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In a decade, will you be there ?
 
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 Kyrie. [Yui]

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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 31
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
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MessageSujet: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptySam 3 Aoû 2013 - 6:26


    Les rangées minérales hurlaient le silence des prénoms et des identités qui se répercutaient dans ces échos d'air, faisant vibrer l'oxygène d'une tension. Des identités aux syllabes méconnues et familières, milles fois imitées, milles fois répétées par les allitérations de leur genre, et milles fois différenciées entre elles par l'unicité de leur être, si distincts entre eux.  Des tombes élevées vers le ciel, dans des hauteurs et des couleurs, des formes et des niveaux irréguliers entre elles, qui bordaient mes foulées, se faisant les paysages de ma marche rapide. La poussière soulevée par des passages rarement fréquentés, je rejetais mes cheveux en arrière, attachant entre elles les mèches noires, mes dents refermées sur la tablette en carton du chocolat noir, cacao intense, mes doigts jouant l'élastique que j'étirais autour de mes cheveux. Dans un claquement sonore, rétablissais la rigueur de ma tignasse brune, me stoppant de ce fait devant un tombeau au grès sombre. Posé sur le devant de la stèle, un vase de porcelaine, aux fleurs blanches, qui retombaient en clochette. Je ramenais mes mains jusqu'à mes hanches, effleurant les tissus noirs de ma journée. Ce vendredi, aujourd'hui, était l'anniversaire de mort de mon grand-père, décédé quatre ans plus tôt. Ma mère avait tenu à ce que je l'accompagne, et entre ses mains, ce même vase de porcelaine paraissait éloigné, révolu, appartenant au souvenir d'une journée qui ne pouvait pas être aujourd'hui. Et pourtant. J'avais refusé de l'accompapgner au cimetière, considérant que j'avais cours toute la matinée. Elle n'avait pas insisté, et je ne l'avais pas revue. Midi était passé, et comme un voleur, comme un coupable, j'avais franchi les murs du cimetières, me plongeant dans les parcs d'un temple shintoïste.  Eyh, Grand-père. Ôtant la tablette de chocolat encore habillée de son carton et de sa pellicule d'aluminium de ma bouche, la déposant à même le sol, je m'agenouillais devant la tombe, jetant mes yeux sur le nom de famille maternel. Shinmen Seijuro. Du bout des doigts, je vins effleurer les traits de son identités, caressant les courbes de son prénom. Shinmen Seijuro. Un sourire glissa sur mes lèvres. La mort de cet homme n'était pas monstrueuse, ineffable mais pas désastreuse. Il était cet homme japonais, aux lèvres minces, aux visage parcheminé et aux yeux noirs qui m'avait pris sur ses genoux pour me faire jouer de son vieux corps, se transformant tour à tour en cheval puis en monstre gigantesque. Les années étaient passées, et il était devenu un être humain à mes yeux, se faisant le premier lien pratique entre l'idée de passé et de présent. Son visage portait les cicatrices de ce que la modernité fuyait, ses yeux ; les souvenirs d'un Nagasaki tué en plein jour. Il n'avait jamais caché les réponses aux questions que je lui posais, murmurant des vérités qu'il avait de moins en moins adoucit au fil des âges. Une vérité japonaise qui m'avait forcé à reconsidérer l'honneur et le respect. Une vérité japonaise qui m'avait intimé à me détourner plus encore de ce monde d'arme à feu. Le monde avance si vite qu'il faut courir pour rester sur place, Grand-père.J'avais pris la tablette de chocolat en passant devant l'épicerie à côté de l'arrêt de bus, pour venir ici. Mais maintenant, je n'avais plus la moindre idée du pourquoi je l'avais acheté. Offrait t-on du chocolat en offrande aux morts ? Un sourire incertaine glissa sur mes lèvres, porté et souligné par un coup de vent rempli de poussière, qui m'ammena les larmes aux yeux. Je fermais ceux-ci, frottant mes paupières devenues douloureuses par le revers du poignet, pour rouvrir doucement les yeux, et poser le regard sur une présence blanche, non loin de là, à quelques allées de tombes. Debout et silencieux, il s'agissait d'un homme. Si froid, si décalé, décalqué de cette réalité, et pourtant si profondément enraciné dans ce sol poussièreux. Interdit, je le fixais avec soin, prenant la peine de l'étudier sous toutes ses coutures pour être absolument certain de ma reconnaissance. Dans des mouvements lents, agissant dans son dos comme un ninja, moqueur des traditions et du respect des ancêtres, je sortais de ma poche le portable, que j'ouvrais, choisissant le nom de Chess, pour venir pianoter mon message, que je lui envoyais immédiatement. ''J'ai du chocolat et des fleurs'', titre informatif d'une récréation amusée, d'un instant de silence, d'observation et de contemplation de l'homme en blanc. Docteur. Docteur Valentine. From : LitchiTo : Chess13:08:45« Valentine dans un cimetière, blanc comme ces rêves immatériels, silencieux comme ces fantômes sans consistance, absolument lui et unique. Yui Valentine dans un cimetière.   »Me déplaçant de quelques centimètres, récupérant ma tablette de chocolat noir, je ne me redressais pas assez vite pour permettre à l'instinct de Valentine de se réveiller à mes mouvements. Un déplacement long et lent, qui me rapprocha doucement de lui. Lentement ; assez de temps pour obtenir la réaction du destinataire au sourire tordu.From :  ChessTo : Litchi 13:10:11" Yui ? Genre, la Saint-Valentin qui s'est trompée d'adresse ? Quelle ironie qu'il se trouve là. M'enfin, venge-moi, l'Académie est tellement moins cool sans lui. Enfonce-lui du chocolat dans la goooooooorge. ♥ "Haussement de sourcil, et déplacement balayé sur la poussière encombrant les tombes, je me rapprochais plus vivement, venant heurter sa distance, effleurant son bras, le saluant d'un sourire. Un « bonjour monsieur Valentine » aurait été approprié. Mais dans la cadence rieuse de mes heures de combats adaptée à la situation, mes doigts claquèrent simplement le chocolat, ma main vint se poser contre sa mâchoire, et dans une caresse tendre, je lui ouvrais de force la bouche, pour lui enfoncer le chocolat noir, 99% de cacao, sans sucre ajouté, et autres horreurs âcres d'un goût rédempteur et sauvage, contre le palais, violant sa langue du bout de mes ongles. Mes doigts barbouillèrent ses joues et ses lèvres de la graisse huileuse du chocolat, et j'essuyais mes phalanges sur le rebord de ses mâchoires. Reculant finalement pour contempler le résultat, m'offrant le luxe de prendre en photo son air : immortalisé sur l'instant, et en envoie direct pour Cheshire Cat. Puis je saluais. « Monsieur Valentine. »Je me redressais. Deux ans. Deux ans sans le moindre retour de pas vers cet homme toujours trop blanc. Cet homme qui n'était plus le Docteur de notre Académie, abandonnant au seuil de l'établissement son poste de psy. Il y avait dans ce repli une esquisse qui m'avait souvent laisser à désirer que je puisse le rencontrer à nouveau. J'avais espéré, jurant de ne pas recommencer le coup du chapeau à chat. Mais ses lèvres peintes aux chocolats étaient le tableau d'un surréalisme qui me fascinait, me faisant le regarder avec un léger sourire, les yeux rempli de ce plaisir moqueur, de cette tendresse de l'enfant qui aime l'adulte. Enfant. L'étais-je encore ? « Permettez moi d'imposer mon sourire, cette fois-ci. Permettez moi de vous offrir une normalité que je module. »C'était une sorte de rage. Une rage douce, une rancoeur tranquille de cet ordre qu'il m'avait imposé, deux ans plus tôt. Ne souriez pas. La conversation qui s'en était suivi avait été explicative quant à son assomption morale, et j'avais refusé la capitulation à l'égard de mes lèvres et de mes rires. Mais comme un animal blessé, je gardais ce réflexe. Je sourirais à jamais pour Yui Valentine. « Chess n'a que trop parlé de vous, vous savez ? Une véritable obsession, c'en est presque tendre. Laissez moi vous offrir le reste du chocolat. »Si vous ne le vomissez pas. Je venais de lui enfoncer des énormes morceaux de carreaux noirs dans la bouche, peinturlurant sa langue et ses lèvres d'une violence chocolatée. Mes doigts, trempés dans la substance de salive et de cacao, effleuraient mes hanches et les tissus de deuil. Puis, du bout des doigts, je lui présentais mon portable et le sms retour de Chess, et sa demande exotique quand à la tentative de noyade d'un Yui Valentine par le chocolat. Je lui laissais le portable entre les mains, me détournant pour retourner vers la tombe de mon grand-père, enjambant celles qui se dressaient sur mon chemin. J'attrapais les fleurs et le vase trop blancs, et je m'agenouillais devant la stèle maternelle pour disposer avec plus de soin les offrandes. Sans lâcher des yeux de vide du décès, cette absence de regard particulier, et mon attention scindée en deux, j'élevais doucement la voix. « Vous ai-je fait mal, Valentine ? »Enfoncer les doigts dans la gorge d'un homme pour y glisser du chocolat. En fait, la question originelle était « est-ce que tu aimes le chocolat, Valentine ? ». Mais dans l'hilarité cruelle d'un échange de sms entre Chess et moi, il n'y avait que ce simple désir de le contempler et de le comprendre, cet homme tout blanc. Cet homme qui m'avait, une fois, interdit de sourire. Je relevais mon visage, lui souriant. Profondément, tendrement. Indubitablement, j'aimais cet homme. Pour ses bizarreries, son anormalité, sa normalité et ses banalités. Mes doigts réarrangèrent les fleurs aux pétales blancs, mais je ne lâchais pas Valentine du regard. « Vous n'auriez pas du quitter l'Académie. Vous nous manquez. Vous me manquez. »


Dernière édition par Zakuro Fea le Lun 5 Aoû 2013 - 15:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyLun 5 Aoû 2013 - 0:11

Deuil

Le calme plat, puis le chaos tout entier.
Douleur fulgurante, cyclone de sensations désagréables.

Victime de sa propre vulnérabilité, Valentine a repris ses esprits avec un instant de décalage. Non sans avoir recraché au sol cette sordide saveur chocolat laidement envahissante. Non sans avoir tenté de se débarrasser de cette substance au sucre écœurant tant bien que mal. Plutôt mal, dans les faits.  
Il n’aime pas le chocolat. Diantre. Déboussolé, il s’appuie sur la stèle la plus proche, pauvre pierre tombale viciée par le tourment insignifiant d’un vivant fade. Yui crachote encore sans retenue, expulsant cette matière impure à son être déjà corrompu. Il voit finalement le jeune auteur de cette agression dépourvue de sens, le dévisage d’un œil sinistre et vaguement froid, ce même regard qui perdra de sa contenance après avoir défini son identité.

- Etes-vous vengé de vous-même désormais ? Finit-il par demander, toujours en lutte contre ce chocolat noir étalé à même visage.

C’était la monnaie de sa pièce, probablement. Il ne se recevait que le reflet de ce qu’il avait semé. Oui la vengeance est sans doute un plat qui se mange froid. Sans doute. Il y a en face de lui, ce regard, cette spontanéité juvénile et sauvage à la fois qui lui rappelle indéniablement le jeune Mitsumasa avant même que son nom ne soit mentionné. Nom illusoire qu'il ne reconnaîtra pas. Encore un peu de chocolat ?

- Vous pouvez le garder, je ne l’aime pas vraiment.

Il toussote, grimace, trouve un mouchoir et y le recouvre fur et mesure. Il décide de donner une réponse convenable aux questions posées par le garçon en deuil. Alors, est que tu souffres, Valentine ?

- Oui hélas et heureusement, j’imagine,
affirme-t-il d'un ton posé. Toujours cet entrain éloigné qui lui donne un air de mentionner des faits qui ne le concernent absolument pas. D'ailleurs, peut-être que l’adolescent qui ne cesse de le surveiller s’en réjouit encore. Valentine se passe une main sur la gorge.

Dans le fond, c’était sans doute pour ce genre subtilités infantiles qu’il avait cessé de collaborer à l’académie. A l’époque, les dernières agressions de Noriaki l’avait mis en face d’une réalité : il excédait les fonctions d’un psychologue scolaire. Tendre époque révolue. Il ne s’était pourtant, jamais attaqué à un de ces sots de riches.

Zakuro Fea. Noël.  
Bon. Excepté peut être lui-même. Un intervenant incongru à une époque agitée. A un instant censé avoir été interdit au reste du monde en dehors de sa personne tourmentée.
Il soupire et élève la voix.

-Pas dû ? Allons. Rien ne demeure éternellement Fea, vous devriez le savoir.

Il le regarde, disposer des fleurs sur la tombe en face.

Yui Valentine n’avait fait que ce qu’il avait dû faire, en temps et en heure.
Il lui prend alors de s’assoir à même le sol et délaissant la pierre sur laquelle sa vie s’était appuyée il y a quelques instants.

-Les choses qui disparaissent sont remplacées. Peut-être de manière sensiblement différentes, mais c’est un échange de bon procédé. Vous êtes là, vous.

Valentine lève un regard vers la tombe qu'il lorgnait avant ce remue-ménage. Kara Sakki. Hommages.
Il referme le portable et le pose sur le côté.

-Cela dit, puis je savoir qui vous appelez Chess?
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyLun 5 Aoû 2013 - 17:29

    « Etes-vous vengé de vous-même désormais ? »

    Je tournais mes yeux sur son visage, pour le regarder, et chercher une quelconque manifestation de colère. Venger de moi-même. Hm. Peut-être. Certainement. Je ne m’en serai pas rendu compte, au final, s’il ne l’avait pas fait remarquer. Mes yeux s’abaissent, et je contemple le sol qui le soutient, pour ne pas rajouter quelque chose, et pour réfléchir consciencieusement. A une autre époque, à un autre endroit. Oui, peut-être. Je ne souris pas, mais je relève ses dires par un marmonné « Hm », qui se veut acquiesçant de sa remarque. Oui, tout simplement.  Oui.


    « Vous pouvez le garder, je ne l’aime pas vraiment. »

    Merci pour la réponse, Valentine. Un sourire se glissa sur mes lèvres, comme résultat de quelque chose que j’imaginais complice. Une complicité cruelle, soit. Sous les traces d’un mouchoir apparut, le chocolat se mit à disparaître de ses joues, effaçant le petit indien, faisant réapparaitre Valentine. Quoique. Non. Valentine restait Valentine, sous le chocolat, sous la colère, sous son calme. Son calme, et son blanc. Un blanc qui ne lui allait réellement pas. Pourtant, j’avais tenté : et la nuance du cacao aurait put lui aller, s’il l’avait porté plus longtemps. Mais Valentine reste Valentine, et le chocolat disparaissait. Noyade échouée, tentative réussie, et résultat hasardeux. Hasardeux … Non, peut-être pas tellement, au final. Mes yeux effleurèrent les courbes de ses mâchoires, précédés ensuite par le mouvement hygiénique du mouchoir venu effacer toutes traces de mon crime. Il s’en plaindra peut-être, mais j’ai aimé prendre cette photo, ce risque d’une seconde d’éternité, pour l’immortaliser et le garder comme un cadeau. Voyeurisme et méchanceté ? Hm, non. Non. Contemplation, plutôt. Parce que je me doutais que ce serait éphémère, et je me doutais que je voudrais le regarder. Et Chess pourrait regarder. Regarder ou voir. Ce qu’il voudrait, ce qui l’amuserait le plus.

    « Oui hélas et heureusement, j’imagine »

    Je détournais les yeux. Mes paupières s’abaissèrent de moitié sur un regard ombré par le ressentiment, et je serrais mes phalanges sur les tiges trop fragiles des fleurs endeuillées. Souffrir. Voilà la fascination de toutes choses présentes en dehors du combat. Le combattant ne souffrait pas, parce que la douleur provoquait la défaite, et la défaite signifiait la mort. Pour souffrir, il ne fallait pas être en capacité de subir une défaite.  Pour souffrir, il fallait s’assurer qu’il n’y avait rien de dangereux derrière. Et alors, on pouvait souffrir tranquillement. Est-ce que Valentine pouvait souffrir tranquillement, maintenant ?
    Je n’ouvrais pas la bouche, ne choisissant ni la remarque acerbe, ni l’excuse. Juste le silence, pour mieux envisager la suite.

    « -Pas dû ? Allons. Rien ne demeure éternellement Fea, vous devriez le savoir. »

    Mes doigts s’égarèrent sur les pétales. Sans me retourner, cette fois, sans le regarder, pour me concentrer sur les fleurs, et poser mes yeux sur les gravures de mes racines, d’un homme ayant participé à mon existence. Frissons et silence.  Et puis Yui s’assit, pliant ses jambes comme l’on plierait une poupée, un jeu. S’installa si bas, qu’il en devint presque quelque chose de plus humain que le reste ; quelque chose d’effroyable, d’atteignable. Et dans cette bizarrerie, tout aussi innaccessible.

    « Les choses qui disparaissent sont remplacées. Peut-être de manière sensiblement différentes, mais c’est un échange de bon procédé. Vous êtes là, vous. »
    Mes lèvres s’étirèrent dans un sourire moqueur, menteur.

    « Evidemment que je suis là. »

    Parce que je ne veux pas être autre part, d’accord ?

    « -Cela dit, puis je savoir qui vous appelez Chess? »

    Alors je le contemple fixement, les lèvres fermées sur un pourquoi que je ne saurais tolérer, toute l’incompréhension du monde dans les yeux.  Valentine, Valentine, tu te fous de moi, Monsieur Valentine ? Assis sur le sol, juste devant moi, mes yeux plantés dans son regard, pour lui arracher des ongles toute traces de mensonge, j’attends, j’espère, le sourire ou la manifestation qui me fera signe qu’il me trompe et qu’il sait.  

    « Yui … »

    C’est un murmure choqué, frémissant de fureur, et pourtant, je restais si calme, si détendu dans ma position, à le contempler, à le foudroyer des yeux.

    « Chess. C’est celui qui a joué avec la transcendance. Qui t’a parlé de Michelle, qui a souligné ta métaphysique. »

    La colère indubitable, inexpliquée, mais logique, qui grondait dans ma poitrine, modulait les intonations ronronnantes de ma voix devenue plus grave, puisque plus énervée, et invitait au tutoiement, à la réduction de l’espace et de la hiérarchie sociale. Après tout, il le connaissait, indubitablement. Alors il comprendrait, parce qu’il avait déjà joué. Il connaissait les règles.

    « Qui a joué avec la bougie. Qui a allumé les flammes, pour une dernière partie de jeu. »

    … ç’avait été un simple sujet de conversation,  au début, sa rencontre avec Valentine. Dans la rue, nous marchions sous le soir, en rentrant vers l’Académie, en parlant de Yui Valentine que je trouvais si blanc. Un blanc qui lui allait si mal, tu ne trouves pas ? Et  Chess souriait en racontant. Il racontait le cadeau, il racontait, dans un résumé pressant, intense, rempli de sa propre fascination pour l’être de Yui Valentine, il racontait, et les mots coulaient en dehors de ses lèvres, pour expliquer, pour relater, pour souvenir. Et j’imaginais. J’imaginais la chemise, j’imaginais Alice qui boitait en dehors des paroles de Kohaku, pour remonter jusqu’au cerveau de Valentine, se frayant un chemin au milieu des pensées cahoteuses.

    « Kohaku Joshua Mitsumasa. »

    Ce fut le calme. Le calme, mais je le fixais encore, les sourcils alignés dans cette expression d’une colère que je ne ressentais plus.  Je détachais mes yeux de lui, comme pour l’abandonner, comme pour me détournais, et je pris entre mes mains les fleurs et le vase blanc, faisant tomber sur le sol des pétales que le vent souleva, et vint les saupoudrer au dessus des pierres d’autres tombes voisines.

    «  Il t’appelle « le pseudo-psychologue ». Pourquoi,  à ton avis ? »

    Ca n’était pas un test, mais une question. Une envie de savoir, et une curiosité qui s’était glissé entre mes lèvres.  Cette fois-ci, ce fut un sourire qui heurta ma bouche, et qui s’étala sur ma face. Ne souriez pas, ne souriez pas.  Je murmurais.

    « Riez, souriez aussi fort que vous le souhaiterez, mais faites le intérieurement. »

    J’ouvrais mes doigts, lâchais le vase, pour le voir venir s’exploser sur le sol, à mes pieds. Immobilité certaine. D’une seconde. Puis le vent, comme une âme en peine, comme l’amoureux mélancolique, souleva les têtes pâles des fleurs, arrachant avec délicatesse leurs pétales, qui vinrent rouler sur les genoux de Yui, au sol.

    « Recolle t-on les morceaux ? »

    Recolle t-on les morceaux, Valentine ? Qu’avais-je répondu, à ce moment là ? Qu’on le pouvait si on le désirait ? Un soupir, et puis je m’asseyais sur la tombe de mon grand-père. Cette tombe était à moi, il était mon grand-père, il était le passé d’une existence qui était mienne. Mes yeux balayèrent les rotules de Valentine, celles-ci battues par les pétales albâtres. Mes doigts ramassèrent le chocolat, tapotèrent contre les morceaux restants. Les morceaux collés.

    « Si tout est éphémère, si je suis là, si je devrai le savoir… Pourquoi est-ce que toi tu es là, Valentine ? Pourquoi est-ce que tu ne pars pas, en considérant que je suis un petit imbécile qui essaie de te noyer avec du chocolat ? Pourquoi est-ce tu restes là, assis devant une tombe qui ne t’appartient pas ? »
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyLun 12 Aoû 2013 - 23:13

-...Evidemment, souffle Valentine en levant un regard trop abrupt comparé au ton de sa voix. En fin de compte, comme à son ordinaire, c'est ce regard d'un naturel inquisiteur. Pourtant, l'ancien psychologue est calme, parfaitement calme. Il ne se contente que de de hausser des épaules, laissant couler l'interprétation de ses propos, tel qu'elle demeure. Et alors, là, une tension, palpable uniquement à travers les yeux de ce garçon noyé dans ses propres passions.

-Ah, Mitsumasa.

Il répète ce nom, et finit par avoir un sourire en coin. Oui, Mitsumasa. Il n'en connait pas plusieurs jusque là. Les surnoms n'existent que pour ceux qui daignent vouloir les faire exister. Chess... quelle étrange dénomination. Cent fois entendra-t-il ce pseudonyme, que le même nombre il l'oubliera. Un sourire en coin à la pensée d'un pseudo jeu, un jeu pseudo-pseudo. Pseudo. Pourquoi vouloir s'acharner à rajouter d'autres noms à des ensembles déjà fictifs.

-Sans doute parce qu'il sait comme vous et moi que je ne suis qu'un reflet de psychologue, rit-il de sa propre dérision.

Il laisse le gamin répéter toutes les bribes de phrases qui ont été échangées des mois plus tôt de cela. Il lâche un sourire, étrangement navré. Il l'est. En face de lui, un jeune en plein dilemme de principes. Un jeune être qui dissimule des rafales de ressentis derrière un masque impassible. Pour la première fois, Yui Valentine ignore quelle réponse y apporter. Il y a peut être trop d'éléments en jeu; ou alors ce n'en est plus réellement un. Pourquoi? Pourquoi tout ça? Parce qu'il a quitté son ancienne délimitation connue sous le nom de psychologue scolaire.

-Vous ai-je tant marqué? laisse-t-il une pensée se matérialiser à voix haute.

Du haut de son perchoir imaginaire, il observe et contemple les bris de vases qui s'étalent là au sol. Dangereux, tranchants. Décisifs sur un seul passage. Reproduction fracassante de cette scène qu'il avait déclenchée le même jour où Féa lui ramenait une commission scolaire. Toute chose étant égale par ailleurs. Un exemple même.

-N'étiez vous pas venu apporter ces fleurs à vos défunts? C'est un simple  rappel, une fausse question qui ne nécessite aucun avenir. Il poursuit, -Je l'ignore. J'ignore si les morceaux peuvent se ressouder entre eux. Parce qu'il s'agit toujours d'un oui ou d'un non conditionnel. Alors je l'ignore.

Une fois de plus, trop de voies, une multitude de choix, une infinité de conséquences. Le maillon d'une chaîne dont la fin n'est jamais clairement définie. Et dans cette série de questions obsessionnelles... Pourquoi est-ce tu restes là, assis devant une tombe qui ne t’appartient pas.

Valentine jette un regard vers la pierre qui lui fait office d'appui puis scrute celle de Féa.
La tombe qui était constellée de morceaux de verres.

Sous certains angles, ça brille.

-Sans doute pour les mêmes raisons anodines que la plupart du commun des mortels, déclare-t-il, simplement.

Il n'avait pas d'autres raisons à inventer, pas de magie à donner. Et pourtant, on persistait à lui coller tout un tas de choses derrière le dos. La normalité sidérait; ...parfois.

-Féa, soupire-t-il, las. -Épargnez moi votre histoire de chocolat et dites plutôt que vous souhaitiez venir me parler.

A ses pieds, les pétales hivernales, intruses d'une saison soleilleuse.

-Gardez en au moins une pour trace de votre passage.

Une fleur sur la tombe.
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyVen 23 Aoû 2013 - 3:48

Spoiler:



    « Sans doute pour les mêmes raisons anodines que la plupart du commun des mortels. »

    La phrase a été prononcé avec cette même intonation grise carbone de sa voix monotone, adaptée aux faits, aux constats, dédaignant les idées, méprisant les suspens. Une voix que je lui connaît et reconnaît, puisqu'il m'a déjà parlé ainsi, puisqu'il a déjà parlé ainsi, tout simplement. Mes yeux effleurèrent les tombes, remontèrent les mouvements du vent, et se portèrent avec une sorte de lassitude surprise sur son visage. Et doucement, un sourire s'égara sur mes lèvres, quand il se mit à parler des fleurs. Un sourire qui ne me fit pas réagir à sa remarque, qui ne me fit pas agir pour que j'en garde une quelconque trace. Les fleurs disparaissaient si vite, au fond. A quoi bon ? J'abandonnais mon sourire, pour une expression plus calme, et mes yeux arborant un éclat songeur, tandis que j'abandonnais le souvenir de l'homme qu'il avait été deux ans auparavant pour me concentrer sur ce qu'il était, assis au sol.

    « Je me demandais comment vous réagiriez, au fait que je vous tutoie. C'était une curiosité, une envie de simplement découvrir. Voir si vous mettriez en colère, comment vous réagiriez... »

    Du bout des doigts, chipotant le vent, triturant la poussière, j'interceptais un pétale, que je vins plaquer contre le sol, pour en immobiliser les cavalcades.

    « … Ce n'est pas par respect, ni par uniformité, mais il me semble que quand je m'adresse à vous, le vouvoiement vous sied mieux, Valentine. … Un peu comme un spencer qui vous serait parfaitement ajusté. »

    Du pouce, j'écrasais le pétale, le froissant d'abord pour venir le creuser contre la surface irrégulière du sol sablé.

    « Vous m'avez manqué, évidemment. Vous devez le savoir : sans grandes personnes, les enfants se sentent tout seuls et perdus.-j'eus un sourire moqueur pour moi-même-,  Que vous soyez le reflet d'un psychologue est peut-être ce qui fait que je vous apprécie. Peut-être aussi parce que le reflet se miroite dans les mots de quelqu'un à qui j'attache de l'importance.  Être un reflet, sans consistance, c'est aussi répondre à l'impossibilité d'être cassé, d'être détruit. »

    Cette fois-ci, je me tournais directement vers lui, chocolat et pétale entre mes doigts, poussière et sable contre mes phalanges, et aux creux de mes paumes.

    « Je me demandais si en perdant ce statut de psy de Keimoo, vous deviendrez quelqu'un de normal, Valentine. J'ai voulu me conforter à l'idée que vous vous noieriez à l'uniformité de la masse, et que dans... dans tout ce blanc qui vous définit, vous deviendriez gris et terne. Mais vous restez anormal. Indubitablement. Vous m'aviez dit que cela dépendait, que vous étiez normal, à ce moment là, que vous étiez la normalité même. Pouvez-vous toujours vous considérer comme cela ? À chaque instant de votre vie, vous considérez vous comme normal ? Valentine. Vous êtes tellement hors-normes, tellement ''anormal''. »

    Pourquoi est-ce que vous ne voulez pas voir avec mes yeux ? Je vous les prête, si vous voulez.
    J'abandonnais chocolat et pétale massacré, sur la tombe du grand-père, sans même réellement bouger, tendant simplement mes bras, pour ensuite me retourner vers Valentine. Le silence d'un instant, le silence du vent qui mugit au travers des tombes, dans ses symphonies multiples, dans ses tons sifflés, puis cette même question, ce même doute, à chaque fois que je pensais à lui.

    « Dites. »

    Je le fixais, dans l'espoir, peut-être, d'une réponse. D'une réponse, ou pas. Voulais-je réellement le savoir, ce mystère de ma colère ? Cette interrogation qui restait sans réponse, tout au fond de ma poitrine ? Je m'y étais habitué, et cela avait son charme.

    « Pourquoi m'avoir interdit de sourire, ce jour-là ? Je ne me moquais pas de vous, et vous le saviez, non ? »
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 8 Sep 2013 - 23:36

Spoiler:


Ou le début d'une nouvelle chute.


Valentine sourit en entendant l’adolescent parler. La perception humaine est toujours un curieux concept.

- Il n’y a pas de mal, y répond-t-il.

Qu’y a-t-il d’autre à rajouter à ça. Quoi que. Yui finit par trouver de quoi y redire, sur un ton amusé et à la fois à demi confidentiel.

-C'est votre collègue Mitsumasa qui passait également son temps à tester. Accessoirement, à m’expérimenter, si je puis dire.


Ce garçon devant lui, qui s’occupe à torturer les pétales graciles qui tentent de s’échapper avec le vent... Une franchise à nue qui l'en étonne. Leur dernière entrevue n’avait pas vraiment aboutie à un sondage des personnalités. Il était peut-être temps ; mais cette fois, d’un autre angle de vue d’attaque que celui dont il jouait le rôle autrefois. Un autrefois qui dans les faits, ne remonte à pas si longtemps de cela. D’où peut-être ce vouvoiement. A vrai dire, il n’en a jamais fait fi.

-Ah oui ? C’est une franchise appréciable.

Yui renonce à essuyer le reste des traces par ci par là de chocolat qui doit sans doute lui rester à la figure.

-Vous savez Féa, être destructible est du ressort de tout le monde. Y passer au travers l’est peut-être moins ; le tout est de ne pas se contenter de rester cassé.

Le tout est de repousser là où impossible voudrait s’installer, manque-t-il de poursuivre préférant finalement le silence. La suite l’intrigue déjà davantage et lui fait lâcher un éclat de rire. …Anormal ? Valentine ne savait jamais ce que ce mot pouvait inclure ou exclure. C’était un fait.

- Et que voient donc vos yeux que les miens ne voient pas ?

Valentine prend une fleur restée intacte près de lui et se lève pour contourner Féa. Il se dirige vers la tombe honorée du chocolat en miette et du reste des pétales, où il y déposera tranquillement la fleur dessus avant de se retourner et revenir s’appuyer sur la tombe de son ancienne élève. Pendant ce temps, dans cette courte pause et trêve des mots, le silence se teinte d’une brise dont le langage ne se démystifie pas.

Dites.
Hm ?

Yui fouille, retourne les tréfonds de sa mémoire pour ressaisir le bon nœud de souvenir parmi son anamnèse en vrac. Pourtant, même avec un cerveau en perpétuelle ébullition, l’ancien psychologue se souvient. Il se rappelle et finit par secouer la tête dans un infime sourire.

- Tout homme est à un moment, destructible.


Simple réponse, courte, sans fioriture supplémentaire. Zakuro n’a été en cet instant, qu’un élément au mauvais moment, au mauvais endroit et probablement aussi, avec la mauvaise personne. Une alchimie bafouée, une équation inégale. Dans l’intensité du moment, Valentine aurait voulu que la terre entière partage la même douleur que la sienne. Chaotique qu’était cette période, où une cacophonie de ressentis, de pensées et de confusions s’étaient vus déchirés entre la raison et la déraison. Après cette épisode, c’était à se demander d’où il tirait cette aura anormale que Féa semblait toujours lui coller. En vérité, il n’avait rien œuvré pour paraître admirable.

Valentine pose la main sur la tête de l’étudiant, d’un geste paternel, avant de suggérer d'entamer une marche. Une marche dans un cimetière.

Et puis cette question spontanée, imprévue, qui casse sa routine. Lancée au hasard mais déjà calculée pour un avenir proche si seulement une nouvelle équation était susceptible de vouloir exister.

- Dites plutôt. Travailleriez-vous pour moi ?


C'était là, peut être une manière de rattraper une bévue passée.
Ou éventuellement le début d'une nouvelle chute.
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyJeu 19 Sep 2013 - 0:27

    Yui.

    Il eut un sourire, qui fit naître le mien, et qui le nourrit lorsqu'il usa du terme « collègue » pour définir Kohaku. Mais je ne soulevais pas, laissant la douceur d'un terme qui ne m'atteignait pas dans ma vérité au vent, et faisais simplement glisser mes yeux sur le grès.

    Puis, le concept d'un mot que j'avais moi-même amené à la discussion. Destructible, et ses horreurs : un mot et son ensemble de syllabes qui remonta jusqu'à mon âme pour venir déchirer l'enveloppe protectrice des sentiments de colères. Je restais calme, je restais pensif, enfoncé avec soin dans le confort d'une idée qui me faisait voltiger quelques quatre cent années plus tôt. J'écoutais ce mot, destructible, cet adjectif qui venait orner mes pensées et me faire me diriger vers la visualisation de l'image du visage de Musashi. Il n'avait que quinze ans de plus que moi lorsqu'il s'était interrogé sur la définition du mot « indestructible ». Il n'avait que quinze ans de plus que moi en prenant conscience de la simple porté du concept.
    Ce n'était qu'un mot.

    « Ce n'est qu'un mot, Valentine. »

    Et Valentine qui pose ses phalanges sur mon crâne, Valentine qui dépose ses paumes et sa main sur mon pariétal. Un contact de silence. Étrangeté et plaisance, pour un demi-sourire qui vint pétiller sur le bord de mon regard, puisque je conservais mes lèvres closes en une expression qu'il ne me plaisait pas de conserver, mais dont j'avais besoin, pour m'assurer que je ne faisais pas de faux-pas, et que je ne tombais pas trop profond. L'important n'était pas de chuter ; et j'en avais l'exemple parfait, l'algorithme suprême d'une qualité de vie qui ne se construisait pas sur le vide, mais sur cette perception de blanc. Yui Valentine, combien de fois étiez-vous tombé ? Je ne posais pas la question, m'engageant dans ce mouvement vers l'avant qu'il m'intimait.

    « Dites plutôt. Travailleriez-vous pour moi ? »

    Je l'abandonnais, ce calme trop étranger à mon âme, pour me laisser à la joie et au sourire naturel. Un sourire qui franchissait l'ordre imposé dès la première fois, qui détruisait la matérialité d'une volonté impliquée avec des mots. Je le dirais à Chess, tiens. Tu sais, quand j'ai vu Valentine, tout à l'heure, et que j'ai tenté de le noyer avec du chocolat ? Finalement, je lui ai souris, et c'était important, je crois. Parce que j'ai regardé ce blanc, si différent du tien. Un blanc qui me fascine, qui n'existe pas, mais qui reste là, et qui tâche mes paupières. Pas besoin de fondements et de logiques sur ça, Chess. Simplement étaler ma propre vérité pour venir en colorer les bulles de mes pensées. Des pensées couleur chocolat, couleur sourire. Couleur « merci », peut-être. Des pensées de couleurs, qui défilaient, et qui me firent répondre sans hésitation.

    « Oui. »

    Je suis destructible, trois, quinze, vingt, mille, trois milles fois. Mais je reste là, je souris avec douceur, parce qu'il y a un autre sourire qui me hante, et que je ne veux pas m'y perdre autrement qu'en le regardant dans les yeux. Je souris. Je suis destructible, mais pas par le temps. Je resterai, je serai, je filerai, et je glisserai pour mieux tous vous embrasser, vous et vos âmes qui colorent cette planisphère. Je suis destructible, je suis humain, mais je suis avant tout ce que je suis, ce que je cherche à être.
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyJeu 26 Sep 2013 - 16:18

Ce n'est qu'un mot et pourtant, un seul mot reste toujours susceptible déséquilibrer la balance. Du tout au rien à son inverse, et c'est une dualité singulièrement bizarre qui cherche à subsister autant qu'elle le peut.
Laissant de côté cette nouvelle once de réflexion, Yui s'est concentré sur ses pas.

Oui. La réponse de Féa avait le mérite d’être claire nette et précise, suffisamment pour ne pas avoir à s’y reprendre par deux fois. Dans le fond, c’était une spontanéité qu’il avait apprécié ; et ce n’est qu’une fois après, qu’il avait réalisé que l’étudiant avait accepté avant même d’en connaître la nature du sujet.

* * *
Catalyseur


-Ne prendrez-vous pas le temps de réfléchir ?

Pourquoi. Pourquoi cette impression d’avoir fait quelque chose de louable sans n’avoir rien fait. Cette sensation qu’il illumine la journée d’un autre sans avoir explicitement cherché à le faire. Pendant un instant, Valentine se mure dans ses pensées, confondu entre deux labyrinthes sinueux.

Obtenir une réponse immédiate de son futur potentiel employé oblige l’ancien psychologue à boucler les réflexions de ses projets. Il est temps Valentine, il est temps de se lancer. Il est temps d’en venir à autre chose et que cesse le silence de ces derniers mois. A s’y encrasser dedans, il finirait noyé sans sa propre inertie et s’imaginer dedans l’irrite passablement. Cependant, après avoir lui-même tourné la page sur un chapitre de sa vie, monsieur Yui Valentine avait simplement eu l’impression que le monde avait tourné la page sans lui. Un peu comme ce que le futur tremblement de terre lui réserverait dans les semaines à venir, autrement-dit pas grand-chose. Sacré vie de Psychologue reconverti, …Amen.

-Vous êtes un Catalyseur, Féa, a-t-il enfin déclaré. Vos interventions déclenchent à chaque fois un revirement relativement perceptible dans la vie houleuse d’un disons psychologue.

La dernière fois, je quittais l’académie et cette fois ci, j’entame un nouveau poste. Vous êtes peut-être mon catalyseur, étrange roue du destin, n’est-il pas. Laissant en sourdine cette théorie, Yui a levé un regard plus loin dans le ciel, imposant une priorité à ses réflexions en vrac. C’était chose étrange, ce conflit perpétuel avec soi-même. Etrange, mais un engrenage suffisamment solide qui en constituait son essence même, lui, un homme si facilement reconnaissable.

-Mais la bonne question à présent serait davantage : que voudriez-vous faire dès lors?

Question vague qui aurait pu lui être posée en contrepartie. En y réfléchissant, il aurait peut-être mieux fait de rentrer en contact avec Marv avant de se jeter à corps perdu dans une organisation entièrement désorganisée. La désorganisation faisant partie de Valentine, il n’avait désormais juste plus une seule seconde à perdre dans cette course à l’équilibre de sa fameuse équation. Bien sûr, dans les faits, elle n’existait pas. Mais pendant ce temps, le local vide dénué d’enseigne –et officiellement racheté en son nom dans les quartiers Hiryuu, lui, hurlait famine. Alors il fallait remplir le vide.

-Vous savez, je ne vais au final que créer ce que mon bureau aurait dû être depuis le début. Je vais ouvrir un salon de thé. En quelque sorte, quelque chose qui s'en rapproche.

Mon bureau aurait dû être un salon de thé, résonne une pensée à lui même. C'était un aspect qui avait manqué dans sa profession précédente et c’est justement cet élément manquant qu’il allait poser au centre d’un nouvel édifice imaginaire. Imaginaire, mais suffisamment solide pour faire office de fil d’Ariane.

-Un salon de thé et des personnalités capables de résister à la clientèle. Non plus des consultations mais des visites officiellement formelles, officieusement informelles. Et vous de votre côté, votre rôle sera d’être capable de refletter pendant un moment ce que la personne en face de vous a le plus besoin.

Oui, dans un certain cadre. Et il enchaîne. Question, réponse. Questions, réponses.
Balle de ping pong, mono ping pong, dialogue à sens unique. A une époque, ça s’appelait monologue.

-Les principaux besoins de 95% de mes  anciens patients quand ils viennent d’eux même ? Faire des nouvelles rencontres, le besoin de compagnie. Ou le manque d’affection ou d’écoute. De confiance.

Yui enchaîne et se rend compte qu’il n’aura peut-être pas le temps de tout expliquer. Que trop de mots voudront s’échapper à la même seconde.

Zakuro Féa est bien son catalyseur. Il ne le sait sans doute pas, mais ce n’est pas très grave à l’instant même.

-A ma façon, je vois disons... Un quelque chose qui se situe entre la cellule psychologique -avouez que les termes font réfléchir à deux fois- et les host ou hostess clubs.  Mes employés seront eux-mêmes au contact direct du client. Mais voulez-vous connaître l’inconvénient ? Et bien cela dépendra de vous. Soit vous adopterez un rôle et une attitude autres que ceux que vous êtes dans votre quotidien, soit vous déciderez de rester inchangé. Pour ma part, qu’importe. Mais il n’en reviendra qu’à vous de savoir où vous placez les limites avec votre client. Oui et bien entendu, le tout avec du thé, … et du café en prime.

Et là, Valentine s’est figé, presque sidéré.
Entre ses explications, idées et concepts en vrac mais pourtant bien ordonnés dans son esprit, il recrutait. Il recrutait sa future équipe atypique même s'il s'y prenait en tout et pour tout n'importe comment sauf dans les règles de l'art. Il fallait bien un début à son début.

-En fait Féa, vous seriez susceptible d’être mon premier employé. Disons, le deuxième si Marv souhaite encore gérer mes pseudos-dossiers.

Encore faudrait-il qu'il le retrouve dans ses contacts mais c'était une autre histoire.
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Zakuro Fea
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 13 Oct 2013 - 18:41

Spoiler:


    « Ne prendrez-vous pas le temps de réfléchir ? »

    Dans la question de Yui Valentine, il y avait ce bruit de marche que nous produisions, et la course de ce vent qui venait, volait et effleurait, nous accompagnant dans notre développement, dans ce mouvement qui nous fait nous déplacer, et dans la construction de cet avenir qui se joue sur les mots que sont en train de prononcer Yui. Je ne ressentais pas particulièrement le besoin de récrier face à ce que pouvait opposer Valentine, considérant, par un sourire, que j'avais dit « oui », et qu'un « oui » était un « oui ». Néanmoins, je profitais d'une seconde de son regard sur moi pour lui sourire, encore une fois. J'ai réfléchi, déjà.

    « Vous êtes un Catalyseur, Féa, a-t-il enfin déclaré. Vos interventions déclenchent à chaque fois un revirement relativement perceptible dans la vie houleuse d’un disons psychologue. »

    Une fois de plus, je ne répondais pas, mais ce fut cette fois-ci par mon incapacité à savoir formuler des mots qui auraient sut trouver leur place au verso des siens. Des cartes qu'il venait de jeter devant mes yeux, et si j'avais été en mesure de les comprendre, je ne trouvais pas comment est-ce que je pouvais y réagir. Peut-être par un sourire, encore ? Peut-être. J'abaissais les yeux sur les poussières que soulevaient les impacts de ses semelles sur ce sol trop vieux. Un catalyseur, moi ? Dans un élan silencieux, mon regard fusa jusqu'à ce ciel qui s'étendait au dessus de nous. Un catalyseur. Cette définition appartenait, je l'avais toujours cru, à un domaine dans lequel je n'interviendrais jamais. Mais que Yui ait choisi ce mot là me faisait frissonner les fondements de mes connaissances. Est-ce qu'un humain était t-il en mesure d'être ce qu'il ignorait ? Serrant les doigts, je vins les glisser dans mes poches, considérant soudain qu'il faisait peut-être un peu plus froid. Une brise trop fraîche... Yui et Chess...

    « Mais la bonne question à présent serait davantage : que voudriez-vous faire dès lors? »

    Je bifurquais sur lui toute mon attention, déstabilisé par la forme de la question. De quoi parlait t-il ? Pourquoi ce vague qui laissait place à un peu trop de liberté pour que je ne perçoive pas immédiatement que j'étais en mesure de ne pas me perdre moi-même avec mes mots. Et pourtant, malgré cette absence de panneau, je souriais, retenant un petit rire.

    « Ce n'est pas la bonne question. »

    Et comme le Chat assis sur sa branche, j'avais l'impression d'avoir échangé les rôles avec une Alice demandant son chemin. Peut-être que j'avais un chemin, peut-être que je n'en avais pas. Le but n'était pas forcément que je le cache ou que je le dévoile, mais simplement que je ne me trompe pas. Et je n'avais pas l'impression de me tromper, pour le moment. En tous cas, les panneaux n'étaient ni corrects, ni installés, mais je n'y faisais pas réellement intention. Au risque de me perdre, j'avancerai sur le chemin, et si je ne trouvais pas ce qui me plairait, je ferai en sorte que cela me plaise ; au bout du chemin.

    « Vous savez, je ne vais au final que créer ce que mon bureau aurait dû être depuis le début. Je vais ouvrir un salon de thé. En quelque sorte, quelque chose qui s'en rapproche. »

    Un salon de thé ? Je me figeais sur l'idée, pour rattraper les quelques pas d'avance de Yui, rester à sa hauteur, et considérer ses mots et ses expressions avec l'impression d'être un tamanoir avide des petites lettres que les lèvres de Yui rassemblaient en des sons, en des mots qui prenaient sens et explosaient dans l'air à la manière de bulles de savoir. Des bulles de savon qui fourmillaient et que je cherchais à manger pour en comprendre le sens et l'essence. Un salon de thé. Est-ce qu'il était sérieux ? Évidemment qu'il était sérieux. L'idée était si séduisante, si folle, si impressionnante, que je restais figé sur le souvenir vieux de quelques secondes des mots qu'il avait laissé sortir de sa bouche. Un salon de thé. Yui Valentine, à la tête d'un salon de thé. Cette idéalisation n'avait rien de comique, et ne prêtait pas au rire : j'avais cette sensation que l'on venait de me faire regarder par l'interstice d'une porte, et que derrière celle-ci, il y avait quelque chose que je n'aurais pas imaginé, et qui me plaisait terriblement, parce qu'elle n'était pas imaginable, pas logique. Mais si intense, si violemment merveilleuse.

    « Un salon de thé et des personnalités capables de résister à la clientèle. Non plus des consultations mais des visites officiellement formelles, officieusement informelles. Et vous de votre côté, votre rôle sera d’être capable de refléter pendant un moment ce que la personne en face de vous a le plus besoin. »


    Oh. Oh. Je l'écoutais sans mot dire, laissant ces phrases qui coulaient emprégner totalement mon imaginaire pour devenir ces vérités métaphysiques qui transcendait la raison, la sensation, pour ne devenir que les parcelles d'une ambassade de l'imaginaire. Et qui valsait, qui valsait, sans s'arrêter jamais sur la matérialité de quelque chose que nous aurions pu saisir avec les doigts. Est-ce que j'étais en mesure de regarder un peu plus derrière cette porte, ou bien avais-je envie de la pousser, d'ouvrir la porte, pour contempler totalement ? Ou est-ce que ce fait ne ferait pas voler en éclat l'idée même de la réalisation du projet. Silence, silence entre mes lèvres, mais vacarme monstrueux dans mes prunelles.


    « Les principaux besoins de 95% de mes  anciens patients quand ils viennent d’eux même ? Faire des nouvelles rencontres, le besoin de compagnie. Ou le manque d’affection ou d’écoute. De confiance. »

    Je ne me demandais pas en quoi consistaient le remplissage des 5% restant.

    « A ma façon, je vois disons... Un quelque chose qui se situe entre la cellule psychologique -avouez que les termes font réfléchir à deux fois- et les host ou hostess clubs.  Mes employés seront eux-mêmes au contact direct du client. Mais voulez-vous connaître l’inconvénient ? Et bien cela dépendra de vous. Soit vous adopterez un rôle et une attitude autres que ceux que vous êtes dans votre quotidien, soit vous déciderez de rester inchangé. Pour ma part, qu’importe. Mais il n’en reviendra qu’à vous de savoir où vous placez les limites avec votre client. Oui et bien entendu, le tout avec du thé, … et du café en prime. »

    Bonjour Monsieur Mitsumasa. Non, désolé monsieur Mitsumasa, je ne peux pas vous laisser entrer ainsi dans le salon de Valentine, même si vous considérez et je le considère aussi que le fait de porter une bouée orange fluo autour de la taille consiste en un argument valide pour aller hurler des préceptes sur la métaphysique du maître des lieux. Non monsieur Mitsumasa, je m'excuse, il faudrait que vous attendiez un petit peu, s'il vous plaît, il est en consultation. Un tout petit peu. Un sourire.
    Et des inconnus. Des inconnus, des femmes, des femmes ou des hommes, qui viendraient, que je saluerais, en croisant les bras ou en les invitant à rentrer. Heurter les yeux, par une caresse des regards, pour comprendre, et anticiper. Qui êtes vous, vous tous qui plongez dans cette métaphysique de ses mœurs ? Dans ce blanc qui lui sied si bien ?

    « En fait Féa, vous seriez susceptible d’être mon premier employé. Disons, le deuxième si Marv souhaite encore gérer mes pseudos-dossiers. »

    Résister à la clientèle, en jouant un rôle de miroir, sans se perdre dans la contemplation qu'ont les gens d'eux-même. Vous me proposer de jouer avec le reflet d'une lame, d'une certaine manière. Vous me demandez de dégainer le katana et de le pointer sur ces patients de manière à ce qu'ils ne puissent envahir cet univers, mais en même temps, à ce que le reflet de la lame les fascine assez pour qu'ils se perdent sur l'équilibre du danger et du confort. S'adapter à l'autre, vous savez, c'est ce que je fais lorsque je suis sur les tatami. Est-ce que mon adversaire se présente comme un adversaire ? Est-ce qu'il vient vers moi, doucereux et mielleux pour essayer de me charmer et de gagner par la douceur ? Est-ce qu'il vient pour me détruire ou est-ce qu'il vient sans motivation, et sait qu'il va perdre ? Est-ce qu'il vient avec un sourire, est-ce qu'il vient en pleurant ? Qu'est-ce l'autre ? Qui est l'autre ? L'Autre ?

    « Vous me demandez d'exister comme je le suis. »

    Un temps d'arrêt, une réflexion. Une réflexion sur le passé, sur le goût qu'il avait eu, sur les compétitions et l'acceptation d'une violence qui ne se maîtrise pas. Sur les fleurs de cerisiers qui glissaient sur les représentations mentales que je m'étais faites. Sur l'odeur des tatamis sur lesquels glissaient les corps qui se battaient. Sur le reste, sur les portes qui s'ouvraient, sur les sourires des gens que je rencontrais, sur les colères au fond des yeux et les gestes de la main. Des mains qui se tendaient ou qui se refermaient. Des gens qui passaient, qui repassaient, que je faisais l'effort ou pas de garder près de moi, d'appeler connaissances, d'appeler amis, de considérer comme important. De sourire, de mettre du chocolat dans la bouche, de laisser le vent faire s'envoler des pétales que je ne retenais pas. Sur le fait de grandir, indubitablement. Mais, et pour toujours, l'immatérialité. Immatérialité, immatérialité, et son goût de sabre, de métal, de sang, et de vie.

    « Enfin … d'une certaine manière. »

    J'abandonnais l'idée, le concept, en souriant, la rangeant dans un tiroir que je laissais entrouvert, parce qu'au final, je considérais cela comme important.

    « Lun Marv, n'est-ce pas ? »

    Lun, Lun, Lun et tout ce qu'il peut y avoir derrière la prononciation de ce prénom. Lun et le dessin, lun et la cigarette, Lun et ses yeux verts, ses « non » catégoriques, et son amitié. Lun et ses coups de poings dans ma mâchoire, Lun et nos évolutions. Ah, oui … certainement.

    « Je suis sûr qu'il serait parfait. Vous le serez aussi. »

    Il était ce blanc. Alors, évidemment. Absolument.
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 20 Oct 2013 - 23:37


Ce n’est pas
La bonne question


-Ah oui ?

Existe-t-il seulement des mauvaises questions ? Malgré la réponse de l’adolescent, Valentine ne s’en satisfait pas et y revient dessus.

-Il me venait à l’esprit que si j’emploie des personnes, il fallait peut-être trouver un juste équilibre.

Nouvel échange solitaire : Mais qu’est-ce que le juste équilibre ? Yui voudrait s’assoir, se figer sur sa question, se laisser emporter dans le flux de ses raisonnements contrariés. Mais il commencerait ce traitement de faveur pour une, qu’il devrait le faire pour toutes sans jamais pouvoir s’en échapper. En y pensant, il n’avait toujours pas payé Marv de son salaire. Ils en étaient parvenus à un accord sur un paiement vraisemblablement nature, d’un service ou d’une aide que l’adolescent pourrait avoir besoin un jour. Seulement, Valentine n’y avait jamais vraiment réfléchi et à vrai dire, il l’avait déclassé de ses priorités. Un jour, ça lui retomberait dessus mais au moins, il le savait.

-Marv est un bon élément mais aussi un fléau ambulant. Il n’est pas encore assez parfait,
tient à souligner Valentine affichant un air pensif non sans une pointe d'ironie. Oui, des pour et des contres, il y en avait encore et toujours.

-Devrais-je réellement le reprendre sous mes services ?


Des services que Yui Valentine n’assurerait –quasiment plus en tant que gérant de sa start-up ; des services qui reposeraient sur ses employés. L’ancien psychologue scolaire se retrouve alors à démultiplier tous ses champs des possibles pour tenter de concilier l’inconciliable. Combien de patients avaient envisagé à en soutirer davantage que ce qui délimitait le cadre de sa profession ? Devient-on l’ami d’un psy ? Rentre-t-on dans l’entourage proche d’un psy au travers de simples consultations ? A partir de quand la proximité d’un patient à médecin dépasse le cadre de la profession ? Yui pense à cette jeune patiente qui s’y est méprise, comme à certains autres par la suite. Les sentiments ne devraient pas interférer dans le quotidien au travail ; ils brouillent les pistes, d’autant plus lorsqu’il s’agit de confier sa raison et sa conscience à un tiers. La raison a ses raisons que le cœur ne connaît point.
Et vice versa, à ce qu’il paraît.

-Si j’étais parfait, je serai bien ennuyeux. Mais… je vais quand même prétendre à la prétention, pensez-vous bien.

C’est en voulant frôler la perfection qu’il avait cumulé tant de défauts, c’est en se voulant irréprochable qu’il était devenu Valentine. Yui sourit à une époque révolue. Ces jeunes de Keimoo l’ont fait murir comme il a tenté de les faire grandir de leurs tourments. L’homme a souri à cette idée de cercle bouclé.

-Et bien évidemment, je vais vouloir exiger la perfection dans vos rôles respectifs. Et qu'en plus, vous vous y plaisiez.


Subtile pointe d’humour ou pas, Yui n’a pas éclairci davantage, préférant le bruit de leurs pas. Étranges endroits pour un préavis de contrat.

-Vous avez une ou un client, qui par la suite s’avère récurrent. Imaginez ceci : la personne en question réclame davantage que ce que vous pensez vous être engagé pour, au-delà de la compagnie, des conversations en tout genre et du soutien moral que vous lui apportez lorsqu’elle est dans votre le salon de thé. Que faites-vous ?

Ce n’était pas un test et Valentine ne savait pas réellement s’il en connaissait une science infuse. Sans doute n’y en avait-il pas.


Dernière édition par Yui Valentine le Dim 8 Déc 2013 - 11:15, édité 1 fois
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Zakuro Fea
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Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 31
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
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Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 3 Nov 2013 - 11:02


    « Ah oui ? »

    Absolument. Encore une fois, je ne répondais pas, préférant lui offrir un silence qui parlait mieux par sa voix que par la mienne, comme si cela se justifiait par le poids de sa propre interrogation. Il parla d'équilibre, et cela me conforta dans ma pensée. Oui, j'appréciais ce concept qui se valait dans l'opposition de deux forces, et dans cet équilibre que Yui Valentine se motivait à chercher, j'appréciais les interactions. Cet équilibre me plaisait, mais l'utilisation du terme « parfait », avait été maladroit.  

    « Marv est un bon élément mais aussi un fléau ambulant. Il n’est pas encore assez parfait. »

    L'accentuation du mot « assez » avait été assez perceptible pour m'arracher un sourire, et je relevais les yeux sur Yui, en me demandant quelle sorte d'expérience il pouvait avoir de Yui. Et moi, donc ? Quelle sorte d'expérience avais-je de Lun ? Un chemin qui se traçait sur le carbone, se ciselait sur le neige, sentait le tabac, et s'étoffait sur les sentiments et les sensations. L'expression pensive de Yui était témoin de souvenirs qui promettaient en hurlant tout l'intérêt qu'ils représentaient d'avoir existé, et j'eus cette ridicule sensation de fierté que de savoir qu'un type comme Lun existait. Quoique Lun à mes yeux, songeais-je avant la maturité de toute mon idée complète, n'était que pour moi ce qu'il était pour moi. Il ne devait pas être la même personne à l'égard de ses enfants, de Yui, de ses autres connaissances.

    « Devrais-je réellement le reprendre sous mes services ? »

    Murasaki. Murasame. Les deux tombes, côte à côte, se chargeaient du poids de mon regard, puisque je ne cherchais pas celui de Yui. J'accrochais des yeux l'incurvation des kanji de leur prénoms, à ces deux décédés qui se faisaient les témoins silencieux de la progression de notre discussion, et je restais dans cette contemplation évasive d'un avenir encore abstrait. Mais qui me plaisait. Indubitablement, il me plaisait, et je haussais vaguement les épaules. Devant les tombes de Murasame, il y avait ces petits vases remplies de fleurs factices qu'un vent strict avait renversé. Immobiles dans leur support de cuivre, les fleurs en papier étaient couchées au dessus de l'idée d'un corps à l'horizontal.

    « Vous devriez. »

    Il s'agissait de son choix, et à ce niveau là de la conversation, je n'avais plus l'impression qu'il ne le ferait pas. Et quand bien même cela se construirait sur des peut-être, des suppositions et des hypothèses, j'aimais imaginer l'idée qu'il puisse demander à lun de travailler pour lui.

    « Si j’étais parfait, je serai bien ennuyeux. Mais… je vais quand même prétendre à la prétention, pensez-vous bien. »

    Cette seconde qui fila, que j'accrochais du regard ; cette seconde chargée de cet humour gris et valentinesque. Cette seconde que je savourais avec une sorte de plaisir malsain, ravi par l'idée qu'il ait répondu ainsi, et par tout cet amusement que cela conférait. J'adorais l'idée, haha, et haha, que c'était drôle. Non, vraiment. Mes lèvres étirées en un sourire très clair, je fixais Valentine, les yeux plissés par cet amusement trop soudain. Évidemment monsieur. Évidemment.

    « Et bien évidemment, je vais vouloir exiger la perfection dans vos rôles respectifs. Et qu'en plus, vous vous y plaisiez. »

    Pliant mes rotules, je venais récupérer les vases tombés devant la stèle en la mémoire de l'individu Murasame, et glissant mes doigts sur la poussière brune de l'endroit, je relevais les petits pots de cuivre, pour réarranger les floraisons de papier. Les fleurs étaient fausses, et avaient ces formes d'origamis que l'on apprend à plier avec art lorsqu'on veut en faire une contemplation, une fixation. Je glissais mon regard sur les reflets du petit vase, en me demandant simplement quelle sorte de réponse je pouvais offrir à Yui. En me demandant pourquoi est-ce que je relevais un vase couché. Je me relevais, et juste avant de n'être debout complètement, d'un revers de la main, je recouchais le vase de cuivre. Un regard pour les fleurs qui glissèrent dans le sable, pour me remettre ensuite à marcher aux côtés de Valentine. Je ne pensais pas que ce travail puisse être quelque chose qui ne me plaisait pas. Pas dans la dimension où je m'y plairais. Mais dans l'idée où ce ne serait pas un endroit que je n'aimerai pas. Je restais derrière la porte mentale, immatérielle, en attendant simplement de pouvoir la pousser, parce que je m'offrais le choix de décider si cela me plaisait plus encore. C'était cela. Je ne pensais pas que cela ne puisse pas me plaire.

    « Vous avez une ou un client, qui par la suite s’avère récurrent. Imaginez ceci : la personne en question réclame davantage que ce que vous pensez vous être engagé pour, au-delà de la compagnie, des conversations en tout genre et du soutien moral que vous lui apportez lorsqu’elle est votre le salon de thé. Que faites-vous ? »

    « Valentine, j'ai une question pour vous. »

    J'avais murmuré, presque sur la même continuité que la fin de son souffle : comme pour le lui voler.

    « Est-ce vous me suivez dans le raisonnement que l'une des uniques matérialisations du reflet et de la limite à la fois, qui existe en ce monde, ça ne peut-être que la lame ? »

    Pas le miroir, non. Le miroir invitait à dépasser ces limites, et l'on rêvait devant un miroir. Une lame dégageait ce danger, cette attirance, cette fascination, et je ne doutais pas que même un enfant, peu importait sa localisation dans le monde, serait en mesure de comprendre la dimension à laquelle s'expose l'existence même d'un sabre. J'avais dans l'idée de me faire sabre pour mes clients. Qu'ils jouent à se regarder dans le reflet de cet acier qui en faisait la lame, pour le plaisir des yeux et de la tête ; ce plaisir qu'ils chercheraient peut-être. Mais je serai la propre limite, certainement.

    « Je pense que je ne peux pas répondre autrement que comme ça à cette question, Valentine. Si cela devait arriver, je réagirais en fonction de ce qu'est la personne qui me fait face. Si c'est un enfant, ou si c'est un tengu, je veillerais en un premier temps à ce qu'il puisse venir vous voir sans que cela ne représente un problème, ou un danger. Vous avez déjà rencontré des tengu, monsieur Valentine ? »

    C'est sur un demi sourire que je posais la question, sans réellement m'attendre à une réponse de la part de Yui. S'il exigeait une perfection de nos rôles, alors il faudrait qu'il ne s'attende pas à d'autre positionnements dans ces moments-là que ce que j'étais, par ce que je connaissais. Je n'avais pas d'autre moyens d'être aussi parfaitement rôlistique qu'en étant moi. Et je ne pensais pas que l'on puisse reprocher quelque chose à cela : j'étais la simple limite de ce que je n'étais pas.

    « Et vous, Valentine ? Que feriez vous si jamais il n'y avait plus que ce doute de n'être pas sûr des réponses que vous avez à fournir ? »
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 8 Déc 2013 - 21:46


Valentine,
j'ai une question pour vous.


Une question, une myriade de réponses et un Valentine qui se laisse emporter par cet engouement. Non pour la question en elle-même mais parce qu’à chacune d’entre elles, c’est un nouveau rideau qu’il a l’occasion de lever. Devant ses pensées, une infinité de draperies qui se soulèvent et se soulèvent encore sur cette scène dont il ne sait jamais par avance quel décor va en sortir. Ceci à répétition et c’est un kaléidoscope des possibles. Là-bas, les gens n’ont pas besoin d’élever davantage la voix pour s’échanger des bribes de mots ; là-bas, c’est un simple murmure qui renverse l’ordre des éléments. Là-bas, ici. Là-bas.
Ici, ici. Ici, Valentine, j’ai une question pour vous, qu’on dit. Une question qui transparait comme représentant la réponse à sa propre question précédente, une question pour simple retour à ses interrogations sans fin. La lame, un reflet et une limite à la fois ? Sans doute. Révélée comme étant l’une des uniques, n’est-elle finalement pas celle qui sera de trop ? En retournant la réplique de Féa dans tous les sens, Yui conclut que c’est une réponse qui lui convient. La réponse d’un esprit marqué par les codes moraux d’une Japon reculée, réincarné dans l’adolescent qui hésite entre redresser un vase renversé ou l’abandonner tel quel.

- C’est une bonne matérialisation, finit-t-il par commenter avant de rajouter, vous avez un monde plus imagé que le mien. Tout du moins, ici.

Se tapotant le front de l’index, il jette un regard amusé vers l’adolescent, puis arrivé au bout de l’allée, il revient tranquillement sur ses pas. Ce n’est pas jusqu’à une promenade improvisée mais davantage l’espace nécessaire à ses cent-pas. Les autres tombes, il ne les pleurerait sans doute pas aujourd’hui, voire jamais, tout simplement. Il n’est pas une âme très noble mais juste ce qu’il s’est lui-même défini pour censé être… bien qu’il ne saurait clairement définir cette prétendue supposition.

- Peut-être en ai-je déjà rencontré si vous m’expliquiez ce qu’est d’abord un Tengu. Quand à ce doute-là…


Un instant, il s’imagine rentrer dans cet univers que crée Zakuro Féa au travers de ses mots, s’imagine face à cet adolescent qui se tient face à lui telle la lame dont il parle. Marchant silencieusement à même les pas qu’il a formés dans le sable, Valentine reste un moment sans réponse, jusqu’à s’arrêter sur la tombe de Kara Sakki, s’approchant suffisamment pour débarrasser un des rebords du sable et quelconque dépôt infimes.

- C’est un doute omniprésent. Cela dit, je pense que pour l’oublier un mot ou un geste suffit pour que le hasard s’occupe du reste. Mais parfois c’est une erreur et je ne crois pas à ce hasard.


L’ancien psychologue scolaire s’est redressé et épousseté les mains, scrutant une dernière fois la tombe du regard. Cette tombe-là, son erreur, qui à ses yeux, se dresse plus distinctement que celles de toutes les autres pour la seule raison subjective et faussée qu’elle lui était familière. Et les limites de l’erreur… est ce que la lame la tranche aussi impeccablement qu’elle reflète ? Et est-ce que cette matérialisation aide à soulager les esprits ? Et est ce qu’au final, la culpabilité est la seule réponse, racine encrassée derrière les rideaux de limites, lame et reflets dont elle cherche à se revêtir ? Très certainement. Il n’était pas vraiment venu rendre visite à son ancienne patiente depuis. Une drôle de chose qu’on l’y surprenne le jour où il décide de le faire.

- Le doute n’est pas vraiment la question à vrai dire. C’est que qu’il advient après je dirai, a fait Yui avec un sourire, voire un air assez satisfait.

Un jour, ou plutôt le premier jour où il avait croisé le chemin de Féa, il se rappelle avoir déclaré qu’il n’était guère plus que sa normalité. Peut-être était-ce sa réponse après tout.

- Nous nous reverrons donc Féa, bien que je doute que ce soit de nouveau sur ce cimetière. A défaut de vous serrer la main…,
a-t-il fait jetant un œil à ses paumes partiellement recouvertes de chocolat et de sable. Quant au moment, vous le saurez bien assez vite.
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MessageSujet: Re: Kyrie. [Yui]   Kyrie. [Yui] EmptyDim 12 Jan 2014 - 15:19

Spoiler:

    Le cimetière est silencieux. Le vent se gonfle et se soulève, en transportant ces spirales de poussières qui viennent saupoudrer les grès. Se mêlent à la poussière les pétales desséchés des fleurs que l'on a laissé pourrir, dans l'idée, peut-être, d'accompagner les propriétaires de ces tombes que les fleurs se doivent d'orner. Elles sont les figures pâles, translucides, de cet univers, de ce royaume minéral, où la vie n'est qu'apparat.

    Les doigts refermés sur la matérialisation du souvenir, j'explorais les instants déjà achevés de la conversation avec Yui Valentine, deux heures auparavant. Des instants au goût de chocolat meurtriers, aux fleurs qui tombent et au sable qui crisse sous les semelles de nos chaussures. Un souvenir aux ciselures grises, qui prenaient naissance dans cette rencontre avec l'ancien psychologue scolaire de l'Académie, mais qui, de par ce gris, s'était vu le confluent d'une myriade d'autre couleurs. Des couleurs de toutes sortes, de toutes textures, qui avaient apposées leur trace dans mon esprit, me laissant avec ce vide, mais reposé par ce calme, indubitablement. Les jambes contre la pierre, assis sur le tombeau d'un inconnu, j'écoutais le vent, assuré dans ma solitude qu'on ne viendrait pas me déranger.

    « - Peut-être en ai-je déjà rencontré si vous m’expliquiez ce qu’est d’abord un Tengu. Quand à ce doute-là… »

    J'avais souri.

    « Un Tengu, c'est une divinité des montagnes. Un de ces esprits qui volent dans l'imaginaire, et qui viennent vous tuer avec votre propre peur. Ils ressemblent à des énormes corbeaux, avec un visage humain, mais un nez très long, et un énorme sourire moqueur. Ils protègent la Montagne. »

    J'avais été incapable de dire si j'étais réellement effrayé par les Tengu. Ils étaient ces monstres qui avaient bercés mon enfance, bercés mes croyances. Ils étaient ces choses qui murmuraient dans l'ombre de mes pensées, dans le noir de mes idées. Ils étaient des poussières qui se glissaient, insidieusement, dans les rouages de ma pensées, comme toutes les autres divinités mineures de ce folklore japonais auquel je ne croyais que trop.
    Je craignais les montagnes puisqu'elles me fascinaient. Je craignais ces dangers pour pouvoir les sentir. Alors, forcément. Je n'avais pas continué.

    « C’est un doute omniprésent. Cela dit, je pense que pour l’oublier un mot ou un geste suffit pour que le hasard s’occupe du reste. Mais parfois c’est une erreur et je ne crois pas à ce hasard. »

    Il me semble que j'avais été satisfait de cette réponse. Sur le coup, j'avais simplement posé mes yeux, dans l'attente, peut-être, d'une continuité de la réponse, avant de comprendre que sa phrase était terminée. Et cela m'avait suffit. Mais pourtant, il avait ajouté quelque chose.


    « Le doute n’est pas vraiment la question à vrai dire. C’est que qu’il advient après je dirai. »
    « Vous ne pensez pas que le doute peut-être la nature même de ce qui advient justement après ? »

    J'avais questionné, du bout des lèvres, l’œil à moitié plissé par la circonspection qui s'en découlait. Ce n'était pas l'idée d'imposer mon opinion, ou de le détromper. C'était pour considérer ses réactions, et m'interroger sur sa manière de penser. Une étude d'un cas, en soi. Une simple volonté de le regarder.

    « Nous nous reverrons donc Féa, bien que je doute que ce soit de nouveau sur ce cimetière. A défaut de vous serrer la main… »

    Un sourire terriblement amusé avait étiré mes lèvres, dévoilant mes dents en un rictus presque carnassier. Presque, car au fond de mes yeux, il y avait eu cette douceur que j'avais voulu lui transmettre.

    « Quant au moment, vous le saurez bien assez vite. »
    « C'est entendu, Valentine. »

    Et j'avais calmé mon sourire, pour une mimique plus polie, plus tendre. Tout aussi joyeuse, cependant. Il semblerait qu'avec cet homme, rien ne me plaisait plus que d'être en mesure de lui sourire. Pourquoi ? Peut-être parce que cela me faisait plaisir, et qu'il avait engagé la toute première rencontre par cet ordre. « Ne souriez pas. » Peut-être parce qu'il me provoquait à lui tout seul l'envie de sourire, et que cela me satisfaisait. J'aimais bien Yui Valentine, il fallait croire. J'avais glissé mes doigts dans mes poches, en haussant vaguement les épaules. Partir d'ici, peut-être, m'éloigner. Une maïeutique porté sur le souvenir, qui entrainerait sans doute à la réalisation de quelque chose. Cela me plaisait bien.

    (…)


    Assis sur la tombe, mes doigts accrochés aux tâches de chocolat sur mes doigts, sur mes paumes, je tapotais sur les touches de mon cellulaire, textant le message que j'enverrais d'ici quelques secondes à Kohaku Joshua.


    From : Litchi
    To : Chess
    17:09:34
    « Pas sûr que ce soit un coup de l'ironie, au final. »
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