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 Still Grey

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Sora Kumori

Sora Kumori


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KMO
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MessageSujet: Still Grey   Still Grey EmptyMar 21 Juin 2011 - 22:46

« Debout, Sora. T’as assez dormi. Ça suffit.  Tes blessures sont guéries, t’as plus de raisons de rester ici. Tu te targues d’être un battant alors que tu restes planqué comme une poule mouillée là ou personne peut te trouver ? Arrête tes conneries.  C’est pas le Sora qu’on connaît, ça. C’est pas le mec qui s’jette à corps perdu dans une bataille dont tout le monde connaît l’issue. Ok, ça t’a coûté cher. A quoi tu t’attendais ? Tu peux pas toujours gagner. Je suis p’t’être une putain de bonne étoile, mais faudrait p’têtre penser à moins forcer la chance. Même si tu changeras probablement jamais, foutue tête de mule. Bah, quelle importance ? T’as survécu. Et tu survivras encore à beaucoup d’autres. Fais-moi confiance. Je suis là pour veiller sur toi. »

Ok. Je capte que dalle à ce qui se passe ou qui me parle. J’ai la sensation d’être dans un rêve. De flotter. Sauf que j’vois rien, et que je crois pas être suffisamment schyzo pour m’imaginer tout un speech comme ça. Surtout qu’il la ferme pas alors que je l’écoute plus depuis un moment.


« …Maintenant, retourne dans ton monde. Ta place n’est pas ici. Retournes-y, et montre-leur la couleur de ta vengeance. Montre-leur qu’ils auraient mieux fait de t’offrir un vrai ticket pour les enfers et pas un simple laissez-passer à durée limité.
Quoi ?  "Si personne ne m’attends, à quoi bon y retourner ?" »


Je n’ai rien dit.

« J’t’en prie, arrête de chier dans ton froc, chochotte. J’ai pas le souvenir d’être l’ange gardien d’une lopette. C’est quoi ça ? Ok, personne ne t’attends, et alors ? Ça t’as jamais arrêté, avant.  Et ça t’arrêtera jamais. Je croyais que t’avais besoin de personne ? Le pouvoir apporte la solitude, c’est comme ça. Les rois ont toujours gouvernés seuls. Et t’es né pour en être un. Alors arrête tes jérémiades et vas forger ta couronne avec le fer de leur sang. »

Et l’instant d’après, je me réveillais. J’ai toujours pas compris ce que c’était que… ça, mais au moins, ça a le mérite de m’avoir suffisamment secoué pour me sortir de mon état végétatif. Et alors que j’ouvrais les yeux pour la première fois depuis des mois, j’entendais cette même voix me dire de mieux les ouvrir si j’avais peur d’être seul.
Je ne compris pas plus que tout le reste.

Tout ce blanc m’aveugle.
Il faut dire que ça commençait à faire un bout de temps que mes yeux n’avaient pas vu la lumière. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’ils la reverraient un jour.
Abruti par mon long sommeil, je reste un instant immobile, perdu au milieu de tout cet univers  aseptisé. J’essaye de me souvenir. Ce qui n’est pas chose facile, étant donné que je n’ai aucune idée de ce dont je cherche justement à me rappeler. D’un autre côté, c’est le principe. Essayer de se souvenir de quelque chose dont on se souvient déjà, c’est aussi cohérent qu’une barbe à papa sur son lit de courgettes à la sauce barbecue.
Enfin, je m’égare. A tel point que je ne sais même plus depuis combien de temps j’ai ouvert les yeux. Et je ne sais toujours pas ce que je fous ici, ni même qu’est-ce que ce « ici ». Je me sens comme un lamantin en afrique du sud. C'est-à-dire perdu. Complètement paumé. Je capte sérieusement que dalle à ce qui est en train de se passer, et j’me sens… bizarre. Comme si un savant fou avait remplacé mes muscles par du coton pendant mon sommeil. Ce p’tit batard. Est-ce qu’on m’a demandé, à moi, si je voulais devenir Coton-man ? Non. C’est intolérable. Et je suis encore en train de partir en bad. J’ai pourtant pas le souvenir d’avoir consommé récemment. D’ailleurs j’ai pas de souvenirs tout court, donc ca règle la question. C’est un peu le bordel là-haut. J’ai l’impression que mon crâne abrite un genre de mordor, et que toute cette joyeuse bande d’urukai et autres monstruosités ont décidé de faire la fiesta de l’année. C’est l’bordel quoi. A tel point que j’arrive même pas à avoir une seule putain de pensée sensée.

Concentre-toi, bonhomme, concentre-toi. Comment t’es arrivé là ? C’est où, « la » ? Depuis quand tu fais ton légume dans ces draps blancs ? Aussi blanc que le plafond que je fixe depuis mon éveil, d’ailleurs. Et tout ce qu’il m’apprend, c’est qu’il est haut et blanc. Super. D’ailleurs, puisqu’on parle couleurs, je déteste le blanc. Et pour être honnête, être dans une pièce complètement blanche, ca me fous sérieusement les boules. Je sais pas qui est le con qui a dit que le blanc était apaisant, mais il s’est jamais réveillé dans une chambre qu’est pas la sienne avec une page blanche pour cerveau, parce j’ai sérieusement l’impression de péter les plombs ! Blanc, blanc, blanc. MOAR BLANC !


Oh, putain d’merde. J’avais dis concentration, et j’ai ENCORE dérivé. Sérieusement. D’un autre côté, si y’avait pas ce putain de bip qui me casse les couilles depuis tout à l’heure, j’aurais p’tête moins de mal à réfléchir. D’ailleurs, d’où il vient c’foutu bruit ? Exaspéré, je fais pivoter ma tête sans la décoller de l’oreiller, cherchant des yeux la source de cette nuisance sonore. Trouvé ! T’aurais pu mieux te cacher, saloperie de moniteur. Moniteur ?...
Mon regard se fige sur la ligne brisée qui zigzague sur le petit écran.

Bip. Bip.

Je me redresse brutalement, arrachant tous ces maudits câbles à l’instant même où je pris conscience de leur existence. Tout. Tout m’est subitement revenu en pleine gueule. Et ça ne fait pas que du bien. Parce que quand je dis tout, ça inclut aussi ma vie à NYC et les souvenirs oubliés après mon premier accident. Tant d’informations m’assaillait subitement l’esprit, à tel point que j’avais l’impression de me tenir debout sur un rocher perdu au milieu d’un océan en pleine tempête. Ma vision se troubla alors que mes souvenirs m’apparaissaient par flashs, flous et incohérents. C’était comme si j’essayais de me rappeler d’un rêve juste après m’être réveillé, avec cette même sensation brumeuse due à mon esprit léthargique. Les plus récents étaient aussi les plus troubles et les plus abstraits. Les évènements se décomposaient par silhouettes sombres et autres formes géométriques, et les coups qui m’ont été portés n’étaient plus que des courbes aussi gracieuses que douloureuses. Oh ça oui. Mon esprit rembobine la vidéo, et mon corps se rappelle des sensations. Malheureusement, la seule sensation que j’éprouvais dans les dernières minutes de ma vie n’était autre que de la douleur pure et simple. A cet instant précis, ma chair n’était rien d’autre qu’un amas de souffrance à l’état brut. Instinctivement, je me recroquevillai en croisant les bras sur mon ventre. Je pouvais encore sentir la lame noire me déchirer les entrailles. Puis, lentement, ma main remonta sur ma poitrine, l’effleurant du bout des doigts. Je sentis un frisson me parcourir l’échine quand je découvris une nouvelle cicatrice circulaire sur mon pectoral droit, songeant avec effroi qu’a ce rythme là je pourrais peut-être en obtenir quelque chose d’artistique en en rajoutant encore une autre et en l’alignant avec celle qui ornait déjà mon épaule droite depuis deux ans maintenant.

Mes mains glissèrent lentement sur mon visage, dans lesquelles je l’enfouis. Cherchant à enterrer ces souvenirs déchirants là ou je ne pourrais plus les trouver, sans pouvoir retenir les larmes qui roulaient silencieusement sur mes joues. Je ne saurais pourtant pas vous dire la raison de leur existence. Il y a tant d’émotions et de pensées qui me submergeaient simultanément que je n’arrive même plus à réfléchir.  
J’ai l’impression de sortir d’un bad trip. Un putain de bad trip dont je ne pouvais même pas voir la fin jusqu’à y’a pas 10 min.

Je portai ma main sur ma poitrine. Non contents de m’avoir éventré, ces abrutis ont prit la peine de me porter le coup de grâce avec un putain de revolver. Franchement, ils auraient pu avoir la décence de viser la tête. Pitoyable. Déployer autant d’énergie pour ne parvenir à aucun résultat probant, c’est tout simplement pitoyable. Je ne peux pas croire qu’ils m’aient loupé. C’est pas possible d’être aussi manchot, sérieusement. J’ai le bide couvert de cicatrices, j’me suis récolté un trou en pleine poitrine de plus, et je suis toujours là. C’est quoi le problème ? Il se passe quoi avec mon putain de corps ? J’suis la réincarnation charnelle d’Highlander ou de Ken le survivant ? Pas que ça me dérange d’être encore en vie mais… Putain, sérieusement quoi, comment c’est possible ? Je me souviens encore de ces longues minutes durant lesquelles je baignais dans mon propre sang, et au sens littéral ! Il était partout, SAUF dans mes veines. Enfaite c’est tellement miraculeux et surréaliste que j’ai l’impression que Dieu est juste en train de me faire une petite blagounette avant de m’envoyer en enfer. Enfoiré.

Un hurlement retentit. Long et lugubre. Pas de paroles, pas de mots. Juste des sons. Juste le bruit déchirant d’une âme en peine. Un cri qui sort des entrailles mais qui vient du cœur. De MON cœur. Enfin, de ce qu’il en reste tout du moins. C’est marrant parce que j’ai beau avoir récupéré l’entièreté de mes souvenirs, je suis toujours aussi paumé. Si ce n’est plus, pour être exact. Quoiqu’il en soit, la seule chose sensée qui me venait à l’esprit, c’était de me barrer d’ici au plus vite. Pour le reste, j’aviserais. … J’ai la vie devant moi, après tout. HA !
Bref. Cassons-nous.

Je me levai tant bien que mal, et manquai de m’étaler face contre terre avant de me rattraper in extremis contre le mur. Ouh, c’était tout engourdi tout ça, tout fatigué. Logique, étant donné que la plupart de mes muscles n’avaient pas servi depuis tout ce temps. J’étais bon pour reprendre la boxe et la muscu’. Et, étrangement, cette pensée me rassura. Retrouver ses anciennes habitudes revenait plus ou moins à retrouver son ancienne vie. Et j’en avais bien besoin, après toutes ces journées dans les choux à comater comme un putain de concombre. Même si, au fond de moi, je savais que rien ne redeviendra comme avant. De une parce qu’avant, je me souvenais pas de mes derniers mois passés à New York. De deux, parce que maintenant y’a une bande de salopards qu’a essayé de me buter, et que malheureusement pour eux ils ont raté. Ce qui ne sera pas mon cas. Et je jure devant Dieu que je ne m’arrêterais pas tant qu’ils n’auront pas poussé leur dernier soupir. Œil pour œil, dent pour dent. J’vais les éclater. Au sens littéral du terme. Y’aura même plus suffisamment de cendres pour remplir un putain de dé à coudre funéraire !


Mais alors que je vociférais tout haut en cherchant mes affaires histoire de mettre les voiles dans une tenue un peu plus décente que le pyjama d’une grand-mère que je n’ai jamais eue, quelqu’un fit irruption dans la chambre. Toute une petite troupe d’infirmière pour être exact, après reconsidération du vacarme volailler de ces pies surexcitées. Et à peine entrées, elles me volaient déjà dans les plumes en piaillant des mots incompréhensibles, me ramenant à mon lit. Je n’avais même plus la force de lutter contre une horde d’infirmières beuglardes. Cette pensée m’arracha un soupir mélancolique. Pathétique.
Résigné, je les laissai ouvrer à leur guise sans opposer de résistance. Et pour être honnête, subir tout une batterie de test dans un vacarme effroyablement enjoué produit par de parfaites inconnues se rapprochait plus ou moins de ma définition de l’enfer. Enfin. Heureusement, mes larmes avaient séché. L’honneur était sauf. J’avais probablement les yeux un peu rougis, mais il paraissait plus logique de plaider leur non-ouverture depuis des mois pour l’expliquer.

Et pendant tout ce temps, je ne compris pas un traître mot de ce qu’elles pouvaient bien raconter. A vrai dire, je n’écoutais pas. Je préférais éviter de m’entendre dire que j’allais finir débile, paraplégique ou que sais-je encore ! Bien que ce soit déjà le cas pour le premier point et que tout semble fonctionner quant au deuxième. Enfaite, j’étais plutôt occupé à fixer les fleurs sur ma table de chevet. Des pâquerettes. Enfin, des marguerites, s’indignerait le fleuriste. Mais pour moi ça reste des pâquerettes. La question est « Qui ? » et « Pourquoi ? ». Je doute que ce se soit bousculé aux portillons de mon chevet, et c’est mérité. Tout au plus j’aurais eu la visite d’une bonne flanquée de voyous qui m’auraient allègrement souhaité la mort avant de repartir en tapant des pieds, rancuniers qu’ils étaient. D’ailleurs, ça m’étonne que personne n’ait essayé de me tuer pendant ma convalescence, ou tout du moins réussi. Non, vraiment, à part ma collection d’ennemis et autres victimes, je ne voyais pas qui pouvait m’avoir rendu visite. Des potes, j’en ai peux. Y’a bien la bande de zonards avec qui je galérais et me foutais dans des situations pas possibles, mais je doute qu’ils aient suffisamment de douceur et de poésie dans leur âme pour m’apporter des fleurs. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr qu’ils aient une âme pour la plupart. Et de toute façons, des bribes de conversations qui atterrissaient dieu sait comment dans le creux de mon oreille, j’avais compris que toute personne dotée d’un tant soit peu de logique et de réalisme aurait abandonné l’idée de me voir rouvrir les yeux. Bah pas de pot, logique, réalisme et Sora, ça n’a jamais pu se côtoyer dans la même phrase ! Sauf celle-ci, évidemment.

Bref, revenons à nos moutons. J’avais franchement du mal à réfléchir avec ce brouhaha d’infirmières qui s’extasiaient devant mon réveil. Oui, je sais, miraculeux, blabla, incroyable, trop bien, lolilol XD. J’essayais de calmer leur euphorie et de résoudre mon problème en faisant d’une pierre deux coups ; je leur demandai tout simplement qui m’avait apporté ces fleurs pendant que je faisais gouzi-gouzi avec le paradis. On me répondit qu’il s’agissait d’une jeune fille, rousse de son état et pas vraiment typée japonaise, qui passait presque chaque semaine pendant un temps. Allons bon. Ma mère ? C’est qu’elle n’est plus très jeune, tout de même. Enfin, j’imagine que les actrices sont assez douées pour tricher avec l’âge, après tout. Ce qui n’en restait pas moins étonnant : je doute que ma mère ait fait le trajet NYC-Keimoo si fréquemment juste pour voir son idiot de fils subir les conséquences de ses actes. Qui sème le vent récolte la tempête, n’est ce pas ? C’est pas comme si c’était la première fois.
Emportées par leur élan, les donzelles zonzonantes poursuivirent par une énumération assez complète de mes visiteurs, sans se gêner pour me donner leur avis à leur sujet. Avis peu favorables pour la plupart, excepté un. Un bel Apollon aux cheveux blonds dont la mélancolie ne le rendait plus qu’attirant, que dis-je, un ange tombé du ciel pour faire à son tour tomber tout ce qui croisait son regard, et blablabli et blablablou.
J’ai franchement mis du temps à comprendre de qui il s’agissait. J’connais pas 36 blonds, certes, mais des angéliques, j’en connais pas un seul. Autant dire que j’ai faillis retomber dans les vapes quand j’ai entendu le nom de De Lioncourt. Si lui c’est un ange, alors moi je suis un ewok imberbe. Je ne tenais pas à entendre la suite. Dire que c’était censé être le plus beau jour de ma vie, celui où je me réveille miraculeusement après avoir passé 6 mois entre deux mondes. Or là, j’avais l’impression d’avoir été souillé depuis l’instant même où le nom de Narcisse De Lioncourt échoua on ne sait comment dans mon oreille.

Ok, c’est bon. J’avais passé assez de temps dans cette chambre. Il était temps que je m’en aille. Et vite. Je me levais pour la deuxième fois depuis que j’avais atterri dans ce maudit hosto, mais les infirmières n’avaient pas l’air de cet avis. Et, une deuxième fois également, elles me ramenèrent à mon lit. M’expliquant qu’il fallait que je reste encore un peu, le temps qu’on s’assure que tout va bien, et patati patata patapon. Pata pata pata pon ! Haha. J’adore ce jeu. C’est marrant d’être le dieu d’une armée de cyclopes-boules-de-suie.
Mh. Ils doivent avoir raison. Y’a un truc qui tourne pas rond là-haut.

Résigné, je cessais le lutter. Après tout, j’ai déjà attendu une demi-année, je peux bien attendre quelques jours de plus. Mais en bon ado contrarié et trAu r3beL de la society, je fis tomber au sol ce stupide vase de pâquerettes pour manifester mon mécontentement.

Puis j’attendis. Que les infirmières finissent leurs tests. Que le médecin arrive. Qu’on me laisse sortir. Patiemment. Je suis déjà mort deux fois. Mais c’est la première fois que je revis.


Dernière édition par Sora Kumori le Jeu 5 Sep 2013 - 0:36, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptySam 25 Juin 2011 - 17:45








« Je veux que tu vives. »

Bip. Bip. Bip.

Encore ce bruit. Je donnerais n’importe quoi pour ne plus l’entendre.
J’ai à peine dépassé le seuil, aujourd’hui. Pourtant, les jours qui ont suivi ma rencontre avec Cammy, il m’avait semblé moins pénible de me tenir ici, dans ce décor aseptisé qui va si peu à Sora. Comme si elle m’avait permis de m’en détacher un tant soit peu, comme si elle avait eu l’effet d’un… Baume apaisant.
Mais Cammy n’est pas là, cette fois, et le silence, entrecoupé du bruit oppressant des machines, me vrille le crâne comme un millier d’aiguilles. Je suis en enfer. Un enfer de blouses blanches, de parfum d’hôpital et d’attente.

Si j’étais parfaitement honnête, je dirais qu’en fait, cette odeur n’est pas si désagréable. Mais je ne suis définitivement pas quelqu’un d’honnête, et c’est donc avec toute la mauvaise foi du monde que je fronce le nez à chaque fois que je pénètre dans le bâtiment. Après tout, cette odeur – ainsi que cet hôpital – représente tout ce que je déteste ces derniers temps. Ça, et l’expression agacée du personnel à chaque fois qu’ils croisent mon regard dédaigneux. Car si l’équipe du service de réa commence à bien me connaître, pour les autres je ne suis qu’un étranger arrogant sans aucun respect pour leur travail.

Mon regard se pose sur le visage de Sora, comme chaque fois. Un battement de cil, et je croirais presque le voir faire de même. Mais c’est impossible. À moins que… Mon cœur rate un battement, tandis qu’il me semble voir ses yeux bouger sous ses paupières, à peine le temps pour le pétale de marguerite qui vient de se détacher d’atteindre la table. Le cœur battant la chamade, je reste immobile, retenant mon souffle, mes yeux écarquillés fixés sur les siens.

Bip. Bip. Bip.

Une seconde passe, puis une autre.

Au bout de quelques instants, je pousse un soupir de dépit et d’agacement. Je suis pathétique. Voilà que j’en viens à imaginer des choses. Je m’adosse au cadre de la porte un bref instant, fermant les yeux pour ne plus le voir.
Il faut que je sorte.

Fébrile, je me précipite à l’extérieur de la pièce pour me diriger vers l’ascenseur, bousculant au passage une personne dont je ne prends même pas la peine de regarder le visage.

- Monsieur de Lioncourt ?

Les nerfs toujours à vif, je me retourne cependant, reconnaissant la voix féminine qui vient de m’appeler. Devant moi se tient, l’air surpris, la jeune infirmière qui s’était occupée de moi lors de mon séjour ici.

- Vous n’êtes pas resté longtemps, aujourd’hui… commence-t-elle.

Je secoue la tête en signe de dénégation.

- Je n’ai pas pu.

Il y a un silence.

J’aime sa façon de baisser les yeux quand elle sent que la conversation la dépasse. Sa réserve et son embarra sont tellement charmants. Comme une enfant prise en faute, en quelque sorte.

D’un œil distrait, je constate qu’il y a davantage d’agitation autour de nous qu’à l’instant. Je vois passer le docteur Logan, en compagnie d’un interne qu’il me semble déjà avoir croisé une ou deux fois. Il se passe quelque chose ?
Question idiote, en réalité : il se passe toujours quelque chose, dans un hôpital.

En l’occurrence, un cri.

Je me fige. Il me semble tout à coup que le brouhaha de l’hôpital s’est soudainement éteint, pour que seul parvienne à mes oreilles ce cri, ce hurlement qui me semble faire écho à celui que j’avais poussé, il y a presque cinq mois de ça.

C’est la voix de Sora.

L’infirmière a compris, elle, mais une seconde trop tard : je me précipite déjà vers la chambre 216, sans réfléchir. Sur place, je ne vois que les blouses blanches des infirmières qui me bloquent le passage, alors qu’elles s’engouffrent dans la chambre d’un pas précipité.

Par réflexe, je pose ma main sur l’épaule d’une d’entre elles pour l’écarter de mon chemin, mais je me fige au dernier moment.

Ce n’est pas la joie de le savoir réveillé qui me broie les entrailles.

C’est la peur.

Une trouille monstrueuse me tord le ventre à m’en faire mal, et bourdonne à mes oreilles comme un millier d’abeilles. Heureusement que j’ai pris le temps de déjeuner avant de venir, d’ailleurs, sans quoi j’étais bon pour un énième malaise.
J’ai peur. Peur de sa réaction. Il ne m’a jamais porté dans son cœur, après tout – malgré ce que j’ai pu en dire – et j’ai peur de tout gâcher en me montrant ainsi.

À l’intérieur, c’est le chaos complet. Le connaissant, il a probablement essayé de se lever ; le personnel va avoir du fil à retordre, maintenant qu’il est réveillé. Ça me donne envie de rire. C’est probablement nerveux, parce que franchement, je ne crois pas que je devrais avoir envie de rire dans une telle situation.

Toujours est-il qu’au moins, cette pensée m’a en partie apaisé – bizarrement. J’inspire profondément pour achever de me calmer, lâchant la pauvre infirmière qui me fixait d’un air bovin depuis quelques minutes déjà.

- Désolé, je lâche doucement en reculant.

Je sais bien ce que je dois faire. M’éclipser. Le laisser réintégrer le monde des vivants sans moi, pour quelques temps au moins. Inutile de faire en sorte qu’il me déteste encore davantage, après tout. Et accessoirement, une simple question de dignité me pousse à retarder la confrontation : qu’il voit que je tiens à lui passe encore – il commence à le savoir – mais j’ai actuellement l’air un peu trop désespéré à mon goût.
Et puis, il s’est réveillé. J’ai donc tout le temps dont j’ai besoin pour continuer l’entreprise laborieuse que j’ai entreprise, il y a maintenant bientôt deux ans.
Je souris, avant de pivoter sur mes pieds, dans l’intention de disparaître discrètement.

Et, je croise son regard.

Merde.

Je me fige, priant un bref instant pour qu’il ne m’ait pas vu – même si ça me paraît bien optimiste d’espérer ça.

- Narcisse ?

Aïe. C’est le docteur Logan, qui vient aussi de s’apercevoir de ma présence. Plus moyen de filer à l’Anglaise, à présent.

- En théorie, il n’est pas sensé avoir de visites tout de suite, mais…

Il semble hésiter. Pour une fois, j’en maudirais presque le fait d’avoir passé autant de temps ici : sans ça, je n’aurais probablement pas eu droit à un traitement de faveur.

- Allez-y. J’ai fini la première batterie de test, je peux vous laisser un moment. Et puis, vous avez suffisamment attendu comme ça, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête pour le remercier, à peu près certain qu’il se serait rendu compte de mon malaise si je l’avais dit à voix haute.

Je le regarde sortir, ainsi que les infirmières, retardant au maximum le moment où je devrai croiser à nouveau le regard de Sora.
Par ailleurs, je me sidère moi-même d’être aussi embarrassé : j’ai l’impression d’être une adolescente de quinze ans face à son premier amour. Or, pas une seule des trois affirmations de cette phrase n’est juste, donc je ferais bien de me ressaisir.

J’inspire un grand coup, avant d’avancer d’un pas ou deux.
Je le regarde un instant, et je crois que quelque part, davantage que la peur, c’est surtout de la joie que je ressens : la joie de le voir réveillé, en bonne santé, et vivant.

Et là, le seul truc qui me vienne à l’esprit c’est : fuck la dignité.

- Tu m’as manqué, je lâche dans un souffle.

Et, croyez le ou non, mais ma voix ne tremble même pas. Ou… Probablement pas assez pour qu’il le remarque.




Dernière édition par Narcisse De Lioncourt le Dim 22 Avr 2012 - 20:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyMar 5 Juil 2011 - 2:17

Alors là c’est un peu genre l’oursin dans la babouche, le wapiti dans la pépinière, pompon sur la Garonne ! J’veux dire, on a bien le droit de briser des interdits pour des grandes occasions, genre allumer des pétards pour le 14 juillet en France –même si c’est pas ceux que je préfère- mais de là à devoir supporter la présence de Blondie le jour de mon réveil, il n’y’a qu’un pas que je ne franchirais pas. Enfin, un pas, un putain de canyon californien ouais ! Le mien. Le King’s Canyon. Mais je divague.
Ce qui était peut-être aussi le cas pour Blondie. J’sais pas, j’étais pourtant sûr d’avoir croisé son regard, mais le temps que je cligne des yeux il avait disparu. Alors là franchement, si je commence à avoir des hallus inopportunes et que je vois des Narcisse partout, je répare de suite l’erreur que ces charmants messieurs ont commis, et je me tire une balle direct. Mais une vraie. Une qui tue. Amateurs.

Oh. Enfaite je perds pas la boule, juste la vue. Y’avait Blouse blanche-man qui s’était foutu devant, c’est pour ça que je le voyais plus. Me voilà rassuré. Enfin, enfaite, non. Qu’est-ce qu’il fout encore là celui-là ? Et surtout, POURQUOI, MAIS POURQUOI ils me laissent tout seul avec lui ? C’est mon cadeau de bienvenue ? Un viol en bonne et due forme offert par Mister Barbie 2011 ? Je trouve pas ça très réglo de profiter de ma faiblesse comme ça. Même si ma définition personnelle de réglo reste relativement approximative. Peu importe, ne jouons pas sur les mots. Les faits sont là : il est là, plutôt. Et il s’avançait vers moi. Il avait l’air… bizarre, d’ailleurs. On n’aurait pas dit le petit péteux de d’habitude, vous savez, ces sales petits blondinets aux yeux bleus qui se croient au-dessus de tout. Là, on dirait… J’sais pas. Mais y’a un truc qui cloche. Il avait l’air moins fier et arrogant que dans mes souvenirs. Pour être honnête, il me faisait penser à un petit chiot perdu. Pas qu’il me fasse de la peine, hein, mais presque. Ou alors je confonds la peine et la pitié. Bah, de toute façon, les deux sont bannis de mon vocabulaire.

« Tu m’as manqué »

Alors là, si ça c’est pas une déclaration d’amour flamboyante, je veux bien être pendu par l’auriculaire ! (Et Dieu sait que ça fait mal.) Bon, ok, en soit c’était pas grand-chose, mais venant de Narcisse le caillou devenait montagne. Je dois avouer que ce couillon m’a tellement surpris que j’en suis resté bouche bée en le fixant aves mes yeux bovins. Trente secondes de plus comme ça et on m’internait dans un asile pour légumes. Je me mis une bonne petit claque mentale en secouant frénétiquement ma pauvre caboche comme un chien mouillé. Le summum de la classe. D’un autre côté, il ne fallait pas en attendre davantage de la part d’une brute sauvage comme moi. J’aurais pas été assis, il m’aurait mis sur le cul (Et non pas "dans le", restons courtois.). J’aurais dû m’y attendre, après tout, qu’est-ce qu’il pouvait bien dire de plus après avoir passé six mois à faire le chien de garde au pied de mon lit ? –Je parle vachement de chiens, en ce moment. Je devrais faire plus attention ou ça va vite devenir chien. Enfin, chiant.
Bref. Je savais qu’il allait dire un truc du genre, mais l’entendre sortir de ses propres lèvres est bien plus gratifiant. Si on avait été dans un jeu de xbox 360, j’aurais eu un petit encadré en bas de l’écran qui me dirait « Achievement unlocked : Lady-boy-Killer ». C’est cool. Mais je le déteste toujours autant.

« Comme c’est touuchaaant ! » Je lance d’un ton ironique. « Tu m’émeus, vraiment. Mais si tu pouvais plutôt faire l’autruche, et disparaître –définitivement, cela va sans dire, ça m’arrangerait. »

A ces mots, mes lèvres s’étirèrent en un sourire qu’il connaissait bien. Cruel et malicieux, comme toujours. D’accord. Je l’admets. Nos échanges de piques m’aurait manqué. Mes yeux glissèrent sur le vase brisé qui gisait au sol. Ah mais j’vous jure, ces gourdasses d’infirmières ! Si c’est pour piailler et papillonner dans tous les sens, ça y va, mais dès qu’il faut se secouer les miches pour faire son boulot, y’a plus personne ! Et rien à foutre que je confonde infirmière et "technicienne de surface" ! Les deux sont des femmes, donc les deux ont le gène qui les prédestine à nettoyer et récurer chaque parcelle de saleté en toute lieu. Je soupirai.

« Oups. J’espère que c’était pas les tiennes… Ma main a… glissé. », lui lançai-je d’un ton narquois.

Je remontais alors les yeux pour trouver les siens et y planter mes pupilles embrasées de leur éclat d’antan. Mon regard perçant avait toujours eu son petit effet, et d’autant plus sur Narcisse. Mais c’était d’autant plus drôle de le perturber encore plus qu’il ne l’était déjà. Sérieusement, je sais pas s’il s’est mis aux champis, mais il a carrément l’air d’être sur une autre planète. Je laissais un léger temps de flottement s’installer entre nous pour lui permettre de se remettre de ses émotions. Cela dit, j’en profitai aussi pour me redresser en m’asseyant sur le lit, enlaçant mes genoux de mes bras. Bien installé, je lui lançai une nouvelle pique d’un ton faussement romantique et véritablement moqueur.

« Alors comme ça, je t’ai… Manqué ? »

Et j’éclatais de rire. Ça pourrait presque être le potin de l’année.
Quelle blague.


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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyLun 15 Aoû 2011 - 20:53

Spoiler:










Le silence qui suit ma déclaration est celui de l'ahurissement. Evidement : Sora me connait suffisamment pour savoir que je ne suis définitivement pas du genre à admettre spontanément qu'une personne m'a manqué. Je regrette presque de ne pas avoir d'appareil photo sur moi, juste pour pouvoir immortaliser cet air d'incrédulité totale sur ses traits.
Mais de toute manière, je suis bien trop tendu pour m'y attarder. Anxieux, je cherche dans son regard un quelconque signe encourageant - en vain.

Bon sang. Ça suffit, De Lioncourt, ressaisis toi ! Tu es Narcisse, celui qui fait chavirer les coeurs - et non l'inverse. Celui dont le visage est placardé dans tout Keimoo, celui sur qui les gens se retournent dans la rue.
Je suis pathétique. Quand je pense à la tête que je dois avoir actuellement - les cheveux attachés à la va-vite en une tresse hasardeuse sur mon épaule, les yeux soulignés de cernes violacées, le teint encore plus pâle qu'à l'ordinaire - j'ai une furieuse envie de faire demi-tour et de filer sans demander mon reste.

Une seule chose m'en empêche : je sais que, d'un instant à l'autre, il va m'envoyer l'une de ses piques légendaires, ou quelque commentaire mesquin. Et, quelque part, j'ai l'impression qu'entendre sa voix achèverait de donner de la réalité à cette scène que j'ai tant imaginée.

« Comme c’est touuchaaant ! »

Je frémis.

« Tu m’émeus, vraiment. » continue-t-il. « Mais si tu pouvais plutôt faire l’autruche, et disparaître – définitivement, cela va sans dire - ça m’arrangerait. »

Ce coup-ci, c'est à mon tour de laisser planer un silence incrédule. Il est impossible. Après six mois dans le coma, il n'a visiblement rien perdu de son mordant habituel. Et, d'un seul coup, il me semble que la pression qui m'écrasait depuis ce fameux 5 Janvier s'évanouit. Il est réveillé. Pour de bon.

Et j'éclate de rire.

Okay, il va me prendre pour un dingue - si ce n'est pas déjà le cas - mais peu importe. Même si je ne suis pas encore totalement détendu, je me décrispe peu à peu, laissant mon regard parcourir son visage, comme si je le redécouvrais. Machinalement, je note ce qui a changé chez lui ; ses joues un peu plus creuses, sa peau plus pâle, son corps un peu plus mince. Ses cheveux plus longs, aussi. Seul, l'éclat de ses yeux reste inchangé. C'est amusant comme il paraît presque plus vivant que moi, ainsi. Je me suis probablement bien trop laisser aller.

Il pousse un soupir, avisant quelque chose sur sa droite. Au sol gisent les marguerites de Cammy, parmi les débris de verre de leur vase.

« Oups. J’espère que c’était pas les tiennes… Ma main a… glissé. » lâche-t-il, visiblement pas désolé pour un sou.

Je secoue la tête.

« Non, ça n'est pas de moi. Mais te connaissant, je doute que tu t'en préoccupes réellement, n'est-ce pas ? »

Mon ton n'est pas vraiment celui du reproche, même si je suis un peu peiné pour Cammy - après tout, elle est venue très régulièrement, elle aussi. Alors qu'il ne se rappelle probablement même pas d'elle.

De toute manière, je n'ai à cet instant pas la moindre envie de lui faire des reproches.

Il vient de planter ses yeux dans les miens, et ce que j'y lis me fait frémir. C'est comme si ces cinq derniers mois n'avaient pas existé. Je pourrais rester ainsi, à m'abîmer dans ses yeux couleurs d'ambre, sans rien dire, pendant autant de temps, si je le pouvais. Un sourire narquois remonte toujours la commissure de ses lèvres, et, machinalement, je mords les miennes, peut-être un peu plus longtemps que nécéssaire. Par provocation.

Il remonte ses jambes contre lui, enserrant ses genoux de ses bras, sans me quitter des yeux. Et, après un silence, il demande :

« Alors comme ça, je t’ai… Manqué ? »

Merde. Je sais qu'il se fout de moi - tout en lui, son attitude, son regard, me le crie - mais qu'est-ce que j'aime la façon dont il vient de dire ça.
Mais cette fois, Sora, je ne craquerai pas. Je n'ai déjà que trop baissé ma garde face à lui.
Il veut jouer ? Très bien.

A vrai dire... J'en meurs d'envie, moi aussi.

Son rire résonne dans la pièce, m'arrachant un imperceptible frisson. Mes mains tremblent légèrement - d'anticipation ou d'angoisse, je n'en sais rien - mais je m'avance doucement, aussi séduisant que je sais l'être. Je m'approche de son lit, effleurant les draps du bout de mes doigts et, les yeux toujours plongés dans les siens, je me penche légèrement vers lui.

« Voyons, Sora... » je commence. « Bien sûr que tu m'as manqué. »

Baissant la voix d'un ton, je fini dans un murmure au creux de son oreille.

« A en mourir. »

Et si mon sourire, mon ton, mon attitude semblent caustiques au possible, je prie pour qu'il ne soupçonne pas la vérité sous la moquerie.

Préférant ne pas tenter le diable, je me recule légèrement. Avisant les fleurs éparpillées à mes pieds, je m'empare d'une d'entre elles, la faisant jouer entre mes doigts.

« Tu manques toujours autant de délicatesse, visiblement. » je lâche dans un petit rire. « Mais j'aurais probablement été déçu de te trouver moins combatif, n'est-ce pas ? »

A ces mots, je m'assois sur le bord du lit, avec prudence, près à bondir au moindre signe de sa colère. Je meurs d'envie de me rapprocher pour pouvoir lui effleurer le bras, ou le visage, mais je me retiens. Je ne le connais que trop bien, et je ne tiens pas à ce qu'il me mette à la porte alors même que je viens de le retrouver.

« Alors, dis-moi. Qu'est-ce que ça fait, de mourir ? » je demande, penchant la tête sur le côté d'un air mi-moqueur, mi-curieux.




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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyMar 13 Sep 2011 - 13:45

Assis sur le lit, je reconsidérai les fleurs d’un air grave. Les infirmières m’avaient elles aussi affirmé qu’elles n’étaient pas de sa main, seulement, je ne voyais pas de qui d’autre pouvaient-elles venir. J’veux dire, les premières semaines, ça n’a rien d’anormal, mais après six mois à rendre visite à un mec qui dort, faut être sacrément obstiné et courageux pour continuer à lui apporter des fleurs régulièrement. Et il n’y a qu’une seule personne suffisamment obsédée par moi pour ça.

« En vérité, si. Je ne crois pas que qui que ce soit m’apprécie suffisamment ou possède la sensibilité nécessaire pour m’apporter des fleurs en me souhaitant un bon rétablissement. A part toi, j’entends, mais toi t’es… Hors catégorie. »
Je laissais un instant de flottement avant de finir ma phrase dans un sourire narquois. « Et ce n’est pas un compliment. »

Parcourant la salle du regard, j’ajoutai d’un air pensif « D’ailleurs, je m’étonne de ne pas voir de narcisses à mon chevet, égocentrique que tu es. Tu as perdu en ambition. »

Pas si sûr que ça, cela dit. Je le regardai s’approcher d’un air sceptique, une pointe de défi dans les yeux, à la manière d’une bête sauvage jugeant son adversaire du regard. Je n’aimais pas son attitude provocatrice. Je ne la connaissais que trop bien. Et pourtant, au fond de moi, je n’attends que ça. Parce qu’elle marque toujours le début des réjouissances.
Je souris, réprimant un frisson imperceptible lorsque je sentis ses lèvres effleurer mon oreille dans un doux murmure. Nos joues n’étaient qu’a quelques millimètres lorsque je tournai la tête pour lui répondre dans un souffle, imitant son ton suave.

« Subtile ironie, Narcisse, subtile ironie. Je m’esclaffe. Comme toujours. »

Je fronçais légèrement les sourcils, probablement par dégoût d’en être réduit à le singer, mais mon sourire amusé était toujours bien accroché à mes lèvres. Ce frôlement entre nos deux êtres m’avait brusquement fait prendre conscience de la solitude qui dévorait mon cœur. J’en avais presque le souffle court tant cette révélation m’avait fait l’effet d’un coup de poing au ventre. Je n’avais pas encore réalisé à quel point mon coma m’avait isolé du monde. Et pour être honnête, même si ça me désole de l’avouer, je pense qu’après réflexion je préfère encore être en compagnie de Narcisse plutôt qu’à nouveau tout seul. Oui, c’est généralement à ce moment-là qu’on réalise la chance qu’on a d’être encore en vie. Un frisson glacial me parcouru l’échine quand j’envisageais brièvement les autres possibilités de scénario. Je ne m’y attardai pas longtemps ; un simple aperçu m’a suffi.

« Le piment a beau être un légume, je n’avais pas non plus l’intention d’en devenir un, je te rassure. »

Je n’avais toujours pas changé d’expression, mais ce n’était pas sans effort que je cachais impeccablement le malaise qui me broya les entrailles à la perspective de ce que j’avançais. Il fallait que je pense à autre chose. Machinalement, j’étendis mon bras pour saisir une de ses mèches blondes, faisant jouer ces fils d’or entre mes doigts d’un air pensif. Je les portais à hauteur de nez pour éveiller mes sens, et c’est après quelques secondes seulement que je tournais finalement la tête vers lui pour reprendre le fil de la conversation.

« C’est horrible. Dire que je pensais être dispensé de voir ta sale tronche pour au moins quelques années, j’ai vite déchanté. Il y’en a beaucoup des comme toi, en enfer. Je crois qu’on appelle ça des... incubes ? »

A ces mots, je desserrai légèrement les doigts et ses cheveux glissèrent paresseusement de me ma main alors qu’un regard malicieux illumina mon visage. Je souris d’un air joueur, présage au début des choses sérieuses. Brusquement, je m’approchai de lui sans crier gare, m’étonnant d’ailleurs au passage qu’il s’était éloigné de lui-même –à croire qu’il devenait raisonnable, la grosse blague- et je fis glisser ma main le long de son cou, remontant jusqu’à son visage. Saisissant sa mâchoire du bout des doigts, je fis mine de l’examiner avec attention, l’obligeant à tournoyer, pivoter et incliner la tête. Satisfait de mes observations, je conclu d’un air triomphant.

« Plus sérieusement, si on compare nos tronches, je ne crois pas être celui qui a eu la plus longue descente aux enfers. » un blanc. « N’est-ce pas ? »

De toute façon la mienne a été assez expéditive techniquement, une bastos et basta. Et, si au fond de moi j’étais persuadé de connaître la raison de son mal être, je n’osais pas me l’avouer. Ce serait trop beau.

« Tu te négliges vieille pie, et ça ne te ressemble pas. Ne me dit pas que c’est à cause de moi que tu te retrouves dans cet état pitoyable ? »


Après tout je n’avais pas idée de la portée qu’avait bien pu avoir mon accident sur le reste du monde. Tout ce que je savais, c’est qu’il m’aimait (Même s'il ne l'avouera probablement jamais) suffisamment pour que ça en devienne une obsession, et qu’il avait une certaine tendance à être assez excessif et excentrique en cas de coup dur. Et s'il méritait les origines de son prénom, j'apprécierais également de lui découvrir une certaine tendance mélodramatique. Ah, ça, j’aurais donné cher pour voir toutes les conneries qu’il a pu faire pendant ces 6 mois, mais je doute qu’il les avouera de lui-même malheureusement. Cela dit, ça ne coûtait rien d’essayer.

« Enfin. Il ne se passe pas grand-chose, dans le royaume des morts. Raconte-moi plutôt ce qui s’est passé dans celui-ci, et tout ce que j’ai manqué. Commençons par... disons, à tout hasard, toi ?»

J’avais retrouvé mon sourire carnassier, et à nouveau enroulé mes bras autour de mes genoux, à la manière d’un enfant qui attend patiemment qu’on lui raconte son histoire avant d’aller se coucher. Si ce n’est que les enfants n’ont généralement pas cette pointe de sadisme et de cruauté pure dans leur regard. Je brûlais tellement d’envie à l’idée de l’entendre dépeindre sa détresse et son désespoir de ces derniers temps que j’étais prêt à lui tirer les vers du nez, quitte à le faire mentir pour satisfaire mon égocentrisme exacerbé.
Ca s'annonçait... Jouissif.


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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyJeu 15 Sep 2011 - 16:22

Spoiler:









« Non, ça n'est pas de moi. Mais te connaissant, je doute que tu t'en préoccupes réellement, n'est-ce pas ?

- En vérité, si. Je ne crois pas que qui que ce soit m’apprécie suffisamment ou possède la sensibilité nécessaire pour m’apporter des fleurs en me souhaitant un bon rétablissement. À part toi, j’entends, mais toi t’es… Hors catégorie. »

Il marqua une pause, tandis que je me demandai si je devais ou non lui parler de Cammy. Après tout, même moi, je n’aurais su dire avec exactitude la raison qui l’avait poussée à venir ici chaque semaine, sans faillir, pendant six mois.

« Et ce n’est pas un compliment. »

J’esquissai un sourire. Décidément, même après tant de temps, il restait égal à lui-même.

« D’ailleurs, je m’étonne de ne pas voir de narcisses à mon chevet, égocentrique que tu es. Tu as perdu en ambition. »

Je laissai échapper un petit rire empreint de dérision. Si j’avais su !

« Il y en avait, » je fis remarquer. « Des narcisses et des chrysanthèmes. Mais… »

Je laissai ma phrase en suspens, peu désireux de lui révéler que c’est la peur du rejet qui m’avait poussé à ne pas les lui donner. J’avais ma fierté – comme toujours.
Il a ramené ses jambes contre lui.

« Alors comme ça, je t’ai… Manqué ? »

- Voyons, Sora... » commençai-je. « Bien sûr que tu m'as manqué. »

Baissant la voix d'un ton, je finis dans un murmure au creux de son oreille.

« À en mourir. »

Je frissonnai violemment tandis qu’il me répondait sur le même ton, tout contre ma joue.

« Subtile ironie, Narcisse, subtile ironie. Je m’esclaffe. Comme toujours. »

J’ai attrapé une des marguerites éparpillées sur le sol, en m’écartant.

« Tu manques toujours autant de délicatesse, visiblement. » je lâchai dans un petit rire. « Mais j'aurais probablement été déçu de te trouver moins combatif, n'est-ce pas ? »

Question rhétorique, évidemment. Je m’assis prudemment au bord du lit, avant de demander :

« Alors, dis-moi. Qu'est-ce que ça fait, de mourir ? »

Je sus au moment même où les mots franchissaient mes lèvres que je n’aurais pas dû dire ça. Sora excellait autant que moi dans l’art de camoufler ses émotions, mais ce que je devinai dans son regard, un bref instant, me fit regretter instantanément ma question. Je le savais aussi bien que lui, pourtant : il avait réellement frôlé la mort. Je l’avais vécu autant, peut-être même plus que lui, à dépérir à son chevet, et je me rendais compte à présent que lui aussi était terrifié à l’idée de ce qui aurait pu se passer. J’avais l’impression que mon sang avait laissé place à de l’eau glacée, et je frissonnai à nouveau ; il me fallut fermer les yeux un moment pour me ressaisir et me remettre en tête que le cauchemar était bel et bien terminé.

« Le piment a beau être un légume, je n’avais pas non plus l’intention d’en devenir un, je te rassure. » lâcha-t-il d’un ton détaché, son habituelle expression amusée peinte sur le visage.

J’entrouvris les lèvres pour lui lancer quelque répartie de mon cru, afin de chasser la tension qui s’était installée, mais les sons se bloquèrent au fond de ma gorge. D’un geste des plus naturels, il s’était emparé d’une mèche de mes cheveux, qu’il faisait à présent jouer entre ses doigts, comme si ce geste à mon égard n’avait rien d’inhabituel venant de lui.
J’en restai coi, et la marguerite que j’avais ramassée un instant plus tôt s’échappa de mes mains, seul signe extérieur de ma surprise.
À ce stade, le voir porter la mèche de cheveux à son visage me força à déployer tout le self-contrôle dont je disposais pour ne pas le serrer désespérément contre moi – geste qu’il n’aurait probablement pas cautionné, malgré le rapprochement volontaire qu’il venait de manifester.
La chaleur humaine lui avait-elle donc tant manqué, pour qu’il en fût réduit à rechercher la mienne ?

« C’est horrible. Dire que je pensais être dispensé de voir ta sale tronche pour au moins quelques années, j’ai vite déchanté. Il y’en a beaucoup des comme toi, en enfer. Je crois qu’on appelle ça des... incubes ? »

Je laissai échapper un éclat de rire tandis que mes cheveux s’échappaient de ses doigts.

« Mais les incubes s’attaquent à leurs victimes dans leur sommeil… Est-ce que ça veut dire que tu as rêvé de moi, ces six derniers mois ? » avançai-je par provocation.

Le sourire qui se peignit sur son visage ne signifiait qu’une chose : la vraie partie commençait maintenant.
Et Sora ne se fit pas attendre pour porter le premier coup : d’un geste vif, il porta sa main au creux de mon cou, m’arrachant de délicieux frissons d’anticipation. Si j’étais parfaitement conscient que ce geste n’avait pour lui rien de réellement… Intime, dirons-nous, je ne l’en appréciais pas moins.
La sensation de ses doigts frais contre ma peau à présent brûlante m’arracha un imperceptible soupir, et il me sembla que tout mon corps s’électrisait, comme si mon échine était parcourue par d’infimes décharges de la nature la plus plaisante qui soit. Cependant, je n’en montrai rien, laissant Sora à son observation, me délectant de son regard sur moi tandis il faisait ployer mon cou sous la pression de sa main autour de ma mâchoire.

« Plus sérieusement, si on compare nos tronches, je ne crois pas être celui qui a eu la plus longue descente aux enfers. »

J’eus l’impression qu’un cube de glace me descendait dans les entrailles.

« N’est-ce pas ? »

Il avait raison, très certainement. Il n’avait certes pas eu de très bons moments ces derniers temps, mais, de mon côté, son coma avait fait de ma vie un enfer.
Avait-il déjà remarqué les cicatrices sur mes poignets ? Ou bien les infimes traces de piqûre – à présent presque effacées - dans le creux de mes coudes ? Par réflexe, je ramenai discrètement mes bras vers moi, priant pour que ce geste n’éveille pas son attention.
Oui, ces six derniers mois avaient été pour moi une véritable descente aux enfers, et la preuve que mon attachement envers lui allait au-delà de l’obsession. Mais il était – évidemment - catégoriquement hors de question que je le laisse entrevoir cette partie de moi ; après tout, je ne tenais pas à le décevoir après tant de temps.

Mais il ne me connaissait que trop bien.

« Tu te négliges vieille pie, et ça ne te ressemble pas. Ne me dit pas que c’est à cause de moi que tu te retrouves dans cet état pitoyable ? »

Il y eut un silence. Il connaissait la réponse, évidemment. Mieux : il n’attendait que ça. Savoir l’effet qu’avait eu son coma sur moi semblait apparaître pour lui comme un détail hautement réjouissant, et j’aurais eu grand peine à le démentir.
Aussi décidai-je d’user de mon arme la plus sûre quand il s’agissait de masquer la vérité - sans servir quelque mensonge grossier qui n’aurait fait que m’enfoncer davantage : le sarcasme et l’ironie.

« Tu n’imagines même pas à quel point ton absence m’a été insupportable » lançai-je d’un ton théâtral en portant ma main à mon cœur.

Mais il m’apparut bien vite que les sarcasmes ne me sauveraient pas.

« Enfin. Il ne se passe pas grand-chose, dans le royaume des morts. Raconte-moi plutôt ce qui s’est passé dans celui-ci, et tout ce que j’ai manqué. Commençons par... disons, à tout hasard, toi ? »

Je me mordis la lèvre, comme pour réfléchir, hésitant quant à ce qu’il me fallait dévoiler pour qu’il ne cherche pas davantage.

« Oh… Rien de vraiment transcendant, » lançai-je d’un ton qui se voulait désinvolte.

Merde ! Voilà que mes mains tremblaient, à présent. Bravo pour la dignité.
Je cherchai mes mots un instant, me maudissant pour cet instant de faiblesse.

« J’ai continué de faire mon boulot, et continué de donner du fil à retordre à mes employeurs, » Ai-je ajouté d’un ton évasif. « Mais ils commencent à avoir l’habitude, à force. »

Pathétique. J’étais pathétique. Depuis quand j’étais capable de déblatérer de telles inepties ? Avec ça, j’aurais de la chance qu’il décide pas de me mettre dehors par déception.

Un bref silence – embarrassé pour moi, inquisiteur pour Sora – s’installa sur la pièce, interrompu par quelques coups discrets frappés à la porte.

« Oui ? » lançai-je aussitôt, soulagé par cette diversion inespérée.

Le battant s’ouvrit sur le visage de ma petite infirmière.

« Je venais juste voir si tout allait bien, » commença-t-elle en rougissant légèrement, comme si elle avait conscience d’interrompre quelque chose.

Elle sembla hésiter un instant.

« Vous êtes parti tellement précipitamment tout à l’heure ; je m’inquiétais. » Finit-elle par conclure en s’adressant directement à moi.

Aïe. Si avec ça, ma dignité ne partait pas en fumée… Je me pris à espérer qu’elle s’en aille au plus vite, voulant éviter à tout prix qu’elle ne dise quoi que ce soit au sujet de mon bref séjour ici. Oh, bien sûr, elle était d’une réserve à toute épreuve, mais il y avait toujours le risque qu’elle croit que j’en avais déjà parlé à Sora. Après tout, j’avais passé tellement de temps à son chevet que la quasi-totalité de cet hôpital devait penser que nous étions ou bien amis de longue date (j’eus envie de rire à cette idée) ou bien amants.

Je pris cependant sur moi de répondre, peu désireux de la mettre dans l’embarras.

« Tout va bien, ne vous en faites pas. » Je lançai un bref regard à Sora. « Tout va très bien… »

C’était le cas, après tout. Il était vivant, réveillé, et moi je remontais la pente. Ça ne pouvait pas aller mieux.

L’infirmière nous adressa une brève courbette pour s’excuser, avant de prendre congé, et le silence s’installa à nouveau.
Je me tournai vers Sora, hésitant. Ses bras entourant de nouveau ses genoux, il n’avait pas bougé. Je poussai un léger soupir de résignation.

« Tu sais… » Commençai-je.

Je me penchai très légèrement vers lui, tendant la main vers son visage pour lui effleurer la joue.

« C’était vraiment bizarre, de te voir comme ça, toujours immobile. » Je baissai les yeux. « J’ai eu peur. Vraiment peur… »

J’avais laissé échapper ces derniers mots d’une voix basse, presque un murmure, à peine audible ; d’ailleurs, je n’étais pas certain que Sora les ait entendus.
Je m’abîmai un instant dans son regard, peu soucieux de ce que je risquais, tandis que ma main s’égarait à présent dans les mèches de cheveux, trop longues, qui encadraient son visage.
Puis, soudain inquiet de sa réaction, je me retirai prestement, masquant un bref instant mon visage de mes mains, avant de les passer machinalement dans mes cheveux pour les ramener en arrière.

Peut-être n’avais-je pas totalement remonté la pente, tout compte fait.




Dernière édition par Narcisse De Lioncourt le Dim 22 Avr 2012 - 20:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyMar 3 Jan 2012 - 3:10

Il parait que les fleurs symbolisent toutes quelque chose. Je n’en sais malheureusement pas plus. J’ai déjà suffisamment de mal avec l’anglais et le japonais, pas la peine de m’encombrer en plus du langage des fleurs. En plus, j’me vois mal taper la discut’ avec une marguerite, à moins d’avoir fumé un autre type de plante auparavant. Et j’vous parle même pas de mon image. J’tiens pas vraiment à ce qu’on m’appelle « Sora, le mec qui kiffe les camélias ».
Bref, tout ça pour dire que j’y connais que dalle en fleurs, mais je sais au moins qu’on dépose souvent des chrysanthèmes aux pieds des tombes. C’était donc pas forcément super positif de savoir que Barbie m’en avait apporté. Et un peu vexant, au passage. J’veux dire, que tu m’apportes des Narcisses, ça m’étonne pas, mais des chrysanthèmes ? Sérieusement mec, si y’a quelqu’un qu’attendais à mon chevet, ça devait bien être toi ! C’est pas super cool de ta part de me douter de moi et de me considérer comme mort. Je tiquais d’une grimace désapprobatrice.

« Des chrysanthèmes. Comme c’est attentionné. Mais t’as vendu la peau de l’ours un peu trop tôt, j’suis pas mort. Raté.»

Quel doux rêve ce serait. Et en parlant de rêves, sa remarque m’arracha un sourire amer. Je répondis ironiquement à cette pique.

« Haha. Si seulement… Non. On ne rêve pas quand on est dans le coma. On flotte entre deux mondes, hors du temps et de la lumière. »
Un temps. « Et enfaite, on se fait un peu chier. », ajoutais-je d’un souffle amusé.

Et je crois bien que je ne vais pas tarder à être le seul à avoir le sourire dans les prochaines minutes. Qui sème le vent récolte la tempête. Ca n’aurait pas été éthiquement correct que je sois le seul à être émotionnellement percuté dans les fondements de mon âme.
HA. Blague. J’ai pas d’âme, je suis roux. Et en plus, j’ai même pas compris ma propre phrase. C’était juste pour rajouter un petit côté mélodramatique au truc, sur un fond de vengeance à la œil pour œil dent pour dent, avec des mots compliqué pour faire croire que je suis intelligent. Mais il faut l’avouer, je pense prendre beaucoup plus de plaisir à le voir désorienté et tourmenté que la réciproque. Si on était dans une série de science-fiction, j’serais probablement le genre de monstre qui se délecte du spectre des malheurs d’autrui. Avec des yeux blancs, des cornes, des crocs énormes et… Bref. Je jubilais intérieurement de cette victoire. Il avait beau être meilleur acteur que moi, quelque chose avait changé dès l’instant ou je lui avais retourné la balle en évoquant sa mine déplorable. Pas seulement dans son comportement ,dans lequel j’avais cerné un certain repli sur lui-même qu’il matérialisa en ramenant ses bras contre lui, ou bien ce silence pesant qui avait envahi la salle un instant, comme si le temps s’était arrêté. Mais aussi dans l’atmosphère ambiante qui avait brutalement changé, comme si l’aura qu’il émanait était devenue aussi glacée que le sang qui coulait dans ses veines.

Délicieux.

Et lorsqu’il brisa enfin cet instant de flottement, je sus que ce n’était encore que le début des réjouissances. Son jeu d’acteur avait beau être irréprochable en temps normal, il semblerait que mes mots avaient fait mouche. Perturbé, il hésita, et un bref tremblement agita ses mains tandis qu’il déblatérait des âneries insipides. Misérable. La vie de Narcisse De Lioncourt n’aurait donc rien de transcendant ? Quelle amère déception. Je m’apprêtais à lui faire remarquer, non sans avoir laissé un blanc pour lui laisser le temps de réaliser qu’il ne s’en tirerait pas si facilement, au vu de l’énormité de ces absurdités, lorsque quelqu’un frappa à la porte.
Foutu timing.

Tant pis, je ravalerais mon venin le temps que ce visiteur inopportun foute le camp. Blondie n’avait pas perdu de temps pour sauter sur l’occasion, d’ailleurs. Quelle déchéance, de devoir s’en remettre aux miracles du hasard pour se sortir d’une situation délicate. On va de mal en pis.
Mais après réflexion, cette interruption impromptue pouvait tout aussi jouer en ma faveur. Malgré sa timidité, l’infirmière avait laissé filtrer quelques informations potentiellement intéressantes. Notamment le « Vous êtes parti tellement précipitamment tout à l’heure ; je m’inquiétais. ». Effectivement, ça avait l’air d’être le cas. La question est : Pourquoi ? J’veux dire, elle a suffisamment de patients pour s’inquiéter, alors pourquoi s’en faire pour un simple visiteur ? Intrigué, je lançais un regard interrogateur à Narcisse ; à quel point le connaissait-elle ?
Cependant, je ne prononçai pas un mot jusqu’à son départ ; de toute évidence, elle n’était pas venue pour moi. Je conservais ce mutisme peu après qu’elle nous ait laissés seuls, curieux de voir comment il réagirait à cet épisode. Et soit dit entre nous, une phrase qui commence par un « Tu sais… », ça n’annonce que du bon. Enfin, de mon point de vue.

Impassible, je laissais approcher sa main sans ciller. Je ne crois pas avoir déjà été aussi attentif de toute ma vie ; mes anciens profs en seraient verts de jalousie. J’en serais peut-être pas là si j’avais pu faire preuve d’autant de concentration en cours, d’ailleurs. D’un autre côté, l’intérêt des deux situations n’est aucunement comparable. Et en l’occurrence, pour ce moment précis j’avais justement l’impression que tout le dénouement dramatique de l’histoire allait enfin surgir, après tant de suspens. Je n’aurais pas pu être plus captivé, ne perdant pas une miette de ses paroles dans un sourire d’anticipation.

Et bingo. Mon cœur rata un battement lorsque je l’entendis murmurer dans un souffle « J’ai eu peur. Vraiment peur… ». Je ne m’attendais pas à avoir une réaction pareille, mais un frisson m’électrisa l’échine, et je restais un moment sans voix. Paralysé, je ne prêtais même pas attention à sa main aventureuse qui se risqua jusque dans mes cheveux, ne réalisant ce contact que lorsqu’il fut rompu. Je la regardai s’éloigner mécaniquement, lorsque je repris subitement conscience de la réalité.
J’interceptais son bras alors qu’il passait sa main dans ses cheveux avec la vivacité d’un chat qui bondit sur sa proie, et je le ramenai vers moi, paume vers le ciel. Le regard que je posais alors lourdement sur lui était suffisamment explicite pour que je n’eus pas besoin de m’exprimer par la parole.
Des cicatrices barraient son poignet, et pas du genre de celle que tu peux te faire en épluchant un oignon avec un malus de -57 en dextérité. Je ne saurais pas dire ce que j’avais ressentis quelques instants auparavant, mais quoique ce fut, ça a été de très courte durée. Voir son poignet dans cet état m’avait submergé d’une vague de profonde aversion, de dégoût et de mépris. J’ai jamais tenu les suicidaires en grande estime… Enfaite, non, je leur crache dessus, je les hais et je leur chie sur le crâne à tous ces connards de baltringues qu’arrivent même pas à assumer la seule chose qu’ils ont en ce monde : leur vie. Et encore plus s’ils manquent leur coup. S’ils veulent mettre fin à leur misérable existence, qu’ils aient au moins la décence de pas se rater. C’est un peu le summum de la déchéance, de foirer sa vie au point de même pas réussir à y mettre un terme en essayant. En plus, la plupart ne veulent pas vraiment mourir, c’est juste des "appels à l’aide ". Et ça fait franchement pitié.
Bref, je pourrais m’étendre plus en profondeur sur le sujet tellement ces connards me sortent par les orteils, mais je crois qu’on a compris l’idée.

Et si Narcisse suscitais déjà suffisamment de haine et de dégoût chez moi, bien que je ne pensais pas pouvoir creuser plus profondément dans les abysses de mon estime, il venait juste de franchir le seuil de ma tolérance minimale.
Rejetant rageusement son bras contre lui, je lui lâchais un glacial et laconique « Dégage. » avant de lui cracher dessus en détournant le regard, ne daignant même plus le regarder.
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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptySam 18 Fév 2012 - 0:31








« C’était vraiment bizarre, de te voir comme ça, toujours immobile. » Je baissai les yeux. « J’ai eu peur. Vraiment peur… »

Je n’aurai su dire s’il ne s’agissait que de mon imagination, mais il me sembla – aussi invraisemblable que cela puisse paraître – que mes paroles l’avaient touché, un bref instant. Troublé, je détournai le regard. L’avais-je vraiment vu frissonner ? Je n’osais y croire, et pourtant, il me sembla que mes yeux ne m’avaient pas trompé. Quelle qu’en soit la raison, mes mots, ou mon geste l’avait fait réagir, et j’en tirai une certaine fierté qui, hélas, ne dura pas.

Sa main s’empara de mon bras, sans délicatesse aucune, et je sursautai brusquement. Je vis ses yeux se poser sur mon poignet, et je me mordis la lèvre, me maudissant de l’avoir laissé entrevoir les cicatrices hideuses qui le barraient encore. Le regard qu’il me lança me fit me figer un instant, et je sentis mon sang se glacer dans mes veines. J’aurais cru que dévoiler cet instant de faiblesse de ma part m’attirerait des sarcasmes, peut-être un peu de dédain, mais ce que je lisais dans ses yeux était de la colère pure, et une déception si profonde que je dus me détourner, mal à l’aise.

« Dégage » lâcha-t-il platement, la voix vibrante.

Je me figeai, tandis qu’il repoussait mon bras d’un geste brusque.

« Merci pour ta compassion, » rétorquai-je d’un ton hautement sarcastique.

Quelque part, je lui en voulais. J’avais cru – à tort, manifestement – que ma présence à son chevet apaiserait ses griefs à mon égard, mais apparemment, il n’en était rien. Pire, il me crachait dessus – littéralement – pour un geste dont il ne savait rien. Il ne prenait même pas la peine de m’interroger à ce sujet.

En un instant, il me sembla que tout ce que je portais en moi depuis notre première rencontre s’était abattu sur mes épaules, et j’en éprouvais une immense fatigue. J’eus un demi-sourire de dépit, et me levai avec toute la dignité dont je pouvais faire preuve, un arrière-goût amer m’emplissant la bouche. Je n’étais qu’un imbécile. Peut-être méritais-je son dédain, après tout. Peut-être que tout, depuis le début, n’avait été qu’une immense mascarade à sens unique. J’avais passé des mois à rechercher sa présence, m’attirant sans cesse ses foudres, cherchant son aversion autant que son amour, pourvu qu’il ne m’ignore pas. Et où en étais-je, aujourd’hui ? J’avais gâché presque six mois de ma vie à attendre qu’il se réveille, pour qu’il me mette à la porte en moins de dix minutes.

Mais, après tout ce temps, allais-je abandonner là ?
Je m’étais avancé vers la porte, tremblant presque de frustration et d’indignation mêlées, et je m’arrêtai soudain, la main sur la poignée.

« J’étais là, tu sais. » commençai-je de la voix la plus assurée que je pus sortir.

Je savais pertinemment qu’il n’en avait probablement rien à foutre, mais j’avais besoin qu’il sache.

« Il y a cinq mois. Quand tu… » J’inspirai profondément au souvenir encore brûlant de la fusillade. « Quand tu t’es fait tirer dessus. »

Je me tournai vers lui lentement, lâchant la poignée de porte. Je me rendis compte du même coup que j’avais serré les doigts à tel point que mes jointures en étaient devenues blanches, et je dus ouvrir et fermer ma main à plusieurs reprise pour en chasser l’engourdissement qui l’avait gagné.

« Je suis arrivé exactement à ce moment-là. Tu n’as même pas eu le temps de me voir. Je… »

Je fermai les yeux un bref instant, puisant dans ce qu’il me restait de forces pour tirer au clair cette histoire.

« J’ai pété un plomb, Sora – tu me pardonneras l’expression. Je ne me souviens de presque rien. »

À mesure que je parlais, je m’étais avancé légèrement vers lui, comme avec prudence. Je me rappelais l’ambulance, et les deux personnes qui m’avaient emmené. Je me rappelais les avoir vaguement entendus me parler, me demander qui j’étais, si je n’avais rien.

« Pour ce que j’en sais, ils m’ont amené ici (je désignai notre décor d’un geste de la tête) en même temps que toi. Ils m’ont bourré de calmants pour ne pas que je devienne hystérique. Je ne me souviens même pas du moment où j’ai repris connaissance ; quand je suis réellement revenu à moi, j’étais assis sur un lit d’hôpital, seul, les poignets ouverts. »

À ces mots, je refermais ma main sur mon poignet gauche, où la cicatrice était la plus visible.

« L’infirmière qui est venu nous voir à l’instant… C’est elle qui m’a trouvé. »

Je m’approchai encore, hésitant à faire un geste vers lui, de peur qu’il ne me repousse à nouveau. Un instant, je regrettai presque de lui avoir parlé de cet épisode honteux, mais je ne pouvais décemment pas faire marche arrière.

J’eus un petit rire sans joie, avant de continuer :

« J’ai cru… »

J’inspirai profondément, haussant soudain le ton, le blâmant autant que je me blâmais moi-même, et le personnel de ce foutu hôpital qui m’avait laissé me réveiller seul.

« J’ai cru que t’étais mort ! J’ai cru que t’étais mort, putain ! J’aurais dû réagir comment, d’après toi ? »

La gorge nouée, je levai le regard vers lui, tentant de me calmer, mes yeux fixés aux siens.

« Je sais bien que j’ai été le dernier des imbéciles. Et le pire, c’est que t’en as rien à foutre ; alors franchement, me foutre en l’air pour toi, quelle idée ! J’ai juste été assez con pour tomber amoureux de toi… »

Les mots se coincèrent dans ma gorge quand je réalisai ce que je venais de dire. De rage, j’abattis mon poing sur la tablette au pied de son lit, faisant tomber les quelques papiers qui s’y trouvaient dans un bruit fracassant.

« Merde ! » lâchai-je en faisant volte-face.

Je tremblais toujours, mais de colère, à présent. Je n’aurais pourtant pas su dire si elle était adressée à Sora, ou à moi-même.


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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyDim 10 Juin 2012 - 19:26

Je n’aime pas être contrarié. Comme beaucoup de gens, j’imagine. Et je trouvais ça contrariant qu’on ne m’écoute pas. Pire encore lorsqu’on avait le culot de me répondre, et le facteur ironie n’aidait absolument en rien. J’étais déjà d’assez mauvais poil comme ça, pourtant. Je vous serais donc gré de bien vouloir cesser de m’importuner, cordialement, nique ta mère, merci.
Quoi ? J’étais bien obligé d’équilibrer après avoir formulé ma phrase aussi élégamment, sinon mes fans vont me jeter des petites pelures de cornichon dans la tronche -et ça pique sacrément.
Bref. Faisant preuve d’une patience miraculeuse, j’inspirais profondément, le regard toujours fixé sur le mur immaculé qui me faisait face. Les légers crissements du drap entre mes doigts serrés firent écho à mes paroles agressives, toujours aussi laconiques.

« Ta gueule. J’ai dis "dégage". »


Et c’est avec autant de satisfaction que de soulagement que je l’entendis se lever et s’éloigner. Borné, je ne daignais toujours pas le regarder. Ou bien était-ce pour une autre raison, une raison plus profonde, plus subtile, et que je n’avais absolument pas envie de connaître. J’avais peut-être réagis avec excessivité, comme c’est étonnamment souvent le cas avec mon caractère de cochon impulsif. J’me dis que j’aurais p’têtre du lui laisser une chance de s’expliquer, que l’envoyer bouler aussi brutalement n’était peut-être ni mérité ni justifié, d’autant plus que je ne suis pas du genre à pardonner facilement et que par conséquent, aujourd’hui sera probablement le dernier jour où nous aurions échangé des mots. Et étrangement, j’eu un pincement au cœur à cette idée, et…
Non mais j’déconne, rangez vos mouchoirs. Vous y croyiez sérieusement ? HA ! NAIFS ! Qu’il aille au diable, ce con, j’lui pisse à la raie.

D’ailleurs, autant profiter du spectacle, c’est pas tous les jours qu’on voit le petit fils d’Apollon toucher le fond. J’en verserais presque une petite larme, tiens. De fierté, bien entendu. Je levai les yeux vers lui, pour le voir la main sur la poignée. Mais mon sourire s’effaça bien vite quand j’entendis sa voix. Zut. Je me disais bien que c’était trop facile. Mes sourcils se froncèrent alors que j’expirais bruyamment d’exécration. Néanmoins, curieux, je le laissais continuer, imprimant à jamais dans ma mémoire l’image du mannequin tremblotant sous le coup des émotions. Mêmes les plus petites victoires méritent d’être rappelées.

Malheureusement, ma satisfaction de courte durée. En effet, je manquais de m’étrangler quand il m’annonça qu’il avait assisté à ce qui avait failli être ma dernière heure.

Mon sang ne fit qu’un tour, et une fureur sauvage perça dans le soufflement rauque qui résonna lourdement dans la pièce. « Pardon ? »
Hors de moi, je bondis maladroitement pour lui sauter à la gorge, le plaquant contre la porte en me saisissant de son col. La colère brûlait dans mes yeux et je le violentais rageusement bien deux ou trois fois avant de reprendre dans une averse de postillons vengeurs

« T’as vu les mecs qui m’ont tiré dessus ? Et t’as pas cherché à les retrouver ? A savoir où ils se planquent ? A m’venger, ou au moins à les balance aux flics ?»

Narcisse m'a souvent vu en colère. Très souvent même. Mais pas à ce point là. Pour être honnête, je pense que PERSONNE ne m'a vu dans cet état-là jusqu'à présent. Pas même moi. J'étais tellement submergé par mes émotions que je ne savais plus où j'en étais. Mais, je crois que j'aurais pu le tuer sur place, si je n'avais pas su contrôler cette pulsion devastatrice qui se jettais à corps perdu et sans relâche sur le mur de ma volonté. Torturé, je le relâchais brusquement pour lui tourner le dos, dans l'espoir vain de me calmer ou au moins de ne pas faire de bêtises que je pourrais regretter par la suite. Je mériterais une médaille pour ça.
Le soucis, c'est qu'il ne m'aidait pas, le bougre. Plus il parlait, et plus ma volonté s'amenuisait. A l'instar de ma voix, qui n'était plus qu'un murmure grondant, semblable au tonnerre qui précède la justice divine.

« Tu te souviens de rien ? Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Comment tu peux ne pas te souvenir de ça ? Putain, c'est le seul truc me concernant dont tu devrais te souvenir ! »

Mais ma patience n'est pas infaillible, et plutôt limité. Le petit conte de Narcisse de Lioncourt version abrégé n'avait pas su atteindre l'enfant que je suis, et avait même finit de l'achever pour tout vous dire. Pivotant sur mes talons pour faire volte-face, je le repoussais contre la porte avec toute la force qu'il me restait, non sans une pensée délicieusement sadique pour la douleur qu'il devait éprouver à cause du choc avec la poignée. Ma voix trahissais ma rage, et vibrait à l'échelle de la profonde colère qui me submergeait. Si tout l'hôpital n'était pas déjà au courant que ça commençait à barder, c'est que ma chambre est située en plein milieu de l'aile spéciale surdité.

« Mais je m'en branle de ton histoire, putain d'autiste ! Le seul truc qui compte actuellement, c'est de retrouver ces fils de pute et de les descendre ! »

Mes oreilles sifflaient, et ma vision s'assombrissait sur le coup de la colère. Quant à mon coeur, il battait tellement fort que le fracas inquisiteur de ce tambour de guerre résonnait dans mon crane, et mon sang courrait si vite dans mes veines que j'avais l'impression que mes tempes allaient imploser.

- J'ai cru que t'étais mort ! J'ai cru que t'étais mort, putain ! J'aurais dû réagir comment, d'après toi ? »

Oh je sais pas, comme les gens normaux j'imagine, avec des fleurs et des larmes. Non, sérieusement. Je crois que c'est ce qu'on appelle la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les mots claquaient sèchement dans l'air des deux côtés, dans un crescendo sonore digne d'un vieux couple qui s'engueule parce que l'un a oublié de racheter du pq. Sauf qu'on était pas un vieux couple -pas un couple du tout d'ailleurs- et qu'il était question d'un sujet un peu plus grave que du pq.

« Comment ? Autrement qu'en essayant de me rejoindre en enfer, pauvre con ! C'est pas parce que t'as un putain de prénom de héros de mythologie grecque que tu dois toi aussi mourir de désespoir ! »

Et la c'était la petite bombe à retardement qui finit finalement par exploser. Même si en soi, je n''attendais que ca depuis le début, techniquement. Et laissez votre imagination débordante tranquille, c'est pas pur orgueil. Le grand Narcisse de Lioncourt qui tombe amoureux d'un sale gosse, délinquant de surcroit, et avec qui il échange plus de mots et de coups que de baiser, c'est cocasse tout de même. Mais qu'en plus il reconnaisse, c'était un peu comme un accomplissement dans ma vie, et un trophée à rajouter sur l'étagère de mon ego déjà surdimensionné. Bon, ok, normalement c'était pas censé se dérouler comme ça. Quoique, au final, tout finit toujours comme ça entre nous. Mais là, c'était quand même le pire moment pour me dire ça ; en plus d'être furieux comme comme une Witch de Leaft 4 dead qu'on aurait éclairé à la lampe torche, j'étais maintenant complètement paumé. Dépêtrer ses émotions quand elles sont toutes submergées de rage et de colère pure n'était pas une tâche aisée. Et je ne me sentais vraiment pas de jouer le spéléologues de mes propres sentiments en l'heure actuelle.

« Ouais, super, ça me fait une belle jambe ! Bah pour le coup si t'étais mort j'aurais jamais su, et c'aurait p'têtre été mieux pour tous les deux, connard ! »

Finesse, tact, et délicatesse. Trois mots qui me sont inconnus. Je me détournais de lui, marchant quelque pas avant de lui faire de nouveau face, tandis que ma colère laissait petit à petit place à un mélange de résignement et de désespoir.

« Qu'est-ce que tu veux que je te dise, sérieux ? Je manque peut-être de tact, mais t'es pas mieux à me sortir ça au réveil ! Tu t'attends à quoi, à ce que je me jette à ton cou en chialant et en implorant pardon ? On n'est pas au pays des bisounours putain, c'est plutôt à toi de sortir de ton coma idyllique de merde ! »

Je retournais m'assoir sur le lit. J'étais crevé, et toute cette histoire me retournait le crâne. Je gardai le silence un instant, cherchant un peu de calme en espérant que le monde cesserait de tanguer. Puis, le regard fixé sur mes mains entrelacées, c'est d'une voix monocorde que je repris lentement.

« Tu m'soules. J'sais pas quoi faire de toi, j'sais pas comment faire avec toi. Quel que soit l'angle dans lequel je tourne le problème, ça reste toujours aussi chiant. Et maintenant que tu m'as dis c'que tu ressentais pour moi, je comprends c'que t'attends de moi, mais l'inverse existe pas puisque moi-même je sais pas ce que j'attends de toi ou ce que je ressens. Je sais même pas c'que j'attends de moi-même, putain ! Et j'ai pas franchement envie de clarifier, alors vas te faire foutre, Narcisse. »

Je relevai le regard vers lui, l'oeil éteint. Je ne savais même pas ce que j'attendais du moment présent.

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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyDim 24 Juin 2012 - 16:07

Spoiler:








C’est amusant de constater que, passé l’adolescence, on ne garde que peu de souvenirs de sa petite enfance. Seuls restent les souvenirs les plus marquants, ceux qui nous laissent toujours cette même impression, brûlante, comme imprimée au fer rouge, même des années après. Moi, je gardais ainsi l’image d’un orage qui avait secoué la maison de mon enfance, en France. Ça n’était qu’un simple orage d’été, sans rien pour le distinguer d’un autre, mais moi, ce jour-là, j’étais resté pétrifié devant la fenêtre de ma chambre, littéralement fasciné par les éléments déchaînés.
Et, quelque part, ce que j’avais sous les yeux à cet instant y ressemblait fortement.

Il m’avait violemment plaqué contre la porte, les mains agrippées à mon col, la voix vibrante de colère.

« T’as vu les mecs qui m’ont tiré dessus ? Et t’as pas cherché à les retrouver ? À savoir où ils se planquent ? À m’venger, ou au moins à les balance aux flics ? »

Il me lâcha, reculant de quelque pas avant de me tourner le dos. Moi, figé, pantelant, je n’osai faire un geste. Je tentai de me justifier, en vain : il semblait obnubilé par ce que je venais de lui révéler.

« Tu te souviens de rien ? Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Comment tu peux ne pas te souvenir de ça ? Putain, c'est le seul truc me concernant dont tu devrais te souvenir ! »

Honteux et confus, je continuai néanmoins mon récit sans me démonter, conscient que j’étais de toute façon allé trop loin pour me rétracter. Il sembla cependant qu’il était à des kilomètres de se soucier de mes états d’âme : furieux, il me plaqua à nouveau contre la porte, et la poignée s’enfonça douloureusement dans mon dos, m’arrachant une grimace.

« Mais je m'en branle de ton histoire, putain d'autiste ! Le seul truc qui compte actuellement, c'est de retrouver ces fils de pute et de les descendre !

- J’ai cru… »

J’inspirai profondément.

« J'ai cru que t'étais mort ! J'ai cru que t'étais mort, putain ! J'aurais dû réagir comment, d'après toi ?

- Comment ? Autrement qu'en essayant de me rejoindre en enfer, pauvre con ! C'est pas parce que t'as un putain de prénom de héros de mythologie grecque que tu dois toi aussi mourir de désespoir ! »

Pour le coup, je ne pouvais que lui donner raison. Il fallait bien l’admettre – et mon histoire avec Lawrence me l’avait déjà prouvé avant même que je ne rencontre Sora – j’avais une légère tendance au mélodrame et au théâtral.

« Je sais bien que j’ai été le dernier des imbéciles. Et le pire, c’est que t’en as rien à foutre ; alors franchement, me foutre en l’air pour toi, quelle idée ! J’ai juste été assez con pour tomber amoureux de toi… »

Et voilà. C’était dit.

« Merde ! »

Sora resta interdit un bref instant, et je me demandai si c’était par surprise ou par satisfaction.

« Ouais, super, ça me fait une belle jambe ! Bah pour le coup si t'étais mort j'aurais jamais su, et c'aurait p'têtre été mieux pour tous les deux, connard ! »

Je restai un instant silencieux, bizarrement vexé par sa réaction. Mais, après tout, je ne pouvais guère attendre plus de lui. Il m’avait déjà suffisamment fait comprendre qu’il ne me supportait pas.

« Qu'est-ce que tu veux que je te dise, sérieux ? Je manque peut-être de tact, mais t'es pas mieux à me sortir ça au réveil ! Tu t'attends à quoi, à ce que je me jette à ton cou en chialant et en implorant pardon ? On n'est pas au pays des bisounours, putain, c'est plutôt à toi de sortir de ton coma idyllique de merde ! »

Je fermai les yeux un bref instant, tandis que ma colère retombait brusquement.

« Tu as raison. Je suis probablement le pire des imbéciles. Je ne vois même pas à quoi je pouvais bien m’attendre, en te disant ça. T’es qu’un gamin qui ne sait pas ce qu’il veut. À me repousser, et à me chercher sans arrêt... Mais c’est vrai que j’ai fait celui qui ne voulait rien voir, quelque part.

- Tu m'soules. J'sais pas quoi faire de toi, j'sais pas comment faire avec toi. Quel que soit l'angle dans lequel je tourne le problème, ça reste toujours aussi chiant. Et maintenant que tu m'as dis c'que tu ressentais pour moi, je comprends c'que t'attends de moi, mais l'inverse existe pas puisque moi-même je sais pas ce que j'attends de toi ou ce que je ressens. Je sais même pas c'que j'attends de moi-même, putain ! Et j'ai pas franchement envie de clarifier, alors vas te faire foutre, Narcisse. »

Je tiquai à l’entente de mon nom. Nous avions toujours eu l’habitude de nous appeler par nos prénoms, depuis notre première rencontre – nos origines étrangères nous dispensant du protocole nippon, probablement – mais il me sembla qu’à cet instant, l’entendre m’appeler ainsi prenait une signification particulière, bien que je fus incapable de définir en quoi. Et moi, qui répétait son nom à longueur de temps, comme si chaque « Sora » prononcé à son oreille pouvait le rapprocher de moi, j’eus l’impression un instant que mon opiniâtreté à les répéter avait fait perdre de leur pouvoir à ces deux syllabes. Quelque part, il n’y avait plus rien de « spécial » dans le fait que je l’appelle ainsi.

« T’es qu’un con, Kumori. » lâchai-je d’une voix atone. « Un con doublé d’un sale gosse. T’as juste pas le cran de te poser la question sérieusement, rien de plus. T’es comme le gamin de primaire qui emmerde la fille qui lui plaît… En plus sexy, évidemment. »

Je l’observai un instant. Il s’était rassis pendant sa dernière tirade, et ainsi, prostré, diaphane, il m’apparut plus fragile qu’il ne l’avait jamais été. Je me mordis la lèvre sous le coup de la culpabilité. La colère qu’il avait laissé éclater un instant plus tôt me l’avait fait oublier un moment, mais à présent, la réalité de son état de santé me revenait en pleine face.

Indécis de la conduite à adopter, et conscient de la fureur qu’il ressentait toujours à mon égard, je fit quelques pas vers lui, amorçant un geste en direction de son visage sans pour autant oser le toucher.

« Est-ce que… Est-ce que ça va ? »

Je poussai un soupir en laissant mon bras retomber le long de mon corps, conscient du fait que ma présence ici ne l’aidait en rien.

« J’ai encore tout foutu en l’air, hein ? À venir foutre la merde alors que t’es tout juste réveillé. »

Je passai machinalement une main dans mes cheveux, avant de reprendre :

« Je suis désolé, Sora. Je sais que j’ai tout fait de travers. Je… »

Je m’interrompis. Je savais pertinemment que mes excuses étaient inutiles, et que Sora n’était absolument pas disposé à me pardonner, mais je savais aussi qu’il me connaissait suffisamment bien pour savoir ce que cela signifiait pour moi de demander pardon. Même si, quelque part, je ne savais pas bien pourquoi je m’excusais. Pour ma ridicule tentative de suicide ? Pour ne pas avoir retrouvé ses agresseurs ? Pour être tombé amoureux de lui ?

« À propos… » repris-je. « Ne me prends pas pour plus stupide que je ne le suis, non plus. Les flics ont eu tout leur temps pour m’interroger, après ça, et une fois le choc passé, tu penses bien que je me suis appliqué à tout leur raconter. Je déteste les types qui t’ont fait ça presque autant que toi. »

J’eus un sourire amer.

« Mais je suppose que ça ne compte pas, puisque que les flics ont fait chou blanc. »

Je retins un énième soupir, bien conscient du fait qu’afficher une telle lassitude nuisait fortement à mon image, et laissai à nouveau mon regard s’égarer sur le visage de Sora.

« Je ne pourrai pas te promettre de disparaître, tu sais ; pas maintenant que tu es réveillé. Mais je ne te demanderai rien en retour, non plus. Ces six derniers mois m’ont bien trop donné à réfléchir pour que je puisse me permettre d’exiger à nouveau ton amour. »

J’avais baissé le ton en prononçant ce dernier mot, comme intimidé, et terriblement honteux de sortir des paroles aussi niaiseuses. Et ma dignité, dans tout ça ? Je me rappelais la fois où je lui avais dit, avec un aplomb qui m’étonnait encore moi-même, « Je veux que tu m’aimes ».

Alors, mû par l’instinct, et par on ne sait quelle folie téméraire, je me penchai vers lui pour lui voler un baiser. Ses lèvres étaient un peu sèches, et légèrement craquelées – fatalement : il venait de passer six mois sous respirateur, après tout. Et, si j’avais déjà fait ce geste un nombre incalculable de fois, je ne pus m’empêcher de songer avec amertume que celle-ci était peut-être la dernière.
Tssk. Je méritais une médaille pour l’obstination dont je faisais preuve avec lui. Même si, il fallait bien l’admettre, il méritait lui aussi une médaille pour m’avoir supporté jusqu’à maintenant.



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Sora Kumori

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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyMer 26 Déc 2012 - 17:49



Vous savez, dans la vie, très peu de personnes ont déjà osé me traiter de con. Et ceux qui s’en sont tirés sans représailles se comptent sur les doigts de la main –d’un amputé des deux bras. Mais là, c’était différent. D’habitude, ça me faisait l’effet d’un petit caillou tout rouge lancé pile poil dans l’œil du taureau énervé que je suis. Là, j’avais plutôt l’impression de me prendre une montagne sur le coin de la figure. Soudainement, je me sentis infiniment vide, épuisé et accablé. Mon regard chut mollement sur mes mains entrelacées et ne les quitta pas avant un long moment. Aucun son ne sortit de mes lèvres, aucun geste ne s’amorça, et aucune expression ne déforma mon visage.
Je m’étais littéralement statufié.

Pour ce qui était peut-être la première fois de ma vie, je ne trouvais rien à répondre. Ou plutôt, je n’avais aucune envie de le faire. Narcisse… Avait raison. Même si ça me tue de l’avouer.
Je ne suis qu’un sale gosse qui n’a jamais réussi à grandir, trop cahoté par les remous de l'océan de violence dans lequel je suis né. Et dieu sait qu’il n’est pas aisé de rejoindre la côte de l’âge adulte et de la maturité à la seule force des bras, lorsqu’on patauge dans l’œil d’un cyclone qu’on a soit même créé. Mais ce cyclone me protège autant qu’il m’enferme, et m’apaise autant qu’il détruit. Je n’étais pas prêt à m’en séparer.
Je ne VOULAIS pas m’en séparer.

C’est mon armure, mon cocon. Ma cage dorée dont je suis et geôlier et prisonnier. Je ne serais plus le même sans. C’est devenu… Une partie de moi.


T’es qu’un con, Kumori.

Pourquoi ces mots ne cessaient-il pas de résonner dans mes oreilles ? Ce n’était certainement pas la première fois que je les entendais. Je dirais même qu’ils m’étaient adressés presque quotidiennement, et pourtant… Et pourtant, entendre mon nom me vrillait les tympans. Et je ne faisais que lui donner plus raison, n’ayant pas plus fière allure qu’un morveux qui se fait réprimander par ses parents. Appliquant avec soin la politique de l’autruche, replié sur moi-même dans une bulle formée par mes pensées entremêlées. Le cyclone, à l’heure actuelle, il était plutôt dans ma tête. Et en plus d’y foutre un bordel pas possible, il me coupait totalement de la réalité et du monde environnant.

Je n’avais donc pas remarqué que Narcisse s’était déplacé. Je n’avais pas non plus remarqué sa main qui s’approchait de mon visage, et ses mots ricochèrent sur moi comme s’ils étaient dans une autre langue. Je ne compris que la fin de sa dernière phrase.


Réveillé.

Je clignais soudainement des yeux comme pour chasser la brume qui voilait mon esprit, et les reposait lentement sur lui. Et, étonnamment, ça a marché. Narcisse devait avoir une affinité particulière avec le vent, parce qu’il n’a jamais été inquiété par mon armure cyclonique. Je le voyais à présent. Il n’en était certes jamais sorti indemne, mais il était l’un des rares à avoir su traverser les murs de vent hurlant pour me rejoindre dans l’œil. Pour le meilleur et pour le pire.
Surtout pour le pire, d’ailleurs.

Ses mots d’excuses, n’avaient certes, que peu de valeur à mes oreilles. Mais ils m’avaient éclaircit l’esprit, et soudain, je compris. Ils en avaient pour lui. C’était sa propre armure qu’il sacrifiait pour percer la mienne, et, c’était au sommet de ces débris qu’une véritable relation peut s’ériger. Peu importe quel genre de relation. Je ne saurais définir celle que nous avions –et d’ailleurs je n’en ai ni l’énergie ni l’envie- mais je sais au moins qu’elle est vraie ; et que de ce fait, elle sera toujours présente, même si susceptible de muter.
Je sais aussi… que j’en ai besoin.

« Surprenant. », ironisais-je lorsqu’il m’expliqua ses aventures policières, tant pour lui que pour mes pensées.

D’un autre côté, je ne vois pas trop à quoi d’autre j’aurais pu m’attendre ; si les flics avaient été efficaces j’en aurais été le premier informé. Et je ne serais probablement pas dans une chambre d’hôpital mais dans une prison, ce qui serait tout de même nettement moins appréciable. Puis, je préfère mener ma vendetta en solo. C’est plus classe, le côté loup solitaire, tout ça.
Et ça me donne surtout beaucoup plus de liberté.

Bref. Le fantôme de mon légendaire sourire en coin réapparu sur mes lèvres lorsqu’il dit ne pas pouvoir me promettre de disparaître. Je restais cependant interdit, sentant qu’il n’était pas allé au bout de son idée. Le problème, c’est que j’avais oublié à qui j’avais à faire ; je n’aurais peut-être pas dû le laisser continuer. Je ne m’en suis rendu compte que lorsque ses lèvres touchèrent les miennes. Un poil trop tard, en l’occurrence.
Bah, perdu pour perdu.

Je lui accordai celui-ci. Dans un élan de pitié et de bonté, évidemment. Nos langues se rencontrèrent et ne tardèrent pas à s’entremêler dans une surprenante tendresse qui m’était jusqu’alors inconnue, et un bref instant, j’eu l’impression d’embrasser la vie. Comme piqué à vif, je mis brutalement fin à l’échange, et le fixa dans les yeux.

« Narcisse. » commençai-je, « Je ne veux pas que tu disparaisse. » Mon bras s’étendit vers le bouton d’appel d’urgence. « Du moins, pas à long terme. »

Et je le pressai.
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MessageSujet: Re: Still Grey   Still Grey EmptyVen 9 Aoû 2013 - 20:43

Spoiler:









C’était la première fois. Je l’avais déjà embrassé auparavant, bien sûr, mais même les rares fois où il y avait répondu, il ne m’avait jamais semblé partager quoique ce soit avec lui. Cette fois, c’était différent. Il faisait preuve d’une tendresse qui m’était inconnue, et même d’une certaine douceur, que jamais je n’aurais attendue de sa part.
Grisé par l’échange, je me risquai même à glisser une main dans sa nuque, lui faisant légèrement pencher la tête en arrière pour approfondir le baiser. Mon coeur battait la chamade, et je devais avoir l’air légèrement pathétique à m’accrocher ainsi, mais c’était le cadet de mes soucis.

C’est encore une fois lui qui rompit le baiser et je m’écartai à regret, curieusement bien plus calme qu’un instant plus tôt.

« Narcisse. » commença-t-il en esquissant un geste vers sa droite. « Je ne veux pas que tu disparaisses. Du moins, pas à long terme. »

Il s’empara du bouton d’appel d’urgence et le pressa une seule fois, sans me quitter des yeux. Je m’éloignai de lui imperceptiblement et hochai la tête. Message reçu. C’était légitime, d’ailleurs ; une prise de tête avec moi après six mois de coma, ça n’était pas à proprement parlé le réveil idéal.

Je me demandai un instant s’il se rendait compte de l’importance que revêtait cette déclaration à mes yeux ; après tout, jusque là, il avait toujours cherché à me faire comprendre que ma présence l’insupportait, et voilà que pour la première fois en trois ans, il m’assurait du contraire.
En temps normal, mon insupportable optimisme et mon assurance débordante aurait presque pu le prendre comme une déclaration d’amour - et une petite voix quelque part dans ma tête me chuchotait que c’était probablement le cas - mais six mois d’attente m’avaient appris à me contenter de peu et là, tout de suite, j’étais prêt à accepter ne serait-ce qu’un semblant d’amitié, s’il daignait me l’accorder. Bien que, évidemment, notre relation n’avait jamais rien eu à voir avec l’amitié.
Je retins un soupir à cette idée. S’il avait suivi mon train de pensé, Sora aurait probablement eu honte de moi à cet instant. Moi, Narcisse de Lioncourt, me “contenter” de quelque chose ? Quelle blague.

Je me redressai imperceptiblement. Bien joué, Sora, me dis-je, tu viens de me donner le feu vert pour continuer à te courir après. A cet instant, quiconque me connaissant un minimum n’aurait pas manqué de noter la différence dans ma posture. Le dos droit, les épaules rejetées en arrière, le port altier ; mon attitude n’avait absolument rien à voir avec celle que j’abordais en arrivant ici.

« Je reviendrai te voir bientôt. » lançai-je calmement. « Et si jamais tu as besoin de quoique ce soit... »

Je laissai ma phrase en suspend, et fouillai rapidement dans mon sac. M’emparant d’un stylo et d’une de mes cartes de visite professionnelles, je griffonnai rapidement quelque chose au dos de ladite carte avant de la poser sur la table de chevet de Sora.

« Tiens. Je doute que tu t’en serves, mais on ne sait jamais. »

Spoiler:

J’effleurai une dernière fois sa joue, puis son cou dans un même geste en guise d’au revoir, le touchant à peine, avant de retourner près de la porte.

« Tâche de ne pas trop tyranniser le personnel, d’accord ? » lançai-je avec humour en jetant un oeil aux fleurs éparpillées sur le sol parmi les éclats de verre brisé.

J’ouvrai enfin la porte pour sortir de la chambre et, au moment de la refermer, je me ravisai, me retournant une dernière fois.

« Sora ? » appelai-je.

Mon coeur battait à tout rompre, à présent.

Je souris.

« Je t’aime. »






A bout de souffle, je m’appuyai contre un des piliers, devant l’entrée de l’hôpital. Lui dire que je l’aimais, d’accord, mais je ne tenais pas à faire face à son mépris une seconde fois, aussi m’étais-je éclipsé sans lui laisser le temps de répondre.
Courageux mais pas téméraire, en somme.
Toujours est-il que, sans que je sache réellement pourquoi, j’avais franchi les derniers mètres en courant, et je m’appliquais à présent à retrouver mon calme. Je m’octroyais une petite pause devant les portes, suivant du regard les visiteurs qui me regardaient d’un drôle d’air, vaguement choqué de voir quelqu’un courir dans un hôpital.

J’avais envie de rire aux éclats. J'avais envie de me donner des claques, aussi, parce qu'une telle euphorie pour un simple "je ne veux pas que tu disparaisses", c'était pour le moins ridicule.

Un instant plus tard, je me dirigeais vers le portail principal du complexe hospitalier, quand je me rendis compte de la raison pour laquelle tout le monde me fixait.
Je souriais.
Rien d’exceptionnel, me direz-vous, mais rares étaient ceux qui affichait un tel sourire en sortant d’un hôpital. Et moi, j’étais bien incapable, à cet instant précis, de me défaire de mon sourire.

Il était vivant. Vivant et conscient. Mieux, il avait - de façon détournée, certes - émis le souhait de me revoir ; et dieu sait que je n’en demandais pas tant.
Pour la première fois depuis six mois, il n’y avait pas un seul nuage en vue.




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