Let's turn them all !!!

Sujet: Let's turn them all !!! Dim 25 Nov 2012 - 0:33

De retour dans la salle des fêtes, je n'y étais pas resté très longtemps. En effet, à peine avais-je eu le temps de me remplir un second verre de jus d'orange que l'électricité avait été plus ou moins coupée dans la salle. HEY ! Qui avait fait ça !? Comment allais-je faire pour boire mon jus dans ces conditions moi maintenant ? Il semblerait qu'ici, tout le monde s'en foutait. Quoi de plus normal en même temps. Alors que les gens commençaient enfin à se détendre et à se parler, puisqu'ils avaient dû tous croire que ce ne serait qu'une soirée costumée, voilà qu'ils se retrouvaient littéralement pris au piège. Ils ne bougeaient plus, ne parlaient plus et certains étaient limites en train de trembler en se demandant ce qui avait bien pu se passer. Encore heureux qu'ils ne sachent pas que des zombies traînaient parmi eux... J'avais bien fait de m'échauffer avec ces mains aux fesses tout à l'heure. De nos jours, il était difficile de trouver un emploi convenable. Or, ce soir, un tout nouvel emploi avait été créé : celui de zombie. Histoire de ne pas me faire virer, je me devais donc de m'entraîner et de faire des efforts pour rester opérationnel.

Andréa avait l'air de beaucoup s'amuser dans son rôle. Sur le coup, j'avais bien eu envie de l'applaudir et de le siffler pour lui montrer que son effet était parfaitement réussi, mais bon, ça aurait cassé tout son délire. Par la suite, l'atmosphère se détendit légèrement lorsqu'il prononça le mot ''jeu''. C'était encore mieux, le fait que certains Survivors sous-estiment la dangerosité de cette soirée était une aubaine pour nous les Zombies, car ils seraient bien plus faciles à transformer ensuite. Personnellement, je m'étais fixé pour objectif de contaminer le plus de gens possibles, et ce, peu importe les cibles que l'on m'attribuerait. J'étais un sportif après tout, la compétition était comme un réflexe chez moi. Et même si les autres n'étaient pas d'humeur à s'attaquer à tout le monde, je m'amuserais tout seul, ce n'était pas un problème.

Dans les secondes qui suivirent, je fus kidnappé par un truc plutôt imposant qui me tira par le bras vers la sortie. Sachant pertinemment que cela faisait partie du jeu, je me laissais faire et suivis l'individu que je ne reconnaissais pas sans discuter. Bientôt, je me retrouvai au sein du bâtiment abandonné avec plusieurs autres personnes : les gens choisis pour incarner les Zombies. Finalement, je découvris l'identité de celui ou celle qui m'avait traîné jusqu'au réfectoire, qui serait notre QG en quelque sorte. Ah ? C'était donc la grenouille. Mais qui se cachait à l'intérieur ? Zakura Fea, le kendo-ka. Autant dire que je fus incapable de m'arrêter de rire durant les cinq minutes qui suivirent !! C'était juste pas possible ! Comment avait-il pu osé se déguiser ainsi pour la Thriller Night celui-là ? C'était Halloween, pas le Carnaval !! Je ris tellement que je me retrouvais couché sur le sol à me tordre dans tous les sens tant son déguisement était hilarant !! C'était bien la première fois que je rigolais autant en me moquant de quelqu'un !! Lui par contre, ça ne devait pas forcément le faire rire mais bon. C'était plus fort que moi, je ne pouvais m'arrêter de rire après avoir vu sa tête à l'intérieur de la grenouille.

Alors que je me marrais, je sentis quelque chose sur mon visage, je m'arrêtai alors de rire et repris aussitôt mon sérieux, évitant soigneusement de regarder Zak pour ne pas criser de nouveau. En le prenant dans ma main je découvris alors le foulard de couleur que l'on m'avait attribué. Encore du bleu, décidément, cette couleur me suivait partout. Je me souvenais que lors de la chasse aux œufs, j'avais eu un brassard de cette couleur, et m'étais retrouvé à faire équipe avec Saki, qui était mon exact opposé d'un point de vue physique. Néanmoins, elle m'aurait sans doute été bien plus utile et pratique que la grenouille dans une soirée comme celle-ci. Son déguisement ne serait pas du tout un avantage pour lui : j'avais hâte de voir comment il se débrouillerait pour contaminer les autres avec des mains pareilles. Enfin bref, il était temps d'adopter le ''Zombie Style''. Des pots de peinture étaient à notre disposition dans le réfectoire. Pas trop le choix si on ne voulait pas risquer d'être à court de peinture en plein milieu du jeu. Néanmoins, il n'y en avait pas trop non plus. Le but n'était pas de repeindre le bâtiment. Posant alors la paume de ma main droite sur la peinture, je fis en sorte de bien doser la quantité pour pouvoir la retirer ensuite et ne pas risquer de m'infliger des dommages irréversibles. J'appliquai alors la paume peinturée sur mon visage afin de marquer celui-ci de mon empreinte de mort-vivant. Ainsi, il serait clair et net aux yeux de tous que j'étais un traqueur aujourd'hui.

« A ton tour Zak. Peinture-toi vite histoire qu'on puisse démarrer de suite. »

Je nouai alors le foulard bleu à mon bras à l'aide de ma main sans peinture et de mes dents. Ce foulard serait notre signe de reconnaissance dans le cas où l'on se séparerait. Il nous servirait à la fois à nous reconnaître – bien que j'aurais du mal à le confondre avec un autre – et à repérer nos cibles qui devaient porter les mêmes. Je me demandais franchement qui étaient les heureux élus. Des personnes amusantes et de bonne humeur j'espérais, car avec un jeu pareil, je n'avais pas envie de me retrouver face à des mauvais joueurs ou des maniaque de la propreté qui pleureraient ou m'attaqueraient à cause d'un peu de peinture sur eux ou leurs vêtements. Fin prêt pour l'aventure, je plongeais la totalité de main main droite dans le pot à peinture cette fois-ci. Le but était d'en avoir suffisamment pour marquer quelques personnes avant de devoir revenir ici pour refaire le plein. Hmm... En regardant mon déguisement, je me rendis subitement compte qu'il ne faisait pas très Halloween non plus, je m'amusais donc à lui donner un effet plus ''sanglant'' à l'aide la peinture rouge imbibant ma main. Le but était d'avoir vraiment l'air d'un zombie, soit d'un mort-vivant. Pour ce qui était du reste, la comédie suffirait pour donner l'impression d'en être vraiment un.

« Tu es prêt à contaminer un maximum de personnes ? Je te propose qu'on ne se casse pas la tête à chercher nos cibles, on tombera bien dessus tôt ou tard. Contaminons tous ceux qui auront le malheur de nous tomber dessus... - je marquai alors une pause pendant laquelle je réfléchis quelques secondes, puis je conclus – mais avant, ça te dérange si on passe aux toilettes ? »

J'aurais peut-être pas dû m'enfiler ces deux verres de jus d'orange finalement. Un zombie éprouvant le besoin de se vider, ça le faisait pas trop en plus...

Sujet: Re: Let's turn them all !!! Mer 30 Jan 2013 - 16:34

Suite directe du poste d'introduction.

Tandis qu’il sirotait tranquillement un café corsé, il sursauta lorsqu’on…lui pinça les fesses. Les yeux ronds il se tourna vers le coupable et se détendit en reconnaissant la voix du médecin scolaire. Il avait d’ailleurs fait le lien Ryoji/Vampire uniquement grâce à son timbre suave. Parce que le déguisement était plutôt saisissant. Petit sourire en coin terminant en rire et deux petits fours engloutis plus tard, il glissa sa main dans sa poche, en extirpa son appareil compact numérique tout en appuyant le bouton power éblouissant ainsi le collègue, sans même se donner la peine de cadrer. Le simple fait de l'emmerder l’amusait. Il parait que les suceurs de sang n’aiment pas trop la lumière forte… comme les Gremlins quoi.

- A la chasse ? Haha, Terrada, tu pourrais bien être surpris… Cependant, je te prierai de ne pas « toucher » aux élèves mineurs. Il ne faudrait pas qu’il t’arrive des bricoles…

Sur ces dernières paroles, il s’éloigna de son pseudo-homonyme en continuant à mitrailler ceux qui n’étaient pas encore entrés dans son cadre. Il semblerait que Kuchiki ait encore fait des ravages, le voilà qui s’amènent avec …

- Wow….

Saitô resta comme figé l’espace d’un instant. Ce soir, personne d'autre ne pouvait être aussi… « Wow » quoi. Toute de cuir vêtue, limite sous-vide tant ce costume lui collait au corps, le sportif était accompagnée d’une blonde sulfureuse, diablement sexy. Celle-là, il fallait limite lui décerner un Hot d’Or ! au sens figuré bien sûr. En tout cas, ce serait terriblement regrettable de ne pas en faire une petite capture. Discrètement, il s’approcha du couple et..oh là ! En plus elle était montée sur talons et ces deux ouvertures sous son arrière train, c’était juste… Limite un peu trop. Pas pour lui, mais quand même, avec tous ces ados en rut, elle n’avait pas froid aux yeux la gamine ! Arrivé juste derrière eux, il prépara son petit jouet, le temps de ressentir la fragrance délicate du parfum de la jolie demoiselle. Il passa juste devant eux cadra vite fait, et… FLASH !

- Bonsoir la jeunesse ! Dis-donc Kuchiki, tu t’es pas foulé côté costume, tu te crois dans le Parrain ?

Il détourna vite le regard du sportif pour voir plus en détail le minois de la bombe S. qui lui tenait compagnie, un petit sourire charmeur aux coins des lèvres. Il ne pouvait s’en empêcher, la demoiselle était tout simplement… canon. Cependant, il ressentit comme une impression de déjà-vu qui le mit mal à l’aise. Ne désirant pas être impoli, il s’inclina poliment en ajoutant un simple « Mademoiselle… » puis attrapa un cocktail vitaminé qui se tenait sur un plateau nomade et s’éloigna sans demander son reste. Il continuerait ses prises de vues hasardeuse mais le visage de l’inconnue aux dents faussement proéminentes le hantait malgré lui (enfin « malgré »…c’est vite dit).
Ryo regarda sa montre, un petit sourire aux lèvres. Et voilà ! Le coup d’envoi était lancé ! Dans quelques instants il recevrait… un foulard ! Et oui, il avait demandé plus tôt à Stormfield ce petit service ! En même temps, ça rendait service à tout le monde, il y avait un souci de chiffre… C’est pourquoi il était ravi d’avoir en quelque sorte cloué le bec au médecin scolaire. Ryosuke Saitô, membre du personnel, est un Survivor ! \o/ Alors évidemment, l’ambiance ne serait pas la même que sur une véritable zone de combat, mais pour une fois, il ne voulait pas être le chat. Ca ne serait pas vraiment équitable. Son entrainement militaire lui donnait une petite longueur d’avance et pour le peu qu’il se trouve avec quelqu’un de débrouillard, ça pourrait faire son petit effet. Alors évidemment, son but n’était pas de gagner les citrouilles et à un moment ou à un autre, il lui faudrait bien passer de l’autre côté du miroir, mais le plus tard serait le mieux.
Du mouvement près de lui, un murmure à l’oreille. Une voix douce : « Saitô-san, votre couleur », et en même temps, se glissa lentement dans sa main le carré de tissus. L’information était donc bien passée. Quelques instants plus tard, les lumières se rallumèrent. C’était un peu la cohue et le CPE n’avait pas envie de chercher. Et comme la blondinette vampirique lui martelait encore le crâne, il décida de jeter un œil au cliché récemment pris. Lorsqu’il tomba sur celui de Shiro et de l’inconnue – il aurait dû faire les présentations tiens, plutôt que de partir comme un voleur – tout d’abord il se senti fier de lui. Bien cadré, et même si les visages étaient loin d’être souriants, ils étaient conformes à l’ambiance. S’attardant sur le visage de la jeune fille qu’il trouvait vraiment, vraiment délicieuse, il sentit une pointe d’agacement alors qu’autour de lui à cet instant, tout était sans dessus-dessous. Avec les boutons de zoom de l’appareil, il agrandit la photo, centrant l’image sur la jeune fille, de plus en plus. Rien à faire, pas moyen de s’avoir à qui elle lui faisait penser. Il zooma encore, uniquement sur le visage, laissant la chevelure hors cadre. Et pour finaliser le tout, une petite retouche depuis les paramètres de l’appareil pour passer l’image en noir et blanc. Il se fit bousculer, manquant de faire tomber son bien. Quel gâchis ça ferait ! Il aperçut en même temps plus loin un jeune homme qui portait, tout comme lui un foulard de couleur verte. Il se dirigea vers lui, tout en jetant un dernier coup d’œil à l’écran de son appareil. Il s’arrêta d’un coup, presque la bouche bée. Il se revoit quelques temps en arrière, alors qu’elle était entrée en effraction dans l’académie, il l’avait alors « maitrisée ». D’ailleurs, ça n’avait pas eu l’air de lui déplaire. Ca ne pouvait pas être elle…. Il se pince l’arête du nez quelques instants, puis regarde à nouveau le visage de l’usurpatrice. Réinitialisation de l’image. Et ce parfum…

- Et merde, Donovan. Qu’est-ce qu’elle fout là ? Et qu’est-ce qui a pris à Kuchiki de l’amener ?

Tout de suite, c’était moins drôle. Alors soit, il n’était pas le chat. Mais il ne serait pas non plus la souris. A la place, il serait le chien, plus haut que le félin dans la chaine alimentaire. Taylor Donovan allait en prendre pour son grade. Ryosuke était déçu. Il pensait vraiment que tout être avait un bon fond quelque part, qu’on ne pouvait pas être aussi mauvais. Mais Si Taylor était un Zombie – logique pour une ancienne étudiante, renvoyée pour violence aggravée sur un élève, donc civile – elle risquerait d’en profiter un peu trop. Il lui fallait la trouver. Et vite.

Comme si deux vampires ne suffisaient pas, il fallait que son binôme en soit un également ! Décidément, c’était un peu trop pointu pour lui. Qu’à cela ne tienne, il n’avait pas le choix que de l’emmener avec lui. Mais surtout, rester naturel. Ce qui n’était pas un problème en soi. Pour le moment, il retira un écouteur de l’oreille du jeune lycéen et enchaina.

- Allez Lestat, il est temps de se bouger.

Il lui montre le foulard, sans s’attarder sur le pourquoi il était lui-même un Survivor alors qu’il était censé entrer dans le moule « Mort-vivant », en tant que membre du personnel.

- Je ne sais pas pour toi, mais je me fiche pas mal des citrouilles. Mais je ne suis pas contre l’idée de cette chasse à l’homme. Si tu veux gagner, on va faire vite, sinon je te propose une petite exploration des lieux inédits, qu’est-ce t’en pense ?

Ce n’était pas vraiment inédit pour lui puisqu’il connaissait chaque recoin de l’académie, mais il n’a pas jugé utile de le préciser. Il espèrait juste qu’il n’aura pas à utiliser son pistolet à peinture sur la séduisante Américaine… Pensée délétère qu’il chassa aussi vite qu’elle était venue.

Spoiler:

Malgré les efforts du surveillant pour instaurer une ambiance sympathique – auprès d’un gothique quasi-muet, autant dire qu’il n’y avait que peu d’espoir – et ruminant intérieurement contre l’ex-racaille, Saitô ne s’est pas rendu compte qu’il avait tout bonnement… semé son binôme. Peut-être que ce dernier est tombé dans un traquenard. « Tant pis » s’est dit le CPE, sans le moindre regret pour une fois. Ce n’est pourtant pas son genre de délaisser un élève au profit d’une autre personne, mais merde, il a pour l’heure un problème plus grave à régler et Survivor ou pas, il doit la retrouver avant que ça ne tourne mal. A l’intérieur du bâtiment, après avoir fouillé plusieurs pièces, il franchit sans ménagement la double porte du réfectoire sans crainte. Un bordel sans nom à l'intérieur. Et là, deux élèves qu’il a aperçu plus tôt dans la salle des fêtes. Zakuro Fea et…

- Kuchiki !!! Viens un peu par ici, j’ai à te parler !

Le spectacle qui s’offre à un public invisible est loin d’être tout en finesse : un quasi-quadra taillé en V en tenue militaire qui fonce droit vers un gars du même acabit avec une empreinte de main sur la trogne. Sans attendre de réponse du boxeur, Saitô l’entraîne vers la sortie, sa large paluche appuyant d’une pression déterminée le dos de l’étudiant, témoignant ainsi du rapport de force non dissimulé. Pour autant, il n’est pas violent, loin de là. Juste un mélange de colère et de déception. Une grande première à Keimoo surtout pour un individu doté d’une patience à toute épreuve.

Sujet: Re: Let's turn them all !!! Mer 13 Mar 2013 - 15:22

Motivé à 200% pour cette soirée qui promettait d'être particulièrement amusante, je prenais mon rôle de Zombie très au sérieux. Et oui, j'avais vraiment hâte de traquer tous les Survivors présents dans le bâtiment, et pas uniquement mes cibles qui portaient certainement le même foulard bleu que moi. Le mien était bien noué à mon bras, de sorte qu'on puisse bien le voir. Néanmoins, avec mon costume noir et l'absence de lumière – pour l'ambiance sinistre – il serait difficile de distinguer le bleu du tissu. En gros, je partais avec un petit avantage dans le cas où je tomberais sur mes cibles. Et oui, celles-ci ne partiraient pas de suite en courant en me voyant sachant qu'ils ne sauront distinguer parfaitement la couleur de mon foulard avant d'être suffisamment près de moi. D'un autre côté, avec toute la peinture rouge sang que je venais d'étaler, en quelque sorte, sur mon déguisement ils n'auraient aucun mal à capter dans quel camp j'étais. C'était pas si grave que ça. Après tout, où était l'intérêt de cette soirée horreur si on ne faisait pas un minimum peur à nos futures victimes ? De plus, j'étais en parfaite condition physique, donc si course-poursuite il devait y avoir, je serais apte à courser ma proie jusqu'à ce que je lui transmette le virus, soit la peinture.

Faisant équipe avec Zak, déguisé en grenouille – je ne pouvais m'empêcher de rire chaque fois que je le voyais d'ailleurs – je lui fis part de mon plan, qui était tout simple. On s'attaquerait à tout le monde sans faire de distinction: hommes, femmes, enfants, animaux, plantes, etc... Pas de quartier ! Quiconque croiserait notre chemin serait immédiatement transformé !! A bas la discrimination Survivor-Zombie ! Vivent les zombies ! Un seul et même peuple uni par une même mission: la contamination totale ! Bon d'accord, je m'emportais peut-être un peu. Mais juste un peu. Petite pause pendant laquelle je me rendis compte de quelque chose de très important: fallait que je pisse. Aussi étrange que ça puisse paraître, j'étais un humain derrière ce rôle de zombie. Et comme tout humain normalement constitué, j'avais une vessie qui se remplissait chaque fois que je buvais quelque chose. Là, en l'occurrence, les jus d'orange avalés durant la soirée m'avaient joué un sale tour et exigeaient de moi une vidange. Rien de bien compliqué en somme... Le tout, c'était de trouver des toilettes maintenant. Normalement, il y en avait ici. Mais où ? Telle était la question. A chaque étage ? C'était possible. Ou plutôt, ce n'était pas impossible. On était dans le bâtiment abandonné en même temps.

Hmm... Que je me souvienne. Au 1er normalement. Voire sûrement. Cela ne me coûtait rien d'essayer après tout, et dans le pire des cas, devait bien y avoir une fenêtre ouverte quelque part. Y'avait pas à dire, être un mec offrait bien des avantages !! Quelle fille pourrait prétendre pouvoir pisser n'importe où ? A ma connaissance, aucune. Mais bon, si ça se trouvait, certaines en étaient capables. On était quoi ? 6 ? 7 milliards sur cette planète ? Y'en avait forcément une dans le lot qui pouvait faire de même: ce n'était en rien impossible ! Eeeeeeeeeeeeeeeeenfin bref. Ce n'était pas le moment de débattre sur un truc aussi stupide, j'avais des toilettes à trouver moi ! Malheureusement pour moi, il semblerait qu'un homme avait d'autres projets pour moi.
_ Qui ça ?
_ Bah lui !
_ Qui lui ?
_ Lui là !
_ Mais qui ça !?
_ Bah lui, tu vois pas le mec pas content en mode militaire là ?!
_ Celui qui vient juste d'entrer en défonçant la double porte ?
_ Bah tu vois quand tu veux...
_ Apparemment, il a une dent contre ce Kuchiki, tu le connais ?
_ Euh...je crois que c'est moi.
_ Ouf, pendant un instant, j'ai cru que c'était moi.
_ T'es c*n ou quoi !? S'il vient pour moi, il est aussi là pour toi !
_ Oh ! Je me disais aussi...

Vous l'aurez compris, je n'avais aucune idée de ce que Saitô me voulait. Je ne me souvenais pas avoir eu de problème avec le CPE récemment. Si ça se trouvait, il n'avait pas supporté ce que j'avais fait subir à mon déguisement avec toute cette peinture. Ou alors, il prenait son rôle trop au sérieux et jouait au militaire venu arrêté le mafieux... Franchement, j'espérais pour lui qu'il avait vraiment un truc à me reprocher parce que sinon, mon avis sur lui changerait au quart de tour. Je ne le connaissais pas trop et c'était mieux comme ça. On s'était pas souvent croisé, mais il y avait quelques mois de ça, il m'avait aidé – si on pouvait dire ça comme ça, bien qu'à la base c'était plutôt son boulot – à mettre fin à des perturbations, en quelque sorte, dans l'enceinte de l'établissement. Dans tous les cas, nos relations n'étaient ni bonnes ni mauvaises. On ne se parlait pas, mais on ne s'ignorait pas non plus: c'était plutôt une entente cordiale. En même temps, je n'étais pas le genre à faire ami-ami avec un surveillant, donc il ne fallait pas s'étonner si je lui répondais assez violemment. Il venait quand même de m'interrompre et de me kidnapper alors que je m'apprêtais tout juste à partir à la chasse ! C'était vraiment pas cool de sa part.

Me retrouvant alors en dehors du réfectoire, ce qui voulait dire dans le couloir, je me dégageai de la pression de sa main dans mon dos et me retournai vers lui en le regardant droit dans les yeux. Qu'est-ce qu'il me voulait sérieux ? Et voilà ! A cause de lui, j'étais en mode ''pas content'' et légèrement sur la défensive aussi. Ne sachant pas ce qu'il avait à me dire, mais sachant parfaitement qui j'avais amené à cette Thriller Night, j'avais une petite idée de son problème actuel avec moi. Histoire de ne pas me trahir dans le cas où il n'était pas venu pour elle (Taylor), je commençai à tapoter du pied pour lui montrer que j'étais pressé avant de lui dire:

« Je t'écoute. Il y a un problème ? »

Non, du tout, il m'avait enlevé pour rien bien sûr ! Non mais franchement. J'avais l'art et la manière de poser des questions stupides à des gens pas forcément très patients. Tant pis pour eux après tout. Son regard laissait supposer qu'il m'en voulait pour quelque chose, et c'était sûrement ce à quoi je pensais même si je préférais le laisser aborder le sujet en premier. Avec cette question, il ne lui restait plus que ça à faire de toutes les façons, on n'allait pas discuter dans le vent pendant 36 heures ! Me rappelant subitement qu'il fallait que j'aille pisser, je lui tournai le dos et commençai à marcher rapidement en direction des escaliers pour monter au 1er étage et chercher les toilettes !!

« Faut que j'aille pisser, c'est urgent ! Suis-moi si tu tiens à me parler ! »

En mon for intérieur, je priais pour qu'il ne tente pas de m'empêcher d'atteindre les toilettes. J'étais si pressé actuellement qu'il ne valait mieux pas se dresser entre moi et ma future vidange ! A lui de voir s'il me suivrait ou pas. Tant pis pour Zak, c'était dommage mais bon. Il pouvait largement continuer sans moi. A première vue, il semblerait que Saitô serait mon nouveau camarade zombie. A condition que je le contamine et qu'il soit d'humeur à jouer bien entendu. Qui sait s'il n'avait pas déjà une cible en tête...

La surprise - manifestée par un haussement de sourcils - passée face à la familiarité de Shiro à l'attention du CPE, Ryo s'est retenu d'envoyer une pichenette bien claquée sur le front du sportif. Il n'est pas habitué à ce qu'on le défie du regard, et encore moins qu'un élève le tutoie, mais en réalité, Saitô s'en fiche pas mal pour l'heure. Avant même d'avoir eu la possibilité de répondre au faux-mafieux, ce dernier enprunte des escaliers non loin de là. Amorçant un pas pour le suivre, il s'arrête soudaiement en apercevant une ombre bouger à quelques pas, sous la cage d'escalier. Un regard qu'il a eu rarement eu l'occasion de croiser, doux et profond à la fois. Celui d'un jeune homme de très bonne réputation d'après ses collègues. Un mouton en plein territoire ennemi, compte tenu de la proximité du repère des Zombies. Histoire de donner le change, il indique à Shiro qui arrivait au palier intermédiaire vers le premier étage le chemin vers les toilettes les plus proches, tout en guettant l'intérieur du réfectoire par la fenêtre de la porte.

- Prends le couloir sur ta droite, puis la troisième porte à gauche. Ce sont des toilettes dames, mais j'imagine que tu n'es plus à ça près, hein Kuchiki ?

Jugeant la voie libre, Ryosuke fait un signe de tête au jeune Katsuragi. Après une certaine hésitation, et sans toutefois le quitter une seule seconde des yeux, celui-ci sort hâtivement de sa cachette jusqu'à une pièce non loin. L'attention du creepy relâchée un bref instant, Saitô monte à son tour les quelques marches à pas feutrés. Mode chasse activé. Arrivé à l'étage, il aperçoit de loin Shiro suivre ses recommandations pour entrer dans les toilettes dames. A pas de loup, il accède à son tour sur les lieux constatant une fois de plus une exagération niveau décors, mais ça à la limite, il s'en fout. Espérant jouer sur l'effet de surprise, il attend debout face à la cabine que le boxeur a emprunté, les bras croisés. Un bruit peu rassurant ressort des canalisations suite à l'activation de la chasse, projetant de l'eau à haute pression sur ce pauvre Shiro. Petit sourire moqueur, Ryo ne peut s'empêcher une petite boutade.

- Besoin d'une serviette... hygiénique, Kuchiki ?

Malgré sa colère, Saitô n'a de toute évidence pas perdu son sens de l'humour. Mais le petit sourire disparait aussitôt. Très rapidement, il franchit les quelques mètres qui les séparent sans laisser le temps à Shiro de se laver les mains. L'attrapant à deux mains par le revers de sa veste, Ryo le plaque contre la paroi séparant la cabine de sa voisine. La fuite toujours folle, se déverse sur les deux hommes, inondant de plus en plus les lieux.

- Où est-elle et qu'est-ce qu'elle fout ici ? Tu pensais à quoi en l'invitant à la soirée, à la mettre dans ton pieu en récompense ? Tu sais aussi bien que moi qu'elle est dangereuse ! Tu l'as déjà vue à l'oeuvre !

C'est pourtant pas le genre de Saitô de faire preuve de la force. Enfin, si on peut appeler ça "de la force" lorsqu'on se retrouve face à Shiro Kuchiki. D'ailleurs, le CPE agit en parfaite connaissance de cause. Si le sportif use à son tour de la force pour se justifier, c'est qu'il a agi sans penser à mal. Si en revanche il se laisse ainsi manipuler sans (quasiment) réagir, alors Ryo estimera que l'étudiant avait une idée derrière la tête en laissant Taylor Donovan participer à l'event. Quoiqu'il en soit, Kuchiki ne s'en sortira pas sans sanction.

Spoiler:

Et oui, je l'avais bel et bien tutoyé ! C'était sa faute aussi, il m'avait cherché en m'empêchant plus ou moins de participer au jeu que j'avais passé des mois à organiser avec le Comité pour que tout se déroule sans anicroche. Et voilà que lui arrivait en trombe dans le réfectoire et m'emmenait avec lui - en usant de la force en plus - à l'extérieur pour je ne savais quelle raison. Bon d'accord, j'avais une petite idée de ce qu'il me voulait, mais c'était tout. Je n'avais ni l'intention d'aborder le sujet le premier, ni l'intention de balancer Taylor. Oui, c'était moi qui l'avait invitée. Pourquoi ? Cela me regardait. Ce n'était pas ses affaires. Après, s'il tenait absolument à la traquer, il se foutait dans la m*rde tout seul... Je la voyais mal se laisser faire. Et dans tous les cas, je la voyais mal massacrer de nouveau un élève. Je lui avais bien dit de ne pas me faire regretter de l'avoir invitée. Et bien que j'étais sympa avec elle, elle devait se douter qu'il valait mieux ne pas me décevoir... C'était pour son propre bien. Quant à Saitô, pour autant que je m'en souvenais, je l'avais toujours tutoyé. Je ne vouvoyais que les profs et autres adultes. Sachant que je ne le voyait que comme un surveillant, je ne voyais aucune raison de le vouvoyer. Ceux-ci étaient bien plus proches des élèves que ne l'étaient les profs: voilà pourquoi je lui parlais comme je parlais à un étudiant. Bah tiens, il était bien sympa tout à coup. Voilà qu'il m'indiquait le chemin le plus rapide pour trouver les toilettes. Avait-il oublié que j'étais membre du Comité ?

Forcément, si j'avais aidé à organiser toute cette soirée, je connaissais ce bâtiment comme ma poche maintenant ! Donc trouver les toilettes, c'était facile. L'avantage, c'était qu'il me donnait - en quelque sorte - l'autorisation de pisser chez les filles. Et je l'en remerciai, intérieurement. Grâce à lui, je pourrais soulager ma vessie plus tôt ! Une fois à l'intérieur, je ne perdis pas de temps et éclatai presque de rire au moment où ma vessie commença à se vider. Ah...Qu'est-ce que ça faisait du bien... Tirage de chasse et..Aaaaaaaaaaaaaaah !!! Mais qu'est-ce que c'était que ce délire !? Saleté de bâtiment ! J'étais trempé maintenant !

"Haha ! Très drôle ! Non merci, ça ira."

Lui répondis-je tout simplement en sortant. Comme tout mec qui se respectait, je m'essuyai avec mes manches et fis une drôle de tête en voyant Saitô qui m'attendait les bras croisés. Euh... C'était moi qui rêvait ou Monsieur essayait de m'intimider ? J'étais bien au courant qu'il n'avait rien d'un frêle surveillant incapable de se défendre, mais franchement, il devrait savoir que ce genre d'attitude ne marchait plus sur moi depuis des années. Cela faisait longtemps que je n'étais plus le petit Shiro que l'on pouvait intimider de cette façon. A force d'affronter sur le ring des types aussi costauds que moi, j'avais passé ce cap. Et avec les combats de rue que j'avais mené pendant un bon moment quelques années plus tôt, je m'étais frotté à un paquet d'armoires à glace bien mieux bâtis que lui ! Enfin, si ça pouvait lui faire plaisir, c'était lui qui voyait. L'instant d'après, je me retrouvai contre une paroi derrière moi et des mains s'agrippaient à ma veste. Bon, là il commençait franchement à me soûler. Et en plus, j'étais limite en train de me noyer à cause de lui et de la fuite au-dessus de nous !! Qu'est-ce que c'était que toutes ces questions !? C'était moi qui interrogeait les gens de cette façon avant. J'aimais pas trop me trouver de l'autre côté en fait. Oui, c'était pas marrant du tout de se retrouver au pied du mur.

Soulevant un sourcil, je le regardais comme s'il avait perdu la tête. Il n'allait vraiment pas bien lui. Oui, ça devait être ça. Il n'était pas bien du tout. De qui pouvait-il bien me parler ? Je savais de qui il parlait bien sûr, mais il ne savait pas que je savais qu'il savait. Il n'était pas télépathe et n'avait donc aucun moyen de confirmer son hypothèse. De plus, j'étudiais pas les arts scéniques depuis plus d'une année et demie pour rien ! Je savais très bien mentir, jouer la comédie et faire croire à mon entourage que j'étais persuadé de croire mes propres paroles. Depuis tout petit, j'avais toujours été un bon menteur. Naturellement, avec des cours de théâtre, je m'étais grandement amélioré et avais même développé des capacités d'improvisation dont Saitô me donnerait des nouvelles ! En boxe, j'avais compris que la meilleure défense, c'était l'attaque. En reprenant l'avantage dans cette conversation - musclée ? - je pourrais peut-être lui faire oublier Taylor. Bon OK, j'arriverai jamais à la lui faire oublier. Et puis, allez savoir pourquoi il faisait une fixette sur elle... Lors de cette soirée où Taylor avait fait équipe avec Sora pour tout casser dans l'Académie, je m'étais chargé du rouquin tandis que Saitô s'était occupé de la brunette. Je ne savais donc pas du tout ce qu'il s'était passé entre eux. Clignant des yeux à de nombreuses reprises pour feindre l'incompréhension, mon regard s'attarda un moment sur ses mains qui me tenaient toujours, avant de croiser de nouveau le sien. Je m'adressai alors à lui comme je l'aurais fait avec un fou:

"Euh... Tu es sûr que tu vas bien ? - le meilleur moyen de lui faire oublier Taylor, c'était de le faire douter de ses paroles, non ? J'ajoutai alors en rigolant - Je sais pas trop ce que tu as bu.. ou peut-être même fumé, mais je crois que c'était un peu trop fort pour toi. De qui tu parles ?"

Non, je ne le prenais pas pour un crétin. Je couvrais juste le joli petit derrière de Taylor, et le mien au passage. C'était moi qui l'avait fait entrer et personne d'autre. Si elle faisait n'importe quoi et qu'on apprenait que c'était à cause de moi qu'elle en avait eu l'occasion, j'aurais de sérieux ennuis. Etais-je vraiment prêt à assumer une telle responsabilité ? Oui. Elle n'était pas très bavarde et n'avait pas que ça à faire de se confier à moi. Néanmoins, elle n'était pas adepte de l'hyper-violence gratuite. Si elle avait massacré ce gars, c'était parce qu'il s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. J'étais désolé pour lui, mais ce n'était pas une raison pour la traiter comme une dangereuse criminelle: elle avait craqué une fois, c'était tout. D'ailleurs, elle n'était pas en prison actuellement. Si c'était pas une preuve ça... Dangereuse n'était donc pas le terme que j'emploierais la concernant: je dirais plutôt susceptible, très susceptible. Feignant toujours l'incompréhension, je me demandais comment il allait réagir. Comptait-il me frapper pour obtenir de véritables réponses à ses questions ? Et s'il usait vraiment de la force pour me faire parler, s'attendrait-il à une réponse musclée de ma part ou penserait-il que je n'oserais pas m'attaquer à un membre du personnel ?

Plutôt que d'attendre sa prochaine réaction, je pris les devants et posai simplement une main sur l'un de ses poignets. Comme de par hasard, c'était ma main non peinturée qui le touchait: il n'était donc pas contaminé. N'ayant aucune intention d'arrêter ma petite comédie qui visait à lui faire croire qu'il était devenu paranoïaque, je préférais lui donner un petit avertissement. Fou à lier ou pas, il y avait des choses que je ne laissais pas passer. Et cela ne voulait en rien dire que je lui mentais - même si c'était le cas.

"Tu sais, c'est la deuxième fois en l'espace de 5 minutes que tu joues les gros bras avec moi. Sans vouloir me montrer trop irrespectueux, il vaudrait mieux pour toi qu'il n'y ait pas de troisième fois."

Voilà, c'était dit. Je n'avais aucune envie d'en venir aux mains avec lui. Cependant, je ne me laisserais pas faire pour autant. La balle était dans son camp.

Ryo a déjà vu différents types de menteurs. Il y a les amateurs qui ont la voix tremblotante dont les mots expriment l'exact contraire de ce que leur visage démontrent. Il y a ceux qui ne savent pas mentir en fixant dans l'interlocuteur droit dans les yeux. Il y a aussi ceux qui répondent un peu trop vite quasiment sans réfléchir, résultat d'un mensonge honteusement prémédité, répété, bien préparé. Ceux qui rougissent, qui se triturent les mains, qui se mordent la lèvre, qui avalent leur salive, qui toussotent, qui se grattent l'oreille. Il y a de nombreux signes qui prouvent qu'un individu est en train de mentir.
De toute évidence, Shiro est un habitué du mensonge. Le fait de regarder fixement Ryo ne veut pas forcément dire qu'il ne ment pas, mais ça ne veut pas dire non plus qu'il dit la vérité. De plus, dans sa position actuelle, il n'a pas vraiment la possibilité de se triturer quoique ce soit. C'est là que tout se joue: dans les propos, le timbre de voix, ainsi que dans sa faible gestuelle.

Le haussement de sourcil marque une surprise naturelle. Le genre d'expression qui, tel un lapsus, échappe au contrôle de l'individu qui l'affiche. En revanche l'air ahuri qui vient ensuite ne concorde absolument pas à la situation. Tout comme les mots qui suivent d'ailleurs, aussi dénués de sens. Saitô ne se laisse pas démonter et préfère observer attentivement chaque centimètre carré de la face de son vis-à-vis. Pendant ce temps là, sa colère retombe grâce à la douche froide improvisée. Céder à la colère ne fait qu'empirer la situation, c'est bien connu. Autant faire preuve de self-control. Pour autant, il ne change pas sa position, jusqu'à ce que Shiro lève une main. Ryo espère voir sa paume, simple geste exprimant la bonne foi cependant... elle vient se poser sur son poignet. Mauvaise idée, bad guy, tu tombes droit dans le panneau. Enfin, il espère juste qu'il ne tentera pas d'action irréversible sur le Conseiller Principal d'Education.

Manque de bol, ce sont des menaces qui se répandent ainsi dans l'air. Et là, ce n'est pas feint. Mais ça n'a rien à voir avec Taylor, mais juste une question de qui dominera l'autre. Ce n'est pas le but de Saitô. Il sait que si lui-même en vient aux mains, dans un contexte comme celui là, ça ne sera pas le même tableau que lorsqu'il vient en aide à quelqu'un. Ryo use de la force pour défendre, pas pour attaquer. Dans le cas contraire... non, vaut mieux pas le savoir, ni même y penser.
Tout est-il qu'il a en partie réponse à ses questions. Shiro Kuchiki a fait rentrer Taylor Donovan à l'Académie pour une raison qu'il ignore. Il ment pour la couvrir (ou pour se couvrir lui-même mais Ryo préfère ne pas songer à cette option qui serait d'autant plus indigne de lui ), à moins qu'il ait lui aussi des comptes à rendre dans l'affaire. Ça n'importe plus pour le moment. L'ex-militaire lache alors la veste de Shiro, use de son autre main pour faire lâcher la prise du sportif, tout en finesse et s'éloigne lentement vers la sortie des toilettes en lâchant sa petite bombe.

- Je ferai comme si je n'avais pas entendu cette menace. Et en supposant que je te crois, je te recommande de la chercher avant que je ne la trouve.

Et quelque chose lui dit que la demoiselle sera bien plus facile à faire cracher le morceau concernant sa présence. En bonus il compte bien lui faire avouer quelle ruse elle a employé pour que le sportif cède à son caprice. Il s'arrête avant d'atteindre la porte et tourne la tête sur le côté droit, sans se tourner.

- Si cette personne qui t'a accompagné à ton arrivée n'est pas Taylor Donovan, je viendrai te présenter mes excuses, en public s'il le faut. En revanche, si c'est bien elle...

Ryo pivote un un peu sur la droite, juste ce qu'il faut pour que, du coin de l'oeil, il accroche une dernière fois le regard de Shiro. Juste pour y voir un de ces petits quelque-chose qu'on ne peut feindre: la peur ou le dégoût, le mépris ou la colère.

- M. Ashita en sera informé et lui seul décidera de la sanction à prendre à ton encontre quant à l'intrusion d'une ancienne pensionnaire, renvoyée pour violences aggravées sur un élève, actuellement recherchée par la police pour coups et blessures, destructions de biens, entrée par effractions et trafic de stupéfiants. Sans compter le fait que tu risques d'être accusé de complicité.

Il continue son chemin et franchit la porte. Petit sourire aux lèvres, invisible pour Shiro puisqu'il lui tourne le dos, mais qui se distinguera au timbre de voix du CPE.

- Mais je suppose que tu n'as rien à craindre, hein Kuchiki ? La photo que j'ai prise de vous tout à l'heure n'est donc pas une preuve puisque tu ne vois pas de qui je parles ? Bonne chasse, Evil Dead !

Saitô sait très bien ce qu'il a vu, il sait qu'il a raison. Il a vu Donovan de suffisamment près pour savoir la reconnaitre...ainsi que son parfum. L'euphorie du début de soirée et la tenue de la jolie Américaine lui a un peu embrouillé la vue au point de ne pas la reconnaitre au premier coup d'oeil - faut dire aussi que la perruque, le maquillage et les lentilles ne lui ont pas facilité la tâche, mais il en est absolument certain à présent. L'intimidation par la parole n'était certes pas obligatoire mais Ryo a horreur que l'on se paie sa tête. Shiro s'est mépris à son sujet. Ryosuke Saitô n'est pas du genre à jouer "les gros bras", définitivement pas le genre de la maison.

Alors, dans quel camp se retrouve la balle à présent ?

Ce n'était pas vraiment contre lui, mais les menaces étaient limites devenue une sorte de réflexe chez moi. Lorsque je sentais qu'on entrait un peu trop dans mon espace vital, j'étais obligé de remettre les poins sur les "i". Là, en l'occurrence, j'avais pas choisi la meilleure cible pour mes menaces. Tant pis, j'étais plus à ça après. Et puis, le fait d'avoir amené Taylor ici était bien plus grave qu'une vulgaire menace en l'air. En l'air dans le sens où je doutais qu'il recommence. Non pas parce que j'étais le grand méchant Shiro qui faisait peur à tout le monde... Mais plutôt parce que je le voyais mal me taper dessus. Il savait aussi bien que moi que ce n'était pas en usant de la violence sur quelqu'un capable de se défendre qu'il parviendrait à le faire parler. De plus, nous risquions tout deux gros en nous en prenant l'un à l'autre. Lui risquait son boulot, et moi je risquais ma place dans cet Académie. Or, je ne pouvais me permettre d'être viré d'ici. Allez savoir pourquoi je jouais avec le feu en faisant venir Taylor qui était largement capable de me faire éjecter d'ici... Parfois, moi-même je ne comprenais pas pourquoi je faisais quelque chose et pourtant je le faisais.

Saitô ne me lâcha pas tout de suite et je fis de même. Il me fixait depuis tout à l'heure. S'il cherchait une preuve que je mentais dans mes expressions faciales, je lui souhaitais bonne chance. Enfin, il n'était pas bête, et bien que je n'en donnais pas l'impression, je savais qu'il était bien plus malin que moi. Il était persuadé que Taylor était ici. Il avait raison. Il savait qu'il avait raison. Peu importait ce que je lui dirais, il n'en démordrait pas. Il était donc venu m'interroger pour une autre raison. Pour me trouver une excuse ? Peut-être. Tant pis pour moi, je n'avais pas saisi la main qu'il me tendait. Il finit par me lâcher en tout cas et je fis de même, avant qu'il ne se dirige vers la sortie des toilettes. C'était moi où notre situation ressemblait à celle d'un film policier ? Ses paroles, ses gestes et même son regard, il jouait son rôle de militaire à la perfection. Quant à moi, habillé en mafieux, je couvrais les arrières de mon associée - si on pouvait l'appeler comme ça - comme je le pouvais. Une chose était sûre, si elle se faisait prendre à faire n'importe quoi et tombait, je tomberais aussi. Ah...Taylor, si seulement je pouvais lui botter les fesses une bonne fois pour toute pour qu'elle devienne sage... Les choses seraient tellement plus simples. Mais non, je me refusais à frapper les filles et dans tous les cas, la thérapie par les baffes n'était pas encore légalisée... Je devais donc attendre.

Oui. Attendre et avoir foi en la bonté d'âme de Taylor... Yep, j'avais bel et bien perdu la tête ! J'aurais presque éclaté de rire si Saitô ne s'était pas trouvé dans le coin !! Franchement, faire confiance à Taylor, ça revenait à demander à un boucher de manger végétarien ! C'était illogique ! Et pourtant, encore une fois, je lui avais fait suffisamment confiance pour l'amener ici. Je n'avais pas eu pitié d'elle ou autre. Et elle ne m'avait pas supplié de venir. Je lui avais proposé, elle avait accepté. Le tout, c'était de voir comment la soirée se déroulerait maintenant. Hu ? La chercher avant qu'il ne la trouve ? Inutile de la chercher. Elle n'était pas du tout le genre de fille que l'on traquait: elle apparaissait d'elle-même sans qu'on la cherche. Elle avait un don pour les entrées en scène et adorait se faire remarquer. Ne l'avais-je pas rencontré alors qu'elle fracassait l'entrée d'une source thermale à coup d'épaule ? Ah Taylor, jamais je ne pourrais oublier notre rencontre. Elle était vraiment unique en son genre. Pas étonnant que je cherche à maintenir le peu de contact que j'avais avec elle: on ne pouvait pas s'ennuyer quand on l'avait dans sa vie. Il suffisait de regarder Saitô pour le comprendre. Il se serait sûrement ennuyé à prendre des photos pendant des heures si elle n'avait pas été là. Là, au moins - grâce à moi - il avait quelque chose à faire de sa soirée.

Et bah, il avait vraiment une dent contre elle ! Il avait carrément retenu tout son CV !! Bon d'accord, c'était les charges retenues contre elle et non ses compétences. Mais bon, ça prouvait qu'elle était douée dans son domaine au moins. Concernant les excuses dont il me parlait, je m'en fichais royalement. Vu comme il m'avait choppé par le col, ce n'était pas des excuses qui me feraient oublier la façon dont il m'avait traité. Qu'il ait raison sur la présence de cette criminelle ou pas, j'aurais pas cru qu'il soit du genre à perdre son calme aussi facilement. Je mettais ça sur le compte du manque de nicotine dans le sang. Mis à part ça, c'était qui M. Ashita ? Portant une main à mon menton pour réfléchir à la question, je ne vis pas que Saitô m'observait du coin de l’œil. Tout ce que je savais, c'était que ce nom me disait quelque chose. Il avait dû être mentionné à plusieurs reprises en plus parce que j'étais sûr qu'il me disait quelque chose. En faisant le lien avec toute sa phrase, je compris qu'il devait être le directeur de l'Académie. Je ne voyais que lui. Il était le seul disposant de l'autorité nécessaire pour me sanctionner par rapport à un tel délit, au sein de l'Académie en tout cas. En dehors, la police pouvait très bien s'en charger. Après, tout dépendrait des actions de la brunette ce soir. Si elle ne faisait rien, j'étais tranquille; si elle frappait quelqu'un, j'étais mal; si elle fracassait quelqu'un, j'étais foutu ! Bon, tant qu'à faire, autant passer une excellente soirée, non ? Qui sait, si ça se trouvait, c'était ma dernière soirée en tant qu'individu libre.

Bon, c'était bien beau d'avoir une photo de moi et de la blonde avec qui j'étais venu. Mais pour prouver que j'étais venu avec Taylor de mon plein gré, il faudrait qu'il retrouve Taylor et la perruque - si elle l'avait pas paumée. Naturellement, elle devrait lui avouer que c'était moi qui l'avait fait venir. Personnellement, je la voyais plutôt crier haut et fort qu'elle s'était bien foutue de ma gueule en me faisant croire qu'elle s'était adoucie ou d'autres bêtises dans le même genre. Me faire passer pour un abruti aux yeux de tous ? Si c'était pas l'un de ses plus grands objectifs dans la vie, qu'on me rase la tête sur le champ !! Sortant de mes réflexions plutôt amusantes, je répondis à Saitô qui s'en allait.

"Merci ! Bonne chasse à vous aussi Ranger Walker !"

Petite référence à Chuck Norris dans le rôle de Cordell Walker, le Texas Ranger. Je n'étais pas sûr qu'il la comprenne mais bon, il y avait des chances qu'il connaisse cette série. Maigres, mais présentes quand même. Je n'avais pas l'air très inquiet en tout cas. C'était parce que je relativisais. Ce n'était pas en me faisant du mouron que je pourrais changer les choses. D'une manière ou d'une autre, Taylor avait mon destin entre ses mains. Je n'avais plus aucun contrôle sur toute cette situation. Je ne pouvais rien faire et je l'avais accepté. Il ne me servait à rien de la chercher, je ne ferais que donner une preuve de plus à Saitô de ma culpabilité. De plus, j'avais pas envie de le faire: c'était ma soirée, je voulais m'amuser à traquer les Survivors. Sortant des toilettes à mon tour, j'étais complètement trempé à cause de l'autre ! Si ça continuait comme ça, avec la fraîcheur de la nuit, j'allais attraper froid. Je n'avais pas d'autre choix: il me fallait de la chair fraîche ! Je devais me réchauffer d'une manière ou d'une autre. Allez ! Il était temps pour moi de chasser ! En route !

Au final, je n'avais rien dit à Saitô. Et il avait décidé de traquer Taylor. Quelle chance elle avait... Quoiqu'il en soit, la balle n'était plus dans mon camp. Elle n'était pas non plus dans le camp de Saitô, contrairement à ce qu'il devait penser.

La balle est dans le camp de Taylor Donovan.
Cours Taylor ! Cours !

Réaction de Ryo quitte l'Event pour poursuivre ICI.

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