Rencontre d'une nouvelle proie? Second Round (Terminé)

Invité

Suite de ceci : CliCk

Mais comment avait il finit au réfectoire? Les choses s'étaient passées tellement rapidement qu'Asuka se posait encore la question en entrant dans cette grande pièce remplies de tables. Cela étant, il eut tout le temps de repenser à la situation pendant qu'il faisait glisser son plateau sur les 'rails' du self. Il se revoyait donc percuter Rachel. La scène qu'elle fit à l'assemblée de la salle commune pour ensuite finir à trois : entre Rachel, sa sœur Marianne et lui. Bien qu'il avait essayé de s'échapper de cette situation, Asuka avait finit bras dessus, bras dessous avec la cadette. Quand bien même aurait il voulu poser une quelconque résistance qu'il s'avéra inutile de dire 'non' à ces filles. Pire encore, sous ses airs plus 'saints' que ceux de Rachel, Marianne avait su trainer Asuka jusque là.

Dès lors, il se contenta de prendre une tasse de chocolat chaud et quelques biscuits pour suivre les deux demoiselles vers une table reculée. C'était déjà un bon point. Lui qui aimait la discrétion, n'aurait pas choisi mieux que cet endroit au fond de la salle. Par contre, une fois installé sur sa chaise, il ne put se retenir de déglutir. Discrètement, soyez rassurés. Cela étant, Asuka se trouva face à deux personnes en totale admiration devant lui. Certes elles voulaient en savoir plus sur lui mais de là à attendre qu'il parle, de la sorte... c'était trop. Asuka craignit qu'elles ne boivent la moindre de ses paroles dès qu'il commencera à dire quelque chose.

Pour se donner un peu de courage, et cacher la grimace de crainte qui se peignit sur son visage, Asuka porta sa tasse fumante à ses lèvres. Ce breuvage bouillant qui faisait tant de bien par où il passait. Pourtant, bien que ce fut avec délectation que le jeune homme en but une gorgée, ses sourcils se fronçaient. Avec cette grimace, on aurait pu croire que le chocolat était plus chaud qu'il ne l'était en réalité. Mais en vérité, Asuka n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait leur raconter. Soit ça ne les regardait absolument pas, soit elles le savaient déjà donc bon...

Après avoir bu presque la moitié de sa boisson, Asuka reposa tranquillement sa tasse, le tenant entre ses mains pour se réchauffer les doigts. Puis, quand il releva les yeux, il tomba sur une Marianne en admiration et... le décolleté de Rachel. C'en était trop. De prime abord, elle lui avait paru adorable et drôle dans sa façon d'agir mais là, c'était plus que ce qu'il ne pouvait en supporter. Du coup, il se releva et dénoua la chemise qu'il avait à la taille pour la tendre à la jeune fille.

« Tu dois avoir froid, non? »

Lui en tout cas, il avait froid pour elle. Et il fallait bien l'avouer, il priait intérieurement qu'elle la mette et la boutonne jusqu'au cou. Il n'aurait ainsi plus l'occasion de se retrouver confronter à sa poitrine. Les filles savent elle seulement que c'est troublant ce genre de chose? Pire encore, dans le cas d'Asuka, c'en était même choquant. Selon lui, les filles simples ont nettement plus de charme que celles qui abusent de maquillage et de ce dont la nature les a gâtées. Ce qui, en l'occurrence, s'avérait être le cas de Rachel!

« Tiens, ça devrait te réchauffer même si elle n'est pas bien épaisse. »

Ce fut donc avec la conscience rassérénée qu'il put se rasseoir et porter un biscuit à sa bouche. Mais avant de grignoter le premier bout, il regarda tour à tour des demoiselles pour de simples précisions.

« Que voulez vous savoir exactement? »

Sur ces mots, il mordit un bout de son biscuit avant de s'appuyer sur le revers de cette même main qui venait de porter le gâteau à sa bouche. Posant sa pommette sur la base de sa main, là où le poignet commence. Ainsi, il pouvait toujours garder à porter de ses lèvres, le biscuit qui avait un goût fort agréable, granuleux et légèrement chocolaté, comme les cookies qu'il avait l'habitude de manger en Angleterre.

Ça, associé au calme de la pièce en dehors des heures de table, eut raison de son stress. Il était plus calme, autant extérieurement qu'intérieurement. Et cette quiétude se lisait dans son regard se posant une fois sur Marianne qui mangeait son repas, la fois d'après sur Rachel qui dégustait son yaourt. Bêtement, il cherchait même les différentes ressemblances entre les deux adolescentes. Ce qui le faisait sourire légèrement quand il remarquait une petite similitude, tantôt dans un trait du visage, tantôt dans leurs façons de manger. Et lorsque la commissure de ses lèvres se levait dans cette petite moue amusée, il ne manqua de faire pivoter la main sur laquelle il était toujours appuyer afin de cacher, tant que faire ce peut, son sourire naissant.

Invité

La première réaction d’Asuka fut de se lever et dénouer la chemise qu’il avait autour de sa taille. Il se dirigea vers Rachel et la lui tendit. Il voulait probablement qu’elle s’habille. Mais il prétendait avoir froid pour elle. Rachel fit la moue mais il ne le remarqua. Elle mit la chemise, le remercia et la boutonna. Il était vrai qu’elle avait moins froid. Marianne avait choisi la place la moins chaude de tout le réfectoire, tout près d’une grande fenêtre. Rachel ignorait si sa sœur l’avait fait exprès, mais bon. Elle « s’enveloppa » dans la chemise, qui était bien sûr trop grande pour elle.
*Elle est cool cette chemise. Si seulement je pouvais la garder.* pensa-t-elle en observant les manches et ses petits doigts, qui étaient à peine visibles. Elle espéra qu’Asuka lui laissa cette chemise. En effet, Rachel aimait beaucoup piquer les affaires des garçons qu’elle connaissait, et surtout ceux avec qui elle sortait. Ils lui donnaient leurs affaires et elle les gardait. D’ailleurs, elle avait une partie de sa garde robe consacrée justement aux habits que ses anciens petits amis lui avaient donné. Elle les met seulement quand elle sort encore avec eux. Ensuite, les habits prennent la poussière dans la garde robe, avant qu’un jour, elle ne daigne les sortir et se remémorer à qui appartenait ce vêtement. Bien souvent, les chemises de ce genre ainsi que les gros pulls XXL, elle les utilisait comme pyjama.
Elle avait enfin un truc à enfiler sur elle. Elle s’était habillée de la sorte pour voir Ryosuke. Celui-ci aimait beaucoup quand elle s’habillait comme cela, alors elle avait voulu lui faire plaisir. Elle n’y pouvait rien si elle était ensuite tombée sur Asuka, qui lui paraissait aimer le contraire. Néanmoins, elle avait un peu utilisé une des méthodes de séduction, elle en avait profité. Mais elle avait compris le message. Asuka ne voulait plus regarder sa poitrine. Très bien. Il ne la verra plus, tant pis pour lui. Mais Rachel devait maintenant faire attention si elle voulait séduire le garçon. Plus de décolletés si bas.
Elle ne dit donc rien et sourit intérieurement. Asuka sembla n’avoir rien à leur dire, à leur raconter. Mais comment pouvait-il poser cette question ? C’était pourtant bien évident. Les filles voulaient connaître un peu son passé, les grands événements. Ou encore, son âge, sa famille, son caractère … Un peu de tout et de rien, en fait. Ce n’était que le début, elles ne lui demandaient pas de leur raconter d’énormes secrets. Pourquoi les garçons avaient toujours du mal à comprendre et, surtout à répondre, ce genre de question ? Rachel et Marianne se regardèrent parce que la même idée venait de traverser leurs esprits au même moment. Elles sourirent pendant qu’Asuka les observait.
Aucune n’osa vraiment parler, puisqu’aucune ne savait quoi lui poser comme question pour commencer. Marianne commença par manger la nourriture dans son assiette. Rachel termina le reste de yaourt. Cette dernière leva la tête vers le jeune homme. Elle voulut prononcer quelques mots. Lui poser enfin une première question. Mais Marianne, qui ne regardait que son assiette, puisqu’elle coupait la viande, la devança. Toutefois, elle ignorait que sa sœur voulait parler.

- Je ne sais pas moi, ce que tu veux. Tu peux nous parler de ta famille, un peu de …

Rachel donna un léger coup de pied sous la table à sa sœur. Celle-ci ne comprit pas le message mais eut un petit cri de douleur. Elle mit immédiatement sa main à l’endroit de l’impact pour masser. Elle grogna contre sa sœur, qui souriait bêtement. Mais elle se tut. Rachel, en même temps, feinta.

- Tu n’as rien Marianne ? Que t’arrives-t-il ?

Sa sœur la poignarda du regard. C’en fut trop pour Rachel. Cette fois-ci, elle avait enfin saisi les intentions de sa sœur, ce qui la mit de mauvaise humeur. Marianne avait craqué de la même façon sur Asuka, que Rachel. C’était évident et il n’y avait pas à douter sur ce point. Alors Rachel, qui ne pouvait rien faire sur le moment, savait que le soir même, elle aurait une longue conversation avec elle, qui pouvait se transformer en une dispute. Mais ce n’était pas le moment d’en parler ni en faire référence.
Mais sa mauvaise humeur la conduisit à croiser les bras sur la table et mettre la tête entre ses bras. Elle ne voyait ni sa sœur, ni Asuka. Elle ne voulait d’ailleurs pas les voir. Surtout sa sœur. Elle préféra la laisser jouer un peu. De toute façon, elle savait pertinemment que Marianne ne l’aurait pas. Elle ne sortirait pas avec Asuka. Comme elle n’était jamais sortie avec un garçon. Sa sœur avait un côté beaucoup moins extravertie qu’elle, et elle restait plus dans l’ombre. Alors elle était bien souvent timide avec les garçons. Rachel en était sûre : elle avait seulement profité de la situation. Mais pas pour longtemps. Asuka ne lui parlera plus par la suite, de toute façon. Elle n’aura pas d’occasion pour engager une autre conversation avec lui. Elle était bien trop timide pour cela. Vu que sa sœur n’était pas une concurrente à prendre au sérieux selon Rachel, celle-ci permit à sa sœur de profiter encore un peu, avant que cela ne cessât.

- Allez-y, je vous laisse parler entre vous. Je vous écoute, cependant.

Elle releva un tout petit peu la tête et prononça ces quelques mots d’une voix nonchalante et lassée. Une voix qui montrait qu’elle n’en avait plus rien à faire. Qu’elle restait là seulement pour rester. Et surtout, qu’elle ne souhaitait plus être là. Elle aurait, en effet, désiré se trouver dans son lit bien chaud. A cette pensée, elle frissonna. Pour la première fois. Elle releva encore une fois sa tête, qu’elle venait de baisser, avec un regard plein de colère, dirigé vers la fenêtre. L’air était de plus en plus froid, elle le sentait, et cela ne lui plaisait guère …

~~~~~~~~~~~~~~~~
Désolée du temps de réponse, mais je t'ai dis pourquoi. J'espère que ma réponse, malgré qu'elle soit courte, te convienne ...

Invité

Vous n'imaginez pas la satisfaction d'Asuka quand sa chemise se déroba de sa main. Et ce n'était rien comparer au soulagement qu'il éprouva en voyant que Rachel avait boutonné le vêtement. Certes, ce n'était pas sa taille, ni un habit de fille mais ça lui allait assez bien. On aurait dit une petite fille ainsi parée. Mais le 'charme' se rompit rapidement quand l'interrogatoire commença...

Pourtant, quand il accepta à se prêter au jeu, les deux sœurs hésitèrent. Voulaient elles savoir ou non? D'abord, elles veulent tout découvrir et finalement, Asuka eut le temps de boire encore une gorgée de son chocolat chaud ainsi qu'un biscuit avant qu'une d'entre elles ne reprenne la parole. C'était à croire que le steak avec lequel Marianne se battait à coup de fourchette et de couteau lui donnait de l'inspiration. Car c'est pile quand elle eut réussi à couper ce qui s'apparentait à du caoutchouc tellement elle avait peiné à la découper, que la plus jeune décida de poser une question.

Seulement voilà, Asuka faillit s'étrangler avec un biscuit quand la demoiselle sursauta violemment avant d'avoir le visage tordu de douleur. Le garçon, de son côté du se frotter sous la pomme d'Adam pour faire passer le gâteau sec qu'il avait avalé tout rond suite à cela. En regardant Marianne en coin, il était même sûr que s'il avait un miroir, il aurait eu la même tête que la cadette des filles Lebois au même instant.

Mais une chose ne lui échappa pas. Quand on est pris de violentes douleurs, on ne saute pas en l'air comme ça. Pas quand le seul coupable est notre corps. Ce constat l'amena à se poser d'autres questions pendant que le biscuit finissait de se frayer un chemin dans sa trachée. Pourquoi Rachel aurait elle fait mal à sa sœur? Pire encore, pourquoi faisait elle mine de rien? Pourquoi, tout d'un coup, une tention se leva à leur table? *Qu'est ce qui va encore me tomber dessus*.

L'adolescent se cala contre le dossier de sa chaise, regardant tour à tour les deux filles présentes. Il émanait une aura de haine subite qui n'était pas catholique. Et s'il n'y avait pas de risque de percuter le genou d'une des deux en se laissant glisser, Asuka se serait volontiers laisser aller jusque sous la table pour ensuite s'enfuir à toutes jambes. Pourtant, ça se calma... en apparences du moins. Ce qui n'était pas forcément un bon signe.

« Ça va? »

Il y avait une chance sur deux que Marianne l'entende. Mais ce fut le cas vu qu'elle se força à un petit sourire malgré la douleur. Mais alors qu'il pensait que les choses finiraient par s'arranger, voilà que Rachel remit une couche. *Et allons bon...* Elle si prévenante, si présente, si envahissante : elle décidait de ne plus prendre part à la discussion. Pas qu'elle partait, mais elle feignait l'indifférence. Là, ce fut plus fort que tout. Les doigts d'Asuka en quittèrent son cou pour finir dans sa tignasse blonde qu'il gratta d'abord, avant de remettre quelques mèches dans un désordre étudié.

« Euh... »

*Tais toi! Asuka tais toi! » Oui, de temps en temps, sa conscience lui parle... plus sérieusement, il était complètement perdu face à cette situation et il ignorait totalement quoi faire. Du coup, sa première intention fut de demander aux deux, ce coup ci, si tout allait bien. Mais finalement, il s'en retint bien. Ou plutôt, il préféra tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire quoi que ce soit qui pourrait être mal interprété.

Demander ce qu'il se passait aurait marqué de l'intérêt de sa part : chose qu'il ne voulait plus montrer depuis belles lurettes. Demander à nouveau si ça allait... il trouvait sa stupide. Leur annoncer à nouveau qu'il serait peut-être préférable qu'il parte, même s'il en avait vraiment envie, dénoterait d'un mépris totale à leur encontre. Et ça, il n'en voulait à aucun pris. Il y avait les personnes à qui il pouvait faire ça, et d'autres non. Or, en l'occurrence, elles l'avaient tellement amusé qu'il se voyait mal relancer l'idée de les laisser.

Mais l'inspiration ne venait pas. Asuka ne put alors que soupirer. Sans ménagement. C'était même le plus gros soupir qu'il ait poussé depuis un bail... Et voir la mine furibonde de Rachel qui aurait volontiers fusiller la grande fenêtre n'arrangea rien. Que du contraire, ça ramena la parole à Asuka. Mais peut-être aurait il mieux valu que non car son ton était rude. Pas glacial comme il pouvait parfois le faire mais ce n'était plus un murmure qui sortit de sa bouche.

« Pathétique... »

Un simple mot qui fut suivit de la dernière gorgée de son chocolat chaud devenu tiède. Puis, tout de suite après, il s'accouda sur la table, le poing fermé sous sa pommette. Et ce fut son tour de fusiller Rachel du regard. Fixant son visage en attendant de croiser ses yeux quand elle daignerait lever le nez dans sa direction. En attendant, il détourna un instant les yeux vers Marianne. Mais son regard en biais, n'avait rien d'engageant. Au contraire, il lui afficha le même air de supériorité à son encontre. Car oui, il prenait les deux frangines de haut.

« Je ne sais pas à quoi vous jouer toutes les deux. Je ne veux d'ailleurs pas savoir! Mais si vous pouviez éviter de m'y mêler, ça m'arrangerait. »

Là dessus, Asuka décolla son torse de contre le rebord de la table, fourra ses mains dans ses poches et se laissa à nouveau choir contre le dossier de sa chaise. Ainsi mis, le menton rentrée, il regardait les deux filles au travers de ses mèches blondes. Il espérait que sa mine contrariée fasse calmer les deux furies qui étaient passés de sœurs-amies à meilleures ennemies. Si ce n'était pas un sujet tabou, il leur aurait flanqué à la figure la chance qu'elles avaient de savoir l'une l'autre comparé à lui qui connaissait la perte d'un être cher. Mais au lieu de laisser parler son cœur, il reprit d'un ton renfrogné pour finir par une phrase à mi-voix, sans pour autant arrêter de fusiller les deux adolescentes du regard.

« Donc c'est vous qui voyez, vous calmer vos hormones ou je vais voir ailleurs... ce qui ne semblait pas vous arranger tout à l'heure. »

~~~~~~~~~HJ~~~~~~~~~

Y a pas de soucis (comme je t'ai déjà dis A27

)
Un jour, ça sera sûrement moi qui m'excuserait de prendre trois plombes B18

Invité

Asuka venait de prononcer les mots que Rachel trouvait comme interdits. C’en était bien trop. Bien trop d’événements ratés, de désirs envolés dans une seule petite journée. Rachel ne put donc plus se retenir. Elle sut que sa chasse ne portera pas ses fruits, ce qui la mit dans une colère noire. Voire très noire. Bien sûr, elle ne le montra pas. Du moins, pas encore. Elle avait passé une journée trop riche en événements. Tout ce qu’elle voulait maintenant c’était que cela s’arrêtât. Elle serait bien partie, énervée, de la table pour se rendre dans un endroit où elle peut être seule. Mais il lui sembla inapproprié de le faire. En tout cas, tout de suite. Et si soudainement. Par ailleurs, Asuka parlait encore. Les mots qui sortaient de sa bouche, touchaient Rachel de plein fouet. Tout était raté. Elle le savait. Visiblement, ce n’était vraiment pas la journée où elle aurait du le rencontrer. Elle pensa que si cela avait été le lendemain de sa rupture, tout ne se serait pas passé de la même manière. Elle grogna intérieurement à cette pensée.
Asuka ne se leva pas. Du moins, pas tout de suite. Quand Rachel releva la tête et tenta au mieux de ne pas paraître furieuse, elle le vit qui la fixait. La colère montait. Elle avait de plus en plus chaud, malgré le froid qui entrait dans la pièce. Elle allait exploser d’une seconde à l’autre. C’était incontrôlable. Elle ne pensait qu’aux mots du jeune garçon. Celui-ci d’ailleurs prononça ses derniers mots tellement bas, qu’elle eut du mal à les entendre. Mais elle les saisit tout de même. Et ce fut les derniers mots de trop. La jeune espagnole ne pouvait plus rien faire. Marianne mit sa tête dans ses mains et murmura un petit « Non ! ». Elle savait comment allait réagir Rachel. Et elle savait qu’après cela, Rachel ne serait plus vu de la même façon. En tout cas, aux yeux d’Asuka. Elle eut pitié de sa sœur qui venait de manquer sa proie. Mais d’un côté, peut-être était-ce le mieux ?
Rachel poignarda Asuka du regard sans rien dire. Elle n’avait d’ailleurs rien à lui dire. Pendant quelques secondes elle le fixa de la sorte. Elle espéra qu’il apercevrait la colère qui habitait la jeune fille. Mais elle ne lui demandait pas de la comprendre. D’ailleurs, elle détestait que les personnes tentent de la comprendre. Sa colère, ses problèmes, son comportement … en gros la comprendre elle toute entière. Elle resta sans bouger pendant au moins une minute, qui lui parut la plus longue de toute sa vie. Puis elle mit ses mains sur la table et recula la chaise. Elle se leva brutalement. Elle commença à déboutonner la chemise pour la rendre à son propriétaire. Elle n’en avait plus besoin. Elle n’en voulait plus. De toute façon, elle avait encore les habits de Ryosuke. Elle les utiliserait encore un peu, avant son nouveau petit ami. Qui ne sera certainement pas Asuka. Elle le savait désormais. Il était bien trop différent des autres garçons qu’elle côtoyait d’habitude. Cela la mettait hors d’elle. Elle abandonnait totalement sa proie et la laissait libre. Pourquoi ? Parce qu’elle en avait assez. De toute façon, même si Asuka sortait avec elle un jour, ils ne resteraient pas très longtemps ensemble.
Rachel se souvint alors des mots de son père, un jour lorsqu’il la conduisait à la maison : « Rachel, tu dois comprendre une bonne fois pour toute, que dans la vie, nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous désirons. Tôt ou tard, tu le comprendras ou alors, cela te portera préjudice. J’essaye seulement de t’éviter d’énormes problèmes ». A ce moment, elle lui avait ordonné d’arrêter la voiture, ce qu’il fit, étonné. Elle sortit de la voiture et claqua la porte. Puis, elle revint à l’académie et refusa catégoriquement de dormir à la maison, comme tous les lundis. Son père n’avait rien dit lorsqu’elle lui avait crié après. Il avait seulement soufflé, exaspéré par le comportement de sa fille. Il voulait vraiment qu’elle changeât. Mais c‘était trop tard, il n’y pouvait plus rien. Sa femme n’avait rien fait alors Rachel possédait bien trop de pouvoirs, pour que quelqu’un réussisse cet exploit. Les mots de son père la poignardèrent droit au cœur. Elle savait depuis toujours qu’il avait raison, mais elle préférait ne pas s’en préoccuper. Et faire ses caprices, qui ne servaient pas à grand-chose en réalité. Aujourd’hui, ces mots avaient beaucoup trop de sens. Mais Rachel ne pouvait plus faire de caprice. Elle était prise au piège et la seule façon de s’en sortir, fut de s’enfuir. Loin. A un endroit où elle pourrait se défouler sans que personne ne la voie. Et cet endroit, elle le connaissait. Il fallait seulement qu’elle y parvienne.
Quand elle finit de déboutonner la chemise, elle s’approcha d’Asuka.

- Merci, je n’en ai plus besoin. Par ailleurs, je te remercie beaucoup mais je crois que finalement je n’ai pas besoin non plus des contacts que tu avais accepté de me donner. Sur ce, je vous dis au revoir.

Il en était mieux ainsi. Elle ne pouvait pas se permettre d’exploser en face de ce garçon. Puis elle savait, ou en tout cas le pensait, qu’Asuka n’en avait plus rien à faire et qu’il ne viendrait même pas la chercher. Il ne la retiendrait pas. Elle pouvait donc partir sans craintes. Sa sœur resterait sans l’empêcher, car elle savait parfaitement où elle allait. Elle la retrouverait ensuite dans la chambre. Et là, elle se promit de lui parler. Une discussion qui se transformera probablement, et même forcément, en dispute. Rachel le sentait. Marianne aussi puisqu’elle connaissait sa sœur et son caractère par cœur. Rachel regarda encore une fois son ancienne proie, qu’elle abandonnait, comme une lionne lassée par la chasse. Bien sûr, elle se promit que c’était la première et la dernière fois que cela lui arrivait. Elle avait appris de ses erreurs et ne les referait plus jamais. Elle sera désormais beaucoup plus exigeante et sélective avec ses prochains petits amis.
Elle se dirigea enfin vers la porte. Toutes sortes de pensées se mêlaient dans sa tête. Elle ne voulut plus les voir alors elle ne se retourna pas pour les regarder. Mais elle s’arrêta tout de même à la porte parce que …

Invité

Le petit 'non' de Marianne décrocha un instant les yeux d'Asuka qui la regarda furtivement en coin avant de replonger son regard dans celui de Rachel. Cela n'avait été qu'un petit 'entracte' avant de continuer la lutte à savoir qui réagirait le premier. Et visiblement, c'est la jeune fille qui succomba, faisant sauté en l'air sa sœur mais également une des cuisinières qui n'était pourtant pas à côté. Elle en fit tomber une batterie de casserole. Pourtant Asuka continua de regarder fixement Rachel qui était visiblement au bord de la crise de nerfs.

« C'est toi qui voit »

Asuka n'allait certainement pas la contredire si elle estimait que sa chemise ne lui était plus utile. Ni même de la carte de son agent. Pourtant son manège eut pour effet que Marianne était à présent aux oubliettes. Elle était silencieuse à côté du jeune homme. Aucune réaction, aucune parole pour calmer sa sœur. Alors qu'au final, cette histoire les regardaient toutes les deux. Mais bon... elles se connaissaient peut-être assez pour savoir qu'il fallait laisser la furie tranquille un petit instant.

Ça paraissait plus sage en effet. Elle était tellement à fleur de peau quand elle rendit la chemise à son propriétaire que même lui n'osait rien dire de plus, si ce n'est aller dans son sens. Mais au moins lui était redevenu plus calme. Asuka était encore arrivé à ce qu'il faisait à chaque fois : il ne chassait pas les autres, c'était les autres qui en avaient marre. Parfois rapidement, parfois moins. Il y avait ces gens qui restent des pots-de-colles interminables et ceux qui comprennent vite.

Dans ce cas ci, Asuka ne savait pas trop dans quelle catégorie mettre Rachel. Elle avait eu une réaction trop vive pour faire partie de ceux qui font tilt. C'était donc autre chose. Un petit 'je ne sais quoi' qui obligea presque Asuka à la regarder partir. Il ne put d'ailleurs retenir un sourire en coin qu'il cacha sous sa main quand Rachel se retourna. Lui, il l'avait simplement regarder partir, accoudé sur la table et la tête gardée droite par une simple pression du pouce sous la lèvre inférieure.

Dès lors, il en avait légèrement détourné le visage pour sourire avant de la regarder à nouveau se diriger vers la porte. Pourquoi ça ne l'avait pas étonné qu'elle se retourne pour le regarder lui. Pas sa sœur, non, juste lui. En fait, Asuka avait simplement préféré se voiler la face devant les avances plus qu'explicites de l'adolescente. Elle lui avait fait du charme dès l'instant où ils s'étaient percutés. Mais lui avait préféré faire comme si de rien n'était. Qu'est ce qui pouvait sortir d'une relation entre deux personnes qui ne se connaissent pas du tout? Quand bien même s'il avait succombé, sur quoi tout cela aurait il été basé? Franchement...

Une histoire entre Rachel et Asuka était, selon lui, du domaine de l'impossible car elle était plus superficielle que lui. Elle l'était autant intérieurement qu'extérieurement alors que notre blond ne l'était qu'en apparence. Il vivait certes dans le monde du 'paraître' mais loin de lui l'idée de faire partie de la Jet Set. C'est d'ailleurs pour cela qu'il n'irait pas au réveillon de nouvel an avec ses parents. Ils l'avaient pourtant appelé pour se rendre à New-York pour un gala de la St Sylvestre mais rien que l'idée de finir entouré de monde de la haute société, avec ces gens ne sachant parler que de leurs richesses... très peu pour lui.

Or, quelque chose lui laissait croire que Rachel était de ce genre de personne. Qu'elle devrait être au Paradis lors de ce genre d'évènements. Entourée d'une foule de monde pour l'admirer. C'est pourquoi elle devait sûrement toujours s'arranger pour avoir le plus beau cavalier à son bras. Il lui vint même à l'esprit que ses ex ne devaient pas être de simple lycéen. Étrangement, l'espace d'un instant, il l'imagina facilement avec le plus célèbre universitaire. Asuka n'irait pas jusqu'à aller vérifier mais ce Ryosuke devait être une star dans son domaine. Ce qui expliquerait les propos qu'elle lui avait tenu un peu plus tôt quand ils n'étaient encore que tous les deux.

Flashback :

Spoiler:

C'était donc peut-être mieux ainsi. Qu'elle arrête de se faire de faux espoirs à leur encontre. Pourtant, en détournant enfin le regard, Asuka remarqua que la neige avait commencé à tomber depuis quelques-temps. Et à voir comment les flocons tourbillonnaient, le vent ne devait pas être des plus agréables. Sur cette vision du grand nord, Asuka croisa les bras et soupira à nouveau. *Je vais le regretter... oh oui!* Il ferma un instant et plus calmement que Rachel ne l'avait fait, il s'aida de ses mains pour se lever et emboita le pas à l'adolescente.

D'une main, il avait attrapé sa chemise qu'il avait posé sur la table jusque là et une fois juste derrière la jeune fille, il passa son bras à côté d'elle pour lui ouvrir la porte. Tandis que de son autre main, il posa sa chemise sur la tête de Rachel, comme on couvrirait une petite fille capricieuse avant qu'elle ne se rende sous le déluge.

« Garde là, il y a une vraie tempête dehors. »

Il venait de prononcer ces mots à mi-voix. De toute façon, comme il était mit, parler plus fort aurait rendu Rachel sourde. En effet, avec son bras tendu le long du bras de la jeune fille qui avait voulu ouvrir la porte avant qu'Asuka ne le fasse, il avait dû passé son visage par dessus l'épaule de Rachel. Mais une fois qu'il eut déposé sa chemise et dit sa petite réplique, il s'écarta pour ouvrir la porte, posant sa main sur le haut de la tranche de celle-ci : ce qui laissait le choix à Rachel de passer sous son bras.

« À moins que tu préfères attendre que ça se calme...regarde »

D'un mouvement du menton, il désigna la rangée de fenêtres par lesquelles on pouvait voir la neige tomber à flot. On ne voyait même plus le reste de l'académie avec cette nappe blanche qui tombait presque en bloc sur la région. Et les flocons ne cessaient de tourbillonner pour se fracasser, par moment, sur les vitres de la cafétéria.

Invité

Le comportement du garçon la surprit sur le coup. Elle ne comprit pas la raison pour laquelle il s’était précipité pour l’arrêter dans son élan. Se pouvait-il qu’il désirait qu’elle restât encore avec lui ? Non, probablement non. Pas après le comportement qu’il avait eu à son égard et surtout les mots qu’il venait de prononcer quelques minutes auparavant. Il devait donc y avoir une autre explication, plus plausible pour expliquer une telle réaction. Elle sentit la chemise atterrir sur sa tête, ce qui la décoiffa. Or elle détestait terriblement être décoiffée. Puis, elle vit Asuka la devancer. Elle crut d’abord qu’il partait du réfectoire, certainement pour revenir dans la salle commune. Mais il bloqua le passage. Le visage de Rachel se trouva au niveau du torse du garçon, ce qui eut pour effet d’inciter Rachel à l’enlacer. Mais elle résista fortement à ce désir soudain et put se contrôler. Elle leva immédiatement la tête pour plonger son regard dans celui d’Asuka. Ses yeux brillaient tellement sous la lumière des lampes du réfectoire, qu’ils inspiraient la pitié. Bien sûr, cela n’était pas du tout prévu par Rachel. Elle n’avait jamais souhaité cela. Elle ne jouait pas. Elle fixa le garçon pendant qu’il parlait puis se retourna pour vérifier ses propos. Voilà, elle en était sûre. La raison qu’elle s’était imaginée n’était pas valide. Il avait raison : la neige tourbillonnait dans tous les sens dehors. Rachel fut irritée que la météo joue en sa défaveur. En effet, elle devait passer par l’extérieur pour parvenir là où elle souhaitait être au calme. Bien sûr, elle avait deux options, mais celle de traverser cette tempête de neige lui déplaisait fort. Elle était condamnée à rester avec Asuka et sa sœur. Pourtant, elle ignorait ce qu’elle pouvait bien leur dire. Elle n’avait plus rien à dire. Elle ne voulait plus vraiment entendre quoi que ce fût. Elle laissa échapper un juron en espagnol, à peine audible. Elle prit la chemise et la mit. De toute façon, quoi qu’elle fasse, elle devait remettre cette chemise. Elle la boutonna lentement.

- Merci, dit-elle, concentrée sur les boutons.

Elle finit de boutonner la chemise et observa encore une fois par la fenêtre. Elle frissonna malgré le vêtement qu’elle venait de mettre. Mais elle ne bougea pas. Sa sœur restait seule, la tête entre les mains. Rachel savait à peu près les pensées qui passaient à ce moment dans l’esprit de Marianne. Mais elle n’eut pas de pitié pour celle-ci. Elle était devenue une concurrente en ce qui concernait Asuka, puisqu’elle avait osé se mettre en travers de son chemin. Et elle avait réussi, écroulant les plans de Rachel. Bien sûr, Rachel n’en voudrait pas éternellement à sa sœur. Mais elle serait en colère quelques jours durant. A ce moment, comme Marianne ne faisait pas attention à eux, elle en profita pour parler à Asuka, sans qu’elle intervienne.

- Au fait, je m’excuse pour ce qui est arrivé tout à l’heure. Marianne est jeune et timide. Comme elle n’a encore jamais eu de petit ami, elle saute souvent sur le premier venu qu’elle trouve mignon. Il faut que je lui apprenne à se contrôler et surtout, comment se comporter. Je souhaitais juste …

Elle laissa sa phrase en suspens et ne la termina pas. Elle ne savait plus quelle excuse elle pouvait bien inventer cette fois-ci. Elle sentait de plus, qu’elle s’enfonçait de plus en plus. De toute façon, elle allait encore lui mentir. Elle estima tout d’un coup que cela ne servait plus à rien de raconter que des mensonges. Elle tourna la tête vers lui.

- Non, cela n’a plus d’importance de toute façon. Oublie.

Mais elle savait que cela en avait. En tout cas, pour elle. Mais elle ne s’en préoccupa plus. Elle prit la main d’Asuka. Elle l’avait fait tellement rapidement et instinctivement, qu’elle ne s’en rendit même pas vraiment compte. C’était leur premier contact physique, en dehors de leur collision. Or, pour les japonais, se tenir la main était signe de sortir avec la personne. Rachel ne sembla pas s’en préoccuper. En Europe, ce n’était pas les mêmes pensées et elle venait de ce continent. Pourquoi devrait-elle penser comme les japonais alors qu’elle avait toujours vécu en Espagne ? Elle avait tellement tenu de mains depuis son arrivée dans le lycée, que pour elle, cela devenait normal. Alors personne ne la critiquait. Mais Asuka glissa sa main et l’enleva de celle de Rachel. La jeune espagnole s’arrêta dans son élan et tourna la tête pour regarder le garçon. Il avait rougit lui semblait il. Mais elle n’en était pas vraiment sûre. Elle lui sourit d’un sourire charmeur et séducteur, mais vrai. Puis, elle se dirigea vers la table à nouveau. Cette fois-ci, elle s’assit en face de sa sœur. Elle laissa alors à Asuka le choix entre s’asseoir à côté d’elle ou de Marianne. Bien sûr, elle priait en son for intérieur qu’il décidât de se mettre à côté d’elle. Elle pourrait ainsi être beaucoup plus proche du garçon. Et oui ! Rachel avait à nouveau la foi de le séduire. Ses pensées étaient très changeantes aujourd’hui. Mais pour encore combien de temps, elle désirait encore saisir cette proie ? Elle ne le savait pas et cela ne l’intéressa même pas. En fait, elle n’y fit même pas attention.
En tout cas, Asuka s’assit et un grand silence s’installa entre eux, ce qui jeta un grand froid. Rachel tourna son regard vers la neige qui virevoltait dehors. Cela ne se calmait pas. Elle resta fixée, le regard vide et sans pensées, à observer le spectacle qui s’offrait à elle.

Invité

Asuka resta indifférent au regard à fendre le cœur que Rachel lui lança quand ils furent devant la porte. Il avait entrevu ce qui se tramait autour de lui et il fallait donc l'en dissuader. Et en regardant par dessus Rachel, il fallait aussi décourager l'autre. Les sœurs étaient de vraies croqueuses d'hommes, quoique l'aînée devait être la plus douée des deux vu son comportement. Dès lors, Asuka devait reprendre son masque d'indifférence, il ne devait pas montrer qu'il les avait trouvées sympathiques ou drôles... il devait faire en sorte que rester dans ce local ressemble à une obligation à cause du temps pourri.

D'ailleurs, quand Rachel constata qu'Asuka ne lui racontait pas n'importe quoi sur la neige, elle reprit la chemise du jeune homme. Et tout comme elle l'avait fait un peu plus tôt, elle la reboutonna. Mais cette fois ci, rien de charmeur dans ses gestes. Elle voulait juste se vêtir en prévision du froid. Si Asuka n'avait pas vu le regard étincelant de l'adolescente, il aurait même pu croire qu'elle râlait encore. Mais au lieu de ça, elle le remercia. C'était limite un remerciement timide mais qui prouvait bien, une bonne fois pour toute, qu'elle s'était enfin calmé.

Hélas ce n'était pas vraiment le cas de Marianne qui se lamentait sur son sort. En la regardant le temps que Rachel finisse de se vêtir, Asuka aurait pu deviner ses pensées. Elle devait s'en vouloir atrocement vu sa mine déconfite. Visiblement, sa grande sœur était influente. Et il n'était pas spécialement bon d'être son ennemie... *Tiens?!* Cette simple pensée lui rappela que Marianne elle-même lui avait dit qu'il valait mieux être l'ami de Rachel plutôt que son ennemi. Mais Asuka n'eut pas le temps d'y penser plus avant car Rachel regarda dans la même direction que lui, pour s'excuser en son nom mais également, et surtout au nom de sa petite sœur.

*Arrête Rachel, tu t'enfonces* Asuka fut content de ne pas être face à la jeune fille à cet instant car ce qu'elle venait de lui dire le dérida. Il préféra regarder ailleurs, détournant le regard pour contempler la neige qui tombait. C'est alors que Rachel le surprit de plus belles. Elle venait tout bonnement de lui prendre la main. Là, elle y allait un peu fort. Le visage du garçon venait certainement de prendre toutes les couleurs de l'arc-en-ciel à cause de ce simple toucher. Puis, après avoir été figé durant deux secondes. Il ôta sa main. Non seulement parce que Marianne faisait une tête encore plus piteuse mais parce que c'était hors de question qu'elle se permette ce genre de chose.

Certes, Asuka avait vécu en Europe mais il n'en avait pas perdu certaines habitudes nipponnes. Il refusait certaines familiarités pour éviter toutes méprises. Cela étant, qui pouvait prétendre être assez proche pour se le permettre? Asuka était peut-être très entouré, il n'en restait que le type populaire autour duquel gravitaient des gens qui n'avaient trouvé personnes d'autres à admirer. Cela étant, sur ce point, Asuka était plutôt tranquille. Il n'était pas la star de l'académie et pas à passe de l'être... enfin, ça restait à voir vu les derniers évènements. Mais pour l'heure, c'était plutôt ce que Rachel avait été sur le point de dire qui le chiffonna. Il n'aimait pas ça outre mesure.

C'était une chose certaine : ce n'était pas quelque chose à oublier. C'était juste que, pour une raison ou une autre, elle préféra abandonner l'idée de le lui dire. Ce qui devrait pourtant arriver à un moment ou un autre. Mais ce n'était pas le genre d'Asuka, de la retenir pour savoir. Si c'était encore pour user d'une technique quelconque pour lui plaire, Asuka était bien déterminé à montrer les limites entre eux. Ils pourraient être amis mais sans plus. Pareil pour Marianne qui était bien trop jeune aux yeux du blond que pour imaginer un seul instant quoique ce soit. Marianne était trop puérile, trop naïve pour prétendre au titre de petite amie d'Asuka.

*M'enfin...* en suivant Rachel jusqu'à la table, il tiqua en voyant que l'aînée avait décidé de s'éloigner de sa cadette. Ruminant encore de ce qui s'était passé plus tôt. Seulement voilà : il fallait prendre son parti. Jamais Asuka n'avait autant rêvé avoir une table hexagonale ou d'une toute autre forme que rectangulaire. Du coup, le blond avait le choix entre une sœur, ou l'autre... Il fallait donc choisir... et vite. C'est alors qu'il réalisa qu'une troisième option s'offrait à lui bien qu'il faille bien la planifier.

Prendre la chaise à côté de Marianne était signé sa crise cardiaque et un meurtre en direct. C'est pourquoi, quitte à donner de fausses joies à Rachel, le blond attrapa le dossier de la chaise juste à côté de l'aînée. Mais au lieu de s'asseoir à côté d'elle, il prit la chaise vers lui pour s'attabler à l'une des largeurs de la table. Ainsi, ni l'une, ni l'autre, ne serait à côté de lui. Il serait à égale distance entre les deux demoiselles. Et comme il n'était pas à ça près, il tourna la chaise pour s'asseoir à califourchon dessus.

Ainsi face à la grande fenêtre, il croisa ses bras sur le dossier de la chaise et posa son menton sur ses avant-bras. Il contempla alors silencieusement le ciel tourbillonnant, bien que de temps en temps, il jeta un œil en biais vers l'une ou l'autre des Leboit. Mais aucune ne dé-serra les dents. En résumé, ils étaient revenus à l'atmosphère tendu d'un peu plus tôt, sauf que là, chacun attendait que la neige s'arrête. L'une parce qu'elle en avait marre, l'autre car elle angoissait et enfin Asuka qui était lassé de ce cirque. Mais si dame nature s'en mêle, autant entrer dans son jeu.

« Quelqu'un veut boire quelque chose? »

C'était banal, c'était idiot, mais au moins, ça permettrait aux deux filles de s'entretenir en privé un bref instant pendant qu'Asuka irait chercher les boissons. D'ailleurs, à peine eut-il proposé cela qu'il se leva. Et une fois la 'commande' prise, il les laissa un instant pour aller au self. Peut-être même qu'en traînant un peu, elles réussiraient à se réconcilier et l'attente d'une accalmie serait moins pénible. C'est pourquoi, une fois face à la cuisinière, il réussit à trouver un sujet de conversation avec cette dame pour combler au moins quelques minutes; regardant de temps à autre derrière lui pour s'assurer que les deux nouvelles rivales, n'allaient pas se crêper le chignon.

~~~~~~~~HJ~~~~~~~~~~

Sorry pour le temps de réponse, j'ai eu trois tonnes de boulot

Invité

Encore une fois, le garçon ne réagit pas comme Rachel le souhaitait. Alors elle poussa un petit soupir à peine audible et retourna la tête vers la fenêtre. Elle ne voulait pas parler. Elle ne les regardait pas. Tout ce qu’elle faisait, c’était penser à cet endroit où elle ne pouvait pas se trouver à cause des caprices de dame nature. Elle était très en colère. Contre Marianne. Contre Asuka. Contre elle-même. Et même, encore contre Ryosuke. Elle le blâma car elle croyait que tout cela était à cause de lui. Si seulement il n’avait pas décidé de fourrer son nez dans ses aventures, tout ceci ne serait pas arrivé. Ils seraient encore ensemble, probablement quelque part en ville à cette heure-ci. Oui l’atmosphère était très tendue. Et Rachel ne faisait rien pour l’améliorer. Elle ne voulait pas l’améliorer. Elle trouvait que ce n’était pas à elle de s’excuser voire de tenter de tout arranger. Elle détestait cela et n’excellait pas dans ce domaine. Si elle avait des problèmes avec quelqu’un et qu’elle sentait que c’était irrécupérable, elle ne disait plus rien et s’éloignait. Elle abandonnait la personne. C’était ainsi que nombreuses des filles qui pensaient être son amie, s’étaient retrouvées du jour au lendemain toutes seules. Rachel était une grosse peste. Elle le savait. Cela lui plaisait. Son but était les autres ne la dominaient pas. Alors pour réussir dans cette tâche, elle devait parfois être sans pitié. Quelqu’en soient les conséquences, elle ne désirait pas se faire marcher sur les pieds. Elle devait dominer. Elle devait contrôler tout. Si elle se rendait compte que ce n’était pas le cas, alors elle pouvait devenir la pire des filles en ce monde. Aujourd’hui, elle ne contrôlait rien du tout. Mais elle n’avait aucune occasion pour se comporter comme la pire des pestes. Alors elle restait bien sage, même si sa colère était bien visible.

Rachel réfléchissait à tous les événements de la journée lorsqu’Asuka décida d’aller leur acheter une boisson. Il la laissait alors seule en tête à tête avec sa sœur. Rachel n’était pas stupide. Elle savait pertinemment pourquoi il faisait cela. Il souhaitait qu’elle discutât avec Marianne. Qu’elles se réconcilient. Mais Rachel ne le voulait pas. Alors elle se tairait. Même si Marianne lui adressait la parole, elle ne lui répondrait pas. De plus, elle n’avait rien à lui dire. Seulement des reproches. Une dispute éclaterait. Or, elle ne le désirait pas. Pas ici. Dans la chambre, plus tard. Elle refuserait de prononcer un seul mot. Donc, elle trouva la tentative d’Asuka maligne mais en vain. Elle ne lui dit pourtant rien. De toute façon, elle avait décidé quelque chose. Vu qu’elle était une des filles les plus têtues de la terre, elle ne changerait pas son avis. Asuka les regardait, elle le savait. Mais Rachel continuait à regarder par la fenêtre. La neige se calmait peu à peu. Mais pas encore assez pour s’enfuir de cet endroit. Elle baissa alors les yeux vers la table, mais ne tourna pas la tête. Il lui sembla que Marianne souhaitait dire quelque chose. Mais elle plaça son doigt sur la bouche pour faire comprendre à sa petite sœur que tout cela serait inutile. Alors elle n’entendit aucun son sortir de la bouche de Marianne. Elle sourit. Puis Asuka revint avec les boissons. Rachel dut le remercier donc elle murmura un petit *Merci*. Mais rien de plus. Pas un sourire. Elle prit le verre qu’il lui tendait et en avala une gorgée. En fait, elle n’avait pas soif, mais elle devait tout de même paraître reconnaissante vis-à-vis de lui. Ensuite, elle prit le verre entre ses mains et plongea son regard dans le liquide. Un regard vide. Un esprit dénué de penser. Rachel n’était plus dans ce monde.

Elle revint à elle quelques secondes plus tard lorsqu’elle vit qu’Asuka la fixait fortement. Cela la troubla. Elle se regarda toute entière pour voir si elle n’avait pas une tâche quelque part. Non, rien. Elle sortit son miroir de la poche de son minishort et s’observa. Son maquillage était toujours parfait. Ses cheveux n’étaient pas en désordre. Alors elle rangea le petit miroir et elle se remit à observer la neige. Elle aurait tellement voulu se trouver autre part.

- Qu’attends-tu de moi, Asuka ? demanda-t-elle soudainement d’une voix lassée.

Par là, elle voulait tout simplement savoir la raison pour laquelle il la dévisageait tout à l’heure. Il était clair et certain qu’il essayait de lui faire du charme pour qu’elle arrêtât de se comporter de la sorte. Ou en tout cas, c’était ce qu’elle pensait. Mais il n’y parviendrait pas. Il ne la connaissait pas encore. Elle ne changerait pas d’avis. Quelques soient les manières qu’il utilise pour essayer de la convaincre. Autant de fois qu’il insisterait. Elle repousserait tout ce qu’il lui demanderait de faire, suggérerait de faire. Elle ne l’écouterait pas. Il ne pouvait lui donner aucun ordre, aucun conseil. Rachel n’en faisait vraiment qu’à sa tête. Marianne, elle, le savait. C’était pour cela qu’elle n’insistait pas.

- De toute façon, quoi que ce soit, abandonne, je refuse et je ne changerai pas d’avis, ajouta-t-elle tout de suite après.

Déterminée, elle avait tout de même prononcé quelques mots. Mais c’était pour lui faire comprendre. Pour qu’il n’essaye rien. Pour qu’il ne se fatigue pas. Bien sûr, elle n’avait pas tourné la tête en lui adressant la parole. Elle ne le regardait pas dans les yeux. Elle s’ennuyait. Elle en avait marre. Elle voulait sortir de cet endroit. Partir. Plus elle y pensait, plus l’envie grimpait en elle. Plus l’envie était forte, plus elle sentait qu’elle allait bientôt se mettre à crier. Dès lors, elle savait ce qui était inévitable. Et elle espérait vraiment que cela ne terminât pas de la sorte.

Invité

Asuka avait demandé à la cuisinière de prendre son temps, autant de temps que possible et dans un regard consenti, elle comprit. Il était évident qu'il fallait laisser les deux adolescentes tranquilles un petit instant. Hélas, les minutes défilaient sans que rien ne se passe. L'une regardait au dehors, jetais un coup d'œil vers sa sœur pour ensuite reprendre un air hautain. Quant à la plus jeune, elle fixait la table pour lever de temps en temps des yeux de chien battu vers son aînée. C'était donc peine perdu.

Voilà pourquoi la cuisinière consentit à servir le jeune homme qui s'en retourna vers les deux nouvelles ennemies. C'était inimaginable de voir comment ces deux là, si complices au départ, étaient devenues pareilles à des étrangères l'une envers l'autre. Même leurs voix qui avaient raisonnées dans la tête d'Asuka tant elles aimaient parler, avaient disparu. Les deux filles étaient muettes, ou presque. Asuka n'eut droit qu'à deux petits merci avant de reprendre son tête à tête avec deux statues.

En réalité, ça faisait peine à voir. Surtout Marianne qui semblait au désarroi à cause de cette situation. Asuka était même persuadé qu'elle finirait par s'effondrer si les choses persistaient dans ce sens. Mais la réponse ne pouvait venir que d'une personne : Rachel. Celle-ci restait de marbre, indifférente aux remords de sa sœur. Bornée au possible.

D'ailleurs, Asuka voulait comprendre. Comment pouvait on en arriver à de telles extrême en si peu de temps. Pour un garçon en plus!! Dès lors, il la regarda, tranquillement. Il était tout simplement accoudé sur la table, le menton posé dans la paume de sa main. Que ça soit gênant, frustrant, embarrassant, il ne la lâcha pas des yeux. Pensait il que cette attitude lui permettrait de lire dans ses pensées? Non, bien sûr que non mais il attendait. Sagement. Patiemment. Il voulait qu'elle réagisse.

Et sa réaction ne se fit pas attendre. La jeune femme se regarda de la tête aux pieds. Elle alla même jusqu'à se regarder dans un miroir. Ce qui prouvait que ça l'ennuyait qu'Asuka la regarde de la sorte. Pourtant lui ne s'arrêta pas. Il savait pertinemment qu'elle finirait pas briser son mur de silence qu'elle avait érigé entre eux trois. Pourtant, alors qu'il s'obstinait à la fixer, Marianne lui fit des petits signes de la tête pour qu'il arrête, comme si c'était dangereux de se frotter à Rachel quand elle était dans cet état.

Pourtant il tenait bon. Il se contenta juste d'esquisser un petit sourire en coin à Marianne et d'un clin d'œil qu'un grand frère pourrait faire à sa frangine, avant de reprendre l'observation de Rachel. Et enfin le déclic arriva. Rien qu'entendre Rachel lui demander ce qu'il voulait, lui donna une certaine satisfaction. Elle avait flanché. Elle avait parlé. Et avant lui s'il vous plait. Alors il se cala à nouveau contre le dossier de sa chaise. Par rapport à un peu plus tôt, la seule variante fut qu'il garda ses mains autour de sa tasse de chocolat fumant.

« Mais j'ai eu ce que je voulais... »

Il n'attendait rien de plus d'elle. Il voulait juste qu'elle soit la première à parler. C'était certes puéril, idiot, mais il avait sa victoire. Toutefois, il avait décidé de ne pas en rester là. Il réfléchit donc à deux fois avant de reprendre la parole avec un ton aussi acerbe que celui de la jeune femme.

« C'est plutôt toi qui devrait dire ce que tu attendais de moi? »

Une question dont il empêcha la réponse de venir car il n'avait pas fini.

« Car une chose est sûr, t'as pas besoin de moi pour percer dans le milieu du cinéma, je me trompe?! »

Et encore une fois, il ne laissa pas le temps à qui que ce soit de parler, ni Rachel, ni Marianne qui semblait faire comprendre que c'était très mal d'agir de la sorte avec son aînée.

« Mais si ça peut te rassurer, Marianne n'est pas mon genre! »

Voulait il donner un brin d'espoir à Rachel? Voulait il démolir Marianne pour de bon? Loin de là, car après sa pause d'une seconde, il surenchérit :

« Toi non plus du reste... impossible de craquer pour une fille persuadée que tous les mecs doivent tomber dans ses filets quand elle bat des cils. »

Voilà donc ce qui tombait sur les gens qu'Asuka trouvait intéressants de prime abord. Rachel lui avait paru gentille mais jamais il n'aurait cru en la percutant, qu'elle serait si peste. Il s'en voulait presque d'avoir consenti à l'écouter et lui parler s'il avait su un seul instant qu'elle pourrait faire la tête à sa propre sœur pour un garçon qu'elle venait à peine de rencontrer. C'est pourquoi la toute petite brèche qu'il avait laissé paraître à son égard, à l'égard des deux sœurs, venaient de se refermer. Maintenant, il était bien décidé à finir sa tasse de chocolat chaud et attendre que la neige cesse afin de pouvoir partir. Il ne voulait pas être mêlé aux rancœurs sororales. Pas quand finalement, les raisons étaient des plus stupides. Car il faut quand même le rappeler : Asuka n'appartenait ni à l'une, ni à l'autre.

Il en était arrivé à vouloir que Rachel explose et que Marianne cesse de jouer les éternelles victimes. Car apparemment, c'était bien de ça qu'il s'agissait. Marianne n'était qu'un jouet de plus entre les mains de son aînée. Une aînée capricieuse et calculatrice. Ce qui n'était pas pour lui plaire. Alors, après avoir dit ce qu'il avait à dire, il se rassit correctement sur sa chaise et but tranquillement sa boisson. Sans prêter la moindre attention, ni à l'une, ni à l'autre. Il avait dit ce qu'il pensait et maintenant, c'était aux filles de voir.

Invité

Il n’aurait jamais du prononcer de telles paroles. Non, jamais. S’il le ne savait pas, malgré les avertissements précédents de Marianne, c’était le genre de phrase qui mettait Rachel dans une colère noire. Elle ne supportait pas d’entendre la vérité en face. Dès que quelqu’un la lui disait, elle sortait de ses gonds. C’en fut trop pour Rachel. A ce moment là, elle sentait cette grande colère prendre part de son corps. Elle la dominait. Elle n’y pouvait plus. Dans une seconde, elle allait exploser. Elle crierait. Elle attendait seulement qu’Asuka terminât de parler, parce qu’elle se rendait bien compte que couper la parole n’était pas poli. Elle cherchait en même temps les bons mots pour lui faire comprendre qu’il avait dépassé les bornes. Comment osait-il ? De telles paroles, en plus. Certes, il avait raison et en seulement une heure voire plus il l’avait découverte, cette nature de Rachel. Mais de quel droit pouvait-il dire que c’était la vérité. Il n’avait encore vraiment aucune preuve apparente. Rachel aurait compris s’il en avait été victime. Mais elle ne l’avait même pas touché, il ne lui avait pas appartenu. C’était pour cela, que c’était encore plus rageant d’entendre ces mots. Alors Rachel se devait de lui faire comprendre ce qu’elle pensait. Peu importe la manière. Douce ou non. Rachel optait pour la deuxième. C’était de cette façon d’ailleurs qu’elle arrivait le mieux. Et qu’elle se sentait dominante sur la situation. Personne ne lui marcherait sur les pieds. Asuka non plus. Elle avait donc l’impression de cette manière de se défendre, tout en contrôlant la situation.
Elle se leva, le visage très expressif. Marianne savait ce qui allait arriver. Sa sœur avait été irritée. Elle boucha ses oreilles de ses mains et ferma les yeux en plissant le front. Elle ne préférait rien entendre. La voix de Rachel était si portante. Encore pire lorsqu’elle criait. Rachel fit énormément de bruit en se levant. Sa chaise tomba sous la violence de son geste. Mais elle ne la ramassa et ne s’en préoccupa pas. Les autres dans le réfectoire tournèrent la tête vers eux. Cela ne lui importait pas du tout.

- Non mais je rêve ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité ou quoi ?! De quel droit tu me parles de la sorte ? Tu ne sais rien de moi alors ne me juge pas. De toute façon, vous êtes tous pareils. Vous ne regardez que la beauté extérieure et vous tentez d’en conclure le comportement de la fille. C’est pour cela que je vous déteste. De plus, tous ces populaires si hypocrites. J’en suis sûre qu’au fond tu en fais parti. Mais bon. Non, je n’ai pas besoin de toi pour percer dans le monde du cinéma, mon père est bien meilleur que toi dans ce domaine.

Rachel avait une forte poussée de violence aujourd’hui. Néanmoins, sa main n’atterrit pas sur la joue d’Asuka, comme elle le souhaitait au début. Après tout, elle ne le connaissait que depuis une heure voire plus, elle n’allait tout de même pas le baffer. Elle frappa donc de toute sa force contre la table. Le bruit en surprit plus d’un. Elle ne s’en préoccupa pas du tout. Elle déboutonna la chemise d’Asuka avec une rapidité inouïe et la lui lança avec fureur. Peu importait où la chemise tomberait.

- Tiens je te la rends. Je préfère tomber malade que de rester habillée avec.

Elle partit une deuxième fois vers la porte. Cette fois-ci, c’était Marianne qui la suivit. Mais Rachel la poignarda du regard alors la jeune sœur se tut. Elle n’avait plus l’intention de partir avec elle. Elle ouvrit la porte du réfectoire puis sortit, tout en claquant la porte. Cette dernière vint frapper avec force l’autre partie de la porte et était sur le point de se dévisser. Alors Rachel, une deuxième fois dans la journée, marchait dans les couloirs, toute en colère. Ses pas étaient rapides. Son visage portait une expression de colère noire. Elle faisait peur à tout le monde. Ils n’osaient rien dire. Certains se poussaient même pour la laisser passer. Ceux qui n’eurent pas le temps, elle les bouscula sans même prendre le temps de s’excuser. Dès qu’elle fut passée, ils murmuraient tous de nouvelles rumeurs, probablement. Elle n’en avait rien à faire pour l’instant. Elle cherchait seulement à se calmer. Plus tôt dans la journée, elle allait se détendre auprès de sa sœur. Maintenant, elle ne pouvait plus puisque celle-ci était devenue une sorte d’ennemie temporaire. Elle n’avait plus qu’un seul endroit : le toit. Rachel monta alors les escaliers qui la menaient tout en haut de l’établissement. Même si elle n’avait pas le droit, elle pénétra sur le toit pour laisser sa colère diminuer. Pourtant, le froid la rattrapa. La tempête de neige c’était certes calmée, mais il neigeait encore. Mais Rachel n’y fit pas attention. Elle resta sur le toit. Elle s’assit contre un mur, leva la tête vers le ciel, et fit ce qu’elle faisait si rarement. Mais ce qu’elle faisait lorsqu’elle venait ici, toute seule, pour se consoler. Elle pleura. Pour évacuer toute la colère emmagasinée pendant toute la journée.

Invité

Une gorgée. Asuka n'eut le temps que de boire une gorgée après sa tirade, pour que Rachel explose. Et que tout le reste explose avec elle d'ailleurs. Le plus surprenant n'était pas tellement que la jeune femme se lève mais plutôt le vacarme de sa chaise qui tomba sur le sol. Pourtant Asuka parut inerte face à cela. Il déposa juste calmement sa tasse sur la table, laissant ses mains au chaud autour. Et le visage rivé vers la surface brunâtre de son breuvage, le blond ne consentit qu'à lever les yeux vers Rachel. Puis un clignement des yeux pour regarder vers Marianne.

La pauvre était tremblante à cause des paroles de son aînée. Un martyr n'aurait pas eu meilleure posture qu'elle à cet instant. C'est pourquoi Asuka roula des yeux pour regarder à nouveau Rachel qui récitait son monologue en montant de plus en plus dans les aigus. Mais notre blond jouait toujours les indifférents. Pire encore, il savait que son attitude l'énerverait encore plus. Du coup, il alla jusqu'à abandonner sa tasse pour croiser un bras sur la table, juste entre son torse et sa tasse, et l'autre repris son rôle d'appui pour son menton.

Cette fois ci, il regarda Rachel droit dans les yeux et soupira. À vrai dire, une seule inquiétude le traversa : *je sens la gifle venir là* mais non. À la place, quand il suivit du regard la main qui se leva, il vit celle-ci s'abattre sur la table faisant sursauter un peu tout le monde hormis Asuka encore une fois qui soupira à la place. Tout son être, son attitude laissait sous entendre qu'il n'attendait qu'une chose, soit le moment où elle aurait fini. Mais au lieu de lui demander clairement quand elle comptait mettre un terme à son blabla, il l'écoutait attentivement.

Comment pouvait il se permettre? Tout simplement parce que contre toutes apparences, il l'avait écoutée depuis leur rencontre. Et pour être honnête, tout avait été dit sur son compte dans la salle commune. Elle même l'avait dit. Une personne simplement belle ne se la serait pas raconté comme elle l'avait fait. Personne n'aurait osé dire « juste parce que je sors avec les plus beaux garçons de l'académie »... et pire encore « est ce de ma faute s'ils tombent amoureux de moi? » Qui sur Terre pouvait sortir une phrase pareille si ce n'est une fille qui se croit tellement belle que c'en est une évidence?!

Mais Asuka n'envisageait pas de lui répondre, pas quand elle osait lui flanquer le titre qu'il détestait mais qui était évidemment le sien : un populaire! Oui il l'était car il était riche, fashion et mystérieux au point que lui aussi subissait des avances à n'en plus finir depuis le lycée. C'en était arrivé à tel point que lors de la sortie de la série « Hana Yori Dango » on avait osé le comparer à Rui. Imaginez donc sa tête quand il eut appris ça?! Mais là n'était pas la question. Pour l'heure, c'était Rachel qui donnait son point de vue à Marianne, Asuka bien sûr, mais également aux quelques dizaines d'élèves qui avaient rejoint le réfectoire depuis un petit temps.

Elle s'offrait en pâture à tous ces gens. Avouait à tout le monde son point de vue et par la même occasion : admettait sa défaite face à Asuka. C'est d'ailleurs en regardant en biais ces spectateurs involontaires dans l'espoir vainc que Rachel les remarque enfin, que notre blond ne vit pas sa chemise lui arriver en pleine face. D'ailleurs, ce simple geste le ramena à son objet d'observation : le dos de Rachel qui partait... encore! Pourtant cette fois ci, hors de question de la suivre bien que sa première réaction aurait pu le laisser croire.

En effet, à peine eut-elle tourné les talons qu'Asuka but d'une traite le reste de son chocolat chaud puis se leva. Mais allait il la suivre? Non! Marianne s'en occupait fort bien toute seule. Asuka lui, ne comptait faire qu'une chose : remettre sa chemise là où elle était au départ, c'est-à-dire à sa taille. Une fois renouée, il reprit le plateau avec les trois récipients et s'en retourna au comptoir pour redemander un chocolat chaud. Contrairement à Rachel, lui ne comptait pas partir avant la fin de la chute de neige. Et c'est là qu'il eut droit à une chose inattendue.

Les quelques élèves présent se mirent à applaudir quand la porte se referma violemment. Là, Asuka était vraiment incrédule. Avait il tapé si juste que ça en faisant un sermon à Rachel? Il en regarda la serveuse face à lui, pantois. D'ailleurs, la dame lui retourna le même regard. Un instant, Asuka hésita à se retourner pour être sûr de ne pas rêver. Mais comme ça persistait, il se retourna, très, très lentement. À cet instant, il croisa le regard peiné de Marianne qui était autant bouleversée par les cris de victoire du petit public et par la situation en elle-même. Puis enfin il vit que les gens le félicitaient belle et bien. *Bande de crétins!* Asuka tiqua en secouant la tête.

Lui ne trouvait rien de jouissif à la situation. Certes il était arrivé à ce qu'il voulait, que Rachel sorte ce qu'elle avait à dire mais ce n'est pas lui qui allait fêter ça. Alors il se contenta de prendre son chocolat chaud et de faire un détour par Marianne avant de retourner s'asseoir.

« C'est mieux comme ça... » dit-il à mi-voix.

Mieux que Rachel ne se fasse pas de film, mieux qu'elle ne s'empêtre pas dans l'idée de vouloir plaire à Asuka, mieux que tout soit mis à plat dès le départ... bref, mieux pour un tas de bonnes raisons. La seule chose qui l'était moins, était qu'elle était maintenant en froid avec sa petite sœur. Une petite désemparée pour l'instant. C'est pourquoi, dans un nouveau geste fraternel, il posa sa main sur la tête de Marianne tout en la regardant avec compassion. Puis il s'en retourna calmement vers sa table. Sans oublier de fusiller du regard quiconque viendrait encore le féliciter. Un simple regard qui faisait taire n'importe qui le croisait.