Monsieur Morphée dieu du sommeil était vraiment un homme ?

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Lui par contre, il était complètement déchiré. La demoiselle regarda le rouquin avec un air désespéré. Ah ces nippons, on leur donnait une goutte d’alcool et ils commençaient déjà à chanter. Ils étaient presque tous comme ça. Yume était différente, elle, c’était une compagne de beuverie digne de ce nom ! Un joli sourire ourla les lèvres de Morphée alors qu’elle écoutait d’une oreille distraite les propos de son compagnon de bar. Elle ne comprenait pas trop ce qu’il lui racontait parce qu’il commençait à partir dans un long délire tout seul et elle l’y laissa un instant, regardant le barman et le jeune homme se répondre mutuellement. Elle trouva ensuite intéressant de s’intéresser à la perruque du barman qu’elle subtilisa avant de jouer un peu avec pour finalement lui rendre, elle était joueuse, pas cruelle.

La porte s’ouvrit.

Deux hommes apparurent et si la punkette n’avait pas la mémoire aussi déficiente, ou cette tendance à se foutre un peu de tout, elle se serait certainement souvenue que c’était les hommes qu’elle avait vu sortir à toute vitesse un peu plus tôt. Ils commencèrent à parler avec le jeune homme, déclarant qu’ils en avaient pour une seconde et ils l’embarquèrent bien vite dehors. Morphée en vit un qui acheta une bouteille de vodka et elle s’imagina qu’ils allaient la boire tranquillement dehors en discutant, ne cherchant pas plus loin. Elle termina son verre avant de sentir sa poche vibrer. Elle sortit son portable pour trouver un SMS d’Akane, un des membres de son groupe de musique :

Morphée,
N’oublies pas la répétition générale de tout à l’heure, je serai certainement un peu en retard parce que j’essaye de semer ma Blonde mais j’arrive dès que possible ! ET NE SOIS PAS EN RETARD !
Atomique Hydrocèle.

N’importe quoi, comme si c’était son genre d’arriver en retard ! Bon ok… Il ne fallait pas être de mauvaise foi et avouer que lorsqu’on se tapait un bad après un bon pétard sur le toit du lycée, on avait un peu de mal à arriver à l’heure pour la répétition du groupe mais ce n’était pas pour ça qu’il fallait dire qu’elle arriverait forcément en retard aujourd’hui. Si ? D’accord, d’accord.
Elle paya donc sa consommation ou plutôt, déclara à son barman préféré qu’elle le payerai plus tard et se fit copieusement insulter par celui-ci avant de lui envoyer un doux baiser de la main tout en poussant la porte du bar, ayant complètement oublié son compagnon Mister Rouquin.

C’est à ce moment-là qu’elle vit le massacre.

Une bouteille de vodka, de sa précieuse vodka, de son indispensable vodka. Oui, une bouteille de cet or blanc était éparpillée partout, en morceau. L’alcool se répandait progressivement sur le sol. Sa bouche s’entrouvrit en un cri de surprise silencieux avant qu’il ne remonte doucement vers les hommes qui venaient de la repérer. L’un d’eux lâcha :

« Dis donc Lewis, c’est pas ta copine, ça ? T’as vraiment des goûts de chiotte, elle ressemble à rien ! »

Il s’approcha d’elle et la défia du regard, une lueur malsaine dans celui-ci. On pouvait clairement y lire qu’elle n’était rien qu’un vulgaire vagin à ses yeux et qu’il n’avait aucun respect pour elle. Il la mettait au défi de réagir, il voulait certainement la tester. Morphée le regarda avec toute l’indifférence dont elle pouvait faire preuve puis elle dirigea lentement ses pupilles roses vers le dénommé Lewis. Elle découvrit alors un spectacle plutôt pitoyable, le rouquin avait été enchaîné, son crâne dégoulinait de sang, certainement parce qu’il devait s’être pris la bouteille en pleine face mais il n’avait pas l’air de s’en rendre compte. Elle remarqua le cache-œil relevé qui dévoilait une cicatrice plutôt inquiétante et elle haussa un sourcil, relevant hautainement le visage. Elle le regarda comme s’il n’avait été qu’un vulgaire cloporte puis dirigea le même regard vers l’homme en question. Elle poussa ensuite un long soupire, ne laissant aucune de ses pensées pourtant étranges et décalées se transcrire sur son visage.

Morphée enfonça ses mains dans ses poches et elle récupéra son portable. Ensuite, comme si de rien n’était, elle envoya un message à Akane :

Hey Akane,
Juste pour te prévenir que j’ai un petit problème – rien de très grave, ne t’inquiètes pas – et que je ne pourrais pas assister à la répétition d’aujourd’hui. Désolée.
Moule Volante Attardée.

Ça, c’était fait. Elle rangea tranquillement son portable puis reporta son regard sur l’homme qui se trouvait toujours face à elle et qui continuait à lui lancer des provocations qu’elle n’écoutait plus. Elle mit ses mains dans ses poches, un air renfrogné sur le visage. Elle balança son pied en arrière, histoire de prendre son élan et l’envoya à un endroit particulièrement sensible des hommes. Et paf dans l’entrejambe ! Elle le regarda s’écrouler à terre et mis en application son conseil en matière de combat : attaquer encore et encore l’ennemi pour ne pas lui laisser le temps de répliquer. Elle le regarda donc tomber à genoux et donna un coup sec dans sa nuque, histoire de l’allonger à terre, face contre sol. Elle abattit ensuite une pluie de coups dans ses côtes.

Mais elle savait que ça ne durerait pas. En effet, les autres hommes étaient restés estomaqués, ils ne s’étaient absolument pas attendu à ce qu’elle réplique et ils vinrent bientôt pour l’immobiliser, lui tenant chacun un des bras alors qu’elle tentait de se débattre avec ses jambes. Morphée était une punk, une vraie de vraie, une dure à cuir et elle se battait parfois mais elle n’aimait pas trop ça, étant plus douée pour la fuite. La bagarre, ce n’était pas vraiment son truc et elle n’était pas si forte que ça, plutôt souple et rapide, en fait. Elle n’avait aucun avantage face à ses gorilles beaucoup trop nombreux et elle se doutait bien qu’elle venait inutilement de se mettre dans la merde, surtout pour une simple bouteille de vodka explosée. Bah oui… Vous ne pensez tout de même pas qu’elle allait risquer sa peau pour un mec qu’elle connaissait à peine, elle s’en foutait un peu de ce Pirate Rouquin. Elle, elle voulait juste laver l’affront fait à la Divine Vodka.

« Dis donc, Lewis, c’est que c’est une furie ta copine ! »

L’homme à terre commençait à se relever. Elle se jeta en avant et lui balança un nouveau coup dans les côtes qui l’envoya valser mais les bras puissants la soulevèrent bientôt avant de la reculer. L’homme continuait à se relever et il la regarda l’air ampli de haine :

« Salope, ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça ! »

Morphée le défia de ses prunelles artificiellement roses et elle fit un sourire malicieux avant de lui lancer de sa voix grave :

« Zcuse mais j’comprends pas trop le japonais. Tu peux répéter ? »

Hors de lui, il s’approcha d’elle et lui envoya une belle droite dans la tronche. La douleur fut plutôt violente et elle ferma un œil sous le choc. Il gronda :

« Et celle-là, tu l’as comprise ? »

Relevant le visage vers lui, elle lui cracha dessus avant de le regarder avec toute la haine du monde :

« Non. J’ai pas compris. »

Avec tout ça, ils avaient oublié ce crétin de rouquin et elle se demanda s’il s’était enfui. Elle se rappela qu’il était ivre mort et enchaîné. Elle ferma les yeux, attendant le prochain coup mais les sirènes de la police résonnèrent bientôt. Les hommes la lâchèrent, paniqués :

« Merde, les flics ! On s’casse ! Vous perdez rien pour attendre les morveux ! »

Elle sentit ses jambes céder sous son poids et s’écroula à terre avant de cracher du sang. Ils avaient failli lui péter une dent ces abrutis. Un des policiers s’approcha d’elle et soupira tout en la reconnaissant :

« Mademoiselle Alekseïeva, encore vous ? Savez-vous que c’est la troisième fois que vous vous retrouvez au poste ce mois-ci, vous allez avoir de sérieux soucis avec votre établissement. Franchement, Keimoo, aucune discipline dans cette académie. Une honte, j’y mettrais pas mes gosses ! Veuillez me suivre au poste, mademoiselle. Monsieur également. »

Il la saisit par le bras pour la soulever alors qu’elle grognait :

« Je suis la victime alors un peu de respect, svouplait. »

Il leva les yeux au ciel, ne la croyant pas le moins du monde. De toute façon, il y avait pleins de témoins et ils pourraient justifier si oui ou non elle avait cherché la bagarre. Il souffla d’un air désespéré lorsqu’il se rendit compte que le Rouquin, enchaîné, était ivre et demanda :

« Monsieur êtes-vous majeur ? Sinon, vous pouvez être sûrs que votre établissement et vos parents seront au courant de ce comportement inacceptable : état d’ébriété sur la voie publique. »

Super… Et comment s’en sortir, maintenant ? Elle soupira et se laissa porter par les événements.