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AuteurMessage
Quinn Blackwood
● Université - 3ème Année - Comité des Elèves
● Université - 3ème Année - Comité des Elèves
Quinn Blackwood


Genre : Masculin Bélier Chèvre Age : 33
Adresse : Appt. 34, (05) rue de la Chance, quartier HIRYUU
Compteur 99
Multicompte(s) : Jin Ikeda • Racaille.

KMO
                                   :

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MessageSujet: ► Falling, Catching ◄   ► Falling, Catching ◄ EmptyVen 23 Jan 2015 - 11:35

Falling, Catching.




La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà. De la ville, on n’entendait plus qu’un bourdonnement lointain, diffus, un millier de murmures comme étouffés par une chape de silence et de froid que la neige avait déposé.
Dominant le paysage de leur majesté, les montagnes, immenses et immuables, semblaient étinceler dans leur manteau blanc, témoins silencieux d’un autre âge, tendant leurs sommets en une prière immobile vers la voûte au velours piqueté d’étincelles.  A leur pied s’étendait la forêt, frissonnante, bruissant des mille infimes signes d’une vie que l’hiver n’avait réussi qu’à ralentir, à défaut de l’endormir complètement. Semblable à une mer sombre et agitée, les pointes aiguisées des sapins couverts de neige figurant la crête des vagues, elle venait mourir brusquement aux frontières de la ville, se heurtant dans une collision silencieuse à quelque mur invisible posé là par la civilisation.
A mesure que le jour déclinait, le froid s’était fait plus piquant, douloureux. Sa morsure s’était faite aiguë, insidieuse même, et Décembre hurlait ses bourrasques au sommet des collines.
Le vent avait lavé le ciel de tout ce qui pouvait l’obscurcir, et ce dernier n’en paraissait que plus grand, bien que déchiré de part en part par la voie lactée qui semblait vomir ses étoiles à n’en plus finir.

Les yeux tournés vers le ciel, le souffle brûlant s’échappant de ses lèvres se condensant à outrance sitôt qu’il entrait en contact avec l’extérieur, Quinn Blackwood était étendu à même le sol, les bras en croix, le nez et les joues rougis par le froid. A ses côtés gisaient sa veste et son écharpe, abandonnés là malgré leur utilité évidente, et sa main aux doigts bleuis serrait fermement une lampe de poche massive dont le faisceau puissant allait se perdre dans les arbres alentours.
Il était immobile depuis plusieurs minutes maintenant, et de minuscules flocons étaient venus se prendre dans les mèches de ses cheveux pour l’heure d’un gris presque blanc. Seuls ses yeux bougeaient, ses iris clairs sautant d’une étoile à l’autre avec la frénésie d’un colibri en vol.
Il ne sentait plus le froid.

La colline sur laquelle il s’était installé dominait les environs, comme gonflée par l’arrogance de vouloir égaler - sans succès - les montagnes qui lui faisaient ombrage. C’était sûrement là ce qui avait autrefois poussé les habitants de la région à y installer un temple, dont ne subsistait aujourd’hui que des ruines couvertes de neige ; quelques pierres rongées par la végétation et quelques planches pourries, gonflées d’humidité.
Seul singulier survivant de ce délabrement, un torii, délavé, légèrement tordu, se dressait tel une archaïque sentinelle à l’entrée de la clairière. Malgré les racines noueuses des camphriers séculaires qui semblaient s’être donné pour mission de le faire faillir, il tenait bon, comme mû par la volonté de marquer éternellement l’entrée de l’escalier - pourtant presque entièrement disparu sous la végétation - qui menait au sommet.
C’était ce chemin, rendu glissant par le gel, que Quinn avait emprunté pour arriver jusque là.
Il avait marqué une pause à la dernière marche, puis s’était engagé sous l’arche - diable rouge dont les cornes tutoyaient le ciel - effleurant du bout des doigts la peinture rendue rugueuse par le temps et les intempéries. Il s’était ensuite avancé pour atteindre le centre de la clairière et avait levé les yeux.
Sur ses lèvres naquit le sourire d’une satisfaction rêveuse.

La route avait été longue jusqu’à ce lieu coupé du monde ; longue et non dépourvue de difficultés, la principale étant l'ascension sur ce terrain traître et inégal, qui, dans l’obscurité recelait bien plus de pièges qu’il n’y paraissait. Il était tombé, une, deux, trois fois ; et chaque fois s’était relevé, récoltant quelques égratignures au passage. Pas une fois il n’envisagea de faire demi-tour ; c’était l’endroit idéal.
Jamais les étoiles ne lui avaient paru aussi proches.

Il s’était débarrassé de ses pelures, puis s’était allongé dans la neige.

Il n’avait pas vraiment calculé cette escapade. Les choses s’étaient organisées au coup par coup, un peu aléatoirement. A bien y réfléchir, sa promenade dans les rues de Keimoo plus tôt dans la soirée, alors que, s’étant égaré une fois de plus, il s’était retrouvé à errer des heures durant, y était sûrement pour quelque chose. Tout d’abord concentré sur le fait de trouver son chemin, il avait peu à peu dévié de son but pour finalement déambuler sans objectif, l’air absent, le nez en l’air, ouvert à l’inconnu et à toute découverte que la nuit pouvait bien vouloir lui faire partager. Puis, alors qu’une à une, les lueurs aux fenêtres s’étaient éteintes, et que seuls les réverbères apportaient aux environs un semblant de clarté, il s’était arrêté et avait réalisé qu’il ne voyait pas les étoiles. Étrange comme il ne s’était même pas posé la question depuis qu’il était à Keimoo. Cela faisait quoi ? Cinq ans ? Pas une fois il n’avait levé les yeux, trop occupé qu’il était à regarder autour de lui, à découvrir, à rencontrer.
Il s’était alors rappelé ces longues nuits à la Nouvelle Orléans, lorsqu’il plantait sa tente sur une île reculée du domaine et qu’il passait des heures à relier ces milliers d’étincelles en constellations connues de lui seul.
Et il s’était senti nostalgique.
Étrange comme la nostalgie peut surprendre, lorsqu’on est jeune et peu habitué à se souvenir.
S’en était suivie l’une de ses décisions dépourvues de toute logique aux yeux des autres, et pourtant si pleine de sens. Un bref aller-retour dans un konbini, et il s’était retrouvé en possession d’une lampe-torche et d’une carte de Keimoo et de ses alentours.
Il n’avait guère mis plus de dix minutes à trouver la colline - éloignée de toute civilisation, quoique accessible - et plus de deux heures à s’y rendre, d’abord à vélo (il était passé chez lui le chercher), puis à la seule force de ses pieds, de ses mains, escaladant cet escalier comme son Everest personnel.

Étalé de tout son long, il reprenait maintenant son souffle, empli de la satisfaction brute que lui procurait l’endroit. Il avait les doigts gelés, de la neige dans le cou, l’air hagard et le souffle court, et pourtant il était heureux, si heureux qu’il ne put s’empêcher d’éclater de rire ; un rire franc, pétillant, s’élevant vers les étoiles qui - il aurait pu en jurer - frémirent en réponse.

Lorsqu’il se tût finalement, seul le vent, sifflement inlassable et ténu, se risquait à briser le silence, murmurant à qui voulait bien les entendre quelques secrets oubliés du monde ; et Quinn se surprit à retenir sa respiration et à tendre l’oreille, les mains crispées, les yeux grand ouverts.

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