Echec de la mission "Seul au monde"

Un après-midi sans cours, c’est génial, tout le monde sera d’accord sur le principe, sauf peut-être les intellos, mais ils ne sont pas tout à fait normaux entre nous ! Kaoru s’y voyait déjà, le programme rien de plus simple, RIEN, ne rien faire, s’échouer devant la télé comme un bateau sur un récif, et s’abrutir le cerveau avec bonheur. Éventuellement prévoir une petite sieste, pour se remettre d’autant d’action et parce que l’activité ça creuse n’oublions pas le sacro-saint goûter. Un planning à faire frémir d’horreur tout hyperactif qui se respecte, mais il s’en foutait royalement, pour une fois qu’il pourrait profiter tranquillement sans avoir à subir la présence de K.L, et l’énergie envahissante d’Ana. Ces colocataires il les aimait bien, beaucoup en ce qui concernait l’espagnole, mais par moment et on ne peut pas lui en vouloir, il aspirait à un peu de tranquillité. Ainsi bien que l’ambiance générale de cette matinée à Keimoo soit à la grise mine, ou à la révolte lui se contentait d’être comme toujours égal à lui-même, après tout ce règlement n’allait pas changer sa vie. Oui on parle bien du nouveau règlement qui avait fait irruption le jour même dans leur casier.

-Non mais tu te rends compte ! Lui disait un de ses camarades en sortant des cours. C’est vraiment abuser !
-Hmm, si tu le dis… cherchez pas il est déjà en mode larve.
-Oh tu m’écoutes ? Tu l’as lu au moins ce truc ?
-Mouais, bah c’est un règlement comme un autre...
-En gros tu t’en fous… Comme d’habitude!
-Un peu oui ! Lança Kaoru en riant, au grand désespoir de son ami.

Voila pourquoi il ne voulait pas passer l’après-midi avec eux à les écouter se plaindre. La vérité est qu’il sait pertinemment que beaucoup d’élèves de Keimoo sont déjà sur le chemin de la guerre, et si cela les amuse tant mieux pour eux, lui n’a pas envie de se prendre la tête en se mêlant de la révolution à venir. Évidemment il n’était pas particulièrement touché de plein fouet par ces nouvelles lois, à part quelques détails auxquels il devrait pouvoir remédier sans problème. La porte de l’appart était à peine refermée qu’un son familier lui vrilla les tympans.

- Kaoooooooooooo !

Cri de guerre qui précède toujours une attaque la folle avec laquelle il partageait les lieux, bon en fin de compte il ne serait pas tranquille ici non plus !! Ana, et ses « dit dit, à ton avis c’était qui avec qui j’étais au bal ? Tu veux pas m’aider ? Allez je veux savoir… ». Non il n’y tenait pas plus que ça, parce que ça sentait le truc pour s’attirer des ennuis. Voila qui remettait tout le programme en cause parce que lorsque la miss à une idée en tête elle peut devenir carrément insupportable, et tel qu’il se connaissait il allait finir par céder, comme d’habitude à ses caprices ! N’y a-t-il donc pas moyen de larver en paix dans ce monde, il ne demandait pas grand-chose, juste le droit de ne rien faire et de ne s’occuper de rien, ce n’est pas si aberrant tout de même !

C’est de cette manière qu’il échoua finalement dans les jardins de l’académie, affalé sur la pelouse, le nez dans un manga dont Ana lui avait « suggéré » la lecture. C’était amusant certes, mais cela faisait surtout passer le temps, mais depuis quelques pages quelque chose perturbait sa concentration, enfin plutôt quelqu’un, qui s’était installé à quelques distances. Non pas que la personne soit bruyante, ou débordante de dynamisme, pour tout dire c’était même le contraire, mais il y avait un truc dans l’immobilité de cette silhouette installé sous cet arbre qui le rendait perplexe. Au départ il faisait que jeter des coups d’œil entre deux pages, mais au final il se retrouva à l’observer délaissant sa lecture. A dire vrai ce gars était un peu étrange, mais il avait surtout l’air de ne pas être dans son assiette.

*on ne fait rien on a dit ! Glandage tout l’aprèm…. *

Alors pourquoi refermait-il déjà le manga, parce qu’il avait déjà décidé de ne pas faire ce qui était prévu, c’est aussi la raison pour laquelle il se leva, chassant les éventuels brins d’herbes qui se serait aventurés sur ses vêtements et s’approcha de l’arbre. Arrivé à proximité il se baissa pour se mettre à hauteur du visage du garçon, et accrocha son habituel sourire.

- Hi ! *petit signe de main pour saluer* Excuse moi, je me mêle surement de ce qui ne me regarde pas, mais tu n’as pas l’air en forme. Je me trompe peut-être remarque !

Et bien voila, il a beau dire qu’il s’en moque des ennuis des autres, ne serait-ce que pour une journée de congé sabbatique, le voila déjà en train de se préoccuper pour quelqu’un, qu'il ne connait ni d’Eve ni d’Adam !

Conor avait appris le départ de certaines personnes à qui il avait osé ouvrir son être pourtant si secret. Il était de nouveau seul sans personne avec qui parler. Plus le temps passait dans cette académie et plus le jeune musicien s’isolait des autres partant complètement dans sa musique qui pour lui était la seule façon agréable de s’exprimer. Conor allait choisir de jouer à l’extérieur vu qu’il faisait beau ce jour là quand il croisa un nouveau règlement interne dans les corridors de l’académie. Lentement et attentivement il lu ce qui était maintenant interdit et le découragement venait de l’envahir d’avantage. Comment allait-il pouvoir s’exprimer maintenant ? Il n’avait pas vraiment d’amis (es), pas de confident, il ne voyait plus le seul garçon qui avait eu des sentiments envers lui. Conor avait une boule d’émotions prisonnière de son être qui n’arrivait pas à sortir. Aller voir le psychologue ? Pour lui dire quoi exactement ? Qu’il n’aimait pas le nouveau règlement ? Conor soupira serrant son l’étui de son violon contre lui fermement en réalisant qu’il devrait aussi enlever le chapeau qu’il portait en permanence sur sa tête.

Lentement ses pas se dirigèrent vers l’extérieur à travers l’herbe du parc de l’académie. Peut-être que s’il appelait son père adoptif ce dernier viendrait le chercher et il pourrait s’enfermer de nouveau dans ses choses à lui. Conor avait beaucoup de difficulté à socialiser et malgré toute l’aide que certaines connaissances avaient tenté de faire pour l’aider il s’isolait rapidement. Maintenant il devrait jouer en permanence dans la salle de musique s’il voulait évacuer ses émotions. Il ne pourrait plus le faire seul tranquille sur le toit ou dans certains coins plus calme. Conor se laissa tomber contre un arbre serrant contre lui toujours son violon enlevant son chapeau haut de forme pour ne pas attirer l’attention vers lui. Le jeune musicien se sentait vide, seules les larmes voulaient sortir. Lentement le jeune garçon fini par les laisser couler tout doucement sur ses joues tout en fixant l’herbe devant lui sans bouger.

Quand Conor entendit le son d’une voix il sursauta légèrement mais baissa son regard histoire de camoufler ses larmes. Pourquoi cet inconnu venait lui parler ? Était-ce pour lui rappeler le règlement ? Conor avait compris qu’il devrait changer ses vêtements, enlever son chapeau et garder sous clef son violon ainsi que son violoncelle et vivre avec l’âme vide de vie. Mais l’autre étudiant ne partait pas, il restait là à lui parler. Pourquoi ? Conor ne comprenait pas, voulait-il lui aussi se moquer de lui ? Pourquoi s’intéressait-il à savoir comment il allait ? Conor ne comprenais pas cette logique et lentement releva son visage doux mais triste pour fixer l’inconnu sans dire le moindre mot.

« Bon…jour… je… je vais bien… merci… »

Après avoir seulement murmuré les petits mots quasi illogique vu le regard perdu et vide de Conor il rebaissa son regard se cramponnant à son chapeau et son violon se repliant sur lui-même au passage. Les larmes continuaient de couler sur ses joues alors que Conor était prit en pleine crise existentielle, devait-il faire confiance en cette personne qu’il ne connaissait pas ? Pouvait-il seulement lui faire confiance ou allait-il encore se retrouver comme souffre douleur de ces personnes populaires en quête de victimes potentielles ? Gardant la tête basse Conor repris de nouveau la parole.

« Je… pourquoi s’inquiété de moi ? Vous… ne me connaissez pas ? Je… je ne comprends pas… vous voulez rire à mon sujet vous … aussi ? »

Conor tremblait légèrement à cause des émotions sans oser relever la tête qui grâce aux cheveux sombre du jeune musicien camouflait les larmes qui coulaient sur les joues.

Ça devait être le « je vais bien » le plus mal joué que Kaoru est eut l’occasion d’entendre ! Sans parler du « Bonjour » ! Et encore, il avait fallu tendre l’oreille pour entendre ça, ce n’était pourtant pas la révélation du siècle. Bon d’accord il ne s’attendait pas à une confession immédiate, faut être réaliste, on ne déballe pas toute sa vie au premier inconnu qui s’inquiète de votre état. Sauf peut-être en de rares circonstances, ou en cas de force majeure. Le garçon s’était replié sur lui-même encore plus, physiquement parlant, et il s’agrippait à ses affaires comme s’il craignait qu’elles s’envolent. Ou qu’on les lui vole peut-être ? Kaoru se demanda un instant s’il avait vraiment l’air d’être le genre de personne à détrousser les lycéens à la sortie des cours. La réponse était évidente, bien sûr que non ! Pas plus qu’il n’agressait les jeune filles qu’il croisait dans les bois ! Il se demandait s’il ne ferait pas mieux de laisser le garçon pleurer en paix, oui parce que ce dernier faisaient des tentatives bien maladroite pour le cacher. Sur le point de se relever pour prendre congés la petite voix s’éleva de nouveaux.

« Je… pourquoi s’inquiété de moi ? Vous… ne me connaissez pas ? Je… je ne comprends pas… vous voulez rire à mon sujet vous … aussi ? »

C’est vrai ça ! Pourquoi se préoccuper de lui, c’était une interrogation légitime, à laquelle il y avait surement une bonne raison ! La meilleure explication était que ce gars était rentré dans le champ de vision de Kao, et qu’il ne pouvait en aucun cas apprécier son temps libre en ayant dans un coin de sa conscience cette triste vision. C’était probablement une démarche assez égoïste, mais c’est souvent le cas quand la conscience s’en mêle. On fait parfois bien des choses justes pour faire taire cette petite voix dans notre tête qui nous pèse. Ou peut-être qu’il était juste curieux, après tout rien ne dit qu’Ana n’avait pas commencé à déteindre. Par contre Kao eut l’air vraiment surpris par la dernière remarque, qu’y avait-il de drôle dans la situation au juste ? Le regarder sangloter était juste triste, en un sens. Cela éclairait d’un jour nouveau l’attitude du garçon, ainsi donc il craignait qu’on se moque de lui, le « aussi », laisser sous-entendre, qu’il était habitué à recevoir ce genre de traitement. Pas vraiment étonnant, à Keimoo comme ailleurs certains étudiants n’avaient pas la chance de plaire aux bonnes personnes. A le regarder, on aurait dit qu’il attendait un genre de coup de grâce de la part de Kaoru.

- C’est ce que tu penses vraiment ? Que je vais me moquer de toi ? répondit-il en gardant toujours son sourire.

Désolé, mais ce ne sera pas lui qui l’achèverait. Il soupira, avant de s’accroupir, observant un instant le mur de cheveux qui dissimulaient le regard fuyant de son cadet.

- Si tu veux vraiment savoir, j’aime pas trop voir les gens triste à en pleurer, il n’y a rien de drôle là-dedans.

Aussi simple que deux et deux font quatre ! Kao n’avait jamais participé à ce genre de passe-temps qui consiste à pourrir la vie d’une personne, contrairement à certaines personnes de sa connaissance, il n’en voyait tout bonnement pas l’intérêt. Il n’était pourtant pas intervenu pour autant, du moins pas tant que les choses ne dépassaient pas un certain point. Ce gamin était peut-être l’occasion de se racheter pour ces fois là ! Il faut dire que la place de « victime » ne lui était pas vraiment familière, pas du genre à briller et a se faire remarquer, mais pas du genre à être mis de coté non plus. Il reprit, toujours sur un ton qui se voulait amical, mais sans trop.

- C’est à cause de ça que t’es dans cet état ? Des moqueries des autres ? Tu ne devrais pas t’occuper d’eux…

Il ne faisait que dire ce qui lui paraissait évident de son point de vue, et c’est bien à ce genre de réplique qu’on réalise à quel point il ignore ce que c’est que d’être la cible du harcèlement des autres. Ignorer le reste du monde est tellement difficile quand on à l’impression d’être seul contre tous…

Conor ne comprenait pas pourquoi cet inconnu venait lui parler, pourquoi semblait-il intéressé à savoir comment il allait, pourquoi ne riait-il pas de lui comme le voulait la tradition de cet Académie ? Tant de questions hantaient le jeune musicien qui continuait de pleurer doucement tout en restant ainsi cramponner après son étui sans relâcher non plus son chapeau haut de forme. Conor était perdu, seul et complètement déboussolé dans cet institut qui avait changé certaines règles qui venaient de briser le peu d’expression qu’il pouvait arriver à manifester. Peut-être qu’il pourrait contacter son père adoptif pour l’implorer de le changer d’institution. Mais voudrait-il ? Après tout il avait fait beaucoup de sacrifice pour que son petit protégé est une éducation parfaite. Malgré une profonde hésitation Conor demanda tout de même pourquoi ce dernier s’intéressait à lui alors qu’il ne le connaissait pas. Peut-être que quelqu’un lui avait demandé de le faire. Cela pouvait-il être possible ? Ou peut-être était-ce un pari entre amis pour savoir à quel point il pourrait rire du jeune musicien. Conor demanda au passage si Kaoru avait l’intention de se moquer de lui comme les autres, c’était comme si le jeune homme s’y attendait tellement qu’il trouvait étrange de ne pas recevoir de vacheries de la part de l’étudiant qui était venu le voir. Il lui parlait par compassion ? Conor en doutait, personne ne pouvait avoir cet envi de venir vers lui et de lui parler pour comprendre pourquoi il semblait si triste à longueur de journée.

Les paroles de Kaoru figèrent Conor qui lentement releva son regard vers lui intrigué d’avantage. Il ne comprenait pas pourquoi ce dernier était gentil, pourquoi il semblait doux et qu’il voulait lui venir en aide. Pour Conor personne ne voulait de lui ici, il n’était pas assez dans le vent pour avoir le droit d’être apprécier, il était trop étrange pour qu’on ose s’en approcher et lui démontrer un peu d’attention. De toute façon, tout cela était normal. Son père biologique lui avait tellement fait comprendre qu’il ne méritait pas d’être apprécier et de recevoir de l’amour. Ce fut un des combats les plus difficile pour le père adoptif de ce jeune homme, lui faire entrer dans son esprit que ce que lui avait dit son géniteur était que mensonge.

« Non… je… je ne pourrai plus jamais jouer de la musique… je… je … veux dire en dehors des cours… je ne pourrai plus jouer… c’est interdit maintenant… Je ne pourrai plus porter le seul cadeau que j’ai jamais reçu… Mon chapeau est interdit aussi et mes vêtements… Je… je n’aime pas cet endroit… Je… je ne suis pas fait pour être ici… Je… je… Ce n’est pas seulement les moqueries… des autres… je… je n’ai pas vraiment d’amis… J’ai de la difficulté avec les cours… à m’adapter … Je… je devrais peut-être demander à papa de me faire partir d’ici… Mais il serait si déçu… Il a fait beaucoup… de sacrifice pour qu’enfin je puisse avoir une éducation… une vie normale… On rit de moi … car… je ne porte pas de vêtements comme les autres… Parce que je … bégaye… aussi parce que je traine toujours mon chapeau, mon violon et que … je ne parle à personne… je suis maladroit et eux ça les amusent… Pourquoi vouloir être gentil avec moi ? »

Conor n’avait même pas réalisé qu’il ne c’était pas présenter encore. Il avait tenté de parler calmement à Kaoru mais en vain. Tout était que du bégayement et le jeune garçon rebaissa son regard se cramponnant à ses effets fermement.

Il arrive toujours un moment où l’on finit par atteindre ses limites, cela prendre plus ou moins de temps en fonction de la l’espace disponible sur le disque dur émotionnel de chacun. Mais si on n’évacue pas d’une manière ou d’un autre on finit par exploser. Et le flux de parole, désordonné, balbutiant, et saccadé avait surgit de ce petit corps encore tout recroquevillé sur lui-même, comme l’eau après la rupture d’un barrage. Oh ce n’était pas le barrage le plus immense du monde, mais juste le premier. Sourire amusé aux lèvres Kaoru se laissa aller en arrière optant pour une posture assise bien plus confortable.

- Et bien ! On dirait que ça avait besoin de sortir !

A dire vrai il n’était pas certain d’avoir tout saisi en détail, mais une chose était claire, le cerveau de ce garçon devait être aussi confus que ses paroles. Certes le sportif avait remarqué le problème d’élocution, mais pour le moment qu’elle différence cela pouvait faire, d’abord quiconque à déjà essayé de parler en pleurant peut avoir le même genre de problème. Dans l’ensemble la goutte d’eau qui avait fait débordé le vase se trouvait être le nouveau règlement, plus précisément certaines des nouvelles mesures concernant la musique, et la tenue vestimentaire. Un soupir, finalement il ne pourrait y couper on en revenait encore à ce sujet.

- Ça fait beaucoup de choses ! Peut-être que tu devrais essayer de régler les problèmes un par un !

Une évidence bien plus qu’un conseil, il faut dire que Kaoru n’a jamais été très doué pour faire plusieurs choses en même temps alors un seul problème à la foi c’est une ligne de conduite qu’il applique à la lettre. En parlant de faire les choses dans l’ordre il était peut-être temps de procéder au rituel des présentations.

- Ah ! Au fait, moi c’est Kaoru Misato ! annonça-t-il dans un sourire. Et je ne pense pas avoir de solution miracle à te proposer. Mais si t’en as envie je veux bien t’aider à chercher !

Pourquoi ? Faut-il toujours une raison claire nette et définie pour chaque action que l’on accomplit ou pour chaque parole que l’on profère ? Et bien si c’est ce que vous attendiez désolé de vous décevoir ! En vérité Kao agit souvent sans raison particulière, généralement armé de bonnes intentions et désireux de rendre service. Ce n’est pas réellement de la charité, ou de la pitié, de la curiosité ou plutôt un mélange de tout ça. Pourquoi être gentil, pourquoi tendre la main, et pourquoi pas tout simplement ! Ca ne coûte pas grand-chose si ce n’est un peu de temps, mais de toute façon il n’avait rien de mieux à faire, alors autant se rendre utile. Dans ce cas il aurait tout aussi bien pu donner un coup de main à Ana, sauf que cette histoire là sentait les embrouilles !

- Ton discours est assez pessimiste quand on y repense, il doit quand même y avoir au moins une chose qui ne va pas si mal ? Non ? Même en cherchant bien ?

C’était peut-être idiot, il avait simplement du mal à imaginer que tout puisse être aussi négatif, possible que ce garçon voyait les choses plus sombres qu’elles ne l’étaient en vérité. Tout ne va pas toujours comme il le voudrait non plus mais malgré tout il y a quand même des choses agréable à coté, dans le cas contraire il ne serait surement pas aussi tranquille.

Conor était toujours assit au pied de l’arbre les larmes se manifestant visiblement sans qu’il n’est eu vraiment à se forcer pour que cela arrive. Il se retrouvait devant un parfait inconnu alors qu’il était en larmes. Comme première rencontre cela n’était pas très génial mais pour une des rares fois Conor s’en fichait. Un de plus ou de moins qui se moque de lui c’était quoi ? Après tout il n’était pas populaire et rien ne pourrait changer cela. Les plus populaires aimaient bien rire de lui et de son « étrangeté ». Replier sur lui-même Conor tenta du mieux qu’il le pouvait d’expliquer ce qui n’allait pas. En fait cela aurait été moins long de dire ce qui allait bien, soit absolument rien. Le commentaire de Kaoru surpris Conor qui rouge de honte baissa de plus belle la tête fixant l’herbe hésitant à dire quoi que ce soit de plus. Comment pouvait-ont régler le tout un par un ? Conor ne savait pas comment il pouvait régler le fait que les gens le prenait pour cible pour rigoler, qu’il ne pouvait plus jouer de la musique comme le dictait ses émotions, il ne pouvait plus porter son chapeau, il était obliger maintenant d’être comme les autres.

L’autre garçon fini par se présenter et lentement Conor releva son regard vers lui et l’observa un moment. S’il n’était pas dans ces fameux populaires il devait avoir passablement beaucoup d’amis(es) car il se souvenait d’avoir déjà entendu son nom quelque part. Pourquoi s’attarder à tenter de consoler la riser des étudiants alors ? Conor ne comprenait encore moins.

« Co…nor… Alex…ander… en…chanté… »

Conor fini par laisser sortir son nom également mais de façon plutôt très difficilement audible comme s’il parlait à lui-même. Puis l’autre étudiant confirma qu’il voulait vraiment l’aider. Pourquoi ? Pourquoi perdre son temps pour lui ? Quelque chose qui n’allait pas si mal ? Conor semblait songeur cherchant au plus profond de son être et soupira un moment tout en hoquetant entre deux petites crises de larmes.

« Je… je peux dormir… main… tenant… je… je suis bon dans les cours de musique… »

Murmura faiblement Conor les larmes sur les joues incapables de stopper leur ascension vers le bas de son délicat visage. Le jeune musicien se sentait seul et son père lui manquait, pas son biologique mais celui qui l’avait trouvé il y a environ deux ou trois ans. Celui qui lui a sauvé la vie et appris tout ce qu’il savait.

« Je… c’est la première fois… que… que je viens dans une école… Papa avait avant payé un professeur privé… Mais il a décidé que je… je devais venir dans une école… Pour… devenir social… Mais je… je n’y arrive pas … à être comme les autres… Je… je… il y a trop de gens ici… je… on rit de moi tous les jours… ils aiment dire que je… je suis étrange… Ils trouvent ça marrant… Je… je n’aime pas ça ici… Je… j’ai rencontré… un psy… ici… car je… je manque beaucoup de cours… Je ne veux pas décevoir papa… Il a fait tellement pour moi… Depuis qu’il m’a trouvé dans … les bois… il m’a tout donné… pour que… que je puisse avoir une vie… normale… Il y a aussi mon… père biologique… qui m’a retrouvé… Il… Il veut… me… ramener je… j’ai peur… »

Sous ces paroles plus ou moins bien expliqué Conor se mit à trembler de tout son être avant d’éclater complètement la tête camoufler contre ses genoux laissant ainsi à Kaoru voir seulement le fond de sa tête. De toute façon il allait faire comme tous les autres, l’abandonner à son sort de misérable petit idiot de Keimoo. Conor se sentait surtout ainsi, mais les choses pouvaient-elles changé un jour ? Le jeune musicien ne le savait pas vraiment. Il désirait seulement avoir une place pour lui, pour le timide qu’il était mais pour le moment il n’avait pas eu vraiment de succès…

Un pas de plus, la silhouette tremblante et tristounette avait donc un prénom, et ma foi ce ne fut pas particulièrement surprenant qu’il soit à consonance étrangère, à moins d’être aveugle évidemment, mais ce n’était pas le cas de Kaoru. Une chance aussi qu’il ne soit pas sourd, parce qu’entre les légers hoquets de sanglot, et le mince filet de voix qui lui répondait il avait tout intérêt à tendre l’oreille pour saisir correctement. Co+nor=Conor, opération mathématique simple, le reste importait peu il avait tiré l’essentiel de la réponse après tout ce qui lui avait demandé une certaine concentration pour deux syllabes. Ce serait certainement plus clair si Conor cessait de pleurnicher, mais Kao n’aimait pas presser les gens, il finirait bien par se calmer tranquillement tout seul comme un grand ! En attendant il ferait avec, comme toujours, dans la mesure où ça ne le dérangeait pas plus que ça.

Assurément la musique devait être vraiment importante pour ce garçon, il n’avait de cesse d’en parler, et de son père aussi. Tiens, mais que devenait le sien de paternel au fait ? Depuis qu’il avait pris de la distance avec caporal maman il avait assez régulièrement des nouvelles, mais pas depuis quelque temps. Bah il devait être occupé avec sa nouvelle famille. Encore un discours décousu, chaotique, un véritable puzzle en quelque sorte, dont il manquait inévitablement des pièces. Évidemment Kao n’était pas omniscient alors pour le moment il préférait ne pas trop s’attarder sur les fragments du passé à priori mouvementé de Conor. En revanche l’idée générale du reste de ses paroles était assez simple à comprendre, il était seul, perdu, et donc forcément malheureux.

Trouver sa place, au final c’est que tout le monde essaie de faire, chacun sa manière, avec plus ou moins de succès, Kao ne s’en sortait pas si mal, il avait des amis plus ou moins proche, et sa sœur aussi. Le monde sans eux n’aurait surement pas la même saveur, quoiqu’il en dise de temps à autre ! N’est-ce pas ironique au final ! Lui qui avait envie de solitude pour perdre son après-midi, se retrouvait face à une personne qui en souffrait justement. Le sportif observait d’un air pensif le sommet du crâne qui dépassait derrière la forteresse faite de genoux et de bras. Cette fois il pleurait pour de bon, réconforter, consoler, bien qu’il n’aime pas voir les gens tristes, on ne peut pas dire qu’il soit particulièrement à l’aise dans ce genre de situation. Bien sûr il ne le laissait pas paraître, sourire et rester calme c’était ce qu’il faisait de mieux non ?

Il attendit un petit moment patiemment en silence que le plus gros de l’orage passe, guettant l’accalmie. Encore une fois il ne voyait aucun intérêt à lui dire d’arrêter parce que Conor avait besoin de se vider, que ce soit en parlant, même si ce qu’il racontait n’était pas très clair, ou en pleurant. Dans le calme et le vide qui succède aux larmes nait souvent une étrange forme de lucidité, se laisser aller ça a du bon parfois même si ce genre de chose ne lui était arrivé qu’en de très rares occasions, il valait mieux ne pas attendre d’en arriver là pour mettre les pendules à l’heure. Les pleurs diminuèrent enfin, il fouilla dans son sac pour en sortir un paquet de mouchoirs en papier.

- Ça ira mieux après ! Quand t’auras tout vidé ! Dit-il sur un ton calme et amical.

Il tendit les mouchoirs en direction l’endroit où était toujours enfoui le visage de Conor.

- Tiens, tu dois en avoir besoin. *plus que moi en tout cas*

Urumi les lui avait glissés dans son sac la dernière fois qu’il l’avait croisée, il n’en avait jamais sur lui sinon, un peu comme les parapluies, prévoir n’était pas vraiment son point fort. Il devait reconnaitre que cela pouvait pourtant s’avérer utile, peut-être qu’un jour il penserait à avoir toutes ses poches remplies de gadgets divers et variés pour parer à toute éventualité.

- Tu as de la chance, une bonne fée me les a donnés !

De l’humour, toujours, certains auront peut-être l’impression que c’est une attitude inadéquate, mais pas tellement en réalité, le rire et un remède souverain pour bien des maux. Et quoi qu’il en soit, Kao est comme ça, ça ne veut pas dire qu’il n’a rien écouté ou rien compris, juste qu’il met tout ça de coté pour le moment. Peut-être que ce n’est qu’une esquive qui ne résout rien, mais tout le monde n’est pas équipé pour toujours faire face à tout en permanence alors où est le mal !

- Dit, tu n’as pas envies que les choses changent un peu ? Je n’ai jamais vraiment connu ce genre de problèmes je ne peux qu’imaginer, mais je suppose que j’aurais envie que ça s’améliore.

Il marqua une courte pause en fait il ne savait pas vraiment vers où il allait en disant ça, ça avait juste glissé sans trop réfléchir.

- Je ne suis pas psy, mais je renouvelle ma proposition si tu as envie d’un coup de pouce. Par contre, je ne fais pas de miracle j’ai pas encore le niveau ! Un rire accompagna ses paroles.
- Ce serait dommage de baisser les bras et de laisser les autres gagner si facilement tu ne penses pas ?

Surement voyait-il les choses sous cet angle parce qu’il est un sportif habitué à la notion de compétition, mais après tout la vie en est une, plus ou moins. Sans chercher à viser absolument le podium ils sont peu nombreux ceux qui aiment réellement être en bas du classement, l’essentiel restant encore et toujours de trouver la place dans laquelle on se sent bien.

Conor avait du mal à bien prononcer ses mots et parlait avec un timbre de voix assez doux, à peine audible. Le jeune musicien était toujours replier sur lui-même les larmes sur les joues tremblant à cause des émotions qu’il pouvait ressentir dans le moment présent. Il remerciait intérieurement cette personne qui prenait soin de juste être là et en quelque sorte l’écoutait. Conor parlait de la musique et de son père adoptif faisant ainsi très rapidement comprendre à quel point ces deux choses étaient plutôt importantes pour lui, en fait c’était les deux choses les plus importantes à ses yeux. Conor raconta brièvement des fragments de son passé, laissant sous entendre ses émotions dans l’époque actuelle de sa vie. Il se sentait seul et une partie de son être voulait disparaitre à jamais loin des gens. Mais jamais le jeune étudiant aurait l’audace de pousser à mettre fin à cette simple vie. Seulement, il se laissait aller errant dans ce monde d’étudiants heureux et bien dans leur peau. En fait, Conor était jaloux de tous ces gens dont la vie leur souriait alors que lui était prisonnier de son passé qui ne voulait pas partir. C’était à peine si ses cauchemars ne revenaient pas le hanter durant son sommeil. Cela était grâce au psy qu’il avait rencontré qui avait choisi de l’aider à mieux dormir pour au moins ne pas manquer de cours à nouveau.

Conor fini par céder, et se laissa aller dans ses pleurs beaucoup plus intenses qu’au départ. Les larmes coulaient et ne semblaient plus vouloir arrêter. Il revoyait des ficelles de sa vie d’avant, de ce qu’il était. Parfois le jeune musicien se demandait si son père adoptif n’aurait-il pas du le laisser là ou il l’avait trouvé. Il en serait probablement mort mais il ne décevrait personne ainsi. Conor aurait tant voulu être comme les autres, joyeux, souriant, mordant dans la vie, mais dans son subconscient un blocage semblait rester en place. Il avait peur des gens, terriblement peur d’eux. Peur qu’on lui fasse du mal encore. Même son père adoptif avait du l’amadouer au tout début, histoire que Conor ne le morde pas ou ne devienne totalement incontrôlable. Après quelques semaines le jeune garçon avait laissé l’homme s’en approcher et petit à petit Conor passait d’un enfant sauvage à un jeune homme cultivé et d’apparence normale. Seulement, le traumatisme de sa vie passée ne l’a pour le moment jamais vraiment quitter. Après quelques minutes Conor semblait vouloir se calmer alors que son corps lui continuait tranquillement à trembler il releva son visage inonder de larmes fixant l’autre étudiant surpris qu’il soit encore auprès de lui. Pourquoi était-il resté ? Conor ne comprenait pas et une soudaine crainte qu’il est fait venir des gens pour se moquer de lui envahis l’esprit du jeune homme qui devint soudainement méfiant. Mais Kao lui tendis une boîte de papier mouchoir en lui disant que tout finirait par mieux aller quand tout serait enfin sortie. Puis après hésitation Conor prit un mouchoir pour l’utiliser tentant de retrouver son calme hoquetant à l’occasion. La petite phrase aurait normalement fait sourire Conor, mais présentement tant d’émotion se bousculaient dans son esprit qu’il n’arrivait plus à se maintenir. Le jeune anglais était en train de réaliser qu’il avait mal en dedans de lui, au cœur. Mais pas parce qu’il allait faire une crise cardiaque, mais car il avait trop d’émotions en dedans de lui accumuler depuis sa tendre enfance. Avait-il seulement eu une enfance ? Conor ferma les yeux un moment songeur continuant de se moucher et chercher à calmer ces émotions qui sortaient vraiment n’importe comment.

Kao lui demanda une question qui semblait surprendre Conor qui le fixait en essuyant son visage de sa manche de veston. Changer ? Mais comment ? Les gens le trouvaient étrange car il n’agissait pas comme eux. Il n’avait jamais vécu en société et ne savait pas s’y prendre. Comment lutter contre cette peur ? Il voulait vraiment lui venir en aide ? Conor le fixait intrigué cherchant à comprendre pourquoi une personne voulait tant l’aider. Pourquoi il tenait tant à s’assurer qu’il allait bien.

« Je… comment changer… les gens… disent que… je… je suis étrange… j’ai grandit seul… enfermé … jamais je… je n’ai vécu en… groupe… tout ça c’est… très effrayant pour moi… Je… j’aimerais être heureux… être bien avec moi-même… Mais on dirait que… je n’y arrive pas… Tu… tu veux vraiment m’aider ? Pourquoi ? J’aimerais… qu’on cesse de… de rire de moi… parce que je … je ne suis pas comme… les autres… »

Murmura Conor en baissant la tête un moment essuyant de nouvelles larmes. Puis au bout de quelques minutes releva son visage rougit par les larmes et semblait plutôt hésitant.

« Je… je… je voudrais … avoir… un ami pour… m’aider… à… apprendre à changer… et … vivre avec les autres… »

Comment ? Vaste question, en toute franchise Kao n’avait pas une d’idée très précise en tête, quant à être étrange, certes Conor était différent enfin pas tellement quand on y regardait bien, son couvre-chef était pour le moins original, mais cela dit, l’était-il plus qu’une crinière rose bubble-gum, vert pelouse, ou bien pire encore ! Entre les teintures, les piercings, les tatouages, les divers looks vestimentaires et la mixité des origines des étudiants, ce garçon ne paraissait pas d’une excentricité affolante. Cela dit c’était peut-être ça le souci, pas vraiment banal, mais pas assez hors-norme, prit en sandwich entre deux catégories, pas la meilleure place pour creuser son trou quand on est fragile.
S’il y avait un mode d’emploi complet, ou mieux un didacticiel qui apprendrait comme s’intégrer en toute circonstance, alors son créateur serait surement l’un des plus grands génies de la planète. A sa connaissance une telle chose n’existait pas, malheureusement l’enseignement était empirique, essaie, échoue, recommence. Alors forcément quand on a grandi dans la solitude, plus ou moins coupé du troupeau être angoissé et perdu c’était une évidence. C’est trait pour trait l’image que donnait Conor en ce moment, un petit animal égaré. Un peu pathétique sans doute, mais qui suscitait de la compassion chez le sportif. Pas de la pitié, il ne faudrait pas confondre même si parfois l’une et l’autre sont assez proches.

- Tu y tiens à ton « pourquoi » ! Si j’étais à ta place et toi à la mienne, tu ferais quoi ? Il n’y a pas de raison particulière je fais juste ce qui me semble correct.

Répondit-il en haussant légèrement les épaules. C’était aussi simple que cela, Kao agissait selon son code de conduite, il était juste quelqu’un de gentil et de serviable. D'ailleurs, il avait assez spontanément offert son aide, mais en réalité il était loin d’être sûr d’y arriver. Ce dont il était sûr en revanche c’est qu’il n’aurait pas été tranquille avec lui-même s’il avait fermé les yeux et poursuivit son chemin en l’ignorant.

- Je veux bien en devenir un d’ami. Enfin essayer, si le cœur t’en dit bien sûr.

Si ce n’était pas le cas Kao pouvait comprendre, peut-on vraiment être « ami » comme ça d’un coup de baguette magique juste parce qu’on proposé de le devenir ? Ça marche peut-être sur msn ou facebook, mais dans la vraie vie… Et puis Conor devait être un lycéen ce qui n’était plus son cas, ce qui posait un léger problème, en dehors des cours il pourrait toujours s’arranger pour lui consacrer du temps, mais ce n’était pas forcément dans ces moments là que le garçon aurait le plus besoin d’un soutient. Enfin, on le redit même avec la meilleure volonté du monde, le sportif ne fait pas de miracle, il ne peut pas offrir plus, mais ce n’est déjà pas si mal non ? Il s’étira un peu tout en changeant légèrement de position histoire de ne pas se retrouver avec des fourmis dans les jambes.

- Hey dit conor, t’as pas faim ?

Une question qui semblait sortir de nulle part, mais qui s’expliquait simplement par la légère sensation de vide au creux de l’estomac qu’éprouvait Kao à l’instant. Oh pas parce qu’il avait sauté le déjeuner, non loin de là, mais disons qu’il a souvent ce genre de petits creux dans la journée surtout quand on approche de l’heure du goûter ! Quoiqu’il n’y a pas vraiment d’heure pour lui pour avoir une fringale. Dans le petit univers de Kao la nourriture tient une place essentielle, ce qui explique surement pourquoi il a été désigné d'office comme responsable des cuisines par ses colocataires, lui et sa sœur aussi, c'était elle qui avait un vrai talent pour la cuisine!

- Où est-ce qu’ils sont allés se cacher… Marmonna-t-il tout en fouinant dans son sac. Mais de quoi parle-t-il ? Aah les voila !

Il sortit une petite boite en carton avec un contentement manifeste. Un œil observateur reconnaitra un le petit rectangle à la couleur rouge et comprendra que tout l’intérêt était le contenu et non le contenant ! La « petite faiblesse qui vous perdra » version japonaise, bâtonnets de biscuit nappé de chocolat. Surement pas le goûter le plus nutritif qui soit, mais certainement une gourmandise appréciable.

- Tient prends en un ! Ça chasse les soucis, aussi surement qu’un coup de baguette magique !

Et toujours ce sourire chaleureux et bienveillant, qu’il arborait comme une opposition au visage rougi et un peu bouffi par les pleurs de son vis-à-vis. Il partageait spontanément son « trésor » du moment, pourtant il était le premier à considérer qu’il n’y en avait jamais assez dans ces petits emballages. Il hésitait, c'était vraiment visible, alors Kao estima qu'il fallait un peu d'encouragement.

- Allez vas-y n’ai pas peur ! Promis c’est pas une embuscade, c’est pas des biscuits piégés. Et tu ne seras pas non plus foudroyé sur place si c’est ça qui t’inquiète !

La leçon numéro un sera certainement de faire comprendre à Conor qu’il n’avait pas l’intention de le poignarder dans le dos à chaque coin de rue. C’était une métaphore bien sûr, mais on en revient toujours à la même histoire, l’amitié ne se fait pas en cinq minutes, mais Kao semblait bien décidé à tenter l’aventure.

Conor venait de faire la rencontre de Kao, un autre étudiant plutôt gentil qui tentait de remonter le morale du jeune musicien complètement désespérer face à sa vie dans l’académie. Il tenait de l’aider au maximum qu’il pouvait en faisant un peu comprendre à Conor qu’il serait bien de tenter de voir la vie autrement que de façon sombre, de fermer son passer et d’aller en avant de lui. Seulement, pour Conor cela était plutôt difficile. C’était comme si sa vie d’avant ne voulait pas le quitter et avait créé cette peur des gens. Peur d’aller vers eux et de leur parler de façon naturelle. Il ferait quoi s’il était à la place de kao ? Conor ne le savait pas vraiment en fait, il baissa lentement son visage complètement prit par la gêne de la situation et réfléchit un moment en haussant les épaules.

« Je… je ne sais pas … Ce qui semble correct ? Tu… tu veux dire que je … mérite qu’on m’aide ? »

Conor baissa de nouveau le regard nerveux et mal à l’aise surtout. Jamais vraiment on avait prit le temps de l’écouter et ainsi de lui venir en aide. Le jeune musicien était mal à l’aise mais appréciait vraiment le geste de Kao envers lui. Il voulait bien tenter de devenir son ami, si Conor le voulait bien sur. Un sourire se manifesta de nouveau sur le visage du jeune musicien qui appréciait ce qu’il venait d’être dit à son égard. Puis, Kao changea complètement de sujet en demandant au jeune étudiant s’il avait faim et Conor lui sourit timidement en faisant un signe positif de la tête. Pourquoi ne pas aller manger après tout ! Mais Kao semblait surtout chercher quelque chose et Conor le regarda intrigué attendant de savoir ce que cela pouvait bien être. Quand Kao trouva ce qu’il semblait chercher le jeune musicien le fixa pour tenter de savoir ce que cela était. Ah il n’avait jamais mangé ce genre de chose avant, Conor se demandati bien ce que cela était et fixa le truc rouge intrigué. Puis Kao lui en offrit un en lui spécifiant que cela chassait les soucis d’un coup de baguette magique et l’anglais lui sourit ravit et après hésitation prit une des petites douceurs pour y goûter. Les commentaires de Kao sur les biscuits firent presque rigoler Conor qui prit une bonne bouchée dedans histoire de bien goûter et ferma les yeux dans le but de ce concentrer que sur le goût du biscuit. C’était vraiment bon !

« C’est vraiment… bon ! C’est quoi exactement ? »

Conor sourit à Kao comme par miracle il semblait avoir oublié ses soucis, du moins pour le moment. Il opta pour profiter de ce moment avec une personne qui semblait vouloir être son ami. Allait-il réussir enfin à s’habituer à cet endroit ? Conor ne le savait pas mais pour le moment il avait une personne qui voulait visiblement son bien dans cette académie.

« Merci pour les biscuits… cela marche je… je me sens mieux… Je… je n’ai pas vraiment encore goûté à beaucoup de chose d’ici… Mais ça j’aime … beaucoup. »

« Je… je ne sais pas … Ce qui semble correct ? Tu… tu veux dire que je … mérite qu’on m’aide ? »
- Pourquoi est-ce que cela ne serait pas le cas ! Tu te poses trop de questions allez vas y mange.

Kao l’observait tout en grignotant lui-même un des biscuits, le voir était amusant, et c’était agréable de voir la curiosité prendre le pas sur le chagrin. D'ailleurs, c’était agréable de voir sa frimousse un peu plus longtemps que quelques secondes avant qu’il ne replonge dans sa carapace de genoux ! Le sportif avait même eu le droit à un sourire ça n’a l’air de rien et pourtant il était plutôt satisfait d’avoir obtenu un tel résultat en un laps de temps relativement court. Mine de rien il y a des gens qui peuvent pleurer pendant des heures avant d’avoir épuisé leur stock de larmes ! L’expression de Conor lorsqu’il dégusta la première bouchée était touchante, pendant un instant Kaoru avait eu la vision de sa petite sœur quand elle était enfant elle aimait goûter à tout et faisait souvent ce genre de visage à la fois sérieux et concentré.

« C’est vraiment… bon ! C’est quoi exactement ? »
- C’est des Pocky, en théorie du biscuit et du chocolat, en vrai je crois qu’il faut mieux ne pas savoir comment c’est fabriqué ! Ce qui compte c'est que ce soit bon! Ajouta-t-il avec un clin d'oeil. Ah y en a la fraise aussi et à d’autres parfums...

Encore une victoire de la gourmandise sur les idées noires, comme le disait si bien un de ses anciennes amies Dawn, « le sucre c’est la vie ! » d’ailleurs où qu’elle soit elle devait être en train de manger une sucrerie quelconque ! Kao lui ne faisait pas de favoritisme, sucré ou salé tant que c’est bon, ça file vers son estomac !

« Merci pour les biscuits… cela marche je… je me sens mieux… Je… je n’ai pas vraiment encore goûté à beaucoup de choses d’ici… Mais ça, j’aime … beaucoup. »
- Quoi ??

Kaoru affichait clairement un air de stupéfaction complet ! C’était inadmissible, il était impératif de rattraper cette injustice profonde. On parle bien sûr de la révélation de Conor concernant son manque de découvertes gustatives.

- Sérieux ? Tu ne manges que ce que l’on sert à la cafétéria ?

Bon ce que l’on y servait n’était pas mauvais, mais bon ça restait de la nourriture de cantine, et puis ce n’était pas follement varié, enfin en tout cas dans son souvenir ça ne l’était pas. Remarque ils avaient peut-être changé depuis le temps. En même temps cela n’avait rien de tellement surprenant étranger, timide et solitaire, Conor ne devait pas avoir la tête à faire ce genre de découverte par lui-même !

- Ça ne va pas du tout ! Voyons voir…

Kaoru réfléchissait son regard fixant le ciel il cherchait une solution, qui lui permettrait de passer du temps avec Conor pour apprendre à la connaitre un peu mieux, et pour lui faire goûter la cuisine maison que ce soit la sienne, celle de Kael ou celle d’Urumi.

- Ah ! Je sais ! Ça te dirait qu’on mange ensemble de temps en temps le midi ? Je pourrais apporter de quoi manger pour deux ! Et comme ça tu pourras goûter de nouvelles choses !

Il avait l’air vraiment satisfait de son idée presque géniale, oui ça serait chouette, surtout maintenant que les beaux jours arrivaient ils pourraient prendre le déjeuner dans les jardins assis dans l’herbe comme aujourd’hui. Kao était vraiment enthousiaste cela se lisait sur son sourire, bien sûr Conor pouvait toujours décliner, mais il y avait peu de chance après tout n’était ce pas lui qui exprimait il y a quelques minutes son besoin de compagnie ?

Conor était le modèle parfait du garçon trop gêné, trop timide qui n’avait aucune confiance en lui-même et qui croyait dur comme fer qu’il ne méritait pas d’affection ou le moindre signe de tendresse. Il était vrai de dire que Conor avait beaucoup de travail à faire sur lui pour pouvoir ainsi enfin réaliser qu’il peut avoir tout cela s’il le désir vraiment. Mais encore faut-il qu’il le réalise ! Comme réponse à ses questions il reçu un tu en pose trop et mange. Mais pas sur un ton qui aurait fait paniquer Conor au contraire. Le jeune musicien fini par prendre un des biscuits et y goûter. C’était tellement bon ! Conor s’affirma visiblement sans la moindre hésitation, sans le moindre bégayement. Chose très rare chez lui en fait. Puis Kao lui expliqua ce qu’il venait de manger faisant ainsi réaliser au jeune anglais à quel point il ne connaissait pas la culture de l’endroit ou il vivait maintenant. Ce qui le fit rougir sans prévenir tellement il se trouvait idiot. Il ne vivait plus en Angleterre et il serait temps qu’il songe à s’y faire. Mais quelque chose bloquait et empêchait Conor de prendre sa place dans cette nouvelle vie, la solitude trop pesante.

Des Pocky ? Conor écouta un peu ce qu’était ce genre de biscuit visiblement très intéresser par les explications. Le musicien était tranquillement en train d’apprendre qu’il aimait bien découvrir des nouveautés culinaires. Conor souriait et ne réalisait même pas qu’il ne pensait plus à ses soucis. C’était comme s’ils avaient pendant un moment disparu. Conor avoua enfin se sentir mieux et surtout qu’il n’avait jamais vraiment goûté la nourriture locale. N’ayant pas d’amis il vivait toujours sur le campus et mangeait à la cafétéria tout simplement. Le quoi de Kao le fit pousser un petit cri de surprise, disons que Conor ne s’attendait pas à une telle réaction de son nouvel ami. Conor fit un signe positif de la tête pour la question sur la cafétéria. Visiblement gêner de l’avouer et baissant honteusement la tête.

« Je… comme je n’ai pas d’amis je … je ne vais nulle part… J’ai jamais vraiment fait des sorties non plus… Je magasine quasi jamais… jamais je ne vais au cinéma ou écoute des films… Je… je fais de la musique tout simplement… Je ne vais pas au restaurant pour goûter rien… Papa voudrait que je sorte plus mais… je… seul ? »

Conor était atrocement rouge tellement il était mal à l’aise. La réaction de Kao le fit relever la tête de nouveau dévoilant ainsi ses joues rougit par la gêne. Le musicien se demandait intérieurement ce qu’allait faire Kao pour changer tout cela. Kao lui proposa de manger avec lui de temps en temps le midi ! Vraiment ? Conor écarquilla les yeux par la surprise et sourit lentement en reprenant un petit visage angélique ravi qu’on veut vraiment passer du temps avec lui.

« Je… oui je voudrais vraiment pouvoir passer du temps avec…. Un ami ? »

Dit avec une petite hésitation dans la voix Conor qui regarda Kao toujours sourire sur les lèvres. On pouvait clairement voir que les larmes n’étaient heureusement plus présentes sur son visage. Conor était content et surtout cela allait un peu le faire décrocher de la musique et lui permettre de faire autre chose que juste jouer des instruments de musique, peut-être le rendre un peu plus social qui sait !

« Tu… tu voudrais me faire découvrir les films et d’autres choses d’ici ? »

Demanda timidement Conor en reprenant un biscuit après une très profonde hésitation. Il adorait vraiment ces biscuits !

Le garçon semblait sincèrement réjoui, voila au moins une bonne chose d’accomplie dans la journée. Le but n’était pas de collectionner des actions louables, parce que ce genre de calcul passait à des années-lumière du cerveau somme toute assez simple de notre sportif. Ni manipulateur, ni calculateur, cela demande trop de choses qu’il n’a pas, ou qu’il n’a pas envie d’avoir, par flemme ou par éthique ce détail importe peu, le résultat reste le même. Être gentil ne lui demandait aucun effort particulier, tant qu’on ne lui demandait pas d’aider la terre entière ! Et s’il n’avait pas été seul lui-même cet après-midi aurait-il seulement remarqué cette ombre tristounette assise en solitaire. Rien n’est moins certain, mais chance ou hasard, il n’avait pu faire autrement que de noter sa présence et d’intervenir. S’ils avaient été là certains de ses camarades lui auraient surement conseillé de s’occuper de ses affaires, les aurait-il écoutés, peu probable, ils ne faisaient pas partie de ces personnes dont les avis comptent vraiment pour Kao. Et il aurait eu raison !! La preuve ce « pauvre » Conor avait bien besoin de sortir de sa bulle ne serait-ce que pour ne pas passer à côté de tant de choses comestibles !!

« Je… comme je n’ai pas d’amis je […] Je… je fais de la musique tout simplement […] Papa voudrait que je sorte plus, mais… je… seul ? »

Kaoru hocha vaguement la tête suite aux explications bredouillantes, un peu plus et on aurait cru que le sportif lui demandait des aveux pour faute grave, il se demanda un moment s’il n’y avait pas té un fort sur la réaction et s’il n’avait pas effrayé Conor. Le but de la manœuvre n’était pas qu’il se sente mal ou stupide de ne pas connaitre un peu mieux le monde qui l’entourait, après tout on est tous ignorants de quelque chose lui-même n’y connaissait quasiment rien en musique et l’affirmer ne le dérangeait pas outre mesure. Raison pour laquelle il répondit avec sa tranquillité coutumière.

- C’est pas si grave tu sais ! Pour moi la musique c’est du chinois, enfin à part écouter les trucs qui passent en boucle à la télé ou à la radio… Et y a un tas d’autres choses aussi auxquelles je ne comprends rien !

D’ailleurs en parlant de ça, c’était absolument vrai, Kao en fait n’était pas artiste pour deux sous, pas franchement féru d’étude, et de choses à tendances cérébrales. On fait ce qu’on peut comme on dit, et lui il faisait du sport, non pas qu’il soit le dernier des idiots décérébrés, disons que son intelligence est d’une autre nature… Il observait toujours Conor et ses réactions, et plus il le regardait, plus il voyait en lui un genre de gamin, il ne savait rien de son âge effectif, cela dit il avait plus l’air d’un enfant à qui on vient d’offrir un cadeau de Noël que d’un lycéen ! Et ça et bien ça suffit pour se mettre un Kao dans la poche, que voulez-vous, on ne peut pas laisser un enfant malheureux ! Un Kaoru ça aime voir les gens sourire, ça aime faire plaisir dans la mesure du possible alors quand on lui pose une question aussi simple avec l’expression presque béate de Conor et bien ça ne peut dire qu’une seule chose !

« Je… oui je voudrais vraiment pouvoir passer du temps avec…. Un ami ? »
- Alors, c’est OK !
« Tu… tu voudrais me faire découvrir les films et d’autres choses d’ici ? »
- Pourquoi pas ! Ça pourrait être amusant !!

Ce n’était peut-être qu’une impression passagère, mais Kaoru avait la sensation que la fréquence des coupures dans ses paroles avait diminuée, peut-être aussi que ses tirades n’en étaient plus et que sur de simples phrases c’était plus aisé pour lui de combattre son problème d’élocution. Quoi qu'il en soit, il le garderait pour lui, parce que c’est le même concept que de faire remarquer à quelqu’un qu’il rougit, et cela implique toujours une recrudescence de la rougeur en question. Kao sentit quelque chose vibrer dans sa poche (dans sa poche on a dit…) juste avant qu’une mélodie relativement ridicule se fasse entendre brièvement. Il sortit l’appareil pour voir de quoi il retournait.

Citation :

Hey ! On avait oublié
de te prévenir :-)
entrainement avancé
à 15H. Dsl… ^^’

- Les boulets…

Bien qu’il les soupçonnait fortement de l’avoir « oublié » sciemment histoire de faire une des blagues stupides dont ils étaient coutumiers, cela dit Kao souriait parce qu’il aurait surement participé s’il avait été au courant. Et puis ils avaient quand même prévenu avec… un coup d’œil sur l’horloge du téléphone, avec un peu moins d’une demi-heure d’avance ! Soit 24 minutes pour aller chercher ses affaires à l’appart et revenir, c’était jouable, dans le cas contraire il aurait surement été un peu contrarié. Cette histoire pouvait aussi être un canular visant à le faire se déplacer pour rien, mais vu que les cours avaient sauté à l’improviste ça ne lui paraissait pas anormal que la séance soit avancée. Il en informa rapidement Conor, histoire de ne pas paraitre impoli.

- Ah la session de natation de dix-sept heures a été avancée… à moins que ce ne soit une blague, mais je ne le saurais qu’une fois sur place ! Oh dit moi, y a un moyen de te joindre ? Téléphone, mail, ou autre ?

Oui ce genre de petite chose peut s’avérer utile quand on cherche à contacter quelqu’un pour convenir d’un plan pour une sortie, parce que ne compter que sur une bonne étoile, ça risquait de prendre du temps avant de se croiser à nouveau !!

- Parce que je pense que je vais devoir y aller, mais faut absolument qu’on se revoit un de ces jours ! Histoire de passer un après-midi ensemble pourquoi pas !

Kaoru jeta un regard sur le paquet de biscuits ouvert et à peine entamé, il en préleva trois ou quatre qu’il coinça au coin de ses lèvres pour avoir les mains libres le temps de noter les infos transmises par Conor. Après avoir également donné son numéro, il rangea son téléphone récupéra les encombrantes sucreries qui l’empêchaient de parler et de sa main libre il tendit l’étui vers le garçon.

- Tiens ! Je te les laisse ! Lança-t-il dans un sourire et avec un clin d’œil.

Un pocky à la bouche deux dans la main il ramassa son sac et entreprit de se relever, le temps de chasser vaguement deux trois brins d’herbe sur son pantalon le voila prête à prendre congé. Il agita la main dan un geste assez universel.

- Chalut ! À la prochaine, chi t’as un problème, appelle héjite pas ! Mwa j'te tiens au courant!

Ce n’est pas bien de parler la bouche pleine, surtout que ce n’est pas toujours très clair ! Enfin, il parvint tout de même à articuler presque correctement ces quelques mots avant de s’en aller d’un pas dynamique, chrono oblige…