La veille, Lyn n’avait pas pu souhaiter un joyeux anniversaire à son père. Elle n’avait plus de téléphone depuis Noël, celui-ci s’était envolé durant l’explosion et comme elle ne connaissait pas le numéro de celui-ci, elle n’avait pas demandé de téléphone à une infirmière. Cela l’avait fait culpabiliser durant la nuit, de ne pas se souvenir du numéro de téléphone de son géniteur. Elle se demandait si son père lui en voulait, s’il déprimait à l’idée que sa fille l’avait oublié et le délaissait. Elle aimerait tant le voir et lui dire qu’elle l’aimait.
Cela faisait bien longtemps que Lyn n’était pas allée voir le monde extérieur sur ses deux jambes. Disons même qu’elle n’avait pas quitté sa chambre, ne serait-ce qu’une seule fois, depuis son réveil. Cela la déprimait parfois. Elle aimait tant marcher, sortir, faire de nouvelles rencontres, découvrir de nouveaux endroits… Dorénavant, elle n’en avait plus le droit et ce, pour un long moment. Elle devait rester sur son lit d’hôpital le temps de récupérer ses forces, avant de suivre de longues semaines de rééducation. Car elle ne pouvait plus marcher. Ses jambes ne la portaient plus.
Elle se mit à tousser, violemment, couvrant rapidement sa bouche de sa main. Elle serra fermement le haut de sa robe en sentant une vive douleur piquer son poumon gauche, et une certaine oppression qui semblait presque l’empêcher de respirer correctement. C’était douloureux, terriblement douloureux. À la moindre inspiration, elle souffrait. Heureusement, ce n’était pas tout le temps. Autrement, elle ne pensait pas pouvoir survivre à toutes ces agonies.
Une fois sa toux calmée, et sa douleur apaisée, elle soupira d’aise. Elle se demandait si elle allait survivre à cette maladie. Elle n’était normalement pas une personne pessimiste, elle était au contraire très optimiste, en temps normal. Mais dans des périodes comme celles-ci, elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle pouvait succomber à tout instant. Elle n’était pas invincible, demain pourrait ne pas avoir lieu et ce, autant pour elle que pour n’importe qui.
Lyn pensa bon de boire un peu d’eau, après avoir autant toussé. Elle tourna lentement la tête en direction de sa commode et prit la bouteille de verre translucide qui s’y trouvait, sans réellement regarder son contenu. Bizarrement, elle se sentait bien trop faible pour faire attention aux détails. Elle tira sur le bouchon en liège et approcha le bord de la bouteille à ses lèvres. Aucun liquide ne s’écoula dans sa cage buccale, ce qui la surprit assez. Elle n’avait eu cette bouteille d’un litre que depuis ce matin et elle avait déjà tout bu ? Cela portait à croire qu’elle était particulièrement déshydratée, alors qu’elle était en hiver et qu’il neigeait joyeusement à l’extérieur de ce bâtiment morne et esseulé.
Une pensée traversa l’esprit de Lyn, en regardant cette belle bouteille en verre bleue et translucide. Elle se demandait si elle pouvait communiquer avec les gens de l’extérieur, par le biais de ce récipient qui ferait dès lors office de médiateur. Elle pourrait mettre une lettre dedans et y faire passer un message qui lui tenait à cœur pour qu’elle ne soit pas inutile. Ce serait un projet intéressant, à vrai dire. Elle avait très envie de voir ce que cette expérience lui apporterait de bien, elle voulait voir les résultats. Quoique, si elle voulait faire passer un message profond, elle préférerait que personne ne sache que celui-ci venait d’elle.
29 janvier, 16:50 Quartier Hiryuu, Hôpital
Après une longue période de réflexion, Lyn avait enfin choisi d’écrire une lettre à l’attention d’un heureux élu qui se verrait recevoir sa belle bouteille, mais surtout, sa chère lettre. Elle avait beaucoup réfléchi à une manière de procéder, aux conséquences et surtout aux points positifs de son expérience. Et elle avait décidé qu’il serait bon de confier à un quelconque inconnu sa plus grande hantise : celle de mourir sans avoir vécu. Elle voulait que la morale qu’il en tirerait lui reste en mémoire et le porte chaque jour à avancer courageusement, sans crainte du présent, ni même de l’avenir, et qu’il partagerait sa lettre avec n’importe qui la voudrait. Elle ne prenait pas ce projet à la légère, elle allait même faire les choses jusqu’au bout. Car, en vérité, elle voulait que tout le monde sache que vivre ne se limitait pas à respirer, c’était aussi être en bonne santé et profiter de chaque jour. Elle, n’aurait sûrement pas la chance de vivre très longtemps. Autant dire qu’avec son embolie pulmonaire, elle avait d’autant plus de chances de succomber. Mais elle n’avait pas peur de la mort, ses seules craintes étaient d’avoir des regrets sur son lit de mort et de ne jamais quitter cet hôpital avant le jour fatidique.
Mais. Décidément. Une personne proche de la mort réfléchissait réellement différemment.
Enroulant sa lettre d’un ruban blanc, Lyn réfléchissait. Elle se demandait bien qui allait trouver la bouteille. Si c’était un chien, un policier ou un enfant, son expérience risquait de tomber à l’eau. Elle allait toutefois laisser le hasard se faire. Elle ne pouvait que se reposer sur lui pour porter sa lettre.
Elle mit la lettre dans la bouteille. Elle était un peu stressée, à vrai dire. Et si quelqu’un la voyait lancer la bouteille ? Ce serait gênant, certes, mais le pire serait que le charme de l’anonymat disparaîtrait. Et elle ne voulait pas qu’on sache que c’était elle, la rédactrice. Mais advienne que pourra, elle avait déjà fixé son objectif, il ne lui restait plus qu’à lancer le médiateur dans un tas de neige.
Prenant ses béquilles et marchant en direction de sa fenêtre, l’intermédiaire de communication dans son bras, Lyn ouvrit la fenêtre et se heurta dès lors à une grande bouffée d’air frais, mêlée à de fins flocons de neige froids. La rose adorait la neige ; de là où elle était, le sol semblait recouvert de coton. Elle avait envie de plonger ses pieds dedans et de faire des anges à sa surface. Malheureusement, son état ne lui permettait pas de faire des folies. C’était regrettable, mais elle n’avait pas le choix. Elle leva son bras, l’expression de son visage se déformant par son sérieux, et lança la bouteille le plus loin possible avec toute sa, désormais misérable, force. Bien sûr, l’objet n’alla pas bien loin, mais elle arriva aux pieds d’une personne qu’elle ne put identifier à cause des arbres entourant l’hôpital. Elle la vit se baisser et ramasser la bouteille. Par instinct, Lyn se retourna et ferma la fenêtre, le plus rapidement possible, pour ne pas être repérée, avant de se rallonger dans son lit et de demander une nouvelle bouteille d’eau à une infirmière qui passait par-là. Elle ne savait pas qu’en vérité, l’individu avait vu sa chevelure atypique.
Bonjour, bonsoir,
Ceci est pour toi, cher inconnu.
Je me doute que si tu as ouvert la bouteille et détaché le ruban de la lettre, c'est par curiosité. On dit que la curiosité est un vilain défaut, mais dans le cas présent, je pense que c'est une bonne chose de l'être. Cela ne fait jamais de mal d'être un peu curieux. Je suis une personne malade, je n'ai jamais eu la chance de profiter d'une bonne santé à partir de mon adolescence. Aujourd'hui, j'ai une embolie pulmonaire, je risque bien d'en mourir si je ne prends pas bien mes médicaments et que je ne suis pas correctement ma rééducation. Je n'ai pas le droit de quitter le lit, sauf pour ma rééducation. Je n'ai pas non plus le droit de quitter l'hôpital, alors que cela fait presque un mois que je suis hospitalisée. Durant mon enfance non plus, je n'ai pas eu le droit de sortir à ma guise. Je n'ai jamais su profiter de ma jeunesse et de tous les bonheurs que j'aurais pus embrasser si je l'avais voulu, si j'avais pris conscience que nous, êtres humains, ne sommes pas invincibles. Nous voyons le jour mais nous ne savons jamais lorsque nous perdrons la vie. Nous reportons les choses à demain en se convaincant que nous aurons un lendemain. Mais ce qu'on oublie souvent, c'est que nous ne vivons pas demain, nous vivons maintenant. Je crois qu'il faut vivre les moments présents en les considérant comme précieux. Tu sais, je regrette de n'avoir jamais su imposer ma volonté, face à mes géniteurs. Je suis passionnée de théâtre, mon plus grand rêve serait d'être comédienne et d'intégrer une troupe ambulante pour partir en voyage dans le monde entier. J'aimerais mêler ma passion à mon envie inébranlable de découverte de nouveaux horizons. Malheureusement, j'ai été forcée d'intégrer une université et de faire des études de médecine. Médecin est un métier honorable, mais ce n'est pas ce que je faire à l'avenir. Tant qu'à choisir un métier, j'aimerais en pratiquer un qui me plaît pour ne jamais avoir l'impression de travailler. Cher curieux, j'aimerais que tu saches ce qu'est pour moi la définition d'une belle vie : c'est lorsque sur le lit de mort, on se dit qu'on a assez vécu pour ne pas avoir de regrets. Personnellement, j'en ai énormément et le soir, je crains de mourir. La mort ne m'ébranle pas, c'est le fait de partir en laissant des choses inachevées qui m'effraie. Sans oublier que j'ai l'impression que si je m'évapore, ce sera sans avoir laissé ne serait-ce qu'une empreinte de moi en ce monde. Alors, je veux qu'on me voie, faire du théâtre, qu'on m'acclame pour mon talent et qu'on me demande plus. Je veux également que l'on voie en moi une musicienne saugrenue, qui ne respecte jamais les codes. Je veux que lorsque je commence à jouer un personnage, des yeux s'illuminent. Je veux que lorsque je joue du violon, on se dit que j'ai fait de la musique d'un compositeur, la mienne. Je veux qu'on se rappelle de moi, qu'on ne m'oublie pas. Je veux marquer les esprits et me prouver que j'avais, moi aussi, ma place en ce monde. Je n'ai jamais fait d'ange dans la neige, je ne suis jamais allée à la plage, je n'ai jamais été à une fête d'adolescents, je n'ai jamais eu l'occasion de manger des mocchis, je n'ai jamais pu me donner en spectacle, je n'ai jamais pu faire de bataille de boules de neige... Mais cela ne signifie pas que c'est parce que je ne le voulais pas. Donc tant que tu es e nvie, fais ce que tu aimes, aimes-toi, et fais en sorte de ne jamais avoir de regrets. La vie est trop belle et trop courte pour qu'on la passe à s'inquiéter de choses insignifiantes.
Sujet: Re: La lettre dans la bouteille • • S u n & L y n Mar 27 Sep 2016 - 14:13
29 janvier, 16:55 Quartier Hiryuu, Hôpital.
Ce jour là comme presque tout les autres, Sun était parti faire un tour cette fois, du côtés du Quartier Hiryuu. Il se laissait encore et toujours aller au fil de ses nombreuses pensées qui s'entremêlaient entre elles. Regardant le beau paysage enneiger qui l'entourait il continuait de marcher encore et encore, inlassablement.
Prenant toutes belles choses à ses yeux en photo afin de ne pas les oublier, s'en souvenir pour toujours juste en passant ses yeux vert miroitant en passant ses yeux sur ces petits flocons se posant délicatement sur un lit de coton tout aussi magnifique. Grâce à son œil d'artiste accomplis il arrivait à immortaliser le paysage avec son appareil photo d'une façon tel qu'on pourrait croire qu'il capturait le paysage tout entier dans ce si petit boitier lui pendant autour du cou grâce à une lanière. Il marcha et marcha encore et s'arrêta plusieurs fois sur son chemin, en particulier quand il vit un petit écureuil grimper sur un arbre les joues pleines de glands. Il ne pu résister au fait de le prendre en photo plusieurs fois afin d'être certain d'avoir les meilleurs prises qui soit. Changeant de positions, courbant son corps de côtés en même temps que son appareil au fil des pas du mignon petit animal. Puis il reprit sa route, capturant le paysage, le ciel et toutes ses merveilles l'entourant, profitant de chaque choses comme il le pouvait.
Son chemin prenait la direction de l’hôpital, là où il avait donné rendez vous à son prochain modèle de photo, observant encore et toujours ce qui l'entourait pour ne rien manquer. Ses yeux observait chaque mètres, chaque centimètres de son entourage y compris les passants qui par ce regard avaient l'impression d'être dévisager. Il recherchait une perfection parmi toutes ces personnes, que ce soit physiquement et intérieurement, sachant que par cela il pourrait d'autant plus sublimer ses photos. Les sensations n'en seraient que plus fortes, plus ressentit rien qu'en regardant ses prises et c'est ça qu'il adorait particulièrement dans son métier bien que le reste le fascinait grandement aussi.
Enfin arriver devant l’hôpital il se posta juste devant un petit tas de neige qui attirait son œil, ayant dans l'idée de le prendre en photo plus tard. Attendant celle qui lui avait demander un shooting avec insistance il remarqua qu'elle était en retard, bien qu'après cela il en ai un autre non loin il garda son calme et resta professionnel, se retournant pour observer l'hôpital dans un regard pensif.
Quelques instant après une bouteille en verre bleutée tomba à ses pieds, le vent un peu fort laissa son béret s'envoler, lâchant sa grande crinière de feu flotter dans les air, rattrapant agilement son béret au passage. Il se baissa pour ramasser la-dîtes bouteille après l'avoir photographier puis dirigea son regard dans la direction dont elle était venue. Il porta son appareil à ses yeux afin de zoomer sur la fenêtre où il aperçu finalement cette personne, appuyant sur le bouton pour la capturer dans sa petite boîte. Bien qu'il n'eût que l'arrière de sa tête, les cheveux rose de cette personne suffire à lui faire ressentir ce qu'il aimait tant. Il trouvait cette photo parfaite, des cheveux rose virevoltant à cause de l'empressement de cette personne, la neige tombante embellissant magnifiquement cette image...
_ "Parfait..."
Il rangea la bouteille dans la sacoche de son appareil qu'il emmenait parfois même si elle ne lui servait pas, envisageant de consulter le message une fois rentrer. Il regarda en direction de la fenêtre de la petite rose puis se mit à sourire en lui faisant un grand signe de la main juste au cas où elle le regarderait. Son modèle arriva enfin et il partit avec elle afin de se mettre au travail presque immédiatement en feintant de la gronder juste pour la taquiner.
Le soir venu il rentra chez lui à pied avec l'intention de lire le message obtenu plus tôt dans l'après midi. Après avoir manger un peu il se mit à lire cette fameuse lettre, retirant le ruban blanc avec une certaine douceur. A la fin de sa lecture il se mit mystérieusement à sourire en posant son menton sur le dos de sa main dont le bras était accouder au bureau, un lumière tamiser pour seul éclairage juste à côtés. Le reste de la soirée il la passa à écrire pour cette inconnu à l'âme en peine. Compatissant il ressentit l'envie de l'aider, de ne pas la laisser seule avec ses problèmes car pour faire ce geste elle devait vraiment se sentir mal et cela le touchait beaucoup.
30 janvier, Aube, Quartier Hiryuu, Hôpital.
Sun s'était lever aux aurores afin de déposer sa réponse à l’hôpital lui même, cela avant que la douce rose se réveil en prétextant aux infirmière être un de ses amis revenu d'un long voyage. Il déposa la lettre entourer d'un autre ruban, rouge cette fois et accrocher avec une petite rose de la même couleur des cheveux de la demoiselle. Cela juste sur sa table de nuit et y déposant juste à côtés la bouteille qu'elle avait elle même utiliser, la rinçant correctement et la remplissant d'eau à moitié au cas ou elle voudrait y mettre la fleur. Puis il parti sans le moindre bruit le sourire aux lèvres.
"" Bonjour chère petite rose, ici l'inconnu devant qui tu as lancé cette bouteille. J'aurais pu être blesser ! Ceci mis à part cette lettre m'a réellement touché et si c'était ce que tu recherchais c'est réussi, maintenant tu m'auras sur le dos durant un long moment, peut être même que je reviendrais devant cet hôpital seulement pour voir si d'autre bouteilles ne sont pas tombées du ciel ! Je tenais à te faire part de mon avis bien que je ne sois pas à ta place. Tu as raison de ne pas perdre espoir, de continuer à te dire que tu ne lâcheras pas prise de cette façon. Comme le disait mon vieux père: L'acceptation est le premier pas vers la guérison. De par la façon dont tu as écris je me dis que tu dois te sentir bien seule derrière cette fenêtre mais cela me rappel une certaine pièce... Roméo et Juliette ! Tu dis vouloir faire du théâtre et sans t'en apercevoir tu en es l'actrice principale, celle de ta vie. Car oui, la vie est une pièce de théâtre où l'on joue le premier rôle et où il faut tout donner pour l'accomplir avec succès. Le succès de la réussite. Je ne suis pas très bon philosophe mais j'espère que ces mots te redonneront courage et confiance en la vie. Dans tout les cas comme je l'ai dis plus haut, tu m'as maintenant sur le dos et je reviendrais volontiers pour tes jolies lettres. Je peux même la faire partager si l'envie te dit. C'est sur ces mots que je vais te laisser en te souhaitant un bon réveil et une bonne journée !""
Il parti tout en laissant juste au cas où ses coordonnées, son numéro à la dame de l’accueil en prétextant " Au cas où elle se sentirait seule " puis marcha vers la sortie avec nonchalance et repartit en balade comme il le faisait si souvent.