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 Chopin Never Dead [PV Isibeal - Conservatoire]

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MessageSujet: Chopin Never Dead [PV Isibeal - Conservatoire]   Chopin Never Dead [PV Isibeal - Conservatoire] EmptyVen 16 Juil 2010 - 15:09


    Innokentiy était de bonne humeur ce matin. Aujourd’hui, jour béni. Le Conservatoire National de Musique de la ville de Keimoo avait reçu un nouveau piano de concert. Un petit bijou signé Steinway, un modèle D laqué noir occupant la scène de la nouvelle salle de représentation du bâtiment. Et bien évidemment, à qui avait-t-on demandé de l’inaugurer ? A ce cher Monsieur Vladimirovitch, pianiste doué et aristocrate influent de son état. Etre le premier à effleurer les touches ivoires d’un instrument tel que celui-ci, pour n’importe quel musicien, c’est évidemment un immense honneur et un plaisir sans nom. Une jubilation intérieure, semblable à celle ressentie au dépucelage d’une jeune et pure vierge. Un privilège artistique, voyez-vous.

    Il était aux environs de 7h et demi du matin quand le jeune homme jaugea l’animal. Il avait toujours été du matin. Du soir et du matin en fait. Un lève-tôt et un couche-tard, profitant de ses journées et de ses nuits au maximum… Au grand dépit de son besoin de sommeil. Surtout depuis quelques temps, ses nuits se faisaient de plus en plus courtes et cela se ressentait sur ses nerfs. Inno était à cran, sur le qui-vive 24h sur 24, et cela ne s'arrangeait pas depuis ses récentes emmerdes avec Wunjo.
    Il monta sur l’estrade de bois verni et fit face à l’assemblée de sièges vides. Avec un sourire cocasse, il salua son public fantôme avant de venir déposer sa mallette de cuir et s’asseoir sur le tabouret de velours pourpre. Quelle étrange représentation il s’apprêtait à donner devant ces spectateurs brillant par leur absence. Il n’avait pas prévu un répertoire particulier, mais comptait plus travailler sur ses propres lacunes. Pour cela, quoi de mieux que les œuvres de virtuosité de certains compositeurs ? Après des longs et intenses moments de réflexions et d’hésitation, sont choix s’était finalement arrêté sur les Douze Etudes d’Exécution Transcendante de Liszt. Des morceaux horriblement techniques, parfaits à jouer sur un instrument tel que celui ici présent. Inno avait prévu de s’attarder sur la Quatrième et la Dixième étude, connue pour leur demande de rapidité, de précision et de doigté irréprochables.

    Il sortit de son sac ses partitions, qu’il déposa soigneusement sur le pupitre. Il se saisit d'un ruban noir et attacha sa cascade de cheveux en une queue-de-cheval haute. Seule les mèches les plus courtes et les plus rebelles retombaient sur sont front et encadraient son visage fin. Enfin, Innokentiy positionna ses longs doigts fins pour exécuter le premier accord. Les notes résonnèrent, puissantes, claires et rapides. Les gammes s’enchaînèrent, le thème se fit de plus en plus agressif, montant crescendo en intensité. Le jeune homme reprit certains passages plusieurs fois, travaillant chaque enchaînements studieusement. Il passa plus d’une heure à l’approche de la Quatrième Etude, s’offusquant parfois des fausses notes qu’il laissait échapper dans les passages complexes. Inno avait beau être talentueux, arriver à jouer parfaitement ces Etudes ne tombait pas du ciel. Rigueur, concentration et travail. Voilà ce qu’il fallait.

    Il devait être 9h quand il s’octroya enfin une pause. Il avait terriblement chaud et était en âge. Jouer d’un instrument était plus physique que ce que l’on ne pouvait penser. Il s’étira sur le tabouret, faisant craquer son dos ainsi que les articulations de ses doigts pour les détendre. Il se leva et alla chercher sur une table dans un coin de la scène une bouteille d’eau. Il sourit, le Conservatoire avait vraiment pensé à tout. Il but à longue gorgée, se délectant de la fraîcheur du liquide.
    Le directeur du Conservatoire entra à ce moment dans la salle. C’était un homme assez âgé, portant la barbe et les cheveux gris, toujours en costard. Il était passionné de musique classique, et s’intéressait en particulier aux opéras. Cela expliquait le nombre important de représentation annuelle dans la ville. Innokentiy descendit de la scène et avança dans l’allée centrale à sa rencontre. Ils se serrèrent généreusement la main.

    « Monsieur Vladimirovitch ! Quel plaisir ! Alors, ce fameux piano ? »

    L’aristocrate lui sourit en retour, avant de répondre.

    « Une merveille. C’est un excellent choix, croyez-moi. C’est un plaisir de pouvoir jouer sur un instrument pareil. »

    « Les Steinway sont des sources sûres, il est bien vrai. Et Monsieur, j’aurais aimé vous poser une question. »

    « Bien sûr, allez-y. »

    « J’apprécierais vraiment que vous acceptiez d’inaugurer la salle, le mois prochain. Nous avions pensé à un récital de Chopin, et comme je sais que c’est l’un de vos compositeurs favoris… Ce serait un honneur de vous voir donner un concert ici. »

    « J’en suis très touché, Monsieur Hokoneda. J’y réfléchirais très sérieusement. Je vous donne ma réponse dans les plus brefs délais. »

    « Bien, je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Passez une bonne journée. »

    Innokentiy lui renvoya son salua et le regarda sortir par la porte. La blague. Il savait bien que toute cette histoire n’était qu’un jeu d’alliance, et que la proposition du directeur visait surtout à obtenir le soutient financier de la famille Vladimirovitch. Enfin… Il en parlerait à ses parents. C’était à eux de décider.

    Il décida de retourner à ses partitions et se replaça auprès du magnifique piano. La laque noire lui renvoya son reflet il ne put s’empêcher de se dire qu’il avait bien changé cette année. Physiquement, les changements n’étaient pas très importants. Il était toujours aussi pâle, ses cheveux étaient toujours aussi noirs et longs et il n’avait pas perdu en stature. Il gardait profondément ancré en lui les marques de fabrique des Vladimirovitchs, seulement tout était question de subtilités. L’air autrefois hautain et supérieur qui était gravé en permanence sur ses traits s’était durci, assombri, devenu presque mélancolique. Des cernes avaient fait leur apparition sous ses yeux reptiliens, plus orangés que jamais. Son style vestimentaire avait également évolué au cours de l’année : fini la dentelle, les costumes anglais, l’extravagance. Innokentiy arborait désormais des tenues toujours aussi élégantes mais beaucoup plus sobres. Aujourd’hui par exemple, il portait un jean en denim foncé porté près du corps et accompagné d’une chemise légère couleur crème. Il avait remonté les manches sur ses avant-bras et laissé ouvert les boutons du col, dévoilant par la même occasion un carré de la peau nacrée de son torse. Il sourit en pensant au commentaires que lui ferait sa mère s’il elle le voyait ainsi. « Tu es bien négligé mon fils ! ». L’année dernière, la simple idée de porter des vêtements du commun des mortels le révulsaient. Mais tout le monde évolue. Il se sentait toujours autant gothique, resterait un aristocrate, mais il avait désormais établi une distinction entre les deux. Il n’était plus un gothique aristocrate.

    A qui la faute ? A Elle. Toujours Elle. Ils s’étaient toujours crut inséparables, liés à la vie et dans la mort. Mais pourtant, toutes les belles choses ont une fin. Il y a eu la rupture. La plus terrible qu’Inno n’ai jamais put imaginer. Elle était partie, une nouvelle fois. Loin des yeux, près du cœur ? Une ineptie, il avait put le vérifier. Yumi avait finit par rentrée après des mois de silence, mais tellement différente. Ce n’était plus la même, il ne la reconnaissait plus. La vérité avait finit par exploser : tout était fini. Ainsi la fin de leur voyage était enfin arrivée, aussi douloureuse que possible.
    Anéanti, brisé, plus seul que jamais, il avait indubitablement finit par ne plus se ressembler. Ses réactions n’étaient plus les mêmes, son comportement n’était plus le même, ses préoccupations n’étaient plus les mêmes… Il lâcha un long soupir et tourna la page de sa partition, retournant au tout début du morceau. Il lut les premières notes et instinctivement ses doigts se positionnèrent sur le clavier d’ivoire, faisant résonner le son cristallin et envoûtant dans la grande salle vide. Il laissa la musique l’emporter loin de tous ces problèmes, lui vider la tête et le laisser dans le monde pur et envoûtant du piano.


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MessageSujet: Re: Chopin Never Dead [PV Isibeal - Conservatoire]   Chopin Never Dead [PV Isibeal - Conservatoire] EmptyLun 27 Sep 2010 - 9:59

Isibeal venait de se réveiller, et la première chose qu’elle fit ce matin-là, c’était regarder l’heure à son réveil. L’objet affichait 7h00 du matin. La jeune fille se frotta les yeux avant de vérifier l’heure. Non, elle ne rêvait pas : elle était matinale. Au lieu de se rendormir, elle s’étira langoureusement avant de se lever. Isi’ prit une douche brûlante, lorsqu’elle entendit la voix de sa mère lui dire de se dépêcher. Qu’est-ce qui lui prenait ? Elle ne réussit à retenir que "Conservatoire National de Musique" et "Piano". Ça l’avait tellement intrigué qu’elle se rinça bien vite avant de se sécher. Elle attrapa ses sous-vêtements noirs, posés sur l’armoire toute proche de la baignoire, elle avait juste à tendre le bras, et une fois mis, elle s’empara de sa robe. Cette dernière était suspendue au porte-manteau, juste devant l’armoire. Toute de grise vêtue, la Pom-Pom Girl sécha ses cheveux, les démêla et les laissa détachés. Elle vérifia sa nouvelle couleur, en repassant la brosse dans sa chevelure. Cette couleur grise, elle était parfaite. Ça la changeait de ce rose bonbon. Isibeal descendit prendre son petit-déjeuner en compagnie de sa mère, et elles discutèrent un peu. La jeune fille sut enfin pourquoi sa mère l’avait autant pressée : l’arrivée d’un nouveau piano au Conservatoire National de Musique. Elle se demanda à présent pourquoi sa mère lui parlait de ça, et puis, elle se souvint lui avoir dit rêvé d’apprendre à jouer du piano. C’était… l’année dernière. Depuis, Isi’ n’en avait jamais reparlé, parce que sa mère lui avait dit que ce n’était pas possible à cause de sa carrière de mannequin. Alors, pourquoi en reparler aujourd’hui ? Si c’était pour lui faire envie, c’était gagné. Mais, elle prit son mal en patience. Quelques instants plus tard, la mère de la Pom-Pom Girl s’en alla à sa séance photos, et Isibeal enfila ses bottes grises avant de prendre sa voiture, garée dehors. Sa mère avait dû la sortir, puisqu’elle l’avait mise dans le garage la veille. Elle avait donc tout prévu…



Il lui fallut une demi-heure pour arriver au Conservatoire National de Musique. Ainsi, à 9h10, elle était arrivée dans le bâtiment. Elle n’emprunta pas l’allée centrale, mais elle repéra deux personnes dans celle-ci : un homme âgé et un jeune homme… gothique ? La jeune fille n’aimait pas ce style de mode, et elle n’aimait pas non plus les gothiques… mais ça ne l’empêcha pas d’écouter la conversation entre ces deux inconnus. L’identité du gothique fut dévoilée dès le début de la discussion : Mr Vladimirovitch. Ce n’était pas japonais, ni anglais. Peut-être russe. Isi’ avait toujours admiré cette langue, peut-être qu’un de ces jours, elle apprendrait le russe. Mais elle n’était pas là pour ça. Mr Hokoneda ? Tiens, elle venait d’apprendre le nom du vieil homme. Et puis, ce dernier quitta le Conservatoire. La Pom-Pom Girl observa le jeune homme, qui se dirigeait vers la scène, et elle ne le quitta pas des yeux lorsqu’il s’installa derrière le piano. Au début, aucun son ne sortit, et Isibeal se demanda ce qu’il attendait pour jouer. Aucun des deux hommes n’avait dû la voir, puisqu’elle avait mis ses bottes à talons plats, et elle était restée silencieuse et discrète depuis son arrivée dans le Conservatoire. Elle put ainsi contempler la scène, légèrement en retrait. Et quelques minutes plus tard, des notes résonnèrent dans la grande salle… vide, ou presque vide. La jeune fille reconnut qu’il jouait divinement bien



Pour avoir assisté aux concerts de son grand-père maternel, elle était bien placée pour penser une telle chose du jeune homme. Sa mère avait toujours dit non à son père, lorsqu’il avait voulu faire des cours de piano à Isi’ et il était mort à ses dix-huit ans. Cela faisait un peu plus d’un an, et elle n’avait trouvé personne d’autre pour lui apprendre à jouer du piano… jusqu’à aujourd’hui. Sa mère cherchait-elle à réparer cette erreur ? Comment avait-elle su ? La Pom-Pom Girl cessa de repenser à tout ça, et de se poser des questions.



Elle se laissa tomber sur l’un des sièges, juste devant la scène, se laissant ainsi emporter par la musique sans penser à autre chose… et soudain, il n'y eut plus aucun bruit. Que se passait-il donc ? Elle cligna des yeux et se rendit compte que l'air joué par le jeune homme était déjà terminé. Isibeal s'étira, et, curieuse de voir enfin le piano de près, elle se leva pour se diriger vers la scène. Au lieu de faire le tour, pour utiliser les quelques marches qui menait à la scène, elle enjamba aisément la grande marche et se planta devant le piano. Elle tourna autour de l'instrument avant de détailler le jeune homme aux longs cheveux noirs. La jeune fille trouva son teint bien pâle... elle haussa les épaules. Après tout, c'était normal pour un gothique, non ? Elle n'allait quand même pas s'inquiéter sur son état de santé, elle n'était pas là pour ça. Passant sa main dans sa chevelure grise perle, elle prit la parole :

- Vous jouez admirablement bien...



Isi' fronça les sourcils, réfléchit un bref instant avant de poursuivre sa phrase :

- Hum... je doute que ce soit français ce que je viens de dire... bref. Je m'appelle Isibeal MacQuillan, mais peut-être que vous me connaissez... en fait, je n'en sais absolument rien. J'ai du me lever tôt, ma mère m'a pressé afin que je vienne ici. Au début, je ne savais pas pourquoi, mais j'ai compris maintenant.



Charabia ? Peut-être... peut-être pas. La Pom-Pom Girl en vint au sujet principal, il était inutile de tourner autour du pot ou de continuer à parler de manière incompréhensible si le jeune homme n'avait pas compris sa dernière phrase, ou ses deux dernières phrases :

- J'ai toujours rêvé apprendre à jouer du piano. Mon grand-père était un pianiste très célèbre, désirait me donner des cours. Malheureusement, ma mère n'était pas du même avis et il est mort il y a presque deux ans. J'étale un peu ma vie, à un parfait inconnu, et vous vous demandez pourquoi mais j'en viens aux faits. Je n'aime certes pas les gothiques, je n'aime pas non plus leurs styles, autant être sincère, n'est-ce pas ? Mais je suis prête à faire une exception pour vous si vous me donnez des leçons de piano. Non, en fait, je veux que vous m'apprenez à en jouer, je ne vous laisse pas le choix. Et si vous n'êtes pas d'accord, je vous harcèlerais jusqu'à ce que vous craquiez. Qu'est-ce que vous en dites ?
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