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 Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]

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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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Zakuro Fea


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MessageSujet: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptyVen 3 Mai 2013 - 13:22

La nuit était glaciale. Sans que le moindre flocon ne vienne voleter sur le rebord des fenêtres, le vent portait toute la fraîcheur des transcendances de la saison, et ses vicissitudes polaires venaient gifler le verre dans des griffes claires et tranchantes. Refermant mes doigts sur le rebord d'un radiateur qui ne réchauffait pas assez la pièce à mon goût, je parcourais des yeux l'étendue du Parc de l'Académie, qui sous la lune, se couvrait d'un manteau gelé. Les temps chauds disparaissaient alors qu'ils avaient vainement tentés de s'accrocher, mais ici, le climat assurait une très mauvaise prise à la chaleur, il fallait croire.
Le Parc était froid, silencieux dans l'observation que je pouvais en faire de par l'autre côté de la fenêtre, et il n'y avait pas ces mêmes repères au regard que l'on a dans la journée. Je n'arrivais pas à dormir, et le calme effroyable des jardins de l'Académie n'étaient pas pour me tranquilliser. Mes yeux glissèrent sur les surplombs du batiment opposé à celui des dortoirs, et j'observais avec attention les fenêtres refermées des lieux, considérant que la lune se reflétait dans une grande majorité de celles-ci ; comme un gigantesque œil ouvert, qui surveillait chaque détails de la nuit. Je concentrais de nouveau mes yeux sur le parc. Rien d'anormal. Rien de dérangeant. Je devrais dormir, songeais-je pour la millième fois. Le cours d'histoire qui s'annonçait comme prémice d'une longue journée d'ici quelques heures. Mon réveil indiquait une heure du matin, et je relevais mon visage, en laissant un soupir fuser d'entre mes lèvres. Le sommeil, ce tigre qui ne se domptait pas.
Abandonnant définitivement la fenêtre, je traversais la pièce en m'emparant d'un pull, d'une veste, et de mes baskets. Abandonnant mes zooris près de mon lit, j'enfilais les chaussures, et refermant la porte de ma chambre sans un bruit, me glissais dans les ténèbres de l'Académie, pour une vadrouille nocturne, jamais solitaire. Dans la nuit, il y avait toujours beaucoup plus de compagnons que ne pouvait le posséder la solitude d'un jour. Il y avait le rêve, le fantasme, l'imaginaire, le frisson, et les murmures du sommeil. À demi-mots, à demi-mots seulement.

Le vent gonfla les ramures d'un sapin édenté, sifflant une mélopée glacée et sauvage, et je me faufilais en dehors du sentier usuel. Le Parc paraissait beaucoup plus gigantesque, de nuit. Mes yeux parcoururent les blancheurs d'un gel qui disparaitraient lorsque le soleil se serait établi dans le ciel, et craquant l'herbe sous mes foulées, je me dirigeais vers les rebords édentés des lieux. Il ne s'agissait pas réellement de montagnes ; pas comme celles qui entouraient réellement l'horizon, mais il s'agissait de petits reliefs assez notables pour y faire des randonnées intéressantes. J'évaluais des yeux les milles qui les distançaient entre elles et les véritables monts, tout en me dirigeant droit sur elles. Je n'avais rien pris. Ni mes clés, ni mon portable, ni mes armes. Voilà une belle attitude dans le cas où il faudrait expliquer qui j'étais et d'où je venais. Mais aussi, il y avait ce vent qui m'enveloppait, et détournais mes pensées de toutes idées de risques ou d'hésitations. Laisser de côté les règles de sécurité, pour une nuit, cela représentait une tentation à laquelle j'avais bien envie de céder sans la moindre vergogne. Un sourire se glissa sur mes lèvres, tandis que j'arrivais à la portée des ombres des premiers arbres. Allongées, ces ombres ressemblaient à un sourire étalé sur le sol : et la lune qui se dressait, énorme et ronde derrière les arbres, était cet œil d'un visage qu'on ne voit pas. Je m'engageais sous les ramures des arbres, en balayant du regard les branches qui se dressaient au dessus de moi. J'étais presque certain qu'à cette heure là de la nuit, et dans ces lieux-là, ce ne serait pas un surveillant de l'académie ou un garde forestier que je croiserais, mais un tengus, ou n'importe quel autre esprit protecteur des montagnes et des forêts. Pendant un instant, un ridicule instant, je crus même voir un Totoro apparaître devant mes yeux.
Claquant mes mains entre elles, pour calmer l'engourdissement de mes sens, je m'arrêtais sous un énorme arbre. Il y avait une fille dans ma classe qui était capable de nommer toutes les races d'arbres. Autant beaucoup de gens trouvaient ça inutile, autant ça m'impressionnait, parce que je ne savais pas reconnaître un chêne quand j'en voyais un. J'aurais bien aimé être accompagné de cette demoiselle aux lourdes lunettes, pour qu'elle m'apprenne quel arbre se dressait ainsi. Un glissement de feuilles, derrière moi, m'arracha à la contemplation sylve, et tout mon corps crispé dans une attitude défensive, je me retournais lentement, mes doigts resserrés en deux poings claquants.

L'animal était énorme. Ses poils redressés, de sa nuque jusqu'au bout de sa queue, il avait cette gueule dépourvue de poils, au museau aplati. Il appartenait à cette race de prédateur dont je ne retenais pas le nom. Court sur pattes, mais pattes musclées, j'observais ses déplacements lents, et ses yeux nyctalopes qui balayaient soit la surface du sol, soit moi-même. Il avait retroussé ses babines grises dans un rictus animal, effrayant, et sans le lâcher des yeux, je me demandais vaguement si ce genre d'animal attaquait l'humain. Si oui, si ses mâchoires étaient assez puissantes pour me découper avant que je n'ai eu le temps de l'étouffer. Campé sur mes jambes, toutes idées de froid oubliées, je contemplais l'animal sombre, qui humant l'air, n'avait pas l'air de chercher à m'attaquer. Il détourna une première fois les yeux. Je ne bougeais pas. Ses déplacements assuraient une parabole, et la distance entre nous était trop grande pour qu'il puisse se permettre une attaque frontale. Il détourna les yeux une seconde fois, je détendais mes doigts. Ses prunelles jaunes se rivèrent de nouveau sur moi, et je ralentissais mon souffle. Il détourna une troisième fois les yeux, et cassant ses déplacements, décida de s'écarter. Je restais immobile jusqu'à ce qu'il eut disparut dans les fougères.

Le temps d'une inspiration, puis je le suivais.

L'animal avait réussi à me distancer, et il se déplaçait vite, mais rendu dynamique par la rencontre nocturne, je me déplaçais avec vitesse entre les racines noueuses des grands arbres des lieux. J'avais l'avantage de la puissance, peut-être, mais lui devait être beaucoup plus discret que moi. Quoique j'entendais de temps à autre ses renâclements, dans le noir, quelque mètres devant moi, sans jamais le voir. Il n'était pas inquiété de ma présence, mais je voulais savoir ce qu'était ce genre d'animal, et ce qu'il faisait la nuit. Le silence, au bout de quelques minutes de poursuite, m'offrit ma réponse.

Tapi devant moi, dans une boule de poils invisible pour tout autre point d'observation, le prédateur nocturne contemplait ses proies. Replié sur lui-même, il avait ramené ses pattes avant pour s'assurer d'un ressort particulier lors de l'essor, et je savais qu'il attendait que ses petites victimes soit suffisamment près pour leur sauter dessus. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir ce qu'il s'apprêtait à attaquer. Mais vu son excitation ; dans le frémissement de ses poils, ça devait être potentiellement intéressant. Bien plus que de l'humain.
Il patienta une demie minute avant que ses muscles ne se détendent. Comme un éclair gris, il fondit sur la victime désignée, et j'entendis des piaillements étranglés. Curieux, je me redressais légèrement, et avec surprise, constatait que le festin du prédateur constituait en un singe des montagne, relativement jeune. Ou petit. Les dents du prédateur avait découpé sa queue, et le mammifère, avec l'énergie du désespoir, griffait de ses doigts pointus la gueule aplatie de son tortionnaire, qui décidé à l'égorgé, essayait de le plaquait au sol pour s'assurer une prise sur son ventre ou son cou.

Ma première pensée fut que je ne devrais pas intervenir. Que c'était dans l'ordre des choses que les animaux se mangent entre eux. Ma seconde pensée fut que j'étais un imbécile, pas assez attaché à l'ordre des choses. Ma troisième pensée, tandis que je me jetais en avant, était qu'il y avait bien des animaux tous petits et blancs qui en bouffaient d'autres, plus grands, blonds, habillés en noir, et armés de revolver. Alors quitte à massacrer la logique de la nature, autant assumer jusqu'au bout. Je m'emparais de l'animal par la queue, et comme un chat sauvage, furieux, le prédateur balança sa patte dans ma poitrine. Et ça fit très, très, très mal. Le souffle coupé, je crispais ma paume, pour répliqué, dans un coup aux doigts ouverts, en lui explosant la main contre la poitrine. L'animal s'envola de plusieurs mètres, avant d'aller rouler dans la poussière. Dans un mouvement rotatif, je glissais mes doigts sur ma poitrine, mais par la moindre chaleur d'un sang diffus ne rencontra ma peau, et je glissais mes semelles sur le sol, dans un mouvement allongé, pour une garde basse. Le prédateur bondit une nouvelle fois, et j'enfonçais mon poing dans son ventre. Je visais les poumons, mais en se pliant en deux, il me sembla que ce furent ses viscères que j'atteins. Toujours est-il que la chose non identifiée s'enfuit, disparaissant dans la nuit en crachant et en sifflant. Je me retournais vers le petit singe, en cherchant des yeux une famille, une maman singe, un papa singe, quelque chose qui m'aurait servi de dernier prétexte pour ne pas succomber au syndrome bambie, mais n'appercevant plus aucune présence, je refermais mes bras autour du petit corps gris et rouge. Il était en mauvaise santé, et la plaie qui balafrait sa gueule et sa poitrine m'effrayait. Je voyais sa cage thoracique se soulever dans un mouvement souligné par les striures rouges, et j'avais l'horrible impression d'être dans ces films d'horreur où les serial killer arrachent la peau de leurs victimes pour mettre leurs muscles à nus. Mes dents s'enfoncèrent dans ma lèvre inférieure. Je n'avais aucune connaissance médicale, aucune idée de comment s'assurer de la santé de l'animal, et je n'étais même pas sûr du danger que pouvait représenter le fait de se présenter avec un animal à Keimoo. Un bruissement à mes côtés me fit darder mes yeux sur ma gauche. L'animal sombre serait t-il revenu ? Je me figeai, en reconnaissant une tignasse, qui dans un éclair de lune, apparue comme rousse.

« Hell ! Tu fous quoi ici ? »

Non pas que la question était rhétorique, ou qu'elle pouvait assurément me la retourner, mais elle était bien la dernière personne à qui … hm.. non. Vu l'état de ses yeux et son sourire légèrement surfait, ainsi que l'odeur qui l'accompagnait, elle était certainement la plus à même d'être ici. Je traversais la distance qui nous séparait, en décidant d'ignorer avec talent l'idée qu'elle ait pu se shooter et qu'elle plânait certainement à des lieux de là, et sans ouvrir mes bras, désignais le singe, dont les yeux ronds et clairs contemplaient le ciel.

« Est-ce que tu sais ce qu'il faut faire ? »

Hell ayant été la seule fille ayant sut faire tomber sa jupe jusqu'à ses chevilles par erreur devant moi, je considérais avoir le droit d'avoir plus d'espoir et de naïveté qu'un enfant de trois ans à son égard.


Dernière édition par Zakuro Fea le Jeu 20 Juin 2013 - 18:54, édité 1 fois
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Ethel Dawkins
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Ethel Dawkins


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MessageSujet: Re: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptyLun 6 Mai 2013 - 14:13

Les Nuages ne sont pas Blancs
« Zack & Ethel»




Bientôt, la nuit avait abattu son épais manteau sur l'académie. Fidèle à elle-même, Allongée au milieu d'une chambre quelconque d'un dortoir quelconque, une jeune étudiante ne dormait pas. Le sommeil est un régulateur thérapeutique. Au cours du sommeil, les muscles utilisés dans la journée se délassent naturellement, les circuits de pensées survoltés s'apaisent, la décharge énergétique est facilitée. Ainsi les gens se refroidissent - cool down - comme un moteur, et cela est programmé dans tout organisme humain, personne ne peut y échapper. Si jamais on s'écartait de ce schéma les fondements mêmes de l'existence seraient menacés. Et pourtant, chaque nuit, jusqu'aux petites lueurs du jour, Ethel bravait l'impossible. Pour s'endormir lorsque les premiers oiseaux chantaient, histoire de rétablir tout de même l'équilibre.Éclairée à la lumière d'un lampe de chevet afin de ne pas déranger sa camarade de chambre, qui elle se reposait du sommeil du juste, si profondément qu'il semblait que même Morphée n'aurait pu l'atteindre, la jeune fille dessinait sur un petit carnet à dessin. Le motif d'un labyrinthe vint se former sur sa feuille, prenant tout l'espace, gorgeant la feuille de couleurs sombres, qui bloquait toute perception mais engendrait une circulation sans fin du regard. Ce n'était bien sur pas un labyrinthe quelconque qui se retrouvait couché ainsi sur papier, mais le dédale de sa propre pensée. Elle était dessus depuis plus de deux heures, et chaque embranchement, chaque enchevêtrement n'était pas au hasard. Rien n'était laissé au hasard. Ce qui laissait une certaine poésie au croquis, car la symbolique est indissociable de la poésie, comme le rhum l'est des pirates. Quand elle eut fini, ou plutôt que la page ne put contenir un trait de plus, elle reposa le carnet sur son lit, satisfaite. Pour quiconque d'extérieur qui tomberait sur ce dessin, il n'était qu'une série d'embranchement légèrement voir très incompréhensible.

Une labyrinthe où il n'existe pas de sortie. Mais pour Ethel, c'était l'exacte représentation de son cerveau, de son esprit, tant pis s'il ne suivait pas les représentations conventionnelles. Il lui fallait maintenant un joint, et un gros. Elle sortit sur la pointe des pieds et alla dans une petite cage d'escalier ou personne ne passait, fumant assez rapidement pour ne pas tenter le diable, et remontant aussi sec pour aller se coucher et profiter. Bientôt les limites de sa conscience se mirent à fluctuer, comme les papillons voletant dans les herbes. Au-delà de ces limites s'étendait un profond abîme. De temps en temps, sa conscience venait survoler ce gouffre obscur. Mais Ethel n'avait pas peur de ces ténèbres, de ces profondeurs. Pourquoi aurait-elle craint ce monde d'obscurité sans fond, ce chaos, ce silence épais, qui étaient ses alliés depuis bien longtemps et avaient fini par devenir une partie d'elle même ? Ce n'était pas la peine de penser à des choses compliquées, il suffisait de se laisser flotter dans ce tout. Et Ethel ne pouvait que savourer ces moments avec gratitude. Puis elle ouvrit les yeux en sursaut, rompant la danse, brisant les ailes. Évidemment, la jeune femme était toujours dans son lit, et c'était bien ça qui la dérangeait. Son corps était prisonnier de cet espace, indubitablement prisonnier de cet espace. Si elle voulait se libérer, il n'y avait malheureusement qu'une unique solution. Elle devait perdre son corps aussi bien que sa tête. Ne pouvant peut-être pas sortir de sa chambre en culotte, même si elle avait de magnifiques motifs cerises, elle enfila une robe blanche, des collants d'une teinte chaire et des bottes marrons.

La rouquine tenta tout d'abord une sortie au dehors, avant de se rendre compte que le froid perçant aurait en effet perdu son corps, mais qu'elle aurait eu du mal à le récupérer. Elle attrapa donc un lourd chaperon d'une couleur rouge – un peu comme le blanc de ses yeux actuellement – et retenta une sortie. L'instant suivant, elle se demanda pourquoi elle était sortie hors du bâtiment. La minute suivante fut employée à se rappeler ce qu'elle fichait ici. Avant de se rappeler qu'elle avait eu envie de se promener, et de se perdre un peu afin de parvenir à mieux réfléchir. Il lui fallait un labyrinthe. A l'origine, la forme du labyrinthe s'est inspirée de celle des boyaux. Autrement dit, le principe du labyrinthe existe à l'intérieur de soi. Et il correspond à un labyrinthe extérieur à soi. Ce qui extérieur à soi, c'est la projection de ce qui est intérieur, et l'intérieur est la projection de l'extérieur. Souvent, quand on mets les pieds dans un labyrinthe extérieur, c'est qu'on entre aussi dans un labyrinthe intérieur. Dans la plupart des cas, c'est très dangereux. Surtout si on a consommé quelques substances qui obligent l'esprit à se tenir encore plus éloigné du droit chemin. Mais la jeune fille ne craignait pas les labyrinthes, le seul ennui c'est que l'académie n'était pas dotée d'un tel lieu. Elle avait entendu dire qu'à certains endroits, des labyrinthe étaient construits avec des tournesols géants, encore plantés dans leur champ. Mais premièrement ce n'était pas la saison des tournesols, et deuxièmement, elle avait besoin d'un peu plus de grandeur, un peu plus de majesté que des simples tournesols qui se révélaient inutile quand on se mettait sur la pointe des pieds. Quel intérêt d'aller dans un labyrinthe si on en voit le bout avant même que le départ soit donné ?

Il n'y avait donc pas trente six solutions. Elle connaissait l'Académie comme sa poche, et elle n'aurait pu se perdre dans aucun endroit. Sauf celui qu'on ne reconnaît jamais, celui qui de nuit se transforme en le plus grand labyrinthe. La forêt. Quelque chose dans cette forêt évoquait une obscure magie préhistorique. Les arbres régnant sur ces bois, tout comme les créatures vivant au fond des océans régnant sur les abysses. La forêt pouvait la rejeter ou l’avaler, selon ses besoins. Il valait donc mieux garder une crainte révérencieuse envers ces arbres. C'était l'endroit parfait pour se perdre, parce qu'elle en avait peur. Lorsqu'elle arriva à la frontière des arbres, ses sensations fluctuèrent à nouveau. Elle redevint un papillon qui voletait au-dessus des frontières du monde. Par-delà le bord du monde, il est un espace où le vide et la substance se superposent, où passé et présent forment une boucle continue sans commencement ni fin. Des signes que nul ne peut déchiffrer, des accords que personne ne peut entendre, y flottent au hasard. Elle était lancée, dans une forêt nocturne. Bien trop libre pour se rendre compte qu'elle se rendait prisonnière de la végétation centenaire. Avançant parmi les conifères, un sourire largement perdu sur la face, elle marcha pendant une bonne heure, tournant en rond sans même s'en rendre compte, mais se sachant peu à peu perdue. Puis, n'étant pas non plus une grande athlète, et un petit peu défoncée, ses jambes s'engourdirent, la fatigue commença à poindre. Alors qu'elle était au creux de la forêt.

Un bruit. Comme un bruissement tout d'abord. La rouquine ne s'alarma pas, elle aimait l'idée que les animaux vivent à quelques pas, et qu'elles ne puissent pas les voir, juste les sentir. Mais le bruit se transforma en cri. En cri qui n'avait rien d'humain. Deux cris différents, aucun qui ne pouvait appartenir à un homme. Un frisson parcourut l'échine de la jeune anglaise. Ces cris, elle n'en connaissait pas la source, ni leur provenance. Elle pouvait flipper un peu, maintenant. Mais plus curieuse qu'apeurée, et se pensant plus en sécurité lorsqu'elle comprendrait quel était le danger à fuir, elle se dirigea vers les bruits.

« … Hell ? »

Elle sursauta, se retenant de pousser un cri. Mais ce n'était pas une invocation au démon que la personne faisait en contre-bas. On aurait plus dit... Qu'il l'appelait elle. Qu'il l'appelait Hell. L'enfer. Pourquoi diable l'appelait-il comme ça ? Ainsi posé dans la pénombre, il ne lui semblait reconnaître aucune ombre. Mais elle plissa les yeux un peu plus. Il lui sembla reconnaître un visage, une allure, qu'elle n'avait pourtant croisé depuis des mois. Celui qui savait se mettre dans les pires pastis. Et comme d'habitude, il était là où on s'y attendait le moins. Il semblait embêté, mais de là où elle était, la rouquine ne pouvait pas deviner à quel point.

« Capitaine ? »

Elle appelait Capitaine celui qui, un jour, s'était retrouvé en sa compagnie au milieu d'une inondation. Décidément, toutes les rencontres étranges qu'elle pouvait faire se soldait d'une inondation, comme pour celui qu'elle avait poursuivit quelques jours auparavant, Kohaku. Cette inondation là avait été autrement colorée, mais pas moins étrange. Et à chaque fois, la clef était l'autorité supérieure, qui n'attrape qu'un coup sur deux. Sur ce premier coup, elle n'avait pas été attrapée grâce à celui qu'elle avait affublé du surnom de Capitaine, avant de quitter le navire.

« Est-ce que tu sais ce qu'il faut faire ? »

Il y avait donc bien quelque chose à faire. Pour une fois – chose très rare – elle avait deviné juste, il avait encore trouvé une embûche. En espérant qu'il n'est pas encore assommé un surveillant, la rouquine n'était pas franchement dans les petits papiers de l'administration en ce moment. Il s'approcha d'elle, et désigna une ombre au sol. Fronçant les sourcils, Ethel s'approcha, et poussa un cri en reconnaissant la forme, se précipitant derrière Zakuro pour se protéger. Avant de se rendre compte que c'était justement le singe qui aurait besoin d'être protégé. Se rapprochant à nouveau, elle se rendit compte qu'il était dans un état déplorable, voir pratiquement mort. La seule chose qui le maintenait en vie était si faible que sa poitrine se soulevait à une cadence affreuse tant elle était irrégulière. Évidemment, la jeune femme n'avait pas la moindre idée de quoi faire dans cette circonstance. C'était la première fois qu'elle voyait un singe ailleurs qu'au zoo, et elle n'était pas soigneuse animalière. Surtout qu'il avait l'air tellement mort qu'on sursautait à chaque respiration. Elle ne trouva rien à dire pour répondre au jeune homme, et le fixa d'un air ahuri et vide, pratiquement aussi vide que celui du singe, mais avec immensément plus d'incompréhension que de douleur.

« Qu'est-ce que t'as foutu ? »

Évidemment, elle n'insinuait pas qu'il ait pu blesser ainsi le singe, mais comprendre le pourquoi du comment pouvait être utile, parfois.



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MessageSujet: Re: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptyDim 25 Aoû 2013 - 0:06

    « Capitaine ? »

    Il suffisait de ce mot pour m'arracher un sourire indécis, tandis qu'explosait dans ma tête le souvenir de cette vague ayant inondé un jour la laverie. Un sourire qui me fit oublier un instant mes doutes, faisant paraître ceux-ci brusquement enfantins, et je laissais échapper un ricanement lugubre, au milieu des complaintes de la forêt plongée dans cette obscurité si chargée d'imaginaires. Le fait qu'Ethel se cache, cependant, à la vue du singe, m'annonça que ses imaginaires à elle devaient être nettement plus effrayants que mes nuits féodales. Doucement, elle reprit son assurance, pour pencher son visage et laisser chuter son regard sur le petit animal entre mes bras.

    « Qu'est-ce que t'as foutu ? »
    « Moi ? Euh … »

    ''Rien'' n'aurait pas été totalement sincère, puisque j'avais agi de manière à sauver le singe. Le simple fait de le faire remarquer se bloqua néanmoins dans ma gorge, et je me taisais, préférant ne pas souligner que se battre contre un glouton consistait en un exploit assez formidable. Certainement parce que j'en doutais moi-même, et que mes yeux, dans une demie-lune franchissant les ombres, pour venir heurter le visage de Ethel sans grande conviction. A quelque chose près, nous avions le même regard complètement hagard, l'expression stupéfaite. Doucement, je laissais un petit rire sans joie m'échapper.

    « Aha... On fait la paire, avec nos deux têtes d'ahuris, là... »

    Resserrant doucement mes bras autour du singe, je fis quelques pas en avant, cherchant des yeux la moindre chose, le moindre repère qui m'assurerait que la créature ne mourrait pas.

    « Je pense qu'on devrait trouver un moyen de nettoyer ses blessures, puis de les bander. Il faut essayer de trouver un analgésiant, ou quelque chose comme ça. Est-ce que tu crois qu'on devrait retourner à l'Académie et tenter d'infiltrer les bureaux de Fatalys ? Je doute que le motif « sauvetage de singe des montagnes » soit assez convainquant si l'on se fait choper, mais si tu es partante … ou si tu as une idée moins crétine que la mienne, je t'écoutes.  »

    J'imaginais les hurlements lugubres d'un Dorian Fatalys venus pour nous arracher à son précieux laboratoire. Il s'agirait d'un son qui résonnerait comme le requiem au dessus de nos tête. Un son grave et long, comme celui d'une bête sauvage ayant encerclé les victimes que nous représentâmes. Dans la prise de conscience, mes yeux s'écarquillèrent lentement, et je cherchais Ethel du regard.

    « Dis moi que ce que viens d'entendre était le fruit de mon imagination. »

    Pour me détromper, avec ce timing digne d'une réalité qui ne s'imitait pas au cinéma, les buissons autour de nous se mirent à craquer, et le même feulement rauque se fit entendre, de manière repétées, et dans des directions s'opposant, nous apprenant ainsi que le prédateur avait ramené sa petite famille avec lui. Me détournant d'Ethel, je fouillais des yeux une obscurité devenue trop épaisse, et laissais glisser ma concentration pour céder lentement à la panique de l'inconnu, dévisageant ces adversaires invisibles, mais qui se déplaçaient autour de nous, craquant les brindilles, ronronnant dans leur menaçante approche.

    « … courir vite et loin, ça te tente ? »

    Doucement, refermant avec plus de soin mes bras sur le petit singe, je jetais un coup d'oeil à la dérobée sur notre gauche. Les prédateurs ne semblaient pas encore avoir investi cette partie de terrain là. Sauf que le relief était monstrueux. Courir de pleine nuit dans ces conditions relevaient presque de la tentative de faire des cascades sans protections, ni filets de sécurité. Je préférais cependant cela à me retrouver avec un bout de mollet en moins. Douloureusement, un sourire s'étala sur ma face.

    « Prête, soldat ? »
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MessageSujet: Re: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptySam 14 Sep 2013 - 9:50

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« Kaz & Hell »




Au moins, il semblait à peu près aussi confus que la rouquine, flanqué là au beau milieu de cette nuit fraîche. Elle cligna des yeux. Avait-elle trop fumé ? Certes la drogue altérait les sens, mais elle avait fumé, et pas prit du LSD. Si on croyait les films, fumer un joint provoquait des hallucinations digne d'Alice au pays des merveilles, avec des flamants violets comme maillets de croquets et des lapins blancs avec une montre à gousset. Alors que dans la réalité, on se sentait certes plus détendus et enclin au rire. Mais on avait surtout un gros coup de barre. Et on ne voyait pas des jeunes hommes avec un singe à moitié mort au sol, en plein milieu d'une forêt rocailleuse. Elle devait donc bien admettre qu'elle était dans le réel. Et elle qui voulait se perdre dans un labyrinthe, si elle n'avait pu se perdre physiquement, elle était bel et bien en train de se perdre mentalement. Quoi que si la jeune fille croyait les dires du Chat du Cheshire, si l'endroit où elle désirait se rendre n'avait guère d'importance, un chemin valait un autre. Et il y a bien longtemps que la conscience d'Ethel ne cherchait plus à se rendre dans un lieu précis.


Une belle paire d'ahuris donc. Assurément. Mais il semblait que l'ahuri planté devant Ethel se sentait investit d'une mission un peu plus importante que de simplement se tenir là dans le froid glacial. L'animal était assurément mourant, même un sourd muet myope pourrait le confirmer. Il sentait la mort à des kilomètres à la ronde, sans pour autant en être assez dérangé pour expirer une dernière fois. La jeune fille n'avait jamais vu un singe d'aussi près, sauf une fois, au chalet au zoo, derrière de longues barrières. Et dans son enclos, il semblait presque plus mal en point que l'individu mourant ici. Bien évidemment, il était en pleine santé, et pas à moitié dévoré par un animal sauvage, mais la rouquine avait eu le malheur de croiser son regard. Un regard qui l'avait transpercée. D'une tristesse sans nom, et d'une résignation à la non-vie. Les gestes de l'animal enfermé étaient lents, mécanique, comme s'il savait qu'il n'existait aucun échappatoire. Ethel n'avait cessé d'aller dans des zoos pour autant. Ne serait-ce que d'un point de vue artistique, elle avait besoin de croquer les animaux pour les représenter correctement. Mais elle ressortait toujours de là boulversée.

« Je pense qu'on devrait trouver un moyen de nettoyer ses blessures, puis de les bander. Il faut essayer de trouver un analgésiant, ou quelque chose comme ça. Est-ce que tu crois qu'on devrait retourner à l'Académie et tenter d'infiltrer les bureaux de Fatalys ? Je doute que le motif « sauvetage de singe des montagnes » soit assez convainquant si l'on se fait choper, mais si tu es partante … ou si tu as une idée moins crétine que la mienne, je t'écoutes.  »

Le bureau de Fatalys. Cela semblait en effet la meilleure solution dans l'instant. Il était plus facile de s'infiltrer dans une Académie que dans un véritable hôpital. Et surtout, à cette heure là, il était très peu probable de croiser l'infirmier. Mais il fallait tenter le coup. Comme tout être humain à peu près empathique, Ethel ne pouvait se résoudre à laisser un petit animal mourir et se faire dévorer – pas forcément dans cet ordre – par toutes les bêtes sauvages qui traînaient ici. Elle était déjà venu dans cet endroit, plus d'une fois, aimant s'y perdre quand elle fuyait l'académie. Mais jamais elle n'avait envisagé que des bêtes sauvages, et un temps soit peu dangereuse, puisse y vivre. Ce genre d'animaux ne se montrait pas vraiment de jour, ou alors elle avait toujours eu de la chance, mais mise à part les fleurs et les oiseaux, la rouquine n'avait croisé personne, avant de tomber sur le Capitaine et le début des ennuis.

« Cela me semble la meilleure idée. Je suis partante. Et il faudrait vite partir avant que... »

Son sang se glaça. Hurlement lugubre dans la nuit. Un hurlement qui n'avait rien d'humain, vraiment rien d'un temps soit peu humain. De ses lèvres faillit sortir un cri de terreur, mais elle se retint juste à temps. Inutile de tenter le diable encore plus en prévenant la forêt entière de leur présence en cet endroit précis. Courir semblait en effet une bonne idée, et sûrement la meilleure. Son cœur battait déjà à une allure folle, transperçant sa poitrine, elle ne réfléchit plus, et se mit à courir. Bien évidement, pour n'importe qui sur cette terre, cette course était salvatrice, nécessaire. Quand on ne connaît pas son ennemi, et qu'on est livré à soi-même avec déjà un mourant dans les bras, mieux valait fuir sans demander son reste. Vouloir faire face au danger est bien noble, mais il ne s'agissait plus d'elle et du Capitaine. Il s'agissait à présent du petit singe qui souffrait dans les bras du jeune homme.

Malheureusement, que sa vie en dépende ou non, la faible condition physique, détruite par la consommation de drogue et les séchages intempestifs des courts de sport finit par l'achever. Ils couraient depuis à peine deux minutes, Zakuro maintenant un rythme très rapide qui plus est. La rouquine émit un babillage, ralentissant tout d'abord, avant de s'éclater la tronche sur la première racine, trop fatiguée et haletante pour y avoir fait attention.
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Zakuro Fea
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MessageSujet: Re: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptyJeu 10 Oct 2013 - 22:11

    Et dans ma tête, la résonance de l'idée de Hell qui allait à toute vitesse, au rythme de mes foulées, de ma respiration organisée, désorganisée, organisée, point de côté, vitalité ; je ne savais plus, je courais, avançant dans un mouvement qui ne me faisait pas vraiment aller tout droit. Je zigzaguais entre les arbres, les yeux grands ouverts sur cette exaltation trop violente de mon corps offert au fouet du vent. Vous ne m'attraperez pas, vous ne m'attraperez pas, dangereuses créatures de la nuit. Je vous méprise et je cours, je cours, je cours. Et.

    Et lorsque j'entendis le bruit d'une chute fatidique derrière moi, j'ouvrais la bouche sur un gloussement terrible. Une branche vint me percuter en plein dans le visage. Je tombais à la renverse, m'effondrant sur le sol, au mauvais endroit. Pente verticale d'un terrain en relief, et poids de mon corps m’entraînèrent dans un mouvement de chute, d'une roulade incontrôlée, et comprenant immédiatement que je n'étais pas en mesure d'arrêter la roulage, je rentrais simplement la tête dans les épaules, protégeant du mieux que je pus le singe contre ma poitrine, la terre se mettant à rouler autour de moi, basculant mon équilibre, désorganisée dans toute son orientation.

    Bam, bam, badaboum boum bam.
    Itte.

    Lorsque je fus totalement immobilisé, je rouvris un œil, presque surpris d'être encore en un seul morceau. Entre mes bras, un couinement plaintif se fit entendre et je me secouais. Des feuilles sombres et humides, collées contre ma joue, se décrochèrent de ma peau, chutèrent de mes cheveux et de mes épaules, et je me relevais en me secouant. L'animal gigotait, sa petite tête grise arborant une expression outrée. Je lui adressais un petit sourire, considérant d'un côté de mon esprit qu'il était heureux que je sois assis en vu de la vitesse à laquelle le monde tournait dans ma tête, tandis que l'autre se préoccupait vaguement de la suite des opérations. Que faisions-nous maintenant, capitaine ? Je relevais mes yeux, à la recherche du ciel, à la recherche d'un repère, tandis que mes doigts se serraient avec un soin particulier autour du corps du petit animal. La chaleur de son sang me fit me concentrer uniquement sur la menace que représentaient les prédateurs, et me redressant en titubant, constatant que mon genou avait décidé de grincer dans mes mouvements, je cherchais Hell du regard. Je venais de dévaler une jolie petite pente, à première vue, considérais-je en levant les yeux sur le relief qui se dressait devant moi. Et j'étais rentré dans plusieurs arbres, grimaçais-je. Voilà une manière efficace de se couvrir de bleu en quelques secondes.

    « Ethel ? »

    Le petit singe se mit à piailler, et fronçant les sourcils, j'abaissais les yeux sur lui, l'engueulant sans outre mesure.

    « Eyh, petit, c'est de ta faute si on est rendu à valser à l'envers, ok ? Alors tu te mets pas à hurler, sinon je t'envoie rejoindre Amaterasu. »

    Puis, prenant le vide à témoin.

    « Etheeeeel ? »

    M'engageant dans la ré-escalade de la pente, devenue côte, je grimpais, libérant rapidement une de mes mains pour m'accrocher aux arbres lorsque je compris qu'il ne serait pas aisé de la remonter sans m'accrocher quelque part. Mon arcade sourcillière, sous l'impact avec la branche révoltée, avait fait exploser ma peau, et s'écoulait sur ma joue la sensation agréable de la chaleur du sang. Je n'étais pas gêné, cependant, par la blessure à la gravité minime. Une coupure superficielle, et l'arcade avait le mérite d'être plus impressionnante que dangereuse. Arrivant finalement à la hauteur d'un tas qui me fit me stopper devant lorsque je reconnus la masse de cheveux roux, je pliais mes genoux, posant la main sur son épaule.

    « Tu sais, on est sauveteurs d'un singe, ce soir. Ce serait bien qu'on évite de se retrouver aux urgences ou à la morgue. »

    Autour de nous, le silence tranquille d'une nuit pleine de bruits normaux avait repris son libre cours, et j'évaluais des yeux le décors.

    « Je pense qu'ils ne nous ont pas suivis. Mais il va falloir qu'on rentre à l'Académie. »

    Silence, puis un instant de contemplation sur la demoiselle. Shootée, et … à la renverse. Je souriais, pendant que monsieur le singe piaillait dans mes bras.

    « Lui à l'air d'aller bien, tu ne trouves pas ? On va rentrer pour essayer de nettoyer sa sale blessure, okay ? »

    Lui fourrant le singe dans les bras, je me débarassais des dernières feuilles empêtrées dans mes cheveux, avant de glisser mes bras dans son dos et sous ses jambes pour la soulever. Élan trop important, mais effort trop faible, je faillis tomber à la renverse.

    « Hell ! Faut manger plus ! Tu es trop légère ! Même ma cousine est plus lourde que toi ! »

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MessageSujet: Re: Les nuages ne sont pas blancs. [Hell]   Les nuages ne sont pas blancs. [Hell] EmptyVen 13 Déc 2013 - 1:27

    Le contact avec le sol avait quelque chose de rassurant. C'était peut-être à cause de la drogue, ou alors du fait que la rouquine se soit violemment tapé la tête en tombant, mais l'odeur enivrante de la terre commença à lui vriller le cerveau, et elle ricanait toute seule, les quatre fers en l'air, sans songer une seconde à se redresser. Les prédateurs avaient disparus de sa tête, le fait qu'elle se trouve dans une forêt glacée en plein milieu de la nuit également. En cet instant, la jeune droguée ne ressentait que l'agréable sensation des feuilles et de l'herbe contre son dos, chatouillant ses vêtements. Elle entendit à peine la magnifique chute de son compagnon d'infortune, et n'en vit pas la moindre image. Tout au plus elle leva la tête et regarda devant elle. Plus personne. Avait-elle rêvé ? Son cerveau martelait chaque bord de son crâne, et une étrange chaleur en découlait. Surprise, la jeune fille passa les mains dans ses cheveux, ses doigts se maculant instantanément de sang. Oh. Elle tourna la tête, et aperçu une petite pierre ronde, à l'étrange teinte rouge et liquide. Elle rigola bêtement, et ferma les yeux.

    Puis quelqu'un cria son nom. Une voix qu'elle connaissait. Elle aurait voulu répondre, crier, mais sa voix se perdit dans sa gorge, prise d'un élan de fainéantise. Non, elle était bien, au chaud dans ses cordes vocales. Elle n'irait pas plus loin. Pourquoi se forcer à sortir dans le froid de la nuit, quand on pouvait se terrer au fond d'une gorge aimante et accueillante ? Et tant qu'à faire, tous les membres de la rouquine faisaient la grève. Un à un, ils se fondaient, fusionnaient avec le sol, pour ne plus créer qu'une entité mouvante qui ne bougeait qu'au seul rythme du vent glacial. Cet instant, ce simple instant, sembla durer une éternité. Ethel était la terre, chaque plus petit morceau de la forêt lui appartenait, et elle lui appartenait. Le moindre bruissement faisait partie d'elle. Pourquoi était-elle là ? Inutile de demander à s'en souvenir. Mais peu à peu, à mesure qu'elle perdait sa raison propre, son corps se glaçait, perdu dans les feuilles mortes brisées par les aléas de leur triste vie de feuilles mortes. Oui, elle était à présent une feuille morte, née dans la douceur du printemps, d'un vert émeraude éclatant de vitalité. Pour sombrer doucement dans un jaune chaud et doux, qui se terminait en un orange sombre et puissant. Et peu à peu, elle avait défait ses liens, ses racines qui l'attachait à l'arbre qui l'avait vu naître. Pour doucement choir sur un sol glacé, et mourir ainsi, dans une chute aérienne.

    Soudain, une main sur son épaule. La terre redevint la terre, et Ethel redevint une entité à part entière. Levant ses yeux énormes et dilatés, elle le fixa, les pupilles légèrement tremblantes et louchantes, un sourire énorme et béat sur ses lèvres. Puis l'univers revint vers elle, apportant ses souvenirs des derniers instants. Elle secoua la tête, mais ne songeait toujours pas à se redresser, elle était bigrement bien. Le froid devenait légèrement mordant, et une goutte de sang – qui n'était pas à elle – venait de lui tomber sur le visage, mais elle n'avait plus l'envie de remarquer ces détails insignifiants. Quand la phrase du Capitaine fit écho dans sa pauvre tête. Sauveteurs, ils étaient sauveteurs, en effet. L'être le plus perdu de la forêt en cet instant, ce n'était pas elle, mais ce pauvre petit singe que la vie semblait quitter en chaque instant. La jeune anglaise prit un air grave, et hocha la tête, mais ne bougea pas d'un pouce pour autant. Il ne l'avait pas précisé, après tout. Il lui avait juste indiqué qu'ils ne devaient pas se retrouver à la morgue, et Ethel avait testé ses aptitudes en mouvement. Pour rester en vie, mieux valait rester statique. C'était tout du moins la meilleure idée qui pouvait traverser l'esprit de la jeune droguée. Enfin, il émit l’hypothèse d'une retraite dans l'académie. Après une minutieuse inspection de l'information, qui dura environ un quart de seconde, le temps de se répercuter dans son cerveau vide de sens, la jeune fille hocha fortement la tête, s'apprêtant à se relever. Quand quelqu'un le fit pour elle, lui fourrant du même coup un animal piaillant fortement dans les bras. Equilibre incertain, la rouquine poussa un cri de surprise. Mais Capitaine, dans sa splendeur, se ressaisit, et maintint sa position, tel un figure de proue, transformant le cri de la jeune fille en rire de soulagement.

    « De capitaine d'un navire en dérive, tu es passé transitaire équilibriste. Not bad. Et c'est pas ma faute, si j'oublie de manger la plupart du temps ! Il y a un million de choses bien plus intéressantes à faire que s'asseoir face à un assiette et vider mécaniquement son contenu. »

    Le petit singe, dans les bras de la rouquine, commençait à montrer des signes d'inquiétudes. Le choc passé, et légèrement remit, il semblait se demander ce qu'il fichait là. Posant sa main sur sa petite tête, Ethel le caressa doucement pour l'apaiser, ce qui eut l'effet escompté. Elle sentit les muscles de l'animal se détendre, même s'il restait alerte, avec au fond du regard un petit air inquiet. Il continuait de garder un œil sur Zakuro, comme s'il était à présent le seul garant de sa santé. Ce qui semblait à peu près vrai. Quand soudain, Ethel commit l'erreur incommensurable de bouger son pied. Les muscles de son visage se crispèrent, et elle tendit un sourire niais et béat au Capitaine.

    « Hé, je crois que je me suis tordue la cheville. »
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