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 "At Home" [~ Petite Feuille]

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Ryosuke Saitô
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MessageSujet: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyLun 27 Déc 2010 - 12:36

Spoiler:

L'endroit où ils se trouvaient à présent contrastait avec le temps pluvieux. Une sorte de salon de thé/café, à l'occidentale. De nombreuses petites tables entourées de petits fauteuils et poufs donnaient à ce lieux une ambiance chaleureuse, "At Home". Tel est le nom de cet endroit.  Situé en périphérie de la ville, la météo guère clémente avait poussé la clientèle à rester chez elle. Il n'y avait donc personne lorsque Saitô, accompagné de la jeune fille qu'il avait décidé de prendre sous son aile, était entré. Gardant casques aux mains, il avait choisi de s'attabler pas trop près de l'entrée, mais pas trop en retrait non plus pour dissiper d'avance tout malentendu. L'atmosphère était agréable, et une fabuleuse odeur de café fraîchement moulu chatouillait les cloisons nasales du surveillant. Dehors, la pluie se mettait à tomber, une fois de plus. Ils l'avaient échappé belle. Saitô désigna un fauteuil à la jeune lycéenne pour l'inviter à s'assoir.

- Installe-toi, Saki. Je reviens dans un instant.

Avant de s'éloigner vers le comptoir, il lui adressa un petit clin d'oeil, afin de la mettre à l'aise. Il fit un signe de tête à la maîtresse des lieux, répondant au nom de Joyce. Il l'avait rencontrée dans un premier temps sur Internet, sur le forum du site de la ville de Keimoo. De nombreux commerçants et autres assimilés faisaient ainsi la promo de leur enseigne ou service.  Joyce était d'origine canadienne, mais avait choisi de s'installer au Japon par amour pour ce pays. S'alliant avec une amie, elles avaient toutes deux monté ce salon de thé avant de se séparer au bout de quatre années de partenariat. Depuis son arrivée à Keimoo, Saitô avait pris l'habitude de venir y  prendre un café, au départ de façon anonyme. Puis, remarquant que la jeune femme, âgée de 29 ans, était sympathique, il s'était présenté, comme étant celui avec qui ils discutaient sur le forum. Le courant bien passé, ils étaient devenus amis.
Il alla lui faire la bise, puis lui tendit ses casques qu'elle rangea sous son comptoir. Elle regarda la lycéenne avec un air interrogateur puis sourit lorsque Ryo lui expliqua, de façon très brève, la raison pour laquelle il avait amené de la compagnie.
Ne désirant pas rester trop longtemps éloigné de sa petite protégée, il retourna s'assoir auprès d'elle, lui tendant la carte que venait de lui remettre la propriétaire des lieux.

- Petite feuille, fais ton choix, je t'invite.

Il lui offrit un sourire chaleureux, puis passa une main dans ses cheveux qui avaient été un peu ratatinés par la pression du casque de moto. Il avait d'ailleurs rangé l'engin à l'abri, même s'il était fait pour résister aux intempéries. Assis près de la fenêtre, il jeta un coup d'oeil à l'extérieur sur son précieux moyen de locomotion, gardant un sourire un peu niais sur les lèvres. Il se sentait bien. Pourtant la pluie a tendance à déprimer n'importe qui, mais rien n'est plus agréable que d'être au chaud par ce temps. Finalement, le trentenaire se laissa envahir par des souvenirs fugaces, souvenirs d'un dôjô, d'une romance. Ses pupilles se dilatèrent, attractives. A quelques mètres, depuis le comptoir, Joyce l'observait, une pointe d'envie dans le regard.
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyJeu 30 Déc 2010 - 20:49

Comme si le ciel obscurci de nuages était soudain devenu éblouissant, Saki avait sentit son coeur qui laissait s'envoler un poids non négligeable qui l'handicapait depuis des années. Un énorme soulagement s'était emparé de ses poumons et les larmes étaient naturellement montées au bord de ses yeux, sans toutefois couler sur ses joues encore toutes salies. Son coeur souriait et se réchauffait au contact de la main de Saitô dans la sienne. Elle aurait tellement aimé que cet instant dans les sous-sols dure une éternité. Elle n'aurait jamais voulu lâcher cette main si rassurante et salvatrice. Même si beaucoup de chemin restait sûrement à parcourir, il venait de la sauver. Alors que leur rencontre avait débuté de façon totalement inattendue et surtout négative, elle prenait désormais l'allure d'une destinée de conte de fée. Saki se sentait différente au travers de ce regard noisette qu'il affichait et de ce sourire si sincèrement rempli de fraîcheur et presque timide. Saitô était le naturel à l'état pur. C'était un diamant dans un corps de chair et de sang.
Saki sentait des sentiments nouveaux jaillir du plus profond de son coeur. Une étrange chaleur s'emparait d'elle au fur et à mesure qu'il l'emmenait vers la sortie de ce sous-sol, vers la lumière, vers une nouvelle vie... Elle suivait Saitô dans une confiance absolue, peu importe où il l'emmenait. Les larmes coulaient désormais doucement sur ses joues, emportant avec elles les légères traces de suie qui traînaient encore. Des larmes de joie, d'incompréhension positive. Elle apprennait à apprécier quelqu'un à sa juste valeur. Etait-ce de l'amour ? Saki ne le savait pas, elle ne l'avait jamais éprouvé. Saitô était deux fois plus âgé qu'elle, il ne voyait pas Saki de cet angle et à bien y réfléchir, elle non plus. Elle aimait être en sa présence et pourrait rester des heures rien qu'à l'écouter parler, ou totalement blottie dans ses bras si réconfortants et si emprunts de douceur et de compassion. Le sommeil viendrait de lui-même...

Le soleil froid lui envoya un éclat insolent dans ses yeux déjà habitués au noir du sous-sol. La nuit n'était pas tombée mais elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Saitô ne disait pas un mot, mais elle savait qu'il n'était pas inquiet ou quoique ce soit. Il l'emmenait dans un salon de thé ou un café, Saki n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il avait dit, elle était encore toute choquée d'être ainsi prise en charge par un parfait inconnu et de ressentir tellement de sentiments à son égard. Elle avait envie de courir vers lui, et de sauter dans ses bras en larmes pour lui murmurer des tonnes de merci. Elle aurait aimé qu'il soit son frère, et même son père. Sa vie aurait sûrement été complètement différente. Elle serait une petite fille épanouie, heureuse et joyeuse. Le contraire de notre Saki actuelle. Une ravissante demoiselle aux pupilles curieuses et émerveillées, aux robes volages et frivoles, à la peau douce et claire comme les plumes d'anges. Est-ce que c'était ce genre de nouvelle vie qui l'attendait aux côtés de Saitô ? Est-ce qu'il serait toujours là pour elle ? Demain... sera-t-il encore là et prêt à l'écouter ?
Elle baissa la tête tout en continuant de marcher sur le pavé sombre de l'Académie. Les dalles s'amenuisaient, le bitume prenait place, ils se dirigeaient vers le parking. 20mn, ça faisait loin à pieds, mais elle aurait déjà le privilège de monter dans sa voiture !? Elle releva la tête soudain curieuse de voir quel genre de voiture il pouvait avoir, elle avait tellement envie de tout connaître sur lui...
Il passa à côté de plusieurs modèles mais finalement, ce fut devant une moto qu'il s'arrêta. Saki ne pût s'empêcher de murmurer un "oh !" devant l'engin splendide qui lui faisait face. Elle était terrifiée de devoir monter dessus, et en même temps tellement pressée de tester ce nouveau moyen de transport. Saitô ne prononça pas un mot, mais il arborait ce sourire de victoire et de fausse modestie qui lui allait si bien. Il était fier de cette moto, et il avait bien raison. Il lâcha la petite main de Saki pour enfiler son costume de motard ; elle la remit dans son gilet à contrecoeur. Une angoisse voila son estomac, elle eut peur qu'il parte sans elle, mais ça aurait été tout à fait illogique. Il lui tendit un casque qu'elle accepta timidement et qu'elle enfila mollement sur sa tête. Elle s'approcha de lui pour qu'il le sangle et elle grimpa derrière lui, enserrant ses bras autour de son ventre. Elle posa sa tête sur son dos, le contact était beaucoup moins direct mais un sourire se dessina tout de même sur ses lèvres. Tant qu'il était là, tout allait bien.

Ils partirent en direction du café. Saitô roulait tranquillement, peut-être avait-il deviné que c'était la première échapée belle de la demoiselle. Saki sentit une once de courage chevaucher ses membres lorsqu'elle se rendit compte qu'ils ne roulaient pas vite. Elle se permit alors de lâcher le blouson de Saitô pour étendre ses bras dans le vent tout en fermant les yeux. La sensation était unique et magique. Le vent, froid par ce temps, claquait son gilet humide contre sa peau, elle ressentait autant de plaisir que de désagréables sensations mais elle était heureuse et ravie. L'expérience était fantastique.
La promenade fut de courte durée, mais un aller annonce toujours un retour. Saki descendit de la moto, plutôt frigorifiée malgré tout. Ils entrèrent ensemble dans le café, Saki manquait terriblement d'assurance et tentait tant bien que mal de se cacher derrière le surveillant. Elle ne connaissait pas l'endroit et n'était pas du tout à l'aise dans les lieux publics, même pas grandement fréquentés.
Saitô l'invita à s'asseoir, elle hésita, timide. Dehors, le ciel venait de commencer à témoigner son malheur de ne plus les avoir sous les yeux. Saki étira un sourire sur ses lèvres, malicieuse. Elle reporta son regard sur Saitô qui venait de lui faire un clin d'oeil. Cette fois, ce fut à lui qu'elle dédia un sourire. Elle le laissa se faufiler jusqu'au bar et prit le temps de s'asseoir. Elle garda les mains dans son gilet et l'observa. Il connaissait la serveuse, ils avaient l'air de bien s'entendre. Elle était plutôt jolie, grande, mince. Sûrement tout à fait son type. Elle le vit revenir avec la carte. Saki sentait le regard de la serveuse sur sa personne. Il était évident qu'elle la détestait. Elle avait le don de mettre involontairement cette émotion dans le coeur de toute personne qui osait poser le regard sur elle.
Elle prit la carte qu'elle leva aussitôt pour cacher son visage. Maladroite. Elle regardait vaguement les produits proposés. Elle gigota sur sa chaise, gênée. Elle posa la carte sur la table et se rapprocha de Saitô avant de dire, tout simplement :

"Je vais prendre la même chose que vous..."

En prononçant ces mots, Saki se rendit compte qu'une énorme barrière la séparait encore de cette intimité particulière qu'avait Saitô avec d'autres personnes. Il la tutoyait, elle le vouvoyait. Pourtant, cette serveuse, il l'avait tutoyé. Qu'en était-il de leur relation à tout les deux ? Est-ce qu'il discutait avec elle aussi de sa vie, de son avenir ? Etaient-ils amants ? Saki sentit son estomac se nouer. De la jalousie ? Sûrement oui. Elle ne rêvait pas d'une intimité sexuelle avec le surveillant, non... Saki rêvait juste d'une relation unique. Un lien indescriptible et tellement particulier qu'il ferait fuir tous les vautours qui traînent autour de Saitô, comme cette serveuse. Elle jeta un coup d'oeil plutôt discret, elle était en train de le regarder, et ses yeux brillaient d'une façon si subtile et si mâture que Saki comprit soudain qu'elles n'avaient aucun point commun toutes les deux. Alors, quelque peu rassurée, elle demanda, tout en tentant d'éviter son regard, pour ne pas le gêner :

"Cette serveuse... elle fait partie des quelques femmes que vous avez eu ?"

La question était tellement imprévue et dénuée de sens logique qu'elle allait sûrement le déstabiliser. Mais ils étaient là pour se connaître après tout. Si Saitô pouvait également lui apprendre à aimer et se faire aimer, elle compterait sur lui plus que sur n'importe qui d'autre...
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Ryosuke Saitô
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyMer 5 Jan 2011 - 16:11

C'est incroyable ce qu'une simple rencontre, peut-être pas fortuite mais pas moins anodine, peut changer le court de plusieurs vies. Saitô, au bout de quelques minutes de présence dans les sous-sols, avait pris une décision. Il n'avait même pas réfléchi. Ça pouvait être aussi une mauvaise idée, pour aller jusqu'à faire des promesses ? Une fois encore, il savait que c'était là une mission qui lui avait été confiée. La main de Saki était si froide, gelée... Il l'avait saisie, puis emmenée la petite Creepie vers un autre monde qu'il voulait lui faire découvrir. Elle était la première auprès de qui il s'engageait à ce point. L'échec de son mariage était bien peu de chose comparé aux portes qu'ils venaient de franchir. Rie Sakurai avait toujours eu ce qu'elle souhaitait et en avait joué pour charmer Ryo, il y a quelque années. La distance entre eux n'aidant pas l'homme à ouvrir les yeux sur l’égoïsme de son épouse, à l'époque. A présent, elle refaisait sa vie, sans difficulté, mais avec le remord de ne pas avoir su profiter des belles choses que la vie pouvait offrir. Ryosuke n'a aucun regret, hormis celui de ne pas avoir encore trouvé le sens de son existence. Bien qu'en ayant une petite idée, il se contentait de suivre le fil.

Lorsqu'ils avaient quitté les sous-sols, il avait du ôter sa main. La prudence. Ils avaient longé les couloirs, de façon nonchalante, ne prêtant pas attention aux regards des autres devant leur tenue humide. Les mots n'avaient pas leur place durant ce trajet, car ils seraient emprunts de feinte, celle de ne pas montrer la proximité entre les deux individus. Ambiguité dangereuse puisque ça ressemblait à un amour interdit que deux amants cachaient. Cependant il n'était pas là question de cette attirance au bon goût de romance. Saitô se plaisir à ressentir autre chose. Saki pouvait être sa fille. Fragile, vulnérable, innocente mais surtout, touchante. Elle ne se rendait pas compte qu'elle lui offrait beaucoup. Il tenait déjà à elle. Comme un père qu'il n'est pas, et qu'il ne sera probablement jamais. C'était arrivé si vite, mais il savait. Ce n'est pas Saki qui suivait Saitô. Mais lui, qui avait déjà commencé à la suivre, et qui continurait à suivre le moindre pas qu'elle ferait. L'accompagner, jusqu'à ce qu'elle prenne son envol, libre. Mais en attendant...

Une autre porte, menant au parking privé, cette fois il n'y avait personne aux alentours. Avant de saisir à nouveau la main de la jeune fille, il avait contemplé son sweat, trop mince pour une virée sur deux roues. Il l'emmena vers l'emplacement qui lui avait été réservé en attendant le local qu'il avait réclamé. Sa FJR 1300 (noire), Yamaha bien sûr, coutait une véritable fortune. Un million huit, les économies d'une décennie. Saitô n'est pas matérialiste, mais c'était son rêve lorsqu'il était enfant, celui d'avoir une belle moto et de voyager par ce biais. Et ce rêve s'est exaucé juste avant son arrivée à Keimoo. Ce n'est pas le genre de véhicule qu'on utilise pour emmener sa petite famille à travers le Japon, chez les grands parents, mais Saitô a obtenu ainsi la preuve que son destin était tout tracé, et que c'était en solo, qu'il vivrait. Solitaire, mais en aucun cas seul. La solitude n'est pas sa tasse de thé. Il vit pour et avec tout le monde.
La réaction de la creepie en apercevant sa bécane lui avait fait étirer un sourire. De la fierté ? Oui, sans aucun doute, mais toutefois modérée.

Il s'était dirigé vers une petite porte peu visible, sans poignée, fermée par un système magnétique, ne souvrant qu'avec l'aide d'une carte que Saitô possédait. A l'intérieur, trois casques, des gants, un blouson spécifique pour moto, un GPS, deux jerricanes d'essence et des produits d'entretien. Il ne s'était saisi que des deux casques, et avait revêtu son blouson de cuir noir assez étroit et lui faisant des épaules encore plus carrées qu'il ne l'était déjà. Il avait glissé les gants dans ses poches les laissant grandement dépasser de leur rangement temporaire. Pour des distances courtes, ce n'était pas trop grave si la tenue n'était pas adéquate, en revanche pour les virées à pleine vitesse, il est nécessaire d'avoir la panoplie complète. Saki allait probablement avoir froid. Peut-être devrait-il prévoir dans son placard un blouson de prêt...
Il lui avait tendu le casque qu'elle avait simplement posée, inexpérimentée, sur sa tête. Il avait aussi remarqué une sorte de tension émanant d'elle. De l'anxiété ? Son regard se posa sur la moto, puis sur la jeune fille puis il avait compris. Il s'était penchée vers elle, posant son regard aux prunelles sombres dans celles de la lycéenne, puis avait ajusté la jugulaire de façon presque professionnelle. C'était un peu comme lui lacer ses chaussures pour la première fois. Il avait jugé bon de lui préciser comment faire:

- Sache que le casque doit tenir droit sur ta tête. Le bord ici (il avait désigné le rebord supérieur de la visière), doit toujours se trouver à un pouce de tes sourcils. Ça va, celui là est juste à la bonne taille. Il ne doit bouger dans aucune direction, ni même s’enlever si tu le pousses d’un côté ou de l’autre, ou d’avant en arrière. La jugulaire, c'est à dire, ceci (la sangle de fermeture) est suffisamment serrée dès lors que tu ne puisses plus y passer le doigt entre elle et ton menton. Et, il est préférable de ne pas faire comme dans les films: les cheveux longs ne doivent pas être rassemblés lors du port. Ah c'est sûr, c'est classe de laisser retomber en cascade les cheveux en retirant le casque, mais la classe ne sauve pas une vie...

Il avait poussé un petit rire, sachant éperdument que Saki n'était pas de ces poupées superficielles qui font tout pour épater la galerie. Cependant, il avait jugé utile de le préciser.

- Evidemment, je sais très bien que ce n'est pas ton genre... Enfin, ta tête va te sembler lourde, mais tu vas vite t'y faire.

Il se saisit de son trousseau de clés et ouvrit le petit coffret situé à l'arrière de l'engin pour en sortir... une écharpe. Grise et noire, masculine. Un reste de fragrance d'une eau de toilette aux agrumes avait résisté. Il avait entouré le cou de la jeune fille, fit un noeud. Puis il avait enfilé ses gants avant de prendre place dans un râle satisfait. Tapotant le siège arrière en une invitation, Saki l'avait rejoint. Enfilant à son tour son casque et l'ajustant, il ne s'était contenté que de trois mots avant de rabaisser la visière de son heaume.

- Accroche-toi bien.

Joignant le geste à ses paroles, Saki avait tout de suite compris. Il avait ensuite démarré, un sourire aux lèvres. Alors évidemment, il avait roulé très prudemment, surtout que la circulation en ville avait été plutôt désastreuse en cette fin de journée. Ce n'est qu'en empruntant enfin la petite départementale à la sortie du quartier Amani qu'il s'était un peu détendu. Rouler en ville, il détestait ça. Pour sa sécurité, par crainte que la carrosserie de son bolide ne soit égratignée, mais ce soir, rien d'autre ne comptait que sa passagère. En général, il se laissait aller sur les petites routes, mais ici il gardait une vitesse basse pour le confort de la jeune fille, qu'il sentait se décontracter au fur et à mesure. Et alors qu'ils se trouvaient sur une ligne droite, Il l'avait sentit se détacher de lui. L'espace d'un instant, il fut pris de panique, jetant un oeil sur son rétro pour remarquer la position de la creepie. Pas le temps de partager avec elle cet émoi, il avait à nouveau ralenti de façon considérable afin de la laisser profiter de son impression de liberté sans la brusquer, tout en s'assurant de sa sécurité. Un éclair avait zébré le ciel devant eux à trois, voire cinq kilomètres plus loin. Le tonnerre était arrivé plus tard. Saitô avait prévu une nouvelle averse dans le quart d'heure qui suivait.

Puis ils était arrivés à destination. Il lui avait ôté son casque avant de pénétrer dans l'établissement, la petite Saki sur ses talons. En déposant ses casques à Joyce il lui avait en même temps demandé un petit service. Il espérait le voir réaliser.
La jeune fille, hasardeuse, avait l'air complètement perdue. Etait-elle si étrangère à des sorties anodines avec pour unique but de boire un petit quelque chose dans un lieu public ? Saitô sortit rapidement de ses pensées pour ne pas importuner son invitée, et contempla à son tour la carte. Le choix était assez important, mais il savait déjà ce qu'il allait prendre. L'embarras de Saki ne s'estompait pas, à tel point qu'elle était incapable de faire le moindre choix. Saki et les choix.... C'était quelque chose que Saitô souhaitait aussi corriger, mais pour l'heure il allait se plier à la volonté de l'adolescente. La journée avait été difficile pour elle, riche en émotions.

- Ok, j'espère que tu aimes le café, parce que moi j'en suis un grand consommateur. Une des spécialité de Joyce, c'est le "Miss Maple". C'est tellement bon et original comme goût, que je viens souvent ici pour ça.

A la sauce sourire évidemment. Il se saisit à nouveau de la carte afin de trouver la description de la boisson, mais il stoppa instantanément sa recherche à la question impromptue de la demoiselle. Redressant la tête, il haussa un sourcil, agrémenté d'un "Hein ?" à la japonaise bien entendu, puis passa son regard de Saki à Joyce puis à nouveau sur Saki. Plusieurs aller-retour comme ça. Joyce avait cessé sa contemplation sur le surveillant lorsque le téléphone avait sonné. Finalement Saitô se mit à rire en un éclat. Assez bref cependant... il ne voulait pas gêner la petite Osen...

- Naaaan ! Elle et moi nous entendons bien... Elle m'a aidée à prendre mes marques lorsque je suis arrivé à Keimoo. Nous nous sommes d'abord rencontrés sur Internet, sur le site de la ville. Elle m'a parlé de son établissement qui m'a tout de suite intéressé ! Tu m'étonnes, dès qu'il s'agit de café, je fonce tête baissé !

Il poussa un énième petit rire puis rapprocha sa tête de Saki, puis lui murmurer doucement.

- En fait, elle ressemble assez à mon ex-épouse. Physiquement je veux dire. Si elle lui ressemblait psychologiquement.....Hum. En fait je ne sais pas ce que j'aurais fait. J'y réfléchirais à l'occaz', mais pour l'instant ce n'est pas le sujet.

Il reprit correctement place dans le fond de son fauteuil. C'était sûr, la jeune fille avait été assez audacieuse sur le sujet de sa question. Voulait-elle en savoir plus sur lui, ou bien n'était-ce que pour connaitre sa situation sentimentale ? Il regarda son écharpe pendue au cou de sa vis-à-vis, réalisant que ça ne lui allait pas trop en terme de mode, mais que symboliquement, ça avait de la valeur. C'était un peu de lui qui était fixé sur elle. Il ne la récupérerait pas.

- As-tu envie d'en savoir plus sur moi, petite Saki ?

Oui, ils étaient là pour faire connaissance. Saitô avait déjà pas mal vécu et raconter trente-six ans de vie allait prendre du temps. Qu'à cela ne tienne, du temps, ils en avaient. Beaucoup. Le temps d'un avenir.

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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyJeu 13 Jan 2011 - 17:24

Il était clair que sur le moment, la question qu'elle venait de poser était impromptue, inattendue et sûrement assez marrante. Pourtant, lorsque Saki l'avait posé, elle s'était aussitôt rendue compte qu'elle l'avait peut-être mis mal à l'aise et qu'il n'oserait pas répondre, ou pire, qu'il lui dirait que ce ne sont pas ses affaires. Alors dans un élan de regret, elle faillit s'excuser mille et une fois. Les remords germaient en elle comme de la mauvaise herbe dans un parterre de fleurs. Mais avant que le moindre mot d'excuse ne puisse sortir de sa bouche, elle entendit son rire. Sincère, impulsif et surtout... moqueur. Elle fronça les sourcils. Etait-il en train de se moquer d'elle ? La réponse était-elle si évidente que Saki passait pour une demeurée en demandant ? Elle n'apprécia pas cet instant furtif, court certes mais réel. Saitô recommencait à jouer avec elle comme lors de leurs premiers échanges verbaux. Mais depuis cet instant, tout avait changé en elle, il avait prit une place importante, elle s'était ouverte à lui, elle lui faisait confiance et elle comptait sur lui pour la guider et l'aider sans lui rappeler qu'elle ne connaissait rien de la vie, et qu'elle n'avait que 16 ans. Elle espérait qu'il serait différent de tous ces gens qu'elle était amenée à cotôyer, toutes ces personnes dont elle ne comprenait pas le mode de vie et qui la poussait dans ces retranchements. Toutes ces choses qui lui faisaient dire "J'aime pas ça", ou bien encore "Ca ne m'intéresse pas". Combien de fois s'était-elle retrouvée dans cette situation de 'marginale-attitude'. Trop nombreux étaient les gens qui lui avaient reproché de tout faire pour attirer l'attention sur elle. Et pourtant Dieu sait qu'elle demandait juste à être tranquille dans son propre monde puisque rien ne l'intéressait ici...

La séance de moquerie était terminée et Saitô s'engagea en explications plus logiques et somme toutes rassurantes pour la jeune adolescente. Apparemment, il ne s'était pas rendu compte qu'il avait poussé Saki dans une pensée des plus négatives. Elle se sentait attaquée. Il riait d'elle. Evidemment, elle n'avait pas comprit qu'il ne le faisait pas consciemment et que c'était bien loin de lui l'idée de lui faire du tort.
Mais elle était déjà repartie sur d'autres pensées. Internet. Bien et Mal incarné. Un refuge pour les âmes perdues telles que la sienne mais une prison quand on s'y intègre trop. Le monde réel devient inintéressant et surtout moche comparé à la vie qu'on mène sur la Toile et cet enfer nous empêche de reprendre pieds et de choisir de vivre une vie telle qu'on aimerait qu'elle soit.
Tout en restant muette et en se contentant de plisser des yeux au fil de ses remarques, Saki observait de près les moindres facettes de la personnalité de Saitô. Elle essayait d'y déceler toute émotion qu'elle ne connaitraît pas encore sur ce visage. D'ailleurs, Saitô n'avait pas l'allure d'un homme qui sache se servir des nouvelles technologies. Oh non pas qu'il faisait vieux et dépassé. Non, non. Mais il avait l'air d'un bon vivant qui aime les plaisirs simples de la vie. L'homme qui passe des heures enfourché sur sa moto à toute allure sur les routes. Un Homme qui vit dans le monde réel. Pas Internet.
En parlant d'Internet, ça faisait quelques jours qu'elle n'avait pas envoyé de messages à Kat's. Elle ne manquerait pas d'y remédier dès qu'elle en aurait l'occasion. Devait-elle parler de son expérience du net elle aussi ? Devait-elle lui expliquer qu'elle pensait à cet inconnu de plus en plus souvent et qu'elle n'en connaissait pas la raison ? Non, une fois de plus, il se moquerait encore d'elle.
Elle baissa les yeux, ce qui sur le coup l'empêcha de voir la tête de Saitô s'approcher dangereusement de la sienne. Elle entendit sa voix, beaucoup plus proche qu'auparavant et releva les yeux brutalement, soudain presque brusquée dans son petit environnement intérieur. Elle devint rouge vif et écarquilla les yeux. Il ne resta pas longtemps ainsi près d'elle, mais elle eut tout le temps de détailler son visage ; comme si l'action avait été mise sur pause. Il était beau. Vraiment. Ce petit pli qui courait près de ses yeux accentuait encore plus cet aspect moqueur de sa personnalité qu'elle commençait à trouver attachant... Elle eut envie de passer son doigt sur sa joue, mate, lisse. Etait-il vraiment réel ? Il se recula. Il baignait dans l'assurance à cet endroit. Saki resta assez choquée sur le coup. Toujours rouge, elle passa quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille gauche histoire de se donner une contenance. Elle se rendit alors compte qu'elle avait encore sa capuche sur la tête. La belle Joyce portait des vêtements qui lui collaient à la peau. Elle avait conscience de sa beauté. Saki n'aimait pas les gens superficiels mais là tout de suite, à cet instant, elle avait envie d'être un petit peu plus belle aux yeux de son cher surveillant. Elle retira doucement sa capuche, dévoilant sa chevelure châtain foncé des plus banals... Elle avait besoin de lui faire part de tout ce qui se tramait en elle.

"Pardon pour la question... Elle était un peu... bizarre."

Elle se stoppa. Elle se rendit compte qu'une fille normale n'aurait peut-être pas formulé cette phrase de cette façon mais elle n'avait pas envie de changer du tout au tout pour un homme, peu importe l'importance qu'il avait pour elle à cet instant. Elle resterait proscrite dans ses convictions : que la richesse ne fait pas tout et qu'elle ferait tout pour le montrer. Mais à force de s'exclure de tous ces groupes qui pensent le contraire, elle s'était vite retrouvée seule et avait perdu l'habitude du contact humain. Elle ne savait plus vraiment comment réagir. Saitô lui semblait croquer la vie à pleine dents et il semblerait même que Saki l'ait forcé à s'intéresser de plus près à cette serveuse aguicheuse... Prise à son propre piège.
C'est pourquoi... à cet instant précis à la fin de sa phrase, elle s'essaya au petit rire bref mais moqueur qu'il avait eut tout à l'heure...
Une sorte de couinement craintif s'échappa de ses lèvres. Ce qui eut pour seule but de la mettre encore plus mal à l'aise. Ses joues étaient en feu et elle regrettait déjà d'avoir baissé sa capuche. Elle aurait pu se confondre dedans... Elle reprit la parole, histoire de ne pas laisser Saitô absorbé par son trouble :

"Je n'étais pas jalouse. Je veux juste... comprendre. Enfin si, je suis jalouse." avoua-t-elle, tout en ne cernant pas la gravité de ses paroles. Elle ne parlait pas d'amour à ce moment là. "Je ne pourrais pas vraiment l'expliquer mais... ça me fait mal... ici." Elle désigna le bas de son ventre tout en gardant les yeux rivés sur la table. Ce fut à ce moment là que Joyce débarqua pour prendre les commandes. Saki se tut instantanément. Même si elle avait retenu le nom "Miss Maple" qu'avait conseillé Saitô, elle serait incapable de prendre la parole pour eux deux.

[...]

Elle était persuadée d'avoir gaffé tout en se demandant ce qu'il pourrait bien lui répondre.
Elle profita de la période de diversion lorsque Joyce apporta les cafés, pour se jeter dessus. Elle le porta à son visage pour masquer sa gêne. L'odeur était agréable. Elle réveillait les papilles, accordant quelques frissons aux joues palottes de la Japonaise. Elle posa ses lèvres dans le breuvage avant de laisser le jus couler direct dans son estomac. Que c'était bon. Son tout premier café. Elle allait être inarrêtable après ça, non ? C'était pas dangereux pour la santé le café ? Elle ferma les yeux pendant un instant, elle se sentait bien ici.
Lorsqu'elle reposa sa tasse sur la table, elle se sentit plus détendue. C'était plus efficace qu'un verre d'alcool... bien qu'elle n'ait jamais tenté l'expérience.
Relevant la tête vers son surveillant, elle ne fit pas attention au fait que le café était plutôt mousseux. Elle arborait donc fièrement un filet de mousse au-dessus de sa lèvre supérieure. Elle envoya un sourire à Saitô, naïve, tout en confessant :

"Vous aviez raison, c'est vraiment bon. Merci !" Elle laissa passer quelques secondes, histoire de se laisser un peu de temps pour réfléchir à ce qu'elle aimerait savoir de lui. Que faisait-il le soir chez lui ? Etait-il seul ? Ou habitait-il ? Pourquoi prenait-il soin d'elle ? Pouvait-il lui parler de cette histoire avec son ex-femme ? Pourquoi l'avait-elle laissé tomber alors qu'il semblait être un parfait Gentleman ? Finalement, elle opta pour une question d'ordre plus professionnel, ne voulant pas s'imposer trop brutalement dans sa vie privée. "Pourquoi avez-vous eu envie de devenir surveillant à Keimoo ?", elle eut l'impression de se retrouver dans la peau d'une journaliste de revue pour Ados, elle s'imagina avec un crayon et un bloc notes, réhaussant ses lunettes pour parfaire l'attitude tailleur-chignon. Elle secoua la tête, le café lui jouait des tours. Joyce l'avait peut-être droguée. Elle lui jeta un regard noir avant de reprendre, tout en mordillant sa langue, de façon frénétique : "Il n'y a que des bourges imbus d'eux-même dans cette Académie. Quel intérêt de venir y faire respecter l'ordre quand personne ne vous écoute ?"
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Ryosuke Saitô
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyVen 21 Jan 2011 - 11:38

L'atmosphère était vraiment agréable. Saitô s'était rendu compte depuis longtemps qu'il commençait à vivre les meilleurs années de sa vie. Pas seulement parce qu'il venait de rencontrer une jeune fille assez hors normes. Mais parce que, pour la première fois de son existence, il se sentait en paix avec lui-même. Même si à travers le monde, des êtres souffraient de la faim, de la guerre, du désespoir, il s'était rendu compte qu'il ne pouvait rien pour eux à lui tout seul. Il aurait aimé être un super héros et sauver une multitude de vies, mais il n'en avait malheureusement pas le pouvoir. Il lui fallait intervenir sur ce qu'il était à la portée de ses mains. Et pour l'instant, il devait avouer qu'il s'en sortait pas trop mal. Ca lui demandait du temps, mais il savait l'utiliser à bon escient. Il sait qu'un jour il finira par tomber sur quelqu'un qui le poussera dans ses derniers retranchements, peut-être doutera-t-il de lui, de sa mission. Il trouvera toutefois le moyen de se relever. Mais ce n'était pas encore d'actualité. Il lui fallait se concentrer pour l'heure sur cette jeune fille, encore en crise avec elle même, en phase de transition, d'hésitation, d'incompréhension. Une jeune fille sensible qui ignorait les bienfaits, les plaisirs simples que la vie pouvait lui offrir. Et il désirait le lui enseigner. Il prendrait le temps, pendant ses heures de travail, pendant ses moments libres, à n'importe quelle occasion.

Bien évidemment, il ne pouvait pas accorder cela à tout le monde. Keimoo est fort peuplé et il ne devait pas oublier que, sans toutefois tomber dans l'égocentrisme, que c'était aussi pour lui qu'il le faisait. Tout en gardant la tête vissée sur ses épaules, il devait prêter main forte à ceux qui, inconsciemment ou pas, n'avaient pas eu la possibilité de le faire à sa place. Parents, amis, psychologue même... Il était un joker, une roue de secours. Un coup de pouce. Il n'a pas la prétention de se cataloguer "d'ange gardien" non plus.
Il n'avait pas d'enfant, pas de femme, ses parents n'avaient pas spécialement besoin de lui, aussi il avait tout le loisir de se concentrer sur quelques "privilégiés". Il fallait toutefois qu'il prenne garde à ne pas trop s'étendre au risque de voir son enseignement demeurer incomplet. Ce qui pourrait par la suite être dangeureux pour l' "élève".

Il avait remarqué l'embarras de la jeune adolescente peu auparavant, mais n'avait évidemment pas ressenti le besoin de faire un commentaire là dessus. Il ne voulait pas la mettre mal à l'aise. Cependant, il pouvait comprendre que ce fût le cas. Allait-il trop vite ? Il lui fallait faire les choses lentement, sans se précipiter, ne pas oublier qu'il n'avait pas n'importe qui face à lui. Il ne fallait pas froisser cette petite feuille qui, en fonction du pliage pouvait à tout moment dériver dans une autre direction, pas forcément celle qu'il souhaitait. Il devait éviter ça à tout prix.
Il étira un mince sourire lorsqu'elle avait retiré sa capuche. Avoir quelque chose couvrant la tête, cachant les yeux, était telle une armure. L'ôter de soi-même signifiait qu'on se mette un peu à nu quelque part. C'est ainsi qu'il vit un peu mieux les traits de son visage, la couleur de ses cheveux, de ses yeux. Choses qu'il n'avait pas pu distinguer avec la pénombre des sous sols et du parking, ou avec le casque. Même si c'était lui même qui avait ajusté la jugulaire, il s'était surtout concentré la dessus pour la sécurité de la lycéenne. Il n'avait décemment pas pu s'attarder sur l'allure de son visage, même s'il le devinait un peu.
A présent, sous la lumière presque naturelle des lampadaires halogènes placés ça et là dnas la pièce, il put tout à loisir distinguer la trombine de sa vis-à-vis.

Il parvenait à saisir ces quelques dizièmes de seconde que Saki lui accordait, lorsque leur regards se croisaient, pour distinguer la couleur de ses yeux, contrastant à merveille avec la celle de sa peau. Des yeux si obscurs que son teint laiteux rendait encore plus sombres. L'attraction de cette ouverture en était alors plus forte. En fin de compte, il suffisait d'attirer l'attention de Saki pour que, de façon réciproque, elle nous attire. Saki ne portait pas de maquillage, et heureusement. Ça aurait été un véritable gachis que de voir la pluie, pourtant purifiante, entrer en contact avec cet artifice de nuances, s'y mélanger, et se déverser telle une trainée de boue sur les collines subtiles des pommettes immaculées surplombant les joues de l'enfant. Plus aucune capuche ne pouvait alors lui servir de cachette et ce, même si elle s'en accoutrait. Le visage de l'adolescente resterait à jamais gravé dans la conscience du surveillant. Sa chevelure, à moitié humide, respirait le naturel. Pas de coloration, ni de dégradé. Un peu irrégulière en réalité, mais la marque de pluie l'empêchait de connaitre sa véritable allure. En fin de compte, il n'avait pas tant besoin de le savoir.
Saki Ôsen était atypique. Saitô aurait aimé avoir une fille comme elle. Plus le temps passait en sa compagnie, plus il ressentait la fibre paternelle. Combien de temps est-ce que ça allait durer ? Il ressentit alors une forme de mélancolie, presqu'imperceptible. Il avait trente-six ans et lui aussi avait encore des choses à découvrir. Ressentir l'excitation de ces choses qu'on découvre pour la première fois, ce regard neuf sur une partie du monde. Rester jeune, quoiqu'il arrive.

Elle était toujours un peu hésitante lorsqu'elle ouvrait la bouche, mais Ryo décelait en elle d'incommensurables efforts pour s'ouvrir à lui. Parfois, il ressentait un peu plus de facilité se dégager de sa protégée. Dans ces moments là, il jouissait d'une forme de victoire intérieure.
Son prochain objectif: l'éviter de s'excuser à tout bout de champs.
Elle poussa une petite interjection quelque peu étrange. Elle essayait de communiquer, par d'autres moyens, mais n'y parvenait pas encore. Peu importait, ils avaient tout le temps. Saitô fit mine de ne rien remarquer, s'intéressant aux nouveaux propos de Saki.

Ce n'était plus une victoire intérieure. Mais une véritable et authentique satisfaction. L'intimité de la révélation de la lycéenne lui fit manquer un battement de coeur. Le sourire qu'il affichait depuis un moment faiblisssait. Il baissa le regard vers la partie du corps que lui désignait Saki.
Son coeur battait à présent très vite. Il porta naturellement son regard vers Joyce qui débarquait au même moment, sans même lui laisser le temps de faire le moindre commentaire à ce moment, n'y même d'y réfléchir. Ce dont il était sûr, c'est que Saki venait de lui témoigner un sentiment affectueux ce qui lui avait fait l'effet d'une flèche lui traversant le corps, mais pas de façon désagréable. Il y avait bien longtemps, qu'il n'avait pas ressenti lui aussi quelque chose de similaire. Son ventre le tira à son tour. Il comprenait alors ce que Saki voulait lui décrire. Mais il se sentait incapable de poser une explication dessus. Parce que les sentiments affectifs pouvaient se traduire de mille et une façons.

- Alors qu'est-ce que je vous sers ?

Joyce n'avait pas besoin de calepin, puisqu'il n'y avait qu'eux dans l'établissement.
Ryo passa rapidement sa langue sur les lèvres, qu'il sentait desséchées. Mais aussi par nervosité, même si elle semblait invisible aux yeux des autres. Il régnait un blanc dans l'air, puis il détacha enfin son regard de Saki. Son sourire reprit sa place sur ses traits. En fin de compte, entre la révélation de Saki, l'arrivée de Joyce, et sa réponse, il ne s'était écoulé que trois secondes. Mais on eût cru que le temps s'était suspendu pendant cet instant fugace.

- Deux "Miss Maple", s'il-te-plait.

Joyce inclina la tête pour acquiescer, rajoutant un simple "Très bien" avant de s'éloigner élégamment, souriant aux deux clients. Saki incluse, bien entendu.
Un silence s'instaura suite à ça. Le fourmillement dans son abdomen était toujours présent. Saki semblait comme fuir son regard, mais il ne pouvait se fier à ses impressions puisque lui-même était influencé par son émoi actuel. Il se contenta alors de jeter un oeil dehors. La pluie semblait se calmer. Joyce arriva rapidement et reparti en jetant un dernier regard lourd de sens à Saitô, qu'il ne remarqua pas.

- Merci.

Les tasses était en verre avec une anse métallique, mais raffinée. Il ne valait mieux pas les faire tomber. La boisson était mousseuse, avec quelques copeaux de chocolat sur cet ornement nuageux. Ça n'était pas un cappuccino, mais bien une spécialité de la canadienne.
Saki semblait se délecter du doux breuvage. Lorsqu'elle redressa la tête, le spectacle qu'elle offrait à Saitô ne put empêcher à ce dernier d'étirer un petit sourire, affectif. Elle était mignonne avec cette mousse au dessus de la lèvre.

" Vous aviez raison, c'est vraiment bon. Merci !"

Le sourire du sureillant s'élargit. Ah le plaisir des choses simples... Savoir qu'une tasse de café pouvait à ce point révéler tant de sensations agréables etait un bonheur à ne pas gâcher. Il porta sa main sur l'anse et amena la tasse à ses lèvres. Le nectar glissa lentement dans sa gorge. C'était très chaud. Il sentait la finesse du mélange de lait et du sirop d'érable monté en mousse lui chatouiller le palais. Il posa la tasse et mélangea le tout avec la cuillère. Il avait passé délicatement sa lèvre inférieure sur sa jumelle afin d'évacuer la mousse.
C'est ainsi qu'il procédait à chaque dégustation. Un rituel. Saki posa alors sa première question.
Il la considéra quelques secondes, préparant sa réponse sans détacher son regard de ce filet de mousse ornant le visage de l'adolescente.
Il poussa un petit rire élégant, semblant chercher quelque chose sur la table, lorsqu'elle posa la deuxième question. Ne trouvant pas ce qu'il désirait, il reprit le sourire tendre qu'il affichait quelques secondes plus tôt, tout en tendant lentement sa main vers le visage de la jeune fille.

- Je suis désolé, mais il n'y a pas de serviette sur cette table...

Tout en posant avec une infinie douceur, sa main sur la joue de la jeune fille, il balaya du pouce l'onctuosité blanche, intruse. Ceci faisant, il répondit à la question.

- Ce n'était pas vraiment une envie. J'ai voulu changer de voie. J'ai entendu parler de Keimoo aux médias, j'ai consulté sur leur site les postes à pourvoir, sans réellement penser que quelque chose m'intéresserait.

Il ôta sa main, aussi lentement que précédemment, et se saisit à nouveau de sa tasse. Nouvelle gorgée. Il redressa la tête et plongea dans les onyx de Saki.

- Et en dépit de ce que tu peux croire, je suis écouté. Il n'y a pas que des... "bourges imbus d'eux même", comme tu dis. Jusqu'à preuve du contraire, Saki-chan, tu n'es pas de ceux là. J'ai l'impression que cette McDowell ne t'a vraiment pas épargnée. Mais je te rassure, il y a vraiment de bonnes personnalités dans cette Académie, il faut juste ouvrir les yeux.

Il voulait rajouter "ou retirer sa capuche" mais se ravisa. Ne pas aller trop vite. Saki avait déjà fait beaucoup en peu de temps. Son combat intérieur ne faisait que commencer.
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyDim 30 Jan 2011 - 12:27

De doux allers et retours de violons berçaient actuellement le coeur de Saki. Comme une musique qui donne envie de fermer les yeux et d'oublier pendant quelques minutes, le monde qui nous entoure. Cette main, si chaude sur sa joue déjà brûlante était comme la caresse d'une plume alors qu'elle dort légèrement. Une adorable attention de la part de quelqu'un qu'elle estime qui plus est. Pour elle, le temps s'était arrêté. Son visage n'avait pas bougé aux yeux de Saitô, à part peut-être cette affreuse coloration rouge vif sur ses joues encore vierges de contact humain, mais ses yeux étaient encore grands ouverts et sa bouche figée dans un rictus de gêne inévitable. Tout ce chamboulement qu'elle ressentait, elle le vivait au fond d'elle-même, dans cette partie intime de son ventre qu'elle avait décrit quelques minutes auparavant, c'était comme une explosion de bonheur. Son coeur battait à toute vitesse et son esprit ne pouvait plus penser à autre chose que ses doigts sur sa peau. Elle en était devenue absolument dépendante.
Alors que Saitô était sûrement la personne la plus à l'aise des deux à l'instant présent, il n'avait cependant pas pu répondre à l'information qu'elle venait de lui confier. Elle se mordilla la lèvre, consciente qu'elle avait peut-être fait une bourde en lui témoignant un peu trop d'affection, si affection c'était. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'elle ressentait puisque c'était la première fois, mais là lorsqu'il avait posé sa main sur elle, dans un geste rempli de tendresse et justifié, elle avait comprit que ce sentiment qu'elle ressentait n'était lié qu'à lui. Elle ne ressentirait sûrement pas la même chose si ça avait été un inconnu qui avait posé sa main sur elle, elle aurait été meurtrie, vexée et violée dans son intimité ; là, elle avait envie que ça dure éternellement, elle avait envie de lever à son tour sa petite main pour la poser délicatement sur la sienne. Saki comprenait petit à petit ce qui passait en elle, elle devait sûrement être amoureuse de lui. C'était une erreur, elle s'en rendait compte, mais comment l'éviter ? Comment contrôler son corps pour qu'il arrête d'en faire qu'à sa tête ? Comment choisir le bien alors que la mal est si tentant ? Comment dire non lorsque l'être en question éveille tant de choses en nous ? Elle resta plusieurs secondes à le fixer, sans bouger.

Et enfin le geste eut un sens. Jusqu'ici Saki n'avait pas comprit pourquoi il avait voulu ce contact entre eux deux, elle n'avait pas réalisé que Saitô ne faisait jamais les choses sans qu'il y ait une raison. Il voulait juste lui essuyer la lèvre, recouverte d'une fine couche de mousse, à cause du café. Elle sentit son doigt glisser sur sa lèvre, sentant à quel point ce moment pouvait être considéré comme érotique pour une petite novice comme elle, en terme de relation intime. Ses joues n'en finissaient pas de bouillir, elle était à deux doigts de faire un infarctus tellement son coeur battait la chamade contre sa peau. Elle souffrait, c'était agréable mais elle souffrait.
La déception n'en fut que plus grande lorsqu'il retira sa main, cessant le charme qui s'était installé si rapidement. Elle détourna les yeux aussitôt, consciente que son visage devait être atrocement défiguré et révélateur. Elle était plus que gênée à ce moment là et c'est naturellement qu'une larme coula sur sa joue. Trop d'émotions nouvelles venaient de franchir sa carapace et elle ne savait pas comment les gérer. Laisser les larmes couler lui faisait un bien fou. Comme si la douleur partait dans ses perles salées. Elle laissa sortir un soupir d'épuisement, blasée d'être si faible et si dénuée de connaissances dans le domaine du social.
Elle avait envie de lui hurler ce qu'elle ressentait. Elle voulait comprendre pourquoi ce moment magique la rendait si malheureuse maintenant. Etait-ce parce qu'il avait retiré sa main ? Ou parce qu'elle savait qu'il ne serait jamais amoureux d'elle ? Ou tout simplement parce qu'il avait fait ce geste juste dans l'intention de lui essuyer la bouche comme à une enfant qui ne sait pas manger ? Saki se sentait rabaissée, remise au rang des "enfants" alors qu'elle se sentait devenir femme à chaque seconde passée avec lui. Son corps changeait au gré de ses humeurs, elle ne voyait plus que par lui.

Sentant que son visage avait reprit sa couleur naturelle, et que les larmes avaient cessé de couler, elle reprit sa place précédente, reposant doucement ses yeux rougis sur ceux de Saitô qui lui donna la réponse à sa question, ne se rendant sûrement pas compte de l'émoi qu'il avait insuflé dans les poumons de la demoiselle. Elle se faisait des films à échelle humaine. Elle était persuadée que c'était de l'amour, tout en ignorant pertinemment qu'elle ne connaissait rien à ce sentiment et qu'elle pouvait décemment le confondre avec celui de l'amour familial. Mais fallait-il encore être capable de faire la différence. Les deux fils étaient si fins et si rapprochés que c'était du domaine de l'infaisable.
Soudain piquée par une aiguille de matûrité et de compréhension, Saki comprit qu'il était inutile de ruminer ça toute seule, elle devait lui en faire part, directement. Reprenant alors le fil de la conversation, elle entendit les dernières paroles de son surveillant préféré.

"Ashley... C'est vrai qu'elle m'a cassée dans mon élan dès le début... Mais je continue de penser que tout le monde a une part de mauvaise foie en lui, tout comme moi...".

Lorsqu'elle avoua sa façon de voir les choses, Saki pensa aussitôt à Aleksi. En terme de mauvaise foie, il avait sûrement été le pire. Ashley avait été agressive et sournoise dès le début, elle n'avait cherché qu'à lui faire du mal et à la rabaisser, le message était clair. Alors qu'Aleksi, contrairement aux apparences, avait trompé Saki. Il avait été sympa avec elle au début, usant de son charme pour parvenir à la mettre en confiance et la laisser se dérider près de lui et alors que son coeur avait fait une petite place à l'Ephèbe Violet, il avait alors asséné le coup fatal, lui rappelant qu'elle était une moins que rien.
C'est d'ailleurs en quittant cet affreux moment de sa vie qu'elle s'était réfugiée dans les sous-sols pour hurler sa peine, son désespoir et sa rage contre elle-même d'avoir laissé place à de la sympathie pour cet étudiant abject. C'était là, qu'elle avait fait la connaissance de Saitô, qui avait profité de cette faille dans son coeur pour s'y faufiler, sémant la tempête et la discorde jusque dans ses entrailles. Pourvu qu'il n'ait pas ce côté infâme planqué derrière son dos, prêt à jaillir sur elle, lorsqu'elle sera au plus bas. Peu importe les conséquences, elle devait se jeter à l'eau. Elle ne pourrait pas supporter davantage de ne pas savoir, de ne pas comprendre.
Elle reposa ses mains désormais gelées sur ses genoux et ne touchant plus au café puisqu'il était le symbôle même de son émoi, elle lâcha, franchement, tout en plongeant ses yeux sombres dans les siens :

"Est-ce que je suis en train de tomber amoureuse de vous ?"

La question était assez surprenante puisqu'elle demandait au concerné de se mettre à sa place. Il avait besoin de détails, de plus amples informations. Saki avait des doutes, des incertitudes et elle aurait pu lui en faire part, lui parler de Kat's dont elle ne connaissait encore rien mais à qui elle pensait régulièrement, ou encore de ses parents qui n'étaient pas proches d'elle comme elle l'aurait souhaité, mais là, sur le coup, Saki ne pouvait plus parler. Un malaise inimaginable avait prit possession d'elle et la réponse qu'il lui donnerait aura forcément un impact sur sa vie future. Elle avait donné toute son énergie dans cette question, ayant aveuglément confiance en lui et comptant sur lui pour lui expliquer la vérité en douceur, sans la blesser et sans lui donner de faux espoirs. Sa réponse déciderait pour eux du chemin à suivre...
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptySam 19 Fév 2011 - 11:22

Ryosuke connaissait son rôle dès l'instant où il avait pris la décision de prendre la petite Saki sous son aile. Il n'avait pas réellement réfléchi lorsqu'il lui avait tendu la main pour l'amener hors des sous-sols. Cependant, au fur et à mesure qu'il découvrait la face cachée, sensible, de sa protégée, il réalisa la responsabilité qu'il avait apposé lui-même sur ses propres épaules. Il devenait une lueur d'espoir aux yeux de la lycéenne, une porte vers un monde nouveau, vers la découverte d'une vie.

Ça lui avait été si facile de tendre une main. Le plus dur était à venir. Conserver ces petits doigts entre les siens. Il n'avait pas droit à l'erreur. Il avait laissé parler ses sentiments, influencé par les traits perdus ornant le visage de la brunette. Son cri de désespoir l'avait heurté, appelé. Elle était si livide.
Ses joues n'était plus un désert blanc dépourvu de la moindre petite once de couleur. L'hémoglobine avait à présent fait son chemin, évacuant la neige de tristesse pour laisser place à la douce chaleur d'une émotion inconnue. Une goutte de pluie salée, glissait le long d'une de ces collines juvénile laissant un fin sillon de trouble affectif, presque plaisant, sur son passage. Cette larme n'inquiéta pas le surveillant, puisqu'il avait perçu dans les prunelles de l'adolescente, un petit quelque chose d'attendrissant. Une hésitation, un doute. Une révélation ? Il aimerait tant savoir ce qu'il se tramait dans les pensées de Saki. Mais il était trop tôt, bien trop tôt, pour lui demander.

Peu après, elle lui donna la réplique. Sur Ashley. Mauvaise foi, en chacun ? Saitô attrapa sa tasse et reprit une lampée de son nectar favori. Saki avait raison. Même à l'intérieur du plus pur des êtres, règne un nuage de noirceur. Pour Saitô, il n'était pas possible qu'on puisse être bon à cent pour cent. Il ne le savait que trop bien. Comment réagirait Saki si elle découvrait l'enfance qu'il avait eue ? Les violences dont il avait fait preuve envers tous, lorsqu'il était enfant ? Évidemment, tout cela était loin. Grâce à l'éducation qu'il avait reçue dans ce camp de redressement, il avait découvert la valeur de chaque être humain. Cependant, il arrivait que certains démons enfouis, mais non pas éradiqués, refassent un petit tour dans ses pensées, ses désirs. Ils se libéraient lorsqu'il tenait un éphèbe dans le creux de ces bras, sur un lit, à l'arrière d'une voiture, un toit, une ruelle. Étrangement, c'était différent lorsqu'il se retrouvait face à une femme. Shina avait refusé de le libérer de son emprise, même si elle n'en avait pas conscience. Comment aurait tourné sa vie s'il était resté à ses côtés ? L'aurait-il épousé ? Possible. Aurait-il été heureux ? Ça ne faisait aucun doute. Et pourtant, il avait préféré la quitter. Dernier agissement égoïste. Un sacrifice. Pour se racheter, encore. Il avait commis bien trop d'erreurs pour goûter à un bonheur non mérité.
Aujourd'hui, offrir un sourire était bien plus précieux que tout. Sa vie n'avait de sens que s'il permettait à son entourage, proche ou pas, d'avoir une existence prospère et sereine.

Autre lippée. Et une question. Déconcertante. Presqu'inconcevable.

"Est-ce que je suis en train de tomber amoureuse de vous ?"
Ryo tenait encore la tasse à proximité de ses lèvres. S'il n'avait pas absorbé sa gorgée caféïnée, il l'aurait peut-être avalée de travers. Il se figea, deux, peut être trois secondes. Un tambour résonnait dans sa cage thoracique. Il commença à réaliser qu'il avait peut-être commis un faux pas, quelque part. Il ne fallait pas. C'était une erreur de calcul. Son coeur reprit sa danse folle, comme précédemment lorsque Saki lui avait fait part de sa jalousie. Il l'avait plutôt interprétée comme de l'envie.
Lentement, il reposa la tasse sur sa soucoupe assortie pour, progressivement, remonter son attention au regard de la Creepie. Il devait lui répondre, même s'il souhaiterait plus que jamais fuir. Pas Saki, mais la responsabilité qu'il devait assumer. Il aurait dû réfléchir à cette éventualité. Lui, n'avait songé qu'au bien de la demoiselle sans réfléchir qu'il pouvait se retrouver confronté, en contrepartie, à cette situation. Il avait oublié que Saki n'était plus une enfant, mais qu'elle devenait une femme. Et en compagnie d'un homme mûr, étranger à sa famille, elle rentrait plus facilement dans le monde des adultes. Il était évident que ce risque était à prévoir. De plus, c'était bien plus difficile à gérer: il était physiquement plaisant, célibataire, sans enfant. Il serait aisé d'utiliser l'âge comme argument de défense. Mais tout le monde sait que ça ne serait pas convaincant. L'âge n'ayant aucune emprise sur les sentiments amoureux. Il lui fallait peser ses mots. Il s'en voulait.

Mais il lui sourit cependant. Ne surtout pas la rejeter. Etre compréhensif. Et ne pas mentir. Il leva les yeux au plafond, cherchant l'inspiration, sans se sentir influencé par l'émoi de la demoiselle.

- Je l'ignore. L'amour est un sentiment compliqué qui peut flécher en quelques instants, quelques secondes, tout comme il peut mettre des mois, voire des années à fleurir dans le coeur d'une personne.

Il reporta son attention sur la jeune fille, puis sur sa tasse de café.

- Il va refroidir tu sais.

Il attrapa la sienne et la finit d'un trait. Dehors, la pluie s'était calmée. Et même s'il n'était plus l'heure de voir apparaitre un rayon de soleil, le ciel se dégageait peu à peu.

- Quoiqu'il en soit, toi seule peut connaitre la réponse. Elle n'est pas toujours facile à trouver. Lorsque tu la connaitras, j'aimerais que tu m'en fasses part, d'accord ?

Il était hors de question qu'il n'y accorde pas d'importance. Il assumerait les conséquences de ses actes. Définitivement, il resterait à ses côtés, même s'il était évident qu'il ne pourrait pas toujours orner le visage de sa protégée d'un sourire. C'est aussi cela, être responsable. Tout n'est pas que rires et chansons. Ouvrir une porte vers un rayon de soleil ne veut pas dire que la prochaine ne donnera pas sur une averse. C'est pourquoi il existe des parapluies... quand même plus pratiques que des capuches.
De panneau directionnel, il devenait ainsi parapluie. Quoiqu'il en soit, il serait toujours là.

Pour cette petite feuille, au gré du vent.
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MessageSujet: Re: "At Home" [~ Petite Feuille]   "At Home" [~ Petite Feuille] EmptyMar 1 Mar 2011 - 12:24

Pour Saki, le temps s'était arrêté. Elle avait tout juste eu l'impression d'être coincée en Irak, entre les tirs de mitraillette et les bombes artisanales. A son tour, elle venait de lancer une bombe en plein milieu d'un vaste terrain et elle attendait le résultat. Elle attendait l'explosion comme le St Graal et espérait surtout que sa bombe ne buguerait pas.
Dans sa tête, c'était à ça que ressemblait ce moment, elle venait de lancer une question entre elle et Saitô qui pourrait avoir un effet "Tsunami" dans son cœur, comme dans sa vie, mais elle ne pouvait plus retenir cette envie de savoir ce qui se passait en elle. Sans y faire vraiment attention, elle venait d'être absolument égoïste. Elle ne se rendait pas compte que cette question -importante pour elle, certes-, changerait forcément les choses pour lui aussi. Comment réagir et rester naturel près d'une personne qui éprouve peut-être des sentiments trop puissants pour vous alors que ce n'est pas réciproque ? Mais Saki ne pouvait pas penser à lui telle qu'elle était là ; trop de sentiments différents lui arrachaient le cœur les uns après les autres. Sa timidité était constamment mise à l'épreuve et même ses larmes étaient toutes prêtes à couler. Elle n'attendait qu'une réponse... une réponse qui mettait beaucoup de temps à venir. Tellement de temps qu'elle eût le loisir de repenser à Ethan.
Ethan Matthews. Un garçon qu'elle avait connu lorsqu'elle était encore toute petite, aux alentours de 6 ou 7 ans, avant son bizutage scolaire. Il lui avait plu. Il était plus âgé, intelligent, distant et impressionnant, la recette même du parfait petit garçon qui attire toutes les demoiselles sans même prononcer un seul mot. La petite Saki avait voulu l'impressionner mais elle n'avait fait que l'agacer et finalement, lorsqu'il avait ouvert la bouche, il avait simplement été désagréable et n'avait que faciliter la rébellion intérieure de Saki, lui ouvrant les portes du désespoir et du manque de confiance en soi. Con d'Ethan.

Reportant des yeux voilés de brume sur le beau visage de son surveillant, Saki comprit qu'elle allait avoir à faire à deux choix désormais.
S'il répondait par l'affirmative et qu'il lui témoignait un tant soit peu d'amour, elle serait sûrement prête à s'abandonner dans ses bras pour la vie entière, sachant pertinemment qu'il saurait prendre soin d'elle, sans la blesser, sans se moquer. Elle serait heureuse.
Cependant, s'il répondait par la négative, elle devrait remettre ses émotions en question. La repousser ne signifierait pas forcément qu'il ne l'apprécie pas à sa juste valeur mais plutôt qu'ils n'ont rien à faire ensemble. Elle s'était déjà préparée à cette situation. Elle l'aimerait quoiqu'il dise, mais pas forcément de la même façon. Peut-être représentait-il une autre forme d'amour pour elle. Elle se sentait prête à affronter la vie lorsqu'elle savait qu'il était derrière elle pour la soutenir. Saitô était son filet de sécurité.

Mais il trouva une autre échappatoire pour la question. Ce ne fut ni oui, ni non, mais "je l'ignore". Au moins comme ça, il ne prenait pas de risques. Saki en fut presque amusée. En attendant qu'il réponde, elle avait eut tout le loisir de regarder son visage et d'y déceler des émotions. Sa question l'avait déstabilisé, bien sûr et au vu de son étonnement, il n'avait pas du tout pensé à cette éventualité entre eux deux. Saki s'était fourvoyée, ça semblait de plus en plus clair, puisque lorsqu'il répondit que l'amour était un sentiment complexe, elle comprit qu'il ne ressentait pas la même chose pour elle. Il le lui disait juste de façon détournée, sûrement pour éviter de la blesser. Elle commençait à comprendre son fonctionnement.
Elle termina son Miss Mapple tout en fermant les yeux pour profiter à fond de ce nectar délicieux et essuya cette fois le filet de mousse qui se posa une nouvelle fois sur sa lèvre supérieure. Elle esquissa un sourire, elle apprenait vite. Et puis, elle était bien là avec lui, alors même si la situation était peut-être un peu gênante, elle ne lui en voudrait jamais. Elle ne tournerait jamais le dos à celui qui l'avait sorti de ce mauvais pas. Enfin... sauf s'il se passait quelque chose d'important...

"Mmh je vois... Désolée si ma question vous a mis mal à l'aise, c'était pas le but. Je suis juste... comment dire..." bafouilla-t-elle tout en joignant ses mains sur la table, autour de sa tasse de café. Elle se mordilla la lèvre et posa ses yeux sur une flaque d'eau à l'extérieur du café. "J'ai l'impression que je viens juste de naître et que tout est nouveau pour moi. J'aime votre présence, j'aime le son de votre voix, elle est rassurante et chaleureuse. J'ai envie de passer du temps avec vous et de découvrir encore tellement de trucs. Mais vous avez peut-être raison... l'amour c'est peut-être pas ça."

Sans s'en rendre compte à l'heure actuelle, Saki venait de faire preuve d'un grand sens de maturité. Elle avait comprit où il voulait en venir et le remerciait intérieurement de ne pas l'avoir blessée froidement en prenant sa confession pour une maladresse d'adolescente. Il avait 100% de bonnes réponses sur toute la ligne depuis le début. Pas un seul faux pas. Il était idéal.
Elle releva les yeux, plutôt satisfaite de pouvoir se confier à lui sans être jugée. Elle avait presque envie de se lever de table et d'aller vers lui, lui faire un câlin pour lui dire "merci" à sa façon. Mais Saki n'était pas du genre tactile, même lorsqu'elle se sentait en confiance ou rassurée. Elle avait toujours peur d'être rejetée.

"D'accord. Au fil des jours, de mes rencontres et de mes émotions, je vous dirais ce que je ressens."

Et elle savait que pour être vraiment sûre, elle devait se prendre en mains un minimum et faire ou refaire venir dans sa vie les gens qui comptent pour elle, pour pouvoir effectuer une comparaison en bonne et due forme. Par exemple, elle devait rencontrer Kat's qui lui mettait lui aussi le cœur en émoi dès qu'elle recevait un texto de sa part, sans qu'elle en comprenne vraiment la raison.
Et puis elle devait revenir à la source même de ses émotions, la source de sa vie : Ses parents. Il était temps de leur pardonner, temps de leur ouvrir son cœur, et de faire partie de leur vie. Saki allait bientôt avoir 17 ans et il était l'heure pour elle de décider par elle-même, de ne plus laisser les gens lui marcher sur les pieds et de profiter de cette petite perle que certains offrent sur un plateau d'argent en guise de cœur.

"Je... Vous savez... mes parents habitent à quelques pas d'ici." avoua-t-elle timidement, consciente que l'heure était importante et que ce qu'elle allait lui dire là, c'était grâce à lui. Mais ça, elle ne le lui dirait pas, sinon il n'était pas sûr qu'il le comprenne vraiment. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'il comprenne qu'elle allait partir de ce café, et qu'il devrait la laisser faire, sans se soucier d'elle ou sans se sentir blessé de son abandon. Inconsciemment, elle aurait aimé qu'il comprenne que le lien familial avait été rompu chez elle et qu'il avait été pour beaucoup dans sa reconstruction ; mais il était trop tôt pour parler de choses aussi personnelles, si bien qu'elle ne put pas vraiment lui en toucher 2 mots, elle se contenta de l'informer de sa marche à suivre :

"Je pense que je vais retourner voir mes parents."

Elle ressentait tellement le besoin de lui dire merci que ses jambes tremblaient sous la table. La timidité l'en empêchait. Elle leva les yeux au ciel, soupirant tellement le stress de ses actes futurs lui tiraillait le bide. Elle était pressée de retourner à son origine, de discuter avec ses parents, calmement, de tout leur raconter, et puis de revenir, pour raconter toutes ces merveilles à Saitô ; et enfin lui expliquer qu'il était à l'origine de tout ce bonheur qui s'époumonait en elle.

La pluie s'était arrêtée. Peut-être était-ce un signe qui lui disait qu'il était temps d'y aller... Elle toussota légèrement et posa ses deux mains sur ses cuisses avant de se lever maladroitement, faisant crisser bruyamment la chaise sur le sol. Elle s'excusa muettement en adressant un coup d'œil extrêmement gêné à la serveuse de tout à l'heure. Elle se dirigea pas à pas vers Saitô qui n'avait pas bougé de sa chaise. Que devait-elle faire maintenant ? Saluer poliment et s'en aller ? Lui serrer la main ? Lui faire un câlin ? Saki dandinait de gauche à droite sur ses pieds frêles, elle était coincée dans son propre corps pour un simple petit geste auquel Saitô n'accorderait sûrement que peu d'importance. Finalement elle opta pour une quatrième solution.
Doucement, elle se pencha vers lui, approchant son visage sans capuche de celui du surveillant. Heureusement qu'ils n'étaient plus dans l'Académie sinon elle aurait pu lui attirer de gros ennuis. Doucement, ses lèvres se posèrent sur sa joue, effleurant doucement le grain de sa peau feutrée. Le bisou ne dira qu'un simple instant, quelques secondes tout au plus mais elle était ravie. C'était doux et chaud. Vraiment agréable. Ca avait dût l'être beaucoup moins pour lui vu qu'elle était maladroite mais il lui pardonnerait sûrement. Par ce geste qu'elle venait de faire, Saki lui offrait elle aussi sa petite perle. Elle lui donnerait tout ce qu'il attendrait d'elle. Une confiance absolue.

"Merci... pour tout."

Et dans un petit geste timide de la main, elle le salua, et sortit doucement du café, en ayant poliment salué les serveuses. Elle était venue en moto certes, mais de là où elle était, elle était plus proche de la maison de ses parents. Bien sûr, elle avait cours cet après-midi mais elle s'en fichait. Elle devait aller les voir. C'était ça le plus important. Elle passa délicatement la main sur la courbe athlétique de la moto et se retourna vers la vitre du café pour adresser un sourire des plus sincères à son protecteur (clic !). Lorsqu'ils se reverraient, tout aura sûrement changé. Elle était tellement pressée !

Pourtant... si elle avait su...


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