Ô jupe, pourquoi n'es-tu pas...

Invité

Là. Oui, là. C’est quoi ça? Dans mon portefeuille? Une carte... Une carte? Sa couleur est vraiment belle. Dorée. Ouais, jaune doré, avec plein de petits chiffres en reliefs et de l’écriture imprimée dessus. Mais qu’est-ce qu’une telle carte fait à moisir dans mon portefeuille!? Ça fait presque deux semaines que je ne l’ai pas utilisée! Ma foutue carte de crédit a eu le temps de s’enfouir entre carte d’identité et carte étudiante. Sans oublier les passes, les cartes cadeaux, etc.Ô carte de crédit, pardonne moi de t’avoir abandonné aussi longtemps, mais ce temps est maintenant révolu! ...je crois.

En feuilletant un catalogue au hasard, bien tranquille dans ma chambre, j’ai vu cette jupe. Oh ouais, cette jupe là. Celle que tout le monde rêve d’avoir et le monde ne se limite qu’à moi. La jupe parfaite au prix exorbitant, mais ce n’est pas comme si je n’avais pas l’argent pour me l’acheter. Au contraire, c’est ce que je file faire maintenant.
Je me relevai, ajustant mes minis shorts qui avaient remontées et puis tirai sur mon t-shirt noir aplatissant les faux plis. J’attrapai mon sac, m’assurant que cette fameuse carte soit à l’intérieur et puis hop, je filai pour le centre commercial.

{...}

Je déambulai dans les couloirs du centre, m’arrêtant à chaque magasin digne d’attirer mon attention pour zigzaguer dans chaque allées afin d’examiner les vêtements. C’est comme ça que je suis. J’adore faire du shopping. En même temps, qu’elle fille n’aime pas s’acheter des vêtements? Probablement celles qui n’aiment pas s’arranger tout court. Contrairement à elle, moi, j’ai une image à garder. Et puis, je pense que même si j’étais habillée comme un torchon, on me trouverait encore jolie... tout ne réside pas que dans les vêtements, nuance. Bref, je m’égare un peu.

Donc, je me rendis au magasin vendant la jupe parfaite dont j’avais vu l’image dans le catalogue. Un grand magasin aux murs grisâtre pourtant tous décorés par de grandes images de gens heureux portant leur vêtements... une boutique ordinaire quoi. Je m’aventurai entre les allées, les sondant de long en large, examinant chaque coin, cherchant désespérément cette mini jupe noire. Et ouais, tout ça pour une mini jupe noire que je n’aurai probablement même pas la chance de porter au lycée à cause de l’uniforme, mais cela ne m’empêchera définitivement pas de l’acheter... si seulement je la trouvais.

Je quittai les magasins, puisque la jupe ne s’y trouvait pas. J’étais prise au dépourvu : moi, shop-a-holic renommée, ne me suis même pas acheté une chose. Je continuai alors à déambuler seule dans ce centre commercial bondé, m’arrêtant dans des boutiques par-ci, par-là afin d’au moins me trouver un truc mignon à acheter...

Spoiler:

Invité

Croyez le ou non, il existe encore des gens capables de perdre leurs clés. C’était le cas de Yu. Et le pire dans tout ça, il n’avait absolument aucune idée de l’endroit ou elles avaient foutu le camp. Il n’avait pas de sac à main, impossible qu’on ait pu les lui voler dans les poches de son jean, puisqu’il avait gardé les mains dans ses poches dès la porte de la maison franchie. Elles jouaient avec le trousseau, l’entortillant entre le pouce et l’index, le faisant passer de l’une à l’autre comme un ballon de foot. La seule fois ou il avait laisser l’objet tranquille était lorsqu’il avait payé son soda au distributeur. De toutes les manière, qu’est-ce qui lui avait pris d’aller au centre commercial juste pour une ridicule canette qui coutait deux fois moins cher à la supérette ? Il aurait mieux fait d’aller s’entraîner, c’est la seule chose qu’il pouvait faire sans regrets après tout. Mais, il arrivait que Yu veuille être comme tous les garçons de son âge. Genre, être normal, faire des trucs que les autres font… Se promener, faire du repérage côté gonzesses, juste pour avoir l’air…. Comme tout le monde. Il était loin d’être comme tout le monde. Lui le pensait du moins. J’avoue qu’il peut paraître étrange de vouloir être un « Mr. Tout le monde » quand on a conscience d’être fondamentalement différent. Ou peut-être que c’est juste normal. Yu ne savait plus. L’avait-il déjà su ?
Ca aurait été plus simple si sa passion ne prenait pas en otage la moitié de son temps libre. Il ne s’en plaignait pas. Lui seul l’avait décidé, depuis longtemps, très longtemps. Mais il n’en voulait plus. Il ne voulait plus rien. Ni reconnaissance, ni gloire, ni amour, ni vengeance. Rien. Il était juste paumé et ne comptait sur personne pour le sortir du sillon qui le mènerait à sa perte. Peut-être que ça devait se terminer ainsi. Sans amour, sans gloire, ni fric, ni sentiments haineux. Peut-être qu’il n’avait plus besoin de tout ça, qu’il n’avait plus besoin de supporter, de vivre. On se dit tous un jour qu’il est temps de mettre un terme à notre courte existence, eh bien, Yu en était arrivé à ce triste point.

Il était trop lâche pour mettre fin à ses jours lui-même, mais il aurait aimé se faire renverser par une voiture, se prendre une balle dans la nuque. Vous pensez que c’est un état passager, finalement vous vous rendez compte que ça ne finira jamais. Il serait obligé de toujours lutter plus fort, jour après jour, sans la moindre reconnaissance, parce qu’il le devait, c’était son devoir en tant qu’être humain. Se battre contre les difficultés de la vie. Tout le monde se bat, pourquoi pas lui ? Parce qu’il en avait mare ? Parce qu’il devait supporter beaucoup plus qu’un garçon de son âge ? « Mais tu n’est pas le pire, tu penses que ton cas est désespéré parce que tu te concentres seulement sur toi et tes problèmes. » « Je suis indifférent aux problèmes des autres, et là je veux juste retrouver mes clés » « Es-tu sur de les avoir perdu ? Peut-être ne les as-tu jamais prises, peut-être que tes mains ne sont jamais restées dans tes poches, peut-être que tu as simplement imaginé la scène, ou que tu l’as prise d’un souvenir plus éloigné. Réfléchis, avais-tu vraiment tes clés ? »

Et Yu fouilla dans la poche de son pull-over.
Bien sur que la clé y était.
Il ne les avait pourtant pas changé de place.
Peu importe, il pouvait rentrer maintenant.
Il aurait pu… S’il n’avait pas glissé dans les escalators.
Sa chute ne passa pas inaperçu, mais pensez-vous qu’une âme charitable lui serait venu en aide ? Non, certainement pas. Il n’avait rien je vous assure. Juste un peu de sang sur le coude et une douleur cuisante dans le mollet. Il se releva seul, boitilla jusqu’à la sortie en serrant les dents. La sortie étant plus loin que prévu, il prit une pause dans la première boutique qu’il vit. Un magasin de vêtements d’une marque qu’il ne connaissait pas. Il entra, prit un t-shirt au passage et se dirigea vers une cabine d’essayage, s’y faufilant discrètement, il ferma le rideau a moitié et se laissa tomber sur la banquette.

« Mh…Ils devraient faire des cabines plus grandes… »

Invité

Bon bah, sans succès dirait-on! J’ai regardé dans la totalité des magasins du centre, sans trouvé quoi que ce soit... Je me dirigeai vers la sortie, qui se trouvait encore loin, et aperçu une forme glisser et prendre toute une débarque. Contrairement à certaines personnes autour, je ne trouvais pas ça très amusant et détournai le regard ailleurs. Je m’aperçue alors qu’il y avait un magasin que je n’avais pas exploré encore. L’enseigne était jolie et vu de dehors, les vêtements en avaient l’air aussi. Je pris une chance. Je m’y rendis et y entrai donc, ne m’attendant pas à grand-chose, mais ne sait-on jamais, parfois on trouve plein de trucs là où on s’y attend le moins. Parfois des trucs totalement inutiles, d’autres fois des choses surprenantes. Dans mon cas, j’ai trouvé quelques trucs jolis. La chance me sourit!
Bah... quelques trucs... En fouillant encore chaque recoins du magasin, je trouvai au moins trois jupes milles fois plus belle que celle que je voulais au départ! À ma pile de vêtements à essayer, il y avait entre autre un débardeur du style faux corset, trois slims grunge, un bleu, un gris et un blanc, deux longs chandails à motifs, un de couleur prune et un blanc, et puis un V neck grisâtre pour conclure le tout. Avec ces 10 pièces de vêtements à essayer, je vais passer un bon moment dans les cabines! C’est la dure vie des shop-a-holics.

Je m’avançai donc vers la section essayage, en demandant une à la demoiselle qui s’occupait de la section. Elle compta le nombre d’articles que j’avais, pris un petit tag puis m’assigna à une cabine qui n’était pas utilisée. Une petite cabine, comme les autres. Je m’y dirigeai donc, remerciant brièvement cette fille. J’entrai dans la cabine en tirant sur le rideau. Sans regarder, je lançai les dix vêtements sur la banquette, me retourna pour tirer de nouveau sur le rideau. Je soupirai. Pas totalement exaspérée, j’avais tout de même trouvé quelque chose à acheter, mais j’étais fatiguée. L’idée d’avoir à essayer dix morceaux, un à un, pour m’évaluer dans un miroir pendant au moins cinq bonnes minutes pour pouvoir déduire s’il m’allait ou pas... l’idée me fatiguait juste à y penser. Toujours face au rideau, je passai mes mains dans ma nuque, soufflant de nouveau. Une fois mon souffle poussé, je remarquai un bruit étrange derrière moi. Comme... comme des grognements. Lointains, mais certes, ce restait des plaintes étouffées. Étouffées? Oui. Comme... comme sous dix couches de vêtements.

Je me retournai, pivotant lentement sur moi-même, n’étant vraiment pas sûre de ce qu’il y allait se trouver derrière moi. Je déglutis et puis une fois complètement retournée, je retins une clameur surprise de mes deux mains. Pourquoi il y avait quelqu’un dans cette foutue cabine? C’était la première pensée qui me passa par la tête. Un mec gisait sous la tonne de vêtements que je lui avais balancée en rentrant. Et ce ne semblait pas être n’importe qui. C’était celui que j’avais vaguement aperçu de loin en prenant la direction vers la sortie. Celui qui s’était planté dans les escalators. Je le reconnu à ses vêtements et ses cheveux qui ne passent évidemment pas inaperçu. Non pas de leur couleur fort ordinaire, mais leur longueur. J’ai l’habitude des cheveux longs sur les garçons, -fallait voir avec qui je traînais avant!-, mais pas aussi longs. Bien plus longs que les miens! Enfin bref, là n’est pas la question. La vrai était plutôt...

« Mais qu’est-ce que tu fous là! »

Je ne pus retenir cette question de sortir de ma bouche. Je la dis d’un ton oppressant, je me voulais autoritaire quand même. Et puis l’évidence, il n’était pas sensé être là. Si la cabine était occupée, il y aurait eu un tag, d’ailleurs si même la préposée de cette section l’ignorait et me plaça là, c’était parce qu’il n’était pas sensé s’y retrouver. Je croisai les bras et pris appuis sur une hanche, attendant avec impatience qu’il se justifie. J’aurais très bien pus simplement lui dire de déguerpir, mais ç’aurait attiré l’attention si je me mettais à crier de telles choses. J’avais franchement l’air mécontente.
Je regardai donc l’étranger devant moi. Je ne saurais lui donner d’âge, mais il avait l’air mature. Bah, peut-être physiquement, mais dans sa tête ça ne devait sûrement pas tourner rond, hein. En l’observant je remarquai qu’il serrait quelque chose dans sa main. Un chandail? Je ne peux pas dire si c’était une taille de fille, tellement il le serrait dans sa main. Et puis je remarquai ensuite... du sang!? Il s’était bêché à un tel point qu’il en saignait? Et bien...

Juste après que ce détail m’ait sauté aux yeux, la pile de vêtements à côté du jeune homme se mettait à glisser vers ce sang. Ah, tout pour me rendre la vie impossible. Je m’avançai donc d’un pas ferme vers celui assis et me penchait au dessus de lui juste pour pouvoir atteindre les vêtements qui tombaient. Je me permis de lui grogner quelques mots tout en replaçant les vêtements plus loin sur la banquette...

« Et pis fais attention, veux tu!? Si y’a du sang sur les trucs j’vais devoir les payer! »

Mon regard lui lançait des éclairs que le sien me renvoyait tout aussi bien... !

Spoiler: