The Times

Invité

Autant en emporte le Temps

Fin de journée au boulot pour qui sonne le dernier entretien.
Valentine a rangé le dossier de Kara Sakki dans ses archives, et s’est étiré en faisant pivoter son confortable fauteuil vers la fenêtre. Agréable temps que les carreaux lui renvoie... un temps qui toujours, se moquera de qui disparaîtra dans ce monde. Sur cette pensée, le psychologue a plissé du nez, pour rehausser ses lunettes au niveau de ses yeux.

[RDV Lindsey, 17h00]

Nom du Patient : MC DAEMON Sandy Joan Lindsey
Né le : 26/10/1994
Sexe : M
Taille : 1.67 | Poids : 48kg
Groupe : Artiste –Musique. Violon.
Arrivée à Keimoo : 2010

Antécédent scolaire : RAS* bon élève

Livret familial : (...) adopté.
Maladie à signaler : cardiomyopathie congénitale

*RAS = Rien à signaler.

Une alerte s’affiche sur l’écran de son ordinateur portable, innovation qui figure là depuis le départ de son secrétaire Marv. Une marchine, c’est toujours moins intéressant qu’un humain, Valentine ne le niera jamais.

-Lindsey, Lindsey, Lindsey… répète-t-il de plus en plus vite.

Sur ces mots, le psychologue a semblé dubitatif un moment puis s’est levé d’un coup, pour ouvrir la porte, à la volée. Geste qui aurait fait sursauter n’importe qui.

... Sauf Personne.

Valentine est resté là, à fusiller du regard la bande d’élèves effarés devant cette brutalité, qui repartent en murmurant à voix basse à la vue de ce large sourire fielleux accompagné d’un « bonjour » sournois que leur adresse finalement le psychologue. Il est alors, 16h45.

Et ce jour là, le Docteur Valentine est fort irrité.

Rajustant le haut de sa blouse turquoise, il a refermé la porte, puis est revenu se pencher sur la fenêtre ouverte, faisant littéralement dos à la porte d’entrée de son cabinet. Semblant épier les étudiants qui se prélassent dans l’herbe des jardins, le regard perçant de l’homme s’est un instant perdu... là bas. Plus loin que ce que des yeux pourraient voir.
Le fait est que, Yui n'aime pas perdre. Et la mort de Kara signifie une défaite du bout en fin ; et quel échec. Ces derniers jours, le psychologue sera passé de la nostalgie, à la rancoeur et finalement à la fureur. Quelle arc-en ciel d'émotivité, n'est-il pas. Des pas ont résonné, une démarche discrète -à moins que ce soit son attention qui la rende discrète- et Valentine a soupiré. Sans daigner se tourner.

On l'aura connu sous d'autres humeurs.

-A quoi rime la colère, demandera le psy au nouvel arrivant, sans daigner se retourner pour l'accueillir. Comme ce qu'il ferait d'habitude. Sauf lorsque l'habitude est maniée par Yui Valentine et qu'elle prend franchement de louches allures.

Jeune patient au teint pâle, répondant au nom de Lindsey.
Lindsey, un élève sans problème majeur -tout est dans la notion du problème mais Yui se passera de définition-, élève qui vient régulièrement le voir depuis près d’un an. Tous les mois en fait. Généralement le psychologue est une source qui attire justement ce qu’on définit de problème. Des problèmes par ci, d’autres problèmes là bas... qui va consulter un psy le jour où il pète la forme. Personne. Là était bien le problème du « Personne » ; conclusion : on a tous des problèmes.

-La colère, à la noirceur, la noirceur à la haine... bonjour Lindsey. Dites-moi aujourd’hui, qu’y a-t-il de nouveau dans votre entourage et surtout, que puis-je pour vous.

Que puis-je pour toi... une question que jamais un psychologue ne daignerait poser à son patient. Mais au grand jamais dit-on jamais chez Yui Valentine. Et finalement, c’est en croisant les bras qu’il se retournera, pour un rapide examen du regard sur son patient. Bienvenue, de nouvelle fois.

-D’ailleurs, que se passerait-il si les psychologues se mettent à faire déprimer leur patient. C’est une excellente alternative, ne trouvez-vous pas, a encore rajouté Yui après un moment de silence, pour poser ses lunettes à fine monture sur la table.

A cet instant, peu importe qui se trouvait en face de lui ; le psy ne voulait qu’une réponse.

Invité

" Certains aiment croire que Dieu aime la colère. Dieu est colère en fait…sinon, pourquoi y en aurait il tant sur Terre ? Enfin, en admettant bien sûr que Dieu existe."

16h59
Lindsey était pile à l'heure pour son rendez vous mensuel.
Sur le pas de la porte, ses livres de cours serrés contre lui, le garçon avait, comme toujours le sourire aux lèvres en arrivant dans le bureau de son psychologue. Un sourire naturel, qui n'était pas rare, loin de là, mais qui cachait malgré tout certaines craintes de la part du garçon. Bien qu'en apparence Lindsey ne semblait pas avoir de gros problèmes, bien qu'il ne l'exprime pas clairement…il y avait ce malaise, cette crainte qui le travaillait et qui le poussait à venir jusqu'à ce bureau chaque mois, cherchant peut être quelque part, à se délivrer petit à petit.
Cela lui était plaisant de venir ici. Discuter, se confier pendant une heure prenait de l'importance à chaque nouvelle séance. Sans compter que Lin appréciait beaucoup son nouveau psychologue, très différent de ceux qu'il avait put connaître en Angleterre, très spécial…ce qui naturellement, atisait la curiosité du jeune violoniste.
Lindsey n'attendit pas de se faire invité à entré. Connaissant Yui Valentine, ce dernier ne prendrait pas la peine de l'invité à venir s'assoir sur l'un de ces confortables fauteuils. Une fois la porte fermée, Lin se dirigea donc vers l'un des fauteuil, déposant son sac au pied de ce dernier et prenant place, comme à son habitude, les jambes en tailleur. Relevant son regard océan en direction de l'homme rester debout prêt de la fenêtre, Lin esquissa un sourire aux propos de ce dernier. Il ne changeait pas, à chaque nouvelle séance Lin avait le plaisir d'écouter son psy parler ainsi, divaguant quelque peu, sans prendre le temps -comme le ferait n'importe quel médecin ou professionnel de la santé- de savoir comment allait Lindsey. Les propos de Yui étaient toujours indirect, sans poser la fameuse question énervante "comment vas tu ? comment vas ton coeur ?". Cette question revenait sans cesse, malheureusement. Oh bien sur, les gens avaient le droit de s'inquiéter pour sa santé, de s'inquiéter pour lui…Mais c'était si…énervant. Yui avait ce don pour contourner les questions ordinaires et attaquer directement les choses plus sérieuses.
Observant toujours le dos de son psychologue, Lindsey répondit alors naturellement, soupirant toute fois un instant.

" Bonjour Dr Valentine. "

Amusé par les nouvelles paroles de ce dernier, Lindsey se mis à sourire de nouveau avant d'ajouter ces quelques paroles pour répondre au spécialiste.

" Je pense que ça serait sans doute très ennuyeux… Prévenez moi si vous comptez me déprimé. J'aimerais pouvoir trouver un autre psychologue qui prendrais votre relève. Quoi que..vous me manqueriez surement beaucoup."

Ayant toute fois conscience que Yui lui avait posé une question personnelle précédemment, Lindsey baissa les yeux sur ses genoux ou se tenait ses mains, jouant avec ses doigts tout en répondant, le plus sincèrement du monde.

"Ce que vous pouvez pour moi ? Hum…je ne sais pas. Peut être un conseil ? "

Mal à l'aise, comme toujours lorsqu'il s'agissait de sentiments, d'émotions…Lindsey bougea un instant dans son fauteuil avant de relever les yeux sur le dos du psychologue et de continuer ses propos.

"Comme toujours il ne se passe pas grand chose dans ma vie…Mis à part ce week end en fait.
Avec le club de musique, nous sommes partis à la neige…bref, c'était une sortie superbe…mais je n'avais pas vraiment prévu de rencontrer "Aurore". Vous savez, mon ami par internet ?
Il se trouve qu'il est lui aussi à Keimoo… et… je dois dire que notre rencontre ne s'est pas aussi bien passé que je ne l'aurait espéré."

Soupirant en se souvenant parfaitement de ce jour là, de sa rencontre avec Aleksi alias Aurore, des mots qui avaient été dit, la colère, la déception, la tristesse ressentit. Tout avait été si rapide, si décevant et si blessant. Ce n'était pas simple à expliquer. Lin ne savait même pas si Yui allait le comprendre. Peu importe, Lin avait besoin d'en parler, de se confier un peu.

"Il as été déçu. Enfin je l'ai déçu car…je suis un garçon. Enfin non ce n'est pas exactement à cause de ça. Disons qu'à cause de mon prénom, il croyais que j'était une fille et…je lui est laissé croire. Pour tout dire, je ne lui es jamais dit que j'était un garçon, ni même une fille en fait. Et il m'en à voulu. Il…pense que je l'ai trahit, pendant un an nous discutions sur beaucoup de sujets, personnel pour la plupart.

Et vous savez ce qu'as été ma seule réaction face à cela ? La colère.
Je me suis emporté. J'ai même été méchant avec lui…Je regrette maintenant mes mots, je regrette même de ne pas lui avoir dit avant que j'était un garçon mais…je ne croyais pas que cela aurait put être si important.
Alors ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi…pourquoi il s'est sentit si trahit et pourquoi moi, je me suis sentit si blessé quand il m'as dit ça ? Pourquoi je ne me suis pas confondu en excuse, ou essayer de me faire pardonner ? les choses auraient été plus simple.
Je n'arrive même pas à me comprendre. Je n'ai pas l'habitude de me laisser envahir par la colère. Sauf dans certaines situations bien sur, comme tous le monde. Mais là, n'était ce pas trop poussé ?"

Bavard. J'ai peut être oublier de vous précisez que Lin était bavard lorsqu'il était inquiet. Et c'était le cas. Lindsey s'inquiétait d'avoir put perdre un ami précieux à ses yeux. Il s'inquiétait du mal qu'il avait pu causer et cherchait, à sa manière, de réparer ses fautes. Aleksi était bien trop important aux yeux de notre violoniste pour que ce sujet ne soit rien dans ce cabinet. D'ailleurs Yui Valentine le savait. Le sujet "Aurore" avait déjà été abordé quelques mois plus tôt…rien de très important, juste quelques précisions sur cette amitié forte malgré la distance qui les séparaient, a l'époque, entre la Finlande et l'Angleterre. Une amitié qui comptait énormément aux yeux de Lindsey qui serait prêt à tout pour récupérer la personne qu'il avait connut. Aurore.

Invité

Lindsey Mc Daemon... ah oui. Un qui ne rechigne pas à parler. Valentine a esquissé un demi-sourire puis s’est assis sur le rebord de son bureau en refermant son ordinateur.

-Et vous pensez vraiment qu’un autre psychologue pourrait prendre ma relève ? a sifflé Valentine sur un ton venimeux, en plissant des yeux, avant de poursuivre, –Après tout, qu’en ai-je à faire, que je puisse vous manquer une fois que vous autres serez tous partis.

Balayant l’air d’un geste de la main comme pour passer outre la question, le psychologue n’a pipé mot lorsque l’adolescent a commencé à parler. Oui, Lindsey ne rechignait jamais à parler, pas comme d’autres où il était question d’entendre les mouches des pièces voisines voler. Bien. Et le voilà qu’une fois lancé tout seul, qui enchaîne facilement sur le point de ses tourments présents. Vraiment, Yui n’aura pas à rajouter quoique ce soit, même un petit moment après que son jeune patient ait terminé son récit sur un ton d’inquiétude. Un ton, qui nullement, ne semble affecter son psychologue, une fois de plus, paraissant voler au dessus de toutes ces « histoires ». Une fois de plus.

Passe un silence où Yui scrute longuement le garçon, les sourcils légèrement froncés.
Comme concentré.
Comme.

...

–Monsieur Mc Daemon. Est ce que vous me diriez que le mensonge équivaut au fait d’être amené à volontairement voiler là vérité ?

Un sourire mesquin s’est affiché petit à petit sur le visage terne et blafard de Valentine.

–D’ailleurs, je ne m’appelle point « Aurore » pour pouvoir éclaircir votre relation, vous m’en voyez tout à fait navré.

Parfois, Valentine se surprend à savourer les moments où, telle une lame fine, cisaille et appuie justement là où ça fait mal. Trop justement, de son mauvais être qu’il est. Et, c’est d’un geste parfaitement à l’aise que Yui a commencé à aller ci et là dans la pièce, d’une démarche lente, très lente. Qui pourtant, paraît d’un étonnant naturel.

–Vous savez Lindsey. Je n’ai guère de conseils à vous donner à ce sujet, et puis... qui êtes vous pour prétendre ne pas pouvoir succomber à la colère ? a fait Valentine, comme s’il refermait la porte dessus.

Lindsey. Qui es tu.
Je connais ton âge, je connais ton prénom. Je sais aussi que tu es scolarisé dans mon établissement et je pense même savoir où tu habites. Mais ce genre d’informations n’intéressent guère un psychologue.
Alors Qui es-tu.

–Cela dit... puisque vous êtes là, vous aurez l'amabilité de jouer avec moi, n’est-ce pas.

Un ordre déguisé en courtoise question.
Le psychologue n’attendra pas d’affirmation, pas plus qu’il fixera son regard vers le jeune patient, se concentrant sur ses propres pensées ainsi qu’à l’équilibre de ses pas.

–Bien. Mais avant de jouer à ce jeu, je vais avoir besoin de quelques une de vos réponses.

Voilà plusieurs mois que Lindsey lui parlait de façon récurrente de son ami virtuel, au pseudonyme d’Aurore. Dans un sens, Valentine assiste de loin à ce qui se passe ou non, dans cette amitié. Toujours est-il que Lindsey, dans son enthousiasme de raconter les choses, lui paraissait toujours justement, très enthousiaste à son sujet.

–La personnalité de votre ami... quelle est-elle ?

Sur ce, Yui est venu s'assoir sur le fauteuil en face de celui de son patient.

–Et dites moi Lindsey, quelle est la chose qui vous dérange le plus particulièremet dans la vie, hm? Allons, pensez donc à... qu’en sais-je moi, une personne que vous haïriez, ou une chose. Ou un principe.

Invité

Lindsey savait parfaitement à quoi s'attendre en venant dans ce bureau, assis là dans ce fauteuil. Comme à chaque séance, il venait se confier au psychologue, sans pour autant chercher le réconfort, ou la compassion de ce dernier. Non, Lin savait que le docteur Valentine n'était pas du genre à rassurer ou à être si ce n'est qu'un peu rassurant dans ses paroles. Pourtant Lindsey y trouvait un certain réconfort, c'était assez étrange, mais les paroles parfois crues, sincères du psy lui faisait du bien. Cela bien sur, dans le but de le remettre en question et cette méthode était plutôt efficace avec le violoniste. C'était une séance de remise en question sur des sujets qui l'affectait tous les jours, des sujets qui le rongeaient intérieurement mais qu'il ne prenait pas le temps de s'en occupé, de peur sans doute d'en souffrir.
Observant l'homme qui était encore debout, Lindsey répondit sans prendre le temps de réfléchir, spontanément.

"Oui. Je pense que c'est exactement ça…un mensonge c'est un peu une chose égoïste de notre part. On ment pour se protéger de quelque chose, ou pour éviter de faire de la peine. On voile la vérité. A mon sens ce n'est pas toujours mauvais. Le mensonge peut permettre de se sentir mieux…mais c'est égoïste. "

Répondait il à la question correctement ? Ce n'était pas un cours, il n'y avait pas de réponses juste ou mauvaise…Mais parfois, Lin avait peur de dire des âneries et d'être pris pour un idiot. Ce qu'il n'était pas.
Observant à nouveau le psychologue marcher à travers la pièce, Lindsey soupira un cours instant aux nouvelles paroles du médecin, répondant à son tour.

"Je ne prétends pas ne pas pouvoir succomber à la colère monsieur je…je n'ai juste pas l'habitude de ne pas me contrôler. Enfin…avec Aleksi, ça m'as surpassé et je n'ai pas réussit à tenir ma langue, à me taire et à ne pas m'énerver contre lui. Cela me surprends. Je veux dire… il y a des personnes plus colériques que d'autres, pour un rien parfois, mais je sais que je n'en fais pas partit…je n'ai pas l'habitude de me laisser ainsi emporter. "

Et c'était vrai. Enfin du moins c'est ce que pensais réellement Lin. Pourtant la colère existait bel et bien en lui…depuis toujours en fait. Il avait appris seulement à la contenir, à la garder pour lui. Notamment grâce à ses parents qui ont toujours été géniaux avec lui. Ils lui avaient appris qu'il n'y avait pas toujours de bonnes raisons d'être en colère, qu'il valait mieux voir les choses du bon côté, apprendre à relativisé plutôt qu'à s'emporter. N'était ce pas une bonne leçon ? Finalement, malgré ses antécédents, malgré son passé et sa vie actuelle, Lindsey était un garçon normal parmi tant d'autres avec une vie quasi ordinaire.
A la proposition du "jeu", Lindsey ne fut pas surpris par son psychologue. Il esquissa d'ailleurs un sourire. Bien que les règles n'aient pas été dite, bien qu'il ne sache pas en quoi consisterais ce fameux jeu, Lin savait d'avance que cela allait lui être utile et intéressant.
Le garçon répondit finalement, tout en tournant son regard sur l'homme qui prenait place dans le fauteuil face à lui.

"La personnalité d'Aleksi…et bien je dirais avant tout que c'est une personne bonne, gentille, généreuse…loyale également. Même si nous avons fait connaissance sur internet, j'ai tout de suite sut qu'il était quelqu'un de bien, a qui je pouvais me confier…j'ai partagé énormément de chose avec lui. J'aime sa façon de voir les choses. C'est agréable de lui parler…enfin c'était agréable. Il…m'est très cher. Sincèrement. Il me manquerais si je devais tirer un trait sur cette amitié… je n'ai pas un tel lien avec qui que ça soit d'autre ici…Je sais que peux lui faire confiance. Il est du genre à toujours vouloir aller de l'avant et à ne pas s'abattre…il est fort moralement, intelligent…intéressant en fait."

Hors contexte, si vous ne saviez pas que Lindsey parlait d'un ami, vous jureriez que Lin parle d'une personne qu'il aime n'est ce pas ? L'amour. C'était peut être de l'amour d'ailleurs entre Aleksi et Lindsey, mais ils ne le savent pas encore…
Parler ainsi d'Aleksi lui fit énormément de bien. A cause de cette dispute entre eux, Lin en avait oublier certaines choses à propos de son ami…étant resté bloquer sur cette fâcheuse dispute, idiote de surcroit. Il esquissa un léger sourire, discret, avant de tourner de nouveau son attention sur le psychologue qui enchaina sur une nouvelle question, qui soudainement était plus gênante pour Lindsey.
Le garçon baissa un instant les yeux sur le sol, comme si la réponse y était marquer. Non en fait il n'avait pas besoin d'y réfléchir, il hésitait toute fois à donner sa réponse… Mais n'ayant jamais mentit dans bureau, Lin comptait bien répondre à la question qui lui avait été posée.

" Ce qui me dérange le plus dans la vie…hum…sans doute le suicide. Je crois que c'est la principale chose qui me dérange sur cette Terre… avec bien sur les guerres et tout le reste. Mais le suicide…je ne l'accepte tout simplement pas. Je ne le comprend même pas en réalité."

Il eut un léger rictus avant de relever les yeux sur son psy et ajouta.

" Sans doute parce que je suis malade du coeur, que je sais ce qui m'attend depuis toujours. Vous allez me répondre que tous le monde meurt un jour. C'est pourquoi nous naissons, nous sommes voué à mourir…et je suis d'accord avec ça. Mais je ne comprends pas qu'on puisse prendre la décision de mourir délibérément. Il y a assez de souffrance, de douleur dans nos vies…C'est…une chose encore plus égoïste que le mensonge. Comme si se tuer pouvait…arranger les choses pour vous ou votre entourage. C'est pire que tout je trouve…
Alors peut être que j'aurais pensé différemment si je ne savais pas que ma vie ne tenais qu'à un fil. Peut être que je songerais moi aussi au suicide un jour ou je me sentirais mal. Mais quand ce jour arrivera, c'est que je me suis vraiment perdu."

Carpe Diem ? Peut être. En tout cas Lindsey croyait en ses paroles dur comme fer. Il avait pris cette habitude de profiter de chaque jour qu'il lui avait été donné. De profiter de chaque instant et d'être heureux car c'est ce qui lui restait à faire avant de mourir. Alors pourquoi n'était ce pas pareil pour les autres ? pourquoi les gens qui décident de se tuer ne prenne pas le même chemin que Lindsey ? pourquoi ne pas essayer d'aller mieux, de surmonter ses problèmes, de se battre ?

Invité

-Egoïste ? a répété Valentine, d’un sourire plus amusé face à l’air dépité du garçon. Diantre qu’il aimait être égoïste, monsieur le psychologue.

–Et dans ce cas là Lindsey, pour quelle finalité avoir été égoïste en cachant cette vérité ? Vous n’êtes pas sans savoir l’importance qu’accorde la société quant au genre de chacun. Que cela soit malheureux ou pas, d’ailleurs. Mais... n’aimez vous pas vous surprendre, Lindsey ?

Le psy s’est ensuite enfermé dans son silence habituel, le temps de ruminer les paquets de pensées qui fusent ci et là dans son esprit éparpillé. Assis sur le fauteuil, Valentine s’est laissé allé en arrière, observant le plafond. Le suicide, oui, naturellement. Mettre volontairement fin à sa propre vie pour toutes les bonnes ou mauvaises raisons possibles et imaginables. Tirer un trait avec ce que l’humain ne se sent plus capable de supporter... Ah encore une énième pensée pour Kara Sakki. Une mort qui hante encore les ambitions de Valentine ; non pas par affection, mais surtout pour sa propre faillite. Un égoïste ne sait cède pas si aisément. ...Psychologue n’est pas fait pour sauver des vies, enfonce-toi ça dans le crâne, Yui.
Il a soupiré, et a posé sa main sur les yeux, voilant un moment le plafond pour seul paysage.

-Bien.

Un silence.

-Alors Lindsey... il n’y a pas vraiment de règles à ce jeu et nous l’arrêterons quand tu en décideras.

Principe, à priori, sans grande difficulté.

Yui s’est ensuite levé, ouvert l’ordinateur pour consulter le détail qu’il y cherchait, avant de revenir sur ses pas. Puis il s’est assis, et cette fois, à côté de Lindsey en sortant son téléphone portable.

[Salut Lin.
Tu sais, il me tarde de te rencontrer, mais l’idée de le faire quand même un peu.
Peut être parce qu’on s’est dit plein de choses et que c’est la première fois?
Aurore.]

Un jeu qui se passe même de dialogue en face à face: Lindsey verrait un numéro -inconnu- s’afficher, -en occurrence celui de Valentine-, que ce dernier d’ailleurs, daigne à partager pour la première fois. Bah, ce n’est pas Mc Daemon qui viendrait fouiner dans sa vie professionnelle, Valentine en a bien conscience. Quelque secondes plus tard, le vibreur s’est fait entendre, quelque part sur le garçon.

-Après la colère, que s’est-il passé ? a continué Valentine, faisant abstraction du message envoyé.

Un jeu sans être un jeu. Un peu le tout dans le rien, Valentine a proposé un thé à son jeune patient.

Invité

"Pour être franc, je ne me suis pas vraiment rendu compte que je lui avait mentit. Je ne lui est pas caché la vérité…je n'ai juste pas précisé que j'étais un garçon en pensant que cela n'avait aucune importance. C'est tout. Mon mensonge n'en était pas vraiment un finalement…enfin c'est ce que je pense. Aleksi a crut que je lui avait mentit mais à mes yeux c'est faux..et c'est surement ce qui m'as mis en colère après lui.
Me surprendre ? Si bien sûr…quand il s'agit d'une bonne surprise. J'aime me surprendre quand cela est positif, pas quand c'est nuisible comme dans ce cas."

Lindsey avait l'impression d'être franc avec son psy…Il avait l'impression d'avoir la situation bien en main, d'avoir entièrement le contrôle sur lui même alors qu'au fond de lui, tant de choses étaient bouleversés.
Le jeune violoniste avait ensuite répondu aux interrogations du psychologue en abordant le sujet du suicide. Sujet sensible mais important aux yeux du chinois. Il trouvait cet acte grossier, impardonnable et stupide.
Observant son thérapeute, il pu voir, bien que cela soit bref, un léger mal aise en entendant la réponse du garçon. Lin n'était pas sans savoir que Yui Valentine était lui même touché par le sujet du suicide étant donné que l'une de ses patiente s'était suicidé quelques temps auparavant. Lindsey ne connaissait rien de cette jeune fille, il ne savais ni sa vie, ni pourquoi elle en était venue à se donner la mort. Tout ce que savait Lindsey à son sujet c'était son suicide. Etrange n'est ce pas ? Lindsey était a Keimoo depuis près d'un an et n'avais jamais rencontrer cette jeune Kara, jamais il ne lui avait parler…il ne connut son existence que lorsqu'elle mourut. Ce qui est plutôt ironique au fond.
Observant l'homme qui demeura silencieux, Lin se permis alors une remarque personnelle vis à vis de son thérapeute.

"Et je crois qu'il n'y à pas que moi ici qui pense comme cela, n'est ce pas Docteur Valentine ? Vous êtes quelqu'un de froid, de distant, qui fait en sorte de perturbé vos patients pour garder le contrôle et ainsi faire en sorte de vous protéger…que personne ne vous connaisse en réalité. Je me trompe peut être à votre sujet, mais je pense qu'au fond, vous êtes une bonne personne et que vous n'avez rien à vous reprochez vis à vis de la mort de Kara. Elle est morte et ce n'est pas vous qui l'avez pousser à le faire."

Ses paroles étaient peut être un peu trop poussé. Peut être que Lin n'avait pas à donner son avis sur la question, entrant progressivement dans la vie personnelle de son psychologue. Toute fois, c'était une chose qu'il n'arrivais pas à contrôler. Lindsey avait besoin de donner son avis, de rassurer les gens, mais surtout d'apprendre à les connaitre. Il était curieux, maladivement curieux peut être. Toujours à vouloir tout savoir sur tout le monde et à apporter un certain réconfort si il le pouvait…
Alors qu'il avait dit ses mots, certes déplacés, Lin n'avait pas vraiment fait attention au médecin qui s'était levé un cours instant vers son ordinateur, puis revenu prêt de lui avec un téléphone en main. Le garçon se contenta simplement asquieçer aux paroles de Yui par rapport aux règles du jeu, puis il soupira et répondit en premier lieu, tournant son regard sur celui du psy.

"Du regret. Je me souviens m'être assis dans la neige et réfléchir à ce que nous nous sommes dit. J'ai beaucoup regretter mes paroles et mes actes. J'aurais aimé faire machine arrière mais, je n'en es pas eut le courage…
Après le regret je me suis sentit mal…cette histoire m'as fait beaucoup de mal, j'ai souffert, trop souffert en fait. Moralement ça a été dur. J'avais l'impression de perdre plus qu'un ami mais de perdre une partie de moi. C'est idiot n'est ce pas ? Mais nous sommes liés depuis plus d'un an…par mail…et…"

Le violoniste n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Il fronça alors les sourcils et retira ce dernier de son jean pour pouvoir lire le message reçut. Un numéro inconnu, avec un message plus que perturbant. A peine eut il le temps de lire le message que ses joues se mirent à rougir doucement. Sans doute par la surprise du contenu du message, mais surement par la signature de ce dernier. Aurore.
Lin ne comprenait pas qu'il s'agissait en fait d'un message envoyé par son psychologue, pensant réellement que c'était Aleksi qui venait de lui écrire. Le garçon ne comprenait alors pas le contenu du message de la part de son ami. Que voulait dire Aleksi par là ? Pourquoi lui écrivait il cela maintenant ? Voulait il dire, à sa manière, qu'il voulais recommencer les choses depuis le début ?

"Excusez moi…je…répondrais plus tard."

Lindsey n'avait pas envie de répondre maintenant. Premièrement parce que cela ne se faisait pas, mais surtout parce qu'il avait besoin de temps pour trouver ses mots et surtout son courage pour répondre a Aurore.
Reposant le téléphone sur la petite table devant lui, Lin resta toute fois perturbé et peut être un peu déconcentré. Se tournant de nouveau vers le thérapeute il finit par dire avec un sourire un peu gêner et décontenancé par la situation.

"C'était Aurore."

Invité

-Vous savez Lindsey. Je me fiche bien de ceux qui mettent fin à leur vie dans ce monde. Certes, c’est un fait désolant, mais que voulez-vous, il faut s’y faire.

La dernière fois qu’il avait sorti cette provocation de « falloir s’y adapter » devant le jeune Marv, Yui se souvient encore de la violente réaction qu’il en avait suscité. Comment un psychologue pouvait se permettre de dire de telles choses, alors qu’il était censé aider –selon toute vraisemblance les gens.

-Le plus ennuyeux est peut-être, -à mon goût-, les gens de notre entourage qui nous quittent. Hm ? Me protéger ? a répété Valentine, les yeux rivés au plafond, un sourire en coin sur les lèvres, amusé. –Me protéger de vous peut être ? Allons Lindey, je n’ai plus à me protéger, à mon âge.

A mon âge.
Ton moqueur.

-Tiens d’ailleurs, de quoi devrais-je ?

Le problème de Lindsey, si cela pouvait être perçu comme étant un problème, était peut être dans le fait qu’il était justement trop gentil. Et non l’inverse, par exemple.

-Vous ne me flattez guère, vous savez.

Encore un ton amusé.

On ne qualifierait pas Valentine de gentil aux premiers abords –ni au dernier d’ailleurs ; voilà pourquoi Lin l’amuse fort à cet instant. Toujours saisissant, de voir comment on le perçoit. Le psychologue n’a pas relevé parce que par la suite, les circonstances sont devenues... quelques peu surprenantes. Amusantes, en fait. Pour tout dire, Valentine est le premier surpris de la réponse du garçon. S’éclaircissant la voix, Yui a fini par faire comme si l’intervention « d’Aurore » le gênait quelque peu, pour le peu qu’il s’en fiche royalement puisque c’était lui qui joue justement Aurore à cet instant.
C’est qu’il n’avait pas prévu que Lin n’aurait pas le numéro de Lin déjà enregistré. Mais... c’est un jeu de rôle qui n’en prendrait que plus de sens tout à l’heure.

-Et bien... moi je vais vous dire ce que vous allez regretter, Lindsey. Imaginez que je vous confisque votre portable pour x raison ; imaginez que vous n’ayez plus accès à votre ordinateur pour la raison que vous voudrez. Et ensuite, dans le pire des cas, imaginez que vous ne reverrez plus votre cher ami. Que faites-vous ? Attendre sur mon fauteuil à vous excuser de je ne sais quoi ?

Le double jeu de Valentine ; le premier étant le faux Aurore, et le deuxième étant celui de pousser ce garçon à bout. Le psychologue aura pourtant précisé que Lindsey est libre de mettre fin à leur jeu à n’importe quel moment... encore fallait-il qu’il s’aperçoive que la partie a déjà commencé. Encore fallait-il également, que Lin ne soit pas aussi perturbé par ce message. Bien... l’affection rend simplement balourd et maladroit, c’est bien connu. Sur ce, Yui s’est levé d’un coup, pour faire dos à l’adolescent, et se poser sur sa fenêtre, tel qu’au début de l’entretien.

-Vous êtes intelligent, monsieur Mc Daemon, mais il y a des fois où je me demande comment il est possible que vous vous trouviez à 360° de cette intelligence, a commencé Yui sur un ton mécontent, avant de marmonner, -plus tard, plus tard... mais jusqu’à quand allez vous attendre tudieu !

En jouant à son propre jeu, Valentine même trouve exaspérant cette attitude.
Il est pourtant bon d’hésiter, parfois.

Pas tout le temps.

-Vous allez attendre plus tard quand il sera trop tard ? a sifflé Valentine. Parce que si c’est le cas, je vais vous expédier de cette pièce au plus tôt, moi.

Il fallait avouer qu’avec Kara et tous les problèmes liés où non du moment, ça faisait un sacre bien de réprimander le premier venu. Au plaisir de la mauvaise foi du psy... que Lin avait la naïveté où l’excès de gentillesse de le trouver gentil.

Bien.

Invité

" Vous n'êtes pas si vieux…et je ne pense pas qu'il y est d'âge pour se protéger. A mon sens oui, vous vous protéger de moi mais aussi du reste du monde. Je ne vous connait sans doute pas assez pour être sur de ce que je dis mais…je le pense sincèrement.Je ne dis pas ça pour vous flattez mais simplement pour dire la vérité. Et même si vous faite comme si la mort de Kara ne vous fais rien, comme si le suicide ne vous concernait pas…je n'en crois pas un mot. Je vois dans votre regard de la culpabilité. Et c'est pour cela que je vous ai dit ces mots, vous n'êtes en rien responsable de la mort de cette élève."

Autre défaut chez notre violoniste…Il était du genre à insister, très têtu et surtout à ne jamais baisser les bras. Lindsey se souciait réellement des autres. C'était un fait réel, Lin arrivait toujours mieux à s'occuper des problèmes des autres plutôt qu'à bien vouloir résoudre les siens. Quelque part c'était un peu son mode de défense…il était assis là, dans le cabinet du psychologue et était censé parler de lui. Pourtant le garçon arrivait encore à revenir sur le sujet de son psy, remettant le sujet sur le tapis sans doute pour éviter de parler de lui.
Mais il fallait bien se faire une raison, il était a cette séance non pas pour parler de la vie de son psy ou de ce que peux penser ce dernier, mais il était bien ici pour ses propres problèmes.
Perturbé par le message d'Aurore, Lindsey baissa a nouveau les yeux sur son téléphone poser sur la table basse, comme si il attendait qu'un nouveau message n'arrive. Aux mots du psy, Lin releva les yeux sur ce dernier…surpris de voir à quel point il prenait au sérieux cette histoire de message. Un peu gêner, Lindsey fronça les sourcils, ne sachant pas vraiment quoi répondre à la provocation du psychologue.

"Je…je ne sais pas !! "

Non il ne savais pas. Si c'était réellement le cas, si il n'avait plus le moindre moyen de communiquer ou de revoir Aleksi, que ferait il ? Lindsey n'en avait pas la moindre idée. Imaginer que cela puisse arriver était tout simplement bouleversant. Devoir se passer d'Aleksi, de sa gentillesse, de leur messages quasi quotidien, de leurs longues discussion sur la musique ou autre…Non…Lin ne pourrait pas le supporter. Mais alors qu'était il censé faire pour éviter cela ?
Le psychologue retourna auprès de la fenêtre, lui tournant le dos en continuant ses paroles. A ses nouveaux mots, Lindsey baissa les yeux sur ses genoux, comme si il se faisait gronder. Intelligent ? Oui…mais si naïf. Valentine avait raison, Lindsey pouvait être intelligent mais cela ne l'empêchait pas de faire des actes stupides comme celui de vouloir répondre plus tard a Aurore.
Soupirant, finalement convaincu par le psy qui gagnait cette nouvelle manche, Lindsey attrapa son portable et l'ouvrit au message d'Aleksi.

"Très bien…je lui réponds. Mais…Est ce vraiment bien ? Je…ne sais même pas quoi lui répondre."

Lindsey croyait dur comme fer qu'il s'agissait d'un vrai message de la part d'Aleksi. D'ou sa crainte de faire une erreur, de lui répondre une stupidité, de ne pas le comprendre. Lindsey craignait tout simplement de le décevoir une nouvelle fois.
Prenant toute fois son courage à deux mains, Lindsey commença à écrire son message, en anglais comme il avait l'habitude de le faire avec Aleksi. D'ailleurs il trouva étonnant que ce dernier lui est envoyé ce message en japonais…

[Salut Aurore.
J'avoue être assez surpris par ton message. Mais ça me fait réellement plaisir !
La première fois ? Veux tu dire que tu est prêt à recommencer dès le début ?
Je n'ai aucuns doute à ton égard. J'ai réellement envie de te voir et surtout de te connaitre mieux.
Je m'excuse une nouvelle fois pour ce week end. J'ai été trop stupide. Pardon.
Je t'embrasse
Lin. ]

Le garçon se relut puis mis quelques instant avant d'appuyer sur la touche "envoyé". Il soupira pour finalement reposer le téléphone sur la table, ne se sentant pas du tout libéré par ce message écrit. Et si Aurore ne lui répondais pas ? Et si il avait finalement décidé de réellement couper les ponts avec lui ?
Lin était bien loin de croire que tout ceci n'était qu'une supercherie, un mensonge de la part du psychologue…Pour lui, tout était vrai et il prenait réellement très à coeur les mots envoyé par Aleksi. Cela le travaillais beaucoup…Il prenait très à coeur cette histoire et ignorais encore que rien n'était vrai.
Regardant le psychologue qui lui tournais encore le dos, Lindsey finit par ajouter.

"Voilà c'est fait. Et maintenant ? Si il ne me réponds pas, je dois en déduire quoi ? Qu'il ne veut plus être mon ami ? Que je ne le reverrais plus jamais ?"

Rien que cette idée était pénible à imaginer. Douloureuse même. Lindsey s'accrochais facilement aux gens qui l'entouraient…c'était devenu vital pour lui d'avoir un entourage en permanence avec lui. Il avait besoin d'attention, d'amitié et d'amour…Et Aleksi était le pilier principal de Lin. Sans lui, le garçon pourrait sans doute s'écrouler…Bien plus qu'il ne pourrait l'imaginer.

Invité

-Bien.

Valentine a simplement répondu sur un ton neutre, qui ne cherche pas à aller plus loin. Qu’on pense ce qu’on veut de sa personne, ça ne l’empêcherait pas de continuer à vivre sur ses deux pieds. Et c’est ensuite un Lindsey penaud qu’il a retrouvé, un Lindsey qui est bel et bien en proie d’une hésitation existentielle. Ah la mignonne adolescence...

-Et bien, dans ce cas ne lui répondez pas, aboit alors Valentine, pour clore le sujet.

A ce stade, ils ne voleraient pas haut ce jour là.
Ce faisant, l’écran de son téléphone s’allume sans bruit ; mais le psychologue, -dans sa vision tordue des choses-, a décidé de ne pas lire la réponse, ni de lui fournir un quelconque retour de sa part, préférant le silence à la réponse. Après tout, ne rien dire a tellement de signification. Un silence lourd de sens ou de non-sens face auquel Valentine se serait passablement senti agacé, de même.

-S’il ne répondait pas... a commencé le psy, comme pensif, en énumérant de ses doigts, Je pourrai par exemple vous dire qu’il ne vous mérite pas. Ou que vous trouverez sûrement quelqu’un de bien mieux plus tard. Ou d’attendre un petit peu... ou éternellement si vous êtes de cette trempe.

Ou encore un de perdu dix de retrouvés.
Des phrases bâteaux, comme Valentine n’aura jamais assez de place pour les toutes les caser. En se retournant finalement de sa fenêtre, il a jeté un coup d’oeil à la minuscule horloge digitale fixée là bas sur le mur. Des horloges comme on en voit rarement chez un psy. En tout cas, cette séance s’allongerait dans le temps, sans aucun doute. Yui avait bien précisé que Lin serait le seul à mettre fin à leur jeu. Balayant l’air d’un geste de la main, il a fini par croiser les bras et sonder d’un oeil perçant l’adolescent, comme s’il pouvait y voir à travers.

Viendrait forcément le moment où, il révèlerait qu’Aurore n’a jamais écris de message à Lindsey. Cela dit, Lin aurait beau clôturer leur jeu, Yui n’avait absolument pas précisé que la séance s’en arrêterait pour autant. Et tant qu’il y avait Hésitation dans l’air, leur entrevue s’éterniserait. Monsieur Valentine aime bien les travaux bien faits.

-Ou sinon pourquoi ne pas l’oublier, après tout je peux très bien vous aider.

Tout étant relatif dans la notion d’aide, venant de Yui Valentine.
Et s’écoule le temps, temps pendant lequel aucune réponse ne sera perceptible de la part d’Aurore. Un long silence est passé avant que Yui daigne le briser.

-... Qu’en diriez-vous si je remplaçais « Aurore » ? Je pourrai être Votre ami, nous discuterions... de tout et de rien. Et puis nous nous verrions plus souvent, a badiné Yui tranquillement, venant s’assoir près d’un Lin probablement perdu, nous nous ferions confiance et puis tout irait bien, enfin, mettez-y le sens que vous voulez. Alors je ne vous cache pas que le début serait des plus étranges mais pas irréalisable. Alors biensûr, vous allez me dire que jamais au grand jamais je remplacerai Aurore, mais puisque le temps efface les douleurs...

Puisque les douleurs s’atténuent dans le temps...
Le temps.

THE TIMES

Toujours une question de timing, cette vie.
Entre anticiper ou subir, il n’en reste pas beaucoup de choix. Valentine avait fait la discussion à Lin pendant un peu trop longtemps à son goût. En parlant un peu de tout et de rien entre certains blancs de conversation.

-Allons diner, Lindsey. Mais de grâce, cessez donc de vous torturer les pensées avant l’heure !

Alors bien entendu, ce que disait Valentine pouvait être considéré comme étant du jeu ou non. A chercher le juste équilibre entre les deux, chacun s’en fait l’idée qu’il en veut ; Valentine ne se répète jamais. Ou trop peu. Tout comme Lin avait l’entière liberté de vouloir rester ici ou de déroger au couvre-feu de l’école. De toute façon, que l’entretien se passe dans son cabinet ou ailleurs, ce n’est pas Yui qui allait s’en offusquer: ce n'est après tout, que la suite ...d'une suite.

Invité

Quoi ? le jeu avait commencer ? Lindsey n'avait pas même encore remarquer le but de celui ci. Sans doute trop occupé à penser et à se torturer l'esprit pour Aleksi.
Attendre éternellement une personne ? Non. Lindsey n'était pas de ce genre là. Il n'avait pas devant lui l'éternité et le savait parfaitement. Lindsey s'accrochais à Aurore car il s'agissait pour lui de son présent. Il n'était pas son futur, du moins ce n'est pas comme cela que Lin voyait les choses. Pour lui, il lui était difficile d'imaginer ce présent sans cette amitié si précieuse à ses yeux.
Fronçant les sourcils aux paroles du psychologue, Lin détourna le regard sur son téléphone qu'il tenait à présent dans la main. Comme si il attendait une réponse immédiate de la part de son ami. Comme si il espérait pouvoir être soulager d'apprendre que son ami ne lui en voulais plus et que les choses allaient pouvoir reprendre leur cours. Mais rien. Pas de nouveaux messages ne s'affichait sur l'écran de son téléphone. Le garçon soupira un instant tout en relevant les yeux sur l'homme qui continuait ses paroles, fronçant à nouveau les sourcils, surpris par les paroles de son psy.
Ce dernier proposait d'oublier Aurore. Chose totalement absurde aux yeux du violoniste. Inconcevable.
Mais la suite fut davantage surprenante. C'était tant étonnant que Lindsey eut bien du mal a comprendre les paroles du psychologue.

"Je vous demande pardon ?"

Les paroles de Valentine n'étaient pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Mais ses paroles étaient bien trop imprévisibles. Lindsey ne pouvait que croire à une farce…Comment un psychologue pouvait il penser, si ce n'est qu'un cours instant, construire une relation amicale avec l'un de ces "clients" , qui plus est un élève de Lycée?
Perdu ? C'était peu dire. Lindsey était pratiquement persuadé que son psy, bien que ça ne soit pas nouveau, soit tomber sur la tête pour lui proposer une telle chose. Lindsey eut toute fois une réaction surprenante face à cela, en premier lieu, le jeune garçon se mis à sourire avant de répondre sincèrement tout en tournant le regard sur l'homme qui avait pris place près de lui sur le canapé.

"Il m'est impossible d'oublier Aurore…tout comme il m'est impossible de devenir votre ami par substitution. Enfin, ne vous vexez pas surtout mais…ce n'est comme cela que j'envisage les choses. A mon sens, devenir ami se fait naturellement…sans étapes. C'est gentil de vous proposez dans ce rôle, mais ça n'est pas naturellement que vous le faites…uniquement pour…la thérapie j'imagine.

Et vous vous trompez. Le temps n'as jamais effacé mes douleurs. Bien au contraire."

A nouveau, Lindsey cacha ses craintes et ses faiblesses par un beau sourire malgré la dernière phrase qu'il venait d'annoncer. Bien qu'en apparence Lin puisse sembler être quelqu'un d'heureux, épanoui et stable…ce n'était pas vraiment la réalité si on creusait plus loin. Ronger par son passé, son adoption, sa maladie et sa peur de mourir seul, Lindsey avait cette facette de bien heureux. C'était sa nature. Courageux, optimiste et généreux, Lin tentait de faire toujours passé le bonheur des autres avant le siens, même si parfois tout cela pouvait réellement être douloureux.
N'ayant pas réellement envie de passer son temps à se plaindre, pas même avant son psychologue, Lin esquissa un nouveau sourire tout en se levant du canapé aux dernières paroles de l'homme qui proposait d'aller diner avec lui. C'était une demande étrange, mais Lin avait faim et c'était un bon moyen pour lui d'échapper à ses vrais maux.

"Très bien ! Dans ce cas, je vous laisse trouvez un sujet de conversation intéressant…et un bon resto…pas trop cher si possible, à moins que vous ne me l'offriez ? "

Enfilant sa veste tout en se dirigeant vers la porte, Lin se tourna en attendant son psychologue. Cette séance était encore une fois des plus surprenantes…tout comme le comportement du psychologue et de son patient. Lin ne savait pas dans quoi il était embarqué exactement…Mais Yui Valentine le savait il seulement ?

SUITE: INSIDE YOUR MIND