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 L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]

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Elena Aleksandrov
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MessageSujet: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyMer 4 Juil 2012 - 15:59

La vie d'Elena avait-elle était plus compliqué qu'aujourd'hui ? Ses sentiments plus embrouillés ? Ce n'était plus que son sens de l'orientation qui lui faisait défaut. Elle avait l'habitude de se perdre sur le chemin. Chemin de vie. Elle se perdait désormais même dans ce qu'elle croyait être une ligne droite. Les sentiments de Yui. Ses sentiments pour Yui. Les jeux de Dorian. Son jeu à elle. Elle ne comprenait même plus où elle voulait aller. Son futur lui apparaissait embrouillé. Elle avait toujours cru qu'elle allait savoir vers quoi elle se dirigeait. Son but, alors toujours bien marqué, avait maintenant disparu. Ou peut être était-il simplement sous une couche de noirceur ? Elena ne le savait pas. Et c'était peut être bien la seule fois qu'elle s'inquiétait de ne pas savoir. Jusque là, la perspective de ne pas savoir ne l'empêchait pas d'avancer, aujourd'hui, si. Et c'était un problème. Elle ne pouvait pas continuer de vivre comme ça, c'était plus que certain. Comment ferait-elle, si elle ne pouvait avancer ? Ce n'était pas son genre de se laisser faire par un obstacle, quel qu'il soit. Alors elle avait prit le temps de réfléchir.

Réfléchir aux paroles de Dorian, revenant sans cesse dans sa tête. Elle l'avait déçu. Elle l'avait blessé. Son comportement avait été des pires. Elle avait voulu faire bien, être honnête et ne pas faire semblant. Mais cela ne s'était pas aussi bien déroulé qu'elle l'espérait. Être aussi douce et honnête n'était apparemment pas toujours une solution. Ce n'était pas en restant comme cela qu'elle pouvait éviter de faire du mal autour d'elle. Elle n'arrivait à rien de bon, elle le comprenait maintenant. Elle avait tué à petit feu son premier véritable ami en ces lieux, Yui, puis elle avait blessé un homme lui portant un minimum d'intérêt. Ne pouvait-elle que blesser ceux qui désirait être un peu plus avec elle ? Elle avait réussit à détruire autour d'elle ce à quoi elle tenait le plus. Elle avait sentit partir Yui, le perdant peut être pour toujours. Pouvait-elle réparer ses erreurs ? Elle s'était rendu compte trop tard de cela avec les parents de Kazuo. Ils voulaient qu'elle aille de l'avant. Qu'elle pardonne. Elle n'y arrivait pas. Même en souriant. Yui l'avait perçu. Elle ne pouvait rien lui cacher. Elle ne pouvait rien cacher non plus à Kazuo, et à ses parents. C'est pour cela qu'elle avait fui loin d'eux, pour ne pas leur montrer qu'elle en souffrait encore, qu'elle ne voyait rien d'autre que son ombre et qu'elle se tuait simplement elle aussi. Elle avait de toute façon le sentiment qu'elle ne pouvait pas revenir vers eux. Une sorte d'ambiance gênante s'était installé entre eux. Ils avaient beau l'aimer comme leur propre fille et ne pensait qu'à son bien, maintenant, ils s'étaient rendu compte qu'elle ne pouvait pas tourner la page ainsi. Cela rendait tout le monde mal à l'aise. Car aucun n'était dupe.

Elle pensait bien que ni Yui ni Dorian n'avait été dupe non plus. Elle vivait toujours comme s'il était là. Ou plutôt, elle vivait comme s'il pouvait revenir un jour. Elle connaissait la fin de l'histoire... Elle le savait très bien. Ce n'était pas ainsi qu'elle serait heureuse. Mais elle n'avait pas encore compris que c'était aussi ainsi qu'elle pouvait blesser les autres. Elle ne voulait pas cela. Elle acceptait de se faire souffrir, pas de le faire aux autres. C'était bien pour cela qu'elle comptait faire quelque chose. Car tant que son histoire n'atteignait qu'elle, elle n'y voyait pas de problème. Elle n'avait pas le droit de faire cela aux autres. De choisir pour eux leur malheur. Elle ne se pardonnerait pas. Elle ne se pardonnait pas.

Elena posa une main sur le mur sur sa gauche. Elle posa son front contre la surface froide, laissant ses longs cheveux descendre le long de son visage. On ne pouvait savoir qui était cette femme blonde. La jeune russe resta un moment silencieuse contre le mur, respirant avec difficulté. Puis, elle se redressa, et elle porta son regard dans le lointain. Le plus loin possible. Elle voulait voir. Voir loin. Voir physiquement ce qu'elle ne pouvait voir abstraitement. Une ligne droite vers quelque chose. Vers quelqu'un. Elle voulait respirer.

La professeur planta son regard dans la masse grouillante devant elle. Elle était dans une rue passante. La foule l'entourait. La foule passait et repassait à ses côtés. On ne la voyait pas. Elle n'existait pas. Pas dans leur vie. Elle se détacha du mur et regarda plus loin. Son regard accrocha une silhouette. Subitement, elle se mit en marche. Elle fendit les ténèbres vibrantes, sortant de l'ordinaire torpeur. Elle avança directement vers ce qu'elle avait reconnu. Fébrilement, elle marchait. Un pas après l'autre. Elle ne tomba pas. Elle restait vaillante.

A quelques mètres de son but, elle s'arrêta. Elle observa encore un moment le grand brun devant elle. Elle ne savait ce qu'il faisait là. Peut être attendait-il quelqu'un ? Elle s'en fichait. Elle regardait ses gestes, sa posture. Quelque chose l'avait toujours intriguait chez lui. Peut être ce manque de confiance. En lui ou en les autres. Elle ne se décidait pas. Elle imagina sa respiration, ce qu'il pouvait voir avec ses yeux. Elle imagina la douceur de ses cheveux, l'odeur de sa peau. Elle se demanda quelle était la texture de ses habits. Et puis, elle fit un pas en avant. Un deuxième. Jusqu'à pouvoir le toucher. Jusqu'à ce qu'il puisse la voir, la sentir, la toucher lui aussi. Et naturellement, elle prit la parole.

"Il est mort avant notre mariage."

Elle planta ses yeux bleus dans ceux du brun. Ce n'était pas un secret. Elle n'avait pas à le cacher. Elle ne voulait pas de non dit, de propos à double sens. Il fallait qu'elle soit directe. Qu'elle essaye le plus possible de ne pas dire ou faire des choses portant à confusion. Elle ne se pardonnerait pas de le blesser encore. De blesser quiconque.
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyDim 12 Aoû 2012 - 19:43

Dorian était sorti tôt de chez lui ce matin. Hier dans l'après-midi, il avait reçu une lettre en recommandé. Après l'avoir décachetée, il s'était rendu compte avec satisfaction que c'était des nouvelles du nouveau propriétaire de l'Acte qu'il avait cédé concernant le Musée du Caire, lorsqu'il avait décidé de renier ses racines et d'emprunter enfin le chemin de la vie qu'il avait toujours désiré. Il était bien loin du compte mais au moins, il ne regrettait pas son départ.
Pourtant, plus tard dans la soirée, c'était d'une humeur morose qu'il s'était enfilé une bouteille d'un scotch pur malt qui traînait dans son placard. Succession d'échecs, il n'était pas exactement l'homme qu'il avait voulu devenir. Où était cette reconnaissance qu'il avait tant cherché ? Cette satisfaction de soi-même et ce regard brûlant qui faisait de lui l'homme qu'il était auparavant ? Les gens ici étaient trop ingrats pour lui donner quelque chose dont il avait besoin.
Le mal de crâne s'était fait ressentir assez rapidement et les pensées noires qui le dévorait avaient eut raison de lui sur le canapé de son salon. Il préféra s'endormir dans cet état plutôt que de se reprendre en mains, alcoolisé et de se voir plus misérable qu'il n'aurait souhaité.

Le réveil avait été difficile, vraiment difficile. Les médicaments n'avaient rien arrangé contre la gueule de bois et une bonne douche froide avait fini de le sortir de sa torpeur. La serviette nouée autour du bassin, main appuyée contre la glace de sa salle de bain, Dorian baissa les yeux pour éviter d'affronter son reflet dans le miroir. Par moments, il avait besoin de redescendre sur Terre. Jouer l'homme confiant et sûr de lui tous les jours, devant tous ses collègues étaient épuisants, et parfois tellement inutile qu'il en ressortait bien plus affaibli qu'il ne l'aurait pensé. Sa discussion avec Yui l'avait ébranlé. Il ne l'avait pas recroisé depuis et ne s'en plaignait pas mais quelque chose les liait tous les deux. Il ne pouvait pas le nier. Quelque chose qu'il ne comprenait pas encore.

Il se sécha et s'habilla rapidement. Il opta pour un pull gris avec des bandes blanches au niveau des épaules, ainsi qu'un jean confortable, bleu foncé. Il chaussa ses Caterpillar qu'il ne noua pas volontairement et il sortit en emmenant avec lui la lettre de son confrère. Il avait rendez-vous à la Bibliothèque du centre de la ville pour aller y chercher un bouquin dont il lui avait parlé. Il semblerait que de nouvelles techniques de médecine avant-garde à base de plantes peu expérimentées avaient été officialisées et il voulait se renseigner amplement là-dessus. C'était peut-être aussi une façon de penser à autre chose, de sortir de chez lui. Trop de pensées embrouillaient son esprit. Il y'avait trop de questions sans réponses, trop de dialogues en suspens, trop de décisions à prendre.

Il marchait tranquillement, dépassant d'une bonne tête la plupart des gens qu'il croisait. Il s'était habitué à vivre ici mais un peu de ressemblance physique lui manquait. Son pays lui manquait. Pas sa famille mais ses habitudes, ses racines. Il avait le pied entre deux lignes et son coeur penchait inexorablement vers la mauvaise direction. Trop de mauvaises choses l'attendaient ici, le rongeait, le rendaient trop ... humain, trop fragile.
Lorsqu'il leva la tête, il posa ses yeux sur une agence de voyages. Le destin voulait vraiment qu'il rentre au pays, de toute évidence. Il mit les mains dans les poches et resta immobile devant la vitrine du magasin... Il ne savait plus.

Et puis, soudain, l'atmosphère changea. Elle devint beaucoup plus colorée, joyeuse, légère. Elle était là.
Il se retourna un peu trop rapidement à son goût. Il affichait trop ses émotions. C'est avec un visage plein d'espoir qu'il espéra ne pas s'être trompé et il fut heureux de constater que son sixième sens ne l'avait pas trompé. Elle était bien là, sa Princesse Blonde, ce petit ange déchu qu'il avait évité depuis des semaines, depuis leur mutisme... depuis SON mutisme.
Il avait pensé à être sadique, mesquin, rancunier, comme à son habitude, pour lui prouver que son absence était passée comme une lettre à la poste et qu'il n'était pas le genre d'homme à s'attarder pour une femme qui ne souhaite pas de lui... Pourtant, ce fut tout l'inverse, son visage s'adoucit aussitôt qu'il posa les yeux sur elle, elle semblait tellement fragile, tellement à bout de souffle qu'il ne comprenait pas pourquoi il avait cette envie incontrôlable de la briser malgré tout. Elle représentait beaucoup trop de challenges à ses yeux mais elle avait aussi ce petit quelque chose qui le rendait accro à ses mimiques et qui l'empêchait de tirer un trait sur elle.
Son visage si pâle accompagné de cette peau si douce le fit rester stoïque, il avait une envie irrépressible de lui caresser la joue, comme pour mieux se rendre compte qu'elle était bien là. Elle lui avait terriblement manqué. Il avait usé de cette perte d'affection pour se rapprocher de Yume mais c'était une grosse erreur. L'une comme l'autre, de toute façon. Elles n'étaient pas faîtes pour lui mais n'était-ce pas ça justement qui les rendait si attirantes ?
Dorian avait toujours été attiré par ce qu'il ne pouvait avoir. Elena l'avait rejeté, ou plutôt n'avait pas répondu à ses avances avec autant d'entrain qu'il aurait été convenu, et même si Dorian s'était montré sûrement trop pressant, il avait comprit qu'il avait perdu cette manche, et dans son coeur, elle avait gagné des points. Certains défis sont agréables à relever.

Hélas, ce n'était pas une simple visite de courtoisie et Elena cassa bien vite la petite ambiance rose bonbon de retrouvailles qui s'était installée.
Le visage de Dorian se durcit automatiquement à la révélation qu'elle lui fit. Ainsi c'était ça qui la bloquait. La mort de cet homme qui avait failli être son mari. La mort de l'amour de sa vie.
Instinctivement et sans la brusquer, Dorian sut ce qu'il fallait faire. Il s'approcha doucement d'elle, hésitant, ne voulant pas la forcer... et quand il fut assez prêt pour pouvoir la toucher, il passa sa main derrière sa tête pour la ramener contre lui, son autre main alla se poser sur son épaule. Il la serra dans ses bras avec toute la douceur dont il était capable. Il ne pouvait pas la réconforter avec des mots, ni avec des médicaments, et c'était sûrement la seule chose qu'il pouvait faire pour elle, alors il préféra se taire et lui accorder en cet instant toute l'attention qu'elle méritait. Rien ne pouvait rendre plus léger le fardeau qu'elle portait. Il ne savait pas quoi faire pour elle, en toute honnêteté et plus il essaierait, plus il serait maladroit.
Serré contre elle, Dorian pouvait sentir le parfum enivrant de ses cheveux, et la respiration saccadée contre son pull. Elle était si petite au creux de ses bras qu'il se rendit compte de la faiblesse de ce petit bout de femme, face à un homme comme lui. Il devait la prendre avec des pincettes.

- Excuse-moi Elena. Excuse-moi d'avoir été si... imparfait. Je n'avais pas compris. dit-il en déposant un léger baiser sur ses cheveux dorés.
Il avait envie de lui demander ce qui avait changé pour qu'elle se décide à lui faire part de cette douloureuse expérience, mais il avait envie que tout vienne d'elle, il n'avait pas envie de la brusquer une nouvelle fois sinon elle disparaîtrait encore dans la nature et leur relation en pâtirait de façon irréversible.
Merci murmura-t-il à son attention pour lui montrer qu'il était reconnaissant qu'elle partage cette partie de sa vie avec lui. Tant d'efforts avaient été faits de son côté qu'il se devait de faire pareil. Il ne savait pas encore comment mais il se promettait de ne pas la laisser aux mains de Yui, du dangereux Yui, même si elle craquait pour lui, il ne la laisserait pas tomber dans les griffes de celui qui la changerait pour toujours. Même si lui-même n'était pas l'homme qu'il fallait pour elle, il ferait tout ce qu'il peut pour la protéger.

L'étreinte se termina parce qu'il était temps pour eux de se séparer physiquement et c'est avec une petite gêne qu'il se demanda s'il devait entamer un sujet beaucoup plus banal désormais. Il préféra opter pour une phrase un peu bateau mais très révélatrice de son état mental actuel :

- Ça me fait vraiment plaisir de te voir Elena, tu m'as... manqué. Tu es vraiment très belle aujourd'hui. avoua-t-il sincère, en effleurant sa joue, si délicieuse, de la paume de sa main. Le contact fut léger, fusionnel, et si emprunt de désir refoulé pour Dorian qu'il se persuada qu'elle allait fuir devant cette délicate attention. Elle était un diamant à l'état brut.
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptySam 15 Sep 2012 - 10:41

Il s’était rapidement tourné vers elle, comme s’il l’avait sentie. Avant même qu’elle parle, elle avait vu son mouvement. Mais elle ne pouvait pas s’arrêter maintenant et elle était bien trop dans son château pour y faire vraiment attention. Il posa ses yeux sur elle, et elle ne vit qu’à peine ses traits tirés devenir plus joyeux. Elle lâcha sa bombe, essayant de ne pas paraître trop brusque, bien qu’elle fût sûre de l’être. Elle n’avait aucune envie qu’il se moque d’elle, ou se remette en colère. Elle avait peur qu’il n’accepte pas ce qu’elle lui donnait, et quelque part, elle le comprendrait. Il devait la prendre pour une folle. Elle qui venait, et au lieu d’un bonjour polie, donnait lieu à des paroles sans nom.

Avant qu’elle puisse rajouter quelque chose, qu’elle puisse poser ses yeux autre part, qu’elle puisse s’enfuir, courir, partir, il se rapprocha. Elle crut qu’il allait lui rire au nez, lui parler comme à une enfant de cinq ans. Il y avait tellement de personnes qui le pensaient… Mais il passa simplement une main derrière sa tête, l’entrainant contre lui. Elle trébucha et se retrouva collé à Dorian. Son autre main s’était logé contre son épaule, et elle apprécia qu’il ne prenne pas la liberté de la mettre dans son dos. L’étreinte était plus amicale ainsi et elle aima qu’il n’en fasse pas plus. Il ne dit rien pendant un moment, donnant simplement sa chaleur et son réconfort. Elle ne savait pas vraiment comment le prendre. Elle n’avait pas envie qu’on s’occupe d’elle ainsi. Elle avait l’impression d’être une faible femme. Mais elle savait aussi qu’elle avait besoin de se reposer un instant. Parce que c’était encore trop dure. Alors, pour une fois, elle laissa passer. Elle se promit que c’était juste aujourd’hui, juste pour quelques instants. Qu’après, elle ne se laisserait pas aller, qu’elle expliquerait qu’il n’y avait pas à vouloir la réconforter. Et elle essaierait de ne pas mentir.

Elle ne lui répondit pas. Elle resta encore sans rien dire, ne sachant comment prendre ce contact sur ses cheveux. Elle resta muette devant la douceur de cet homme qui l’avait laissé comme du linge sale à l’académie. Elle n’imaginait pas un seul instant qu’il puisse dire des mots comme merci ou encore accepter qu’il ne soit pas parfait. Elle se maudit de ne pas voir aussi loin en lui, et d’avoir eu ce genre de pensées à son égards. Mais quelque part, c’était comme si la surprise n’était que de moitié. Inconsciemment, elle devait le savoir. Elle ne serait jamais allé le voir une deuxième fois s’il n’y avait aucun espoir de son côté. Elena n’était pas masochiste. Elle avait parfois un comportement qui rendait sa vie plus douloureuse, mais elle ne cherchait pas consciemment et automatiquement.

Elle soupira et détendit ses épaules. Elle se sentait mieux, maintenant qu’elle avait dit cela, et qu’il l’avait accepté.

Ce fût lui qui s’écarta, doucement, afin de reprendre une conversation normale. Elle fût heureuse de voir son embarras. Pas par sadisme, mais simplement parce qu’elle avait une nouvelle confirmation de la valeur de sa parole pour Dorian. Il n’avait pas fait semblant de l’écouter et de la réconforter. Elle vit donc aussi par la même occasion ses traits tirés, comme s’il n’avait pas, ou mal dormit. Elle trouva que son pull n’arrangeait rien à son visage, qui lui paraissait bien terne en comparaison avec l’éclatant, l’éblouissant Dorian lors de leur première rencontre. C’est comme s’il avait perdu toute son énergie. Comme il s’adressait à elle, et ne parla pas de son manque de sommeil, elle ne lui en parla pas non plus. Il n’était jamais bon de souligner des faiblesses à quelqu’un qu’on ne connait pas assez bien, et encore moins à quelqu’un d’aussi susceptible que Dorian. De plus, elle n’allait pas changer de conversation si vite, cela aurait été trop facile. Cependant, elle le nota dans un coin de sa tête, bien qu’elle se demanda si elle s’en rappellerait tout de même un moment. Elle n’avait jamais été très forte à ce jeu là.

Elle trouva enfin ce qu’elle trouvait étrange. Ce qui la dérangeait jusque là. Ce n’était pas qu’il ai ce physique si différent des autres personnes autours d’eux. Elle les remarquait à peine et n’en faisait donc pas une comparaison. Ce n’était pas non plus son accoutrement, qui était tout à fait digne, et qui faisait rarement partie des choses qu’Elena trouvait dérangeante. Ce qu’elle avait dû mal à saisir, c’était simplement la mine fatiguée de Dorian. En plus de son manque d’énergie, il n’avait pas cette présence qu’elle avait sentie. La première fois, il avait emplie toute la salle de sa présence dès l’instant où lui avait parlé. Aujourd’hui, c’était comme s’il était plus petit que dans ses souvenirs. Il avait l’air lointain, mal au point, comme s’il était malade. Comme elle était du genre paranoïaque et qu’elle-même n’était pas au plus grand de sa forme, elle se dit que son don artistique devait encore lui jouer des tours.

Elle resta encore un instant interdite devant les paroles et les gestes de Dorian. Elle ne savait plus très bien où se mettre et elle se demandait où était partie son innocence si facile à porter. En règle générale, elle était si peu sérieuse qu’aucune conversation ou relation ne pouvait être gênante. Là, elle se demandait comment réagir, et cela la dérangeait. Elle respira lentement, puis décida d’être honnête, simplement, et de dire les premières choses lui passant par la tête, sans réfléchir, pour ne pas avoir à se prendre la tête. Elle se promit seulement de ne pas rendre la conversation minée… Ce qui serait plutôt difficile si elle ne réfléchissait pas…

« Merci… A vrai dire, je ne peux pas te retourner le compliment, tu sembles exténué et ton pull ne fait que t’assombrir d’avantage. »

Exemple de ce qu’il ne fallait pas dire. Exemple de ce qu’elle venait de se dire qu’il ne fallait pas dire parce que c’était déplacé. Trop tard. Elle fit une petite moue, afin de rendre sa tirade plus acceptable, comme si elle n’aimait pas qu’il soit si sombre, puis, elle posa son regard sur la vitrine que Dorian regardait avant qu’elle n’arrive. Elle remarqua l’agence de voyage, et elle se demanda s’il voulait partir en voyage.

« J’ai l’impression que quelque chose d’autre te manque… »

Elle reposa ses yeux sur lui, ne cherchant pas à avoir une explication, mais lui rendant simplement la douceur qu’il lui avait offerte juste avant. La jeune prof secoua doucement la tête, l’incitant à ne pas lui répondre. Il ne lui devait rien, et elle n’avait pas envie de l’obliger à parler. Elle avait simplement dit cela parce que c’était là, et c’était plus une observation qu’autre chose. En plus, elle n’était pas sûre que tout soit assez claire avec sa propre histoire, et elle avait commencé par ça, alors autant terminer par cela aussi avant d’entamer autre chose.

« Je te prie de m’excuser si j’ai été brusque. Je me suis juste dit qu’il n’y avait pas de raison que cela fasse souffrir quelqu’un d’autre que moi. Ce n’était pas un secret, mais ce n’est pas quelque chose que je dit comme entrée en matière. Cela me paraissait déplacé et je n’en comprenait pas l’importance pour quelqu’un d’autre, toi. Je ne pensais pas que cela puisse bloquer une conversation ou une relation. Je ne veux pas faire souffrir quelqu’un, surtout pour un truc aussi bête. »

La jeune femme secoua de nouveau la tête, avant de prendre un instant pour respirer. Elle détacha ses yeux de Dorian pour les fixer par terre, compta jusqu’à trois dans sa tête, puis releva les yeux vers Dorian. Elle laissa son sourire s’étirer, puisqu’elle avait vidé son sac et qu’elle se sentait mieux. Elle avait encore du mal avec l’ambiance mi-tendue mi-doucereuse mais elle ne s’en formalisa pas. Elle était dans son propre monde, il n’y avait pas de raison que cela change.

« Enfin, je suis heureuse que tu te saches imparfait, c’est fou, je ne pensais pas qu’un jour tu puisses dire cela. Si peu de temps qu’on se connait, et tu avoues déjà ce genre de chose ! »

Et elle rit. Elle voulait que son rire efface la douleur de son cœur, elle voulait que son rire efface la tension qu’elle ne comprenait pas. Elle voulait simplement faire comme si elle n’avait rien sentie de la part de Dorian. Parce qu’elle ne savait pas encore comment réagir à ses gestes doux. Elle n’allait pas fuir, parce que c’était le meilleur moyen de le faire souffrir et de foutre en l’air leur relation, mais elle ne savait pas non plus y faire face correctement. Elle avait déjà tenté d’y répondre, un peu, et cela avait mal tourné. Elle ne savait s’il était sérieux ou s’il était juste en train de s’amuser, sans aucune arrière pensée que le jeu et le plaisir. Elle ne savait pas s’il allait rester aussi doux et tendre ou s’il allait se foutre en rogne comme la dernière fois. Elle ne voulait pas le repousser, mais elle ne voulait pas non plus aller vers lui. Pas encore, pas tout de suite. Elle n’était sûre de rien, bien qu’elle sache que son indécision était le meilleur moyen de le blesser. Elle espérait qu’elle puisse toujours s’expliquer avant que cela tourne au drame.

« Il m’était difficile de continuer sans t’avoir donné une explication. »

Il lui avait dit qu’elle lui manquait, et comme cela faisait un moment qu’elle ne faisait que de penser à lui et à leur problème relationnel, elle lui avait avoué. Ce n’était pas explicite, parce que ce n’était pas explicite dans sa tête non plus. Elle pensait qu’il était normal de se prendre la tête aussi longtemps pour quelqu’un rencontré qu’une seule fois. C’était la logique d’Elena.
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyDim 28 Oct 2012 - 19:47

Cet échange bien particulier qui se déroulait là, entre leurs yeux respectifs, Dorian ne savait pas très bien quelle conclusion il pouvait en tirer. Tout semblait si flou qu'il se perdait inexorablement dans la profondeur des pupilles d'Elena. Son esprit embrouillé l'empêchait de réfléchir calmement et avec logique et chaque question qui commençait à se former dans sa tête, se perdait aussitôt dans une brume épaisse et inquiétante... comme si son corps entier lui dictait de se taire et de se laisser aller à la simple contemplation de cette petite femme sortie de nulle part et vraiment trop... incompréhensible.
Elle était là, puis elle disparaissait. Et d'un coup, elle revenait sans prévenir, balançant une phrase claquante comme si elle était aussi légère qu'une formule de politesse, sachant pourtant très bien qu'en faisant ça, elle partageait son fardeau avec Dorian et qu'elle lui donnait inconsciemment une excuse pour son attitude précédente.

Bref, malgré l'attitude bienveillante qu'il avait eu à son égard à cet instant, parce qu'il avait ressenti de la pitié et de la compassion, il n'oubliait cependant pas qu'elle ne s'était pas comportée convenablement avec lui, et que même s'il avait une bonne partie des torts à son ardoise, elle lui devait plus qu'une phrase aussi morbide comme explication. Le problème relationnel qui s'était immiscé entre eux deux depuis leur première rencontre n'était pas uniquement relié à cette tragédie, il y'avait quelque chose de bien plus profond, une sorte de... secret inavouable. Dorian en connaissait une partie mais il savait bien qu'Elena l'ignorait et qu'il ne pouvait pas décemment lui en faire part tout de suite sous peine de la perdre. Elle se braquerait immédiatement et elle aurait raison. Il fallait attendre, hélas, attendre juste avant le point de non-retour, en espérant qu'il ne serait pas trop tard pour elle. Tout n'était qu'une question de timing et en attendant, Dorian devait se faufiler assez près d'elle pour qu'il soit sa seule porte de sortie quand elle se rendrait compte de ce qui se profilait.

En attendant...

Je ne te savais pas si observatrice, Elena. Heureusement que je ne porte pas de noir, alors... répondit-il cynique, légèrement offusqué par sa franchise malvenue. Elle venait de prendre l'avantage en lui renvoyant en pleine face, sa ténébreuse soirée d'hier. La fatigue lui revint en mémoire et il tourna en même temps qu'elle, les yeux vers l'agence de voyage. Il n'avait pas l'intention de lui dire ce qu'il se passait dans sa tête, ni à elle, ni à personne. Il s'était suffisamment impliqué pour le moment et tout se qui concernait son passé ou ses racines, il le garderait pour lui... jalousement. Ne tire pas de conclusion hâtive, on a pas tous quelque chose à cacher. Il esquissa un sourire tandis qu'il allumait une cigarette en inspirant la première bouffée comme une source de réconfort à laquelle il avait trop longtemps résisté. Il noya un peu le poisson faisant passer l'agence de voyage comme une simple coïncidence. Il venait de renouer un lien fragile avec ce petit bout de femme si exceptionnel et il était hors de question que ses interrogations et ses doutes viennent gâcher ce moment.

Tu dis n'importe quoi, Elena dit-il d'une voix un peu plus froide déjà, tout en plongeant ses yeux dans les siens avec insistance et en retirant la cigarette de sa bouche. En quoi la mort d'un être cher représente-il quelque chose de 'bête' à tes yeux ? Soit tu es toujours aussi mature qu'une enfant, soit tu masques encore tes vraies émotions, et vu le mal que tu as eu à me révéler ce détail de ta vie, je pencherais plus pour la deuxième option.
Il porta de nouveau la cigarette à sa bouche et ses sourcils se froncèrent, il se rendit compte qu'il redevenait acerbe en sa présence. Elle provoquait cet effet chez lui parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de repenser à... ça. Et à tout ce qui s'annonçait, dans un avenir proche. Son insouciance éternelle le rendait fou de rage. Il avait tellement envie de la secouer pour lui faire ouvrir les yeux et la forcer à voir réellement ce qui se passait autour d'elle. Mais il ne le ferait pas... D'abord parce qu'il avait envie qu'elle souffre, malgré lui, malgré qu'il ne comprenait pas d'où venait ce sentiment perverse qui l'animait et aussi parce que si elle s'en rendait compte par elle-même, elle ne lui en tiendrait pas rigueur... admettant qu'elle ignore à jamais qu'il était au courant.

Tu agis comme si tu savais déjà tout de moi, Elena. Tu parles de relation, mais qui a dit qu'il y'en avait une ? C'est parce que je t'ai embrassé ? Allons... nous sommes deux adultes, il n'y a pas matière à crier au loup. Et puis sache que ton fardeau ne m'aurait jamais empêché d'avancer. Après tout, ce n'est pas ma vie.

Il écrasa sa cigarette d'un geste nonchalant, mettant ses mains dans la poche de son jean et jetant par la même occasion, un coup d'oeil à son pull. Il le trouvait chouette lui. Ça lui donnait encore plus envie de le mettre, même s'il avouait au fond de lui-même qu'elle avait vu juste.
Au fond, Dorian n'était qu'un gamin dans un corps d'adulte. Une fierté à fleur de peau qui l'empêchait d'avouer ses vrais sentiments. En l'occurrence, tout ce qu'il venait de dire était quasiment l'inverse de ce qu'il avait réellement pensé. Oui, elle savait quasiment tout de sa personnalité, mais pas de sa vie. Il était bel et bien l'homme froid et dominant qu'elle avait vu la première fois et il n'était qu'un quart de lui-même aujourd'hui, justement parce qu'il s'était dit qu'une relation avec Elena le rendrait plus sûr de lui mais rien ne s'était déroulé comme prévu et ça l'avait, sans hésitation, empêcher d'avancer. Il faisait erreur sur erreur et il ne rencontrait que des personnalités trop ancrées dans leur propre prétention pour pouvoir développer la sienne avec toute l'ardeur qui s'y prêtait. Il avait juste besoin de la blesser un peu pour gonfler son orgueil et se sentir plus fort. Si seulement, elle pouvait comprendre et ne pas écouter ce qui sortait de sa bouche...

J'ai vraiment l'air d'un beau salaud à tes yeux... pourtant, crois-moi, je ne suis sûrement pas celui dont tu devrais le plus te méfier. Tu vas tomber Elena, encore plus bas que tu pensais l'être avec ce qui t'es arrivé. Tu tomberas et peut-être que je serais là pour te rattraper, peut-être pas... Tout dépendait d'elle. S'ils se voyaient une fois tous les 3 mois, il était évident qu'il la laisserait s'écrouler, mais si elle lui prouvait inconsciemment ou non qu'il y'avait une petite place dans sa vie pour qu'il puisse y faire son nid, alors il resterait. Il ne voulait pas qu'elle ressente une envie irrépressible d'être près de lui, pas pour le moment, il voulait juste qu'elle comprenne qu'il pouvait être important pour elle et qu'il était plus agréable de l'avoir près d'elle qu'en face d'elle.

Et qu'est-ce que tu entends par continuer ? Alors quoi, c'était juste une des 10 étapes pour faire ton deuil ? Il se rapprocha d'elle et empoigna ses bras comme pour la secouer. Sur le coup, il avait un peu de mal à se contrôler. Elle était encore beaucoup trop distante avec lui, elle semblait inaccessible et il ressentait qu'elle éprouvait de moins en moins d'intérêt pour lui. Se rendait-elle compte qu'elle faisait partie des personnes qui le mettait dans cet état merdique et déplorable ? Pourquoi es-tu revenue vers moi Elena, après ce qui s'est passé ? Tu te sentais mal ? J'y comprends rien... Il soupira... dépassé. Il la lâcha, espérant de pas lui avoir fait mal. Il passa une main dans ses cheveux, regrettant déjà d'avoir perdu un peu de ce calme légendaire qui faisait un trait de sa personnalité d'antan, puis il releva la tête et esquissa un sourire, se voulant naturel et négligé. Sur le coup, il eut envie de lui dire ce qu'il pensait vraiment, qu'il se sentait pas à sa place, que trop de choses lui échappait et qu'elle venait juste de creuser un énorme fossé entre elle et lui, juste par sa présence. Plus il tentait de l'approcher et plus elle reculait, elle était comme un cauchemar qui ne finissait jamais.
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Elena Aleksandrov
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyVen 23 Nov 2012 - 21:08

Elena n’attendait pas de Dorian qu’il lui dise tout. A vrai dire, elle n’en demandait rien, et elle n’en demanderait jamais rien. Elle n’était pas de celle qui tuerait pour savoir, savoir tout comme ne rien savoir du tout. Elle savait bien que chacun avait des secrets, que chacun avait des pensées intimes et qu’il était parfois bienvenue de garder le silence. Elena n’avait pas besoin, pas envie de savoir. Elle ne connaissait pas assez Dorian pour cela, et même s’il avait été son plus proche ami, elle ne pensait pas avoir le droit, ou le pouvoir d’exiger de lui une transparence totale. Elle n’en avait pas besoin. Elle n’en avait pas envie.

Elle avait envie de lui dire qu’elle n’avait rien à cacher. Elle avait envie de lui dire qu’il se trompait, qu’elle n’avait pas de secret. Bien sûr, ce n’était pas vraiment la vérité, et ce n’était pas non plus un mensonge. Elle n’avait honte de rien dans sa vie, et il n’y a rien qu’elle ne puisse dire. Toutefois, elle n’avait pas forcément envie de parler de tout, et encore moins de dire tout. Il y avait donc des choses qu’elle omettait, plutôt qu’elle les cachait.

Bien sûr, elle ne dit rien. Elle laissa un sourire flotter sur son visage, éludant ainsi l’invective de Dorian. Elle n’avait rien à combattre. Elle ne voyait pas pourquoi elle s’escrimerait à répondre à Dorian. Elle aurait simplement l’air plus faible, plus coupable encore. Et elle ne l’était pas. Et puis, il y avait quelque chose de totalement inutile dans cette pulsion à la réponse. Elena n’avait plus quatre ans, elle n’avait plus le besoin d’avoir toujours le dernier mot, toujours raison. Elle était au dessus de son orgueil, au dessus de cette envie puérile. Elle ne ressentait pas le besoin de s’expliquer. A quoi bon ?

L’odeur de la fumée l’incommoda. Elle fronça les sourcils, avant de prendre un peu de recul. Elle allongea la distance entre elle et Dorian, peut être en prenant cette cigarette comme excuse. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle n’avait rien contre les cigarettes. Ses parents ne fumaient pas, ses amis non plus, ni Kazuo ni sa famille n’avait d’affinités avec. Elle n’avait rien contre les fumeurs. Elle avait voulu sauver un de ses élèves de la drogue, et elle pensait bien que la cigarette en faisait partie. Toutefois, elle ne jugeait pas et elle ne prenait pas de décision à la place des autres. De plus, Dorian était un adulte. Un adulte responsable qui n’avait plus besoin d’une mère. Elle n’allait donc pas de grand discours sur les méfaits du tabac sur le corps. Toutefois, elle n’était pas obligée de subir sa mortelle fumée.

Elena laissa son regard déviait, ne pouvant soutenir le regard de Dorian. Elle n’avait pas voulut annoncer ceci en ce sens. Il n’y avait rien de plus important pour elle que Kazuo, et donc que sa mort. Sa vie s’était tissée autours de cet homme, et elle en serait à jamais bouleversé. Elle n’aurait jamais été aussi loin dans son amour du Japon sans lui. Après tout, si elle était une professeure russe ici, ce n’était pas pour rien, ou par pure hasard. C’était parce qu’elle comptait vivre avec Kazuo au Japon, près de sa famille à lui. Alors ce n’était pas elle qui allait se défaire de ses liens avec.

La jeune femme sentait l’amertume de Dorian, et encore une fois, elle ne savait d’où elle venait. Elle ne comprenait pas pourquoi l’homme réagissait toujours de manière aussi théâtrale. Il ne la fuyait pas, la cherchait même parfois. Pourtant, il ne semblait jamais appréciait son contact ou même sa présence. Elle avait l’impression d’être une gêne, une créature immonde et ignare dont on voudrait se débarrasser. Mais il ne le faisait pas. Il continuait simplement à avoir un visage plus sombre, à être plus distant, plus froid, plus cynique envers elle. Plus le temps passé et plus il s’éloignait. Elena ne comprenait pas. Et bien que jusque là elle s’était accroché, elle n’était pas sûr de rechercher de nouveau la présence de l’infirmier s’il ne lui prouvait pas qu’il l’appréciait. Elena ne supportait pas les sentiments négatifs, et elle cherchait toujours à rendre les situations plus chaleureuses. Mais elle ne voyait pas pourquoi elle chercherait à rester plus longtemps avec une personne qui lui parlait comme à un être détesté et qui ne la regardait pas même comme un être humain. Elle n’était pas masochiste. Elle n’avait pas besoin de ce genre de relation empoisonnée.

La jeune femme fronça les sourcils, et pinça les lèvres. Elle prit les coups en pleine face, ne fermant même pas les yeux sous l’impact. Elle accusa le choc, dardant son regard dans celui de Dorian. Il la blessait, l’écorchant à vif comme si elle n’était qu’une vulgaire poupée de chiffon. Il pensait tout pouvoir faire avec elle, pouvoir la tuer doucement, parce qu’elle semblait douce. Il pensait tout pouvoir se permettre, allant jusqu’à piétiner la gentillesse, la bonté qu’elle lui offrait. L’artiste laissa doucement son cœur se remettre de ces accusations, et elle se releva, même si elle savait qu’elle ne pouvait se permettre de prendre encore ce genre d’injure. Elle ne pouvait pas laisser Dorian faire comme s’il était le Roi. Elle n’était pas une esclave, une enfant, une faible femme, un animal ou elle ne savait quoi dont où pouvait tout obtenir, avec lequel on pouvait tout faire.

« Très bien, je me suis trompée. Je suis désolée que ma vision du monde soit différente de la tienne, Dorian. Mais je n’embrasse pas n’importe qui pour n’importe quelle raison. Je n’agis pas comme tu agis avec n’importe qui. Très bien, j’ai maintenant compris que tu te fichais bien des autres, et qu’à part ta pauvre petite personne, il n’existait rien. Tu accuses les autres de te tromper, de te mentir, tu t’emportes dès qu’on ne semble pas te respecter. Mais es-tu seulement honnête envers toi-même ? Te respectes-tu ? As-tu seulement idée de ce que tu fais ? »

La jeune femme le regarda agir, le petit Prince s’accrochant au moindre de ses gestes futiles et arrogant. La jeune femme n’avait aucune envie d’être méchante, et elle ne voulait pas le blesser. Elle avait beau être dans une position qui la rendait telle une victime, elle avait l’impression que Dorian était le plus à plaindre. Et elle ne savait pas pourquoi.

« Que je tombe ou que je ne tombe pas, je n’ai pas l’impression que cela te concerne. Que tu sois là ou pas, je me demande si je dois m’en faire. Si c’est pour faire face à un gamin arrogant, je préfère être seule. Je n’ai besoin de personne pour me relever, j’ai depuis longtemps fait face à la vie seule. »


Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas comment Dorian faisait pour qu’elle se mette si vite en colère, à la limite de ses émotions. Elle était le plus souvent joyeuse et abordable, et elle pardonnait en profondeur. En face de lui, elle ne pouvait pas faire dans la demi-mesure. Elle acceptait ou n’acceptait pas. Elle devenait presque plus violente que lui, et cela lui faisait peur. Elle avait envie de s’enfuir, de laisser cet homme qui la rabaissait et la blessait. Mais elle avait aussi l’impression de laisser un homme démuni et perdu derrière elle, et elle ne le pouvait pas. Elle était tiraillée entre deux sentiments, et elle ne savait lequel choisir.

Il l’empoigna violemment, et elle eut envie de crier. Elle n’aimait pas que sa liberté soit bridé. Elle n’aimait pas voir ce visage devant elle, changé par des sentiments trop brusque. Il lui faisait presque mal, autant au cœur que par la force de ses bras. Avait-il oubliait qu’il était un homme, un homme plus puissant que la pauvre femme qu’elle était ? Elle n’aimait pas se l’avouer, mais elle ne pouvait pas gagner beaucoup de bras de fer. Elle pariait plus sur sa force mentale que sur sa force physique, et Dorian venait de lui rappelait pourquoi.

Toutefois, elle ne se dégagea pas. Elle avait appris depuis bien longtemps qu’un homme se comportait comme un loup. Un lapin qui bougeait encore dans sa gueule, il fallait serrer plus fort, cela l’excitait. Alors qu’un lapin inerte n’avait pas besoin de plus de force. Et Elena devait bien se l’avouait, elle était un lapin pour le moment.

Elle sentit toute la rage de Dorian, et elle se demanda pourquoi il changeait si souvent d’émotion. Son calme arrogant avait laissé place à une rage débordant de malaise et de fragilité. Il semblait moins impressionnant maintenant.

« Je ne te demande pas de comprendre, Dorian. Parce que tu ne comprendrais pas. J’ai besoin de me faire pardonner, j’ai besoin d’offrir. Toi, tu as besoin de pillé pour te construire. Il n’y a rien à comprendre. De toute façon, la fin restera la même, on se détruira nous même. »

C’était peut être pour ça qu’elle ne pouvait pas le laisser. Ils étaient semblables sur ce point. Elle se tuerait à offrir sans rien recevoir, et il se tuerait en faisant fuir les autres, en piétinant le cœur de ses compagnons. Mais Elena ne regrettait et ne regretterait sans doute jamais son amour pour les humains.

« Et ce n’est pas un jeu. »

Sur ce, elle décida qu’il fallait qu’elle parte avant qu’elle ne soit encore plus blessée. Bien sûr, elle ne voulait pas laisser Dorian ainsi, encore fébrile. Mais elle n’était pas sûre de pouvoir le sauver et se sauver. Elle recula donc encore d’un pas, avant d’esquisser un pauvre sourire. Il fallait qu’elle fuie. Qu’elle fuit maintenant. Avant de changer d’avis.
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyVen 8 Fév 2013 - 3:02

Les mots claquèrent contre sa joue. Aussi loin qu'il se souvienne, jamais Dorian n'avait été aussi choqué et meurtri par de simples mots. Ils auraient pu flotter sur lui comme la plupart des discours moralisateurs et psychologiques qu'il s'était pris depuis qu'il était assez adulte pour imposer sa pensée mais ils ne le firent pas. Les mots ne prirent pas 4 chemins et ils ne tournèrent pas autour du pot pour attirer vers eux un suspens sans fin. Au contraire. Ils se faufilèrent au travers de sa peau, s'injectant directement dans son sang, jusqu'à son coeur. Et là... ils implosèrent.

La douleur fut cinglante. Le visage de Dorian se figea dans une expression d'effroi et de regret non dissimulé.
Elena le blessait.
Jamais il n'aurait cru cette vérité possible et pourtant, elle était arrivée. Le petit bout de femme avait sorti les griffes et elle venait juste de lui faire éclater un miroir sous ses yeux. Elle se comportait exactement comme il venait de le faire avec elle, et c'était odieux. Elle exprimait des vérités, certes, mais qui avait le droit de te dire que telle ou telle chose était bien ou pas. Depuis quand s'était-il perdu à penser contrôler les gens ? Pour qui se prenait-il ? Dieu ? Il était loin d'être parfait, et l'imperfection trouverait sûrement plus sa place auprès de lui désormais.

Le bras était lâché mais Dorian avait encore l'impression de sentir le poignet d'Elena entre ses doigts. Il referma son poing, sentant que son corps commençait à trembler. Il avait perdu pieds, depuis longtemps. Il ne savait pas vraiment où la décadence avait commencé mais ce pays l'avait dévoré... Au fond de ses entrailles, il sentait qu'il avait perdu. Chaque seconde qui passait le tuait un peu plus. Il n'avait pas réussi là où les autres avaient vaincu. Il ne faisait pas le poids, certainement.

Elena était bien plus consciente de la vérité qu'elle ne l'avait laissé paraître. Elle était même en avance sur les choses. Elle savait déjà que la destruction était leur seule issue à tous les deux. Leur seul point commun d'ailleurs. La seule chose qui les liait tous les deux. Etait-ce pour cette raison que Dorian avait jeté son dévolu sur elle dans cette salle des professeurs ? Pourquoi l'avait-il choisi elle, en particulier ? Pourquoi tout avait été si différent de ce qu'il avait imaginé ? Pourquoi Elena était-elle si... unique ? Plus aucun mot négatif ne venait désormais frôler ses pensées ou même ses lèvres lorsqu'il pensait à elle. Elle l'impressionnait. Elle avait pris les rennes, elle le contrôlait désormais même si c'était sûrement loin d'être ce qu'elle aurait voulu.

Dorian sentit ses genoux trembler, il avait presque envie de lâcher prise et de tomber à terre, tête entre les mains pour hurler son désespoir et son chagrin d'être devenu l'homme qu'il était aujourd'hui mais... quelle image donnerait-il de lui s'il faisait ça ? Comment Elena pourrait-elle se reposer sur un homme si faible et destructeur ? Que pouvait-elle espérer de lui ?

Une larme coula sur sa joue, sans qu'il puisse la retenir et sans qu'il cherche à le faire outre mesure. Son coeur se serra à l'instant même où il pensa parler. Les mots n'arrivaient pas à sortir de ses lèvres, et il était terrorisé à l'idée d'en dire trop. Son visage avait conservé cette expression de peine qu'il n'arrivait pas a extérioriser. Malgré lui, il avait sûrement réussi un peu de sa regrettable mission d'antan et il avait blessé Elena. A un tel point qu'elle s'était sentie obligée de lui répondre violemment pour avoir le dessus et pour prouver à Dorian qu'elle n'était peut-être pas si naïve et innocente qu'il semblait la voir.

Il la vit reculer d'un pas. Il sut que s'il ne la retenait pas là, immédiatement, ils ne se reverraient sûrement jamais. Bien sûr, ils se croiseraient dans les couloirs, mais ils seraient désormais des étrangers l'un pour l'autre.
Dorian savait très bien qu'il ne supporterait pas cet échec et que seul un aller simple vers un pays exutoire le libérerait de ce malaise qui l'oppressait. Pourtant... il ne voulait pas partir sur une telle fin. Il y'avait trop de non-dits, trop d'expressions refoulées. Il se devait de se faire pardonner à son tour. Et si c'était ça qu'Elena avait ressenti envers lui ? C'était un sentiment incontrôlable.

Il ferma des yeux, libérant une seconde larme sur sa joue et son poing vint se poser contre sa poitrine, serrant son coeur, tandis qu'il tentait tant bien que mal de sortir de ce mutisme qui l'avait violemment emprisonné.

Elena... murmura-t-il d'une voix si faible qu'il semblait souffrir le martyre. Je... et comme si son corps et son esprit avaient accepté la défaite, il se sentit soudain plus léger, comme libéré. Il releva la tête, doucement, comme s'il avait peur qu'elle soit déjà partie. Ses yeux humides trouvèrent ceux fiers et menaçant d'Elena. Elle était plus belle que jamais à cet instant.

Je suis tellement désolé.

Les mots lui arrachèrent une nouvelle douleur. Lui qui ne s'excusait jamais, il venait juste de mettre genou à terre pour Elena. Il l'avait jugé beaucoup trop hâtivement et n'avait pas pris la peine de comprendre et d'intégrer sa propre personnalité. Il avait voulu lui imposer sa façon de pensée sans chercher à savoir qui elle était. Il avait voulu la rendre sienne, quite à la détruire irrémédiablement, mais il avait lamentablement échoué. Valentine même semblait prêt à rendre les armes face à Elena. Elle semblait le détruire davantage que lui, même si c'était loin d'être son intention.
Pourtant, malgré tout, c'était ce qu'elle venait de faire à Dorian. Si elle pensait lui avoir simplement ouvert les yeux, elle se trompait. Elle venait de le rendre juste plus misérable. Jamais plus il ne pourrait se croire assez important désormais pour se permettre d'imposer une décision. Il était ... modifié.

Sa main quitta son coeur serré pour aller frôler délicatement la peau si blanche de la joue d'Elena. Désormais, elle ressemblait bien plus à une quête ultime dont il ne verrait jamais la fin plutôt qu'à un cauchemar éternel. Elle n'était pas faite pour lui, de toute évidence, rien ne les rapprochait, rien ne les rendaient complices, au contraire ; plus ils se parlaient et plus elle le détestait, mais Dorian ne pouvait se résoudre à la laisser partir. Il fit un pas vers elle, comme pour l'inciter à rester près de lui. Elle était venue vers lui, pour lui donner une raison à son comportement, et il aurait simplement dû l'écouter, et la remercier. Mais il avait fait les choses à sa façon... Atrocement. Il n'était pas cet homme si mauvais. Peu de personnes le savait.

Je ne veux pas que tu t'en ailles. Pas maintenant... pas déjà... Il n'y avait aucune formule de politesse mais cette requête n'était pas un ordre, mais plutôt une supplication. Dorian ne se serait jamais résolu à la supplier ou à lui dire 's'il te plaît' mais ils étaient sous-entendus. Elle n'avait qu'à faire l'effort de les entendre.

Je me suis trompé. Je ne pensais pas que tu avais conscience de ce qui se tramait autour de toi. Pourquoi te laisses-tu faire Elena alors que tu sais toi-même que rien de bien ne t'attend au bout du chemin ? Il parlait là de Valentine, de lui-même, et aussi de sa vie en général. Comment continuer lorsqu'on a perdu l'être aimé ? Comment pouvait-elle encore sourire après l'avoir perdu à jamais ?

Sa main se posa enfin sur la joue d'Elena, dans une douceur qu'il ne se connaissait pas lui-même. Il ne voulait pas l'effrayer mais plutôt lui faire comprendre à quel point il se sentait mal là tout de suite, et qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille.
Son pouce descendit vers ses lèvres, roses, délicates. Elle s'était trompée, sur un seul point. Dorian ne l'avait pas embrassé comme si elle était "n'importe qui". Elle avait été la seule personne avec qui il avait eu un rapport aussi 'intime' depuis son arrivée aussi. Et a aucun moment, il ne regrettait son geste.
Il fit encore un pas vers elle, ils étaient maintenant plus qu'à quelques dizaines de centimètres l'un de l'autre. Dorian était bien plus grand qu'elle, mais il baissait la tête, comme pour mieux la regarder, pas pour mieux la surpasser. Il tenait toujours sa main sur sa joue, et son pouce sur sa lèvre inférieure. Il rapprocha sa tête de la sienne et murmura, comme hypnotisé :

Enlève ce masque de colère que tu portes en ce moment. Je veux revoir la vraie Elena, pas celle que j'ai provoqué.

Et ce fut sûrement la plus belle façon de s'excuser qu'il prononça. Sans s'en douter.
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptySam 1 Juin 2013 - 18:55

Elle le regarda changer doucement. Encore frémissante, elle ne se laissa pas amadouer. Son visage se tordait, mais elle était encore trop en colère pour vraiment le voir. Si elle ne l'avait pas était, le moindre changement d’attitude aurait été aperçu. Mais là, elle essayait simplement de ne pas courir derrière elle, ou de le frapper. Elle essayait simplement de se calmer. Et elle n'était pas sûr d'y arriver totalement. Cela l'effrayait en partie.

Et puis, elle sentit le changement en Dorian. La peine qui le transperçait, les changements d'humeur, de position. Plus de douceur, d'humilité. Il redevenait humain, descendant de son trône cassé. Le roi déchu se mettait enfin à la hauteur de la dame. Bien sûr, elle était encore trop hors d'elle, dans un état qu'elle ne connaissait plus, pour savourer l'ultime atterrissage. Ou pour souffrir avec lui de ces mots qu'elle avait prononcé et qui l'avait blessé. Qui avait tué une partie de lui, le prince sans royaume, sans peuple, sans pouvoir. L'enfant reprenait le dessus, l'adulte enfin revenait. Elle ne savait plus qui était là, mais elle sentait que le calme de Dorian allait déteindre sur elle.

Il s'approcha, murmurant. Elle frissonna. Et pas parce qu'elle avait des envies meurtrières. La voix, le murmure de Dorian glissait sur elle avec douceur. Jamais elle n'avait encore ressentit cela envers lui. C'était comme s'il lui parlait pour la première fois. Encore faible, mais avec tellement de conviction. C'était bien plus agréable que n'importe quelle mélodie. Seulement son prénom, ce je hésitant. Elle n'avait besoin que de cela.

Et puis il s'excusa. Était-elle prête à lui pardonner ? Elle ne le savait pas. Était-ce une erreur de tout de suite l'excuser ? Ou cette deuxième chance serait-elle la dernière, celle qui les sauvera tout les deux ? Ou la pire erreur de sa vie ? Elle n'en savait rien. Son habitude était d'accepter et de sourire. Mais Dorian ne lui permettait pas d'être comme d'habitude. Elle resta alors là, ses yeux dans les siens.

N'était-il pas beau, ainsi, les yeux encore humides ? Et pourtant si bien enfouis dans les siens ? Sa faiblesse était une force. Elle en était sûr. Selon elle c'était ce qu'il y avait de plus beau chez un homme. Chez l'Homme, de manière générale. Pardon ? Elle n'en était toujours pas sûr. Elle ne voulait pas retourner dans une faiblesse qui lui avait déjà compté.

Faiblesse ? Depuis quand pensait-elle ainsi ? Elle secoua la tête intérieurement. La colère la rendait-elle aveugle ? Lui enlevait-elle sa raison et sa logique ? Elle en avait bien peur. Elle ne pouvait prendre de décision dans son état. Elle connaissait bien les répercutions d'une décision hâtive pris dans l'émotion trop forte de la colère. La jeune femme respira du mieux qu'elle put. Elle essaya simplement de penser à autre chose... Elle laissa son cœur reprendre un rythme normal. Enfin, elle essaya. Elle n'arrivait pas à être aussi calme que d'habitude. Elle était stressée, un peu.

La jeune femme garda ses yeux dans ceux de Dorian. Devait-elle réellement répondre ? Que répondre à cela ? C'est vrai, elle était remarquable, dans un sens. On aurait dit une poupée de glace, hein ? A sourire alors que sa vie avait basculé... Mais elle était bien trop chaleureuse, bien trop vraie. Elle avait repris sa vie comme elle le pouvait, difficilement au début, et puis elle avait trouvé sa méthode, son mode de vie. Mais tout cela n'était qu'un mensonge. Elle vivait encore avec l'ombre de son amour derrière elle, lui pesant sur les épaules. Elle n'était pas vraiment cette sainte adorable et pleine de vie. Elle avait aussi cette part sombre en elle. Et elle ne voulait pas l'avouer.

Alors, doucement elle prit la parole. Elle bloqua la main de Dorian par la sienne, qui était étonnamment froide. Elle murmurait elle aussi, sans doute pour garder ce cocon qu'il venait de créer de sa propre initiative. Ils étaient tout les deux là, au milieu du trottoir, et pourtant rien n'existait pour Elena, il n'y avait que cette main sur sa joue, ces yeux dans les siens et l'atmosphère plus ou moins mélancolique.

« Rien de bien ? Mais je n'attends rien. Je vis ma vie comme je l'entends. Et puis, il aurait voulut que je reste ainsi. Il n'aurait pas aimé... »

Elena baissa les yeux, respira profondément, et puis continua.

« Il n'aurait pas aimé que j'arrête de sourire. Que j'arrête de vivre. Et je comprends cela, parce que je pense la même chose. »

Parce que pour chacun d'eux, l'autre était plus important. Aucun des deux n'étaient amateurs des tragédies romantiques tel Roméo et Juliette. Parce que la vie de l'autre importait plus que tout. Alors, pour respecter l'amour de Kazuo, Elena avait décidé de vivre, vivre le plus pleinement possible. C'était grâce à ses parents à lui, surtout. Sinon elle n'aurait été qu'une vieille fille pleurant encore l'être le plus cher que cette terre ai porté à ce jour.

Doucement, elle s'était calmé, laissant simplement s'épanouir de nouveau le sourire qui était le sien. Elle ne savait pas comment tout cela allait se terminer. Elle ne savait pas si Dorian allait encore faire un volte face, allait briser tout ce qu'ils venaient de construire sur l'instant. Elle ne savait pas si, plus tard, il essayerait encore de la briser. Mais elle était sûr d'une chose. C'est qu'à cet instant, il lui avait montré qui il était vraiment, et qu'elle était plus forte que lui. A leur niveau actuel, elle était trop forte pour lui. Elle s'échapperait toujours de son joug.

Elle ne savait si cela allait continuer ainsi dans le futur. Si un jour il allait pouvoir la détruire. Elle ne savait pas s'il le voulait, maintenant, ou s'il le voudrait, plus tard. Elle ne savait pas si elle allait s'affaiblir avec le temps, si elle allait aveuglement le suivre, si elle allait au contraire devenir plus forte, aller de l'avant et battre cette ombre en elle. Elle ne savait rien de tout cela.

Et cela aurait pu être effrayant, c'est vrai. Mais on parlait là d'Elena, et ce n'était pas de cela qu'elle avait peur. Elle n'avait pas peur de se faire de nouveau blesser. Pas comme ça. Elle n'avait pas peur de redonner une chance à un être humain. Elle n'avait pas peur de lui. Et elle n'avait pas peur du futur. Plus peur.

C'est vrai, on lui avait dit qu'en misant tout sur une seule personne, le jour où elle allait disparaître elle serait anéantie. Mais elle avait survécu, et elle se relevait encore aujourd'hui. C'est vrai, on lui avait dit qu'après cette épreuve elle aurait toujours peur de perdre ses proches. Mais toutes personnes confrontées une foie à la mort est ainsi. Elle prend conscience de la vie. Mais ce n'était pas en rejetant les autres, en se coupant du monde qu'elle allait régler les choses. Elle pouvait très bien perdre sa mère, son père, sa sœur, l'un de ses élèves, collègues, amis... A tout moment. Et cela ne devait pas l'arrêter. Elle devait continuer de vivre. Parce que c'est ainsi pour tout le monde. Et qu'en refusant tout contact, on gaspille la vie, on passe à côté de trop de chose. A quoi bon vivre reclus cent ans quand on peur vivre éternellement au côté de ceux qu'on aime ? La mémoire du cœur est la plus belle des mémoires. Elena en était certaine. Maintenant.

« C'était la mort ou la vie. Et la vie est bien plus importante. »
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MessageSujet: Re: L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian]   L'arme du destin ou larme du destin ? [Dorian] EmptyDim 3 Nov 2013 - 1:41

Si Dorian avait su en posant ses lèvres de façon si indélicate sur celle de cette jeune femme épanouie malgré tout qui se trouvait devant lui, qu'il se serait trouvé dans cette situation d'homme faible et détrôné aujourd'hui... le ferait-il encore ? Assurément que non. Cette femme, aussi douce soit-elle était inconsciemment la plus grande manipulatrice qui lui ait été donné de découvrir. Depuis quand une petite poupée en porcelaine trouvait-elle autant de force à être aussi invisible et vulnérable qu'agressive et vénéneuse l'instant d'après ? Et c'était lui qu'on traitait de connard lunatique ? L'hôpital qui se fout de la charité.

Dorian reconnaissait qu'elle avait mit les pieds dans le plat au bon moment, qu'il avait été trop loin, toujours et qu'il l'avait prise pour ce qu'elle n'était pas, mais elle n'avait pas le droit de le traiter de cette façon pour autant. Un homme reste un homme, et une femme reste une femme. Il ne supporterait pas cette facilité qu'elle avait à asseoir sa supériorité en s'insinuant dans la moindre des faiblesses qu'il laisserait transparaître au fil des jours à ses côtés. Elle finirait par le détruire, bien plus qu'il ne la détruirait lui. Était-ce donc cela qu'avait fui Valentine plutôt ? N'avait-il pas été plus malin que lui en comprenant dès le début que c'était elle qui était nocive parmi eux ?
Dorian ne se sentait peut-être pas à l'aise encore dans cette nouvelle vie qu'il avait lui-même provoqué mais alors qu'elle tenait doucement sa main dans la sienne, il saisissait enfin la puissance de sa naïveté. Elle n'était pas sa solution. Et il était loin d'être celui qui aurait mené la danse. Contrairement aux apparences.

Saoulé des apparences, saoulé des non-dits et des pensées faussement positives envers les défunts, Dorian esquissa un léger mouvement de recul. Il n'était pas dans une bonne passe et la noirceur de l'âme attirante d'Elena ressemblait de plus en plus à un immense gouffre sans fin dans lequel il se perdrait encore plus.
Un pas en arrière, puis un autre. Furtivement. Comme un prisonnier sur le point de s'échapper. Dorian lâchait l'affaire. Il renonçait.
Sa main quitta la joue de la belle et retourna rejoindre la chaleur de la poche de son jean. Il détourna également le regard d'elle, comme pour éradiquer définitivement cette irrésistible envie de la serrer si fort dans ses bras trop fragiles encore pour supporter tant de défiance. Plus les minutes s'écoulaient et plus Elena ressemblait à une mante religieuse à ses yeux. Son courage, sa force de caractère s'entrechoquaient avec cette douceur et cette faiblesse qu'elle affichait sur son visage torturé et si distant. Inaccessible.

Dorian ne considérait pas cette manche comme perdue. Mais c'était bien là son problème, c'était qu'il voyait toujours tout comme un défi. Chaque situation était un ramassis d'obstacles qu'il devait franchir et non pas des étapes à une vie meilleure. Aucune relation amoureuse, aussi complexe soit-elle ne lui apportait de satisfaction. Il aurait aimé être homme qui se complaît dans les relations exclusivement charnelles mais quand il s'impliquait, il désirait toujours plus sans pour autant franchir ses propres limites personnes. Il aurait aimé tombé sur une petite rare délicate, forte et courageuse mais tendrement soumise, prête à subir ses caprices d'adulte imparfait, compréhensive et capable de savoir quand rester discrète ou quand montrer les griffes pour calmer l'homme machiste. Ne cherchait-il pas plutôt une mère dans cette histoire ?
Cette révélation le fit froncer les sourcils... Et si ce n'était que ça ?

Il porta une main à sa bouche. Pendant tout ce temps, toute cette absence, cette garce lui pourrissait encore la vie ? Elle n'avait jamais été là pour lui, mais le fait de la savoir vivante quelque part en ce monde rendait la situation désespérante. Il avait fui à cause d'elle mais elle était encore responsable aujourd'hui de cette impuissance qu'il ressentait. Il n'arrivait pas à se trouver, il ne pouvait pas se construire. Il était froid, invivable, distant avec ses élèves au point de terrifier les nouveaux qui ne voulaient pas aller à l'infirmerie sans être accompagnés d'un surveillant. C'était quoi cette éducation de merde ?

Inconsciemment, il avait salement zappé Elena depuis cette illumination. Il venait de tout comprendre. Il reprit alors le contrôle de lui-même et cessa de s'apitoyer sur son sort. Il coupa court à cet élan de tendresse et de semi-complicité qui s'était installé temporairement entre eux et toussota comme pour tout arrêter. Il ne pâtirait pas de ce genre de relations. Jamais. Aucune femme ne le rendrait plus misérable encore. Son regard retrouva une nouvelle étincelle. Comme un regain de confiance. C'était fini.

- Bonne chance Elena.

Ce fut tout. Il ne s'expliqua pas. Les mots avaient toujours été trop peu nombreux et précis entre eux et ils avaient délibérément appris à lire entre les lignes. Alors il la laissait lire entre celles-là. Peut-être qu'elle ne comprendrait pas, peut-être qu'il avait prit la mauvaise décision et qu'il aurait dû être patient pour laisser une chance à cet être éphémère et indéfinissable qu'elle représentait à ses yeux. Peut-être pas.Il ne regretterait pas son choix. Dorian n'est pas ce genre d'homme.

Il se retourna lentement, il oublia la raison de sa présence en ces lieux et la rencontre qu'il y fit. Il oublia cette conversation et surtout cette passade de faiblesse qui l'avait envahie. Il oublia ce défi qu'il s'était lui-même imposé avec Valentine. Il lui la laissait volontiers s'il voulait encore d'elle. Il avait autre chose à faire.
Ses pas l'éloignèrent d'Elena, encore et toujours un peu plus.

Lorsqu'il tomba sur elle dans les couloirs de l'Académie quelques jours plus tard, Dorian se contenta de la saluer d'un hochement de tête, comme si entre eux, rien n'avait jamais existé, comme si elle n'était qu'une collègue de travail parmi tant d'autres. Malgré cette fragrance si délicate qu'elle portait et sa longue chevelure dorée, Dorian passa son chemin. Une page était tournée...
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