Convocation Yasmine Khaoulani

Invité

08h55

Stress. Ce fut le premier mot qui me vint en tête alors que j'arrivai dans le vestibule du bâtiment, au niveau de l'accueil. Ce même mot qui me martelait, encore et encore, les temps, au même rythme que le battement de mon sang. Je m'étais habillée de manière classique, ayant décidé d'abandonner tout habit oriental que j'affectionnais tant. Chemise, jean, petits talons. Cheveux bouclés, pour l'occasion, regroupés en partie sur le centre de mon crâne en une queue de cheval tenue par un cercle d'or; le reste de la masse déployée, en-dessous, sur mes épaules et dans mon dos.

Je n'avais jamais rencontré le directeur. J'avais eu le poste par « piston », en soi. Et je ne parlais toujours pas très bien Japonais. En apprenant la nouvelle de la convocation, j'avais pris plus de cours et travaillé ma langue en double de ce que je faisais habituellement. J'espérais, nerveusement, en triturant une mèche de mes cheveux du bout de mes doigts, que tout se passerait bien.

08h58

Je m'avançai vers l'accueil, souris à la jeune femme présente, inspirai un grand coup pour me détendre.

Bonjour. Yasmine Khaoulani, je viens pour mon rendez-vous avec le directeur...

Il était l'heure. Je déglutis, me repris pour paraitre convenable, attendis. Here we go...

■ **HEADMASTER** Age : 49 57 **KMO** :

09h00

Force de constater pour le directeur de l'académie Keimoo que le personnel étrangers venait des quatre coins du globe et permettait d'augmenter la réputation des lieux. Ce qu'il aimait moins c'était son incapacité à parler correctement l'intégralité des langues mondiales. Parvenant jusque dans la salle d'attente, l'homme habillé d'un costume gris clair et d'une chemise blanche, posa un regard bienveillant sur la jeune femme qui l'attendait. D'aspect général, elle présentait une apparence physique correct et soigné qui reflétait bien les demandes exercées à l'école.
La jeune femme se trouvait à coté de l'accueil, le directeur vint à sa hauteur. Il était plus petit qu'elle d'au moins dix centimètres augmentés par la taille des talons de la jeune femme, ce qui ne déstabilisa pas l'homme.

M. Ashita n'avait jamais rencontré mademoiselle Khaoulani. Ce fut une bonne première impression.

Il se rendit à sa hauteur, la salua une fois, comme il est de rigueur, en se penchant légèrement en avant. Une fois totalement redressé, il tendit la main, coutume devenu nouvelle au Japon lorsqu'on s'adresse à un japonais : serrer la main est rentrer dans les moeurs des chefs d'entreprise depuis longtemps.

- Khaoulani San ? Désirez-vous un thé ?

Il y a des pays rattachés à la coutume du thé. Le Japon, l'Angleterre, et la plupart des pays Arabes en faisaient parti. Il demanda à sa secrétaire – pour lui, et peut-être pour Yasmina en fonction de sa réponse – du thé.
Monsieur Ashita retourna son intérêt en direction du professeur :

- Accompagnez-moi dans mon bureau.

Sans l'attendre, il se dirigea vers celui-ci. Il ouvrit la porte pour la laisser rentrer, lui montra un des deux fauteuils installés devant son bureau et alla s'asseoir sur le sien. Après quelques clics sur son ordinateur portable, le temps de laisser la jeune femme s'installer, il la regarda calmement.

- Je n'ai aucune notion de marocain, vous m'en voyez navré. La conversation aura lieu en anglais ou en japonais, selon votre convenance.

Depuis le départ, l'homme parlait en japonais, bien que plus lent que la plupart d'entre eux.

- Vous êtes-vous familiarisée avec l'école ?

09h07

Invité

09h00

Lentement, je me tournai à l'approche des pas qui résonnèrent dans le couloir, pour découvrir le directeur. Un petit homme. Un Japonais, en fait. J'étais sûrement la différente de l'histoire. Esquissant un léger sourire, je m'inclinai en retour pour signifier mon respect des traditions nippones, avant de serrer sa main avec vigueur et franchise, la secouant avec fermeté, sans brusquerie.

Inchou, ohayo. Avec grand plaisir.

Un thé. Voilà qui était une très bonne idée. Le directeur venait subitement de grimper dans mon estime.

Oserais-je pousser l'impolitesse jusqu'à vous demander un thé à la menthe, si tant est que vous en ayiez ?

Ma demande fut accompagnée d'un léger sourire, et d'un rougissement très discret. Je ne savais pas encore comment me comporter face à un tel homme, et, malgré les recommandations d'Asajiro, je tatônnai à la recherche des limites à ne pas franchir.
Lui embrayant le pas de ma démarche féline, je le suivis jusque dans son bureau, un peu sur la réserve. Se sentir à l'aise sans savoir si j'arriverais à comprendre tout de la discussion n'était pas véritablement envisageable. Bien que je commence à me débrouiller plus que convenablement. Au pire des cas, j'avais toujours mon dictionnaire sur moi. Japonais - Arabe. Voilà qui était des plus drôles, selon moi.

M'installant dans le siège m'étant tacitement assignée, je laissai mes paumes ouvertes se poser doucement sur mes cuisses, droite comme un « i », attendant sagement que le directeur finisse ses... Démarches ? Tipoter son ordinateur était-elle vraiment une démarche...?
Mes prunelles rivées sur son visage, je me détendis pour mieux répondre. Avoir un visage crispé ne m'aiderait pas à engager la conversation, ni à faire bonne impression.

N'ayant aucune notion d'Anglais, le Japonais conviendra à merveille. D'autant que votre vitesse de discussion m'est parfaitement compréhensible.

Sourire, encore. Il était agréable, finalement, quoique formel. Et prévenant. Être navré de ne pas connaitre sa langue maternelle lui semblait assez poussé, en termes de diplomatie et de courtoisie. Enfin. Réflchissant un instant, je laissai mon regard dériver sur mes doigts, leur trouvant subitement un intérêt prenant.

Hm. Oui, je crois. Le contact avec les autres professeurs n'est pas toujours des plus faciles, et les élèves ont parfois la fâcheuse tendance de croire qu'être étrangère leur permet de se « moquer » sans conséquences, puisque je ne suis pas censée comprendre, mais. Ceci mis à part, le cadre est charmant.

■ **HEADMASTER** Age : 49 57 **KMO** :

Le Directeur hocha de la tête, se contenant de sourire à la question de la jeune femme. Le thé, il le prenait à la menthe. Il lui arrivait peu de fois d'alterner ce principe. Ce sourire, un peu taquin, lui allait bien. Toutefois, l'homme ne le garda guère longtemps, reprenant son format usuel, tellement habituel qu'il semblait difficile pour le personnel de l'imaginer autrement.

Monsieur Ashita Shiori fronça les sourcils en apprenant les difficultés rencontrées par la jeune femme. Les origines étrangères n'étaient pas un motif pour qu'un encadrant soit embêté par les les élèves. Soupirant, l'homme hocha de la tête. Lorsqu'il avait apporté le sujet de la posture professionnel avec mademoiselle Aleksandrov, il l'avait froissé. Aurait-il le même résultat face à cette femme ?

''Effectivement. Il vous faudra faire preuve d'une grande posture, pour donner le change. Je vous suggère de donner à vos élèves l'impression d'avoir le contrôle de la situation, même si vous ne l'avez guère. En cas de doute, remettez-vous toujours à un autre encadrant et ne laissez pas un élève vous faire entendre qu'il sait mieux que vous.''

Monsieur Ashita fit une pause, son regard froid posé sur la jeune femme. Il vit sa secrétaire rentrée dans le bureau, sans frapper, habituée depuis le début des entretiens à le faire. Elle déposa une tasse dans une assiette et une théière japonaise devant le professeur et le directeur. Puis, elle déposa un sucrier, près de la jeune femme. Elle savait que le Directeur ne prendrait pas de sucre.

La secrétaire quitta les lieux, alors que le Directeur croisait les bras devant lui.

« En tant que professeur de danse, votre matière est optionnel. De ce fait, si les élèves ne se montrent pas attentif, ne craigniez pas de les renvoyer de votre cours. Ils se doivent de vous respecter.
N'hésitez pas à vous intégrer dans un club de l'académie, en particuliers ceux orientés vers la tradition japonaises. En démontrant votre savoir faire, vous prouverez aux étudiants Japonais que vous connaissez notre culture et vous pousserez ceux d'origine étrangère à s'y intéresser. »

Le Directeur sourit, le thé fumait à ses cotés. Il regarda un instant son ordinateur, tapa quelques mots, puis repris.

« Les autres professeur sont parfois froids. Vous devez travailler ensemble pour que cette école fonctionne. Essayez de préserver votre vie privée. Certains membres du personnels, lors des années précédentes, se sont fait piégés par nos élèves et ont été vivement exposés. Ils ont perdu estime d'eux-même, travail, famille et parfois la vie. »

L'homme remonta sa paire de lunettes devant ses yeux.

« Avez-vous des questions, madame ? »

09h18

Le professeur de danse et le directeur eurent un entretien assez court. La jeune femme lui avait fait une bonne impression, mais nouvelle dans l'établissement, ils n'avaient pas grand sujet de conversation à échanger. Quelques jours plus tard, le Directeur invita la jeune femme à déjeuner à l’extérieur. L'entretien fut tout ce qu'il y a de plus sérieux, puisque l'homme demanda à la professeur de danse de rentrer en contact avec certains élèves de l'académie afin de les faire participer à un groupe de danse.
Il s’agissait d'Elio Lewis, Hana Satô, Hisoka Mizuno, Kami Otagame, Kohaku Joshua Mitsumasa, Naoko Tanaka, Quinn Blackwood, Rikku Hilert, Saki Ôsen et Shiki Katsuragi.

Le directeur souhaita qu'elle les entraîne seul, à deux ou à plusieurs, comme les élèves et le professeur de Danse le désiraient. L'homme précisa qu'il présenterait le résultat lors du concours des écoles. Il souligna l'importance pour les élèves cités de s'intégrer dans un groupe, avec un risque de présentation à un public, tout en respectant des règles. L'homme souligna qu'ils étaient tous des élèves prometteurs mais que leurs comportements ruinaient leurs dossiers.

Il laissa au professeur de Danse le loisir de réfléchir à sa demande et ils se quittèrent en bon terme.