₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 Regard d'automne [Ueno Fuyuko]

Aller en bas 
AuteurMessage
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMar 9 Sep 2014 - 22:45

Les feuilles tombantes derrière la fenêtre étaient donc bien devenues banales et monotones à cette période de l'année. Quel temps faisait-il en France ? Aucun moyen de le savoir d'ici, surtout sans connexion internet quand le wi-fi gratuit de l'hôtel avait décidé de sauter après un orage. Qu'il est triste de constater que Judikaël n'avait rien d'autres à penser qu'à son pauvre chat gris qui l'attendait là bas.
Bien sûr, le lycée, les élèves, tout ça avait repris. La jeune prof se vidait de motivation et de forces au rythme que les arbres perdaient leur feuillage d'été. Comme les feuilles qui passaient du vert à l'ocre, la jeune femme passait du visage gaie à morne. C'est à demi-avachie sur son bureau qu'elle surveillait d'un œil distrait ses élèves répondant à une interrogation préparée à l'arrache la veille, ou le matin-même devrait-on dire puisqu'il était déjà quelque chose comme trois heures du matin. Elle ne savait plus trop si le temps était suspendu ou s'il allait trop vite. Peut-être allait-il à reculons, peut-être est-ce qu'elle remontait le temps. Peut-être que les feuilles allaient remonter plus vite que prévu, et peut-être qu'elle reverrait l'été, les fleurs de cerisiers tombant sur l'allée, puis l'avion, puis la France, puis le lycée Marie-curie.

Mais pour l'instant, rien de tout ça, juste la morosité de l'automne, comme un monde faisant son deuil. Pas même quelques événements intéressants, festival ou quelque nouveautés à se mettre sous la dent. Judikaël ne savait même pas si elle aimait ou pas le japon. Elle n'accrochait pas à la musique du coin, ni à l'art ni à la mode. À part les gyoza elle n'avait pas fait autant de belles découvertes que n'importe qui espère faire en voyageant. Le travail et la recherche d'un logement lui prenait tout son temps, et personne ne voulait d'une prof venue de nul part avec un chat qui perd ses poils. Elle aurait pu l'abandonner, ce minou qui n'avait même pas de nom, sauvé à son destin à l’aéroport parisien. Le donner à quelques associations ou le déposer gentiment sur un trottoir comme si elle ne l'en avait jamais fait sortir. Elle ne lui parlait pas, le brossait quand elle n'avait rien d'autres à faire, le regardait à peine, et c'était réciproque. Il ne venait (elle peut-être?) jamais sur ses genoux le docile matou d'un écrivain solitaire, il ne venait pas se frotter à ses jambes, et c'est à peine si il réclamait sa nourriture. Elle avait de plus en plus de mal à lui donner, par dégoût, mais elle s'occupait de lui comme elle le pouvait, et ne faillait jamais à la tâche. Il n'avait pas à se plaindre mais il ne faisait rien non plus pour la "remercier". Il la regardait juste, à chaque fois, avec ce regard d'automne. Morne et froid. De maigre, il était devenu légèrement rond. Tandis que sa maîtresse, de maigre, était devenue squelettique.

Les élèves, eux, n'avaient pas ce regard d'automne. Ils riaient, ils souriaient, ils sortaient et blaguaient entre eux. Lesquels d’entre eux avait quelqu'un à chérir ? Lesquels étaient amoureux ? Y en avait-il un, ne serait-ce qu'un, qui avait aimé comme elle avait aimée ? Comme Lola, qui avait leur âge, avait aimée ? Ça aurait pu être un jeu pour elle, mais jamais Judikaël n'aurait pu douter un instant de ses belles intentions. Ses envies d'aimer, jamais abandonner, devenir elle aussi. Un couple, on peut dire qu'elles en était un, particulier, mais un tout de même. Là, jamais aucune n'auraient pu avoir un regard d'automne.
Dans la classe, néanmoins, une élève avait un regard d'automne. Pas moyen de se souvenir de son nom, tout était brouillard gris, automne, dans la tête de Judi. La sonnerie interrompit ses pensées, et la prof déclama :
« N'oubliez pas de rendre les autorisations pour la sortie au théâtre de la semaine prochaine, posez-les sur le bureau avec les contrôles. Sinon, demain dernier délai. »

Tous défilèrent un à un devant le bureau quand elle rangeait ses quelques affaires dans son sac, l'habituel carnet vert, les poèmes saturniens de Verlaine, une trousse et quelques babioles de profs. Le brouhaha retentissait, les rires et les blagues, les regards d'été et de printemps partaient en posant leurs autorisations devant moi. La jeune fille qu'elle avait remarquée passa elle aussi, dans les dernières, et Judikaël entre-aperçu la feuille de papier signée d'un geste malhabile. On ne la trompera pas avec ça. Quand l'élève allait repartir son sac à l'épaule, elle l'arrêta, se souvenant de son nom par réflexe :
« Ueno Fuyuko, une seconde je vous prie. »

Elle se leva pour reprendre une certaine dignitée tutorale et fixa la jeune fille droit dans les yeux, d'automne à automne.
« Ça se voit que ce ne sont pas vos parents qui ont signés ça. Quelque chose ne va pas ? »
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyJeu 11 Sep 2014 - 20:26


Regard d'automne
{Judikaël}


"Allô ? Maman ?"
"Je ne suis pas là pour le moment, veuillez laisser un message ! Bisou bi--"
Fuyuko raccroche avant même que le répondeur ait fini. Elle le connaît par cœur maintenant.

C'est la quatrième fois qu'elle appelle sur son portable, cinquième fois qu'elle appelle le fixe et elle a déjà laissé trois messages. Depuis une semaine, impossible de joindre sa mère. Elle est probableme
nt trop occupée à refaire sa garde-robe, prendre le thé avec ses amies ou à dîner dans des restaurants ultra chics. Ce n'est pas comme si elle lui manquait. Même avant d'aller à Keimoo, Fuyuko ne la croisait jamais ; elle dînait seule la plupart du temps, son beau-père mangeait dans son bureau, qui a toujours été une zone interdite, sa mère mangeait dehors ou finissait son assiette trop vite pour avoir une vraie conversation avec sa fille. Ça ne lui dérangeait pas, elle ne regrettait pas de ne pas être plus complice avec elle. Quand on ne connaît pas quelque chose, on ne cherche pas à l'avoir.

Mais il y a un problème : une sortie au théâtre est organisée par la professeur d'anglais pour aller voir une pièce avec un nom étranger et l'autorisation est à rendre aujourd'hui. La jeune fille n'est pas spécialement intéressée, mais c'est une occasion à ne pas manquer pour afficher sa personne en public. Et elle a la robe parfaite pour ce genre de sortie, elle adorerait pouvoir la porter. Tant pis, si sa mère ne répond pas, elle signera toute seule. Elle ne va pas déranger son père au travail. C'est inconcevable. De toute façon, c'est trop tard, elle a déjà gribouillé 'Ueno' sur sa feuille. Ce n'est pas parfait, mais les professeurs ne sont pas des génies de la graphologie.

Fuyuko prend ses affaires et sort du dortoir. Une journée d'automne ordinaire, un peu froide, les cours classiques et enfin, le cours d'anglais. Au moment d'entrer, elle ne salue pas la professeur. Elle s'installe à sa chaise, pensant que ce serait facile, mais elle est mal à l'aise. Alors que les énoncés se passent d'élève à élève, elle fixe sa table d'un air vide. Ça ne va pas, ce n'est pas l'interrogation : même sans réviser, elle est persuadée qu'elle aura la meilleure note. Ce qui la tracasse, c'est l'autorisation de sortie. Non, ce n'est même plus cette misérable feuille de papier qui la dérange.

Dans une famille parfaite, non, dans une famille normale elle ne devrait pas avoir à signer pour ses parents. Elle devrait pouvoir contacter sa mère à tout moment. Elle devrait manger à table avec ses parents, avec un repas cuisiné et pas réchauffé. Pourquoi est-ce que sa famille ne peut pas être parfaite ? Pourquoi tout ne peut pas être comme tout le monde ? Pourquoi sa vie ne peut pas être un conte de fée ? Alors qu'elle questionne ses relations familiales sans réfléchir aux réponses, elle répond au test sans réfléchir aux questions. Enfin, la sonnerie retentit. Fuyuko pose son crayon et range ses affaires.

"N'oubliez pas de rendre les autorisations pour la sortie au théâtre de la semaine prochaine, posez-les sur le bureau avec les contrôles. Sinon, demain dernier délai."

Il faut oublier, c'est faux, c'est faux... C'est faux. Sa famille est normale, pas forcément parfaite, mais normale. Il y a des milliers de familles japonaises qui ne se parlent pas souvent. Puis, elle parle avec sa famille : elle a de vives conversations avec son beau-père, c'est compliqué à cause du travail, mais ils se parlent ; elle papote avec sa mère, parfois elles font du shopping ensemble ; elle répond même aux courriels de son père biologique, quand il lui écrit. De ce point de vue, c'est même une famille très soudée. Voilà, une famille soudée.

Alors qu'elle tente de se remonter le moral, elle marche en direction du bureau. Elle y dépose sa copie et son autorisation à côté en essayant de ne pas y penser. Elle se retourne et se dirige vers la sortie quand on l'interpelle.

"Ueno Fuyuko, une seconde je vous prie."

"Oui", répond-elle instinctivement et revient d'un pas en arrière.

"Ça se voit que ce ne sont pas vos parents qui ont signés ça. Quelque chose ne va pas ?" demande l'enseignante en la regardant dans les yeux.

Ah, elle qui pensait que son autorisation passerait comme une lettre à la poste. Mlle Coda n'a pas l'air d'une idiote, nier ne sert à rien. Pourtant, c'est la plus belle des contrefaçons ! Elle a imité la courbure de l'écriture de sa mère et ses traits mal tracés. C'est ce côté 'hésitant' qui l'a trahie. Elle sait qu'elle aurait dû s'entraîner, mais elle n'a pas beaucoup de temps le matin. Et quel intérêt de savoir comment elle a su ? Premièrement, ce ne sont pas ses affaires, ça ne concerne que Fuyuko. Et deuxièmement, tout va très bien.

"Beaucoup d'élèves signent à la place de leurs parents, ce n'est pas un drame.", affirme-t-elle avec un ton pareil à un robot et un stress mal déguisé. Jouer le coup de 'tout le monde le fait, pourquoi pas moi ?' est sa meilleure option.
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyJeu 11 Sep 2014 - 21:00

« Comme c'est amusant... »

Elle n'avait pas pu s'empêcher, la parole avait dérivé de ses pensées. Cette attitude n'était pas sans lui rappeler celle des élèves parisiens de Marie-Curie. Pas moyen de faire une sortie avec eux bien sûr, mais là où on lui demandait d'exiger la signature des contrôles, dans le pire lycée du quartier, de la ville, du pays peut-être, est-ce qu'il y avait ne serait-ce qu'un élève qui l'avait vraiment montré à ses parents ? En fait, Judikaël s'en fichait totalement. Quelle importance, si l'élève en question n'a pas de problèmes ? Qu'il est banal, et qu'il fait ça pour éviter de se faire emmerder derrière ?
Bien sûr, là-bas, tous n'ont pas un rieur sourire d'été, il y avait toutes les couleurs du mondes dans leurs regards. Du bleu le plus clair et le plus pur au noir le plus profond et insondable. En passant par ces tristes nuances de gris et ces pétillantes teintes de vert. En tant que professeur, elle ne pouvait pas s'occuper de chacun d'entre eux. Ils étaient tant, tant, avec tant de situations et de vies différentes. Personne n'a vraiment de situation type, tout le monde à sa vie, la sienne, qui n'appartient qu'à soi, et où une personne si lointaine et vide de signification pour eux comme un professeur peut difficilement s’immiscer.

La jeune femme, par lâcheté peut-être, s'est limitée à ces regards, faux ou pas, pour ne pas s'embourber dans leurs problèmes si complexes et différents, mais à la fois tous semblables. Certains pourraient croire que dans un grands lycée de bourges comme la prestigieuse Keimoo Academy, personne n'a de problèmes. Surtout pas familiaux, surtout pas quand tout le monde est né avec des boucles d'or et une cuillère d'argent. Non, forcément, ici, tout est beau et tout est parfait. Mais d'ailleurs, que fait une femme qui n'en a plus l'air, un squelette sans vie et sans muscle, dans ce petit paradis ? Ça prouve bien quelque part qu'il y a une faille, que personne n'a le droit au bonheur parfait à sa naissance et pour toute sa vie.
Il était néanmoins sincèrement amusant pour Judikaël qu'à des milliers de kilomètres, une élève issu de ce "paradis" sors la même stupide excuse qu'une certaine petite Lola aux yeux d'argents, ni d'été ni de printemps, les yeux d'une singulière Lola, qui venait elle du lycée Marie-Curie, dans les cités de Paris.

« Allons Lola, ne va pas tenter de me faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tu m'as l'air d'être une fille intelligente, tu n'aurais quand même pas distraitement oubliée de faire signer ce papier à tes parents. Et puis, je ne pense pas qu'ils soient particulièrement contre le théâtre occidental. J'en conclus que tu as un problème. Hmm ? »

S'attendait elle à une réponse ? Ueno aurait pu partir, gênée, ou vexée que la prof l'ait maladroitement confondue avec une de ses anciennes élèves. Et ça n'aurait pas tellement dérangée Judikaël. Que pouvait-elle faire pour elle ? Et voulait-elle qu'on fasse quelque chose pour elle ? Les jeunes sont trop compliqués, trop frustrés pour demander de l'aide, et quand on leur tend un bras, ils les repoussent quasi-immédiatement. Elle pouvait très bien partir, se débrouiller comme elle le fait sûrement depuis déjà des années, et Judikaël pourrait retourner contempler les arbres mourrants sans plus y penser.

Une adolescente normale, ça repousse les adultes, ça les éloignes de leur monde. Pourquoi ? Pour le savoir, la jeune femme devrait avoir quinze ans.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyDim 14 Sep 2014 - 14:04

"Comment c'est amusant..."

Amusant, si on veut. Il doit y avoir un côté amusant pour un professeur. C'est sûrement une excuse qui revient souvent, même si ce n'est pas vraiment une excuse. Mais s'il n'y a que ça, si c'est la seule remarque qu'elle a à faire, Fuyuko s'en est plutôt bien sortie. Il n'y a vraiment pas de raison d'en faire tout un plat. Pendant un instant, elle pense que l'enseignante acceptera la signature et l'autorisation. Ses épaules se décontractent, elle se détend et continue de se tenir en face de Mlle Coda. On ne pourrait pas dire qu'elle se tient avec une grande dévotion, attendant une réponse de la part de son interlocutrice.

Les derniers élèves sortent de la salle, frôlant légèrement Fuyuko. C'est bon, autour, il n'y a plus personne dans la classe. Il ne reste que les deux femmes se regardant dans le blanc des yeux et des dizaines de tables et de chaises. Elle aurait pu partir aussi, mais étrangement, elle reste.  D'une certaine manière, c'est comme si son subconscient lui disait de rester. Comme si, lui, voulait se confier, comme s'il voulait parler à quelqu'un qui le comprendrait peut-être ou tout simplement à n'importe qui.

"Allons Lola, ne va pas tenter de me faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tu m'as l'air d'être une fille intelligente, tu n'aurais quand même pas distraitement oubliée de faire signer ce papier à tes parents. Et puis, je ne pense pas qu'ils soient particulièrement contre le théâtre occidental. J'en conclus que tu as un problème. Hmm ?"

Fuyuko a à peine entendu le compliment de "fille intelligente", elle ne s'est pas sentie flattée, elle n'est pas d'humeur à s'énerver parce qu'elle s'est trompée, même si au fond, une petite étincelle de colère s'allume. Non, Fuyuko ne ressent pas tout cela en ce moment, elle est beaucoup plus curieuse. Un essaim de questions se pressent jusqu'à ses neurones : Qui est Lola ? Comment peut-on la confondre avec elle ? Est-ce qu'elle ressemble physiquement à Lola ? Est-ce que Lola a des problèmes ? Est-ce qu'elle ressemble à quelqu'un qui a des problèmes ? Pourquoi ressemble-t-elle à quelqu'un qui a des problèmes ?

"Je crois que vous me confondez avec quelqu'un d'autre.", répond Fuyuko à voix basse mais audible.

Peut-être la professeur n'a pas remarqué son erreur. Peut-être pense-t-elle à autre chose. D'ailleurs, elle lui paraît un peu bizarre. Quand on prend le temps de l'observer, on voit que la jeune femme a une mine légèrement différente que la première fois que Fuyuko l'a rencontré. Cela la rend un peu plus curieuse, mais au même moment, elle se dit que ce ne sont pas ses affaires. Autant que ses propres problèmes ne sont pas ceux de l'enseignante. Voilà, quelque chose à répondre.

"Pourquoi voulez-vous tant que ça que j'ai un problème ? Ce ne serait pas vous qui aurait un problème ?"

Avec le sentiment de contrôler le dialogue, elle croise les bras au niveau de son ventre et se penche un brin vers l'arrière. Elle ne s'intéresse pas vraiment à la réponse, c'est évident que la jeune femme ne va pas, mais peut-être ce sera une occasion pour qu'elle se mette à sa place. Et si elle n'a pas de problème, alors Fuyuko non plus.


Dernière édition par Ueno Fuyuko le Mer 1 Oct 2014 - 15:39, édité 1 fois (Raison : Le contenu du message avait disparu... O_o)
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyLun 15 Sep 2014 - 6:17

La jeune femme n'était pas passée outre le murmure de Ueno, et oui, elle venait de s'en rendre compte, elle l'avait confondue avec Lola. Et ce n'était pas tellement un compliment, pour une élève comme elle, être comparée à la gamine la plus intéressante, la plus captivante et la plus belle des femmes de cette terre. Judikaël avait en horreur ces élèves qui n'en avaient que pour leurs notes, toujours, jusqu'à se foutre complètement de ses camarades ou de son propre enrichissement personnel. Ce genre de personne deviennent peut-être de bons médecins ou employés de bureau plus tard, mais ils font des amis détestables et des individus que personne ne souhaite connaître.

Alors qu'elle se penchait en arrière pour la toiser de haut (ce qui n'était pas tellement difficile au vu de la taille de Judikaël), avec l'air et le ton le plus insolent du monde, elle déclara :
« Pourquoi voulez-vous tant que ça que j'ai un problème ? Ce ne serait pas vous qui aurait un problème ? »

Insupportable. On lui parle, on vient l'aider, et ça nous prend de haut en nous accusant de tous les tords. En quelque sorte, Lola était une jeune fille bien docile pour avoir écoutée sa prof et l'avoir laissée l'aider sans faire d'histoires. Mais l'agacement ne monta pas à la tête de Judikaël, qui resta parfaitement droite et sereine dans cette situation. Peut-être était-ce la léthargie automnale qui lui soufflait de ne rien dire, de ne rien faire, de rester droite et immobile sans chercher à regarder son élève plus haut qu'elle ne la regardait, ne souhaitant pas répondre à ces basses provocations. Elle réfléchit, ne se souciant plus du temps qui se prolongeait et du silence qui les entouraient.

Des problèmes ? Elle n'en avait pas, aucun, jamais. "Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes", pour citer Voltaire. Par contre la gamine qui restait butée avec son professeur et qui refusait d'admettre qu'elle avait tort, oui, elle avait un problème, ne serait-ce qu'un problème d'éducation. Tout de suite, elle s'imagina le scénario catastrophe classique. Les parents partis, qui travaillent, ou morts peut-être, et la grande sœur seule pour servir de mère à une flopée de marmots, et qui travaille tout de même dur à l'école pour espérer décrocher un travail meilleur que celui de ses parents et vivre sans se soucier du lendemain.
N'importe quoi, ce genre de scénario n'arrive jamais. Mais néanmoins Judikaël eut une certaine estime de Ueno rien que par ce débile scénario sans réel fondement.

« Je n'ai aucun problème outre le fait qu'une de mes élèves se foute de ma gueule. Mais si tu n'as aucun soucis, grand bien te fasse, et ramène moi ce papier signé la prochaine fois. Sans avoir passé l'heure à trembler comme une feuille si possible. »

Oups, quelle vulgarité. Mettons ça sur le compte d'un quelconque agacement dû à l'automne et à la trop grande bouffée d'inspiration artistique qu'il entraîne. De toute façon, à priori, la jeune fille aurait bien du mal à se plaindre à ses parents du comportement d'une prof à son égard.
Dehors, les feuilles continuaient de tomber une à une, et se poser lentement sur le rebord de fenêtre de Judikaël. C'était une saison qu'elle ne savait pas si elle devait l'apprécier ou non. Une saison mélancolique qui lui rappelait son poète préféré, son fameux rêve familier, et d'autres encore. Les yeux de la jeune fille semblaient s'obscurcir, et quelque part, Judikaël savait que c'était à cause du soleil qui allait bientôt se coucher, que la luminosité baisse. Mais dans son for intérieur, elle se sentit légèrement mal à l'aise en pensant que les tristes iris de Ueno reflétaient les saisons qui meurent, et que bientôt, ses yeux deviendraient entièrement noir, et, morts, tomberaient dans le vague. Que Ueno est comme un papillon, éphémère, qui vit l'instant d'une saison, et s'éteint à l'approche de la seconde. Une jeune fille de la nature, perdue, dans ce monde qu'est la terre, le japon, sa grande société et ses codes, alors qu'elle aurait été destinée à une vie au grand air, avec des gens pour l'aimer.
Tout le monde aime les papillons. Mais pourtant ils meurent tous, ils tombent, perdent leurs ailes et meurent un par un, avant de se fondre dans les feuilles mortes.


Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMer 17 Sep 2014 - 15:06

Un silence s'installe et dure pendant un certain temps. Fuyuko n'a pas l'impression d'avoir été trop loin, elle n'a fait que retourner la question. Mais :

"Je n'ai aucun problème outre le fait qu'une de mes élèves se foute de ma gueule. Mais si tu n'as aucun soucis, grand bien te fasse, et ramène moi ce papier signé la prochaine fois. Sans avoir passé l'heure à trembler comme une feuille si possible."

Là c'est elle qui est allée trop loin. La curiosité s'est évaporé avant d'atteindre la fin de sa phrase. Pourquoi est-ce qu'elle s'énerve comme ça ? C'est plutôt Fuyuko qui devrait s'énerver ! C'est elle qu'on accuse d'avoir des problèmes et qu'on harcèle de question. Elle n'a aucune envie de rester ici plus longtemps, elle se sent offensée, mais l'enseignante a raison. Si elle n'avait pas de souci, pourquoi elle est-elle si mal à l'aise et, si on peut dire, angoissée à l'idée d'avoir un problème. Entendre la vérité sur soi du point de vue de quelqu'un d'autre, c'est énervant. Mais l'entendre de la part de quelqu'un d'autre sur ce ton, c'est enrageant.

L'envie lui prend de sortir, marcher jusqu'au couloir de l'administration et se plaindre. Ça a toujours été comme ça. Si quelque chose la dérange, elle se plaint. Si quelqu'un la dérange, elle l'ignore. Si quelque chose n'est pas 'parfait' dans la personnalité de quelqu'un, elle ne se gène pas d'essayer de le changer, même un ami. Elle ne fait jamais l'effort de s'adapter aux autres, elle n'essaye pas en général de les comprendre, elle ne cherche pas à les apprécier à leur juste valeur et elle ne soucie pas de leur avis. Il faut toujours qu'elle les rende 'meilleurs', plus proche de son idéal.

Faut-il aider Mlle Coda à être 'meilleure' ? Non. Il n'y a pas de doute. Fuyuko ne mérite pas d'être traitée comme n'importe qui, tout de même ; elle est raffinée, douce et calme, de son point de vue le plus modeste. Mais en ce moment, dans cette salle, elle ressemble plus à une gamine gâtée à qui on a dit la vérité qu'elle ne voulait pas entendre. Elle ressert ses bras vers l'intérieur, comme pour se protéger. Elle se courbe, elle qui aime tant se tenir droite d'habitude.

"Si vous voulez une vraie signature, appelez ma mère vous-même ! À vous elle répondra sûrement !" crie-t-elle d'une intonation aiguë sans pourtant regarder la professeur dans les yeux.

En un instant, elle perd le peu de stabilité qu'il lui reste. Elle ne pense plus à oublier ses problèmes, à les nier ou à les cacher. Tout s'accumule : son beau-père enfermé dans son bureau, sa mère dehors à s'amuser, ses repas quotidiens dans une pièce vide, les fêtes de ses meilleures amies auxquelles elle n'a jamais participé, le jour de son neuvième anniversaire où elle n'a pas eu le cadeau qu'elle voulait, la fermeture éclaire de sa trousse qui a fait des caprices ce matin en science. Peu importe la raison, tout ce qui l'a agacé surgit d'un coup et explose comme un champignon nucléaire. Fuyuko se met à crier de plus en plus fort avant de hurler :

"Vous n'aurez qu'à la déranger dans sa partie de thé si importante ou sa sortie entre amies qui ne peut pas attendre ! Ou est-ce que ça sera sa meilleure amie qui l’appelle pour une urgence à onze heures du soir ! Vous pourrez lui laisser deux mille messages qu'elle ne lira pas si ça vous chante. Vous n'aurez rien d'autre que ma signature sur ce papier."
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptySam 20 Sep 2014 - 11:45

Ueno semblait agacée par le comportement de la jeune femme, et elle avait bien raison. Ses propos n'étaient pas ceux d'une professeur à sa jeune élève, bien sûr. Mais elle les pensaient sincèrement, c'était bien là la vérité nue. Judikaël se contre fichait de cette élève et cette élève se contre fichait de son professeur. À partir de là elles pourraient très bien partir chacune de leur côté sans dire un mot, qu'on en parle plus, une bonne fois pour toute. Mais quelque chose retenait la jeune fille dans la salle.

Il est des jours où l'on ne sait pas trop ce qu'on fait. On marche, on se retourne, on regarde terre et ciel à la recherche de quelque chose sans trop savoir quoi. Sans objectifs en tête, ni idée précise de ses pensées à l'heure actuelle, on faisait et c'est tout. À ces instants, peut-être dans notre esprit c'est clair. On a oublié quelque chose, on y repense, et on se rend compte qu'il est dans notre poche. En y réfléchissant le lendemain ça nous paraît tout simplement idiot et rien de plus. Mais il est des jours où c'est bien plus profond et compliqué. On tourne en rond, on se balade pour se balader. Ou rien. Rien du tout. Juste le vide ambiant partout dans son esprit et tout autour. Et c'est là, c'est bien là qu'on ne répond de rien, qu'on fait des choses absurdes tout simplement parce que son corps n'est pas contrôlé par nous à proprement parler. Par une conscience, un reste d'esprit guidé par la rationalité de l'instant, le but, la logique et les habitudes. Un automatisme.

Peut-être Ueno était dans ce cas à cet instant précis, immobile et indécise entre parler, ne pas parler à son professeur qui pourrait peut-être par une infime éventualité s'intéresser à ses propos d'adolescentes si peu passionnante. L’orgueil infini se lisait dans son regard, ses gestes, elle puait la certitude et le dédain des autres. Mais d'un tout autre côté, Judikaël ressentait dans ses yeux une fragilité automnale propre à chacun, un tremblement presque imperceptible, l'écho de l'ombre d'un frissonnement. Tranquillement et toujours en prenant grand soin d'ignorer totalement la volonté de la jeune fille à se placer au dessus de tout, la jeune femme saisit sa chaise d'une main pour la rapprocher d'elle et s’asseoir presque par provocation envers la gamine, signifiant qu'elle avait tout son temps et que son petit caprice colérique lui semblait bien ridicule. Mais elle sentit encore une fois un douloureux frisson lui parcourir tout le corps et elle grinça des dents. Son poignet la faisait souffrir, elle n'avait pas la force de rapprocher cette petite chaise de métal matelassée, privilège du corps enseignant. Son poignet avait failli se tordre sous l'effort, et avec un calme olympien inscrit sur son visage, Judikaël attrapa le dossier de ses deux mains pour le rapprocher du bureau de de l'enfant têtue.

"Si vous voulez une vraie signature, appelez ma mère vous-même ! À vous elle répondra sûrement !"

La voix aïgu et mal assurée renforçait l'aspect fragile et incontrôlé de la jeune fille. Ce petit ton plaintif avait un léger petit côté mignon et adorable chez l’exécrable enfant. Et c'est ainsi qu'elle la considérait, une simple enfant qui fait un caprice. Mais sa réplique avait piquée sa curiosité, ce qui se confirma par la suivante :

"Vous n'aurez qu'à la déranger dans sa partie de thé si importante ou sa sortie entre amies qui ne peut pas attendre ! Ou est-ce que ça sera sa meilleure amie qui l’appelle pour une urgence à onze heures du soir ! Vous pourrez lui laisser deux mille messages qu'elle ne lira pas si ça vous chante. Vous n'aurez rien d'autre que ma signature sur ce papier."

Même dans ses soucis, Ueno était semblable à Lola. Adoptée en remplacement d'un enfant mort en couche et abandonnée à cause de sa couleur de peau par ses propres parents. Sans souvenirs d'une autre famille qu'elle aurait pu avoir, seule, sans personne pour l'aider ou comme allié, à s'occuper seule de sa nourriture, de ses papiers administratifs, une enfant trop vite grandie. Ueno vivait-elle la même chose ? La comparaison engorgea le cœur émue et nostalgique de la jeune femme qui oublia instantanément toute appréhension désagréable envers son élève et s'adressa à elle avec un ton qui se voulait doux, calme, comme celui d'une mère qu'elle n'était pas :

« Ueno, légalement, je ne peux pas t'emmener en sortie sans autorisation parentale. Mais si tu y tiens vraiment je peux passer outre. J'appellerais ta mère pour discuter de toi. Tu vis à l'internat, alors tout va bien non ? Si tu le souhaites je pourrais même demander une autorisation spéciale pour que tu restes le week-end, et dans ces conditions, tu n'aurais même pas besoin d'autorisation pour les sorties. Mais n'oublie pas que ce sont tes parents, aussi mauvais soit-ils, ils doivent t'aimer un minimum, et toi aussi non ? »
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMer 24 Sep 2014 - 17:22

"Ueno, légalement, je ne peux pas t'emmener en sortie sans autorisation parentale."

On revient au même problème. Avant d'entendre la suite, ses nerfs sont en alerte et prêts à exploser une fois de plus. Le premier "mais" ne va pourtant pas faire le même effet.

"Mais si tu y tiens vraiment je peux passer outre. J'appellerais ta mère pour discuter de toi. Tu vis à l'internat, alors tout va bien non ? Si tu le souhaites je pourrais même demander une autorisation spéciale pour que tu restes le week-end, et dans ces conditions, tu n'aurais même pas besoin d'autorisation pour les sorties."

Fuyuko s'accuse de se réjouir et tente de repousser ce sentiment. Satisfaite à l'idée d'avoir un petit privilège, mais surtout l'idée d'un effort en moins. Ne pas avoir à insulter son téléphone, répéter toujours la même phrase à une messagerie vocale et ne pas rentrer le week-end. Il faut dire que son beau-père n'aurait pas d'objections : la ramener à Tokyo tous les vendredis et la renvoyer à Keimoo tous les dimanches soirs lui revient cher. Ça ne changerait rien à ses occupations : elle passe son temps libre devant la télé ou dehors à acheter des vêtements. Ou elle se consacre ses diverses passions. Quand on les compare, elle et sa mère font les mêmes choses. Séparément.

Le deuxième "mais" s'annonce encore différent. Faut-il vraiment que le peu de joie qu'elle aperçoit disparaisse aussi vite ?

"Mais n'oublie pas que ce sont tes parents, aussi mauvais soit-ils, ils doivent t'aimer un minimum, et toi aussi non ?"

Aimer ? Oui, Fuyuko aime sa mère et elle doit bien aimer son beau-père. Malgré leurs relations distantes, elle les aime. Mais eux ? Est-ce réciproque ? C'est une autre question. En y pensant bien, il y a tout de même un doute. Il pousse la jeune fille à baisser la tête et fixer le sol pendant un court instant. Réfléchissant, son esprit finit par se vider et il ne reste plus que cette incertitude. Elle sait qu'elle est aimée, cependant elle ne se sent pas aimée. Une impression qui ne s'évapore pas avec le temps et qui empira si elle n'est pas remise en question. Pour le moment, tout ce qui importe est s'adapter. Se faire aimer sera pour plus tard.

Remarquant que la professeur attend peut-être une réponse, elle se ressaisit et sa crise de nerf est presque oubliée. Il faut se calmer, reprendre autant d'assurance qu'elle en avait hier. Fuyuko se redresse et balance ses cheveux vers l'arrière sans prétention, pour finir elle attrape son poignet gauche de sa main droite et laisse ses bras pendre. Son attitude fière est rangée quelque part en dehors de la pièce, son allure est maintenant plus paisible. Étonnant que l'enseignante ait réussi à l'adoucir avec si peu de mot.

"Ça ne me dérangerait pas. De rester ici pendant le week-end."

Elle masque son contentement uniquement dans ses mots. Son expression faciale reste timide. Embarrassée de s'être énervé, elle qui rêve de la perfection ne peut pas se mettre en colère si facilement. Après l'orage, même s'il n'a pas forcément paru comme un cataclysme à l'extérieur, il y a l'exténuation. Éventuellement, ce n'est pas la fatigue qui domine. La paresse de continuer une conversation embarrassante se confond avec l'envie de parler, le bonheur instantané après une confession.

"Vous allez l'appeler ?" Fuyuko marque une pause. "Ma mère. À vous, elle répondra."

Ce n'est pas vraiment une question, mais une lueur d'espoir.
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMar 30 Sep 2014 - 6:19

Petite peste bornée se transformait doucement en gracile adorable jeune fille, timide et dans l'attente d'une aide de sa très chère professeur. Judikaël ne savait si elle devait être attendrie, appeurée ou méfiante d'une telle transformation. En tout cas, il était désormais certain que le sujet de sa famille préoccupait grandement la jeune Ueno. Ou Fuyuko comme elle devrait être tenue de l'appeler.

À détailler les traits de son visage, elle ne lui trouvait pas tellement de charme. La jeune femme n'avait pas vraiment de problème avec les visages typés asiatique comme le sien, elle était juste… Banal ? C'est peut-être le mot juste. Cheveux longs comme quasiment toutes les élèves du lycée, petit ruban rouge tout kawaïï qui lui semblait complètement inapproprié au vu du caractère de la gamine, ni trop grande ni trop petite, jolie, mais pas grand-chose de plus. Quand à sa silhouette il était difficile de la deviner derrière l'uniforme d'hiver tout neuf.
Lola l'avait, ce petit truc, ces étincelles dans le regard, ce sourire mystique qui ne laisse jamais savoir si l'on est le bourreau ou la victime. Mais il était bien loin ce temps où elle pouvait la contempler, et il fallait sérieusement qu'elle arrête d'y penser.

« Oui, je te l'ai déjà dis, j’appellerais ta mère. Si ça ne te dérange pas je vais le faire tout de suite, assied-toi là. Je peux l'appeler depuis ton téléphone ou il vaudrait mieux utiliser un téléphone fixe ? »

Descendre les escaliers jusqu'à la vie scolaire ne pouvait bien sûr pas causer de soucis à une enseignante ayant de toute façon terminée sa journée, mais peut-être Ueno avait prévue une sortie au karaoké, ou que sais-je encore, ces choses que font les jeunes filles le soir dans les mangas.

Aurait-elle aimée être à sa place, Judikaël ? Seize, dix-sept ans, belle, populaire, dans un bon lycée où elle peut s'amuser sans se soucier de quoi que ce soit. Une idéologie idyllique probablement recherchée par beaucoup, ou alors aucun, préférant toujours plus, fidèle à l'ambition adolescente. Dehors, les feuilles tombaient toujours, en continu, déversant en des centaines de larmes craquantes les couleurs ocres de la saison naissante, et sans aucun bruit, ni sanglot ni cri, continuaient ainsi jusqu'à la saison nouvelle. L'automne ne s'arrête jamais, l'automne meurt et pleure à chaque instant, et plonge ses spectateurs dans une insoupçonnée mélancolie, imposante et souveraine, source d'inspiration ou de déraison, le flottement perpétuel et éphémère de l'automne naissant et trop vite commencer.

Ueno ne devait bien sûr pas être la seule gamine de la terre à avoir le regards d'automne. Le printemps, l'été, et toutes les saisons se jouaient en perpétuel dans les yeux des enfants et des grands enfants, ayant chacune leur nuance de couleurs, leurs pluies et leurs soleils. Simple battement de cil pour le faire disparaître, ou mal être profond et incertain, tous n'ont pas la même vision, et jamais elle ne reste. La vision toujours change, les regards change de couleur et une nouvelle saison reprend son cours. Mais dans les yeux de Ueno, Judikaël pouvait lire cet automne, profond et certain, perpétuel et permanent, qui s'inscrit dans sa vie et dans tout son être, inspirant le moindre de ses gestes. Le souffle au corps, le craquement des feuilles de son être et les larmes ocres, elle devait les connaître, et les expirer à chacun de ses souffles, sans aucun bruit ni sanglot ni cri.

« Ueno, si ça ne va pas, je me doute bien que c'est pas vers ton enseignante que tu iras te confier. Mais si tu en parles, même ne serait-ce qu'avec tes amies, ou mieux, un adulte de confiance, les nœuds se défont très facilement. Ainsi, tu peux voir la réponse à tes questions de manière plus limpide, ils peuvent t'aider, et après tu te diras que finalement, ce n'était pas si difficile. Tu devrais y penser. »

Elle hésita un instant avant de lui demander :

« Hmm, et sinon, quelle est ta saison préférée ? »
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptySam 4 Oct 2014 - 17:33

"Oui, je te l'ai déjà dis, j’appellerais ta mère. Si ça ne te dérange pas je vais le faire tout de suite, assied-toi là. Je peux l'appeler depuis ton téléphone ou il vaudrait mieux utiliser un téléphone fixe ?"

A ces mots, Fuyuko va tranquillement prendre une chaise du premier rang et la ramène plus près. Elle pose son sac sur une des tables vides et cherche dedans son portable. Elle le sort, il n'est même pas éteint, ce n'est pas comme s'il allait sonner en plein cours. Elle vérifie rapidement : 'vous avez zéro nouveaux messages'. Vraiment aucun. Elle se retourne, dépitée, et donne le téléphone à sa professeur.

"Tenez. Je n'ai pas tout mon temps alors si elle ne répond pas, ne perdez pas le vôtre."

C'est faux, elle a en fait tout son temps. Rien ni personne ne l'attend. Si on ne l'avait pas retenue en fin d'heure, elle serait revenue au dortoir, aurait abandonné ses devoirs à moitié faits et elle se serait couchée. Quelques messages par ci par là avant d'aller au lit, mais Fuyuko n'a pas d'ami avec qui traîner en dehors de Tokyo. Sa vie était et est toujours là-bas. Ça ne fait que quelques semaines qu'elle est arrivée et elle a réussi à se battre verbalement avec la plupart des personnes qu'elle a rencontrées. Keimoo ne lui plaira jamais.

Une réflexion qui semblait préparé pour la leçon de moral qui suit.

"Ueno, si ça ne va pas, je me doute bien que c'est pas vers ton enseignante que tu iras te confier. Mais si tu en parles, même ne serait-ce qu'avec tes amies, ou mieux, un adulte de confiance, les nœuds se défont très facilement. Ainsi, tu peux voir la réponse à tes questions de manière plus limpide, ils peuvent t'aider, et après tu te diras que finalement, ce n'était pas si difficile. Tu devrais y penser."

C'est déjà assez embarrassant de parler de ses problèmes familiaux en face d'une étrangère, d'une inconnue comme Mlle Coda alors devant ses amies ? Son ego ne s'en remettrait pas. Surtout qu'elles ne sont pas le genre d'ami à parler de leur problème, en tout cas, pas les problèmes graves et sérieux. Fuyuko se rappelle leurs conversations, elles n'avaient rien de très profond : 'Tu imagines ? J'ai demandé un café noir et on m'a servi un chocolat chaud ! J'ai l'air de quoi pour ses serveuses ?', à quoi une autre lui coupait la parole : 'Carrément, c'est comme ce gars dans ma classe ! Tu sais, celui avec les cheveux décoiffés en permanence : il est si idiot que même un âne ne lui parlerait pas.' A se demander si elles s'écoutaient les unes les autres. Leurs discussions n'avaient ni queue ni tête, chacune racontait sa vie, exagérait pour impressionner tout le monde et puis se taisait dès qu'une autre avait vécu une meilleure aventure qu'elle.

Même loin d'elles, Fuyuko continue désespérément de mentir juste pour garder les apparences : "Tout va bien, mais vous avez raison. Si, supposons, ça ne va pas, ce n'est pas vers vous que j'irai."

Assise les jambes et les bras croisées, elle regarde la professeur téléphoner en silence. Ses yeux portent une courte attention à l'horloge : tous ses camarades de quatrième année doivent déjà être sur leur chemin vers les dortoirs, pour ceux comme elle qui ne s’intéresse pas aux clubs. Parmi eux, personne ne doit s’inquiéter pour elle ; personne ne doit se demander pourquoi est-ce que l'enseignante l'a rappelé en fin de cours; personne ne doit être dehors à l'attendre. C'est ce qu'il lui manque. Pas une amie ou un ami, il lui faut un chien. Un toutou fidèle pour lui porter compagnie et lui porter son sac quand elle a mal aux bras.

"Hmm, et sinon, quelle est ta saison préférée ?" demande la jeune femme interrompant l'idée géniale que Fuyuko vient d'avoir.

"J'aime le printemps. J'aime les cerisiers. Il y a les vacances, donc pas de cours. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid." répond-elle sans y porter plus d'attention. Pour paraître intéressée, elle rajoute : "Et vous, l'hiver je suppose."

Pour se soucier autant pour une élève, Mlle Coda ne doit pas avoir beaucoup d'occupations en dehors du lycée. Elle doit être loin de passer de mademoiselle à madame. Fuyuko l'imagine seule et déprimée, sans ami, juste des dizaines d'élèves. Un genre de bourreau de travail. Elle aurait aussi besoin d'un chien.
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMar 7 Oct 2014 - 6:55

Aussitôt la prof lui tendait les bras que l'élève saisissait une main avant de se débattre pour s'en défaire. Triste destinée du professeur sans patrie et sans amis, contraints de se laisser aller aux humeurs d'une malheureuse gamine peut-être aussi sans patrie. Avec l'école et les bras de ses professeurs comme seul refuge. Pourquoi choisir de dormir dehors quand on a un toit ? Judikaël soupira, laissant la jeune fille à ses humeurs.
Lentement elle saisit le portable. Non pas qu'elle n'avait pas la force de le saisir, elle n'en était tout de même pas à ce point, mais qu'elle voulait éviter de découvrir ses poignets dans un mouvement trop brusque, de peur de laisser apparaître son ossature saillante, qu'elle ne remarquait plus qu'à demi, la cachant aux autres et se la cachant à soi-même. Lentement donc, elle saisit l'appareil en se demandant comment l'hypothétique mère de Ueno pourrait mieux répondre à l'appel d'une professeur alors que le numéro affiché sur le combiné devait bien sûr être le même.

Sans plus s'en soucier, elle tapa le numéro que Ueno lui indiqua, et attendit, fébrile, que la voix de cette femme lui réponde. Elle n'en avait pas tellement d'espoir, et ne tremblait pas, restait parfaitement calme et sereine comme à son habitude. Écoutant davantage la jeune fille cachant lamentablement sa douloureuse expérience de vie tout en précisant que jamais elle ne se dirigerait vers les bras tendus du corps enseignant. Ueno dont les yeux se rallumaient à demi, alors que le soleil baissait toujours. Regard d'automne à regard de printemps ? Judikaël était trop occupée pour s'en préoccuper. Elle répondit simplement à l'affirmation de l'adolescente :

« Tourne toi vers qui tu veux, ce ne sont pas mes affaires, mais ne serait-ce que pour toi, arrête de dire que tout va bien s'il-te plaît. »

Le bip se prolongeait, toujours plus long, se faisait attendre. Dut dut dut dut dut dut… Bien sûr qu'elle n'allait pas répondre, cette femme, pourquoi le ferait-elle ? Ueno regardait l'horloge, ça faisait bien 10 minutes que son professeur la retenait après tout, quoi de plus normal que de vouloir se dégourdir les jambes après une journée de cours. Judikaël ne l'aurait pas supportée, pour le peu qu'elle se rappelle de ses solitaires années lycée, bien qu'elle n'en laissait rien paraître et sortait discrètement de classe, se ruait souvent au premier parc, à la bibliothèque ou simplement se balader dans la rue pour évacuer une longue journée de cours morne et ennuyeux, y préférant la contemplation des gens. Ses lieux préférés avaient toujours été les transports en commun. Plus ils sont longs plus ça l'inspire. Endroit privilégié accueillant tout type de personnes, de tous âges, de tous milieux sociaux, accompagnés ou non, et leur offrant une intimité l'espace de quelques heures. Pendant ces quelques instants, Judikaël se plaisait à observer le père de famille, qui angoisse à propos de ses turbulents enfants, la jeune étudiante rentrant du travail et espérant retrouver bien vite son foyer et son petit ami aux bras acceuillants, le groupe d'amis rieurs partant en vacances, l'homme mystérieux et solitaire qui regarde les rails avec une admiration proche de la religion. Et l'espace de quelques instants, la jeune femme se sent dans leurs vie. C'est comme si elle pouvait s'infiltrer dans les maisons de tous le monde et les observer, chacun à leur tour.
Là, à voir Ueno gigoter sur sa chaise, Judikaël n'a qu'une envie, c'est de prendre un train et de partir en week-end là où ses pas la mènerait. Mais elle n'a plus le temps à ça, elle n'est plus une insouciante élève comme avait la chance de l'être la jeune fille face à elle, et elle n'a plus le courage, la force ou l'audace de prendre de telles initiatives. La vie adulte, la morosité constante, l'ennui et le dédain, voilà ce à quoi elle devait s'attendre, un automne constant.

Alors qu'elle pensait que sa question était tombée à l'eau, Ueno répondit d'un air légèrement mystérieux :
"J'aime le printemps. J'aime les cerisiers. Il y a les vacances, donc pas de cours. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Et vous, l'hiver je suppose."

Quelle réponse banale. Déception de l'enseignante. L'hiver ? Oh que non, le froid n'avait jamais été son fort. Est-ce qu'elle paraissait si glaciale à ses yeux ?
Soudain, la personne à l'autre bout du fil décrocha, le bip s'arrêta, et le classique « Moshi moshi ? » résonna dans le haut parleur du téléphone activé. Ravalant sa salive, Judikaël commença.
« Bonjour Madame, je suis le professeur de langue étrangère de Ueno. Nous allons au théâtre avec la classe et vraisemblablement vous n'êtes pas en mesure de me donner une autorisation pour elle. Sachez que si la situation perdure, vous avez la possibilité de mettre votre fille à la charge du lycée, ainsi elle signera elle-même ses autorisations et restera le week-end au pensionnat, ça ne vous coûtera pas beaucoup plus cher. »

[Je te laisse faire la réponse de la mère en fonction]
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyDim 12 Oct 2014 - 15:18

Avant que la professeur puisse répondre à l'affirmation de Fuyuko, elle se détourne de la conversation et s'adresse au téléphone. Sa mère aurait répondu alors. Les yeux écarquillées pendant un petit instant, elle reprend son souffle et écoute même si elle ne perçoit que quelques broutilles. De l'autre côté de la ligne, on entend une musique électronique forte et dynamique entourée de paroles, murmures et cris.

"Bonjour Madame, je suis le professeur de langue étrangère de Ueno. Nous allons au théâtre avec la classe et vraisemblablement vous n'êtes pas en mesure de me donner une autorisation pour elle. Sachez que si la situation perdure, vous avez la possibilité de mettre votre fille à la charge du lycée, ainsi elle signera elle-même ses autorisations et restera le week-end au pensionnat, ça ne vous coûtera pas beaucoup plus cher."

"Qui ? Fuyuko ? Tant mieux, ça lui fera le plus grand bien !"
, répond la mère de Fuyuko avant de  couvrir le microphone et murmurer : "Je l'aurai plus dans mes pattes comme ça". Puis elle reprend : "Faites donc. Merci de vous occuper d'elle, je compte sur vous per-son-nel-le-ment ! ", un dernier mot qu'elle prononce en insistant et avec un enthousiasme trop grand pour être naturel.

De son côté, la jeune lycéenne se réjouit silencieusement qu'elle ait répondu. Pleine d'espoir, elle se demande si elle l'avait rappelée juste une fois de plus, peut-être qu'elle aurait pu lui parler et entendre sa voix. Naïvement, elle aurait accepté n'importe quelle excuse, pour ne pas avoir décroché, que sa mère lui aurait donné. De façon contradictoire, elle attend plus d'affection de sa famille, cependant sa journée est illuminée par le minimum d'attention.

"Je suis un peu occupée, voyez-vous... Je travaille beaucoup." continue-t-elle en prétendant parler à une 'collègue'. "S'il y a le moindre problème, appelez mon mari. Okay ? Super, bye bye !" Elle raccroche avant d'attendre une réponse.

A-t-elle refusé ? A-t-elle  accepté ? Est-ce, au moins, bien elle qui a répondu et pas la messagerie ? Autant de questions que se pose Fuyuko. Ça lui paraît quand même court comme conversation, elle sent le besoin de s'excuser. Elle a souvent eu à s'excuser auprès des enseignants, pour leur retard ou leur absence. Mais jamais elle n'a vraiment prononcé le verbe s'excuser devant eux.

"On ne peut pas lui parler trop longtemps sans qu'elle se mette à s'ennuyer. Appelez cela un attribut familial." dit-elle avec un sourire ironique.

Elle regarde la feuille d'autorisation sur laquelle sa 'parfaite contrefaçon' est marquée. Est-ce qu'il y aura plus de paperasse à signer après ça ou elle n'assistera tout simplement pas à la sortie ? Un mystère dont Fuyuko attend la solution impatiemment. Ses doigts commencent à se croiser, s'entrecroiser, elle tente de résister à l'impulsion de manger ses ongles. Surtout avec cette couche de vernie bleu par-dessus, ce serait dégouttant. Elle selle ses mains entre elles avec force pour arrêter de les bouger, se demandant si elle peut s'embarrasser plus que ce qu'elle a déjà fait.

"Alors ? Qu'est ce qu'elle a dit ?"

Elle lève les yeux à sa professeur, un éclat d'espoir avec une once de ténèbres. Et si elle avait refusé ? Serait-ce une bonne chose ? Oui, ça serait. En même temps, non. Cela signifierait qu'elle veut toujours être responsable de sa fille et qu'elle lui manque tellement que ne pas la voir le week-end la tuerait. La jeune fille s'imagine chacun des scénarios sans vraiment savoir lequel est le meilleur.
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMer 15 Oct 2014 - 7:18

La réaction de la mère d'Ueno n'avait pas grand-chose d'étonnant. Du moins, elle n'étonnait pas Judikaël, mais bien sûr elle n'était pas normal. Elle soupira bruyamment. Pourquoi autant d'inconscients font des gosses ? Enfin, sans eux on aurait sûrement dû se passer de beaucoup d'artistes. Cette disability facile et "nécessaire" à chacun pour… avancer ? Cette petite chose qui nous rapproche un petit peu du grand malheur humain nécessaire à quelque chose comme l'inspiration. La jeune femme ne se revendiquait pas comme artiste, et d'ailleurs elle ne se retrouvait qu'à moitié dans cette notion de disability dont elle ne trouvait plus la traduction française ou japonaise.

Qui sait, Ueno deviendra peut-être une grande artiste. Ou scientifique. En fait, Judikaël s'en fout complétement, là maintenant elle veut rentrer. La jeune fille a finie de l'intriguer.

"On ne peut pas lui parler trop longtemps sans qu'elle se mette à s'ennuyer. Appelez cela un attribut familial."

Si tu veut Ueno, là c'est vous qui m'ennuyez.

« Je vois ça. »

Judikaël rendit son portable à Ueno, et elle savait qu'elle ne pouvait garder le bras tendu bien longtemps dans cette position, alors au bout d'un petit instant elle le posa simplement sur le bureau avant que son élève ait eu le temps de le récupérer directement. Abandonnant sa position debout, reposant son poids tout entier sur ses maigres bras, elle s'affala simplement sur sa chaise sans plus de considération à sa position d'adulte influent. La gamine semblait attendre une réaction de sa part, un grand sourire sur les lèvres. Elle allait abandonner sa mère et s'enfermer dans sa petite vie de princesse à l'internat, et la jeune prof ne savait trop quoi en penser. C'était quoi le problème chez elle ? On ne faisait pas attention à elle, d'accord. Elle devait sûrement se faire à manger seule, par exemple. Bah oui, comme elle a ses seize ans, en accord avec son père qui travaillait tard, rien de bien extraordinaire. À priori, ce qui manquait à cette gosse c'était un peu d'amour. Et les amis ? Un petit ami peut-être ? Personne n'était là pour elle ?

La jeune femme savait bien que les relations amoureuses étaient interdites dans l'établissement, ce qui serait d'ailleurs un véritable scandale en occident, mais franchement ? Qui étais dupe ? L'exemple ordinaire évoqué par Zakuro lors de sa visite de l'établissement était bien une preuve que les élèves avaient leurs petits subterfuges. Ueno était franchement pas laide, elle devait bien avoir quelques prétendants. Sans parler de fille facile, dans la tête de Judikaël qui avait connue le lycée Marie-Curie dans les quartiers légèrement chauds de la capitale française, toutes les jeunes filles de cet âge devaient avoir comme principale occupation le flirt. Du moins c'était le cas de Lola. Pas tellement celui de ses copines. Une seconde… Ah non, y avait que Lola qui faisait ça. Judikaël relâcha un petit rire face à sa propre incompréhension des adolescents.


"Alors ? Qu'est ce qu'elle a dit ?"

Elle s'étonna un instant que la jeune fille soit encore là et stoppa son rire instantanément, la regardant avec de grands yeux étonnés :
« Ta mère ? Ah, oui. Elle est ok, va voir ça avec l'administration, tiens. »

Elle griffona un petit mot à l'intention de l'équipe administrative sur un bout de papier expliquant la situation. Après une grande hésitation sur la calligraphie du caractère « maman chérie », elle déchira le papier pour le rédiger en anglais, avant de le tendre à son élève.

« Voilà, tu peux disposer. »

Et avant même d'attendre sa réponse, Judikaël ramassait déjà son sac au sol pour y ranger son carnet vert et quelques babioles qui traînaient sur son bureau comme un petit sablier qu'elle aimait disposer là où elle s'arrêtait en période d'automne.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMar 21 Oct 2014 - 17:47

"Je vois ça."

Elle pose sur la table le portable et Fuyuko le ramasse instantanément. Elle se lève de sa chaise et le range dans son sac sans l'éteindre. Au cas où. Soudain la maigre femme se met à rire et s'arrête après que la lycéenne ait fini de poser sa question.

"Ta mère ? Ah, oui. Elle est ok, va voir ça avec l'administration, tiens."

Elle prend ensuite un papier écrit quelques mots. Fuyuko n'arrive pas à lire de cette distance là, cependant elle reconnaît la langue. Après un moment elle le déchire et en réécrit un. Cette fois-ci le papier est en anglais. Elle tend à la jeune fille qui le prend sans broncher. Elle tente de le lire, mais elle ne comprend que quelques mots. Ça devrait faire l'affaire, l'administration doit bien savoir parler anglais. En tout cas, mieux que l'étudiante.

Déçue, Fuyuko se sent un peu abandonnée. Là voilà coincée ici du matin au soir, tous les week-ends, avec l'exception des vacances, pour au minimum un an. Oui, c'est vrai ; il y a les vacances, elle pourra les retrouver pour Noël. Ça, ça ne changera pas : la famille Ueno va se réunir tous ensemble pour la seule fois de l'année. Mais le reste va changer. Il va falloir qu'elle s'habitue à Keimoo et pas seulement l'académie. La ville, les environs, etc. Il faut qu'elle se renseigne sur les endroits à traîner, il ne doit pas y en avoir beaucoup.

Elle met son sac à son bras. Tandis qu'elle se dirige vers la porte, Fuyuko se retourne et regarde l'enseignante. C'est elle qui est responsable d'elle maintenant ? Franchement, qu'est-ce qu'elle doit être seule pour se préoccuper d'une élève. Ou bien est-ce que l'école en général est censée s'occuper d'elle. Mieux vaut que ce soit l'académie, dépendre de quelqu'un est déjà assez humiliant alors dépendre d'un professeur... En guise de remerciement pour la leçon de morale, elle lui jette à travers l'espace qui les sépare :

"Vous êtes bizarre, mademoiselle.", elle marque une pause, prenant le temps d'être sûr de ce qu'elle va dire et elle ajoute : "J'ai dit que vous étiez l'hiver parce que vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas et vous pensez que les choses vont mal. Je me demandais pourquoi vous ne pouvez pas me laisser tranquille et être un petit peu optimiste. Mais vous êtes vraiment bizarre, les élèves ne sont-ils pas censés être de simples noms sur des copies ? Il n'y a aucun intérêt à en savoir plus. On ne sera pas l'an prochain, pas tous. Pourquoi vous vous souciez d'une fausse signature ?"

Fuyuko s'est toujours demandé pourquoi des personnes saines d'esprit avaient choisi la voie de l'éducation. Elle n'a pas trouvé meilleur moment pour le demander. Sa curiosité est revenue ou peut-être est-ce juste qu'elle n'a pas envie de rentrer aux dortoirs seule. Éloignée pour de bon de tous ceux qu'elle aime. Ces quelques minutes de compagnie suffisent, mais elle retarde son départ au maximum. Si elle ne veut pas discuter, Mlle Coda n'aura qu'à l'envoyer balader comme n'importe quel professeur normal. Alors, elle prouverait qu'elle est bien l'hiver.
Revenir en haut Aller en bas
Joshua Coda
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
♥ Professeur d'Anglais et Français {Lycée}
Joshua Coda


Genre : Masculin Gémeaux Chat Age : 36
Adresse : Chez Kami Otagame
Compteur 159

KMO
                                   :

Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyVen 24 Oct 2014 - 22:09

Alors qu'elle était prête à sortir elle aussi, Judikaël capta un regard pesant qui s'était posé sur elle. Celui de Ueno, paraissant déçue et abattue. N'avait-elle pas eu ce qu'elle voulait ? Elle n'avait pas l'air de se soucier de ne plus voir ses parents, et ça avait l'air réciproque. Est-ce qu'il y avait autre chose ? La jeune femme soupira. Si il y avait quelque chose, elle ne pourrait de toute façon rien faire pour une gamine qui ne voulait en aucun cas l'écouter.

Elle se retournait enfin, se dirigeait vers la porte, et l'adulte la regardait partir, mettre un pied devant l'autre, marchant à la manière de toute les adolescentes de son âge. Ses cheveux se balançait à chacun de ses pas et Judikaël les observaient onduler de droite à gauche. Comme un "mais" qui se fait sentir à la fin d'une phrase, Ueno se retourna, et ça lui semblait évident, à sa professeure, qu'elle allait se retourner et dire quelque chose. Elle voulait avoir le dernier mot, Lola. Levant légèrement les yeux et lançant son regard dédaigneux à la jeune femme, elle déclara :

« Vous êtes bizarre, mademoiselle. »

N'est-ce pas toi qui est bizarre ? Oh Lola, indécise gamine, n'avait-tu rien d'autre à faire que de toujours me tourmenter ? Ce regard n'était pas le regard de défi de la fille chocolat qui la poursuivait jusque dans ses rêves, mais le regard d'automne, brun, fier, qui s'illuminait. Derrière elle, comme dans une vision féerique, par le carreau de la porte, un rayon de soleil la percuta dans le dos. Un nuage qui s'était effacé, juste pour mettre en valeur ses yeux, aussi bruns que ceux de Lola. Juste une fraction d'instant, une poussière de temps, prise dans la nostalgie automnale, Judikaël revit derrière elle le lycée Marie-Curie, tout en hauteur qui surplombait le quartier tout entier, la cour en dessous, les cheveux qui volent sans vent, la fine ligne de mascara, ce regard, la Lola et ses yeux profiteroles, Lola et sa peau lactée, Lola. Oh Lola.
Et l'instant d'après, le rayon de soleil s'effaçait à son tour, laissant aux nuages et à l'automne toute sa suprématie d'octobre. Sans dire un mot, Lola laissait place à la fier et insupportable Ueno. Insupportable mais si séduisante Lola.

« J'ai dit que vous étiez l'hiver parce que vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas et vous pensez que les choses vont mal. Je me demandais pourquoi vous ne pouvez pas me laisser tranquille et être un petit peu optimiste. Mais vous êtes vraiment bizarre, les élèves ne sont-ils pas censés être de simples noms sur des copies ? Il n'y a aucun intérêt à en savoir plus. On ne sera pas l'an prochain, pas tous. Pourquoi vous vous souciez d'une fausse signature ? »

Encore abasourdie de la vision qu'elle venait d'avoir, tout attendrie, les pensées de Judikaël dépassèrent ses mots.

« Et bien Ueno, en effet tu partira peut-être l'année prochaine, toi comme tant d'autres. Mais est-ce que pour autant tu te noieras dans l'oublie ? Penses bien qu'avec un simple regard, tu peux hanter la vie toute entière d'une personne. Parce que tu ressemble à l'automne, tu as un regard d'automne, et crois moi c'est comme un pouvoir magique. On oublie pas l'automne. On oublie l'hiver, la neige ne reste pas toujours, le printemps, l'été, c'est bien éphémère, et tout revient à l'automne. Quand les feuilles tombent, elles se mêlent au sol et deviennent la terre de demain. Alors oui, je dois être bizarre, mais tu es bien plus qu'un nom sur une copie, tu ne devrais pas l'oublier. Tu es importante Ueno, j'aimerais que tu t'en rende compte. Peut-être pas pour tes parents, mais même si tu ne le vois pas, il y a toujours quelqu'un, quelque part, qui pense à toi. »

Affichant un léger sourire sur son visage, la jeune femme sortit à pas lents et ferma la porte de la salle a clé derrière son élève. Le vent soufflait une brise légèrement humide comme les forêts françaises, tandis que le soleil commençait enfin à disparaître. Elle se tourna une dernière fois vers la jeune fille avec un rire gêné :

« Ahah, excuse moi pour tout ça. L'automne me rend sentimentale. Tu as raison, je suis peut-être de l'hiver. Passes une bonne soirée. »

Enfin, pensive, elle tourna les talons vers la sortie, sans savoir ce qu'allait faire l’intrigante jeune fille, si elle avait bien réagis, si elle n'avait pas l'air trop bizarre, si elle n'avait pas encore parlée de Lola sans le vouloir, et si elle n'allait pas avoir de regrets. Quel genre de regret ? Un instant, pendant cette vision, ce rayon de soleil qui était venu sublimer Ueno, la professeur avait eu une irrésistible envie d'embrasser la jeune fille, de la toucher, d'avoir avec elle, ne serait-ce que du bout du doigt, un minuscule contact physique. Goûter de nouveau au chocolat qui la faisait vivre, caresser ces cheveux noirs. Tant de désirs interdits qu'elle ne réalisait pas complètement, qu'elle maudirait quelques instants plus tard, ne souhaitant pas faire les mêmes bêtises qu'à Paris. Désirs qu'elle voulait enfuir dans l'hiver avec toute ses envie. Elle était professeur maintenant, et devait marcher vers sa sombre chambre d'hôtel sans le moindre minuscule regard en arrière, de peur de faire ressurgir ces envies interdites.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.revedemay.canalblog.com http://keimoo.forum-actif.net/t9710-judikael-coda-professeur-de-francais-anglais#220309 http://keimoo.forum-actif.net/t9722-melancholic-language-teacher
Invité
Invité
Anonymous



Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] EmptyMer 5 Nov 2014 - 16:26

La clé dans la porte, voilà qu'elles sont dans le couloir. Le passage habituellement rempli d'élèves est vide. Personne. Nulle part. Même pas dehors. Le temps n'a pas changé, la météo n'a pas bougé, mais ce n'est pas les nuages et les arbres qui préoccupent Fuyuko. Elle écoute la réaction à sa dernière tirade, elle absorbe chaque mot, chaque syllabe qui parvient à ses oreilles. Cependant, il faudra plus que de jolis mots et de l'espoir pour sauver son humeur.

Ça sonne comme un poème, pense-t-elle sans pourtant en faire la remarque. On oublie les autres saisons, mais on se souvient de l'automne ? Peut-être parce que c'est une saison nostalgique, elle nous rappelle de nous remémorer des souvenirs malheureux, des souvenirs heureux, des souvenirs aussi joyeux que douloureux. Elle fait ressortir les moments les plus plaisants et aggrave les épisodes les plus déprimants. Chaque année, on n'oublie pas l'automne. Mais on n'oublie pas non plus l'été, l'hiver ou le printemps.

Elle sourit, verrouille la salle et revient en face de Fuyuko. Encore accrochée aux paroles de Mlle Coda, elle attend la suite. Sans espérer une fin.

"Ahah, excuse moi pour tout ça. L'automne me rend sentimentale. Tu as raison, je suis peut-être de l'hiver. Passes une bonne soirée. "

Cette minute de générosité et de bonté ne suffira pas à calmer un début de solitude. Elle voudrait une peluche ou quelqu'un pour lui servir de peluche. Quelqu'un pour lui tenir compagnie, pour  lui parler, lui servir du thé de temps en temps, probablement quelqu'un qui ne l'oublierait pas après l'automne. Mais après tout, si la conversation est déjà épuisée qu'elles finissent par parler beau temps/mauvais temps... Il n'y a pas de raison de rallonger plus longtemps la discussion.

Alors que Fuyuko abandonne une quelconque tentative pour la retarder, elle la regarde continuer son chemin doucement. Enfin la jeune lycéenne lui répond gentiment, assez fort pour qu'elle l'entende malgré la distance qui augmente :

"Good evening, Miss."

C'est un aperçu de ses efforts pour la langue de Shakespeare. Il ne faut pas lui demander d'épeler son nom, elle arrive à peine à prononcer un 'bonne nuit' correctement. Demain, elle aura cours avec elle encore une fois. Demain, elle aura totalement caché sa solitude et retournera à son attitude condescendante. Demain, elle ne verra plus sa professeur de langue comme une personne idiote et repoussante collant des notes sur chaque front.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty
MessageSujet: Re: Regard d'automne [Ueno Fuyuko]   Regard d'automne [Ueno Fuyuko] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Regard d'automne [Ueno Fuyuko]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Regard perdu [pv]
» Regard d'océan, fenêtre sur une âme infinie...
» Kagami Ueno [ ♂ - Sportif/Racaille/Creepy ]
» Derrière une porte, il peut se cacher beaucoup de choses ( Ueno )

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
₪ Académie Keimoo ₪ :: Archives Rp's :: Rp's 2014-
Sauter vers: