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 Ecce Homo

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Ethel Dawkins
♦ Civil - Œnologue
Ethel Dawkins


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MessageSujet: Ecce Homo   Ecce Homo EmptyMar 13 Aoû 2013 - 20:27

Étendue sauvage, qui s'étirait à perte de vue. Pas de savane ni de jungle, mais une plaine entièrement faite de nuages. Sur un soleil couchant, des animaux de toutes les couleurs marchaient la tête en bas, les pattes accrochés aux nuages. Chevauchant un éléphant titanesque, d'un bleu d'azur, Ethel fermait la marche, observant les milliers d'animaux qui couraient face à elle. Quand soudain, un serpent arriva, sifflant son nom, hurlant son nom. Il arriva sur elle, et elle eut juste le temps de se redresser, en panique. Face à elle, un être peut-être bien plus terrifiant qu'un serpent. Sa prof de math. La rouquine cligna des yeux, encore enveloppée dans le sommeil. Que faisait-elle dans une salle de classe, au juste ? Ce ne pouvait être que la suite du mauvais rêve, une strate du cauchemar encore plus puissante et terrifiante. Mais la règle qui s'abattit sur le bureau de la jeune fille, lui arrachant un sursaut et un cri d'horreur était bien réel. A choisir, elle préférait encore le serpent qui la dévorait dans le pays des songes, voir même une armée de vaches qui la piétinerait, plutôt que la colère dévastatrice de sa prof de math. On ne l'y reprendrait plus, à venir en classe parce qu'elle s'ennuyait dans l'après-midi ! Et dire qu'elle avait voulu faire preuve de bonne volonté, en se pointant au cours qui la débectait le plus.

« MLLE DAWKINS ! Vous voir dans ma salle de classe cet après-midi n'est pas réellement considéré comme un honneur aussi grand que je pourrais vous donner mon entière tolérance pour votre sieste digestive ! »

Malgré son air de sorcière de Disney, elle n'arrivait absolument pas à terrifier Ethel. Elle venait même de perdre toute crédibilité. La jeune anglaise faillit sourire. Des remontrances de ce genre, elle en subissait souvent, pas de quoi s'alarmer, et allait pouvoir retourner dans le pays des rêves d'un air serein. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait changer sa manière de concevoir l'école. Si sa seule punition pour sécher un cours sur quatre, et dormir lorsqu'elle y assistait était un petit commentaire, elle n'avait aucune raison de faire des efforts. Mais la tortionnaire se tourna une nouvelle fois vers elle, après un regard vers le tableau. Le petit coin gauche du tableau, là, en haut, tout en haut, où était inscrit ceux qui étaient de nettoyage aujourd'hui. Ethel se releva. Elle n'oserait pas ! Mais le regard de bonheur intense que lui décocha la professeur en s'avançant légèrement vers elle ne fit que confirmer ses craintes. Zut. Flûte. Crotte.

« Je vois que Mr Minster et Mr Swanster sont de corvées de nettoyage après le cours. Je te mets donc d'office à la place de Niels. Et tu as grand intérêt à être présente, sinon les conséquences seront autrement plus terribles qu'un petit coup de règle sur un bureau. »

Niels, dans le fond de la classe, arracha un petit sourire. La corvée de nettoyage... Confier un tel travail à Ethel était comme mettre une antiquité chinoise en porcelaine par un éléphant, ou de demander à un serpent de tenir un pinceau. C'était de bonne volonté, mais ça ne servait strictement à rien. Elle n'avait absolument aucun sens du rangement, et qui plus est, ne savait absolument pas ce qu'il fallait nettoyer dans une salle de classe. Cependant, elle avait conscience de bien s'en tirer. Dans le cas contraire, Ethel aurait inventé une tonne de punitions loufoques et affreuses, pour se venger. Et Lawrence lui expliquerait bien de quoi il retournait. La rouquine observa le jeune homme, quelques rangs devant elle. Un ami du diable, right ? Étrangement, il ressemblait lui plutôt à un ange. Elle ne l'avait croisé que quelques fois, et sa présence épisodique en classe n'arrangeait en rien les choses. Mais plus elle réfléchissait, moins elle voyait ce qu'il avait pu faire pour se fourrer dans les affaires de Chess. Lequel des deux se servait de l'autre ? A moins qu'elle soit mauvaise langue et que cette relation soit totalement saine, et basée sur une confiance mutuelle et une amitié de longue date.

S'étalant sur son bureau, elle soupira, jetant un regard désespéré à l'horloge. Dans 20 minutes, son calvaire allait commencer. Prenant un crayon, elle dessina, tachant de faire semblant d'écouter en levant la tête de temps à autre. Bientôt, bien trop tôt, la cloche sonna. Rangeant ses affaires, Ethel attendit à sa place, regardant la classe se vider, le sourire des élèves heureux de partir vaquer à leurs occupations. Elle les maudissait. Pourquoi diable avait-elle été en cours ? Elle aurait pu être tranquillement dans son lit à flâner, dessiner. Mais non, il lui fallait faire le ménage entier d'une stupide salle de classe. En soupirant, de très mauvaise foi, elle s'approcha de Lawrence, qui rangeait lui aussi ses affaires avant de commencer le ménage.

« Excuse-moi, Swanster, c'est ça ? Je n'ai jamais fait ça auparavant... Il faut commencer par quelque chose de précis ? »

Dire qu'elle ne connaissait pas Lawrence n'était que la moitié de la vérité. En réalité, il était peut-être une des seules personnes qu'elle ait remarquée dans cette académie. Depuis sa rencontre furtive à la porte de Chess, elle avait été troublée. Parce qu'il lui semblait le connaître, sans jamais lui avoir parlé autrement que le strict minimum de camarades de classes épisodiques. Et pourtant, son visage, les traits de sa mâchoire, le plissement de ses yeux lui inspirait quelque chose de connu. La rouquine avait eu une illumination en feuilletant un de ses carnets de croquis, il y a quelques semaines. Elle l'avait déjà dessiné. Par pur hasard. Deux trois traits volés, sûrement dans la cour de récréation. Une esquisse de lui, tout sourire. Elle ne pouvait évidemment pas se rappeler à qui il souriait, ni même quel jour c'était. Mais elle avait à présent un peu honte d'avoir volé les traits de quelqu'un pour les coucher sur papier sans lui demander son avis. Ce n'était pas comme un ami à qui elle faisait le portrait. Et il pourrait peut-être mal prendre le fait d'avoir été observé à la volée par une pure inconnue.
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Lawrence E. Swanster
● Université - 4ème année - Président Cuisine/Thé - Vice Président Jardinage/Ikebana
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MessageSujet: Re: Ecce Homo   Ecce Homo EmptyLun 26 Aoû 2013 - 1:37


AND HE SAID
“BEHOLD THE MAN.”


Mathématique. Dire que Lawrence se concentrait assidument sur son cours relevait du mensonge. À vrai dire, comme lors de la plupart de ses cours, le jeune populaire laissait son esprit divaguer, prenant distraitement des notes d’une main et vrillant son regard bleu, rendu morne par l’ennui, droit sur le professeur.  Des contemplations lasses se bousculaient dans son crâne, passant de la conférence du directeur qui aurait lieu à l’hôtel de ville la semaine suivante jusqu’à la fête qui se donnait le soir même dans le bâtiment abandonné de l’Académie. Il pensait aussi, entre deux réflexions lambda, à son cousin, comme à l’habitude. Rares étaient les jours où ses pensées de voletaient pas dans la direction de William, toujours absent, injoignable. Un soupir qu’il cacha dans un creux de sa paume, paume qu’il mordit dans un sursaut violent lorsque l’enseignante jugea bon d’abattre sa règle sur le bureau de . . . d’Ethel Dawkins.

L’ennui de Lawrence éclata en miettes et il porta son attention sur la scène que créait l’autorité, perturbant avec succès le fil de son cours. Pas que le blond ne désire s’en plaindre, au contraire, la distraction était on ne peu plus le bienvenue, secouant la monotonie et l’extirpant du cercle vicieux de ses méditations. Il regarda la rouquine qui se prenait un savon vocal avec un vague sourire, ne se permettant pas de ricaner derrière ses doigts comme plusieurs élèves le faisaient. Ce serait inconvenable, mesquin, dédalle qui ne siérait pas du tout à l’image qu’il projetait. Il lança un sourire en coin à son voisin de bureau lorsque celui profita de la cacophonie soudaine pour lui susurrer une moquerie quelconque à l’oreille. Impossible de savoir si elle visait la professeurs ou Ethel, Lawrence souriait tout de même, feignant un rire.

Toutefois, il déchanta bien vite lorsque l’enseignante d’un coup de craie blanche, ratura le nom de Niels Minster du tableau pour le remplacer par celui de celle qui avait osé dormir dans son cours sans tenter de le camoufler. Il se risqua à entrouvrir la bouche, sourcils froncés en toisant le tableau de ses yeux céruléens. Argh. Vieille poufiasse. Pourquoi retirer le nom de Niels lorsqu’elle savait pertinemment qu’il avait des responsabilités auxquelles se consacrer à l’endroit du Comité des élèves, sans parler de son club (surtout qu’il passait souvent rôder dans le du club de jardinage, pour l’entretenir maintenant que Cammy était partie.) et de son gardiennage avertie semi-concluant à l’endroit de Kohaku. L’autre élève était assurément moins occupé, n’aurait-elle pas pu se montrer un peu plus considérée ? Un soupir. Elle devait se dire que le gentil Lawrence Evelynn allait pouvoir conduire Mademoiselle Dawkins dans le droit chemin ménager et qu’il l’empêcherait de se défiler. Ordre, discipline, rien d’autre n’avait d’importance. Gris.

Le cours repris, les pensées préalablement misent sur pause se remirent à fluctuer et Lawrence étouffa un nouveau soupir. De l’algèbre s’étendait sur ses notes, des formules qu’il décortiquerait plus tard, toquant à la porte d’un chaton blanc qui le considérerait d’un œil oscillant entre l’exaspération et l’amusement. Peut-être l’inviterait-il à entrer et peut-être l’aiderait-il à mettre de l’ordre dans les nombres ou peut-être lui ferait-il tourner les talons d’un claquement de langue en déclarant que ça ne lui disait rien, qu’il avait mieux à faire. Ou peut-être qu’il serait chez sa prétendue princesse, l’épave Namida, le navire coulé.

Les minutes semblaient s’être multipliées, trottinant avec une lenteur exagérée le long des aiguilles de l’horloge, si bien que Lawrence lâcha une expiration soulagée lorsque la fin de la classe s’annonça enfin. Il s’empressa de se redresser, quittant son siège et rassemblant ses affaires, avec l’intention de se débarrasser de sa corvée le plus rapidement possible. Bien sûr, l’idée de partager un petit moment avec l’élusive artiste qui peignait des sourires au chat lui plaisait bien, après tout, il n’avait pas vraiment eu la chance de lui parler depuis cette rencontre sur le seuil de la porte de la chambre 203. L’excursion de nudiste dans le réfectoire ne comptait pas vraiment, considérant qu’il s’était simplement contenté de la faire descendre de la table. Une excuse muette qui demandait doucement pardon.  Il regrettait  un peu de l’avoir abandonné sur le seuil de cette porte, mais avait jugé préférable de ne pas se mêler aux délires de son ami.

Mis à part ses quelques rencontres éclaires, ainsi que quelques passages soudains dans une salle de classe sauvage, le populaire ne connaissait pas grand-chose à la jeune femme. Elle dessinait, elle séchait les cours, ça, il le savait. Pour ce qui était du reste, mystère et boule de gomme. Rose.

Il lui accorda un de ses sourires lumineux lorsqu’elle s’approcha de lui, faisant mine de ne pas remarquer son manque visible de motivation et dissimulant le sien derrière une façade de gentillesse classique. Il n’avait rien contre la jeune fille, comme préalablement mentionné, mais il ne voulait pas perdre plus de temps que nécessaire à se consacrer au ménage de la casse. Ce faisant, empilant ses affaires sur un coin de son pupitre, il désigna le fond de la classe à rouquine.

« Il y a des balais dans le placard, au fond, à droite. »

Il s’y dirigea lui-même et en extirpa des lingettes ainsi qu’un produit savonneux dans une bouteille blanche. Il laverait les bureaux pendant qu’elle s’occuperait de balayer le sol. Cela lui semblait équitable. Ensuite, il leur faudrait s’occuper du tableau, des ordures et s’assurer que tous les meubles étaient bien droits. Aspergeant un bout tissu a sèche avec le détergeant, Lawrence eut vite fait de s’attaquer au bureau le plus près de lui, frottant légèrement sur sa surface.

« La prof avait raison sur un point, par contre. C’est bien rare de te voir en classe, Miss. Une raison particulière ? »

Avant leur rencontre impromptue, chacun de leur côté de la porte de la chambre 203 du dortoir des garçons, il n’aurait pas été apte à la différencier du reste de la masse, n’aurait pas été capable de lui attribuer une identité. Mais certaines rencontres restent en tête et c’est pourquoi il se donnait le droit de s’adresser à sa compagne de classe d’une manière un peu plus familière que convenable. Quoiqu’elle était de nationalité anglaise, non ? Un peu de familiarité ne la vexerait certainement pas.

« Surtout que le cours de math est loin d’être le plus passionnant de tous nos cours. La prof a une de ces voix nasillarde à souhait. Juste assez agressante pour m’empêcher de dormir. Comment tu y es arrivé ? »


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MessageSujet: Re: Ecce Homo   Ecce Homo EmptyJeu 3 Oct 2013 - 23:52



Elle pointa du doigt le placard à balais, s'assurant par ce geste de l'affirmation de son camarade de classe. Puis hochant la tête, elle lui emboîta le pas, le regardant se saisir des lingettes. Il avait, très justement d'ailleurs, l'air d'avoir envie d'en finir vite. Et cela convenait parfaitement à Ethel. Finir vite, et retrouver le confort d'un lit et d'une toile blanche pour peindre ses rêves. Peindre des animaux aux pattes ancrées dans les cieux, qui regardaient la tête d'un œil morne, les arbres de haut et les hommes minuscules. Oui, tout plutôt que de tenir ce stupide balai, à tracer des cercles de poussières. Et pourtant, ce n'était pas la première fois qu'elle se devait de nettoyer un endroit de l'établissement scolaire. La dernière fois était une punition, qui avait bien faillit tourner au cauchemar lorsqu'un dénommé Jake Keegan avait prit la décision purement arbitraire de tout envoyer en l'air. Au sens propre du terme, dispersant la poussière si durement récupérée, pour son bon plaisir. Jake, qui n'était pas si fou, et était même devenu, aux yeux de l'hôpital, son frère de sang. Oui, lorsqu'elle franchissait les portes de verres, au fond de la ville, on la nommait Mlle Keegan. Elle avait veillé là, pendant plusieurs jours, un jeune homme dans le coma, qui n'avait plus rien de farceur.

Elle releva soudainement la tête vers Lawrence, s'étant une fois de plus perdue dans ses pensées. Un frisson la parcourut. Oui, il y a bien une raison, petit cygne, à tout ça. Une raison qui faisait que la rouquine ne se pointait que tous les 36 du mois dans ces salles poussiéreuses. Une raison blanche et volatile, comme de la craie, mais en bien plus nocif. Une raison tout autre que les migraines ophtalmiques et l'insomnie chronique qu'elle prétextait au secrétariat. Certes, la drogue amenait à ces deux symptômes, mais ils étaient bien plus grave. Quoi que soignable plus facilement. La rouquine baissa la tête sur son balai, feignant un instant de ramasser une poussière tenace. Elle aurait aimé dire la vérité. Lawrence avait l'air de quelqu'un de bien. Mais justement. Et s'il allait tout rapporter à un surveillant ? Bonjour l'Angleterre et son pensionnat catholique. Même si elle rêvait de retourner dans sa terre natale, elle voulait pouvoir y dormir avec autre chose qu'un crucifix et les yeux de chouette d'une Sœur Elizabeth au dessus de sa tête.

« J'ai des problèmes de santé. Je ne suis donc pas en état d'assister à tous les cours. »

Elle mentait, et disait la vérité dans la même phrase. S'en était effrayant. Oui, elle avait des problèmes de santé. Pas dans le sens que les gens entende la plupart du temps. Non, elle n'avait pas une maladie chronique, juste l'addiction, qui en effet, faisait qu'elle ne pouvait être capable d'assister à tous les cours. Mais parce que la veille, elle s'était couchée à cinq heures du matin, après plusieurs rails de coke, et une dizaine de toiles recouvertes. Forcément, lorsque le réveil sonnait à six heures, et qu'elle avait un mal de crâne à faire exploser un polichinelle en morceaux, elle l'éteignait, et se rendormait.

« J'ai un bon entraînement. »

Et malheureusement, elle ne se référait pas seulement aux maintes et maintes fois où elle avait dormit en cours, mais plus au fantôme de la voix de sa mère, insupportable, qui la suivait chaque nuit quand elle posait la tête contre l'oreiller. Une voix plus que nasillarde ou rauque. Une voix de reproche, qui avait longtemps été la cause principale de toutes ses insomnies. Après avoir passé ça, la voix d'un professeur de mathématique semblait la plus douce des berçeuses.
Le regard de Lawrence la dérangeait. Pas qu'il donnait une impression de jugement, mais il venait sans le savoir de poser les deux pires questions qu'on pouvait poser à Ethel. Elle aperçut un mouton de poussière sous une table du fond, le saisissant comme une chance de couper court à la conversation, elle tendit le bras pour l'atteindre, elle perdit l'équilibre, s'étalant lamentablement entre deux chaises. Se relevant immédiatement, rouge comme une pivoine, voulant s'épousseter et ne réussissant qu'à envoyer le balais valdinguer et s'écraser contre un casier, qui s'ouvrit et déversa son dégueulis de cahier par terre.

« Oups. »

Pour une diversion, c'était une sacrée diversion. La jeune fille se dépêcha d'aller ramasser le balai, le remettant droit et arrangeant les cahiers, en les replaçant dans le casier. La honte pointait au bout de ses joues. Se redressant vite, elle saisit le balai, et osa à nouveau regarder Lawrence. Il fallait trouver maintenant une diversion à sa diversion. Elle demanda la première chose qui lui vint à l'esprit. Et la première chose qui venait à l'esprit d'Ethel était souvent la plus saugrenue.

« Tu connais Chess, alors ? »

Clin d’œil à la fois où elle l'avait aperçu, dans la chambre du jeune homme, qui était alors en boxer. Évidemment, elle ne tirait pas de conclusion hâtive, mais pouvait quand même deviner que les deux garçons étaient relativement proches. La rouquine se rendit alors compte qu'elle avait appelé par réflexe le creepie par le nom qui lui collait le mieux à ses yeux. Un nom de démon en talons rouges, au sourire de lune.

« Enfin. Kohaku pardon. »

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Lawrence E. Swanster
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MessageSujet: Re: Ecce Homo   Ecce Homo EmptyLun 12 Mai 2014 - 19:33



Ses doigts se figèrent une indiscernable fraction de seconde sur le bois méllaminé des pupitres lorsqu’Ethel Dawkins lui répondit en survolant le concept des problèmes de santé qui, apparemment, l’incombaient. Il baissa légèrement la  tête, frottant à grandeur du meuble avec un linge sec pour le sécher avant de passer au prochain, masquant le tremblement qui avait subtilement naquit au fond de ses yeux bleus. Juste une indiscernable fraction de seconde qui lui placarda l’image de sa tante et de son solarium contre la rétine, l’image de William marchant, le dos droit, parmi les hautes herbes, avant de filer avec le mouvement des aiguilles. Une fut-elle enfuie, le prétendu Prince pu relever la tête en souriant. Son sourire serait la seule manière dont il oserait poursuivre cette branche de leur conversation, car, en plus d’être indiscrets, des commentaires l’auraient porté plus loin sur un terrain sur lequel il n’avait aucunement envie de s’aventurer. En posant la question,  il se s’était point douter que la tignasse ruisselante de couleur, ainsi que les yeux verts d’Ethel Dawkins renfermaient possiblement des maux pas toujours aisé à gérer. Il se sentait soudainement presque mal de s’être montré si curieux, mais, comme toujours, il n’en montrerait pas une miette et se contenterait de calmer ses questions, de s’estomper en un lumineux sourire.

Bienséant, recherchant un semblant de perfection. Cette même perfection qui n’était pas encore devenu un goût trop amer pour être enduré contre sa langue. Il passa au prochain bureau, apposant un rire pratiqué à l’endroit de sa camarade de classe lorsqu’elle celle-ci décrivit son habileté à s’endormir malgré le halo nasillard à souhait de la voix de leur enseignante comme  issue d’un entrainement. Le blond n’émit pas le moindre commentaire et fut sauvé du besoin de rechercer une relance lorsque la rouquine s’explosa contre le sol de manière peu gracieuse, se relevant succintement et péniblement, uniquement pour fracasser son balais contre un casier. Un casier qui prit le fracas contre sa porte comme une invitation à déverser son contenu sur le sol, augmentant ainsi leur charge de travail.
Lawrence se passa une main dans les cheveux, retenant un soupir, observant la jeune femme réparer son erreur d’un œil vaguement consterné. D’un côté, cela lui sauvait des dédalles fatiguants d’une conversation à laquelle il n’avait pas vraiment le temps de prendre part et, d’un autre, justement, il était pressé et n’avait pas le temps pour des cafouillage du genre. Il continua méthodiquement de nettoyer les pupitres, laissant le temps à Ethel de se remettre de sa cascade tout en évitant de perdre plus de temps. Elle n’avait pas l’air d’être en mauvais état, alors, il ne souleva aucune question, s’affaira à sa tâche.

Puis les doigts de Joshua vinrent se perdre dans ses cheveux sous la forme d’une question,  phalanges tentatrices glissant sournoisement contre son scalp, une méandre imaginaire. Lawrence soupira, se redressant d’un énième bureau et considéra vaguement Ethel.

« Joshua ? Eh bien . . . notre précédente rencontre  a prouvé que j’étais familier avec lui, oui. Je tiens à m’excuser, toutefois, pour tout ce qu’il aurait pu faire ce jour là. Je sais qu’il n’est pas le plus, ah, conventionnel des individus. »

Il n’était jamais remonté dans la chambre 203 des dortoirs après que la jeune femme ait cogné à la porte pour parler à son ami. Il avait stupidement mis ses études de côté pour la soirée et avait entrainé Ijiwaru à sa suite dans une boîte de nuit pour s’y perdre. Il avait refusé de réfléchir à ce qui avait pu se passer entre Kohaku et l’autre étudiante, ne tenant jamais vraiment à s’interposer dans la machination curieuse du chaton blanc. Aussi longtemps que ces jeux n’aboutissaient pas sur une finale similaire à celle qu’ils avaient adopté le soir où il l’avait trouvé dans les rues de Bougu, Swanster tournerait la tête de l’autre côté, consciemment aveugle, silencieux complice. Il ne savait trop comment expliquer son comportement, le comment du pourquoi, mais . . .

Ce n’était pas important, n’est-ce pas ? Il rangea les linges dans le placard

« Et sur ce, Miss, je dois vraiment filer. À la prochaine, tâche de venir plus souvent en classe ! »

-


5 :11 7/03/2014


Les volutes de fumée claire décrivirent des arasbesqes doucereuses en bordure de la fenête et Lawrence les contempla presque tranquillement, cigarette entre les lèvres et coudes appuyés sur l’espace séparant le mur de l’extérieur. Son moment, l’instant de la journée dans lequel il s’accordait quelques légères minutes pour s’embrumer les poumons de vices tout en laissant son esprit vagabonder à gauche, puis à droite, déambulant dans des dizaine de direction sans que le blond ne daigne y apposer des rennes. Il se tenait donc simplement là, l’heure dépassant à peine cinq heure du matin, avec pour seul habillement les boxers qui entouraient ses hanches. Il songeait que bientôt, dans à peine un mois, il quitterait le lycée pour entrer dans l’université de Keimoo, songeait à ses jours gracieux qu’il avait passé à gambader entre l’amusement et le travail, gambadant sur le chemin de la vie comme tous les jeunes adultes de son âge s’adonnaient à le faire. Puis le séisme avait frappé, craquelé la terre et sa fierté, puis le téléphone avait sonné et Lawrence ne savait plus comment réunir les morceaux de son cœur.

Toutefois, Masae et Kohaku semblaient être les seuls a vraiment avoir remarqué l’état du brave populaire, cette couverture qui craquait et craquait et n’en finissait plus de craquer, un peu comme si le séisme grondait toujours en lui. La première, soucieuse, s’attachait à ses côtés comme une fée gardienne, le suivait, s’assurait qu’il mange et faisait tout ce qu’elle pouvait faire avec les moyens du bord. Le second avait, au début, préféré en rire, plongeant Evelynn dans une aisance goudronné, le heurant vicieusement pour mieux lui apprendre à se relever, puis l’année avait changé et Kohaku s’était égaré, lui aussi. Dans autre que chose que le séisme ou une sonnerie de téléphone. Pendant près de deux mois, ils n’avaient pas cherché à se parler et Lawrence avait souffert de cette séparation un peu comme si on cherchait à lui voler son identité, comme si on lui retirait toute possibilité d’être laid, d’être autre chose que ce que les gens qui passaient lui dire bonjour, tous sourires, aux clubs, pensaient qu’il était. Le Prince Swanster, le Roi Swanster. Kohaku lui répétait souvent qu’il était abominable et Lawrence trouvait toujours dans ses paroles, une tortueuse quiétude.

La fumée grimpait dans le ciel noir que le soleil n’illuminait présentement pas et, immobile, Lawrence humait lentement l’odeur rance de la nicotine, s’attachant aux maigres minutes qu’il lui restait avant qu’il ne s’affaire à débuter sa journée. Trop tôt, trop remplie, pour camoufler le sommeil qu’il n’arrivait plus à trouver et les pensées desquelles il voulait absolument s’éloigner. Il passerait d’abord au club de jardinage aux coup de six heures, s’occuperait des plantes et s’assurerait que tout soit en ordre, avant d’étudier tranquillement tout en déjeunant. Puis, il assisterait à ses cours, passerait son dîner avec le club de découvertes culinaire ou le comité et retournerait ensuite en cours. Une fois cela terminé, il se rendrait de nouveau soit au comité ou au club de cuisine et terminerait sa ronde par un dernier passage au club de jardinage et d’Ikebana avant de rentrer chez lui. Là-bas, il ferait à manger pour Ethel et Zakuro, ses colocataires, et se terrerait dans sa chambre pour travailler sur les clubs, le comité ou ses devoirs. Puis, il s’endormirait aux petites heures du matin et se réveillerait de nouveau à cinq heures tapantes. Rincer et répéter. En souriant, en discutant bienséamment, pour ne pas se perdre. Toujours sourire.

Être parfait.

Une porte grinça dans le silence absolu de l’appartement et Lawrence se retourna, saisi d’une surprise latente.

« Ethel ? »






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