Contexte

En une décennie, tout ce que vous connaissiez s'est à jamais transformé. Autrefois, la métropole respirait le progrès, la modernité, l'ouverture, le prestige. Des quatre coins du monde, l'on s'y précipitait pour commercer, visiter, mais surtout étudier. Son académie à la renommée internationale attirait les êtres les plus doués, quelque soit le domaine. Mais surtout, elle rassemblait les plus fortunés. Un melting pot d'individualités animait la ville, de jour comme de nuit.

Dix ans se sont écoulés, et Keimoo a bien changé.

Depuis longtemps, les signes annonciateurs s'accumulaient. Une pauvreté croissante se rassemblant dans un quartier devenu ghetto qu'était Bougu. Une insécurité grandissante et un accroissement exponentiel des délits, tout cela sous les yeux d'une police de plus en plus inactive. Disparitions non résolues, fréquentations douteuses, acquisitions immobilières forcées et trafics divers se faisaient de plus en plus commun.
Tout le monde savait ce qu'il se tramait. Mais personne ne put vraiment agir pour enrailler une machine déjà lancée depuis de nombreuses années.

La ville avait su jusqu'alors garder son vernis parfait, cachant profondément les recoins sombres derrière une apparence modèle. Mais plus les années passèrent, et plus la pègre et son influence s'était étendues. De Bougu jusqu'au centre ville d'abord. Puis Hiryuu, ainsi qu'Hebi, devenu le repère des dirigeants officieux de cette nouvelle ville. Seul le quartier Amani avait été quelque peu épargné, et était devenu refuge de nombreuses familles cherchant un endroit un peu plus sûr pour y élever leur descendance. Cependant, même dans les rues calmes de la banlieue pavillonnaire, l'ont déconseillait de s'y balader la nuit sans protection.

Keimoo a toujours été une ville ou des groupuscules mafieux et autres yakuza faisaient office, en secret. Alors comment un tel changement avait pu se produire ? La réponse est aussi simple que prévisible. Une guerre froide de pouvoir, de longue haleine. A force de patience et de persévérance, les nombreux clans ont cultivé leur empire, recrutant toujours plus, se déployant dans de plus en plus de domaines différents, confirmant de générations en générations leur ascendance sur les décisionnaires de Keimoo. Corrompre, jusqu'à dominer. La stratégie avait mis du temps a fonctionner, mais le résultat était bien là.

Alors quoi ? Quel bilan aujourd'hui ?
Keimoo n'est plus que le fantôme de ce qu'elle était. Les infrastructures sont toujours présentes, témoins de son passé glorieux, mais la plupart ne sont plus en fonction. A leur place, des ruines ou des squats. Des commerces improvisés, des taudis, des rues mal fréquentées. La loi du plus fort règne dans les quartiers, ou ceux qui savent s'imposer mènent la dance, tandis que les autres suivent ou s'y confrontent à leurs risques et péril.
L'économie bat de l'aile, et il est difficile d'y travailler diligemment. Les grandes entreprises ont désertés, ne restent que les commerces et autres services locaux, gérés soit par les grands gangs majoritaires, ou par des citoyens dévoués, devant payer le prix fort pour continuer leur activité.
Par contre, les réseaux underground fleurissent. Trafic de drogues, d'armes ou encore d'humains sont courant. Blanchiment d'argent, recèle, préteurs sur gage, prostitution. Tout cela se fait désormais au grand jour dans la plus grande impunité. Keimoo est devenu une plaque tournante du crime à petite, moyenne et grande échelle. On raconte que peu importe ce que l'on cherche, à condition de s'adresser au bonnes personnes, on fini par trouver. En parallèle, les services de police existent toujours, pour la forme. Inutile au mieux, devenus milice au plus offrant au pire, il est impensable de faire appel à eux.

Désormais, vous ne pouvez compter que sur vous même.

Et l'Académie dans tout ça ?
Malheureusement, elle subit le même triste sort que le reste de la ville. Depuis la retraite de Shiori Ashita, la direction s'est retrouvé au main de son neveu, Kosuke Ashita. Jeune, influençable, et beaucoup moins traditionnel que son oncle, il ne fallu que peu de temps avant que des représentants des grandes familles de yakuza ne fassent leur apparition auprès du conseil administratif. Et tout comme la mairie tomba entre leur mains, il en fut de même pour l'Académie.
Pour sûr, sa réputation fut vite teintée, et les rumeurs circulèrent vite. De nombreux élèves furent retirés de l'établissement par leur famille, à juste titre. Ceux qui restèrent furent vite confrontés à leur nouvelle réalité : marche ou crève. La routine d'un élève est déjà compliquée lorsqu'il s'agit d'assurer son devoir d'apprentissage. Mais qu'en est-il lorsqu'il doit aussi savoir préserver son intégrité physique et morale ? Les relations entre étudiants se sont vite adaptées au climat violent de la ville : harcèlement, bagarre, exclusion, passage à tabac sont devenu moyens de communication. Tandis que pour les professeurs et membres du personnels, on pourrait presque parler d'une purge. Tous ceux n'adhérant pas aux valeurs et décisions de la nouvelle direction ont tout simplement été congédiés et remplacés par des employés plus obéissants. Ainsi, le staff éducatif se doit désormais de transmettre au mieux la vision de la justice et d'un futur enviable conforme aux codes des différentes mafias, à la nouvelle génération encore malléable. Dans l'espoir d'en recruter toujours plus parmi les nouvelles têtes, et pourquoi pas, créer des vocations.


Et vous alors ? Dans ce monde qui se déchire, qu'êtes vous devenu ?