Sous les nuages en coton ... (PV Louise Nicolaï)

Alisson savait bien par quel chemin passer, elle connaissait bien les jardins, mais ... Pas cette fois-ci. C'était incroyablement frustrant pour elle. Elle qui n'était pas pour autant nouvelle dans le pensionnat !
Seul les oiseaux chantaient, aucun autre bruit ne venait percer ce soi-disant "silence". Le soleil était maintenant à moitié caché sous les doux nuages en coton grisâtres. C'était bien beau tout ça, mais ça ne lui disait toujours pas comment retrouver son chemin.
Elle titubait, zigzaguant de droite à gauche, regardant autours de soi. Ils sont énormes, ces jardins ! Les dernières feuilles mortes craquelaient sous son poids. Et cette odeur, cette délicieuse odeur sucrée de roses envahissait les narines de Alisson. Maintenant, le doux bruit du vent accompagnait les chants des oiseaux. La jeune fille mis alors son manteau, qu'elle gardait dans son sac.
Ploc, ploc ! Et voilà qu'il se mit à pleuvoir. Quelle poisse ! En plus elle n'avait même pas de capuche.
Elle s'abrita donc sous un arbre qui semblait être assez solide. Elle sortit un cahier. Son cahier. Pour être encore plus précise, son cahier de poésie.
Même en pleine apocalipse, elle pourrait écrire là-dedans !

Une pluie si accueillante,
Tombant goutte par goutte,
Elle qui naît des nuages,
Ces cotons grisâtres,
Voyageant dans le ciel

Elle n'était pas forcément très forte, en poésie, mais ça l'amusait... Donc pourquoi ne pas en profiter ?
Après que la pluie se soit calmée, elle se releva et continua sa recherche. La recherche d'une sortie, bien évidemment.
Elle passait différents plants, des Lys, des Roses, des Tulipes, des Magnolia.. Bref, c'était la paradis des fleurs, ici ! Même le jardin de sa grand mère n'égalait pas celui-ci. Les plantes étaient variées, rangées précisément selon leur couleurs.
Ca donnait à peu près ça: blanc, jaune pâle, jaune, orangé-jaune, orange, rouge-rose, rouge, violet, bleu.

Donc, elle continua sa marche, veillant toujours à ne pas marcher dans de la boue, quand soudain...
BAM !
Et elle se retrouva par terre (misère, après la pluie vient la boue, bien évidemment ...C'est la journée de la poisse, ou quoi ?)
Mais pas qu'elle, une autre personne s'était retrouvée par terre...
Alisson prit le temps de contempler la personne. C'était une jeune fille d'à peu près son âge. Une jolie rousse aux yeux verts. Son visage était parsemé de petites tâches de rousseur. Alisson se releva aussi vite qu'elle le pu, et tendit la main à la jeune fille.

- Mince ... Je suis désolée ! Je ne regardais pas devant moi, et puis c'est la boue qui est glissante, et puis je me suis perdue. Tu vas bien ? Je ne t'ai pas fait mal ?

Se rendant compte qu'elle parlait trop, elle se tût sur le coup. Ma foi, Alisson n'est pas de nature très bavarde, mais voilà, la politesse, c'est comme ça.

Ce matin-là, Louise était sortie de sa chambre plus motivée que jamais. Elle s’était promise de faire tout le tour de sa nouvelle école jusqu’à la connaitre entièrement par cœur. Elle avait d’abord commencé par l’intérieur du bâtiment puis c’était promis de profiter du beau soleil qui illuminait les jardins un peu plus tard. C’était dans cette optique qu’elle avait chaussé ses docs martens bleu marine et c’était précipité hors de son cocon. Elle s ‘était rendu compte au bout de 5 minutes passées dans les couloirs de Keimoo, que l’extérieur semblait vraiment plus attrayant. Elle sortit donc. Les jardins Keimoosiens étaient magnifiques il fallait être réellement aveugles pour ne pas le voir. Louise vagabondait entre les allées de tulipes rouges, de roses blanches et quelques lilas çà et là. Bien évidemment elle n’était pas sortie sans ses écouteurs et profitaient du fait qu’il n’y est personne pour fredonner l’air des chansons qui défilaient au fur et à mesure. Elle leva les yeux et constata que plusieurs nuages gris s’amoncelaient au-dessus de sa tête. Elle grimaça ce ciel gris ne lui annonçait rien qui vaille, mais une simple pluie était-elle en mesure de faire reculer cette volonté d’acier que Louise venait de développer ? Quelques gouttes de pluie ne la feraient certainement pas reculer. Elle profitait de la luminosité pour marquer dans son esprit ses jardins colorés à leur avantage. Elle avançait d’un pas lent et léger. Louise croisa un papillon de couleur orangée avec 4 points noirs sur chacune de ses « demi-ailes » comme elle les appelait. Il était beau et n’avait pas manqué d’attirer l’attention de la jeune fille rêveuse. Et sans qu’elle sache pourquoi, elle s’était mise à le suivre fascinée par la grâce de la petite bête. A vrai dire elle n’était absolument pas préoccupée. Son intégration au sein de l’établissement se faisait petit à petit. Elle ne s’y sentait pas parfaitement à son aise mais n’était-ce pas pour y remédier qu’elle était sortie par cette belle matinée. Louise tourna la tête pour vérifier qu’elle était bien toute seule ce n’était pas qu’elle se sentait particulièrement d’humeur solitaire mais si quelqu’un la surprenait à chanter (faux) elle en était sure, elle ne s’en remettrait peut-être pas de sitôt. De toute façon, ils pouvaient bien la surprendre en fait…
Louise aimait à sentir les rayons du soleil chaud sur sa peau. Malheureusement ce plaisir n’était qu’éphémère. Déjà quelques gouttes de pluies venaient obscurcir le ciel. Deux solutions s’offraient à elle rebrousser chemin et retourner au chaud et à l’abri ou alors… Continuer sa petite promenade comme dans cette chanson des années 50 que sa mère lui avait fait découvrir. « Just walking in the rain » Elle ne savait plus très bien de quoi la chanson parlait mais vu le titre qui était assez équivoque il n’y avait pas trop à réfléchir… Et puis tout ce qu’elle risquait c’était un gros rhume et des vêtements trempés. Elle s’avança donc encore plus dans les jardins. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle ne se rappelait plus le chemin qu’elle avait emprunté. Mais dans tous les cas elle finirait bien par le retrouver non ?! Louise se dit que finalement ce n’avait pas été le bon jour pour mettre un short. Mais c’était elle qui s’était embarquée dans cette histoire et personne d’autre… Alors s’il y’avait quelqu’un à qui s’en prendre, c’était bien elle. Louise avait manqué à maintes reprises de glisser dans la boue mais jusqu’à présent elle s’était rattrapée in extremis à une branche d’arbre ou encore en retrouvant son équilibre. Il se pouvait bien que cette fois elle est manqué de chance car en un claquement de doigts après un gros choc louise s’était retrouvée dans la boue. Les yeux fermés elle se maudissait intérieurement d’avoir joué à la fille rebelle qui gambade sous la pluie alors qu’elle connait bien les risques. Elle resta immobile l’espace de 2 secondes. Sondant les dégâts qu’elle s’était affligée. Rien. Elle n’avait absolument rien. La jeune fille commença à se poser des questions sur ce qu’elle avait cogné. Trop moue pour être un arbre c’était sûr. Alors… Qu’est-ce que c’était ? Louise ouvrit les yeux lentement les fermants relativement souvent pour éviter les gouttes de pluie situées sur un arbre qui tentaient de pénétrer dans ses yeux. Devant elle se tenait une fille à la peau extrêmement clair, et avec de long cheveux noirs. Ses grands yeux verts fixaient la jouvencelle d’un air d’excuse. D’ailleurs ses paroles vinrent confirmer ce que Louise lisaient sur son visage. Elle en put réprimer un sourire. Pris la main tendue de la jeune inconnue et sans se départir de son sourire, elle se releva.

-C’est pas bien grave et puis c’est autant de ma faute que de la tienne. De toute façon, je n’ai rien! Par contre on ferait mieux de se mettre à l’abri d’une éventuelle glissade qui pourrait nous couter plus chère à toutes les deux. Tu ne penses pas?

Louise lui lança un grand sourire puis se passa une main dans les cheveux. Ils étaient plein de boue évidemment. Elle grimaça avant d’agiter sa main derrière son dos elle glissa sa main propre dans sa poche afin d’en sortir un mouchoir pour s’essuyer la main. Elle n’osait même pas imaginer à quoi elle ressemblait. Elle était entièrement trempée pleine de boue et son visage ne devait surement pas faire rêver !

-C’est pas bien grave et puis c’est autant de ma faute que de la tienne. De toute façon, je n’ai rien! Par contre on ferait mieux de se mettre à l’abri d’une éventuelle glissade qui pourrait nous couter plus chère à toutes les deux. Tu ne penses pas?

La pluie était maintenant plus forte, les éclairs illuminant le ciel, même sans qu'il pleuve. Même un chien n'aurait pas supporté de rester dehors par un temps pareil. La jeune étudiante avait les cheveux pleins de boue, la pauvre ! Ce n'était pas de ça faute si la pluie avait décidé de montrer le bout de son nez maintenant, tout de même, pourquoi recevoir une telle punition ? Enfin bref, Alisson se fit une sorte de parapluie avec un journal qu'elle avait prit en dehors du pensionnat, et invita la jeune fille à s'abriter dans une serre. Euh, pourquoi une serre me direz -vous ? Il fait chaud dedans et puis de toute façon Alisson ne savait pas par que chemin passer pour retourner à la grande porte menant au hall. Et elle ne croyait pas que le fille savait aussi.

Maintenant dans la serre, elle remarqua qu'un épais filet de brouillard s'était installé à l'extèrieur, heureusement qu'elles étaient abrités dans la serre.

- Tu ne connait pas le chemin ? J'ai beau connaitre le pensionnat comme ma poche, aujourd'hui j'ai un peu de mal à retrouver mon chemin.

Elle s'étira doucement en regardant à travers les vitres. Son reflet était juste abominable: ses cheveux ébouriffés lui faisaient peur à elle même ... Elle les coiffa avec ses doigts, attendant une réponse.

Saleté de temps pourri. Trempée, jusqu’aux os et frigorifiée, Louise c’était réfugiée avec joie sous le parapluie rudimentaire de la jolie brune qui était à ce côté. Elle l’avait suivi en vrai mouton qu’elle était. Les deux jeunes femmes c’était retrouvée dans la serre, à l’abri de toutes éventuelles gouttes d’eaux capables d’empirer leurs états respectifs. Louise c’était ainsi retrouvée dans la serre où il faisait un temps incroyablement lourd. Elle avait été tentée de sortir ses cigarettes mais seul son briquet avait été sorti dans cet endroit déjà étouffant. Elle se laissa glisser contre une des parois en verres de la serre. A côté de la jeune femme élancée qui l’avait conduite là. Dehors le temps était d’un gris déprimant le vent agitait les arbres et parfois le ciel s’illuminait le temps d’un éclair, une lueur d’espoir. L’orage passerait c’était sûr, mais pour l’instant les deux jeunes filles resteraient surement ici un bon moment. Et c’est en arrivant à cette conclusion que Louise remarqua qu’on voyait désormais très peu l’extérieur à cause d’un brouillard qui prenait possession de ce magnifique jardin, tout cela la confortait dans son idée. Si seulement elle avait connu le chemin à emprunter pour retourner vers le bâtiment principal de l’académie ! Faute de ce brouillard, l'endroit prenait un aspect lugubre. A en croire les vieux fims d'horreurs qu'adoraient la jeune fille. Elle se situaient dans une incroyable situation. De jeunes filles dans une serre, isolées et loin de tout. De quoi attirer n'importe quel malade mental. Et si cette idée faisait naitre la chair de poule sur l'échine de la rouquine, elle decida de changer d'idée et le plus vite possible. Ce fut pourtant d'un air plutot sinistre sans le vouloir que Louise parla.

-J’adorerais le connaître, malheureusement, on est coincées là pour un bon bout de temps !

Louise désigna l’extérieur d’un geste de la tête et poussa un profond soupir. Elle était à la recherche d’une quelconque occupation lorsque son regard s’attarda sur son reflet dans la vitre puis sur celui de sa compagne. La rouquine avait les cheveux ruisselant d'eau et était pleine de boue. Jamais ô grand jamais elle ne s'était trouvé si laide et pour autant il lui reste son charme qui consistait en cet instant à tout prendre "à la rigolade". Lorsqu'elle s'attarda sur la jeune brune, Louise put se réjouir de pas être la seule à profiter de cet air négligé que vous offre la pluie. Elle ne put s’empêcher d’éclater de rire tant elles étaient toutes deux, dans un état presque aussi lamentable l’une que l’autre.

-Désolée, mais faut vraiment qu’on fasse quelque chose pour nos têtes dès qu’on sera sorti de là. Elle lui fit un grand sourire. Louise Nicolaï.

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