Arrivée de Kami [PV Ethel Dawkins]

Spoiler:

A entendre le réveil sonner comme un damné, il devait bien être 7 heures du matin, non ? Pourtant, la rouquine eut beau ouvrir un œil, tout était noir, et curieusement opaque. Le regard embrumé, elle cligna des yeux. Une curieuse pression agissait sur son corps, comme si elle était écrasée sous quelque chose, mais sans que cette chose ne soit trop lourde. Allons bon. Le réveil finit par s’éteindre de lui-même, et elle tenta de se retourner pour se rendormir. L’avalanche émit un bruit terrifiant qui la fit sursauter. A moitié sur le lit et sur le sol, une dizaine de grandes feuilles de papier griffonnées étaient étendues. Du format Grand Aigle en plus, le truc qui coute bien 2 € la feuille. Génial ! Se redressant et se gratta les yeux, elle tenta de se remémorer pourquoi diable avait-elle dormit avec un tas de papier sur la figure et le corps. On était quoi, Lundi ? Elle avait dû peut-être abuser hier soir. Regardant ses dessins faits pour l’occasion, elle soupira. C’était moche, moche et archi-moche. Il fallait vraiment qu’elle arrête de dessiner lorsqu’elle était dans cet état. Il n’y avait aucune signification, et il était impossible de classer cela, même dans l’abstraction ou la non figuration. Pliant les feuilles et les fourrant sans ménagement sous son lit, elle bailla et regarda son réveil. Sa tête pressait son cerveau et sa bouche était incroyablement pâteuse. Commençant par faire chauffer de l’eau dans la bouilloire sur son bureau, elle se déshabilla et tenta de trouver une tenue convenable.

Convenable selon ses propres critères. Sachant parfaitement qu’elle n’aurait pas l’énergie d’aller en cours ce matin, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Et son jeu favori consistait à fermer les yeux et pointer du doigt un vêtement. Le rire aux lèvres, elle baissa donc ses paupières, enfonça ses mains dans son armoire et sortit le premier truc qui lui vint dans les mains. C’était un poncho indien auburn. Parfait ! L’accompagnant d’une robe courte à imprimé léger et de collants jaunes, elle mit sur sa tête sa plus belle coiffe d’indienne. Voilà, elle avait l’air d’une parfaite folle, et assumait parfaitement. Elle irait même en cours comme ça tient. Ce ne serait jamais pire que la fois où elle était venue en dinosaure, et s’était fait renvoyer d’ailleurs. Une tenue correcte était exigée, et faire renaitre ses racines en se transformant en ce que tout le monde a été un jour, à savoir un dinosaure, n’était donc pas compris dans les tenues correctes. Depuis, elle faisait assez attention, et pouvait donc bien se permettre cela. Sauf si… Ethel bailla, prise de la cruelle envie de se recoucher. L’eau sifflait dans la bouilloire, mais elle avait plus faim que soif en fait.

Que de chance, il y avait un champignon qui trainait sur son bureau. Pas un champignon de paris, certes. Mais qui verrais la différence, hein ? L’enfournant dans sa bouche, elle l’accompagna d’un roulé au chocolat, qui trainait aussi sous un livre. La bouilloire sifflait toujours, et ça lui faisait mal aux oreilles. Pourquoi avait-elle fait chauffer de l’eau déjà ? Ah oui, un thé. Prenant une tasse qui semblait à peu près propre, elle s’étala sur son fauteuil et se servit un thé. Il était brulant et sans sucre. Jetant 4 sucres dedans, elle attendit quelques minutes qu’il refroidisse, et le but d’un trait. Elle se sentait déjà mieux, bieen mieux. Y’avais quoi dans cette tasse hier soir déjà ? Pas d’importance, ça avait donné un gout sympa au thé. Bon, elle avait envie d’aller faire un tour, voir le soleil, sentir de l’air frais, vous voyez ? Ouvrant la porte un peu trop brusquement, elle fit tomber son énorme peluche à l’effigie de Totoro, qui gisait à gauche de la porte. Zut, elle lui barrait l’entrée, maintenant ! Et Ethel savait combien cette peluche était moelleuse…

Se laissant tomber en avant, elle s’enfonça dans le tissu, rebondissant légèrement. Elle était en plein milieu du couloir, avachie sur une peluche Totoro, mais semblait s’en foutre pas mal. Les cours avaient presque commencés, et les élèves étaient soit au réfectoire soit devant leurs salles – pour les plus fous dans leur tête – Peu de chance qu’elle croise quelqu’un. S’endormant à moitié, elle fut remise sur terre par quelque chose qui lui fonça dessus. Poussant un cri suivit d’un « J’ai un alibi ! J’étais au cinéma ! » Elle ouvrit grand les yeux et regarda autour d’elle d’un air suspect. Les spectres étaient de retour, ah ! Les ténébrides l’attaquaient ! Mais en regardant en l’air, la rouquine s’aperçu qu’il ne s’agissait en fait que d’une jeune fille, tout ce qu’il y a de plus normal. Pas d’attaque et de fin du monde de programmé, donc. Se redressant et s’asseyant en tailleur, elle fourra Totoro sur ses genoux et fit un sourire gigantesque à l’inconnue.

« Même pas mal ! Au final c’est toi qui aurait pu tomber, et s’aurait été moins drôle, hé ! »

C’est vrai que voir quelqu’un courir, puis s’envoler tel un ange dans le couloir, c’est plutôt cool. Moins lorsqu’il s’explose au sol. Ça lui était déjà arrivé, elle n’avait pas vu que le sol était inégal, et paaf, c’est partit pour un petit voyage dans les cieux. Heureusement, un buisson avait doucement accueillit son corps. Un buisson d’orties, certes, mais au moins elle n’avait rien eu de cassé !
Faisant un signe de la main à la jeune fille qui l’avait percuté, elle lui glissa un « pssst » et lui intima avec le sourire de se rapprocher d’elle, chuchotant à son oreille quelques mots d’un ton extrêmement sérieux.

« Tu veux savoir le secret de cette école ? Y’a des lutins qui volent des chaussettes, si si. Et les vaches préparent un complot contre l’humanité, mais chuut, faut pas le dire, elles pourraient entendre ! »

En prononçant le mot vache, la rouquine sursauta et regarda autour d’elle, comme pour vérifier qu’aucun bovidé n’était caché au détour du couloir, attendant pour lui sauter dessus. C’est qu’ils étaient vils, ces animaux. Avec leurs trois estomacs, c’est pas normal, d’avoir trois estomacs, non ?! C’était la preuve flagrante qu’ils avaient quelque chose à cacher. Et il fallait que tout le monde se passe le mot, mais doucement, sans que les vaches ne soient au courant. Pour se tenir prêt, le jour où elles débarqueraient. Ethel n’avait jamais vu cette fille de sa vie, en même temps elle ne voyait jamais grand monde, perchée dans son univers. Il fallait donc l’avertir, évidemment. Peut-être qu’elle foulait le sol de cette académie depuis des années dans savoir, ou alors qu’elle venait d’arriver, et Ethel lui rendait donc un grand service en lui disant cela !

Le clignement d’œil furtif de son interlocutrice montrait bien qu’elle n’était que sceptique à ses paroles. Les lutins n’étaient définitivement pas des êtres connus. Et pourtant… La jeune fille se parait souvent de chaussettes dépareillées, parce qu’on lui volait les autres. Pour les manger ou pour se faire un vêtement ? Si un jour elle trouvait un lutin paré de chaussettes à pois, il comprendrait le châtiment du voleur. Mais la jeune fille n’avait pas réellement l’air de la comprendre. En fait, c’était plutôt le contraire. Avec le temps, Ethel avait appris à reconnaitre le regard qui disait « mais, cette fille est tarée ! » le croisant environ 8 fois par jour, elle s’en fichait à présent. Les gens ne répondaient pas à ses mises en garde, qu’ils aillent se faire tuer par des lutins malins ou des vaches mesquines ! Exécutant une moue vexée, la rouquine serra la peluche gigantesque dans ses bras, toujours assise en tailleur. Un portable vibra.

Ah ! C’était le début de la révolte ! Le monde se mettait à trembler de toute part, signifiant que la fin du monde était proche. Mais la vibration s’arrêta aussi soudainement qu’elle avait commencé. Etait-ce la jeune fille qui avait fait cela ? Une magicienne, venue tout droit de l’ailleurs pour sauver les pauvres âmes damnées de ce monde. Elle arrêtait les tremblements de la croute terrestre, et rétablissait le calme. S’asseyant non loin d’elle, la magicienne lui demanda de l’excuser, et prit son téléphone. Elle devait surement appeler ses alliés pour l’aider sans sa noble tâche. Hochant la tête, la jeune fille la laissa faire, sans plus écouter ce que la magicienne disait. Il ne fallait pas s’immiscer dans ses plans. N’ayant donc plus rien à faire, la jeune fille posa sa tête contre sa peluche et… sombra dans le sommeil. Glissant au sol, elle était à nouveau étalée, allongée sur le carrelage.
Une voix la sortit de nouveau de sa torpeur. Se dressant sur ses pieds, envoyant Totoro valser un peu plus loin, elle se mit au garde à vous.

« Enchantée, Madame la magicienne ! Je suis Ethel, et lui c’est Totoro. »

Pointant du doigt la peluche, elle alla la récupérer et l’amena jusqu’à Kami, lui présentant à bout de bras, un sourire étincelant et juvénile sur ses lèvres. Serrant la main de la brunette, elle rigola doucement. Une nouvelle, c’était bien ça ! Un ange tombé du ciel pour les sauver tous. Elle ne connaissait pas encore la mission qui lui était donnée, et il incombait donc à Ethel de l’informer du danger immense que courrait les humains, et de l’aider dans sa noble quête. La rouquine était certaine qu’un jour, elle pourrait aider le monde à revenir dans le bien ! Il lui fallait seulement une magicienne doté d’un cœur pur, qui ne savait rien de ce qui l’attendait. Ses pouvoirs devaient être immenses, et bien enfouit au fond d’elle. Que fallait-il faire pour l’aider à s’en rendre compte ?

« Je suis celle qui t’aidera à sauver le monde. Tu n’es pas ici par hasard, ton destin est d’accomplir de grandes choses, tu sauveras le monde de la menace qui plane ! Il faut que tu cherches en toi les pouvoirs qui sont tiens. Ta force est grande, mais il faut y croire. Je suis là pour t’y aider, Keimoo sera notre rédemption et notre force motrice »

Ivre de joie à l’idée d’avoir trouvé la nouvelle sauveuse du monde, Ethel courut autour d’elle en poussant des cris de joie, faisant sauter Totoro sur ses bras. Les vaches allaient périr, ces cruelles instigatrices d’une aire de perversion et de mal. Tout allait rentrer dans l’ordre, la balance du bien reviendrait en leur faveur, et le monde se parerait de couleurs étincelantes ! Mais les regards sceptiques qu’on lui lançait montraient bien que la jeune Kami ne comprenait pas l’importance de sa mission. Comment la persuader que ses pouvoirs étaient grands ? Se calmant, la rouquine s’agenouilla en face de Kami, et posa ses deux mains sur les épaules de la jeune fille, plantant ses yeux dans les siens de l’air le plus sérieux qu’elle puisse prendre, voulant lui montrer qu'elle ne plaisantait aucunement. Soudain, Ethel poussa un cri et fonça dans sa chambre, laissant Kami un instant, posant Totoro sur son lit, ou plutôt en l’envoyant voler sur son lit. Ouvrant ses tiroirs, elle fouilla le bazar immense, jetant au sol tout ce qui se trouvait dedans. Elle finit par tomber sur un écrin rouge. Poussant un nouveau cri de joie, elle se précipita dans le couloir, revenant vers Kami. Ouvrant l’écrin, elle dévoila une amulette en argent, sertie d’une pierre rouge. Des inscriptions parcouraient l’amulette et deux plumes la cernaient. Aucun doute, cette amulette était pour la jeune magicienne. La rouquine ne se souvenait plus depuis combien de temps elle la possédait, ni comment elle était tombée entre ses mains. Ce qui était sûr, c’est qu’elle lui était destinée, et que l’avenir serait grand.

« Accepte cette amulette, elle te guidera dans l’avenir qui sera le tien. »

Après la dure tache qui fut la sienne, c'est à dire de guider vers la rédemption un monde avachi et perverti en s'assurant que l'amulette revienne de droit à sa possesseuse, la rouquine se sentit emprunte d'une grande fatigue, et échoua sur la grande peluche, sans pour autant quitter du regard Kami Takahashi. Son prénom signifiait Dieu. Quoi de plus normal me diriez-vous ? Seul un dieu pouvait guider la terre. Ou quelqu'un portant la lourde importance de son nom. Oui, cette Kami était bien partie pour devenir la sauveuse du monde. La tâche d'Ethel avait été lourde, et maintenant elle pouvait se reposer, voir s'endormir à tout jamais. Ah non, pas à tout jamais. Elle devait foutre une bonne flanquée à Castiel d'abord, et revoir Sheep Sheep. Après cela, oui, la jeune fille pourrait s'endormir pour longtemps. Si longtemps qu'en se réveillant, ses cheveux seraient blanc et la terre sauvée... Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Elle savait depuis bien longtemps qu'il n'y avait pas de prince ici bas pour la réveiller d'un sommeil d'égoïsme, tout juste bon à ignorer les obstacles. Non non non, malgré tout, elle ne pouvait pas s'endormir.

Ouvrant les yeux, laissant ses pupilles s'intéresser à la jeune fille en face d'elle, Ethel absorba chacun de ses mots. Kami semblait avoir compris, il était important de comprendre sa tâche. A l'instant où elle se saisit de l'amulette, elle sembla transcendée. Le pouvoir avait du l'illuminer, la parcourir, la réveiller. C'était beau à voir, pour peu, Ethel aurait lâché une larme. Mais elle devait écouter la magicienne, elle devait écouter l'élue, ne rien perdre de cet instant. Evidemment, si Ethel n'avait pas prit de champignon il y a quelques instants, jamais tout cela ne lui serait venu en tête. Au mieux elle se serait moquée un instant, mais là, c'était autre chose. Comme si des effluves parcouraient le ciel, et que tout ne respirait qu'une seule chose : la redemption. Avec un peu de chance, elle s'endormirait comme une masse d'ici une heure ou deux, et se réveillerait avec un gros mal de crâne, et plus aucun souvenir des évènements présents. Mais pour l'instant, la pauvre Kami était prise dans son propre piège. Car Ethel était une vraie furie quand elle s'y mettait, et ne lâchait pas le morceau si facilement.

La Grande Magicienne voulait visiter les lieux. C'était la première tâche qui était ainsi confiée à Ethel d'un ton si important. On lui aurait demandé de rapporter la lune ou de voler la Joconde qu'elle n'y mettrait pas plus de coeur. Claquant dans ses mains d'un air heureux, comme si la rouquine n'en revenait pas d'avoir autant de charge, elle ramassa Totoro et le garda dans ses bras. Il était le témoin de cette scène mythologique, il devait rester jusqu'au bout ! Mais alors qu'elle s'apprêtait à fermer la porte de sa chambre, la rouquine se stoppa. Une idée terrible venait de lui traverser l'esprit. Elle devait en faire part immédiatement à Kami. Car ce devait être sa première tâche en tant que Grande Magicienne. Il fallait qu'elle le sache.

« Dis... Vous allez éradiquer les vaches de la surface de terre, non ? »

Oui parce que les vaches, c'était toute une histoire. Un animal sournois et vil, qui n'avait comme dessein que d'asservir les humains puis de les tuer, afin de régner en maitre dictateur sur la terre. Personne avant cela n'avait voulu la croire. Mais la Magicienne la croirait, c'était certain. Elle la croirait et ferait en sorte que cet animal affreux disparaisse de la planète terre, pour le bien de l'humanité, vous comprenez. Parce que l'humanité courait décidément un grand danger, et les humains semblaient bornés à l'ignorer. Les vaches pullulaient, préparant sournoisement leur vengeance. Enfin, quelqu'un pourrait remédier à cela. La terre était sauvée. La terre est sauvée !

Mais avant cela, elle devait lui faire visiter l'académie. Par un heureux hasard, Ethel la connaissait dans les moindres recoins. Elle s'ennuyait souvent, et ne trouvait rien d'autre à faire que d'errer dans les couloirs. A force, elle trouva même ce qu'elle n'était pas sensée trouver, et l'Académie devint rapidement un lieu aussi connu que le fond de sa poche. Il ne lui était donc pas bien compliqué de procéder à une visite. Et puis Kami le méritait bien, puisqu'elle allait sauver le monde. Et ce sauvetage avait un point de départ, Keimoo. Comme tout en ce monde, il y avait un point de départ. Le point d'arrivée était encore très loin, il se profilait dans l'horizon, sans que rien ne puisse l'atteindre pour l'instant. Procéder dans l'ordre, ne pas chercher à arriver avant d'être partie. Elle devait faire quoi déjà ? Ah oui, une visite.

« Par où voulez-vous commencer, Grande Magicienne ? Y'a-t-il un lieu qui vous plait le plus ici bas ? »

Rien à dire, la rouquine prenait véritablement sa mission à coeur. Elle employait le vous le plus poli, ainsi qu'un vocabulaire proche de celui d'un moucheron s'adressant à un lion. Un coup de patte, et l'insignifiance existence de l'insecte était réduite à néant. Alors autant chercher à vivre le plus longtemps possible, voir à gagner l'amitié du lion. Qui sait, un moucheron, c'est toujours utile !