Liberté te voilà... ou pas!

Phèdre leva les yeux vers le soleil. Une douce brise vint lui caresser le visage. C'étair la journée idéale pour son arrivée à Keimoo. Elle ne pouvait rien espèrer de plus. La jeune fille était habillée simplement, comme à son habitude, elle portait avec beaucoup d'élégance un simple jogging gris dont le pantalon était remonté jusqu'à ses genoux et les manches jusqu'à ses coudes. Elle s'était levée du mauvais pied et n'avait pas eu l'envie de s'habiller convenablement. Ses cheveux était attachés de manière... vite fait on va dire et elle tenait sur son épaule un gros sac. Le vent ébourriffa ses cheveux qui l'étaient déjà bien assez pour la ramener sur terre. Son regard, quittant le soleil aveuglant, vint dériver sur le grand portail qui la surplombait, imposant. Soupirant, elle passa dessous et entra dans la cour où des bancs étaient entreposés, libres pour certains. Elle alla s'assoeoir, posa son sac par terre et attendit. Phèdre regardait silencieusement le ciel, pensant à tout et à rien. Une chanson défila quelque instant dans sa tête pour se mélanger à une formule mathématique qui dériva sur la composition des organes vitaux des poules pour revenir sur le comment du pourquoi de la mort de Blanche Neige.

« Ca doit faire atrocement mal de se coincer un bout de pomme dans la gorge, qui plus est un bout de pomme empoisonnée! »

Oui ça devait faire très mal mais il ne fallait pas oublier qu'elle ressussitait grâce au baiser de son beau prince charmant.

* Tiens... Moi, je pourrais m'étrangler comme une cruche avec un bout de pomme, je suis sûre que le prince ne viendrait pas! Comme le monde est cruel... *

Nouveau soupir. Des pensées plus inutiles que les autres vinrent se bousculer dans le cerveau de Phèdre. Des petits lutins bleus et des petits lutins jaunes donnant des grands lutins verts vinrent faire leur apparition devant les yeux de la jeune fille. Puis elle commença à se demander si le subconscient pouvait éternuer, se demanda pourquoi les gargouilles faisaient toujours peur et enfin THE question existentielle: le comment du pourquoi de la question existentielle du pourquoi du comment du fait que les canards en plastique étaient jaunes. Quelle imagination, elle faisait pitié. Un petit sourire vint fleurir sur ses lèvres. Baissant son regard qui était rivé depuis un petit moment sur les feuilles d'un arbre, Phèdre regarda autour d'elle. Elle était seule parmi la multitude d'élève qui faisait des va et vient. Elle soupira de nouveau, oui elle soupirait beaucoup ce jour-là, et s'étira comme un chat.

« GROAH! »

Petit bruit signifiant que l'étirement s'était bien passé. Elle sourit, leva la tête et ferma les yeux.

Spoiler:

Phèdre, le regard rivé sur le ciel, se perdait une fois de plus dans les abîmes sombres de son intellect. Soupir, soupir, soupir... Rien à faire, rien envie de faire. Petite rebelle va! Rebelle... Ce n'est pas vraiment ce qu'elle était mais bon... Elle ne savait pas comment ce qualifier autrement dans cette situation. Nouveau soupir, encore un soupir, que des soupirs. Pauvre fille va! Si une personne passait à côté d'elle au moment où elle enchainait plusieurs soupirs tout aussi soupirant que les autres, si ce n'est plus, elle aurait pu croire que la jeune fille était prête à se jeter sous un train. Un sourire vint aux lèvres de Phèdre. Elle se voyait mal en train de se jeter sur des rails pour mourir.

« Tu as l'air perdue, je peux t'aider? »

Retour à la réalité. Immédiat. Phèdre baissa les yeux et vit un jeune homme, bien que ses cheveux soient blancs, penché vers elle et qui lui faisait un sourire du tonnerre. Ne si attendant pas, elle ramena ses jambes sous son menton à la vitesse de l'éclair et se les tint fermement.

« Euh... »

Phèdre regardait l'inconnu avec des grands yeux. Que devait-elle répondre? Aucune idée. Devait-elle lui dire qu'elle n'était pas perdue? Oui. Mais comment? Rien ne lui venait à l'esprit. C'était bien Phèdre ça, se prendre la tête pour rien. Ne lui suffisait-il pas de dire « Excuse-moi mais je ne suis pas perdue. »? Tout simplement, si. Mais la jeune fille aimait se compliquer la tâche. Non. Elle n'aimait pas ça, elle le faisait juste inconsciemment. Voilà tout. En bref, Phèdre se creusait les méninges pour trouver une réponse adéquates, ouvrit la bouche pour répondre quand une voix autre que la sienne prit le dessus.

« Est-ce qu'elle a l'air si conne que ça? Ou est-ce que t'as besoin de faire ta BA de la journée, de t'offrir une nouvelle conscience parce que tu captes rien aux cours? »

Les yeux toujours grands ouverts, Phèdre tourna lentement la tête pour voir apparaître une jeune femme qui se dirigeait vers elle et l'inconnu a grandes enjambées et qui montrait une expression de dégoût sur son visage.

« Agréable de jouer au prince charmant? »

Un prince charmant? Vraiment? Mais elle ne s'était pourtant pas étranglée avec une pomme empoisonnée! Phèdre ne savait plus où donner de la tête, alors elle la prit entre ses mains et la fit tourner dans tout les sens. Puis, sentant qu'on la tirait par le bras, elle se lâcha et regarda la jeune femme la secouer.

« Et toi ? Si t'es nouvelle dans la très prestigieuse académie, fais fonctionner tes méninges. »

Cette réplique lui était dédiée, apparemment. Phèdre, qui ne captait pas grand-chose, fixa son bras qui remuait avec les va et vient que lui faisait subir l'inconnue. Que répondre quand on se fait agresser? Frapper? Non ce n'était pas son style. Insulter? Ca, ça la tentait bien mais elle ne voulait pas se faire remarquer. Laisser faire? Elle ne ferait pas ça non plus, ça la ferait passer pour une... une... une voilà quoi! Donc non. Cherchant de toutes les forces de son esprit ce qu'elle devait faire, elle fronça les sourcils pour les défroncer aussitôt et éclata de rire. Elle avait donc opté pour rester elle-même. Puis elle se dit que les deux personnes qui se tenaient devant elle, ne comprenant pas pourquoi elle riait, elle se demanda comment elle pouvait expliquer ça. Mais il n'y avait rien à expliquer, car elle ne savait pas elle-même ce qui était hilarant. Puis, bloquant sur son bras qui gondolait toujours, bien qu'avec un peu moins de puissance, elle s'écria.

« Oh mon Dieu! Vous avez vu ça? Mon bras! Il a pas de muscles!! C'est moche! Trop laid! C'est tout raplapla et tout... tout... tout flasque! Oh! Je suis choquée! »

Et là, elle ne riait pas. Elle était sérieuse. Pauvre d'elle, pauvre fille, pauvre idiote. Du 3 en 1, tiens! Puis, regardant son bras qui ne bougeait plus à présent, elle éclata d'un petit rire cristallin et les larmes lui vinrent aux yeux. Elle était bête, mais si... si... elle! Phèdre ni pouvait rien, elle était comme elle était. Et elle ne pouvait rien y changer. Donc elle riait, oubliant les deux personnes qui la regardaient.