Retrouvailles... Spéciales ?

Bilan des vacances d'août ? Une côte cassée par Tsumi, un magnifique collier de chien offert gracieusement par ce dernier, et un revenant qui arrive comme un cheveux sur la soupe lorsqu'elle est à l'hôpital, entraînant une énième dispute avec Lun. Autant dire que c'était malheureusement des vacances de merde.
Et pour une fois, elle avait eu hâte d'aller en cours. Rester aliter dans un lit pendant presque un mois en pleine déprime, quand on s'appelle Yume Namida, c'est comme se défenestrer du sixième étage : Peu de chance de s'en sortir. Mais, elle avait vaincu.

C'était d'ailleurs en gagnant ce combat titanesque qu'elle avait réussi à glisser un petit bout de papier dans un certain casier. Celui d'une pauvre victime de ses petits jeux, parfois bien vicieux. Sauf que cette fois là, cela avait été bien trop loin. Même Yume s'en était rendue compte. Son propre malheur, elle devait avouer qu'elle ne s'en rendait pas vraiment compte. Sinon, elle aurait craquer depuis longtemps. Cependant, entraîner quelqu'un qui n'avait rien demandé, c'était autre chose. C'était beaucoup plus traumatisant pour elle. Imaginez, elle pouvait s'excuser mille fois lorsqu'une personne se prenait une gifle à cause d'elle alors qu'elle n'avait rien fait. Alors, un passage à tabac, Yume avait simplement ressentie le besoin de s'excuser de vive voix. Ça le faisait tout de même mieux que d'envoyer un mail. Oui, sauf que le problème, c'était qu'elle n'avait pas prévu les effets secondaires de son action. Le stress l'avait guetté toute la journée, ponctué de perte de courage. Son propre comportement la déstabilisait. D'habitude, la rebelle ne se prenait jamais la tête. Encore moins toute une journée. Le point culminant fut sans doute lorsqu'elle se demanda si elle devait lui offrir quelque chose en plus de ses excuses. Songeant que c'était réellement stupide de simplement, prononcé un « désolée » et de s'en aller. Sérieusement, si la jeune femme avait pu se tuer contre un mûr, elle l'aura fait. En plus d'être anxieuse, la japonaise se trouvait exaspérante, telle une adolescente de 14 ans devant aller à son premier rendez-vous amoureux. Enfin, elle supposait parce que ça lui était jamais vraiment arrivé à cette époque.

Bref, toute la journée, le demoiselle avait été d'une humeur de chien. Et pour ne rien arranger, l'hôpital l'attendait durant l'après midi pour voir si sa côte cicatrisait bien. Pour une fois, un truc positif arriva, puisque la réponse était oui. D'ici une semaine ou deux, elle n'aurait plus rien à craindre des respirations douloureuses, sauf si bien évidemment elle faisait des exercices physiques. Pas d'alcool, pas de boxe pendant un moment, c'était ça qu'il fallait comprendre. Yume ne préférait même pas savoir comment elle s'occuperait... Quoique éviter Tsumi serait sans doute tout un art. Mais pour le moment, elle préférait éviter d'y penser. La nipponne hésitait toujours entre se soumettre à lui, et ne plus recevoir de coups et autres, ou se rebeller pour le pourrir lui aussi. Choisir la facilité ou la vengeance. Soupirant de lassitude, Yume n'avait jamais été réputée pour préférer les choses les plus simples. Bien au contraire, elle était plutôt douée pour se mettre dans des situations de merde. Sauf que se venger reviendrait à vivre un enfer quotidien, et la rebelle considérait qu'elle avait assez donné. Entre les faux sourires, les mensonges à répétition et la pression qui pesait de plus en plus sur ses épaules, autant dire que ses relations sociales étaient plutôt houleuses. Au point qu'elle ne serait pas étonné de voir poindre des crises de nerfs. Et elle en avait déjà vécu. Yume ne voulait absolument pas que ça recommence. Le côté positif, c'était qu'au moins, ses notes avait remonté sensiblement, puisqu'elle était passée du 11 au 13. Et oui, pour oublier ses petits tracas, la rebelle avait plongé le nez dans les bouquins. Exploit en soit. Et le pire, c'était qu'elle aurait bien aimé s'y replonger en moment.
Le stress ne lui allait vraiment pas. Ses tremblements l'agaçaient et elle était incapable d'avoir une once de sang froid. Les nerfs à fleur de peau, plusieurs personnes avaient dû subir sa mauvaise humeur. Et en général, c'était pas très beau à voir. Ce qui l'irritait encore plus. Un cercle vicieux dont elle n'arrivait pas à se défaire. La rebelle songea pendant un bref moment à prendre de la drogue, histoire qu'elle se détende un peu. Avant de balayer cette idée de la tête. C'était pas vraiment le moment, parce que la japonaise risquerait de faire un faux pas avec son rendez vous. Et qu'il prenne ses excuses à la légère c'était la dernière choses qu'elle voulait. La jeune femme n'avait plus qu'à assumer, ce qui ne lui plaisait guère. L'idée de lui poser un lapin traversa son esprit. Grognant de frustration faisant tourner quelques têtes non loin d'elle, Yume prit la direction du parc. Il était tout simplement hors de question qu'elle fasse demi-tour. C'était comme abandonner, et s'il y a bien une chose dont la rebelle déteste c'était de s'avouer vaincu. Et avec un peu de chance, c'était lui qui allait lui poser un lapin.

S'asseyant sur un banc au hasard, la demoiselle regarda sa montre. Une demi heure d'avance. Franchement, ça devait être la première fois où elle n'était pas en retard. L'expression « les mauvaises habitudes ont la vie dure » ne semblait pas s'appliquer dans ce cas précis. Bien malheureusement, elle n'avait plus qu'à s'occuper l'esprit en attendant. Sauf qu'à chaque fois, ses pensées se tournèrent vers le creepy. Yume ne savait même pas ce qu'elle devait dire. Et même après y avoir réfléchit de long, en large et en travers, aucune idée n'avait pointé le bout de son nez. Entre, trop pathétique et trop snob, la rebelle pensait qu'elle ne trouvait pas le juste milieu. Et le pire, fut sans doute d'essayer de trouver une excuse potable pour ce qu'elle avait fait. Là, c'était le néant total. En même temps, c'était inutile lorsqu'on ne savait pas soi même. La japonaise savait parfaitement qu'elle avait agit par impulsion et provocation. Cela aurait dû être sans gravité. Sauf qu'il en avait été décidé autrement. Et ça, c'était la merde, puisque la jeune femme avait l'impression de prendre des risques. Si Tsumi arrivait ici, s'en était fini d'Edwin, et de Yume. Et bien qu'elle avait tout fait pour être discrète, la peur de voir son petit ami débarquer au parc lui faisait terriblement peur. Sans doute, que cette fois ci elle agirait bien différemment que la dernière fois. S'imposer quand les deux avant que le premier coup parte, et ensuite calmer Tsumi en lui montrant qu'elle était une gentille fille.
Un sourire ironique naquit sur ses lèvres. C'était pas vraiment dans son caractère d'être une bonne soumise, sans protester, mais il valait mieux ça plutôt qu'une personne innocente se fasse une nouvelle fois entraîner sous une pluie de coups. Un frisson parcourut son échine, plus elle y pensait plus les larmes semblaient vouloir s'imposer. La rebelle avait beau être amoureuse de la racaille, pour une fois elle devra écouter sa raison. Finir femme battue n'était pas dans ses ambitions.

Ses réflexions furent interrompues par une voix froide qui la fit sursauter, se levant et s'éloignant un peu du banc par peur, songeant que c'était Tsumi qui s'était faufilé derrière elle, pour mieux la surprendre. Elle fut légèrement surprise d'y trouver le creepy. Un petit temps de réaction, avant qu'elle ne se frotte les yeux pour reprendre une quelconque contenance, avant de resserrer discrètement son écharpe inquiète qu'on puisse y distinguer le collier que son petit ami lui avait offert. Souriante comme ci de rien n'était, la rebelle paraissait parfaitement normale voire même amusée suite la réflexion d'Edwin.

-C'est pas faux, mais je me disais que je te devais au moins des excuses. Et de vive voix semblait plus convenable de mon point de vue.

S'entortillant les doigts tout en les fixant, Yume ne cachait en rien son malaise dans cette situation.

-Je suis désolée.

Elle sentit que ses joues rougirent. La rebelle songea brièvement qu'Edwin devait la trouver idiote. Le faire se déplacer seulement pour ça était complètement stupide. Sauf qu'elle n'avait aucune idée si le creepy voulait faire autre chose à côté. Trainer avec elle, c'était comme vouloir la poisse volontairement. Connu de Keimoo pour ses frasques dans les bars et par les personnes qu'elle côtoyait, comme Tsumi, Lun ou Morphée, les gens l'avaient directement classé dans les mauvaises fréquentations. Yume en avait toujours eu conscience mais n'y avait jamais accordé une importance particulière, puisque ça ne servait à rien d'essayer de démentir telle ou telle choses. Le mieux avait été qu'elle s'en amuse.

-Merci d'être venu aussi

C'était plus un grognement étouffé dans son écharpe qui en était sorti. Les mains dans les poches, la jeune femme ne bougeait pas d'un pouce se contentant de fixer le sol, comme ci elle y trouvait une soudaine fascination envers celui ci. Au moins, son cadet pouvait voir qu'il lui arrivait d'être normal parfois. Voire même extrêmement timide. Bref, la jeune femme était complètement différente que lors de leur première rencontre.

Elle n'aurait jamais cru le voir rougir. Après tout, il avait juste à attendre des excuses, il n'avait rien fait de mal. Donc il aurait dû être détendu, non ? Etait il réellement aussi timide ? A vrai dire, Yume s'en fichait, plus occupée à s'occuper de son propre malaise. Depuis qu'elle était revenue au Japon, elle s'était empourprée qu'une ou deux fois, et c'était devant Tsumi. Quand il avait découvert qu'elle avait des sentiments pour lui. Et autant dire qu'elle détestait ça. C'était comme mettre ses sentiments à découvert sans avoir la possibilité de les cacher. Yume en aurait grogner de frustration. Cependant, sa concentration était telle que ça lui passait un peu au dessus, puisque la rebelle voulait briser la glace.
Qu'il s'en aille l'aurait sûrement arrangé, sa tension se serait envolée. Même si, elle n'aurait jamais su s'il lui pardonnait son écart de conduite. Seulement, s'il restait planté là, c'était qu'il était capable de l'excuser, non ? Yume n'en avait aucune idée, c'était le brouillard dans son esprit. Alors que d'habitude, elle agissait par instinct et analysait les gens par réflexe, la voilà qui faisait tourner ses méninges pour tenter de comprendre le comportement de son interlocuteur. Sauf que mise à part les rougeurs de son visage, rien ne laissait transparaître ce qu'il pensait. Ce qui ne l'aidait en rien. Alors, elle se contentait de le regarder intensément, comme pour y déceler une faille qui lui donnerait une indication sur ce qu'elle devait faire.
Jusqu'à ce qu'il se mette à parler. Ce qui la fit rire légèrement. Elle s'était attendue à tout, sauf à ça. Se frottant de nouveau un oeil avant de mettre sa main à la même hauteur les doigts écartés, Yume ne cachait pas son amusement. Il était doté d'une certaine franchise que la jeune femme avait apprécié.

-Ravie d'avoir servi à quelque chose.

Lui offrant un nouveau sourire qui dévoilait beaucoup moins sa tension du début, Yume se serait presque senti en sécurité avec lui. Il semblait d'un naturel calme, peut être même doux. Et d'une certaine façon, la rebelle s'en appropriait, abaissant son rythme cardiaque plus ou moins frénétique. Les influences des autres jouaient un rôle dominant dans son comportement. Celui ou celle qui devenait agressif envers Yume se retrouvait avec une colère encore bien plus importante. Sauf la dernière fois. Avec Tsumi. Bizarrement la rebelle avait simplement ressenti de la peur. Aucun acte de rébellion comme elle était si douée à le faire. Et lorsqu'elle l'avait frappé, la demoiselle ne s'était pas attendue à tant de répercutions sur sa personne, la laissant pour le moment fragile.
Voyant Edwin s'approcher d'elle et le voir rougir, Yume fit tout le contraire. Devenue blême, la demoiselle n'avait pourtant pas bouger d'un pouce, essayant de contrôler sa peur. Ses mains qui n'avaient pas bouger de ses poches formaient deux poings. L'idée qu'il pourrait se passer la même chose qu'avec son petit ami restait ancrée dans son esprit, bien qu'elle savait qu'il n'en ferait rien. La jeune femme ne connaissait certes pas le creepy, mais elle en savait suffisamment pour savoir qu'il ne la frapperait pas, ni ne la violerait. Elle s'en voulait d'avoir d'autant peur de lui, tout comme de Lun. C'était même pire avec ce dernier, puisqu'il y avait souvent eu des contact physique, ne serait que par un câlin. Aujourd'hui cette idée lui procurait une peur qu'elle n'arrivait pas à refouler.

Et bien que son visage avait viré du rouge au blanc, la demoiselle faisait tout pour paraître normale. Se mettant en tête qu'il ne devait rien savoir. Il n'avait aucun droit d'entré dans sa vie privée. Pas maintenant alors qu'elle était plus fragile que jamais. Et pourtant, l'idée qu'il la prenne dans ses bras et que la japonaise puisse y pleurer tout soûl lui effleura l'esprit malgré la peur d'être touchée par le sexe masculin.
Penchant sa tête légèrement de côté avec un air sérieux suite à sa réplique, Yume le regardait dans les yeux intensément, observant par la même occasion chaque détail du visage d'Edwin.

-Tu pensais que j'étais une salope alcoolique, droguée et égoïste ?

Fermant les yeux doucement et soupirant. Yume ne put s'empêcher de faire un sourire désabusé, repensant vaguement à ce qu'elle lui avait fait.

-En parti c'est vrai... En parti. Sinon je n'aurais jamais été capable de faire ce que je t'ai fait.

Un sourire d'excuse. Yume ne lui avait pas vraiment laissé le loisir de lui faire croire autre chose. Les rumeurs n'avaient sans doute rien arrangé pour être prise en plus haute estime. Et avait elle le droit d'espérer ? La rebelle pensait que non.
Observant les mains d'Edwin, la nippone pu constater qu'il était limite plus anxieux qu'elle. En même temps, maintenant qu'elle voyait que son cadet ne lui en voulait pas trop de ce côté, ça allait mieux. Et la courte distance qu'il avait imposé semblait un peu moins courte, sans doute à force de rester l'observer, et se disant en boucle mentalement que ce n'était pas si grave.
Oui enfin ça, c'était avant qu'il ne décide de foncer droit sur elle pour aller s'asseoir sur le banc. Et par sa nouvelle peur, Yume se décala vivement pour ne pas être touchée. Son coeur battant frénétiquement comme s'il avait envie de sortir de sa cage thoracique. Et même après, elle avait du mal à se calmer, évitant son regard pour ne pas qu'il lise de la peur.
La rebelle devait se ressaisir. Ce comportement ne lui ressemblait pas, mais elle ressentait soudainement le besoin de faire une pause. Abattre ce visage normal et laisser sa peine apparaître. Cela serait tellement moins fatiguant. Sauf que la jeune femme savait qu'elle n'abaisserait jamais ses barrières, puisqu'elle tenait à ses apparences de demoiselle vive et heureuse. Pour ne pas qu'on s'occupe d'elle ni qu'on s'inquiète. Son petit ami mettait sa force morale à rude épreuve, elle devait l'avouer. C'était sans doute le premier à l'avoir mené aussi loin dans ses retranchements. Le premier aussi qui avait pu aller aussi loin.

Reportant son attention sur le creepy, il ne semblait pas vouloir finir sa phrase. C'était quoi ces gens qui décidaient de dire quelque chose et qui finalement s'arrêtait avant le plus intéressant ? Yume était terriblement curieuse alors c'était évidemment les choses qu'il ne fallaient pas faire en sa présence aux risques de vous assommer pour savoir ce qui s'y cachait. Sauf aujourd'hui, elle se voyait mal harceler Edwin pour avoir la réponse. Mais autant essayer une fois.

-Tu m'as vu et quoi ?

Sans doute qu'il ne dirait rien. Et la rebelle n'insisterait pas. Ils n'étaient pas assez proche pour qu'elle puisse se le permettre. De toute façon, il y avait un autre problème plus important, puisqu'il ne semblait pas vouloir partir. Bonne ou mauvaise chose, la jeune femme n'en savait rien. Il était calme et sa présence lui faisait du bien, cependant, avec son petit ami derrière, c'était sans doute des risques inutiles de rester avec lui. La jeune femme avait bien remarqué qu'ils n'étaient pas du même monde. Entre celle qui faisait les 400 coups à la moindre occasion, et celui qui ne se faisait pas parler de lui, il y avait une marge, dont la rebelle doutait que cela pouvait être comblée. Sans doute qu'ils ne seront jamais réellement proche.

-Ecoute, je préfère te prévenir que Tsumi n'est pas au courant que je suis avec toi. J'ai été la plus discrète possible, et normalement il ne devrait pas être au courant. Mais, il y a tout de même des risques. Je n'ai pas vraiment envie que cette histoire recommence.

Sans doute qu'il fuirait. Ce qui était compréhensible. Provoquer Tsumi c'était un peu comme vouloir sa propre mort. Cependant, elle préférait le prévenir. Pour ne pas qu'il croit qu'elle jouait avec lui. Regardant le sol, la jeune femme n'en menait pas large.

-Si tu veux quand même rester, il y a un café dans le parc.

Un sourire timide avant qu'elle ne détourne le regard, la glace avait été certes brisée pour elle, néanmoins faire disparaître ce malaise prendrait beaucoup de temps. Même après s'être excusée, Yume s'en voulait toujours de l'avoir entraîner dans une affaire qui ne le concernait pas, mais ça ne servait à rien d'essayer de se faire pardonner mille fois, mise à part casser les pieds d'Edwin.

Il était bien plus anxieux qu'elle. Ou pas. Yume ne devait pas être mieux en apparence. Et pourtant, intérieurement la demoiselle était loin de se poser un tas de question, bien au contraire. Pour une fois depuis Août, c'était le calme dans sa tête. Sans doute parce qu'Edwin ne faisait pas parti de ses proches, et ne la stressait pas inutilement en demandant quand elle romprait avec Tsumi avant que la situation n'empire. Sauf que bien évidemment, personne ne savait qu'elle ne pouvait être pire qu'elle ne l'était déjà. Ce qui était loin d'être réconfortant. Mais au lieu de penser à ça pendant qu'elle était avec le jeune homme, Yume se contenta de regarder le jardin à l'architecture typiquement japonaise. Ils étaient dans le quartier le plus riche de Keimoo, et la rebelle ne se sentait pas à sa place. Elle avait beau être issue de parents fortunés par les années de labeur, et être née avec une cuillère en argent dans la bouche, la demoiselle n'arrivait pas à s'y faire. Son adolescence avait toujours été située dans la bas quartier de Londres avec ses amis d'autrefois. Le métro, le bus, avaient toujours été dans son quotidien. Les voitures hautes gamme et les bijoux à plusieurs centaines de livres étaient passé à la trappe. Et ça ne lui manquait absolument pas. Sauf que bien évidemment, connaissant ses parents, elle allait devoir s'y ré-habituer rapidement. Yume sentait venir une invitation à réception à des kilomètres à la ronde maintenant qu'elle était plus posée. Et ça, c'était la merde.

Sortant de ses pensées, la demoiselle réalisa qu'elle était encore en train de déprimer. Or, c'était pas le moment. Et puis sa vie n'était pas si catastrophique que ça. On trouvait toujours pire, alors autant se réjouir du temps passé avec Edwin qui avait accepté malgré tout, de passer du temps avec elle. Ce qui l'avait largement étonné. Combien d'abruti aurait consenti à passer du temps avec elle, malgré s'être fait tabasser par son petit ami ? Pas grand monde. Alors soit le creepie était complètement stupide, soit... stupide. Mais, Yume aimait bien les imbéciles. Bien que c'était sans doute elle, la reine. Et elle le vivait magnifiquement bien, bizarrement. Un sourire amusé naquit sur son visage. La japonaise avait l'impression de se retrouver avec ses pensées ironiques et à la fois positives.

Ils arrivèrent bien vite à destination, et elle laissa Edwin s'asseoir où il voulait, se contentant de le suivre tel un petit chien obéissant. Bien qu'elle gardait une certaine distance, à ce niveau ça allait un peu mieux. Sans doute qu'il lui faudrait toujours un peu de temps désormais avant de pouvoir se sentir à l'aise face à la proximité masculine. Malheureusement. Faudrait qu'elle prie pour que ces symptômes ne durent pas trop longtemps, cela serait un peu trop ironique alors qu'elle aimait draguer en soirée. Et une Yume prudente, c'est plus vraiment une Yume, fallait avouer.

Reportant son attention sur son interlocuteur, la nippone avait l'impression qu'il était de plus en plus stressé. Ce qui pour elle n'était absolument pas logique. Avait il toujours peur qu'elle l'embrasse sur un coup de tête ? Pourtant ça semblait évident qu'elle ne recommencerait pas au vu de la distance qu'elle mettait. Quelque part elle trouva cela amusant. Cela faisait un moment qu'elle était à Keimoo et jamais au grand jamais, elle n'avait rencontré quelqu'un d'aussi peu à l'aise avec elle. Pourtant, elle n'était pas réputée pour être froide, mais chaleureuse avec son petit grain de folie et son sourire pétillant. Quoique... Edwin ne l'avait jamais vu ainsi, elle venait de le remarquer. Les circonstances ne s'y étaient jamais apprêtées, et elle savait que c'était de sa faute. C'était peut être le moment, sauf que la demoiselle n'avait pas du tout la tête à faire ses pitreries enfantines. Et il semblait d'un sérieux, que cela ne le ferait sans doute pas rire. C'était bien dommage, Yume devinait qu'il n'était pas le genre d'adolescent à s'amuser énormément. La rebelle avait sans doute vécu le double d'expérience que lui. Enfin... Peut être qu'il cachait bien son jeu.

Et s''il le cachait, c'était drôlement bien fait. Sa grande inspiration comme pour se donner du courage, avec une simple question. Était ce la première fois qu'il avait rendez vous avec une fille ? Ou c'était elle qui le mettait dans cet état ? La rebelle se contenta de faire comme ci de rien n'était, mise à part ce sourire amusé mais pas moqueur qu'elle lui lançait.

-Un thé vert, s'il te plaît.

Alors qu'il partait commander, Yume sortit une cigarette de son sac, et alluma l'extrémité avant de se mettre à observer les passants. La plupart était des familles avec des enfants en bas âge. Ce qui fit sourire un peu plus Yume. Emmitouflés dans des vêtements chauds, il s'amusait à courir un peu partout avec des rires innocents sous les regards de reproches et d'amusement des parents. La vie semblait si douce dès qu'on les regardait.
Elle se surprit à imaginer les enfants de Lun dans le parc avec ce dernier. La rebelle aurait bien aimé les revoir. Ils avaient développé son instinct maternelle en si peu de temps. Pourquoi leur père devait il être aussi con ? A croire qu'il aimait se créer des problèmes là où il n'y en avait pas, et qu'il n'en avait jamais assez. Incompréhensible selon, elle. La nippone n'eut pas le temps d'approfondir ses pensées qu'Edwin était déjà revenu, avec une question pour le moins surprenante. Yume fronça les sourcils en signe d'incompréhension. Avait il si peu confiance en lui ? Et que pouvait elle dire pour le mettre à l'aise ? Sortir une blague pas drôle made by Yume lui effleura l'esprit. Cependant, elle n'avait ni l'envie, ni la tête à ça. Sans doute que cela ne marcherait pas de toute façon.

-Si je t'ai accompagné jusqu'ici, c'était que j'en avais envie.

Et ce, malgré la peur que Tsumi les surprennent. Contrairement à ce qu'on pouvait croire, la demoiselle n'était pas aussi inconsciente qu'elle paraissait. Une boule au ventre lui rappelait à chaque instant ce fameux jour où tout avait dérapé. La pire journée de sa vie depuis qu'elle était revenue au Japon. Si la racaille les revoyait encore une fois ensemble... La rebelle préférait ne pas imaginer sa réaction.

-Si tu as des ennuis avec Tsumi, n'hésite pas à me prévenir, d'accord ? Je ferais en sorte qu'il arrête.

Et oui, contrairement à ce qu'on pouvait croire, elle était loin d'être une soumise sans pouvoir face à lui. Elle se taisait seulement lorsque ça ne concernait que sa propre personne. Cependant, lorsqu'il était question de quelqu'un d'autre, c'était une toute autre histoire. Loin de défendre la veuve et l'orphelin, c'était seulement les personnes qu'elle connaissait et appréciait. Quoique Edwin, elle ne le connaissait pas vraiment, et donc l'apprécier, c'était une tout autre histoire. Il était la seul exception, et c'était simplement parce que c'était elle qui l'avait foutu dans la merde. Donc bon, elle pouvait bien faire quelque chose à ce niveau là. Hors de question qu'elle se dégonfle, et elle avait bien l'intention d'assumer.

-Alors, ils font quoi tes parents pour qu'ils puissent te payer une école comme Keimoo ?

Non, non, cette question n'est pas idiote. Yume voyait bien que d'Edwin était japonais. Or tous les gosses de riches se connaissaient de vu sur cette île. Même elle, alors qu'elle avait vécu presque 10 ans en Angleterre. Alors le creepie, elle aurait du en entendre parler, même de loin. Mais non, y avait rien. Alors peut être qu'elle arriverait mieux à savoir pourquoi en sachant ce que ses parents font.