Que ça serve de leçon!

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Le mois de Septembre défilait sous les yeux de Yoite comme s'il était simple spectateur. La rentrée scolaire après les vacances d'été n'était déjà plus qu'un souvenir et la routine avait envahi les moindres recoins de l'académie. Le nippon avait beau être un rebelle dans l'âme, il ne pouvait rien faire contre le temps qui passe et malgré toutes ces petites gueulantes qu'il pouvait pousser contre telle ou telle chose, il se sentait impuissant face à lui-même. Il se voyait grandir et rentrer dans le cercle comme toutes les autres brebis. C'était déstabilisant.
Pourtant, il fallait bien l'avouer, ce qui le déstabilisait le plus, c'était cette compétition qui avait eut lieu au début du mois. Yoite avouait sans peine qu'il ne s'était pas préparé comme il l'avait fait, qu'il avait pensé à autre chose les 3/4 du temps mais malgré cela, il avait confiance en ses capacités et avait espéré remporter la 1ière place. Cependant, vu qu'il s'était rétamé comme un malpropre sur sa nage favorite (le crawl), il avait juste fermé sa gueule sans même féliciter Makkuro ou Miki. La défaite était humiliante, fallait juste qu'il arrive à passer au-dessus pour retrouver une motivation digne de ce nom.

D'ailleurs, il lui était devenu très difficile de donner des conseils aux grenouilles qui pataugeaient à la piscine pendant les heures de club. Tout le monde ne se fiait pas aux résultats des compétitions mais il était presque certain que tous les gens d'ici étaient quand même au courant. Sa place de capitaine allait-elle être révoquée pour incompétence? Si c'était le cas, autant quitter le club tout de suite, la honte serait trop grande. Yoite savait que dans quelque temps, il allait retrouver des forces, retrouver sa rage de vaincre mais pour l'instant, il n'avait pas le déclic recherché. Il se contentait d'entretenir ce qu'il savait faire sans apprendre de nouvelles choses. Il réfléchissait aussi sérieusement à se muscler mais la flemme l'avait gagné dernièrement et même les conseils de sa Sakura-chérie ne semblaient pas lui remonter le moral. Extérieurement pourtant, il donnait l'image de quelqu'un qui a accepté la défaite, qui continuait à avancer et à garder le sourire mais intérieurement, il boudait comme un enfant de 6 ans.
Les heures de club avaient commencé, il était 16h27. Yoite était présent, tout comme Makkuro et Miki à qui tout semblait réussir. Leurs échanges n'étaient que superficiels et ce n'était pas de la jalousie. Le rebelle avait même été particulièrement surprit de voir Makkuro remporter l'épreuve du crawl. Lui qui ne respectait aucune "règle" sur la façon de pratiquer cette nage, il les avait tous distancé avec sa puissance de titan. Y avait pas à dire, les muscles avaient creusé la différence. Miki avait tout autant de mérite, la nage que représentait le papillon était trop compliquée pour Yoite et le jeune garçon avait fini second. Ils étaient doués, même si Yoite ne le leur avait dit de vive voix.

L'heure et demie restante fut longue, le rebelle cherchait encore et toujours un peu de calme et avait tendance à se renfermer dans son coin. Lui-même ne supportait plus cette ambiance qu'il s'infligeait et infligeait aux autres mais c'était plus fort que lui. Il était susceptible, sûrement un peu plus con que d'habitude, et légèrement moins social. Y avait qu'à prendre le mois d'Octobre comme nouveau départ, fallait bien retirer des bons points des défaites!
Retournant aux vestiaires une fois que tout le monde fut parti, Yoite se glissa dans les douches pour enlever l'odeur du chlore qui avait tendance à se greffer à la peau. C'était pas systématique pour lui de prendre une douche, il préférait le faire chez lui mais là, il ressentait le besoin de rester un peu plus longtemps, de réfléchir. L'heure était brûlante et la vapeur recouvrit bientôt toutes les cabines. Le rebelle avait les yeux fermés, laissant glisser l'eau sur ce corps qu'il trouvait désormais faible et beaucoup trop maigre. A compter d'aujourd'hui, il allait devenir un fervent membre du club de Karaté et sûrement allait-il aller davantage au club de basket aussi. Il allait se muscler et en même apprendre à se défendre ... on sait jamais!
Quittant les douches, il retourna dans les vestiaires et commença à se changer. Il était un peu de 18h et le calme régnait dans le club. C'était dans les moments comme ça que la zénitude de la piscine le charmait au maximum. Aussi troublée soit-elle pendant les heures de club, l'eau réussissait toujours à retrouver son calme naturel. Si seulement il était comme ça lui aussi.

Sujet: Re: Que ça serve de leçon! Mar 23 Sep 2014 - 21:22

Que ça serve de leçon ! (ft.Yoite)

Après une longue journée de cours, je m’affale sur une chaise en salle des professeurs, ce fut laborieux d’introduire des notions de logique mathématiques à des jeunes gens qui n’en comprennent pas encore l’intérêt tant qu’aucun exemple concret n’a été donné. Et les copies du dernier devoir n’ont pas été une mince affaire non plus. De l’autre côté de la pièce, là où se trouve le tableau d’affichage général de l’administration, la cafetière me fait de l’œil et bien que je tente de résister à son appel, je finis par me lever malgré la fatigue qui habite mon corps. C’est non sans traîner les pieds que je me hisse jusqu’à la machine, autant je commence à me passer de la nicotine, autant il me semble que rien ne viendra remplacer un bon café après une journée éreintante. Alors que je place une capsule puis referme brutalement le couvercle de la cafetière, j’aperçois quelques photos épinglées sur le tableau, des images qui m’intriguent car je n’arrive pas à distinguer leur contenu de ma position, même en fronçant les sourcils.

J’abandonne temporairement ma boisson qui se déverse dans une grande tasse où figurent mes initiales, dans le but de voir les photographies teintées de bleu. Arrivé à une certaine distance, je remarque qu’il s’agit des membres du club de natation – ce qui me vaut un sourire nostalgique – revenus victorieux pour la plupart de la dernière compétition. Un peu plus loin, en retrait, se trouve un jeune homme avec un air assez morose. D’après mes souvenirs, n’est-ce pas le capitaine de l’équipe que j’ai pu rencontrer lors de la rentrée d’Avril ? Je me penche vers l’article de journal qui accompagne les illustrations et tout de suite, je comprends mieux. Apparemment Yoite ne s’est pas illustré lors du tournoi. Bah…Ce sont des choses qui arrivent non ?

En tout cas, en tant que responsable du club, il faudrait que j’aille féliciter tous les membres participants. Voyons, je me demande ce que je pourrais leur offrir. Ne les connaissant pas personnellement, je devrais peut-être demander l’avis du capitaine ? Bonne idée ! Après avoir récupéré ma tasse de café, je quitte la salle des enseignants avec beaucoup plus d’énergie qu’au moment où je suis rentré. En traversant les couloirs, je ne peux m’empêcher de glousser bêtement, cela faisait un petit moment que je n’avais pas emprunté le chemin pour me rendre à la piscine de l’académie. La vue des bassins me rendrait presque nostalgique des moments où je plongeais avec mes camarades en tentant d’établir de nouveaux records (ce qui n’est jamais arrivé).

Au moment où je pousse la barrière qui mène aux plongeoirs– où j’espérais croiser des membres – je me rends compte que les locaux sont déserts. Je jette un coup d’œil sur ma montre en prenant une gorgée de café. 18h07. Les activités ont pris fin depuis un certain temps maintenant, je devrais peut-être rebrousser chemin. Enfin, puisque je suis ici, pourquoi ne pas faire un état des lieux ? Autant joindre l’utile à l’agréable. Et puis, je dois avouer que le doux remous de l’eau m’attire, peut-être que je pourrais emprunter un maillot et faire trempette une petite demi-heure, avant que l’agent d’entretien ne passe faire son travail. C’est donc sans surprise que je me rends dans les vestiaires où une surprise m’attend.

« Oh ! Unden-san ! Je ne pensais pas vous voir si tard ici. »

Tout d'abord ravi d'avoir un peu de compagnie, j'ai soudainement une prise de conscience. En une fraction de seconde, je pose ma tasse sur un banc puis me tourne brusquement, en rentrant ici je n’avais pas prêté attention au fait que le jeune homme était à moitié nu. Enfin, pas que la vue d’un corps athlétique me dérange, mais puisque nous sommes deux individus du même âge pratiquement…il pourrait y avoir quelques malentendus. Le rouge aux joues et toujours le dos tourné, je marmonne.

« Vous avez fini de vous changer ? »

Une fois son accord reçu, je lui fais enfin face. Le capitaine du club a ce genre de présence que peu d’élèves ont – ou alors c’est totalement subjectif…Ah ! Je m’embrouille – et je ne doute pas que c’est pour cela qu’il a reçu ce poste, en plus de ses talents dans l’eau. Hum. Enfin, je ne dois pas oublier la principale raison de ma venue ici. Toujours un peu pourpre, je reprends.

« Hum…Tout d’abord félicitations pour votre participation au tournoi. »

Sans que je sache réellement pourquoi, ma voix s’était éteinte, est-ce qu’il m’intimide un peu ? Ou alors est-ce parce que j’ai sans cesse cette image de lui, morose, qui correspond tout à fait à son état actuel ? Est-ce que je devrais lui dire quelque chose pour l’encourager ou le soutenir ? Malgré mon tempérament sociable, je n’arrive pas à trouver de quelle manière me comporter avec lui. D’habitude, en classe, je côtoie des élèves relativement jeunes, de plusieurs années mes cadets…Mais avec lui c’est différent je suppose. C’est aussi une des raisons pour laquelle je le vouvoie, hem.

« En fait je suis venu parce que…je me disais qu’on devrait organiser quelque chose pour les membres du club, et je voulais savoir quel genre de cadeau pourrait plaire aux participants de la compétition. Qu’est-ce vous en pensez ? »

Un sourire, un accord…J’attends quelque chose, une réaction.

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Le calme avait envahi toute la piscine ainsi que les vestiaires. Seuls les bruits que pouvait faire Yoite venaient troubler ce silence. Pour certaines personnes, ça aurait presque été stressant (effrayant?) de se retrouver seul dans un endroit aussi imposant. Personnellement, ce n'était pas la première fois que Yoite quittait le club après les autres, que ce soit par nécessité ou simplement par envie. Il lui arrivait parfois de ne pas quitter l'académie en courant, et oui! Aujourd'hui, c'était le cas. Monsieur trainassait et rien ne semblait pouvoir le motiver à quitter les lieux.
Enfilant son boxer après s'être convenablement séché, Yoite glissa une jambe dans son jean au moment où la porte du vestiaire s'ouvrit. Un peu surprit, il en fut presque déstabilisé mais se retint contre son vestiaire alors qu'il n'était qu'à moitié habillé. Se fichant complètement de sa nudité, il était plutôt curieux de savoir qui c'était? Un des membres qui avait oublié quelque chose? Mais l'appellation qui arriva jusqu'à ses oreilles lui fit aussitôt rebaisser les yeux. Ce n'était qu'un professeur.
La tasse de café fut posée et contre attente, le rebelle s'habilla pour de bon. En temps normal, il aurait fait quelques bruits mimant ceux des vêtements et se serait simplement promené en boxer pour mettre mal à l'aise son interlocuteur mais aujourd'hui, même ça ne semblait pas lui donner envie. De plus, il avait reconnu Yoshida-sensei et c'était loin d'être le prof qu'il détestait le plus. Valait mieux éviter de le contrarier, ils ne se connaissaient pas encore très bien tous les deux.

"Ouais, ça y est c'est bon."

S'asseyant sur le banc pour savoir enfin de quoi il en retournait, Yoite glissa alors son regard de braise dans les magnifiques yeux verts d'Hayden. Il s'était déjà demandé si c'était leur couleur naturelle mais là encore, ils n'étaient pas assez proches. Cependant, ça n'avait jamais empêché le rebelle de faire quoique ce soit d'habitude. C'était peut-être parce que c'était lui. Ce mec, bien qu'il était aujourd'hui un professeur, n'était guère plus âgé que lui. Du coup, Yoite avait un peu de mal à le prendre au sérieux, il avait envie de le taquiner, de s'amuser avec lui mais ce qui le retenait, c'était ce physique. Ce mec lui plaisait terriblement mais y avait pas moyen qu'il agrandisse sa liste de "cibles" jusqu'aux professeurs. Il s'était déjà bien assez fait remarquer ces derniers temps.
En attendant, ses yeux émeraudes l'hypnotisaient et les joues pourpres qui allaient avec le firent sourire avec mesquinerie.

Sourire qu'il perdit aussitôt. Félicitations? Sérieusement? Peut-être qu'il croyait être en face de Makkuro ou de Miki? Est-ce que Yoite devait lui rappeler qu'il n'avait pas illuminé le tableau des résultats?
Raaaah, c'était pas possible ça. Voilà qu'il avait retrouvé le sourire avec cette visite inattendue mais si même Yoshida-sensei venait lui parler de cette compétition ratée, alors c'était perdu d'avance. Sans se lever, mais le regard toujours fixé vers Hayden, Yoite déclara avec une voix malgré tout assez froide mais pas forcément fermée à la conversation :

"Vous auriez dû venir quand tout le monde était encore là. Là, tout de suite, ça n'a pas vraiment de sens."

Et ce dernier commentaire faisait évidemment référence à Yoite qui ne voyait pas de raison d'être félicité pour ça.

Se frottant le visage d'une main, il repensa qu'il n'avait pas mis de crème sur sa peau après la douche et d'ailleurs, qu'il n'était sûrement pas coiffé! Sacrilège! Se redressant aussitôt, il fouilla dans son vestiaire et en ressortit sa petite crème ainsi qu'un miroir alors qu'Hayden continuait sur sa lancée. Organiser quelque chose? Oui, pourquoi pas. Une bonne beuverie à des heures tardives, ça risquait bien de lui changer les idées mais par contre, il était hors de question de passer volontairement du temps avec Makkuro. Ce type l'exaspérait au plus haut point et c'était encore pire depuis qu'il avait remporté SA 1ière place.
Abandonnant pour le moment l'idée de se coiffer, Yoite fit face à Hayden et s'approcha un peu de lui. Comme tous les autres dans son entourage, Hayden est grand et le rebelle en soupira. Si seulement il avait été hétéro, il aurait pu s'afficher avec des poulettes plus petites que lui mais non ... Le rôle de la gonzesse lui revenait toujours presque sans équivoque. Y avait pas à dire, il devait vraiment se muscler ou bientôt il allait y croire lui-même...

"Des cadeaux? ... Faut pas te forcer, hein. Mais si vraiment tu y tiens, achète un miroir à Makkuro, histoire qu'il puisse encore et encore s'admirer. Pour Miki ... Mmh, bonne question. Cette petite grenouille s'est illustrée à la nage papillon, peut-être qu'un pendentif lui ferait plaisir. Quant à moi ..." Le silence qui suivit sa réponse le mit presque mal à l'aise lui-même. Son côté "enfoiré" avait failli ressortir avec tout le naturel du monde et il avait presque ajouté "toi ?" avant de se retenir. Inutile de se foutre encore plus dans la déprime qu'il ne l'était déjà. "... Je te laisse chercher."

Il n'avait envie de rien, il ne méritait rien.
Pourtant, malgré toute la mauvaise foi qu'il avait à tenter de s'auto-flageller, il devait bien avouer que cette conversation inattendue lui faisait un bien fou. Il savait à force d'avoir été curieux et de s'être intéressé un peu à tout qu'Hayden adorait l'eau lui aussi et qu'il avait été un fervent membre du club avant de devenir professeur. Même aujourd'hui, il en était le responsable "en cas de besoin". Cette implication plaisait à Yoite, c'était peut-être pour ça que de son côté il le tutoyait, il avait l'impression qu'ils pouvaient en discuter, que Yoshida-sensei pouvait être celui qui le remotiverait mais ce n'était pas comme s'il y avait une chance qu'il le lui demande.
Compliqué.

Se reculant, il remit la crème et son petit miroir dans son vestiaire avant de le fermer pour de bon. Ses cheveux allaient attendre même s'il ne cessait de se demander quelle gueule il pouvait bien avoir.

"T'es venu ici juste pour ça? Au fond, vu l'heure, t'espérais peut-être être seul ici. Tu voulais patauger?"

Sujet: Re: Que ça serve de leçon! Dim 19 Oct 2014 - 10:03

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Que ça serve de leçon! 198621haydenicon2

Sa réaction face à « enthousiasme » ne me surprend pas vraiment, alors pourquoi est-ce que je me sens mal pour lui tout à coup ? Je ne m’attendais pas à ce qu’il saute de joie, mais je n’ai jamais voulu qu’il me parle froidement tout en me fixant. Rah, pourquoi il continue de me regarder droit dans les yeux, ça me gêne et ça va encore plus me faire rougir. Qu’est-ce qu’il m’arrive aujourd’hui ? J’ai du mal à contrôler mes émotions…ou juste mes hormones ? Cette dernière pensée me fait prendre conscience de la gravité de la situation, non…Impossible, je ne peux pas avoir ce genre de pensée pour un élève. Même s’il n’a que quelques années de moins que moi, c’est un universitaire, un élève, et moi je suis un enseignant. Enfin bon, toujours est-il que j’en suis au stade de regarder la pointe de mes chaussures juste parce que mes pulsions me jouent des tours, et il faudrait peut-être que je veille à me rattraper sur ce que j’ai dit à Yoite (et qui l’a peut-être vexé ?)

« L’important c’est de par-…Non, oublie ce que je viens de dire. »

Je soupire longuement, c’est le genre de phrase totalement hypocrite que l’on sort à quelqu’un qui vient de subir une amère déception, et c’est aussi le genre de chose qui enfonce encore plus le couteau dans la plaie au lieu de consoler la dite personne. A ce stade là de la compétition, on nage bien évidemment pour le plaisir, mais aussi pour gagner. Cette volonté de puissance et de gloire affirmative est tout à fait saine pour un jeune homme, je ne dois pas intervenir de cette manière.

« Je comprends que tu sois déçu, mais c’est l’occasion de te surpasser pour leur mettre la pâté une prochaine fois, non ? »

Sans que je ne m’en rende compte, j’ai commencé à le tutoyer. Bah, y a pas de mal à ça, nous sommes en dehors du cadre scolaire, si une personne extérieure pouvait nous voir – même si ce n’est pas préférable – elle nous prendrait plus pour deux amis qu’autre chose, je suppose ? Alors que je pose mon regard sur l’étudiant, je me rends compte qu’il est…en train de s’appliquer de ma crème devant un miroir. J’étouffe un petit rire, il est vraiment mignon ce garçon. Et ses cheveux en bataille me font presque fondre. Chassez le naturel, il revient au galop, la tentative de me convaincre de ne plus penser au physique de Yoite a vainement échoué. Au moins j’aurais essayé, enfin de toute façon je ne fais rien de mal…je crois.

Il s’est approché de moi, même si ce n’est que de quelques pas, nous nous sommes quand même rapprochés…physiquement. Je déglutis difficilement, je crois que c’est la première fois que je me sens comme ça avec un homme. Mais chassez donc ces vilaines pensées de vos esprits, nous ne ferons que discuter (aujourd’hui ?). D’ailleurs, il vient de me tutoyer. Si au début je souhaite l’interrompre pour le lui faire remarquer et tenter tant bien que mal d’instaurer une barrière entre nous, je finis par l’oublier assez rapidement suite à sa remarque. Un miroir pour s’admirer ? J’éclate d’un rire franc. Je ne connais pas ce Makkuro, mais il doit être un sacré phénomène ou alors c’est juste subjectif et mon interlocuteur est en réalité juste boudeur parce qu’il lui a pris la première place. Sans m’en rendre compte, je souris complètement attendri par sa conduite, si bien que je ne l’écoute plus qu’à moitié. Miki et pendentifs sont les seuls mots que j’arrive à comprendre dans la continuité de sa phrase. Puis lorsqu’il vient à parler de lui, mon regard émeraude vient chercher les pupilles brillantes de Yoite. Une tension naît autour de nous, elle monte de plus en plus haut, puis s’essouffle et s’effondre.

Me laisser chercher ? Je suis presque offusqué qu’il me sorte ça après un si long temps de pause, mais soit. Bon sang, qu’est-ce que j’attendais qu’il me dise au fond ? Quelque chose de précis ? Ca va être difficile de lui faire un présent sachant que je ne connais presque rien de lui. Mon fort intérieur me murmure bien d’aller lui offrir un nouveau maillot de bain, plus moulant que l’actuel, mais je finis par abandonner cette idée au risque de passer pour un pervers. Surtout que je ne suis pas ce bord là (je crois bien ?). Alors qu’il reprend la parole, une idée brillante me traverse l’esprit grâce à sa question. Yoite, tu es un génie. Je sais ce qui va lui faire du bien – et j’imagine que ça me sera agréable aussi - …Eh bien, à quoi pensez-vous ?

« Yoite-san. Ca te dirait de faire une course ? Je veux dire…Là, maintenant, tout de suite. Quoique non…C’est un ordre d'un professeur.. »

Être supérieur dans la hiérarchie a du bon parfois. Je n’ai pas forcément l’intention de perdre pour lui remonter le moral, mais étant donné que ça fait une éternité que je n’ai plus plongé mon corps dans un bassin, ça ne sera sûrement pas une course équitable. Je souris en déboutonnant le haut de ma chemise, ce n’est pas comme si je m’en préoccupais vraiment, un amoureux de l’eau nage parce qu’il se sent plus à l’aise dans une piscine que sur terre, pas toujours pour la victoire. Rapidement, je me débarrasse de mon haut, laissant une vue totalement libre sur mon torse dépourvu de toute pilosité. Avant de réserver le même sort à mon pantalon et mon boxer, je me dirige vers une petite pièce à côté du vestiaire collectif.

« Les maillots de bain d’essai sont toujours dans ce local ? »

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Yoite laissa échapper un ricanement aux paroles d'Hayden. Il pouvait comprendre ce qu'il essayait vainement de lui dire mais ce n'était pas du tout ce qu'il avait envie d'entendre. De plus, ce cher professeur ne savait pas toute l'histoire. Yoite et Makkuro s'étaient lancés un défi. Un défi!! En temps normal, le rebelle ne craignait pas la défaite, appréciant même avec une joie malsaine les gages dont il pouvait écoper mais perdre face à cette andouille de Makkuro, c'était juste horrible. Ce mec ... bref. Du coup, la participation n'entrait pas en ligne de compte, Yoite regrettait presque d'avoir été apte pour nager vu les résultats. Il prit cependant sur lui et ne fit rien de plus que ce petit ricanement somme toute positif. Ce n'était pas faux, juste pas le bon moment.

Occupé à se mettre de la crème, Yoite tendit malgré tout l'oreille vers Hayden. Ces paroles n'étaient pas débiles, lui-même y avait déjà pensé à cette revanche qu'il devait absolument gagner mais c'était avant que son médecin ne lui dise de prendre du poids s'il voulait continuer la natation à ce niveau. La nourriture et Yoite, ça faisait deux. Le jeune homme n'était pas anorexique mais il était fin, surtout pour un nageur. Très peu de muscles, encore moins de graisse. Ses côtes n'étaient pas visibles mais on sentait bien que ce n'était pas loin. Une chance qu'il n'était pas très grand ou ça aurait vraiment été choquant.
Alors l'envie de gagner cette revanche allait devoir attendre qu'il grossisse et se muscle, qu'il fasse attention à son corps, qu'il ne rate aucun repas et ça, ça avait tendance à le miner. Il avait l'impression que cette défaite remettait toutes ses habitudes en question et ça le frustrait. Désormais, il allait devoir fréquenter le club de basket avec assiduité mais aussi celui de Karaté. Transpirer avec ses camarades, avoir des courbatures mais ce qui le motivait, bizarrement, c'était le corps musclé et entretenu d'Ethan. Ce mec avait beau ne pas faire partie de son cercle d'amis, il n'en restait pas moins une image de lui qu'il ne pouvait effacer, celle de ce torse musclé qui paraissait si puissant. Un peu comme Makkuro, malheureusement.
Il soupira.

"J'imagine que tu as raison. C'est juste que pour le moment, c'est dur de penser à la prochaine compétition et d'oublier celle qui vient de passer. Jusqu'ici, j'avais réussi à bien les gérer ces compets mais là ... faut croire que mon corps me dit stop."

Yoite en avait déjà plus dit à Hayden qu'à n'importe qui d'autre. Même sa petite sœur n'avait rien su de tout ça car elle était du genre à s'inquiéter pour un rhume. De toute façon, le dire à un professeur n'allait pas changer la donne. Yoshida-sensei était bien fait, à priori, mais il n'était pas musclor et Yoite ne voulait pas de sa pitié. En fait, il aurait aimé -adoré- qu'il vienne en personne le féliciter pour un résultat extraordinaire. Serait-il venu jusqu'au club si Yoite avait été le seul participant et avait fini avant-dernier? Qu'espérait-il vraiment en passant au club quelques jours après la compétition? Il semblait presque arriver après la tempête.
Mais bien vite, l'évidence prit place. Une récompense pour les meilleurs? Le geste était sympathique, bienvenue. Yoite fut cependant un peu de mauvaise foi et donna les réponses qui lui sautèrent aux yeux sans vraiment réfléchir. Mais ce rire ... Le rebelle sentit sa colère-jalousie s'envoler quelques secondes. Ces rires francs et sincères, naturels et communicatifs. Ici, dans ce club, il n'y en avait plus et ce, depuis longtemps. Yoite n'était pas joyeux quand il était capitaine ici, il se faisait strict, professionnel pour éviter le moindre drame. Mais l'ambiance un peu "camarades" lui manquait beaucoup, il se rappellait très bien qu'à l'époque où il était simple membre, il emmerdait Kazuki sans même chercher plus loin. Aujourd'hui, c'était comme s'il avait grandi trop vite et ne prenait plus le temps de s'amuser. Hayden n'avait plus rien d'un professeur à cet instant, il semblait rajeunir au fil de leur conversation et prenait des airs d'ami de longue date. Ils étaient étranges tous les deux.
Le blanc qu'instaura Yoite pendant quelques secondes coupa malheureusement net cet élan d'amitié qui aurait pu déboucher sur autre chose. Les pensées qui traversaient son esprit actuellement devaient vite s'en aller. Il devait rester concentrer sur ses problèmes, quitte à oublier comment sourire pendant quelques mois. Les distractions comme Hayden qui avait presque l'auréole au-dessus de la tête ne devaient pas entrer en ligne de compte pourtant ... le jeune rebelle ne pu s'empêcher de relancer la conversation. Il ne voulait pas qu'il s'en aille, pas déjà.

Il tiqua un peu sur le "san" ajouter à son prénom mais ne fit aucune remarque. Au fond, c'étaient les règles ici. Quant à la proposition, il hurla intérieurement. Est-ce qu'Hayden se rendait compte qu'il sortait de la douche? Qu'il venait de s'habiller? De mettre de la crème?! Et puis, il aurait pu avoir un rendez-vous urgent là!! Nan mais je vous jure, l'autorité d'un professeur pouvait pousser au meurtre!

"C'est pas comme si je pouvais dire non."

Mais tout cela n'était que mensonge et ce, encore plus vrai depuis qu'Hayden avait commencé à déboutonner sa chemise. Rien de son torse n'était encore visible mais le geste lui donna presque un saignement de nez. Il suffisait qu'il le regarde pour inventer des paroles que ce cher professeur ne dirait jamais, style "viens et ravage-moi". Il toussa pour éviter d'avaler de travers. Et avec tout ceci, il devait se concentrer sur les futures compétitions? Autant abandonner tout de suite et kidnapper Yoshida-sensei pour le faire sien. C'était vain d'avance.

Désormais apte à la proposition, Yoite enleva de nouveau son petit pull, puis son T-shirt ainsi que son jean et s'adossa contre son vestiaire en regardant Hayden se promener torse-nu dans le local comme il avait l'habitude de le faire à cette époque. Il lui répondit juste d'un petit "Mmh mmh." qui dénotait assez grossièrement son état d'esprit. Il aurait aimé voir plus, toujours plus, de ce corps qu'il n'avait pas revu en maillot depuis longtemps mais il allait patiemment attendre qu'il s'habille de son côté comme s'ils avaient des choses à cacher. Entre mecs, ça le faisait un peu rire ce genre de pudeur mais au fond, il sentait que c'était mieux pour eux deux. L'attirance qu'il ressentait à son égard était bien assez forte quand celui-ci était habillé, autant ne pas tenter le diable.
Se glissant dans son maillot de bain, Yoite frissonna car il était encore mouillé puis chopa son bonnet de bain qu'il ajusta par habitude sans même se regarder. Ni une, ni deux, il retourna près de l'eau et se pencha au-dessus de la piscine en constatant que, malgré tout, il ne pouvait pas détester cette eau limpide qui l'appelait. Il aimait nager plus que tout au monde et se sentait à l'aise dans l'eau. C'était d'ailleurs sûrement pour ça qu'il était aussi vexé. Relevant la tête vers le plafond, il inspira profondément et retrouva son âme d'enfant 2 secondes, le temps de faire ce qu'il appelait un plongeon en boule, le plongeon qui éclaboussait tout le monde.
Il ressortit la tête de l'eau et esquissa un sourire avant de faire quelques mouvements juste pour ne pas couler. Patientant, Yoite attendit qu'Hayden ressorte du vestiaire et le rejoigne pour finalement relancer la conversation :

"Tu sais que t'as rien à me prouver. Je me souviens de toi au club de natation, t'étais loin d'être dans les derniers. De plus, me battre ne fera pas de toi un champion, au mieux tu seras considéré comme d'un niveau normal."

Là encore, un peu de mauvaise foi mais le ton de voix de Yoite avait changé. Adieu cette froideur inébranlable, il semblerait que le jeune homme ait retrouvé un peu de cet entrain moqueur qui faisait de lui cet emmerdeur que beaucoup de monde connaissait. Prendre cette défaite à la blague n'était pas la solution mais si, actuellement, ça pouvait lui permettre d'apprécier ce moment et de profiter de cet instant unique avec un professeur sexy et jeune, alors ça en valait le coup. Ils ne faisaient pas de mal et personne ne l'attendait chez lui. Si Hayden pouvait améliorer sa soirée rien qu'avec cette petite course, alors il était preneur.

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« Prend soin de ton corps, tu n’en auras qu’un ! Et puis un comme le tien, faut bien l’entretenir, ça serait dommage. »

De quelle maladresse ai-je encore fait preuve ? Alors que je me change à l’abri du regard perçant de Yoite – sans comprendre pourquoi, je me mets à rosir en pensant que je puisse enfiler un maillot devant lui – je me rends compte que j’ai été poli…à moitié. « Yoite-san » je l’ai clairement appelé par son prénom et j’ai quand même rajouté un suffixe instaurant une certaine distance entre nous et c’est sans compter le fait que j’en ai trop dit concernant ce que je pense de son physique. Bon après c’est vrai que c’est un jeune homme en pleine santé, bien bâti, c’est toujours beau à voir…même si c’est un élève. J’aurais pu me mettre à rire tout seul en pensant à toutes les stupidités qui me passent actuellement par la même, si je n’avais pas eu besoin de me remettre à la natation pour remonter le moral du capitaine du club – et éventuellement pour une satisfaction personnelle – et une fois changé, je me dirige vers les bassins intérieurs.

C’est vrai, la saison estivale est terminée et c’est bien dommage. Que j’aurais aimé sentir le doux vent d’été parcourir mon corps et mes cheveux. Je passe des lunettes de protection autour de ma tête avant de me placer sur le premier plongeoir. Avant même de me lancer, je perçois mon reflet et un sentiment de nostalgie m’envahit. L’époque où je nageais jusqu’à en être essoufflé avec mes camarades me semble si lointaine, et pourtant si proche à la fois. Depuis que j’ai terminé mon cursus universitaire, les choses se sont accélérées et me voilà maintenant enseignant. Je jette un coup d’œil en coin vers l’autre garçon et soupire intérieurement, comment est-ce que je n’ai pas pu le remarquer plus tôt ? Est-ce que nous serions devenus amis si nous nous étions rencontrés plus tôt ? Il y a quelques années, je ne pensais qu’à gagner des compétitions et à réussir mes examens, puis mon concours. Jusque là, ma vie n’a été qu’une succession d’objectifs à remplir à bien y réfléchir, et même si j’avais des amis dans ma promotion…je faisais rarement attention aux autres dans mes activités de clubs.

L’étudiant était déjà dans l’eau à mon arrivée, il avait vite fini de se changer, désirait-il en quelque sorte que je lance ce petit défi ? Un sourire en coin apparaît sur mes lèvres alors qu’il prend la parole, c’est un peu comme si une barrière s’était effondrée entre nous, sans que nous nous en rendions véritablement nous nous rapprochons. Rejoignant à mon tour le bassin après avoir placé mes lunettes de natation, je parcours rapidement le fond de la piscine, puis je remonte, ne résistant pas à la tentation de laisser quelques bulles s’échapper, quel enfant suis-je ! A peine de retour à la surface, je réponds du tac au tac à sa provocation amicale.

« Serait-ce pour me déconcentrer que …tu me flattes ? Je te préviens, je ne me retiendrai pas. »

J’ai marqué un temps d’hésitation avant de le tutoyer, mais finalement j’ai pris mes libertés. Après tout, c’est l’un des privilèges d’être enseignant, même si c’est assez mal vu au Japon en général. Ce n’est pas comme si cela m’affectait, après tout, je fais partie de cette nouvelle génération qui peut changer la face du pays et du monde, et c’est petit à petit que les changements opèrent. Je replonge une nouvelle fois, me rapprochant considérablement de lui et lorsque je refais surface, je l’éclabousse avant de m’écarter pour qu’il ne me rende pas la pareille. Je finis par rejoindre le bord de la piscine en riant, c’est fou comme l’eau me détend et change mon comportement. Dans cette piscine, c’est comme si l’eau avait épongé toutes mes responsabilités et ma maturité.

« Tu as une préférence pour la nage ? Je ne te cache pas que je suis meilleur en nage-libre, mais je peux m’adapter. »

Sans plus attendre, je me dirige vers un plongeoir, attendant que mon adversaire me rejoigne. Derrière les aspects sérieux de cette compétition se cache une certaine complicité naissante, est-ce que ça ne va pas trop vite ? Je ne sais pas trop quoi en penser…mais je m’en fiche complètement puisque je suis dans l’eau et que je vais affronter le capitaine actuel du club de natation !

« Si tu gagnes, je t’offrirai un repas quand tu voudras en dehors des cours. »

Un dernier sourire ravageur s’étend sur mon visage avant de reprendre une expression impassible, après tout…Je joue une partie de mon salaire, et même si Yoite n’a pas l’air de manger des masses, il pourrait très bien se remplir la panse par simple esprit de contradiction. Je vais gagner cette course.

HRPG : Je suis vraiment désolééé pour le temps de réponse => Examens, malade, examens, coupure d'internet D:

Invité

Spoiler:

Le rebelle était perdu dans ses pensées, occupé à tenter de trouver une réponse. Cette relation qui commençait entre lui-même et Hayden, le prof de maths, était compliquée. Oh bien sûr qu'il le connaissait d'avant aujourd'hui, qu'il l'avait croisé à plusieurs reprises dans les couloirs de l'académie et qu'il l'avait salué comme un simple professeur. Ils n'avaient jamais été proches, n'avaient jamais échangé une conversation amicale ... ni scolaire d'ailleurs. Yoshida-sensei était professeur ici mais Yoite n'avait pas de maths dans son cursus. Du coup, il ne le voyait vraiment pas beaucoup et à bien y réfléchir, c'était peut-être mieux comme ça. Devoir se concentrer sur des équations quand on craque sur son professeur, ça devait être assez difficile.
Pourtant là, perdu dans ses pensées, il ne pouvait s'empêcher de sourire. De prime abord, il avait pensé qu'il était le seul à imaginer des choses, à fantasmer même en plein jour. Il s'était dit que les occasionnelles rougeurs d'Hayden étaient peut-être simplement dues à une petite timidité, à un malaise face à un étudiant rebelle, homosexuel et assez grande gueule mais un doute de plus en plus imposant s'insinuait en lui comme la peur devant un film à suspens. Avec des phrases comme celle qu'il venait de dire, il était assez dur de penser qu'Hayden lui-même ne ressentait pas un peu d'attirance mais ce qui gênait Yoite, c'était qu'ils ne s'étaient jamais parlés auparavant et qu'il avait du mal à croire que celui-ci pouvait s'être découvert un intérêt soudain pour le capitaine de club de natation. Alors il repensa à cette époque où ils fréquentaient tous deux le club, est-ce qu'Hayden le regardait déjà? C'était trop dur de se rappeler de tout ça, il aurait mieux fait de le lui demander mais ... et s'il se trompait? Et si cette soudaine question balayait d'un seul trait ce lien étrange qui se construisait entre eux? Yoite était lâche, rien de nouveau, alors il allait se contenter d'attendre un peu plus, toujours un peu plus jusqu'à ce qu'il ose enfin poser la question.

Déjà dans l'eau au moment où Hayden se décida enfin à sortir du vestiaire, changé, Yoite ne put s'empêcher de le regarder venir vers lui. Il était beau. Ses pupilles -noires puisqu'il enlève ses lentilles quand il va dans l'eau- le fixèrent de haut en bas, sans même chercher à se cacher. C'était un luxe dont il devait profiter, Hayden ne faisant plus vraiment partie du club de natation. A cet instant, il priait intérieurement pour que personne ne vienne les déranger.
Conscient que malgré leur nouvelle complicité une gêne était toujours présente, Yoite reprit la parole pour détendre l'atmosphère et revenir sur une ambiance un peu plus amicale. Son humeur s'était améliorée, ses sens étaient en alerte, l'eau lui faisait un bien fou. Il était un peu fatigué, le club venait de se terminer mais tout allait bien quand même. Son professeur désormais préféré venait de plonger dans l'eau à son tour et il le laissa reprendre possession des lieux quelques instants. C'était dommage qu'il ne venait plus, même une fois de temps en temps juste comme ça. Rien ne l'en empêchait, après tout.

"J'ai quand même pas perdu confiance en moi à ce point-là. Je vais pas me retenir moi non plus mais j'étais quand même sincère. Je me souviens de toi."

Ses derniers mots pouvaient prêter à confusion mais c'était tout autre. Le rebelle avait peine à se souvenir des possibles liens qu'ils entretenaient à l'époque mais il se souvenait des courses qu'Hayden faisait pendant les activités du club. Il était très calme, assez solitaire et beaucoup trop concentré pour avoir attiré l'attention de Yoite plus que ça mais il se rappelait qu'il avait déjà suivi l'un de ses entraînements de A à Z juste pour le plaisir de voir un bon nageur prendre son pied à nager. Aujourd'hui, tout était différent. Gakuya était peut-être le seul vrai intéressé mais dernièrement, il était aux abonnés absents, il n'avait même pas participé à la compétition. Allez comprendre.

Et là encore, le côté amical perdit un peu de son éclat. Hayden s'était rapproché, rapidement, pour l'éclabousser. En temps normal, Yoite aurait gueulé, ou ri mais il avait surtout porté son intérêt sur cette proximité entre eux alors qu'ils ne portaient qu'un maillot. Éloigne-toi vite, professeur. Yoite n'est plus un enfant.
Se dirigeant à son tour vers le bord de la piscine pour prendre appui de ses bras et ressortir afin de rejoindre un plongeoir, Yoite haussa les épaules une fois hors de l'eau. Pour sa part, il était adepte de la nage libre aussi et même si ça n'avait pas été le cas, ça n'aurait rien changé. Cette course n'était pas officielle, ils n'allaient pas se prendre la tête à établir des règles chiantes qui risquaient de tout casser. Ils allaient nager comme ils le voulaient, c'était le principal.

"Non non, fais-toi plaisir. Là-dessus, je te suis."

Bizarrement, son côté sérieux avait repris le dessus et son air taquin -voire grognon- du vestiaire avait disparu. Pas de mauvaise humeur en vue mais pas de sourire non plus. C'était ce Yoite là que connaissaient les membres du club de natation, un rebelle mature et sérieux, qui n'avait aucune gêne à gronder un membre s'il ne faisait que fainéanter pendant les activités. Tu viens, tu bosses.
Grimpant sur le plongeoir, ajustant à son tour ses lunettes, Yoite ne pu cependant s'empêcher d'esquisser un sourire en se mordant la lèvre inférieure. Une simple invitation à manger mais il était heureux comme tout. Voir Hayden au club, en privé, c'était déjà bien. Le voir à l'extérieur, ça ne faisait que renforcer son doute que quelque chose venait de naître entre eux, quelque chose de confus mais de franchement agréable, quoiqu'un peu déroutant.

"Pari tenu. Il n'en faut pas beaucoup plus pour me motiver."

En terme de paris, Yoite devait avouer qu'il saturait un peu surtout depuis qu'il avait perdu celui avec Makkuro et qu'il allait devoir le supporter une journée et une nuit entière mais avec Hayden, même s'il perdait, ce n'était pas grave. Certes, il pouvait dire au revoir au repas -davantage à cette petite rencontre extérieure- mais surtout, ils n'avaient pas fixé de gage. Au départ, Yoite avait pensé à lui poser une question personnelle s'il gagnait mais il s'était finalement dit que c'était trop tôt, valait mieux attendre qu'ils se voient un peu plus souvent ou qu'ils apprennent à se connaître davantage avant de sortir des conversations habituelles. Ils avaient beau bien s'entendre, Yoshida-sensei n'en restait pas moins un professeur et une relation "compliquée" pouvait mener à bien des rumeurs. Le rebelle s'en fichait lui, il n'était plus à ça près, mais faire du tort à Hayden juste parce qu'il fantasmait un peu trop, il l'aurait mauvaise.

Avec un décompte précis, la course démarra et ils plongèrent en même temps dans cette eau qui n'était pas des plus chaudes mais qui leur donnait un sacré coup de fouet. Éclaboussures et bras jaillissaient de l'eau comme s'ils étaient poursuivis par quelque chose. Leurs niveaux se valaient, mais Yoite fatiguait assez vite dernièrement. C'était exactement ce qu'il s'était passé à la compétition, il était parti en vainqueur, prenait une légère avance mais sur la distance, il avait été rattrapé et dépassé avant la fin du temps. Il ne tenait pas le rythme, contrairement à Makkuro qui lui déployait ses muscles pour tout donner quand les autres eux, n'ont plus de force. L'aller-retour fut rapide malgré tout mais quand Yoite ressortit la tête de l'eau, il réalisa qu'il avait perdu, encore. Hayden ne l'avait pas semé d'une demi-heure mais les quelques dixièmes de secondes avaient joué en sa défaveur.
Enlevant ses lunettes et son bonnet de bain, le rebelle les posa sur le rebord et s'adossa en gardant un mouvement de jambes régulier pour ne pas couler. Il était essoufflé mais cette course lui avait plu, son cœur avait battu la chamade jusqu'au résultat et un sourire se dessina lentement sur ses lèvres.

"Je crois que tu vas me servir de déclic. Je vais me muscler, m'entraîner franchement et quand je me sentirai prêt, je reviendrai te voir pour une nouvelle course. En attendant ... j'ai perdu."

Par-là, il ne voulait pas dire "encore, adieu Ô vie insupportable" mais plutôt qu'il devait dire adieu à cette invitation à manger qui, à priori, ne l'avait pas assez motivé. Désormais, il devait profiter de l'instant présent et discuter assez longuement avec Hayden pour que celui-ci ait envie de le revoir sans qu'un défi en soit la raison.
Se rapprochant un peu de lui, Yoite reprit son souffle quelques secondes avant d'ajouter d'un air taquin mais toujours gentillet :

"T'offres peut-être un lot de consolation en plus des récompenses pour la compétition?"

« …Je me souviens de toi. »

A ce moment là, j’avais légèrement rougi, par timidité ou par honte ? Je n’arrive pas à distinguer quelle émotion fait battre mon cœur un peu trop fort. Il y a quelques années, Yoite n’était pas encore le capitaine du club, d’ailleurs je ne sais même plus qui tenait ce rôle à cette époque, ils ont sûrement été un certain nombre à défiler sous mes yeux, abandonnant tour à tour nos bassins pour aller nager vers des horizons plus vastes, la scène internationale pour l’élite de l’université. Mes yeux verts se plongent dans l’eau éclatante comme à l’accoutumée, j’avais rejoint ce club lors de ma première année au lycée. Dans mes souvenirs, il a toujours été assez populaire donc faire attention aux autres, me lier avec des senpais ou des kouhais aurait été difficile, je me contentais de nager pour la compétition, mais je n’ai jamais fait un relai, c’est peut-être mon seul regret ici.

Ne sachant quoi répondre, je lui adresse simplement un regard désolé, tentant de lui faire comprendre que mes souvenirs étaient altérés et que je ne pensais pas avoir fait attention à lui dans mes jeunes années. Après quelques taquineries, je sors du bassin et me place dans sur le plongeoir voisin au sien, celui de droite plus exactement. J’inspire une grande bouffée d’air avant de tout relâcher dans ce qui pourrait ressembler à un soupir, tentant de me souvenir des techniques que l’on m’avait enseignées ici, des petites astuces qui pourraient faire la différence. Alors que l’universitaire se concentre pour ne pas rater le départ, j’ose croiser ses pupilles une dernière fois avant de plonger. Je souris, il n’a plus le même regard qu’avant. La motivation et la détermination, c’est ce que je pouvais percevoir dans les yeux de Yoite, il a visiblement l’air de prendre ce repas très à cœur.

J’ajuste mes lunettes, mon bonnet et me met en position, le départ s’annonce une fraction de seconde plus tard. Je suis assez surpris, mais je me reprends bien vite et plonge en synchronisation parfaite avec mon adversaire. Nos corps plongent sous l’eau et ondulent comme deux poissons au fond de l’océan. Je ne le quitte pas des yeux, au risque de me déconcentrer. Nos bras, nos muscles se tendent à l’unisson jusqu’à la remontée à la surface où le jeune homme semble prendre de l’avance. Il est rapide, s’il continue sur sa lancée, il va certainement me paumer sur le retour. Néanmoins, je n’abandonne pas et continue de passer un bras devant l’autre, faisant ainsi vibrer mon âme et mon corps.

Les cinquante premiers mètres sont passés, je suis toujours légèrement en retard, mais je pense que je me suis bien rattrapé. Nos mains, nos jambes s’enfoncent de façon plus brutale à chaque fois, ne cédant pas la moindre opportunité à l’adversaire…jusqu’à ce que le rythme du jeune homme s’effondre. Je commence moi aussi à me fatiguer sur la dernière ligne droite et je suis contraint de sortir la tête de l’eau plus souvent qu’au début de la course, mes poumons s’enflamment et mes muscles brûlent. Une dernière éclaboussure retentit derrière moi, à quelques dixièmes de seconde près...L’issue n’aurait pas été la même. La respiration saccadée, j’halète comme un chien déshydraté alors que je me débarrasse de mes lunettes et de mon bonnet. Je me cramponne au rebord, mon visage arborant un sourire satisfait. J’ai gagné. Difficilement, mais je l’ai quand même emporté.

Sans que je m’y attende, Yoite reprend la parole, me faisant prendre conscience de son ressenti et de ses projets. Le regard tourné vers le plafond vitré, je réalise que je viens de faire un pas en avant dans mon rôle d’enseignant. Encourager ses élèves dans leur domaine, c’est ça la fonction d’un professeur et je suis plus qu’heureux de servir de soutien au capitaine du club de natation. Ca me fait penser que les étudiants ne devraient pas être les seuls à devoir prendre des résolutions lorsque cela s’impose. Cette course m’a fait comprendre que ma santé pouvait se dégrader de plus en plus si je continuais. Je ne suis plus tout jeune non plus et au fil des années, mes poumons pourraient très bien ne plus être fonctionnels.

« Cet affrontement m’aura aussi été bénéfique, je pense que je vais essayer d’arrêter de fumer progressivement. La prochaine fois, je te battrai avec plusieurs secondes d’avance…haha. »

Même si cette victoire m’a réjoui, je ne veux pas me contenter de ça. Puisqu’il prévoit une autre course, alors je ne dois pas me reposer sur mes lauriers et attendre qu’il me rattrape, je dois continuer à faire de mon mieux comme j’ai toujours essayé de le faire, c’est ça la vraie mentalité d’un sportif. Nos regards se croisent de nouveau et je lui souris chaleureusement. La hiérarchie nous sépare peut-être, mais je ne parviens pas à mettre une grande barrière entre nous, sûrement à cause de nos âges assez rapprochés. En parlant de choses rapprochées, j’ai l’impression que le jeune homme n’était pas aussi près de moi il y a quelques secondes à peine, mais ça ne me dérange pas. Yoite me demande alors si je n’offre pas un lot de consolation, ce qui lui vaut un regard surpris de ma part. A vrai dire, je n’avais pas envisagé le fait que je puisse réellement gagner après notre départ, donc là…Je dois avouer qu’il me prend un peu à court.

« Un café dans une pâtisserie peut-être ? »

C’est la première et seule chose qui m’est passée par la tête, je n’ai pas réfléchi plus que ça et j’ai agi de manière assez spontanée, un peu trop peut-être. Je veux dire…On va sûrement y aller maintenant qu’on a fini notre course, et je n’ai pas prévenu mon frère que je rentre plus tard, mais en même temps ce n’est pas trop le genre de choses que je peux lui dire, il pourrait se méprendre. Sortir avec un étudiant, un garçon, dans une pâtisserie…Hum. Je me hisse rapidement en dehors du bassin et fois au sec, je tends la main au jeune homme pour l’aider, c’est…un geste courant entre camarades sportifs non ? Après l'avoir hissé hors du bassin, je prends conscience de la situation : je n'avais pas prévu de nager aujourd'hui et si je l'avais quand même fait, je serais rentré chercher des habits de rechange ainsi que tout le matériel nécessaire. J'avais agi sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences, et même si maintenant c'est trop tard pour revenir en arrière...Cela me gêne quand même. Je tente d'échapper au regard de l'autre garçon en sentant quelques picotements me réchauffer les joues. Avant que Yoite parte devant moi, je l'interpelle.

« Est-ce que tu aurais...du gel douche et des serviettes à me prêter ? »

Invité

La vérité. C'était souvent un mot dont certaines personnes pouvaient se vanter, assumant sans peine qu'elles disaient encore et toujours la vérité, refusant de se servir des mensonges même quand ça pouvait empêcher à d'autres de ressentir un malaise immense. Ici, c'était un peu le cas. Le regard désolé d'Hayden venait de sonner comme une vérité déchirante, celle qui dit "je ne peux pas le nier, je ne me souviens pas de toi". Yoite s'en était douté, lui-même avait peine à se remémorer plus de 2 souvenirs avec Hayden pendant le club de natation mais c'était toujours un peu douloureux à entendre, encore un peu plus à admettre. Le fait que ce soit "lui" ça faisait mal, mais ce n'était pas uniquement ça. Yoite avait toujours voulu croire qu'il était différent des autres, qu'il laissait derrière son passage quelques souvenirs mémorables pour les autres mais ces dernières années, il devait avouer qu'il était bien trop concentré sur lui-même pour faire que ce soit d'autre. Si même dans un club de natation on l'oubliait, alors que restait-il de lui? Si ce club devait fermer demain, perdrait-il tous liens avec ceux qui le composent actuellement? N'y avait-il donc pas moyen de créer des liens qui durent? Cette société devenue moderne un peu trop vite en oubliait le principal, Yoite lui-même ne connaissait pas le visage de son voisin de quartier. Il avait passé une enfance chaleureuse mais les téléphones portables et Internet lui avaient volé tout le reste. Il voulait vivre, et non survivre.
Pouvait-il prendre la décision de s'imposer dans l'esprit d'Hayden? Faire un geste pour que celui-ci, dans 5 ou 10 ans, se souvienne encore de lui même s'ils n'avaient pas échangé de mots depuis? C'était puéril comme pensée mais ça suffisait à lui faire espérer qu'il devait au moins essayer.

La course fut rapide, puissante et brûlante, prenante mais bénéfique. Yoite venait de perdre, à un cheveu mais il n'était pas dépité ou malheureux. Certes, il était quand même déçu, surtout en prenant conscience que son adversaire n'avait pas remis les pieds dans l'eau depuis un sacré bout de temps mais il le prenait bien. Beaucoup mieux que cette dernière compétition vraiment ratée. D'ailleurs, en repensant à ça, Hayden était-il sérieux sur les récompenses qu'il voulait offrir aux différents membres ayant participé? Se sentait-il redevable en vue de ses fonctions? Le geste était gentil, agréable et de bonne foi à priori mais Yoite avait quand même un peu de mal à en saisir le sens. Ils n'avaient pas participé pour recevoir quelque chose mais pour gagner face à d'autres, pour prouver qu'ils étaient les meilleurs et peut-être marquer l'histoire, encore. Certains avaient même un but professionnel derrière alors est-ce qu'une petite récompense, aussi bénigne soit-elle, allait changer quelque chose?
Le souffle saccadé mais rapide, Yoite décida qu'il était temps pour lui de se prendre en mains, de faire face à ses problèmes et d'admettre qu'il avait merdé. Devoir se muscler ne l'enchantait pas vraiment car il était assez fainéant mais il comptait prévenir tous ses amis pour que ceux-ci puissent le remotiver s'il devait faire face à un coup de mou. Au départ, il pensa même impliquer Hayden là-dedans mais finalement, il allait le laisser en dehors de tout ça et se pavaner devant lui quand il se sentirait mieux. Un vrai gosse.

"Je savais pas que tu fumais, ta victoire est encore un peu plus impressionnante du coup. On se donne quelques mois, 1 an max?"

Hayden n'avait aucune obligation à suivre le rebelle dans ses démarches mais pour sa part, il était sérieux. En Septembre 2015, il aura une musculature digne de ce nom, ne sera plus une crevette -comme dit son frère- et aura retrouvé assez de force pour pouvoir nager à un niveau supérieur. Il allait même pouvoir rouler des mécaniques devant des conquêtes, si c'était pas beau ça ...

Retrouvant son attitude de dragueur un peu lourd sur les bords juste pour taquiner et rire de sa blague pourrie, Yoite laissa échapper une remarque un peu déplacée avec pour attente une nouvelle gêne de la part du professeur. Il pouvait l'envoyer promener, le rabrouer ou n'importe quoi, Yoite avait retrouvé sa bonne humeur pour ce soir et ne risquait pas de s'offusquer pour si peu. Pourtant, il fut surpris de la réponse. Il s'était attendu à un non, pas catégorique mais ferme quand même. Yoshida-sensei n'avait quand même pas pris pitié de lui parce qu'il venait de perdre la course, si? Ça, c'était tout simplement hors de question, il devait dissiper ce quiproquo de suite.
Le laissant sortir de la piscine, Yoite se tourna vers lui et esquissa un sourire quand il lui tendit sa main. Une pensée malsaine lui donna envie de le tirer vers lui pour qu'il retombe dans l'eau mais là encore, il ne le connaissait pas assez pour se permettre ce genre de choses. Le but n'était pas d'énerver son professeur mais bien de lui laisser un bon souvenir. Alors, avec tout le calme dont il disposait à l'instant, il tendit sa main à son tour et glissa ses 5 doigts dans ceux d'Hayden, appréciant avec un plaisir difficilement dissimulé ce premier contact entre leurs deux peaux. Ils étaient encore mouillés et sincèrement, ça glissait un peu, mais Yoite réussit quand même à garder sa prise et s'extirpa hors de l'eau pour se retrouver en face à face avec son cher professeur fatalement-sexy-sans-le-faire-exprès.

"Uniquement si tu as envie d'y aller, toi aussi. Les mots "lot de consolation", c'était une blague, je ne veux rien de toi si ça part d'un sentiment de pitié."

Jouant une seconde de son pouce sur la peau de la main d'Hayden, Yoite finit par le lâcher et se pencha pour ramasser son bonnet et ses lunettes. Cette fois, c'était terminé pour de bon, il ne retournerait pas dans l'eau et aspirait à être au sec. Reprendre une douche le faisait royalement chier mais l'odeur du chlore était prenante alors il allait juste se rincer avant de s'habiller.
Yoite avait conscience que sa phrase pouvait déclencher chez Hayden une sorte de colère ou une méprise sur des discussions qu'il ne disait pas à cœur ouvert mais le rebelle avait toujours été comme ça. Dire les mots simplement, ce n'était pas son genre et si son défunt oncle avait réussi à le cerner, ça avait été aux prix de nombreux efforts et d'une patience à toute épreuve. Yoite était lâche dans ses actes mais aussi dans ses mots. Avouer par exemple que son oncle lui manquait ... jamais, et c'était pourtant vrai. Il avait beaucoup de peines sur le cœur et personne à qui se confier. Il ne voulait pas attirer la pitié, surtout pas.

Se dirigeant à nouveau vers les vestiaires, il rajouta juste pour éclaircir un peu la situation, jouant malgré tout avec le feu comme si se brûler était sa principale envie :

"En tout cas, moi ça m'intéresse de sortir avec toi à l'extérieur, ne serait-ce que pour un café ... professeur."

Une fois dans le vestiaire, Yoite ne mit pas longtemps à filer sous les douches, se débarrassant encore une fois de son maillot et laissant l'eau chaude couler sur sa peau pour tenter d'enlever cette odeur de chlore qu'il ne détestait qu'à intervalles irréguliers. Il ne resta pas longtemps, quelques minutes tout au plus et sa serviette nouée autour de la taille, il retourna près de son casier pour commencer à se changer. En temps normal, Yoite avait prit l'habitude de se promener nu comme un vers dans les vestiaires mais on lui avait vite fait comprendre qu'il n'était pas chez lui, alors maintenant, il respectait la pudeur des autres et ne se promenait jamais sans serviette dans les vestiaires. Évidemment, il attendit qu'Hayden ait de son côté commencé à prendre sa douche pour se déshabiller complètement. Il avait beau enchainer les sous-entendus, Yoite avait conscience du lien Professeur-Elève qui avait lieu ici. Il prit cette fois le temps de se coiffer puisqu'ils sortaient et attendit qu'Hayden soit prêt pour faire le tour du propriétaire, vérifier qu'il n'avait rien oublié, éteindre les lumières et fermer le club derrière eux.

Clos!
Suite quelques mois plus tard, ici : Notice me, senpai !

» Leçon d'humilité [PV Mei]