Il était huit heures du matin et Svën n'avait pas dormit de la nuit. Pourquoi cela ? Et bien à cause d'un enchainement de situations assez spéciales, et de la faute à pas de chance surement. Alors, il se retrouvait ce matin assit sur une de ces chaises pas du tout confortable, face à un flic autoritaire qui n'aimait pas vraiment les étrangers qui foutaient la merde dans son pays. Pourtant pour une fois, le russe n'y était pour pas grand chose.
Je crois qu'un petit retour en arrière est nécessaire pour comprendre ce qui s'est passé.
C'était un soir de semaine. Un de ces soirs où l'on s'ennuie tellement qu'on se dit que l'on serait bien mieux dans un bar à siroter une vodka et écouter de la bonne musique. Soit dit en passant, ce genre de pensée traversait très souvent l'esprit de Svën, si vous souhaitez avoir un chiffre, cela arrive environ deux ou trois fois pas semaine, et sans compter les week-end bien sûr. Malgré cela, les rencontres ne se bousculaient pas vraiment. Et il faut bien le dire, le petit russe passait ses soirées en solo quasiment tout le temps. Il n'avait pas encore pu choper l'une de ces petites nippones terriblement sexys, l'un de ses nombreux fantasmes, comme pour tant d'hommes, avouons-le. Bref. La soirée commençait plutôt bien, un verre par ci, un verre par là, une et plusieurs cigarettes ont suivis. Comme d'habitude il ne lui fallut que peu de temps pour se mettre sa cuite. A croire que bourré, il attirait sans cesse les ennuis.
Après ses longues heures de solitude, une fille vint enfin l'alpaguer dans le bar. Elle était mignonne, vraiment, alors pourquoi résister ? Il n'y avait aucune raison ! A vrai dire, ce matin, il ne se souvenait plus de son nom, mais c'était tant mieux. Parce qu'en fait, tout ne se passa pas comme prévu. Lui, il voyait cela comme une soirée qui se finirait au lit avec la demoiselle, et elle plutôt comme une soirée qui finirait avec le porte feuille du gars, et l'engouement d'une fin de soirée bien arrosée. Oui, elle l'avait dupé. A la sortie du bar elle l'emmena dans une ruelle sombre, chose que Svën trouva terriblement excitante d'ailleurs. Mais finalement là-bas, deux mecs bien costauds l'attendait. Ils ne l'ont pas frappé, aucune marque apparente, mais par contre toutes ses affaires y passèrent, même le manteau, le pull et le t-shirt que les mecs trouvaient cool.
Il s'était fait pigeonner en beauté, et maintenant il se retrouvait torse nu dans une ruelle déserte, en pleine soirée. Cette situation le foutait mal, très mal. La descente d'alcool fût rapide, et la galère avait commencé. En sortant de la ruelle, il attrapa au vol la première personne qui passait. Après mûres réflexions il aurait mieux fait de s'éclipser furtivement et ne parler à personne. De toute façon c'était complètement con d'attraper quelqu'un comme ça, il n'avait personne à prévenir de son horrible mésaventure, ici, il ne connaissait aucun individu.
Et puis, comme ce n'était pas sa soirée, la fille qu'il interpela le prit pour un dangereux pervers. Bah ouais, à moitié nu, la tête dans le cul, et une tête peu familière à vrai dire. Il n'eut même pas le temps de rassurer la dame que, par ses cris stridents, une bande de mecs plus âgés arrivèrent sur le russe, pour lui mettre sa raclée. A croire que les japonaises sont dotées d'une alarme. Après ça les flics s'en sont mêlés, et hop ! Direct au poste le petit Svën.
Nous pouvons donc en revenir à notre interrogatoire surprise, fait de quiproquos insondables.
- Non mais franchement, vous croyez que je me baladerais à poil d'un temps pareil dans l'espoir d'agresser une femme dans la rue ? 'Faut être malade ! Je vous dis que je suis un étudiant étranger et que je me suis fais voler mon porte-feuille, c'est si dur que ça à avaler ? Putain !
Effectivement, il était bien énerve notre russe. Passer une nuit en cellule de dégrisement, et au petit matin se faire repêcher pour être interrogé par un gars qui ne croit pas un traitre mot de ce que vous dites, c'est assez problématique, et irritant. L'histoire il l'avait narré en long et en large, mais rien n'y faisait. Ce flic ne pouvait pas le blairer, pour une raison inconnue. Tellement de choses étaient possibles, peut-être qu'il était maso, ou simplement avait-il besoin d'une tête de turc, ou encore il n'aimait pas les étrangers, les beaux mâles russes … Ahem. Bref, tout ça pour dire qu'il n'avait toujours pas bougé d'un millimètre sur ses positions. Svën était un menteur-obsédé-alcoolique-compulsif. Point à la ligne.
- Si tu continues à mentir comme ça l'interrogatoire risque d'être long, très long. Ici on ne supporte pas les menteurs mon gars. Alors le temps que j'aille me chercher un café, tu devrais réfléchir à la prochaine confession que tu me feras.Il s'était levé, avait quitté la pièce. Et Svën sur sa chaise pourri, toujours torse nu histoire d'avoir l'air con jusqu'au bout dans ce commissariat, ne savait pas du tout comment se sortir de cette situation. Il avait grand besoin d'une clope. Après ça, promis juré, il ne suivrait plus jamais de jolie fille dans des ruelles sombres.