Happy now?

Sôji Asano. Sôji Asano…
La jeune femme cherchait furtivement le contact dans son téléphone. Comme elle n’arrivait pas à le trouver, elle se mettait en colère. Pourtant, ce n’était pas très compliqué comme tâche de parcourir la liste de ses contacts et de trouver le bon. Sauf que pour une personne qui était ivre, la vision des choses était complètement différente. Elora distinguait quelques prénoms et noms qui commençaient par la lettre « S » mais ne parvenait pas à trouver celui qu’elle souhaitait. Elle s’acharnait donc sur l’écran tactile de son pauvre téléphone pendant quelques instants, et continua à jurer en hollandais. Puis, tout d’un coup, une idée s’installa dans son petit esprit. Elle remonta alors la liste et s’arrêta à la lettre « A ».

Sôji Asano. En effet, ce dernier était parmi les contacts dont le nom de famille débutait par la lettre « A ». Elora sourit, toute heureuse d’avoir enfin trouvé ce qu’elle cherchait depuis quelques minutes. Elle appuya sur l’écran pour ouvrir la fiche du contact et resta quelques instants à regarder ce qui venait d’apparaître sous ses yeux. Il y avait un numéro ainsi qu’une adresse mail. Les japonais fonctionnaient avec une adresse mail pour leurs messages, même ceux d’un téléphone. Alors elle hésita quelques instants. Elle n’était pas sûre si elle souhaitait l’appeler ou si, au contraire, elle préférait plutôt lui envoyer un message. Après tout, elle était bien ivre et cela pouvait se sentir dans sa voix et dans tout ce qu’elle était capable de dire au téléphone. Ce n’était donc pas forcément la meilleure des idées. Elle pencha alors pour lui écrire un message. Le seul problème, c’était qu’elle n’aurait pas une réponse instantanée venant de la part de l’interlocuteur et ne pouvait donc pas être sûre s’il avait bien reçu le message ou non. Elle soupira longuement et appuya sur le numéro de téléphone avant de mettre l’appareil près de son oreille.

Sôji Asano. Cet homme qu’elle avait rencontré un mois plus tôt, lors du Nouvel An. Lors de cette soirée, riche en événements, elle s’était finalement laissée tenter par la fêter dans le centre, chez quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas. En réalité, c’était l’une de ses amies proches qui l’avait invitée et elle n’avait pas refusé. Après tout, c’était une partie et même si elle n’y connaissait que peu de monde, Elora était du genre à se faire rapidement des amis lors d’une soirée. Souvent des amis de beuverie et de soirée simplement. Elle ne les revoyait que très rarement par la suite. En tout cas, après quelques heures passés chez cette personne, la jeune hollandaise sortit quelques minutes dans la rue. Elle y croisa cet homme qui, tout d’un coup, l’attira énormément. Il était exactement comme elle. Il paraissait froid et hautain lorsqu’il marchait. Et il était si beau, si charmant, si attirant… Il avait ce petit quelque chose qui faisait qu’il rendît Elora curieuse et intéressée par lui. Quelque peu ivre, elle se dirigea vers lui et engagea la conversation. Bien évidemment, la soirée s’était terminée dans un lit et avec cet homme-là. Lors du long mois de janvier, les deux s’étaient revus plusieurs fois et avaient toujours fini ensemble à coucher.

La voix de Sôji se fit entendre au bout de quelques sonneries. La jeune hollandaise crut alors qu’elle pouvait lui parler tranquillement et était sur le point d’engager la conversation. Mais elle se rendit compte assez rapidement qu’en réalité, elle était tombée sur la boîte vocale de ce dernier. Cela la mit à nouveau quelque peu en colère. Après tout, elle aurait mieux fait de lui envoyer un message, ça aurait été la même chose de toute façon. Elle hésita donc à raccrocher pour finalement se rabattre sur le petit message. Mais avant même qu’elle eut pris une décision, un nouveau « bip » se fit entendre, signe qu’elle devait laisser un message. Pendant quelques secondes encore, elle ne savait pas trop ce qu’elle devait faire et ne parla pas. Elle estima qu’elle ne pouvait plus reculer en arrière, et ce fut aussi la raison pour laquelle elle ne put rien prononcer pendant ce temps-ci. Finalement, elle se décida à parler.

- Hey, Sôji ! Ecoute, je suis sur la plage. Si tu veux, tu peux me rejoindre.

Sa voix sonnait vraiment ivre et elle était certaine qu’il le décèlerait. Mais cela ne l’importait pas vraiment en réalité. Elle finit par raccrocher et remit son téléphone dans sa poche. Debout, elle leva la tête vers le ciel qui était plutôt dégagé, qu’elle fixa. Cela avait pour effet de la calmer. Elle ressemblait à une femme perdue dans ses pensées, bien qu’en fait, elle ne pensât à rien. Elle reste donc silencieuse devant ce vaste océan d’étoile. Au bout de quelques instants, elle revint à la réalité et décida de s’asseoir sur le sable. A côté d’elle, il y avait une bouteille de saké presque vide. Elle l’ouvrit et en but une gorgée avant de la reposer à nouveau sur le sable. Elle tourna la tête vers les maisons qui avaient une vue imprenable sur la plage. Heureusement qu’elle n’habitait pas dans l’une d’elle, bien que sa maison ne fût pas très loin non plus. Elora s’était laissée aller, après de longues heures de travail sur ses études, à boire un peu seule dans sa chambre. Tellement, qu’elle avait finit par se rendre à la plage en cette froide nuit de janvier. Il faisait beau, certes, mais il ne faisait pas chaud pour autant. L’alcool la réchauffait quand même un peu. Elle n’avait cependant pas oublié de s’habiller plutôt chaudement.

Elora s’allongea dans le sable au final et continua à observer tranquillement le ciel. En bruit de fond, elle pouvait entendre les vagues de l’océan, ce qui était très détendant. La jeune femme n’était pas fatiguée du tout et, après tous les efforts qu’elle avait fourni dans la journée, elle s’estimait heureuse de pouvoir passer un petit moment paisible et calme comme celui-ci. La raison pour laquelle elle avait appelé Sôji, elle ne s’en souvenait même plus. Elle l’avait simplement appelé, c’était tout. Bien évidemment, elle lui avait proposé de la rejoindre. Mais elle était tombée sur sa boîte vocale et avait laissé un message, qu’elle n’était même pas sûre qu’il entendrait. Si cela se trouvait, il ne l’aurait pas tout de suite et il ne viendrait de toute façon pas. Elle préférait donc ne pas se faire d’illusion pour le moment et se fit à l’idée qu’elle passerait la nuit seule. Elle distingua deux voix au loin qui riaient. Probablement un couple qui venait se promener. Cela eut pour effet de la faire réfléchir sur sa relation avec Sôji.

Elle n’avait pas souhaité une relation régulière avec qui que ce fût. La jeune hollandaise avait décidé fermement de se consacrer aux études et à l’obtention de son diplôme dans un peu moins d’un mois. Le seul problème, c’était qu’elle l’avait rencontré. Très rapidement, elle avait ressenti le besoin de le revoir et de passer du temps avec lui. Elle ne pensait pas avoir de sentiments à son égard, bien au contraire. Il était simplement tellement attirant, qu’il éveillait en elle la curiosité et l’intérêt. De plus, cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas été dans une relation avec quelqu’un. Que ce fût sérieux ou non. Avec Sôji, cela ne l’était pas du tout. Mais pourtant, ivre comme elle l’était, l’idée de peut être devenir un peu plus sérieuse à son égard lui traversa l’esprit. La seconde suivante, elle frissonna et fit tout pour chasser cette pensée de sa tête. Après tout, ce n’était pas du tout ce qu’elle désirait. Elle souhaitait simplement passer son examen. Un peu de relationnel – notamment de sexe – pouvait très bien pointer le bout de son nez pendant ce temps, mais pas plus. Pour oublier, elle reprit une gorgée de saké. Puis, elle se concentra à nouveau sur le ciel, espérant qu’elle ne penserait plus à de telles choses.

Soji Asano. Une voix. Sa voix. Elora se redressa tout d’un coup, en posant ses coudes sur le sable ce qui eut pour effet de les faire s’enfoncer quelque peu dedans. Elle était quelque peu surprise par sa présence parce qu’elle ne s’y attendait pas du tout, même s’il était tout à fait normal qu’il fût venu après le message qu’elle lui avait laissé. Finalement, il l’avait donc écouté. Tout cela la fit sourire chaleureusement, mais c’était davantage un sourire de la personne ivre qu’elle était en cet instant-même. Ensuite, elle riva ses yeux imbibés d’alcool sur le corps attirant de Soji et remarqua alors qu’il s’était en fait accroupi. Elle l’entendit alors dire quelques mots qui ressemblaient à des reproches. Si au début cela la fit plutôt sourire, quand elle comprit le mot « suicide », elle fronça tout de suite les sourcils. Mais qu’est ce qu’il lui passait par la tête à ce gars ? Le temps qu’elle y eut réfléchi et qu’elle souhaitait y répondre, le manteau de Soji se retrouva sur ses épaules. Elle se tut alors et le regarda comme si elle était son sauveur, avant de s’envelopper davantage avec le manteau, bien qu’elle eût déjà plusieurs pulls sur elle.

Oh non ! Surtout pas ça ! Elora changea à nouveau d’expression sur le visage quand il recommença à parler. Au début, il se demandait probablement la raison pour laquelle elle l’avait appelé. Il fallait avouer que dans cet état-là et à cette heure-ci de la nuit, cela pouvait sembler étrange. La hollandaise réfléchit quelques instants, ce qui la fit froncer les sourcils. Soji pouvait savoir qu’elle était en train de faire un effort pour se concentrer, trouver une réponse et la lui donner. Pourtant, il continua à parler et ce qu’il dit, ne plut pas du tout à Elora. Non, il ne devait pas parler de ça, et surtout pas sur ce ton ! Ce n’était vraiment pas drôle du tout, d’autant plus que la jeune femme était complètement ivre. A nouveau, elle repensa au fait de savoir si elle souhaitait plus de Soji, à savoir une relation plus sérieuse et avec des sentiments. Cette pensée la dérangea et elle l’éloigna le plus rapidement possible de son esprit, ce qui n’était pas évident lorsqu’on était plein d’alcool dans le sang. Elle se renfrogna et montra clairement son mécontentement à Soji. Puis, elle posa une de ses mains sur son torse et le poussa en arrière afin de le déséquilibrer. L’homme n’eut pas d’autre choix que de tomber sur les fesses et de se rattraper en mettant ses mains sur le sable.

- BAKA !! s’écria-t-elle avec une voix à moitié en colère et à moitié amusée quand même.

Cette fois-ci, elle en rit. La colère s’évanouit d’un coup, sans même qu’elle s’en rendît compte. Après tout, c’était fou ce que l’alcool pouvait faire de temps à autre. Elle lorgna alors sur la bouteille mais préféra ne pas en prendre une gorgée tout de suite. Ses yeux se posèrent à nouveau sur Soji et le fixèrent quelques secondes tout simplement. Une idée traversa l’esprit de la jeune femme qui afficha alors un énorme sourire. L’instant suivant, son visage changea soudainement à nouveau. Le sourire disparut et laissa la place à une mine plutôt sévère et froide. Elora détourna la tête de son partenaire et riva ses yeux vers le sable. Elle commença alors à se comporter comme une enfant qui avait fait une bêtise et qui était sur le point de l’annoncer – de l’avouer plutôt – à ses parents. Cela pouvait sembler tout à fait étrange et cela l’était. Un tel comportement était très rare chez Elora. Mais tout cela faisait parti de son plan. Elle releva la tête vers les étoiles et soupira longuement.

- Soji, je… Je suis en retard dans mes règles, annonça-t-elle sur un ton très sérieux. Je crois que je suis enceinte de toi.

Cela pouvait expliquer en parti la raison pour laquelle la jeune femme s’était mise à boire et avait fini totalement ivre sur la plage. Le seul souci, c’était que tout cela n’était pas vrai du tout. Elora lui mentait. Ou plutôt, elle se moquait de lui et le taquinait suite à ce qu’il avait dit, sur le fait qu’elle ne pouvait plus se passer de lui. Quand elle termina de lui parler, elle tourna la tête afin de connaître la réaction de ce dernier. Elle avait vraiment envie de savoir si cela le surprendrait et surtout, l’expression qu’il afficherait sur son visage à cet instant-là. Toujours et encore dans le but de jouer un peu avec lui. Puis, quelques secondes plus tard, elle afficha à nouveau un sourire rayonnant sur son visage et explosa de rire.

- Je t’ai eu ! cria-t-elle entre deux éclats de rire. Je te taquinais, hein ! Je suis pas enceinte.

Même en si en réalité, elle était en retard dans ses règles. Mais cela, elle préféra ne pas en parler et surtout ne pas y penser. Après tout, elle ne s’en était pas vraiment rendue compte pour le moment et n’avait pas réfléchi aux conséquences que cela pouvait amener. Elle n’était pas encore effrayée par quelques petits jours de retard. Cela arrivait bien souvent et donc, elle préférait ne pas s’en préoccuper trop, notamment pour ne pas se prendre trop la tête. Elle laissa donc tout ce genre de pensées de côté. Elle se concentra à nouveau sur Soji et quand elle se calma enfin, elle s’avança vers lui. Elle se retrouva donc en position à quatre pattes, sur les genoux et ses mains qui s’enfonçaient dans le sable. Avec l’une de ses mains qu’elle posa sur la nuque de son partenaire, elle le rapprocha de ses lèvres. Elle l’embrassa d’une manière plutôt langoureuse pendant quelques secondes. Puis, elle s’éloigna de lui, se mordit la lèvre inférieure de façon très claire afin qu’il le vît et sourit malicieusement, comme elle aimait à le faire de temps à autre. Au final, elle se leva en prenant soin de ne pas oublier la bouteille de saké, dont elle reprit une gorgée.

- Tu viens ? demanda-t-elle alors qu’elle était en train de défaire ses chaussures et d’enlever ses chaussettes.

Au début, il devait se demander probablement où elle voulait en venir. Pourtant, Elora se dirigea vers l’océan en laissant ses affaires dans le sable. En réalité, elle avait l’intention de marcher dans l’eau. Celle-ci était très certainement assez froide, mais la jeune hollandaise était trop ivre pour ressentir ce froid.

D’un coup, elle se fit surprendre par Soji qui la souleva au niveau des hanches en la ceinturant. La jeune femme, de carrure plutôt fine, n’avait pas assez de force de toute façon pour faire face à n’importe quel homme. Elle savait donc déjà qu’elle n’avait pas le choix et se laissa tout simplement porter. Mais, cela ne l’empêcha pas de protester et de crier plusieurs fois, de la reposer tranquillement sur le sable. Elle n’était pas idiote, et même si les effets de l’alcool entraient en jeu, Elora se doutait très bien que dans quelques secondes, elle terminerait dans l’eau. Elle n’avait pas pris en compte cette éventualité plus tôt, alors qu’elle aurait du. C’était pourtant assez classique – vive les préjugés – de se faire jeter à l’eau lorsqu’on était près de l’océan. Bien évidemment, son partenaire refusa d’entendre ses prières et ne la lâcha pas. Alors la jeune femme finit par se taire et attendit le moment où l’inévitable arriverait.

Dès qu’il entra dans l’eau, elle frissonna. Elle n’avait vraiment pas envie du tout de terminer dans l’eau, toute entière. Les pieds n’étaient qu’une seule partie du corps et c’était encore supportable. Mais tout le corps et d’un seul coup, ce n’était pas la même chose du tout. Elle pouvait très bien attraper une pneumonie ou alors faire une hydrocution. C’était donc très dangereux. Bien sûr, elle n’y pensait pas à cet instant-là. Tout ce qui l’importait, c’était de fermer la bouche, mais également les yeux et attendre patiemment l’instant où elle sentirait l’eau glaciale s’infiltrer en elle. Au bout de quelques instants, Soji la relâcha et Elora tomba à l’eau dans une violence et une rapidité surprenantes et sans précédent. Elle avait pris les précautions nécessaires, à savoir fermer la bouche pour ne pas être trop étonnée mais surtout, pour ne pas boire la tasse. Après tout, l’eau salée n’était pas agréable du tout et elle n’avait pas envie de se mettre à tousser. Comme elle s’y attendait, le froid l’enveloppa soudainement. Ses fesses touchèrent le fond et elle se mit en position assise. Cela eut également pour effet de la dessaouler quelque peu. Quand la jeune femme sortit la tête de l’eau, elle ouvrit les yeux et ne se sentait plus aussi ivre que quelques secondes auparavant.

Elle reprit alors ses esprits. Son corps se mit à trembler à cause du froid. Elle ne le sentait qu’à moitié, mais ce n’était pas aussi agréable qu’elle aurait pensé. Elle n’avait pas cru que cela pouvait être aussi froid. Elora releva la tête sur Soji qui devait très probablement afficher une expression de satisfaction sur son visage. A cet instant, si cela n’avait pas été lui, la jeune femme se serait mise en rogne très profondément. Par exemple, si à la place de Soji il y avait eu ce russe-là, d’il y avait quelques mois, elle l’aurait certainement attaqué sur le champ. Mais cela n’était pas le cas. Bien au contraire, elle resta plutôt calme et, de toute façon, la situation faisait qu’il ne servait à rien de s’énerver. Après tout, elle avait commencé un certain jeu aux yeux de Soji et il souhaitait simplement lui rendre la pareille, visiblement. Rien de bien grave en somme. Alors qu’elle le regardait, elle réfléchissait au meilleur moyen de continuer le jeu. Elle pensa donc à l’éclabousser d’une manière plus ou moins sale. L’une des idées fut de lui balancer de l’eau dessus avec ses mains seulement, alors que la deuxième était de le faire avec sa bouche, en le lui crachant dessus. Elle abandonna ces deux choix et essaya de trouver une autre.

Elle finit par se relever, s’approcher de Soji et lui sourit malicieusement encore une fois. Elle plongea ses yeux dans les siens et évita de l’embrasser, bien que l’envie la prît. Elle posa ses mains sur les côtés de son partenaire avant de se coller entièrement à lui afin qu’il sentît ce corps froid contre lui. Elle souhaitait lui faire partager ce qu’elle était en train de supporter à cause de ses bêtises. Il aurait pu se venger d’une autre manière, probablement moins forte, mais cela ne lui avait pas passé à l’esprit. Ce qui était fait, était fait. Maintenant, il suffisait de continuer à faire avec. Enfin, la jeune femme se baissa lentement, d’une manière sensuelle. D’aucun ne se tromperait, elle n’était pas en train de se diriger vers son entrejambe pour lui faire plaisir, bien que cela pût ressembler à cela. Peut être même que c’était ce qu’il était en train de se dire, Soji ? A cette pensée, elle en sourit, mais il ne put le voir. Après tout, qui ne fantasmait pas sur une fille sexy et mouillée… ? En réalité, Elora n’en avait aucune idée. Elle chassa cette pensée quand le moment opportun arriva. Elle ceintura les jambes de Soji et effectua une certaine pression visant à le faire tomber dans l’eau. Désormais, les deux étaient dans l’eau et mouillés de la même façon.

Le fond n’était pas très importante et son partenaire pouvait très bien être assis sans aucun problème. Elora lui donna le temps de se remettre de ses émotions avant d’apparaître devant lui. Leurs deux visages étaient très prêts, et leurs yeux plongés dans ceux de l’autre. Encore une fois, la jeune hollandaise se mit en position à quatre pattes et vint l’embrasser. Elle aurait voulu l’allonger pour cela, mais ce n’était pas pratique puisque sinon, leurs deux têtes se seraient retrouvées sous l’eau. Elle n’avait pas encore essayé d’embrasser qui que ce fût sous l’eau et elle estimait que ce n’était pas vraiment une bonne idée. Selon elle, cela ne paraissait pas agréable ni pratique, tout simplement. Encore, dans une piscine, il y avait les éclairages la nuit. Mais même, ce n’était pas super. En pleine mer, il faisait tout simplement noir.

Elle cessa le baiser et replongea ses yeux dans les siens. Elle se mordit la lèvre inférieure, car elle frissonna et ressentit cette sensation qu’elle connaissait si bien. Cela ne faisait à peine quelques minutes qu’ils étaient ensemble, mais elle avait déjà envie de lui. Elle préféra toutefois ne rien dire et ne rien montrer pour le moment, pour ne pas précipiter les choses et surtout, être prise pour une obsédée du sexe. Elle ravala donc son désir, ce qui ne fut pas évident à cacher quand même. Son visage vira dans une moue presque gênée et elle sembla se renfermer sur elle-même. Elle en devint presque sérieuse. Finalement, elle se leva sans rien dire et se redirigea vers ses affaires laissées sur la plage. Elle s’assit sur le sable et attendit simplement que Soji revînt vers elle.

Le temps qu’elle attendait tranquillement qu’il revint sur la plage auprès d’elle, elle ressentit d’un coup le froid qui la prenait. Elle se mit à trembler fortement, jusqu’à ce que ses dents commencèrent à claquer. Elle se rendit alors compte que même avec l’effet de l’alcool, qui enlevait une partie de la sensation de froid quand même, ce n’était pas suffisant. Elle avait alors l’impression de se retrouver au Pôle Nord, ou au fond fin de la Russie sibérienne, des endroits qui n’étaient en tout cas pas connus pour leur grande chaleur, surtout en hiver. Elora lorgna une seconde sur la bouteille de saké en se disant que peut être une gorgée de plus l’aiderait à mieux supporter ce froid-là. Mais elle ne fit aucun geste pour la prendre et boire dedans.

Ses yeux se rivèrent sur ses chaussettes et ses chaussures, qu’elle avait préalablement enlevé avant de se diriger vers l’eau. Une petite chance. Ce n’était rien, certes, mais au moins, cela empêcherait ses pieds d’avoir aussi froids. Après tout, c’était toujours aux extrémités du corps que l’on avait le plus froid. Elle se chargea de les remettre le plus rapidement possible. Le seul problème, c’était le sable. Elle en avait partout sur les pieds. Ce dernier s’était collé lorsqu’elle avait rejoint ses affaires. Elora ne supportait pas cette sensation d’avoir du sable mouillé collé à ses pieds, ou à toute autre partie du corps. Cela n’était vraiment pas du tout agréable, et c’était notamment une des raisons pour lesquelles, elle détestait venir à la plage tout le temps. Elle s’y rendait de temps à autre, mais l’évitait quand même beaucoup. Elle secoua donc le sable mais elle savait pertinemment qu’il y en aurait toujours un peu qui resterait. Elle devrait se balader avec une horrible sensation, celle où ses pieds frottaient contre la chaussette à cause du sable. Mais elle n’avait pas le choix. Elle tenta de tout faire pour minimiser cette sensation, même si c’était très difficile de le faire dans le noir.

Quand elle termina tout ceci, elle nota la présence de Soji déjà à ses côtés. Elle eut le temps de simplement relever la tête quand ce dernier la prit par le bras et l’attira vers lui. Elle n’eut d’autres choix que de se lever. Elle se sentit projetée vers lui et son corps se colla au sien. Leurs vêtements tout mouillés firent des bruits étranges lorsque les deux corps se rencontrèrent. Quand les lèvres de Soji effleurèrent les siennes, elle en frissonna tellement, qu’elle en eut tout de suite la chair de poule. Elle lui sourit en fermant les yeux alors qu’il lui parlait. Il avait raison, il ne fallait pas s’attarder plus longtemps puisqu’ils pouvaient tomber malade à cause du froid. Cela lui fit énormément plaisir qu’il eût l’idée de prendre soin d’elle à cet instant. Elle n’était pas sûre que tous les hommes auraient eu la même réaction. Certains l’auraient laissée se débrouiller toute seule. Elle hésita alors quelques secondes à lui avouer qu’elle n’habitait pas très loin et qu’elle pouvait rentrer chez elle pour se changer. Pourtant, cela lui sembla assez étrange. Elle eut alors l’image de Soji qui portait ses vêtements à elle, parce qu’après tout, il était injuste qu’elle se changeât et pas lui. Cela eut le don de la faire rire intérieurement et elle décida qu’il valait mieux ne rien dire. Elle préférait porter les habits de Soji, pas l’inverse.

Ce n’était pas la première fois que la jeune femme se rendait chez Soji. Elle était déjà venue deux, trois fois chez lui. Il vivait dans un petit appartement assez miteux dans le quartier Bougu, le quartier le plus délabré de la ville et surtout, qui craignait le plus. Quand elle y traînait, elle évitait de s’y rendre seule. Toujours avec plusieurs amis, ou tout simplement, avec un homme à son bras. Bien évidemment, un homme en qui elle avait confiance. Le quartier Bougu n’était pas aussi près de la plage que l’était la maison d’Elora. Pourtant, depuis ce qui s’était passé en octobre dernier lorsqu’elle avait invité un inconnu chez elle – à savoir le russe qui lui avait défoncé le dos – elle avait délibérément choisi de ne plus ramener qui que ce fût à la maison pour simplement une nuit. Ses amis étaient toujours les bienvenus comme les personnes qu’elle connaissait un peu. C’était certes le cas de Soji, mais pour le moment, elle préférait ne pas lui proposer encore de passer la nuit chez elle. Un jour peut être, elle lui ferait assez confiance afin de le laisser entrer, mais ce n’était pas encore le moment. De plus, il valait vraiment mieux qu’ils ne se rendissent pas chez elle pour plusieurs raisons différentes.

Elora acquiesça alors aux paroles de son partenaire, silencieusement, simplement en hochant de la tête, lorsqu’elle se fut séparée de lui et de son étreinte. Elle se baissa rapidement pour prendre ses affaires, comme son sac, et la bouteille de saké juste à côté. Elle l’ouvrit pour tenter de voir son portable et vérifier si elle n’avait pas des contacts qui l’avait appelée ou ne lui avait pas envoyé de message. A ce moment, elle se souvint alors remis dans sa poche et non dans son sac. Elle jura en hollandais car elle savait parfaitement que l’appareil était tombé dans l’eau en même qu’elle. Il avait donc du prendre l’eau et n’être plus utilisable du tout. Elle ne s’en préoccupa toutefois pas plus puisqu’elle avait accès à tous les téléphones de portable qu’elle souhaitait. Le lendemain, elle se rendrait chez son opérateur pour en acheter un nouveau. Ce n’était donc rien de grave et cela ne la dérangeait pas du tout de ne pas être joignable toute la nuit. Au moins, elle serait tranquille avec Soji et elle pouvait en profiter sans avoir peur d’être contactée par quelqu’un.

Enfin, elle commença à se diriger vers la rue. A cet instant, elle voulut prendre la main de l’homme dans la sienne. Elle se ravisa, grimaçant pour elle-même sans qu’il pût le voir. Non mais qu’est ce qui la prenait, bon sang ?! Ils n’étaient pas en couple et ne faisaient pas ce genre de choses. Elle essaya donc tant bien que mal de résister à la tentation d’avoir un contact physique, quel qu’il fût, à cet instant avec lui. Pour noyer sa frustration, elle finit par prendre une nouvelle gorgée de saké. En même temps, cela eut pour effet de la réchauffer quelque peu. Elle en proposa à Soji car elle estimait que cela pouvait l’aider à combattre le froid également. Il ne restait pas grand-chose comme liquide dans la bouteille, mais cela pouvait probablement suffire jusqu’à ce qu’ils arrivassent chez lui. Mais il ne prit pas la bouteille qu’elle lui tendait et ne but pas. Elle haussa des épaules et termina les dernières gorgées par elle-même. A la sortie de la plage, il y avait toujours des poubelles. Elle s’y rendit pour jeter la bouteille, avant de revenir vers Soji.

- Prenons un taxi, ça ira plus vite et c’est mieux, dit-elle tout simplement.

La zone des taxis n’était pas très loin. C’était simplement qu’il fallait se diriger vers la partie plus commerçante que la partie habitable. En effet, certaines villas avaient une vue imprenable sur la plage. En règle générale, les taxis n’avaient pas le droit de stationner dans cette aire-là pour attendre leurs clients. Il fallait marcher environ cinq cents mètres de là où ils se trouvaient afin de trouver la première zone de parking des taxis. Elora eut soudainement une petite idée. Elle se tourna vers Soji, avec un grand sourire.

- On cours ? Le premier qui arrive au taxi gagne le droit de passer sous la douche le premier !

C’était certes très enfantin et rare de sa part, mais elle essayait de trouver les moyens pour se réchauffer encore plus. De plus, il était clair qu’elle allait prendre sa douche chez Soji. Elle n’avait aucune envie de continuer à être mouillée de la sorte, tout comme elle avait hâte de se débarrasser du sable qui collait toujours et encore à sa peau. Sans attendre la réponse, elle commença à courir vers la partie commerçante. Elle n’était pas sûre s’il participerait. Surtout qu’en plus, s’il se mettait lui aussi à courir, il risquait de gagner. Mais tant pis, cela permettrait à Elora de se dépenser un peu et de ne plus ressentir le froid pendant quelques secondes de plus.

La jeune femme fut plutôt étonnée de l’attitude de Soji. Au début, il mit du temps à comprendre ce qu’elle voulait dire, mais il ne tarda pas à la suivre et arriver à sa hauteur. Si elle avait pensé que ce dernier allât la dépasser, ce ne fut pas du tout le cas. Au contraire, il la surprit en l’attrapant par le bras et ralentissant sa cadence. Il restait un tout petit devant quand même, mais ne la lâchait pas pour le moment, l’entraînant avec lui. Elora dut également s’adapter et courir un tout petit peu plus vite. La pression de la main de Soji sur son bras était telle, qu’elle ne parvint même pas à se libérer quand elle le tenta. Elle continua donc à le suivre, sans rien dire. Elle ne comprenait pas du tout où il voulait en venir avec ce comportement. Probablement, c’était une tactique pour qu’ils arrivassent en même à peu près au taxi et de le prendre le plus rapidement possible. Tous les deux ne pensaient plus qu’à la chaleur de la maison pour oublier ce froid qui les consommait petit à petit.

Finalement, quand ils furent devant la zone de stationnement des taxis, il n’y en avait pas encore. Tout cela était plutôt étrange car normalement, à cette heure-là, ils n’avaient pas beaucoup de travail à fournir. Ce n’était pas encore l’heure à laquelle tous les taxis se rendaient dans le centre ou dans les endroits où il y avait tous les bars et boîtes de nuits, afin de récolter leurs clients qui sortaient des dits lieux. D’un autre côté, il fallait également avouer qu’à cette période, peu de personnes se promenaient sur la plage aussi tard, tout comme, encore moins de personnes osaient s’aventurer dans l’eau. C’était peut être parce qu’il n’y avait pas beaucoup de clients à trouver en cet endroit, que les taxis ne venaient pas aussi souvent qu’en été par exemple. Elora jura. Elle avait vraiment très froid. La course l’avait certes réchauffée un peu, mais cela ne suffisait pas non plus pour attendre trop longtemps une voiture.

A cet instant, quand elle commença à réfléchir à tout cela, Soji prononça une phrase qui la décontenança totalement. C’était vrai, elle n’y avait pas pensé. Désormais, elle comprenait beaucoup mieux la raison de son attitude soudaine. Cela la fit sourire et rire. Certainement pas pour la même raison pour laquelle l’homme explosa littéralement de rire lui aussi. Elora appréciait ce petit geste, ainsi que ces paroles, qui semblaient n’être que le continument de leur petit jeu de tout à l’heure. Celui qui s’était arrêté lorsqu’ils avaient finalement décidé de sortir de l’eau et de marcher en direction des taxis. Puis, Elora s’imagina la scène et cela la fit frissonner. Pourtant, elle savait parfaitement que ce n’était pas sérieux du tout comme proposition. Elle doutait fort bien, avec la petite expérience qu’elle avait déjà avec lui, qu’il avait réellement envie de partager une douche avec la hollandaise. La douche était un moment plutôt intime et personnel. Elora détestait qu’on la dérangeât pendant ces instants-là. Et surtout, elle ne supportait pas le sexe sous la douche. Elle ne trouvait pas du tout cela très pratique et cela n’en devenait même pas agréable. Aucun plaisir.

- Techniquement, même si on a couru presque ensemble, tu es arrivé devant moi, dit-elle pour simple réponse à ses paroles.

Elle se référait bien évidemment au fait que Soji avait quelques pas d’avance sur elle. L’égalité était donc pas vraiment possible dans cette situation-là. Elle vint lui effleurer les lèvres en souriant malicieusement. La seconde suivante, elle s’approcha de son oreille dans laquelle elle susurra quelques petits mots tout simples.

- Petit coquin, va !
Elle revint plonger son regard dans le sien avec un énorme sourire qui traversait son visage. Il devait très certainement se douter qu’elle était encore une fois en train de le taquiner. Elle le provoquait tout simplement. Les yeux d’Elora bougèrent lorsqu’elle aperçut du coin de l’œil, une voiture approcher. Bien sûr, cela pouvait être une fausse alerte, mais l’espoir la gagna. Heureusement, c’était en effet un taxi qui se dirigeait vers la plage. Elle s’empressa de lever la main pour que le chauffeur la vît et vînt à leur rencontre. Quelques instants plus tard, ce dernier se présentait devant eux et Elora ouvrait la porte. Elle ne connaissait pas l’adresse de Soji et donc elle le laissa parler à sa place. L’homme qui conduisait acquiesça de la tête. Il dut probablement remarquer qu’ils s’étaient baignés et qu’ils avaient besoin de rentrer chez eux pour se changer. Enfin, Elora referma la portière avant et ouvrit celle de l’arrière. Elle monta dans la voiture et s’installa derrière le chauffeur. Ce dernier attendit que Soji fût dans la voiture et que la porte fût fermée pour démarrer.

Il y avait moins de dix minutes de route jusqu’au quartier Bougu. Quelques petites minutes plutôt sacrés pour Elora. Au lieu de trembler de froid dans son coin, elle finit par venir s’asseoir au milieu, se rapprochant du japonais. Elle se colla le plus possible à lui et elle vint poser délicatement sa tête contre son torse. Il était clair que cela ne lui arrivait pas très souvent et que cela paraissait plus comme des gestes de couple. Mais elle avait terriblement froid et elle préférait déjà cela à rien du tout. Elle ne se préoccupait pas du tout de ce que Soji pouvait bien penser de cela à cet instant. Le plus important était qu’elle se sentît mieux, donc à savoir, qu’elle ressentît un peu de chaleur humaine contre elle. Parce que malgré tout, cela aidait un tout petit peu. Elle bougea furtivement sa tête au final, ne pouvant rester en place. Elle commença à l’embrasser d’une manière plutôt sensuelle dans le cou. Elle laissa tomber l’idée de lui lécher le cou car elle savait parfaitement que comme elle l’avait fait tombé à l’eau, il devait être plein de sel sur lui. Elle également, d’ailleurs. Elle se contenta donc de simples baisers, plus ou moins longs et surtout, exerçant une pression plus ou moins importante à chaque fois.

Parfois, être une fille c'était fort avantageux. Quand le taxi commença à ralentir, Elora cessa ses baisers dans le cou de son partenaire car ce dernier était en train de sortir son portefeuille. Il s'apprêtait à payer pour eux, lorsque la jeune femme remarqua qu'il jura. Le portefeuille était mouillé, lui aussi tombé dans l'eau en même temps qu'eux deux. Elle sourit en serrant les dents, et fit une moue plutôt étrange avec ses lèvres, de façon à lui montrer qu'elle était désolée. Après tout, elle était coupable puisqu'elle l'avait fait tomber dans l'eau avec elle. C'était de sa faute si le portefeuille de Soji était avait également pris l'eau. Mais elle ne dit rien et surtout, elle ne fut pas certaine qu'il vit son expression à cet instant. Cela n'avait duré seulement une petite fraction de seconde. L'homme réussit à trouver un billet sec et le sortit du portefeuille afin de le tendre au chauffeur avant de descendre de la voiture.

La lumière du bar au dessus duquel il vivait, était encore allumée et les bruits des gens qui parlaient en sortaient, malgré la porte d'entrée qui était fermée. Une petite musique s'échappait également et Elora était certaine que Soji devait l'entendre dans son appartement de temps à autre. Elle le plaignit car cela ne début pas être pratique ni agréable. Vivre au dessus, ou près d'un bar ou d'une boîte de nuit n'était certainement pas la meilleure façon de vivre. Les bruits étaient constants, notamment dans la nuit et pouvait empêcher certaines personnes de s'endormir. Elle ne savait pas si c'était le cas du jeune homme. D'un autre côté, elle se doutait bien qu'à force, les gens s'habituaient et apprenaient à vivre dans ces conditions-là. C'était par exemple la même chose avec tous ceux qui habitaient près des grandes routes ou alors même à côté de lignes de trains. Elle les plaignait vraiment. En tout cas, ils ne restèrent pas longtemps en face du bar et s'empressèrent de monter à l'appartement.

Une fois à l'intérieur, le changement de température était tellement important, qu'Elora en frissonna. Toutefois, son corps commença un peu à la brûler pendant quelques instants, le temps de s'habituer à cette nouvelle chaleur. C'était toujours pareil, notamment quand elle entrait chez elle alors que dehors il avait fait très froid. Là, c'était son corps entier qui était froid et mouillé. Ses cheveux n'avaient même pas eu le temps de sécher. Dès qu'il fût dans l'appartement et qu'elle eût fermé la porte, elle se tourna vers lui et le vit déjà à moitié déshabillé. Cela la fit sourire. Au moins, les hommes avaient cette chance de pouvoir se mettre torse nu sans avoir de souci ou de honte. Pour les femmes, c'étaient un peu plus compliqué. Et probablement, même les moins pudiques - celles qu'on pouvait voir parfois sur la plage les seins à l'air entre autres - ne devaient certainement pas enlever leur tee-shirt aussi facilement qu'un homme le faisait.

Elle s'approcha de lui alors qu'il lui conseillait de faire comme chez elle. Elle évita de l'embrasser, alors qu'elle en eût envie. Elle enleva son manteau, son pull et surtout, ses chaussures et chaussettes. Elle déposa ses affaires mouillés dans un endroit qui ne dérangerait pas, ou qui ne laisserait aucune trace suite à l'eau. Elle savait que cela arrivait parfois et que cela pouvait être très embêtant et ne jamais partir. Au final, elle se dirigea vers la salle de bain ou elle termina de se déshabiller. Elle fila le plus rapidement sous la douche, ne pouvant plus attendre plus longtemps de se réchauffer grâce à de l'eau bien chaude. Elle se fichait totalement de ressembler à un homard en sortant, car le plus important était de se débarrasser du froid. Et en même temps, du sable qui était encore collé sur ses pieds et également, le sel qui s'était invisiblement invité. L'eau chaude lui fit vraiment beaucoup de bien. Elle ferma les yeux et resta comme cela quelques instants de la sorte, profitant de ce moment et de la paix qu'il lui offrait. C'était comme si elle oubliait le monde qui l'entourait.

Au bout d'une dizaine de minutes, après s'être lavée les cheveux et le corps avec les gels de Soji - pas le choix - elle coupa l'eau et sortit de la douche. Après tout, son partenaire attendait aussi et même s'il ne devait pas souffrir autant du froid désormais, il valait mieux pour lui de se doucher rapidement aussi. Elle fit donc tout pour se dépêcher de se sécher. Le seul truc, c'est qu'elle ne parvint pas à trouver l'endroit où il gardait les serviettes. Quelque peu embêtée, au bout de quelques secondes, elle décida de prendre celles de Soji. Elle les lui piqua alors en s'enveloppant le corps dans l'une et les cheveux dans un turban avec une autre. Ses habits étaient mouillés et elle n'allait certainement pas les remettre. Elle les prit et les coinça sous son bras avant de sortir, seulement en serviette. Elle était également nu pied, ce qui n'était peut être pas la meilleure idée, mais elle n'avait pas de chaussettes ou de chaussons pour marcher avec. Elle se dirigea vers la cuisine où il était en train de préparer un café et surtout, il avait sorti de la nourriture. La musique ne passa pas inaperçue aux oreilles de la jeune femme.

- Désolée, je n'ai pas trouvé les serviettes, s'expliqua-t-elle quand il sembla lorgner sur ses serviettes. J'ai du prendre les tiennes.

Elle continua à le fixer quelques instants, avant de se rappeler qu'en réalité, elle était nue et qu'elle avait ses affaires sous le bras. Elle regarda rapidement dans la pièce mais visiblement, il n'avait pas encore sorti des vêtements dans lesquels elle pouvait s'envelopper après la douche. Elora riva a nouveaux ses yeux sur lui.

- Et, où est-ce que je peux mettre mes habits pour qu'ils sèchent?

Elle préféra ne pas insister sur les habits que Soji lui passerait, car ce n'était pas sa préoccupation première. Elle attendit la réponse de ce dernier alors qu'elle venait jusqu'à lui dans la cuisine pour déposer un doux baiser rapide sur ses lèvres.

Il fallait avouer que la façon que Soji eut de réagir quand elle sortit de la salle de bain, son corps seulement caché par une serviette, la fit sourire. Une scène digne d’un film de comédie romantique. Elle fit la même moue avec son visage que dans le taxi, celle où elle affichait clairement qu’elle était quelque peu désolée pour ce qui venait de se passer. Alors qu’il s’apprêtait à filer dans sa chambre lui chercher des vêtements, Elora ne lui en laissa pas le temps car elle était déjà tout près de lui, l’embrassant. La main de Soji sur sa taille la fit directement frissonner. Elle cessa leur baiser, et plongea un regard plutôt désireux dans ses yeux. Elle ne dit rien et se laissa simplement noyer dedans pendant le court instant où elle put le faire.

Le jeune homme disparut rapidement dans la chambre pour revenir moins d’une minute plus tard, avec un de ses tee-shirts, ainsi qu’une de leggins. Pendant ce temps, Elora avait bougé un peu plus dans le salon, à l’endroit où se trouvait le canapé ainsi que la table basse, sur laquelle elle trouva un assortiment de sushis. Elle ne l’avait pas remarqué plus tôt, trop préoccupée par Soji et les vêtements. Elle sourit, contente encore une fois qu’il fût attentionné. Elle ne l’avait encore jamais vraiment connu sous cette facette-là et elle le reconnaissait, ce n’était pas désagréable du tout. Après tout, il était évident qu’une femme eût envie d’être avec un homme attentionné et qui prenait soin de celle-ci. A cette pensée, elle ne put s’empêcher de frissonner à nouveau puisqu’elle réalisa que son esprit assimilait Soji à un homme avec lequel elle pourrait vouloir rester sérieusement pendant un temps. Or, ce n’était pas du tout ce qu’elle souhaitait pour le moment. Elle se concentrait davantage sur ses études que sur les sorties et les relations amoureuses, qu’elles fussent sérieuses ou non. Elle se maudit alors à ce que son esprit en vînt à penser à cela.

Elle tourna la tête, tirée de ses pensées lorsqu’il lui présenta les vêtements avant de lui prendre les siens, mouillés. Elle le remercia en souriant alors qu’il se rendait dans la cuisine pour nettoyer la tâche de café qu’il avait renversé en la voyant. Encore une fois, cela la fit sourire et elle tourna ses yeux et observa son dos. C’était certainement très idiot, mais elle se perdit à nouveau dans les mêmes pensées. Et si elle avait des sentiments pour lui ? Pourquoi donc l’avait-elle appelé, lui en particulier ? N’avait-elle pas essayé d’appeler quelqu’un d’autre à la base, comme par exemple Shiro Kuchiki ? Elle reprit ses esprits en serrant ses dents et bougeant furtivement la tête de droite à gauche, comme si elle souhaitait se réveiller d’un mauvais rêve. Il passa à côté d’elle et elle eut à peine le temps d’assimiler les premières paroles qu’il lui lança, qu’elle le vit déjà se diriger vers la salle de bain. Visiblement, il jeta les affaires d’Elora dans un panier juste à côté et prononça encore quelques mots à son égard avant de filer sous la douche.

- Non, je t’at…tends, commença-t-elle à dire en ce qui concernait la nourriture, mais elle n’eut pas le temps de terminer que la porte de la salle de bain fût fermée.

Elle soupira longuement en s’affalant sur le canapé. Quelques secondes, elle se perdit encore une fois dans ses pensées. Elle détestait ces moments-là, notamment lorsqu’elle était seule et réfléchissait à des choses que visiblement, son esprit désirait alors que son cœur était loin de le souhaiter. Finalement, elle leva la main dans laquelle elle avait les habits prêtés par Soji. Elle soupira une seconde fois et se leva. Elle regarda dans la pièce, il y avait quand même une fenêtre, mais dont les rideaux étaient tirés. Elle ne prit donc aucune autre précaution, et sans se préoccuper davantage, elle enleva la serviette et la posa sur le bord du canapé. Elle enfila tout de suite après le tee-shirt. Elle hésita toutefois à mettre le leggins car celui-ci avait très certainement du appartenir à une autre fille. Soji ne pouvait pas s’habiller de la sorte et surtout pas, avec un leggins aussi serré. C’était très étrange de porter les vêtements d’une autre fille, qui était passée avant vous, quelque peu déstabilisant. Mais elle n’avait pas le choix car elle n’avait pas de culotte sèche à mettre. Elle se résilia donc quand même à l’enfiler, en espérant toutefois qu’elle pourrait l’enlever le plus rapidement possible.

Elora avait profité du temps dont elle avait disposé pour enlever la serviette de ses cheveux et de la poser avec la première, sur le canapé. Ses cheveux étaient encore mouillés et en bataille, mais au moins, aucune goutte ne coulait. Plus tard, elle le vit débarquer dans la pièce, également une serviette à sa taille. Cela la fit rire, ce qui couvrit les paroles de ce dernier, sans qu’elle pût savoir de quoi il parlait. Elle comprit toutefois lorsqu’il se réfugia dans sa chambre, très probablement pour s’habiller. Quand il en ressortit, il était torse nu, encore une fois. Il vint s’asseoir près d’elle dans le canapé. Elle le regarda pleinement, comme si elle souhaitait l’analyser. L’image d’un Soji dont le boxer ressortait clairement d’un pantalon qui donnait l’impression de dangereusement tomber à n’importe quel moment, la fit énormément sourire. Il ressemblait vraiment à l’un de ces adolescents pré-pubères qui essayaient de suivre une mode très étrange, mais dont les filles raffolaient.

Finalement, elle décida de venir s’asseoir sur ses genoux, face à lui. Elle posa ses mains sur les côtés de Soji avant de se pencher un peu pour lui embrasser le cou, plusieurs fois. Elle remonta un peu vers l’oreille, pour lui susurrer d’un ton humoristique :

- Sais-tu que c’est le code des prisonniers aux Etats-Unis pour annoncer aux autres hommes qu’ils sont prêts à être pris par derrière ? Apparemment.

Elle recula, en rigolant, mais également pour apercevoir la réaction de ce dernier. Elle avait vraiment hâte de noter l’expression qui passait sur le visage du jeune homme à ce moment. Une fois satisfaite, elle se tourna un peu vers la table pour piocher un sushi et le ramena vers eux. Elle hésita quelques instants à le manger, avant de finalement, le diriger vers la bouche de Soji, tout en espérant que ce dernier l’ouvrît et mangeât le sushi sans réchigner.

Les mains de Soji s’était posée sur ses hanches et l’avait encore plus rapprochée de lui. Quand il répondit à sa petite taquinerie, il réussit à lui arracher un nouveau sourire au même moment où elle s’était, pour la première fois, retournée pour prendre un sushi avant de le lui faire manger. Elle ne répondit rien. En si peu de temps, elle avait réfléchi à une réponse possible qui pût le faire rire, mais elle ne trouva rien de correct. De plus, la vision d’elle mettant un jouet sexuel par derrière à Soji, cela ne lui plut pas du tout. C’était inconcevable, vraiment. Elle n’était pas friande de ce genre de pratique, où la femme prenait la place de l’homme et le lui faisait par derrière. Elle en grimaça rapidement, sans qu’il pût le voir. Mais sinon, l’idée de le faire d’une autre façon cette fois-ci ne la dérangeait pas du tout, mais elle préférait ne rien dire. Elle se taisait et avait simplement envie de savoir ce qu’il ferait et surtout, la manière dont il interpréterait ce silence.

Après avoir avalé en une bouche bée le sushi qu’elle lui présenta, il sembla se redresser pour en demander un autre. Mais cette fois-ci, Elora ne le combla pas. Elle en prit certes un deuxième, mais elle le dévora, devant lui. Elle avait ce sourire et ces yeux qui montraient une malice intense. Il était certain que la jeune femme était en train de jouer tout simplement, tout en sachant ce qu’elle faisait. Et visiblement, elle le faisait bien car une des mains de Soji vint soudainement lui caresser le dos, alors qu’il se rapprochait avec une lenteur qui lui était encore inconnue jusque-là aux yeux d’Elora, pour l’embrasser. Il se fit plus insistant par la suite alors que la jeune hollandaise répondait docilement, sans broncher, à ces baisers et les caresses dans le dos. Quand elle ressentit la pression de la deuxième main de l’homme changer pour être plus forte sur sa hanche, Elora bougea les siennes en les passant des côtés de Soji, sur ses épaules qu’elle agrippa comme si elle souhaitait lui faire un massage. Il avait de plus, mit son autre main sous ses vêtements, ce qui la fit frissonner. Elle mit la tête vers l’arrière quand il commença à l’embrasser le cou et de descendre peu à peu. Il ne put le voir, mais elle se mordait la lèvre inférieure et ses yeux étaient fermés, profitant de l’instant le plus possible.

Elle remit sa tête en position normale quand l’une des mains de Soji vint se placer sur sa nuque, pendant que l’autre essayait déjà, désespérément de lui enlever le leggins. Elle en sourit instantanément car il était difficile de faire cela, notamment lorsqu’elle était en position assise et sans qu’elle bougeât ses fesses. Néanmoins, la caresse de sa cuisse fut très plaisante et Elora eut du mal à éviter de pousser un petit soupir de bonheur. L’instant suivant, il se reculait, ce qui rompit quelque peu l’ambiance ainsi que leur étreinte sensuelle. Elora fut déçue car elle en souhaitait davantage. Une fois lancée, il ne fallait pas l’arrêter. Elle grimaça alors en réponse à ce que Soji venait de faire et aussi pour lui montrer toute la déception qu’elle ressentait. L’homme se remit à l’embrasser lentement et d’une manière plutôt douce son épaule. Si elle avait d’autres plans de prévus pour la soirée… Elle en poussa un rire qui signifiait vraiment qu’elle se moquait de sa question. Elle baissa un peu la tête et tenta de se positionner le plus près de son oreille pour murmurer dedans quelques mots.

- Que crois-tu que je faisais toute seule et ivre sur la plage ? Tu penses vraiment que j’attendais quelqu’un ?

En réalité, elle avait attendu Soji, certes, mais seulement à partir du moment où elle l’avait appelé. Avant, elle s’était simplement rendue sur la plage, sans aucun but précis. Après tout, ivre comme elle l’était, elle n’avait eu aucun objectif réel à cet instant. Elle avait pris son portable sans vraiment réfléchir et le premier prénom qui traversa son esprit à ce moment, ce fut celui de l’homme. Comme elle était tombée sur sa boîte vocale, elle n’avait même pas été sûre que ce dernier écouterait le message et la rejoindrait. Il y avait donc une chance pour qu’il ne fût pas venu et toute cette soirée n’aurait pas eu lieu. Du moins, elle se serait passée différemment, Elora restant probablement toute seule sur la plage avant de décider de rentrer se coucher dans son lit froid. Mais elle avait eu de la chance et finalement, elle partageait la soirée encore une fois avec Soji. Elle se redressa et se recula un tout petit peu, se décollant du corps de l’homme.

- En fait, Soji, j’ai faim, déclara-t-elle d’un ton très sérieux.

Elle se doutait bien que l’homme serait probablement déçu par ses paroles. Elle coupait court à tout. Après tout, les sushi étaient toujours sur la table et elle pouvait se servir et manger à sa guise, avant de décider de continuer leur action. Bien évidemment, la jeune femme était déjà lancée et tout ce qu’elle disait à cet instant, c’était tout simplement pour le taquiner un peu. Mais surtout, pour le faire languir également. Quand elle fut satisfaite de l’expression sur le visage de Soji, elle se laissa glisser doucement, ses mains sur le torse de l’homme et le poussant de façon à ce que son dos touchât à nouveau le canapé. Elle se colla une nouvelle fois contre lui, se pencha et lécha le lobe de son oreille.

- De toi… enchaîna-t-elle alors.

Elle posa ses mains sur les joues de son partenaire et vint l’embrasser. Sa langue chercha celle de Soji avec une rapidité presque brutale et surprenante, pour terminer dans une danse sensuelle et emprunte d’une passion dévorante. Quand elle rompit le baiser, elle sentit sa respiration s’accélérer, tout comme le pouls de son cœur. Elle passa sa langue sur sa lèvre inférieure avant de mordiller celle-ci. Ses yeux se plongèrent dans ceux de Soji.

- Soji, enlève moi ce leggins le plus vite possible ou je le mouille, avoua-t-elle.

Après tout, elle n’avait aucune culotte, simplement le leggins, dont elle voulait se débarrasser le plus vite. Non seulement de part la situation, mais en plus parce qu’il appartenait à une autre – ancienne – conquête de Soji, ce qu’elle n’appréciait pas vraiment. Elle ignorait si cela pouvait vraiment exciter l’homme sur le moment, même si elle le connaissait déjà pas mal sur ce point de vue-là. Néanmoins elle, elle se sentait de plus en plus excitée et n’attendait plus qu’une chose. Son corps frissonnait de sensations et même les battements de son cœur démontraient son empressement. Le temps que Soji eut une réaction, elle mit ses mains autour de son cou et se sentait prête à être transportée dans la chambre. A moins qu’il ne souhaitât le faire dans le salon… Elle s’en fichait, elle voulait juste que la suite arrivât le plus rapidement possible.