Une sortie raté, une soirée qui commence bien... [Pv Ritsuka =P]

Encore brumeux, Ritsuka se dit que finalement, ce serait plutôt sympa d’habiter avec Yasushi… Mais bon, fallait pas trop rêver. Sa super soirée ‘changement de statut de notre relation’ en était encore au point mort… Apparemment, ce serait pour une autre fois. Sushi ne comptait pas le laisser sortir ce soir. Donc bon, il risquait bien de rester ‘amis’ encore un moment. Sauf si on forçait un peu la main au destin…

Le grand-père entra dans la chambre, un plateau dans les bras. A manger, enfin ! L’odeur qu’il huma état délicieuse. Des crêpes. Bon bah ça au moins il pouvait le manger. Parce que genre un gratin de brocolis, il l’aurait pas gardé longtemps dans l’estomac. Déjà que manger s’avérait pour lui être une véritable épreuve, alors si en plus ça avait un sale goût… Quel calvaire ! Sans se redresser le moins du monde, il lança en direction du nouvel arrivant :

- Merci !

Il destina tant bien que mal un sourire en direction du vieil homme… Et puis afficha une drôle de mine à la dernière réplique de sa part. Perdre ses poils ? Non mais depuis quand il perdait ses poils ? En plus, il avait pas de poils… Et de quel droit M. McFear se permettait de faire des remarques de ce genres ? Il l’avait connu plus poli, le vieux. Le jeune homme aux cheveux clairs pensait apparemment la même chose, et fit à voix haute la remarque que Ritsuka hurlait dans sa tête. A la tête bizarre qui fit l’adulte et à sa magnifique repartie sur les tendances enfumées de son petit-fils, Kitty comprit qu’on ne parlait de lui, mais de l’autre chat. Celui de Sushi, et qui devait apparemment se trouver dans les parages. Tournant la tête à 45 ° vers la gauche, puis la droite, il aperçut le fameux animal étendu de tout son long sur le drap aussi blanc que son pelage. Bon, ok, lui il pouvait perdre ses poils, ça paraitrait déjà moins louche… Fichue habitude d’être comparé à un félin.

Une fois à nouveau seuls tous les deux dans la chambre, Ritsuka se redressa, bien conscient qu’il ne pourrait pas garder sa merveilleuse place s’il voulait manger. Sushi prit alors le plateau sur ses genoux, avant de lui demander ce qu’il désirait comme accompagnement de sa crêpe. Après un rapide coup d’œil aux condiments présents, il opta pour son plat favoris. Enfin ‘plat’, c’est un peu exagéré…

- Nutella, bien sûr.

Ah bah oui, bien sûr. Il avait un SERIEUX problème d’alimentation. Tous les nutritionnistes et diététiciens hurleraient en voyant ce qui constituaient sa nourriture. Heureusement pour lui - et pour eux - qu’il n’en consultait aucun. Il attendit patiemment que Sushi lui donne sa crêpe, avant de mordre avec enthousiasme dedans. Humm ! C’était bon ! Il mâcha sa bouchée, avant d’avaler, tout content… Mais désenchanta rapidement. Il grimaça légèrement, pris d’une désagréable douleur à l’estomac. Et bah oui, forcément, quand on ne mange rien pendant une longue période, on encaisse après-coup. En ce moment, son estomac devait avoir une taille absolument ridicule et digérer une crêpe au Nutella tombée du ciel devenait obligatoirement douloureux. C’est donc par minuscules morceaux qu’il finit son délicieux repas. Pour lui qui avait l’habitude d’engloutir ses aliments, ça lui faisait un drôle d’effet de mettre presque un quart d’heure à ingérer sa part.
Puis, quand il eut enfin fini, il s’avança vers son compatriote félin afin de lui caresser la tête. C’est vrai qu’il était poilu, celui-là. Il lui gratouilla le ventre, avant de l’embêter en lui soufflant dans les oreilles.

- Je vais t’apprendre à usurper mon identité, vile créature !

Oui, bon, d’accord, c’est vraiment puéril. Mais Ritsuka n’a jamais été connu pour sa grande maturité. Syndrome de Peter Pan, quand tu nous tiens… Il continua de mimer un chat feulant et crachant quelques minutes, avant de laisser le pauvre animal tranquille. Tout content de voir le chat le regarder d’un air dédaigneux avec sa bouille touffue, il ne put s’empêcher de partir en éclats, envahissant la pièce de son rire cristallin.
Après une bonne dose de rires, il réussit à se calmer et retourna vers Yasu, s’asseyant face à lui en tailleur.

- Ton chat est plus drôle qui n’y parait…

Il le fixa de ses yeux vairons, le détaillant sans s’en rendre compte. Instinctivement, il pensa que ce mec était vraiment magnifique. Tout l’attirait chez lui. De son visage parfait, sa bouche sexy, ses yeux incroyables, ses traits fins, à ses bras musclés ou son torse sculptural. Même son obsession pour le rangement ou toutes matières fumables lui paraissait diaboliquement sexy. Peut-être bien que l’amour rend aveugle, mais en attendant cette vision-là des choses lui plaisait bien.
Inconsciemment, il lâcha un soupir d’aise.

- Yasushi, j’aimerai bien que l’on parle de quelque chose.

Ritsuka lui sourit. Peut-être qu’il allait droit dans le mur, peut-être qu’il allait se faire méchamment rembarré, mais après tout, qui ne tente rien n’a rien, non ? Il en avait marre de garder ça sur le cœur, et même si son plan savamment préparé était tombé à l’eau, tout n’était peut être pas perdu d’avance, qui sait ? Et puis, une chambre, c’est bien comme lieu de déclaration aussi. On peut faire plein de trucs, dans une chambre…
Sans trop s’en rendre compte, il baissa les yeux et fixa avec une ardeur peu commune le trou dans son jean au niveau de son genou droit. C’est fou comme ça peut devenir passionnant, du denim effiloché, quand on a quelque chose d‘important à dire.

- Enfin, tu vois, ça fais quelques temps que…

Il s’arrêta au milieu de sa phrase, complètement bloqué. Il releva rapidement le regard, le plongeant dans celui de son vis-à-vis, avant de le détourner à nouveau. Non, il ne pouvait pas… Il était proche de Sushi, certes, mais peut-être que justement ce n’était pour ce dernier qu’une histoire d’amitié. Et si ça se trouve, il avait déjà quelqu’un. Ou bien Ritsu’ n’était pas son genre de mec ? Ou alors il était devenu hétéro miraculeusement dans la nuit. Et il ne voulait peut-être pas d’une relation en ce moment, peut-être ? Non, non, non, il ne pourrait pas étaler ses sentiments comme ça. C’était trop… stressant. Et gênant, aussi.
Mais en même temps, plus il faisait attendre l’affaire, moins cela risquait de se concrétiser. Il aimait vraiment Yasushi, et cela commençait à faire un moment qu’il s’en était rendu compte. Plusieurs fois déjà il avait repoussé la chose. Et puis, la situation - bien qu’un peu imprévue - était inespérée. Seul, au calme, tout les deux. C’était le moment ou jamais !

Alors qu’il pesait le pour et le contre, il remit ses cheveux en place dans un geste nerveux. Bon dieu, ce qu’il était crétin parfois ! Et complètement indécis, par-dessus le marché. Il hésitait horriblement entre se taire, ou bien tout avouer. Soit ses peurs prenaient le dessus, soit il prenait son courage à deux mains et tentait sa chance.

- Bah, en fait…

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ses joues se tintèrent d’une belle nuance rouge pivoine.
Il ne trouvait pas les mots. Il avait peur de passer pour un crétin, une adolescente trop fleur bleue énamourée de son prince charmant. Comment pouvait-il formuler un sentiment aussi complexe que l’amour ? « Tu me plais beaucoup » ? Non, trop superficiel. « ca te dit de sortir avec moi ? » Surtout pas ! Trop gamin ! « Tu resplendis à mes yeux comme un rayon de soleil se reflétant sur un lac limpide. Je pourrai te contempler des heures durant, m’abreuvant de ta beauté et ton intelligence. » Non plus… Ou alors, simplement un

- Je t’aime.

Il fixa Yasu, le rouge toujours aux joues. Et ben dit donc.. C’était sortit, finalement.
Il se sentait libéré, soudainement beaucoup plus léger, rassuré. Il arrivait enfin à soutenir le regard du jeune homme en face de lui. Il lui sourit.