux éclats.

Un sourire se découpa sur mon visage. Toujours connaître le plus de chose de l’autre. Tout savoir de l’autre. Ce n’était pas une obsession, sauf dans certains cas. Renji en faisait parti, de ces cas rares qui m’intéressaient plus que tout autre chose.
« Bilingue » et non « bilingual ». De quelle nationalité était ce premier mot, déjà ? La sonorité me semblait bien plus éloignée du japonais qu’autre chose. Mm, il m’aurait fallu entendre un mot possédant un « r ». Prenons le problème dans l’autre sens… quels pays pouvaient grammaticalement ressembler à l’anglais ? Nya… j’étais embêté. Moi j’étais anglais, mais Renji pouvait avoir vécu aux USA. Là, ça me rajoutais tous les pays du sud, en plus des états européens ouest. Pas espagnol… pas portugais, pas brésilien… corse… c’était rattaché à quoi, ça déjà ? Si mon père me voyait, il me tuerait en hurlant la réponse comme un instituteur farouchement daigné à implanté la connaissance dans ma tête, à coup de pilon d’encyclopédie s’il le fallait. France ?

(…)

Sous l’eau, les muscles s’étirant contre l’eau, avec l’eau, dans un conflit en symbiose des deux êtres était à la fois épuisant et reposant. Mon regard balaya le bleu tout autour de moi. Si je m’égarais un peu plus là bas, en nageant, je me trouverais totalement plongé dans cet univers saphir étrangement captivant. J’avais plus intéressant. Une flamme rouge dansait dans l’eau, près de moi. Je remontais à la surface, rejoignant les bras de mon ainé. Les caresses sur mon visage m’auraient, si j’avais été un chat, fait ronronner de plaisir. Chaque contact de son corps sur le mien fit monter une lente pression dans mon corps, tandis que je m’abandonnais à un langage corporel, feignant d’oublier l’humain pour me laisser aller au rôle de panthère. Je savais que je ne déchirerai personne avec autant de plaisir que lui. Il ne devrait jamais, jamais me blesser parce que je l’aimais. Plus que tout.
Je me laissais soulever, surpris de sa force, et encerclais son bassin de mes jambes, tandis que nos baisers échangés maintenaient à nos corps une chaleur fortement élevée. Si il m’aimait comme je l’aimais, il devrait savoir que je ne supporterais pas la trahison. Il était à moi. A personne d’autre. Ses gestes sur mon corps me tiraient des sourires de plus en plus carnassiers, et je m’abandonnais lentement au rôle de dominé. Faisais-je semblant ? C’était une première pour moi. Il passait pour plus fort, je lui laissais ce rôle avec plaisir, mes doigts dévorant le corps se dessinant contre moi.

- Dis-moi par quelle magie tu as réussis à ce point, à me retourner l'esprit…
- Koto Amatsukami, murmurais-je à son oreille, on ne peut plus sérieux, avant de reprendre l’exploration de son corps.

Koto Amatsukami, Koto, cet instrument de musique typiquement japonais, joué par les femmes féodales, dont la musique réveillait le soupir d’un passé révolu mais pourtant bien ancré dans les mémoires. Mes doigts s’enfoncèrent doucement dans la peau blanche du fauve rouge. Je n’arrivais vraiment pas à rester concentré ; tout autour de moi formait comme une démoniaque spirale aux couleurs tapageuses qui accrochaient mon attention autant que le plaisir qu’exerçait le corps de Renji. Les arbres, l’herbe vertes, les rives ondulante sous le vent, le cri d’un aigle, dans le ciel, les montagnes nous encerclant… comme si chaque élément de la nature résonnaient à la manière d’une vibration de tambour, dans ma poitrine. Là, j’avais vraiment( !) envie de ronronner contre lui. Mes ongles éraflèrent doucement la peau de son dos, traçant de sanglant sillons dans le creux de ses reins, au dessus du vêtement de jean sombre. Je me demandais combien de temps il resisterait, encore. Je voulais jouer avec chaque parcelle de son corps, dévorer la plus intime goutte de son être. Dévorer ? Comment désirer aussi ardemment passer de l’état d’homme à celui animal ; félin, en restant sage comme je l’avais toujours été ? Mes mains descendirent encore, jusqu’aux hanches de Renji, et je baissais de quelques légers centimètres le haut du jean. Juste quelques centimètres qui m’amusèrent assez, rien qu’à la vue du regard de Renji. J’étais gêné… bousculant tout mon poids vers l’arrière, je nous renversais dans l’eau. Mon dos heurta le sable marin, mais au moins, j’avais évité à Renji l’heurt du sol. Ttt, je ne voulais pas qu’il ait mal. Notre étreinte brisée, je me relevais lentement, en m’asseyant, de la même façon que lui. Tendrement, je le repris dans mes bras, sentant sa tête se poser sur mon épaule. Caresse câline, tendre, douce. Mes doigts glissèrent de nouveau jusqu’à la ceinture de tissu rigide du jean’s. S’y enfoncèrent par l’interstice entre la peau et le vêtement, glissant lentement afin d’exercer une pression immanquable à son but. Je dénudais le haut des hanches, avant de remonter soudainement au front. Là, je m’intéressais à cet étrange motif que j’avais finalement remarqué, après plusieurs heures. Un tatouage, sur son front, caché par ses cheveux. C’était le même que celui ornant le haut des pectoraux juste en dessous de sa gorge. Mes lèvres frémirent dans un sourire ravi.

- Ça représente quelque chose ? Demandais-je, en dessinant avec la main les dessins sur la poitrine de Renji.
Je posais mes lèvres sur les siennes, mes doigts passant sur ses cheveux, avant de reprendre doucement ses épaules.

- What are you thinking about?

Ma main redescendit jusqu'à la hanche désirée de Renji, calme.

- I think at nothing but you…
La phrase me fit sourire. C’était certainement tout ce que je pouvais faire, maintenant. Sourire. Pourquoi ? Mes lèvres accrochés par un sourire, et mes yeux dans les siens, tandis que ses doigts m’effleuraient, trop bas certainement. Je réfléchissais. Peut être que tout cela allait trop vite ? Je n’étais pas prêt à rompre mes engagements. Celui là, celui de mon cœur, il m’était impossible de le refuser. Certainement pas. Je n’avais pas à craindre quoi que ce soit de mes sentiments, m’hurlait une partie de mon esprit. Une partie dont je ne parvenais plus à dissocier le raisonnable de l’erreur. Moi, je l’aimais. Je savais ce que je ressentais pour lui. Mes ses doigts, là ? Une caresse, bien plus qu’une caresse, qui aussi horriblement plaisante qu’elle était, m’annonçait des choses graves. J’étais angoissé… angoissé de lui déplaire parce que je ne saurais faire le premier pas. J’aimais son corps, et je savais à quel point je pouvais me laisser aller à mes instincts, mais que l’on me jette ainsi au pied du mur m’effrayait. Parce que j’avais l’impression d’être du côté d’une falaise, et que je devais sauter dans le vide, sans aucune préparation, ou rien du tout. J’étais un imbécile. Des milliers de questions fusaient dans ma tête, tandis que lentement, Renji prenait possession de mon corps, comme si j’avais soudainement été une gigantesque poupée ; un pantin dont les fils auraient été coupés. Sans réaction. Je ne pouvais plus que réfléchir. Pourquoi est-ce que ça allait si vite ? Avais-je fait le bon choix ? Devions-nous arrêter ce qui commençait, comme une terrible machination, où je me serais perdu dans un labyrinthe de rouages ? Pourquoi ? Comment ? Comment ? Pendant une seconde, mes yeux brûlèrent d’un éclat meurtrier envers cet homme, ce garçon de quelques années mon ainé, qui me volait à moi-même. Qui par ses mains m’arrachait à mon propre corps ? Je voyais des images sans suites flasher mon esprit, devant mes yeux. Combattivité et loyauté… Fidélité et honneur…
Poésie et bataille.

Mon corps réagit de lui-même.

Renji se retrouva plaqué dans l’eau, son torse légèrement surélevé par la rive, son bras tordu à l’extrême, à partir de l’articulation de l’épaule. Le souvenir revint, encore, inlassable.

« L’entrainement est terminé. Zak…. Ecoutes… Accroches toi à tes rêves et à ta fierté. »

Renji ne bougeait plus. Les secondes semblaient immobilisées. Je ne devais pas pleurer. Je n’étais plus un gosse. Je n’avais pas le droit de pleurer. Parce que j’étais trop heureux ? Oui. Je devais m’enfoncer dans cette idée, ignorant s’il s’agissait d’un mensonge ou non.
« Ren… »
J’étais inexcusable. Les mots passaient avant l’attaque. C’était comme cela que l’on se civilisait. Je n’avais pas réfléchi. J’avais attaqué, dégainant crocs et griffes avant de penser à lui parler. Quel imbécile. Renji, pardon…
Je lâchais son bras, le souffle court. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je cassais tout ? Pourquoi le tableau merveilleux venait de partir en mille éclats ? A qui m’étais-je permis de penser, en dehors de Renji ? Pourquoi avais-je osé lui tordre le bras de cette façon ? La réponse était aussi limpide que l’eau ondulante et pacifique autour de nous. J’avais l’impression que ma chemise, mon baggy et mes chaussures pesaient une tonne. Je me levais lentement, dépliant ce corps qui trahissait trop mon esprit. Trop souvent. Suffisamment pour que je considère cela comme une trahison. Je me trahissais à moi-même.

Contournais Renji, remontais sur la berge, chassant d’une légère impulsion mes Ranger. Dans ma poitrine naissait une fureur effroyable. J’avais l’impression de marcher sur du verre. J’enlevais mes chaussettes trempées, et les jetaient près de mes chaussures. Avant de me tourner vers Renji.
« Je…, lachais-je dans un souffle, …Reviens. »
J’eus le courage de lui sourire, en levant mes doigts à la hauteur de mes tempes, dans un salut militaire, puis me détournais, en m’enfonçant en courant dans les bois.

Les ombres défilèrent.

Combien de temps passa entre la rivière et ma course folle dans la montagne ? Je ne le savais pas. Je courrais, sans m’arrêter, sans ressentir la fatigue. Mon organisme lancé à fond balançait comme une gigantesque pompe toute l’adrénaline possible à mon cerveau. Les arbres se happaient dans les ténèbres, les gifles des branches se claquant contre mon visage, tandis que comme une bombe sur le point d’exploser, je me ruais sur un chemin dont la destination semblait s’enfoncer dans le noir. Dans le même noir qui peignait mon âme. Panthère et homme, loup et garçon, tout se mélangeaient en moi. Je l’aimais. Mais j’étais pire qu’un imbécile. Un sanglot monta dans ma gorge, et après des heures incalculées, ma course se stoppa brutalement quand je me pris la racine d’un arbre en plein mollet. Mon épaule pivota, et mon bras forma automatiquement l’angle arrondi qui amortit ma chute avec souplesse ; comme lorsque je chutais sur le tatami. Le sol dur. Je restais allongé dessus, silencieux, soudain hors d’haleine. La fatigue me gagna rapidement. Fixant le ciel presque invisible, car caché par les ramures des pins dressés. Mes cheveux tombés sur mes yeux formaient comme une barrière entre le ciel et moi. Je restais immobile, m’imposant lentement cette rigidité de glace. Je ne voulais plus bouger, les bras posés près de moi, le visage balafré par mes cheveux et les minuscules giclures de branches ayant tracés sur ma peau des sillons ensanglanté. Lentement la pluie se mit à couler.

La nuit était là.

Descendu de la montagne, en silence, je m’approchais lentement du bivouac préparé par Renji. Il m’avait attendu. Mon cœur se déchira. J’avais lentement guéri la crise de panique. Mais ce tableau, lui sous la pluie, pour moi, me bouleversa. J’étais pire qu’un imbécile.
Glissant sur l’herbe sans un bruit, ne sachant même s’il dormait, je me rapprochais de lui, et glissais mes mains dans son dos. Il eut un frisson, et je le serrais contre moi.

« Je suis désolé. »

Je me plaçais vivement face à lui, caressant ses cheveux, encerclant son visage de mes mains, craignant de voir la colère dans ses traits. Ça faisait deux fois que je me cassais comme ça. Heureusement que j’avais suivi un entrainement de samouraï, hein ? On aurait presque put croire que j’étais un lâche. Je soupirais, avant de m’emparer de ses lèvres, l’embrassant doucement. Je relevais son visage, mes doigts, comme des pinceaux, peignant les courbes de ses mâchoires.
Pardon, pardon, pardon !

« …J’ai mes peurs. Je te prie de m’excuser, Renji. »

- Ce n'est certainement pas à toi de t'excuser mais à moi. C'est à moi de m'excuser Zack.. dit-il en glissant ses mains de chaque côté de mon cou et en posant son front contre le mien. Je me suis laissé emporter tout-à-l'heure, pardonnes-moi. Je vois autre chose pour nous, ce n'était ni l'endroit ni le moment. Tu as bien fait de m'arrêter.
- Je…
Je lui avais retourné l’épaule, tout de même. Il avait le droit d’être en colère. Mais pas une once de haine, de sentiments que je considérais comme logique sur le visage de ceux à qui j’avais eu l’affront de retourner le bras. Non. Juste cette tendresse effroyable. Tendresse qui était née, qui s’était concrétisée par l’échange à la cafet. Je n’oublierais jamais cet échange. Comme un petit garçon prétentieux, j’avais expliqué, étalé ma science. Mais lui m’avait écouté. Je l’avais trouvé, il m’avait trouvé.



- Zack.. je .. Il marqua une courte pause. Je veux prendre soin de toi, pas te forcer à faire certaines choses. Crois-moi. Je ne cherchais pas à te forcer à quoi que ce soit, je pensais même tout le long à me calmer en me mesurant mais tu me fais à ce point craquer… tu ne peux pas savoir.

La pluie tombait sur nous, comme complice à notre idylle. Je relevais mes yeux sur lui, scrutant son visage avec une fièvre maladive, dans la peur que soudainement il ne s’échappe, ne s’enfonce dans une nébuleuse spirale échappée d’un de mes rêves, encore. Non, il existait, là, entre mes doigts. C’était aussi fabuleux qu’effrayant que de posséder le cœur de quelqu’un.


- Je crois qu'on est perturbés tous les deux par la vitesse à laquelle les choses se sont produites entre nous. Comprends moi bien, je ne regrette rien et je veux poursuivre ce qu'il y a entre nous mais saches que nous avons tout notre temps. Je veux apprécier chaque instant avec toi et te montrer à quel point je... suis sincère, finiti-il par dire dans un souffle.

La pluie se calma, douce comme une sœur, ou une mère. C’était l’image que je me faisais ce cela, en tous cas. Aucune volonté de voyeurisme sur nous deux. Renji se recula doucement, et mon cœur, presque aussitôt, se mit à battre plus fort, plus desespéré. Il revint. Oui, il revint, la seconde d’après, me toucha, me prouva qu’il existait. J’avais besoin de lui, j’avais besoin de le sentir. Sinon je savais que quelque chose se briserait profondément, dans mon être. Quelque chose que je ne pourrais pas réparer. Il n’y avait que lui. Que lui. Il fallait qu’il reste là. Que je ne desserre pas une seule seconde la peluche de l’anaconda sur son cou, que nous restions proches. Je savais que c’était un coup de foudre. Mais le sillon creusé par l’éclair ne devait pas, par le vent et la pluie, se refermer. Jamais. J’en faisais la promesse.

- Je crois qu'on devrait rentrer avant que tu n'attrapes froid. Allons chez moi, on y sera au chaud et je te passerais de quoi te changer. Tu pourras prendre une douche, pendant que je nous préparerais à manger, ca te va comme programme?

Mes yeux se fermèrent une demie seconde, le temps d’un claquement de vent. To be or not to be. That is the question ? Un sourire étira discrètement mes lèvres. Si Alix, par exemple, m’avait vu me morfondre, je n’aurais pas étét surprise qu’elle me foute une bonne claque. Moi ? Dans cet état ?
Mes deux poings se claquèrent, phalange contre phalange, et je me relevais, prestement. Ma main s’aplatit sur le crane de Renji, et je frottais avec vigueur ses cheveux rouges. Genre de geste souvent attribué au plus vieux, pas vrai ? Je souris de manière légèrement concupiscente, avant de tendre une main vers Renji, pour l’aider à se relever, et de l’autre, je serrais le blouson de Renji contre moi. Ses doigts humides se refermèrent dans les miens, et il se leva. Nous nous rendîmes à la moto, le même sourire aux lèvres. Moi, j’étais heureux. Heureux d’être là, avec lui. Par lui.
Je tournais une dernière fois les yeux vers la rivière qui tout à l'heure bleue était devenue, par la pluie et la nuit, noire. Je détournais le regard, pensif. LEs yeux humains étaient ils semblables à cela?
Koto Amatsukami.
Dieu merveilleux.

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