~ Le bal ~

Akira sautilla sur une jambe jusqu’à la salle de bain. Il essayait désespérément de se préparer pour le bal de la Saint Valentin. Il était en retard. Il avait encore passé trop de temps sous la douche. Maintenant, il luttait pour enfiler son pantalon. Une fois cette dure épreuve révolue, il s’attaqua à sécher ses cheveux. Alors qu’il commençait à fulminer, parce que sa tignasse ne voulait absolument pas se discipliner, son portable sonna. Il retourna en trombe dans la chambre, laissant le séchoir en route. Il se jeta sur son lit et décrocha. Sa mère lui demandait simplement comment ça allait. Distraitement et en courant de nouveau vers la salle de bain, il lui dit qu’il la rappellerait plus tard, peut-être demain et raccrocha. Il se jeta sur le sèche-cheveux et tenta une dernière fois de discipliner ses cheveux. En vain. Il enchaina donc avec le lisseur, toujours an râlant devant le miroir. Se coiffer l’énervait. Ça lui donnait chaud, il n’arrivait à rien et plus il s’énervait, moins ça rendait, plus ça le mettait hors de lui… Enfin, un vrai cercle vicieux ce truc.

Au bout d’une vingtaine de minutes, le blond était habillé de la tête au pied. Il avait éclaircit ses cheveux avec une coloration non-permanente. Du coup, ils étaient blancs. Il ne portait pas de masque, comme les arlequins, mais il avait un bandeau sur le menton, qui lui remontait jusqu’aux yeux. Ses cheveux cachaient une bonne partie de son front. Autrement dit, il fallait se pencher sur lui pour savoir qui il était. Ses vêtements étaient sobres. En fait, il n’avait pas prévu plus qu’ ça d’aller à ce bal. C’était un pari de dernière minute : il avait encore trop parlé. Il s’était vanté « cap » avant de connaître la chose. Au final, il lui avait dit qu’il devait cacher son visage comme il le voulait, mais qu’il devait se déguiser en gay. Bah voyons ! Se déguiser en gay. Parce que ça se déguise maintenant, ces mecs-là ? Il n’avait rien trouvé de mieux que de s’inspirer de manga lemon. Allez hop ! Il allait devoir se calmer avec son instinct de défis.

L’anglais jeta un dernier coup d’œil à son reflet. Okey, ce n’était pas très recherché comme costume, mais au moins il était à l’aise et il avait un minimum d’effort. Il inspira un grande bouffée d’air frais et chercha son portable des yeux. Bien sûr, il n’avait pas atterri sur le lit, mais il s’était plutôt fait une joie de s’éclater au sol. Il écarquilla les yeux, mais ne se sentit même pas l’envie d’aller ramasser le débris. Tant pis, il n’aurait pas de téléphone, ce qui ne serait pas plus mal. Il sortit de la chambre et regarda autour de lui. Certains étudiants étaient habillés pour aller se coucher, d’autres étaient sur leur trente-et-un, pour le bal. C’était dommage que tout le monde ne vienne pas, mais il respectait leur choix. Par contre, en voyant les garçons dans leurs beaux costumes, Akira se sentit particulièrement ridicule. Il sentit qu’il virait au rouge cramoisi derrière son bandeau. Il baissa les yeux et avança d’un pas rapide dans le couloir. Il ne ralentit que lorsqu’il arriva à plusieurs mètres de l’entrée de la salle des fêtes. Il avait envie de fumer. C’était rare. Mais ça le prenait de temps en temps. Il contracta les mâchoires et secoua la tête. Bonne idée d’empester le tabac froid, alors que tu vas passer ta soirée auprès d’une inconnue. Il sourit, un peu moins tendu qu’auparavant et avança vers la salle. Sa démarche était plus fluide, plus féline.

Akira entra dans la pièce et, s’il n’avait pas son masque, on aurait parfaitement pu constater que son visage avait viré à celui d’un gamin de cinq ou six ans. Il avait les yeux ronds comme des soucoupes et il dévorait chaque détail de la pièce. Tout était au top. La déco, l’ambiance, l’organisation. Il y avait déjà du monde, alors que la soirée ne faisait que commencer. Le blond essaya de repérer les couples qui pouvaient avoir déjà été assigné, mais, au final, sa contemplation de la féérie était telle qu’il n’arrivait plus à se concentrer sur autre chose. Il déglutit et resta encore planté là quelques minutes, qui lui parurent des secondes, le nez en l’air, à s’extasier comme jamais…

Jacob ouvrit les yeux. Il se redressa lentement sur le lit. Les feuilles éparpillées dessus glissèrent su sol. Le russe les regarda, désintéressé, et s’étira. Il se frotta le visage dans les mains et bailla longuement. Il était parti d’une bonne intention : réviser un peu ses cours, pour ne pas être totalement paumé quand il reprendrait. Oui, mais il s’était endormi. Il chercha son portable. Non seulement il avait une bonne dizaine de messages écrits et peut-être deux ou trois messages vocaux, mais en plus il était dix-huit heures passées. Et lui qui devait se rendre au bal. Oh, il avait le temps de se préparer, ça il n’y avait pas de problème. Le seul hic, c’était la trace d’oreiller qu’il sentait sur sa joue. Il se leva lentement, en même temps qu’il commençait déjà à se déshabiller. Il laissa ses vêtement tomber un à un sur le seul et arriva à sa serviette de bain. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre et vit que le bal n’avait pas encore commencé. Normal, après tout, il était encore tôt. Il noua son drap de bain autour de sa taille et prit son gel douche et son shampooing. Il avança d’un pas trainant vers les salles de bains des garçons, lâchant un profond bâillement.

Pourquoi est-ce qu’il y allait aussi ? Ah oui, peut-être dans l’espoir de rencontrer quelqu’un. Enfin, comme s’il avait besoin de ça. En plus, il savait pertinemment que les couples étaient mixtes. Il allait donc avoir une fille comme partenaire. Beau suicide agonisant. Il se mit à rêver qu’elle pourrait être Liberté Moreau. Il l’aimait bien cette nana. Mais il faut dire qu’il n’avait pas fait beaucoup d’efforts pour en rencontrer d’autres. L’eau se mit à couler sur son corps et il n’attendit pas qu’elle soit chaude pour mettre la tête dessous. Un long frisson le parcourut et il trembla légèrement. Sa douche s’éternisa sur au moins trente minutes. Mais au moins, il était rasé et tout propre, on ne pouvait pas le nier.

Jacob ne se sécha pas et mit de nouveau sa serviette en équilibre en-dessous de sa taille. Il sortit de la salle d’eau sous le regard éberlué de quelques garçons qui trainaient dans les couloirs. C’est vrai qu’il se débrouillait toujours pour être seul, ou presque, dans les douches et que peu de personne avaient déjà vu ses tatouages. Il ne leur prêta pas plus d’attention et referma la porte de sa chambre en la faisant claquer, après y être entré. Il laissa tomber le tissu sur la chaise et se dirigea vers son armoire. Il sortit son costume et l’enfila. C’était tout simplement un pantalon de smoking noir, avec un haut moulant et court à rayures et la veste qui allait avec le bas. Rien de bien surprenant. Il était déguisé en mafieux. Il n’avait pas trouvé mieux et s’en fichait royalement. Si ça ne plaisait pas, tant pis… Il coiffa ses cheveux et les fit sécher vers l’avant, pour qu’une grande mèche cache la moitié de son visage. Pour voir, il fut obligé d’ouvrir un petit pan, comme sur des rideaux. Pour maintenir tout cela, il mit une couronne en toc, mais très bien imitée. Un vrai petit prince arrogant. Il sourit à son reflet dans le miroir, avant d’éclater d’un rire franc. Honnêtement, il ne savait pas s’il allait tenir toute la soirée dans cet accoutrement. Mais c’est toujours bon d’essayer.

Le blond peaufina quelques détails et sortit de sa chambre. Il vit un groupe de garçons qui se dirigeait vers la salle des fêtes et les suivit. Il n’entama pas une grande discussion sur le chemin, mais c’était plus sympa d’arriver accompagner que seul, à ce genre de soirée organisée. Ça fait genre, quoi… Bientôt, le petit groupe atteignit le dernier bout de chemin avant les portes. Jacob s’arrêta là pour se rouler une cigarette. Il devait être un peu nerveux, puisqu’il mit plus de temps à faire sa clope que d’habitude. Ses mains tremblaient. Bien oui, il allait devoir enfouir sa misogynie au plus profond de lui, s’il ne voulait pas gâcher la soirée d’une pauvre demoiselle qui n’avait certainement pas demandé à être avec un mec qui déteste les corps tout en rondeurs. Il fuma longtemps sa petit bâton de nicotine fait maison et passa les derniers mètres qui le séparaient de la salle.

Sûrement de la même façon que tous les autres, Jacob ne put retenir un "waaaah" devant la sublime décoration de la salle. Il n’avait aucune idée de qui s’en était chargé, mais il leur tirait sa couronne. Son estomac gronda et il posa instinctivement ses yeux sur le buffet romantique qui était dressé. Bon c’était réellement, typiquement, romantique. Son côté baudelairien se rebiffa un peu, mais son ventre le tiraillait trop. Il fut interpelé par une employée qui lui tendit un panier en osier, l’invitant à tirer un papier. Jacob lui obéit et choisit un bout de feuille au pif. Il all ensuite rejoindre l’objet de sa convoitise et, après avoir piqué un petit four, il lut la description de sa cavalière, en mâchant lentement – pour savourer et bien indiquer à son cerveau qu’il répondait enfin au cri de détresse de son bidon. Après avoir essayer de trouver sa dulcinée du la dans la pièce, il se décida à guetter l’entrée, tout en continuant de piocher de temps à autre et distraitement dans les différents mets du buffet.

[post de patientage ♥]
La suite de cela \o\


I’ll find you, my pretty Valentine…

''Ouvrez ce morceau de papier un peu plus loin, il vous dira qui se languira de votre absence. Bonne année et bonne Saint-Valentin monsieur.''
Voilà ce que lui dit la jeune femme qui vint l’accueillir.

Dépliant le papier en mode « document top-secret à ne dévoiler sous aucun prétexte », il pris connaissance de son contenu avant de le faire disparaître dans les replis de son costume. Là où, il l’espérait, personne ne viendrait fouiller.
Right. Il lui fallait maintenant trouver la belle inconnue.
Une tâche ardue au vu des innombrables jeunes filles aux costumes chatoyants qui se trouvaient en ces lieux.
L’endroit se remplissait sans discontinuité, et Quinn ne savait plus où donner de la tête s’il voulait tout voir.
Rien que les cupidons engagés pour l’occasion valaient le détours. Sobres, mais élégants, dotés de petites ailes dans le dos, ils étaient pour ainsi dire à croquer. Pour un peu, il aurait choisit de passer la soirée avec l’une ou l’un d’entre eux. Mais c’était sans compter le fragment d’image qu’il détenait. Il voulait vraiment savoir qui se cachait derrière cela.
Mais bon, pour le moment, rien ne semblait indiquer qu’elle était déjà arrivée. Il lui fallait donc trouver un moyen efficace de passer le temps tout en surveillant l’entrée.
Rien de plus simple que cela. Il lui suffisait de faire comme à son habitude : engager le conversation avec le premier venu.
Quoique non. Pas le premier venu. Ce coup ci, il se baserait sur le costume. Celui qui lui plaira recevra l’insigne honneur de « bénéficier » de sa compagnie.
Il laissa donc son regard errer parmi cet amalgame de couleur, cherchant à voir lequel de ces gens lui sauterait aux yeux.
Trouvé ♥
En fait, trois silhouettes attirèrent son attention. Mais une seule d’entre elles n’était pas encore accompagnée, donc…
Vous vous demandez sans doute qui sont ces trois cas à part ?
Eh bien… Ce qu’il y a de remarquable, avec ce genre de fête, c’est normalement que tout le monde semble sortir du lot.
Ainsi donc, parmi tant de couleurs, ce que l’on remarque, c’est… le noir.
Et il y avait là un V pour Vendetta Valentine, une lourde cape noire bordée de rouge sur un masque blanc et… Un costume du 19e siècle. Gah.
S’il y a bien une chose que Quinn aime niveau vêtements, c’est le 19e siècle. C’est pas pour rien que son placard regorge de fringues à l’ancienne.
Ce fut donc presque par automatisme que ses pas le dirigèrent vers l’inconnu, avec qui il s’empressa d’engager la conversation d’un « Bien le bonsoir, messire, accepteriez-vous de me permettre de profiter de votre compagnie, en attendant que nos partenaires n’arrivent ? »
On ne pouvait toujours pas le voir sourire - décidément, un loup eut été un choix plus judicieux - mais ses yeux d’un bleu électrique semblaient pétiller derrière le masque.
Quitte à attendre, autant rentabiliser cela en faisant de nouvelles rencontre !

Ensuite, dans cette direction o/