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 Un dîner presque parfait //SbaM//

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MessageSujet: Un dîner presque parfait //SbaM//   Un dîner presque parfait //SbaM// EmptySam 30 Juil 2011 - 16:25

J’étais donc parti à mon tour, quittant ainsi le toit de l’université. Si l’autre n’avait rien à faire pour ce soir, mis à part ces trucs qui n’avaient rien à voir avec moi, moi j’avais un dîner à préparer… et ma tenue à changer. Mais ça, c’était une autre histoire. Je rentrai directement chez moi, afin de vérifier si j’avais tout ce qu’il fallait pour deux personnes. Je constatai, une fois dans mon appartement, que je n’avais pratiquement plus rien. Je vérifiai alors l’heure sur mon téléphone portable en poussant un soupir de soulagement : il n’était que dix-sept heures. J’avais largement le temps de faire des courses pour ce soir, je n’allais pas m’embêter à faire les courses de la semaine. Comme le jeune homme roux ne m’avait laissé aucun indice sur ses goûts culinaires, si je ne me trompais pas de terme, j’allais faire des papillotes de poulet à l’italienne. Je n’en avais pas mangé depuis un bout de temps, tant pis s’il n’aimait pas ça. C’était certes une recette quelque peu compliqué, mais rien n’était dur pour un cordon bleu comme moi. S’il y avait un domaine qui me plaisait et qui ne me posait aucun problème, c’était bien la cuisine. Je n’aurais pas choisi de devenir styliste, je serais devenu un excellent cuisinier… enfin, c’était surtout la cuisine italienne qui me bottait, le reste… c’était à voir. Je n’avais pas mal d’ingrédients à acheter, bien que je doutai tout utiliser. Je ne suivais jamais les recettes à la lettre, je faisais toujours à ma façon à moi. C’est ainsi que je pris quatre blancs de poulet, deux boules de mozzarella, quatre tomates, de l’ail ainsi que deux oignons et pour finir, la sauce de soja. Il me restait de l’huile d’olive, du vin blanc et trois citrons chez moi, en plus de deux ou trois autres ingrédients, et c’était exactement ce qu’il me fallait. Une demi-heure plus tard, j’étais de nouveau dans mon appartement. Je me remémorai les paroles de l’autre : rendez-vous devant la fac ce soir à dix-neuf heures, ne soit pas en retard. Comme si c’était mon genre d’être en retard…
Bref.
J’avais le temps de préparer le dîner. Je pouvais tout laisser à cuire, sans que ça brûle, avant qu’il soit l’heure d’aller au rencard. Mes trois félins savaient pertinemment qu’il ne fallait pas entrer dans la cuisine, sous peine de finir dans le four. C’était faux, je les aimais trop pour leur faire du mal, mais ils se doutaient bien que ça allait très mal se passer s’ils osaient toucher à la bouffe. Je préférai refermer la porte de la cuisine, alors qu’il était dix-huit heures quarante, avant de sortir. J’étais sûr de moi : le dîner ne craignait rien, je pouvais rejoindre le jeune homme roux en toute tranquillité. Et, j’arrivai en avance devant la fac puisque l’autre n’était pas encore là.

J’avais omis un détail : je m’étais changé. Étonnant, n’est-ce pas ? J’ai trouvé, dans l’armoire de ma chambre, un jean noir assez moulant mais large au niveau des mollets, avec des chaînes couleur argent, un T-shirt sans manche de la même couleur que les chaînes et une chemise noire. Et puis, il y avait ces shoes que j’avais trouvé, des Doc Martens. Je ne sais pas comment elles ont atterrit dans mon armoire, c’était sûrement l’une des paires de mon frère jumeau. Si ce n’était pas formidable ça.
Bref.
Je n’attendis pas longtemps, puisque cinq minutes plus tard, je repéra le rouquin qui se dirigeai vers moi. J’étais en train de fumer une clope en attendant son arrivée, et lorsqu’il fut à portée de voix, je dis simplement :

- Tu es en retard… ou pile à l’heure. Ça fait cinq minutes que je suis là.

Je rajouta, après quelques secondes de silence :

- T’es prêt ? On a juste le temps d’aller chez moi avant que le dîner ne brûle.

C’était faux, la bouffe sera prête dans un peu moins d’une demi-heure, mais l’autre n’en savait rien. La clope entre mes lèvres, je pris la direction de mon appartement, sans me préoccuper du jeune homme roux. Il devait tenir à ce dîner, il était donc bien obligé de me suivre. Je n’avais même pas attendu sa réponse ou ses commentaires sur ma tenue, je marchais d’une démarche féline jusqu’au pied de mon immeuble. Lorsque nous fûmes devant la porte de mon appartement, je me retournai brusquement pour lui dire :

- J’espère que tu n’es allergique aux poils de chat, j’en ai trois. Si ça peut te rassurer, l’appart’ est assez grand pour les éviter…

Ou pas. J’avais à peine ouvert la porte que trois boules de poils se frottèrent dans mes jambes, en évitant soigneusement le rouquin. Bizarre, bizarre. J’entrai le premier à l’intérieur, suivit de Sangy, Luffy et Zorro, puis l’autre entra à son tour. Je refermai la porte à clé en disant :

- Fais comme chez toi.

Puis, j’allais dans la cuisine, où une bonne odeur de poulet flottait dans l’air. Dès que j’avais ouvert la porte de mon appartement, il y avait eu cette odeur. Elle n’était pas du tout désagréable, ça donnait juste faim. Il restait encore quelques minutes de cuisson, je pu donc rejoindre le jeune homme roux pour lui demander :

- Tu veux boire quelque chose ?

Je ne lui énuméra pas ce que j’avais, s’il désirait encore me tester, il n’avait qu’à me demander, et avec un peu de chance, je lui servirais la boisson voulue…
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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait //SbaM//   Un dîner presque parfait //SbaM// EmptyMer 3 Aoû 2011 - 1:29

Il éteignit rapidement sa cigarette en voyant l’autre lui parler en utilisant toujours ces expressions toutes plus bizarres les unes que les autres. Oui, il le trouvait un peu étrange, un peu curieux, suffisamment sans doute pour le faire venir chez lui mais sans doute pas pour plus. Il était rare qu’il puisse voir les gens comme des personnes à éventuellement revoir. D’une certaine façon, il le trouvait un peu distrayant, pas exactement commun. Néanmoins tout en ayant un écart évident entre le reste de la population et lui, il possédait une forme de normalité plutôt inexplicable en vérité. Il lui parlait du dîner du peu qu’il était. Machinalement, il le suivit sans répondre plus. Il se contentait de regarder la silhouette qui marchait devant lui, observant un certain effort vestimentaire quand lui-même avait pu revêtir les vêtements qu’il appréciait et non ces habits communs qu’il ne supportait que par obligation. Ainsi, il portait un jean slim noir avec des bretelles qui pendaient le long de ses hanches. En haut, un perfecto noir recouvrait son tshirt blanc. Ses piercings remis là où ils devraient toujours être. Cela le déprimait un peu de ne pas pouvoir se vêtir comme il l’aurait voulu tous les jours mais ne pouvant se permettre de faire de vagues, il devait faire profil bas.

Encore heureux qu’il ne fut pas allergique vu les trois boules de poils qui se promenaient près de lui. Curieusement, les bestioles avaient du comprendre qu’il ne fallait pas se frotter à son nouveau pantalon pour lui dire bonjour parce qu’aucun n’eut la folie de s’en approcher. Evan ne détestait pas les animaux, il aimait même beaucoup les chats. Toutefois, il ne supportait pas l’idée qu’on puisse abîmer ses affaires gratuitement en plus. Le roux détailla la pièce un court instant avant de s’approcher du canapé l’effleurant le trouvant relativement doux au toucher. Il fit rapidement le tour de la pièce. Bien sûr qu’il allait faire comme chez lui, il n’allait pas en plus se gêner. Après tout, il était l’invité. Un sans gène, Evan ? Mais non, mais non, enfin quasiment pas. L’odeur reconnaissable du poulet embaumait l’air et lui donnait envie de découvrir ce qu’il avait à manger. En vérité, c’était la première fois depuis ses douze ans peut être que quelqu’un lui cuisinait à manger. En général, c’était lui qui s’occupait de tout et depuis si longtemps que même lorsque son père avait arrêté de boire, il avait continué. Parfois, il se demandait même comment ce dernier s’en sortait sans lui. Après tout, il se retrouvait complètement seul. Toutefois, ce n’était pas un hasard non plus si le roux avait décidé de s’exiler aussi loin. Il désirait oublier, tout simplement tourner une page sur ce passé qui le suivait. Toutes ces souffrances qu’il avait la sensation d’avoir vécu trop jeune et trop violemment toutes ces épreuves sans vraiment comprendre en quoi il le méritait tout simplement. Pour une fois, qu’il pouvait se faire servir en profitant un peu de l’hospitalité servi par une personne pas totalement désagréable, il n’allait pas en plus se plaindre.

La question lui vint naturellement : allait-il tenter de coucher avec lui ce soir ? Ce n’était pas rare chez lui de se poser cette question. En vérité lorsqu’il voyait une personne qui pouvait physiquement lui plaire, il pesait le pour et le contre de passer une nuit avec lui. C’était plus un automatisme qu’autre chose. En tous les cas, il lui semblait plutôt intéressant dans un certain sens, du moins pour le côté physique. Toutefois, il avait curieusement du mal à les imaginer. En général, cela était assez significatif du fait que coucher avec n’était pas une bonne idée. Cela ne lui était même pas venu à l’idée que l’autre pouvait refuser. Evan partait du principe qu’il obtenait toujours tout ce qu’il voulait lorsqu’il le voulait. De plus, il était doté d’une volonté à toutes épreuves. Pas le genre à renoncer pour si peu, curieusement une sensation étrange le tiraillait. Il n’aurait pas su exactement ce que c’était mais visiblement cela s’apparentait à une forme de sympathie. Ce qui était étrange vu leur première rencontre mais également les quelques escarmouches qu’ils avaient échangés. Il décida finalement qu’il était peut être temps de répondre à la fameuse question qu’on lui avait posé. Le jeune garçon appréciait les alcools forts pas nécessairement sans goût mais du genre à vous remuer l’estomac. Les sensations qu’il éprouvait lorsqu’il en prenait, l’amusait.

- Je prendrais bien du saké si tu en as.

Toutefois, il fallait savoir que le jeune garçon n’appréciait qu’un seul type de sake et c’était évidemment dans les plus chers. Bien sûr, le jeune roux supposait que quitte à prendre une cuite autant que ce soit avec quelque chose de qualité. Néanmoins, c’était sans doute un peu exagéré de sa part de dire qu’il comptait boire jusqu’à n’en plus pouvoir parce qu’il ne le ferait jamais. L’ébriété lui faisait peur parce que lorsque son père abusait de la boisson, il se passait les nerfs sur lui. Ayant vécu avec un ivrogne, cela lui avait au moins appris à se contrôler. De toute façon, il préférait largement rester toujours maître de la situation afin d’éviter que tout ne dérape et que ce ne soit plus gérable. Sans mot dire, il s’installa sur le canapé en attendant que l’autre ne revienne avec l’apéritif. Visiblement, il avait bien choisi sa victime du jour. A l’odeur qui se dégageait de la cuisine, cela promettait d’être bon. Le rouquin raffolait de la nourriture européenne et on en trouvait que trop peu ici au Japon. Il aurait pu être agréable, dire que cela avait l’air très bon ou autre mais ça aurait bafoué le genre que môssieur se donnait. Il se contenta de croiser sa jambe droite sur la gauche le fixant, en le voyant revenir avec des verres.

- Tu habites ici seul non ? C’est plutôt un grand appartement, tu as de la chance.

Ses yeux se tournèrent vers les boules de poils qui l’évitaient encore.

- Tes chats ont une attitude étrange envers moi, tu ne trouves pas ? Comment ils s’appellent ?

Ayant commencé à entamer la discussion, il finit par comprendre que ce qu’il attendait de Iago avant une bonne partie de jambes en l’air était sans doute plus important que cela : de l’amitié. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce dernier cherchait de l’affection auprès de l’italien.
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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait //SbaM//   Un dîner presque parfait //SbaM// EmptyMer 17 Aoû 2011 - 23:37

(pardon pour la réponse tardive =$)

Il voulait du saké ? C’était une blague ? Je le contemplai un instant, en haussant l’un de mes sourcils, mais non. Il ne plaisantait pas. Vous imaginez bien que je me doutais que l’autre voulait du bon saké. Un saké peu cher, ça n’allait pas lui plaire… ouais, ouais, je commençais à le connaître… un peu. Je répondis en prenant mon temps :

- Heu… t’es sûr de toi là ?

Puis, retrouvant mon expression impassible, je lâchai :

- Tu as de la chance j’en ai.

Je ne précisa pas que c’était du saké au goût de Monsieur, ça non. Je le gardais pour moi. Je me dirigeai vers le bar, situé à quelques mètres du canapé où le rouquin s’était installé, et je n’eus qu’à tendre le bras pour attraper la bonne bouteille : le fameux saké. Toutes les boissons alcooliques étaient derrière le bar, et comme par hasard, cette bouteille était plutôt bien placée pour que je la prenne sans aucune difficulté. Non, non, je ne buvais pas comme un trou, je ne suis pas encore alcoolique. Il m’arrive tout simplement de boire, seul ou pas, de temps à autre, une bonne boisson à base d’alcool. Qui a dit que je n’avais aucun goût ? Au fait, où avais-je posé les verres ? Je les avais dans les mains il n’y a même pas deux minutes… lorsque je posai mes yeux bleus sur le bar, je repérai les verres, posés dessus. Pour mieux servir, c’était l’endroit idéal. J’ouvris donc la bouteille, et remplissant son contenu dans les deux coupes, je répondis à la seconde question de l’autre :

- Heu, ouais. Je ne pense pas que les félins comptent… donc je suis bien seul à vivre ici.

De la chance ? Ou pas. Je surpris les trois boules de poils évitant encore le jeune homme roux. S’il aimait les animaux, en particulier les chats, ils ne devraient pas l’éviter… qu’est-ce qu’ils leur prenaient donc à ces trois-là ? Une attitude étrange ? Je lâchai en souriant, d’un sourire un brin provoquant :

- Ils sont sûrement jaloux. Oh, mais ouais. Je dirais même qu’ils ont peur que tu occupes toutes mes pensées, ou que je m’occupe plus de toi que d’eux. Quelque chose dans ce style-là. Tu vois bien ce que je veux dire, ou tu as besoin d’un dessin ? Il paraît que je suis doué dans ce domaine.

Au lieu de m’exprimer mieux que ça, pour bien formuler le fond de ma pensée, je m’empara des verres, puisque j’avais rangé le saké après nous avoir servi, et je rejoignis le rouquin. Je lui tendis sa coupe avant de m’installer à ses côtés, et je commençai à boire quelques gorgées. J’étais à peine assis que Sangy grimpa sur mes genoux. Je me souvins alors que j’avais oublié de répondre à la dernière question de l’autre :

- Oh, elle, c’est Sangy.

J’indiquai la boule de poils noire qui se trouvait sur mes genoux, puis je continuai :

- Lufy, c’est le chat blanc, et le dernier, c’est Zorro. Un… ami a choisi son nom. Enfin, je crois.

Je n’étais plus très sûr de moi. Ami ? Ouais. On va dire ça comme ça. Il avait trouvé ce prénom pour la boule de poils noire et blanche ? Là, j’avais un doute. Ce n’était qu’un chaton, qui reconnaissait à peine son prénom, il était toujours temps de le rebaptiser mais sur le coup, Zorro m’avait plu.
Bref.
Un mouvement attira mon attention : Zorro venait de s’installer sur les genoux du rouquin…

- Tu disais quoi tout à l’heure ? Oh. "Tes chats ont une attitude étrange envers moi" Zorro vient de t’adopter. Ce chaton n'est pas si étrange que ça...

Je bus le reste de mon verre cul sec, même si s’en était plus vraiment un, puis je le posa sur la petite table en verre avant de me redresser. Je tenais Sangy, pour ne pas la faire tomber, pauvre minette. Le problème était que je comptais aller dans la cuisine, donc… je déposai donc la boule de poils noire à côté de Zorro, qui n’avait pas bougé des genoux de l’autre avant de me lever pour de bon. J’allais enfin pouvoir aller dans l’autre pièce. Une fois le four ouvert, je constatai qu’il restait encore quelques instants de cuisson, genre… cinq minutes. Que faire en si peu de temps ? J’avais une petite idée : je revins dans le salon et m’installa derrière le piano. Un petit air, ça ne durait même pas cinq minutes, c’était tout simplement parfait. Mais que jouer ?

- Ce sera prêt dans cinq minutes. Que veux-tu que je joue ? C’est toi l’invité, c’est toi qui choisi.

La réponse était claire : ça allait être celle du rouquin. J’attendis donc sa réponse, en faisant craquer mes doigts… chose qu’il n’allait peut-être pas apprécier.
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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait //SbaM//   Un dîner presque parfait //SbaM// EmptyMer 24 Aoû 2011 - 10:23

- Est-ce que c’est le cas ? J’occupe toutes tes pensées ?

Un sourire jouer venait de naître sur ses lèvres. Il s’amusait toujours de tenter le diable et il changeait régulièrement d’avis sur les gens. L’autre visiblement semblait entrer avec facilité dans l’ambigüité qui s’était installée. Ses yeux se posèrent sur le félin. L’animal s’était posé rapidement et sagement sur les genoux de son maître , plutôt dompté pour un chat dis donc. Cela lui rappela Esfir qui l’appelait monsieur le chat. Son genre à la place de Sangy, puisque c’était son nom, aurait attendu un petit instant avant d’enfoncer sadiquement ses griffes dans la cuisse de l’homme puis de partir nonchalamment. On est farouche ou on ne l’est pas. Une petite boule de poil vint bientôt se poser contre lui. Il la détailla du regard. Evan appréciait particulièrement les chats alors cela ne le gênait pas outre mesure. Ses doigts se perdirent rapidement dans le poil doux de l’animal. Il continuait de fixer Iago sans répondre à chaque fois à ce qu’il disait mais en le fixant avec attention. Une seconde, il se demanda ce que cela ferait que de fourrer ses phalanges dans les mèches blondes qui parsemaient son front éparses. Se redressant un peu pour chasser cette pensée pour le moins incongrue, il félicita intérieurement l’italien pour son idée. La musique avait été pendant un moment sa seule alliée face à l’adversité. Il n’était jamais contre le fait d’en entendre un peu, surtout que les musiques jouées donnaient toujours une nouvelle intensité. C’était comme de redécouvrir un morceau. Lorsqu’il lui demanda ce qu’il devait interpréter, la réponse le transperça avec force. Sans aucune hésitation, il se tourna vers lui un sourire simple cousu au visage.

- Somewhere over the rainbow.

Il ne s’attendait pas en cette soirée à entendre le morceau qui avait bercé son enfance. Celui qui lui avait permis de toujours se redresser avec fierté malgré l’adversité, au travers des épreuves. Savait-il jouer ce morceau ? Il s’interrogea un moment, se demandant si la question qui suivrait n’allait pas le mettre mal à l’aise. Il y avait fort à parier que l’autre pose le traditionnel : pourquoi tu as choisi celle-là ? Comme toujours, il se montrerait évasif. Jamais, il n’avait raconté à personne ce qui lui était arrivé. Seul Gabryel le savait mais il l’avait découvert par hasard alors il ne comptait pas vraiment. En parler aurait été pour lui une preuve de confiance. Or, jamais il ne se livrait totalement parce que ce n’était pas dans sa nature. L’expérience lui avait appris la méfiance. Il contempla le piano. C’était peut être la seconde fois qu’il en voyait réellement un. La structure lui avait toujours semblé grande, imposante. Le son aussi lorsqu’il résonnait paraissait plus vivant, teinté d’une densité humaine quasi inexistante autrement. Lentement, le roux attrapa le chat doucement et le posa sur le canapé. Mécaniquement, ce dernier s’approcha pour pouvoir le contempler. Ses doigts se posèrent sur le rebord du piano l’effleurant si peu qu’on aurait pu croire qu’il ne le touchait même pas. La laque noire était plus douce qu’elle n’y paraissait.

- J’aime bien la musique.

Rares étaient les fois où spontanément, il ouvrait la bouche simplement pour donner une information sur lui. Certes, celle-ci semblait pour le moins dérisoire, toutefois cela représentait une forme d’ouverture.

- Si tu le joues, si tu veux je ferais quelque chose pour toi. Bon par compte, je ne sais pas du tout jouer de musique.

Le jeu avait plus ou moins repris. Le garçon reprit sagement sa place sur un siège vide plus proche pour assister au supposé récital. Comme pour mieux se concentrer sur la musique, il ferma un court instant les yeux. Son ouïe se concentra au maximum. Il s’accouda contre le fauteuil, la tête légèrement renversée, les yeux clos, les mains sagement posées sur les accoudoirs. On aurait presque pu croire qu’il dormait tellement il était immobile. Seul son ventre se soulevait au rythme de sa respiration. La chat de tout à l’heure vint se lover sur le côté de sa cuisse, se couchant. Lentement, il entendit le tapotement caractéristique des touches de piano. Le morceau commença, telle une madeleine de Proust cela eut l’effet de raviver des souvenirs. De nombreuses scènes affluaient, la plupart pas spécialement joyeuse mais il gardait le silence. Pour se trouver un point vers la réalité, ses verts fixaient intensément le piano. Néanmoins, le regard était vide et absent. Transporté dans une autre dimension, Evan se laissait aller malgré lui. Il susurrait les paroles à mesure que les instants passaient. Cette chanson qui avait tant marqué sa vie, le symbole de la déchéance de son enfance. Finalement, l’entendre comme ça se révélait assez douloureux. Devait-il le dire pour que ça s’arrête ? Son caractère têtu décida pour lui. Ne pas avouer ses faiblesses faisait largement parti de ses habitudes. Toutefois, il était sans doute confronté à la pire des chansons qu’ils pouvaient entendre. Le morceau continuait, les notes défilaient avec souplesse sous les doigts de Iago. Pas une seule fausse note ne perça l’ambiance étrange qui s’était installée. Comme par hasard, il jouait bien en plus. C’était si prévisible que cela aurait pu en être risible. Cette chanson était la seule qui pouvait avoir un quelconque effet sur lui. Ses mains se crispèrent un peu sur le fauteuil pour s’empêcher de trembler.

Sans qu’il ne se rende vraiment compte dans un premier temps, une larme légère et lente se glissa sur sa joue. Il sentit le liquide chaud dégouliner le long de sa joue et tracer un sillon brûlant au creux de sa peau. Une petite seconde lui fut nécessaire pour comprendre ce que c’’était, lui qui ne pleurait jamais. D’un geste brusque et rageur, il s’essuya les yeux espérant premièrement que l’autre ne l’avait pas vu, secondement que d’autres n’arriveraient pas. Heureusement le morceau se terminait et Iago se tournait vers lui. Ce dernier lui offrit son sourire le plus innocent possible. Il tenterait par tous les moyens d’esquiver mais il avait déjà commencé à boire et sa langue risquait bien de se délier.



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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait //SbaM//   Un dîner presque parfait //SbaM// EmptyDim 18 Déc 2011 - 18:06

(excuse-moi du retard et de la longueur du post u_u)

Les deux questions du rouquin me firent sourire. Je me contentai de répondre à la dernière question :

- Dieu seul le sait, et il n’est pas bavard le bougre.


Ensuite, comme j’avais eu sa réponse, je pus à nouveau laisser mes doigts se promener sur le clavier. Somewhere over the rainbow. Il avait de la chance : je venais de l’apprendre, seul. Je ne savais pas encore si j’étais vraiment à la hauteur… mais en regardant le rouquin sans m’interrompre, j’eus ma réponse. Ce dernier bougea, après avoir pris soin de déposer le chat, pour venir près du piano. Il venait de dire qu’il aimait bien la musique. Celle qu’il jouait en ce moment-même ? Probablement. Il m’annonça ensuite qu’il ferait quelque chose pour moi en me précisant qu’il ne savait pas du tout jouer de musique. Que comptait-il faire dans ce cas ? Je le fixais de mes yeux interrogateurs tandis qu’il reprenant sa place, assis sur le siège le plus proche. J’avais cessé de le regarder un bref instant, et lorsque je levai mes yeux sur lui, ce fut au moment où je le vis essuyer… des larmes ? J’avais du rêver, puisqu’il m’adressa un sourire… qui n’était pas très convainquant mais c’était peut-être qu’une impression. Je composai les dernières notes, qui moururent lentement sous mes doigts et je laissai le clavier de mon piano tranquille. Je questionnai le rouquin en souriant :

- Alors, j’ai droit à quoi ?


J’huma l’air un instant. Ça sentait… le dîner prêt. Cool. Je crevais de faim. Je me redressais pour annoncer :

- Je crois qu’on verra ça plus tard...


Je me dirigea vers la cuisine, et ouvrant le four, je constata que le dîner était réellement prêt. Je dis alors, de manière à ce que le rouquin m’entende :

- Le dîner est prêt ! J’imagine que ça t’ennuierais de mettre le couvert…


Il ne savait peut-être pas où se trouvaient les assiettes, les couverts, les verres et tout ça… mais il pouvait très bien fouiller dans les placards pour les trouver. J’éteignis donc le four et mit le couvert moi-même, dans le salon. La cuisine est certes grande, mais ça ne me dit rien de manger dans cette pièce. Et puis, à cause du four, il faisait une chaleur monstre là-dedans. Je n’avais pas prévu d’entrée… s’il en voulait… c’était mort. Avec ces quatre blancs de poulet, on devrait être calés. S’il avait encore faim, il y avait un dessert. Après avoir mit le couvert, je demandai au jeune homme roux :

- Tu ne voulais pas d’entrée j’espère ? Je n’en ai pas fait. Si tu es habitué à en prendre, je peux toujours en préparer une.


Je préférais attendre sa réponse, avant de sortir le plat du four, parce que s’il désirait autre chose avant le plat de résistance, je n’allais pas le laisser refroidir sur la table…
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