Un match de basket ou de conquête ?

Des fleurs. Delilah posa son sac de cours sur le bureau et fixa le bouquet. Des roses. Elle finit par cligner des yeux et aller vers la fenêtre. Rouges. Elle regarda rapidement dehors et finit par ouvrir la vitre lentement. Des roses rouges. Elle ferma les yeux quelques secondes, puis se dirigea vers la salle de bain. C’était d’un mauvais goût. Elle se regarda dans le miroir et commença à se déshabiller. C’était démodé. Elle entra dans la douche et fit couler l’eau à ses pieds. Depuis quand on n’offrait plus de roses ? Elle attendit que l’eau chauffe et commença à se mouiller les cheveux. Surtout des roses rouges. Elle se lava et se rinça, pendant une bonne vingtaine de minutes. En plus… Elle arrêta l’eau et tendit le bras en dehors de la cabine. Elle n’aimait pas les roses. Elle enroula la serviette autour de son corps trempé et tira le rideau. Donc les roses – rouges, qui plus est – sont vraiment à bannir. Elle sortit de la salle de bain et se dirigea vers son armoire. Celui qui avait offert ce bouquet se méprenait réellement sur son compte. L’air hivernal qui s’engouffrait dans la pièce la fit frissonner, mais elle n’alla pas fermer la fenêtre pour autant. Mais étaient-elles seulement pour elle ? Elle resta plantée devant la tonne de fringues qu’elle avait pendant plusieurs minutes. La question ne se posait même pas. Elle finit par tirer quelques vêtements et les jeta au fur et à mesure sur son lit. Ces fleurs étaient pour elle. Depuis le temps qu’elle était sortie, son corps avait séché, seuls ses cheveux laissaient encore une trace mouillée sur la serviette.

Delilah prit la serviette dans une main, avant de la nouer sur ses cheveux. Elle enfila ses sous-vêtements et retourna faire quelques bricoles dans la salle de bain. Après s’être maquillée, elle avança vers son lit et enfila une jupe, façon écossaise, et de hautes chaussettes, qui lui arrivaient à mi-cuisses, juste sous la jupe. Elle alla fermer la fenêtre et revint mettre une chemise marron à longues manches, ceignée d’une ceinture en cuir, un peu plus foncée, au niveau du nombril. Elle retourna une nouvelle fois devant le miroir, dans la salle de bain, et enleva la serviette autour de ses cheveux. Elle les démêla patiemment et les sécha. Quand elle eut finit de les coiffer, elle revint dans la chambre, elle alla vers le bureau et lut la carte. C’était un certain Hibari. Oui ? Ah ! Un joueur de basket, puisqu’il lui demandait de venir le voir au match d’aujourd’hui. Elle prit le bouquet et la carte et rouvrit la fenêtre. Elle jeta le tout par-dessus bord et soupira. Elle prit son châle à carreaux, qu’elle mit sur ses épaules, avant de le nouer sur sa poitrine. Elle enfila un bonnet de laine et des gants et sortit de sa chambre. Elle ne prit pas la peine de fermer la porte à clé. Elle commença à se diriger vers la sortie du bâtiment.

Pourquoi est-ce qu’elle irait voir ce match ? C’était vraiment mal la connaître. Elle ne s’intéressait pas au sport. Enfin, que si elle avait une bonne raison ou une envie soudaine. Et puis, ce Hibari, c’était qui ? Encore un qui rampe à ses pieds. Encore un qui la suit et la poursuit, et qu’elle pourrait écraser sans aucune difficulté. Elle avançait dans les couloirs, regardant droit devant elle. Un groupe de filles passa. En la voyant, elles baissèrent instinctivement la voix. Mais leurs chuchotements restaient très audibles et comportaient encore de nombreux cancans. Comme à leur habitude. Sauf que Delilah les reconnaissait. C’était ces groupies qui étaient dans la laverie et dont elle avait protégé Tetsushi. En pensant à lui, c’était justement sur ce loup qu’elles bavassaient. Qui était la louve ? Bien. Ce n’était personne d’autre que la peste. L’une d’entre elles l’avaient vu sortir de la laverie l’autre jour et elle avait vu le populaire suivre peu de temps après. Elle avait alors imaginé toutes sortes de péripéties – mêmes les plus licencieuses – et avait accourus les piailler à ses copines. La rouquine fronça les sourcils, mais ne leur accorda pas la moindre attention. Elle continua son chemin, jusqu’à sentir l’air froid lui tirer la peau. Elle était dehors.

Certes, elle était une populaire. Certes, les cancans allaient bon train sur elle. Les garçons étaient à genoux devant elle, les filles crachaient leur venin dans son dos. Tout ça, c’était être populaire. Enfin, surtout pour elle. Etre aduler et détester à la fois. Tout un art. Alors, certes, elle avait écoper de cette étiquette. Elle ne l’avait pas vraiment voulue, mais elle ne cherchait pas à s’en défaire, elle n’en était vraiment pas mécontente. Mais de là à arriver à ça. « Ça » n’a pas l’air si terrible. Mais, même si ses pimbêches pensent qu’il a pu se passer des choses entre ce mec et elle, Delilah savait ce qu’il s’était réellement fait ou pas. Et elle savait qu’elle n’avait pas eu son morceau de viande. Pas cette fois-là. Elle se mordit la lèvre violemment et commença à marcher dans la cour. Elle vit passer un autre membre de l’équipe de basket. Elle n’avait pas eu ce Tetsushi. Elle fronça les sourcils. Il ne jouerait pas dans l’équipe qui faisait ce match aujourd’hui, par hasard ? Elle regarda autour d’elle, mais ne vit aucun autre joueur. La peste aspira bruyamment de l’air entre ses dents et dirigea ses pas vers le gymnase. Elle irait vérifier ça par elle-même. Ce populaire serait sa bonne raison de s'intéresser au sport.

Quand elle arriva sur les lieux, la foule qu’elle vit et les cris qu’elle entendit, lui indiquèrent que le match n’allait pas tarder à commencer et que les pom-pom-girl avaient déjà dû commencer leur show. Elle s’engouffra dans la masse compacte jusqu’à atterrir au bord des gradins. Elle les escalada, sans se soucier du fait qu’elle était en jupe – après tout, les élèves étaient concentrés sur la partie qui allait commencer – et se posta sur le côté. Un entraineur – celui de l’équipe du populaire – s’approcha d’elle et lui expliqua qu’elle ne pouvait pas rester là. La rouquine prit son air le plus convaincant et s’excusa en plaidant qu’elle était claustrophobe et qu’elle ne pourrait supporter cette foule. L’homme partit et elle observa le terrain. Il revient juste quelques secondes après, lui apportant une chaise. Elle le remercia et attendit qu’il s’en aille pour lever les yeux au ciel.

Elle n’avait plus qu’à attendre. Meilleure place, meilleure vue. Elle n’avait plus qu’à attendre l’entrée des joueurs. L’entrée de son bout de viande préférée.

Tetsushi dormait paisiblement, récupérant d’une semaine de cours horriblement chargée en devoirs de toutes sortes, quand son portable se mit à vibrer et à sonner un peu trop bruyamment au goût du populaire. Il grogna en tendant la main pour se saisir du mobile, regardant qui pouvait bien être l’auteur de ce réveil trop brusque. Un appel en plus de ça… Kyoko ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait encore… Le populaire ne décrocha pas, reposant le portable sur sa table de chevet, laissant faire le répondeur. Il se tourna dans son lit et quand il entendit de nouveau son portable vibrer, il s’en ressaisit. Les yeux plissés, il tapota sur les touches pour enfin entendre le message qu’elle lui avait laissé sur sa messagerie. Un match de basket ? C’était quoi cette blague ? Tetsushi se leva brusquement en entendant entièrement le message, se forçant à l’écouter une nouvelle fois pour être sûr qu’il avait parfaitement entendu ce qu’elle lui demandait de faire. Malheureusement, il avait bien entendu la première fois.

Un match de basket avait été programmé aujourd’hui, opposant ce qu’on appelait les populaires. Il savait pertinemment qu’il était qualifié par cet adjectif parce que beaucoup de personnes lui couraient après mais il n’aurait jamais pensé que ce qualificatif l’embarquerait dans une histoire comme ça… 22 personnes avaient donc été choisies pour participer à ce match de basket, organisé par on ne sait quelle groupie hystérique de voir son chouchou courir après un ballon. Tetsushi n’aimait pas le sport, même s’il était assez doué pour ça. Il préférait de loin rester dans la cour à s’occuper des fleurs plutôt que de transpirer pour rien en courant dans tous les sens dans un espace limité. La composition des équipes s’expliquait ensuite par des votes. On avait prit un échantillon de filles et on leur avait demandé de dire quel était le populaire qu’elles voulaient voir jouer durant un match de basket. Forcément, connaissant Kyoko, elle avait dû être choisie et elle avait décidé de mettre Tetsushi dans cette embrouille.

Son week-end commençait affreusement mal… Lui qui avait prévu de faire la grasse matinée, il se voyait comme tiré de son lit par un ballon, car bien sûr, il ne pouvait pas fuir ce match. Tetsushi était quelqu’un de responsable, et même si ça l’ennuyait beaucoup, il ne se défilerait pas. Poussant sa couette, il se leva pour faire un brin de toilette avant de s’habiller, sobrement comme d’habitude. Il chercha ensuite au fond de son armoire les quelques vêtements de sport qu’il avait. Un short noir et un t-shirt blanc et des baskets suffiraient, ils devraient sûrement avoir à porter des dossards ou des trucs du genre pour démarquer les deux équipes. Il sortit sans même prendre le soin de mettre un manteau, se dirigeant avec une certaine hâte vers le gymnase, avant de se faire happer par quelqu’un. Par chance, les spectateurs n’étaient pas encore arrivés, et Tetsushi se retrouva avec les autres populaires qui avaient été choisis. Il en connaissait quelques uns, mais ce n’était pas de proches amis. La rivalité entre les populaires était quelque chose de très dur à rompre, même avec un semblant d’amitié.

Une fois les deux équipes constituées, Tetsushi alla avec les autres dans les vestiaires pour se changer. Il soupira quand il fût prêt, entendant déjà les hurlements qui provenaient du terrain. Allez… Ca ne durerait pas très longtemps de toute façon. Il n’avait juste qu’à faire de son mieux pour faire gagner son équipe, et le tout serait joué. Ils sortirent tous en même temps, Tetsushi se rendant sur le banc qui était celui de son équipe. Comme il était un des plus grands de l’équipe, c’est lui qui ferait l’entre-deux au début. Il entrait donc directement sur le terrain. Il hocha la tête en jetant un bref coup d’œil vers les gradins. Ils étaient bondés, et des filles complètement hystériques n’arrêtaient pas de hurler tellement de prénoms différents qu’on ne les distinguait même plus. Sautillant un peu sur place pour s’échauffer, il étira ses doigts et son dos pour ne pas trop se faire mal si jamais il venait à faire un mouvement trop brusque, et il se plaça finalement au centre du terrain face à un populaire qui se prénommait Hibari.

Il le regardait avec un air satisfait, plein de défi. Tetsushi garda un air neutre et quand l’arbitre lança le ballon en l’air en même temps qu’il sifflait le début du match, la balle fut pour l’équipe de Tetsushi. Après quelques minutes, la mi-temps était sifflée et son équipe menait d’un panier seulement. Il allait devoir donner encore un peu de son énergie s’il ne voulait pas que la situation s’inverse ! Mais pendant cette pause, il put regarder avec plus d’attention les gens qui se trouvaient dans les gradins. C’est alors qu’il remarqua une chevelure flamboyante qui ne lui était pas inconnue du tout. Oui… Delilah Jones, la fille avec qui on lui prêtait une relation si l’on s’en tenait aux rumeurs qui circulaient dans les couloirs. C’est vrai que le fait qu’ils se soient retrouvés seuls dans la laverie puisse porter à confusion, surtout qu’ils n’étaient pas sortis en même temps… Il esquissa un sourire en repensant à ce moment dans cette pièce remplies de machines à laver. Ca lui faisait plaisir de la revoir malgré tout. Il irait sans doute la voir dès que le match serait fini.

Le match reprit, et se termina finalement avec la victoire de l’équipe de Tetsushi, avec un écart de 10 points. Ce n’était pas grand-chose, mais cela restait une victoire et ainsi, le populaire avait l’impression qu’il avait rempli son contrat. Il avait marqué quelques paniers et en avaient empêché quelques uns pour l’équipe adverse. Il avait particulièrement bien joué. Il se dirigea vers les vestiaires pour prendre une douche et se rhabiller avec sa chemise de couleur violet pâle, et son pantalon noir optant pour des chaussures noires également. Ses cheveux n’étaient pas totalement séchés et ils goûtaient encore un peu sur sa chemise et le long de son cou. Empoignant son sac, il se rendit vers les gradins encore bondés, puis il se dirigea vers Delilah en faisant une petite courbette alors qu’il se saisissait de sa main pour y déposer un baiser. Son regard était doux, tout comme son sourire. Si avec ça les rumeurs n’allaient pas augmenter en envergure…

« Je suis heureux de te revoir Delilah. Je n’aurais jamais pensé te croiser ici… Toi aussi tu étais venue pour voir ce que tout le monde qualifie d’un affrontement entre populaires ? »

Il garda la main de la demoiselle dans la sienne pour l’aider à se lever.

« Et si nous allions autre part ? Parce que je dois dire que le gymnase n’est pas vraiment un endroit que j’aime particulièrement. »

C’était bel et bien une invitation. Mais après avoir presque rejeté la demoiselle la dernière fois, il avait peur qu’elle n’accepte pas. Elle allait peut-être se saisir de cette opportunité pour lui mettre un vent devant plein de témoins, afin que les rumeurs cessent et qu’on laisse place ensuite à de nouveaux cancans qui diraient que Tetsushi s’était prit un râteau avec la demoiselle à la chevelure flamboyante.

Le match se déroula normalement. Delilah sentait un mal de tête monter lentement, au rythme des cris poussés par les groupies en furie dans les gradins. Quelle idée aussi de faire un match de basket spécialement entre populaires ?! La pause arriva et elle put souffler un peu. Certes, les joueurs étaient encore sur le terrain, mais comme ils ne bougeaient pas, les nanas étaient un peu plus calmes. La jeune femme soupira et changea son croisement de jambes. Elle regardait les gradins, comme affolée par tant de connerie regroupée en un seul point. C’était réellement effrayant. Elle ne pensait pas que l’on pouvait être si… Enfin, tellement… Bref. Pimbêches, quoi. Elle reporta son attention vers le banc de l’équipe de Tetsushi. Il regardait les gradins lui aussi. Elle sourit, en se demandant ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête. Elle était au courant pour les rumeurs qui courraient sur eux. Mais elle n’y prêtait pas attention. A vrai dire, ça ne la dérangeait pas plus que ça. Mais peut-être que cela posait plus de problème au garçon. Elle n’en savait rien. Elle lui demandera certainement. Ou pas.

Le match reprit. C’était sympa à regarder. Malgré qu’elle ne soit pas très sport, Delilah ne se plaignait pas. Elle n’avait pas vraiment de raisons. C’était un sport d’équipe. Les garçons jouaient bien et il y avait vraiment de l’action. Rien à redire. Ce fut l’équipe de son acolyte qui l’emporta. Elle ne put réprimer un sourire satisfait et elle jeta un regard hautain à toutes ces groupies dans les tribunes. Elle en vit quelques-unes qui la fusillaient du regard, mais la plupart la fuyait. Elle commençait vraiment à apprécier son statut de populaire. Elle ricana et reporta de nouveau son attention sur les joueurs qui quittaient le terrain. Elle inclina la tête sur le côté et soupira. Elle eut une attirance particulière pour ses mains. Allez, elle attendait encore cinq minutes, puis elle partait. Il ne fallait pas non qu’il pense qu’elle n’était là que pour lui. Même si c’était le cas. Elle le savait, il n’avait pas à le savoir, lui. Puis, il vit une silhouette s’avancer vers elle. Elle n’eut pas le temps de relever les yeux, qu’une main s’empara de la sienne et qu’une bouche y déposait un baiser.

La jeune femme se leva, aidée de Tetsushi. Elle sentit sur eux les regards lourds de reproches du public. Jalousie, perfidie, envie, haine… Un peu de tout, mais rien de bon. Elle offrit son plus beau sourire au garçon et hocha la tête, signifiant qu’elle était d’accord. Mais avant de partir, elle voulait jouer un peu avec l’humeur de toutes ces demoiselles. Lentement, elle glissa son autre main dans la nuque du populaire.

"Tu es encore trempé. Tu veux que l’on aille dans un endroit chaud ?"

Rien de plus. Juste assez pour les faire grogner. Autant profiter de toutes ces rumeurs pour faire monter le truc. Ça passait le temps. Sans lâcher la main de Tetsushi, la peste l’entraina en dehors du gymnase. Quand elle sentit l’air extérieur effleurer son visage, elle se tourna de nouveau vers le garçon.

"Je n’aime pas le sport. Je ne suis pas venue pour voir ce superbe match, à l’origine…"

Elle le faisait languir. Elle lui mettait juste l’eau à la bouche, installait en lui un gros doute, sûrement vrai, mais rien de concret. Elle riva ses yeux dans les siens et lui sourit de nouveau. C’était étrange comme la sensation de déjà vu la pris.

"J’aurais pu me venger et tu aurais eu honte devant toutes ces demoiselles en rut…"

Son sourire devint plus moqueur et elle rit doucement. Elle ne voyait pas l’utilité de se venger. Et puis pour quoi ? Parce qu’il avait eu l’honnêteté de lui dire ce qu’il avait sur le cœur ? Non, vraiment, c’était bas et inutile. Pas de quoi en faire tout un drame. Elle commença à marcher de nouveau, en entrainant Tetsushi. Elle ne savait pas vraiment où aller, elle savait juste qu’elle devait prendre des cachets pour son mal de crane. Et, mise à part l’infirmerie, les médicaments étaient dans sa chambre. Sans arrêter sa marche, elle regarda le garçon, toujours souriante. Ce devait bien être la première fois qu’elle souriait aussi longtemps, avec autant de sincérité.


Elle jeta un coup d’œil vers le gymnase.

"Les rumeurs sont déjà bien avancées. Elles ne me dérangent pas, mais peut-être que c’est différent pour toi… Donc c’est comme tu veux."

Tetsushi s’était vraiment demandé pourquoi il avait accepté de participer… Sûrement parce qu’il était trop gentil… Il était incapable de dire non. Sauf bien sûr quand il s’agissait de filles qui lui demandaient de sortir avec lui. Il n’avait jamais dit non directement, mais il avait bien fait comprendre que ce n’était pas possible. Donc voilà… Tetsushi s’était retrouvé au gymnase, à jouer avec des populaires, contre des populaires. Autant dire que les groupies étaient au rendez-vous ! Après que le match soit fini, le populaire s’était rendu dans les vestiaires pour prendre une douche. Il n’allait pas sortir en étant trempé de sueur ! Car malgré le fait qu’il ait joué ce match contre son gré, il s’était donné à fond pour enfin faire remporter la victoire à son équipe. Sortant des vestiaires, il passa devant les gradins et remarqua une silhouette qui lui était familière. Delilah Jones : la fille qui lui avait plus ou moins sauvé la vie l’autre jour dans la laverie. Il s’approcha alors de la demoiselle pour lui prendre la main et y déposer un doux baiser avant d’aider la jeune femme à se lever.

Les regardes des groupies de Tetsushi se tournèrent aussitôt dans leur direction. Le populaire savait ce qu’on disait sur leur relation, mais il s’en moquait bien. Le principal c’était que lui sache ce qu’il s’était réellement passé ce jour là. Le garçon proposa à Delilah d’aller autre part, cette dernière acquiesçant avec un hochement de tête. Mais avant qu’ils ne sortent, la demoiselle posa sa main derrière la nuque du populaire lui disant qu’il était encore trempé avant de lui proposer d’aller dans un endroit au chaud. Tetsushi lui offrit un grand sourire, faisant un léger hochement de tête à son tour, les deux sortant alors du complexe, main dans la main. Une fois dehors, la jeune femme lui avoua qu’elle n’aimait pas le sport et qu’elle n’était pas venue pour voir le match à l’origine. Le garçon la regarda avec un air interrogatif. Pour quoi était-elle venue alors ? Elle riva alors ses yeux dans ceux du garçon, lui souriant avant de dire qu’elle aurait pu se venger pour qu’il ait honte devant toutes ces demoiselles.

« Pour quoi es-tu venue alors ? Je doute que tu sois venue juste pour te retrouver au milieu de toutes ces filles qui s’égosillent en hurlant les prénoms de leur populaire préféré. Et puis, je ne vois pas vraiment ce que tu aurais pu faire pour te venger et me mettre la honte devant les supportrices. »

Ils reprirent leur marche, Delilah entrainant le populaire. Où est-ce qu’ils allaient ? Comme pour répondre à sa question, la demoiselle lui dit en souriant que toute cette agitation lui avait donné mal à la tête et que les médicaments étaient dans sa chambre. Elle lui demanda ensuite s’il voulait l’accompagner ou l’attendre pour qu’ils se rejoignent plus tard. Elle jeta un coup d’œil vers l’entrée du gymnase avant de continuer en disant que peut-être les rumeurs le dérangeaient, même si elle n’y prêtait pas vraiment attention. Tetsushi se mit à rire, serrant un peu plus la main de Delilah dans la sienne.

« Les rumeurs ne me gênent pas du tout. Sinon je crois que je serais déjà enfermé dans ma chambre, ne sortant que pour aller en cours. Etre populaire implique qu’on soit presque constamment au centre de rumeurs. Et puis, je ne vais pas me plaindre. On aurait pu me prêter une rumeur avec une fille beaucoup moins mignonne que toi. Je vais donc t’accompagner à ta chambre. Comme ça, si tu fais un malaise, je pourrais te rattraper. »

Il lui offrit un nouveau sourire avant de continuer de marcher. Mais pourquoi faisait-il ça ? Si Yuki l’apprenait… Il lui en voudrait sûrement beaucoup. Mais pour le moment, Tetsushi n’avait pas tellement envie qu’on sache que quelqu’un était dans sa vie, et surtout que c’était un autre garçon. Il voulait garder ça secret pour le moment, ou en tout cas, le plus longtemps possible. Il s’assumait certes, mais il avait peur que les groupies, furieuses, s’en prennent au pauvre garçon qui n’avait rien fait. Reportant son regarde vers Delilah, il lui fit de nouveau un sourire.

« Alors… Qu’est-ce que tu me racontes de beau depuis la fois où on s’est vu à la laverie ? J’espère que tu ne t’es pas trop faite harcelée à cause des rumeurs qui ont commencées à courir dès le lendemain… Ca m’embêterait qu’on t’aie gênée à cause de moi. »

Ce fut Tetsushi qui reprit le pas. La cuivrée le suivit, sans rien dire, comme une bonne fille bien élevée. Elle se surprit à avoir de l’affection pour ce garçon. Non, elle n’était pas amoureuse de lui. Mais déjà, rien que le fait qu’elle aille voir un match alors qu’elle savait pertinemment qu’il jouait, l’entrainer jalousement loin des regards des groupies, le suivre comme un bon toutou bien dressé… Tout cela prouvait bien qu’il ne la laissait pas indifférente. Elle ne s’imaginait pas dans son lit. Non. Pas tellement. Simplement avec lui. En ami. L’idée de pouvoir se préoccuper de quelqu’un lui arracha une grimace, alors qu’elle était un peu en retrait de son voisin. Elle accéléra le pas pour revenir à sa hauteur et même le dépasser un peu. C’était bizarre. Avec lui, elle n’arrivait pas à masquer toutes ces émotions. C’était comme s’il l’empêchait de se concentrer. Comme s’il la vampirisait, l’hypnotisait sans qu’elle ne puisse rien trouver à y redire. Elle était juste sa victime. Distraitement, elle serra la main du populaire dans la sienne, avant de se tourner vers lui et de lui sourire poliment. Le sourire poli, c’était la meilleure façade qu’elle avait trouvé à cet instant, pour qu’il ne se rende pas compte qu’elle était un peu paumée.

Delilah poussa la porte d’entrée du hall de l’académie et gravit les escaliers pour monter aux dortoirs quelques secondes plus tard. Elle avait toujours le garçon sur ses talons. Elle lançait des regards menaçants à quiconque osait les fixer. L’effet souhaité ne tardait pas à se manifester, puisqu’ils baissaient les yeux ou détournaient le regard. Après avoir fusillé les parasites et atteint le haut des marches, la jeune femme dirigea ses pas vers les dortoirs. Ce ne fut que là qu’elle se décida à parler de nouveau.

"Je suis venue parce que je savais que tu jouais à ce match."

Elle marqua une pause, alors qu’une fille passait à côté d’eux, faisant de multiples efforts visibles pour ne pas leur accorder la moindre attention. Ils étaient arrivés devant la porte de sa chambre. En partant, elle n’avait pas pris le temps de fermer la salle à clé. Elle savait que personne n’allait venir voler quelque chose dans sa chambre. Sur le seuil, elle vit le bouquet de roses rouges qui était posé sur sa table tout à l’heure. Elles n’étaient plus tellement en bon état. Après un soupir d’exaspération, elle le poussa du pied et découvrit une feuille, avec un petit mot marqué dessus. Elle arriva à déchiffrer : "J’essayerai toujours, Delilah.". Digne d’une vraie preuve d’amour. Sans accorder plus d’attention à tout cela, elle actionna la poignée, lâchant enfin la main de Tetsushi. Elle l’invita à rentrer. Mais alors qu’il passait à côté d’elle, elle parla plus bas :

"J’avais envie de te revoir…"

Elle ne regarda pas le garçon et se dirigea tout de suite vers la fenêtre qu’elle avait laissée ouverte en partant. Il ne faisait donc pas très chaud dans la chambre, mais son mal de tête l’en remerciait. Elle fit un signe à son acolyte pour qu’il prenne place où il voulait. La pièce était impeccablement rangée. Delilah alla dans la salle de bain et ouvrit un placard, avant de se pencher pour y prendre une serviette propre. Elle ressortit et la lui tendit, pour ses cheveux encore mouillés. Elle alla ensuite fouiller dans son armoire et prit deux cachets qu’elle avala sans eau. Elle prit place non loin de Tetsushi et soupira d’aise. C’était bon de se poser un peu. Elle noya ses yeux dans les siens et lui offrit un sourire charmeur.

"Je peux te retourner la question : mon gentil fan club ne t’a pas sauté dessus ?"

Elle rit.

"J’ai eu quelques petits mots délicats dans mon casier ou glissés sous la porte de ma chambre, mais rien de bien méchant. Enfin, disons plutôt, qu’aucune menace n’a été appliquée."

Elle marqua un temps de pause, pendant lequel elle reporta son attention sur la fenêtre. Il commençait à pleuvoir. Et pas une petite pluie. Non. Plutôt une bonne averse. Son visage était devenu un peu plus sérieux et elle tourna à nouveau la tête vers le populaire, fixant à nouveau ses yeux.

"Il y a une autre rumeur sur toi… En plus de celle comme quoi nous sommes ensemble."

Nouveau temps de pause.

"Es-tu amoureux, Tetsu ?"

Première fois qu’elle lui donnait un surnom. Elle se pencha vers lui et appuya sa tête sur son épaule. Elle ferma les yeux. En fait, elle était bien là. Un contact humain, sans quiproquo. Enfin peut-être une petite appréhension dans l’attente de la réponse du garçon, mais même s’il lui disait oui, elle ne serait pas triste. Elle rouvrit les yeux, juste pour prendre la main de Tetsushi dans la sienne et les referma juste après.

"Alors ?"

Une fois les deux étudiants dehors, c’est Tetsushi qui reprit la marche, la demoiselle marchant à ses côtés. Ils marchaient main dans la main, Delilah serrant un peu plus fort celle du populaire avant de se tourner vers lui pour lui sourire. Il lui répondit pas un qui était tendre et chaleureux, leurs pas continuant de les mener vers l’entrée du bâtiment. La jeune femme poussa la grande porte du hall et commença à entrainer le garçon vers les escaliers pour les gravir. Les rumeurs allaient perdurer à ce train là, les deux étudiants se tenant par la main devant les nombreux regards des étudiants qui croisaient leur route. Ils avaient fait tout le chemin en silence, Delilah répondant à la question qui lui avait posé le populaire un peu plus tôt quand ils arrivèrent près des dortoirs. Elle lui avoua être venue au match de basket parce qu’elle avait apprit qu’il y jouait. Cette révélation flatta le populaire qui lui offrit un grand sourire.

« Eh bien j’espère que ma performance t’a satisfaite. Sinon tu te seras bien ennuyée. »

Ils s’apprêtèrent à entrer dans la chambre de la demoiselle, quand celle-ci remarqua un bouquet de rose jonchant le sol. Elle le poussa avec son pied qui découvrit un papier. Tetsushi ne put s’empêcher de faire son curieux, regardant ce qui était marqué sur le papier. Hum un admirateur un peu collant t persistant ? Delilah soupira avant d’ouvrir la porte, lâchant la main du populaire pour l’inviter à entrer.

« On dirait que certains de tes admirateurs sont assez collants. Tu vas laisser ce bouquet à l’entrée ? Ce sont de jolies fleurs pourtant, elles ne demandent qu’un peu d’eau et de soleil. »

Il s’était agenouillé pour les effleurer du bout des doigts. Lui qui adorait les fleurs, ça lui faisait un pincement au cœur de les voir abandonner de cette façon. Il ramassa le bouquet et entra dans la pièce avec, passant à côté de Delilah qui lui tenait la porte. Il l’entendit dire quand il passa près d’elle qu’elle avait eu envie de le revoir. Le populaire se contenta de sourire, déposant le bouquet sur une table alors que la demoiselle partait vers la fenêtre qui était ouverte. Lui aussi avait eu envie de la revoir, parce qu’il l’avait trouvé très charmante mais aussi pour lui dire que malgré le fait qu’il appréciait sa personne, ce n’était pas possible qu’il puisse se passer quelque chose entre eux. Il ne voulait pas dire qu’il avait quelqu’un déjà dans sa vie. Il voulait garder ça secret pour le moment. Cette rumeur avec Delilah protégeait Yuki, mais le populaire savait bien qu’à un moment ou à un autre, la vérité se ferait connaitre. Comme la demoiselle lui fit signe de s’installer là où il le désirait, Tetsushi opta pour une chaise près de la table où il avait déposé le bouquet. La chambre de la demoiselle était vraiment impeccable.

Le populaire regarda la jeune femme s’éloigner avant de revenir avec une serviette qu’elle lui tendit. Il la remercia avec un sourire et commença à ébouriffer ses cheveux avec la serviette. Il essaya tant bien que mal de les remettre à peu près bien alors que Delilah prenait place non loin de lui, plantant son regard dans le sien avant de lui demander si son fan-club ne lui avait pas sauté dessus. Tetsushi se mit à rire, gardant la serviette autour de son cou.

« Je peux te dire que cette semaine, ça n’a pas été de tout repos… Mais je crois que mon fan-club m’a beaucoup aidé. Sans elles, je crois que je me serais prit quelques coups. Tu n’as pas que des admirateurs très commodes. »

La demoiselle se mit à rire à son tour, avouant qu’elle avait eu quelques mots dans son casier ou dans sa chambre mais ce n’avait pas été grand-chose car aucune menace n’avait été appliquée. Cela rassura le populaire qui s’en serait beaucoup voulu si jamais à cause de lui, Delilah avait eut des problèmes. Elle se tut avant de reprendre un peu après en disant qu’il y avait une autre rumeur qui courait en plus de celle qui disait qu’elle et lui avait une relation. Tetsushi leva un sourcil, s’apprêtant à entendre une rumeur des plus décousue qu’une groupie aurait décidé de lancer. Il y avait vraiment des rumeurs qui semblaient aussi étranges qu’impossibles, mais certaines personnes ne pouvaient s’empêcher de les croire malgré tout. C’est alors qu’elle demanda à Tetsushi s’il était amoureux. Il s’était plus ou moins attendu à ce genre de question. Il ne broncha pas, gardant un sourire sur ses lèvres. Il ne bougea pas non plus quand la demoiselle se pencha vers lui pour appuyer sa tête sur son épaule. Ses bras finirent par entourer Delilah, sa tête se posant sur celle de cette dernière. C’était une des rares fois où Tetsushi sentait qu’il n’y avait pas d’autres intentions derrière une geste de ce genre. Le populaire restait silencieux, la demoiselle prenant sa main pour lui demander de répondre.

Testsushi passa une main dans la chevelure flamboyante de la jeune femme, souriant tendrement même si elle ne le regardait pas. Il devait l’avouer, il était bien comme ça. Peut-être pourraient-ils devenir de bons amis faute d’autre chose…

« Je ne te pensais pas du genre à croire aux rumeurs Delilah, mais j’avoue que celle-ci est particulièrement pertinente pour une fois. Je pense effectivement être amoureux. On verra bien ce que ça donnera pour le futur. »

Il soupira faiblement, et regarda par la fenêtre, la pluie qui s’abattait. Il caressait toujours les cheveux de Delilah, ne désirant pas se détacher d’elle pour le moment.

« Est-ce que… Ca te déçoit de savoir ça ? »

Même si la peste sentit les bras du garçon l’entourer juste après qu’elle ait appuyé sa tête sur son épaule, le temps lui parut long. Il lui parut s’étirer comme une torture. Alors qu’elle savait qu’elle n’éprouvait rien pour ce garçon, elle… Enfin, elle n’en savait rien en réalité. Non, elle n’était pas amoureuse. Chez elle, c’est un concept que d’aimer. Puis il lui en fallait plus pour cela. Alors, c’était quoi ? De l’admiration, de l’envie, du désir, de la curiosité ? Est-ce qu’elle était devenue une de ces filles ? Une de ces groupies dénuée de la moindre intelligence ? Elle se mordit la lèvre, avant de fermer les yeux. Arrêter de penser, de se torturer, de se prendre le chou et déguster, savourer, en profiter. Elle faible sourire éclaira son visage et, pour la première fois depuis quelques temps, elle se décontracta un peu dans les bras de Tetsushi. Elle n’attendait rien de ce garçon. Elle voulait simplement comprendre ce qu’elle ressentait pour lui. Mais elle se pencherait plus tard sur la question. Là, maintenant, elle voulait juste se laisser aller. Juste un peu. Pas longtemps. Elle en avait besoin.

Un soupir franchit la barrière de ses lèvres quand le populaire passa sa main dans ses cheveux. Pour rien au monde elle ne laisserait sa place à une autre. En fait, elle voulait attendre maintenant. Elle ne voulait pas que le garçon lui réponde directement. Elle voulait que le temps s’allonge, comme cette précédente impression. Pourtant, la voix de Tetsushi brisa le silence. Les premiers abords n’étaient pas flatteurs pour la demoiselle. Mais elle ne le prit pas mal. Elle savait qu’elle avait prétexté les rumeurs, simplement pour avoir une excuse de poser cette question. La suite de la réponse la fit sourire. Alors monsieur était amoureux. Ça, elle n’en avait pas douté. Il le transpirait par tous les pores de la peau. Enfin, en vrai, ça se sent si vous le connaissez, même un peu. Elle tenait toujours la main de son acolyte dans la sienne et ses doigts se mirent à caresser sa peau, comme par automatisme. Ce n’est qu’alors qu’elle ouvrit lentement les yeux, juste un peu, fixant son regard sur le mur, en face d’eux.

Tendrement, elle pressa la main de Tetsushi dans la sienne. Elle se redressa sur l’épaule du garçon, mais ne la quitta pas. Delilah ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais elle se stoppa. Elle sourit de nouveau, laissant échapper un rire bref. Elle ne se moquait pas, ne critiquait pas, ni rien de négatif. Ce rire était juste là, parce qu’elle n’avait pas pu le retenir. Puis, elle sut enfin ce qu’elle devait dire. Lentement, pour ne pas surprendre son voisin, elle se redressa et planta ses yeux dans les yeux. Leurs visages étaient très proches, mais elle n’avait aucune arrière-pensée. Sa main libre se posa sur la joue du populaire.


Elle lui offrit son plus beau sourire. Amical. Un frisson parcourut lentement son échine. Elle n’était pas habituée à se comporter comme ça avec quelqu’un. Surtout avec une personne de son âge. Et elle pensa que c’était peut-être cela : c’était parce qu’elle n’arrivait plus à être peste qu’elle était attirée par ce beau brun. Allez savoir. Sa main glissa sur sa peau et elle la laissa doucement retomber sur sa jambe. Delilah quitta le regard du jeune homme pour regarder dehors. La pluie battait les carreaux et produisait un bruit de fond sourd. Mais c’était apaisant. Une sorte de mélancolie la pris, mais elle tenta de la chasser le plus vite possible. Elle reporta son attention sur son voisin, mais se contenta de figer ses yeux sur ses jambes. Non pas qu’elle fuyait son regard, simplement qu’elle ne se sentait pas de le regarder tout le temps. Il la fascinait un peu trop. Un sourire en coin, elle répondit enfin.


Elle marqua un temps de pause, mais reprit bien vite, ne laissant pas à son voisin le temps de pouvoir répondre.

"Mais je n’arrive pas à savoir si c’est simplement que je suis contente pour toi ou légèrement jalouse."

Pas amoureuse, on le répète. Mais simplement, elle avait déjà du mal à voir Tetsushi, alors s’il avait une relation, ce serait encore plus dur. Une idée lui traverse l’esprit. Subitement, elle le regarda droit dans les yeux et un sourire malicieux étira ses lèvres.


On disant ces mots, elle pointa un doigt sur la poitrine de Tetsushi, à l’emplacement où se trouve le cœur. Elle était certaine qu’elle devait avoir les yeux remplis d’étoile, tant la curiosité était forte. Mais elle était bien là, à suivre une conversation comme une autre. A arrêter de jouer ce rôle. Le rôle de sa vie

Son geste avait été comme instinctif. Son doigt posé sur la poitrine de Tetsushi. Tout doucement, comme s’il tentait de se dérober, elle sentit le cœur du jeune homme battre tranquillement contre son dextre. Elle souriait toujours. C’était décidé, petit à petit, elle allait chasser ce côté peste qu’elle entretenait depuis des abords. En prenant son temps, pour ne pas sombrer non plus, elle allait tenter d’abaisser une à une les murailles qu’elle avait efficacement érigées autour d’elle. Mais, seulement, et uniquement, pour une personne. Elle était décidé à être humaine avec ce populaire. Peut-être que cela allait être une erreur. C’est pour cela qu’elle allait tout de même prendre son temps. On ne jette pas une brebis dans la gueule du loup, aussi mignon et sympathique semble-t-il être, voyons. Mais, elle était persuadée qu’elle ne le regretterait pas. En fond d’elle, pourtant, elle ne pouvait se résoudre à abandonner toute méfiance, d’un coup d’un seul, sur un coup de foudre amical. Elle sentit comme une légère peine chez son voisin. Enfin, ce n’était pas tout à fait cela, mais, aux premiers abords, elle ne pouvait pas le définir autrement. Comme si la réponse à savoir qui était l’être aimé était douloureuse. Ou délicate. Oui, voilà. Délicat. C’était de la gêne. Quand il tourna la tête, Delilah se pencha un peu, pour lui montrer que c’était trop tard pour se cacher, elle avait déjà saisit son malaise. Elle garda les yeux rivés sur lui, malgré que les siens ne fassent plus de même sur elle. Son visage était redevenu neutre. Malgré qu’elle ait décidé de s’abandonner à ce garçon, vous savez ce que l’on dit : chassez le naturel, il revient au galop. Elle fronça les sourcils quand il reporta son attention sur elle et qu’il la serra un peu plus dans ses bras. Son doigt glisse sur le haut du brun et ce fut sa main qui se retrouva collée à sa poitrine.

La populaire ne put empêcher un sourire d’éclairer son visage. Alors, malgré le nombre de filles incalculable qui lui couraient après sans cesse et depuis longtemps, Tetsushi n’était pas de ce bord-là ? C’était amusant dans le fond. Enfin, non. Il ne pouvait pas avoir totalement viré sa cuti. Elle le connaissait déjà assez bien pour savoir qu’il ne lui aurait laissé aucun espoir, pour ne pas la briser, dans la laverie, la fois dernière. Non. D’une manière ou d’une autre, il lui aurait signifié qu’il n’était pas du tout intéressé. Maintenant et pour après aussi. Bon, c’était un garçon. Mais qui ? Il ne souhaitait pas en parler. C’était mieux d’ailleurs. Cette peste était réputé pour se servir de la moindre faiblesse d’une personne, même celle qui peut sembler la plus triviale, pour la faire chuter et élever son propre rang. C’était comme cela qu’elle menait ses conquêtes, c’était comme cela qu’elle avait destitué sa mère et elle n’en était pas peu fière, avouons-le franchement, même si tout le monde le sait déjà. Mais si c’était la peur qu’elle le crie sur tout les toits qui le rendait méfiant et secret, il se mettait le doigt dans l’œil et jusqu’au coude. Elle gardait les ingrédients de ses poisons. Toujours et pour toujours. C’était taillé dans sa roche. Son sourire ourlant encore ses lèvres, elle se dégagea doucement de l’étreinte du garçon. C’était comme ça qu’elle avait opérer depuis des années pour réduire ses ennemis, ses proies et toute autre personne qui ne lui revenait pas. Mais cet adonis n’était ni un rival, ni un jouet, ni rien de néfaste pour lui-même. A la rigueur, il pourrait entrer dans la catégorie d’ami. Mais fallait-il encore que cette dernière créée dans la robotique bien rodée de la jeune garce. Allait-il être le premier à manifester autre chose que du malsain chez elle ? Certainement.

Il y a les premières amours, les premières engueulades, les premières fois, les premières sorties en boîte… Pour Delilah, il va falloir qu’il y ait les premières amitiés. Dur changement que de faire rentrer dans la tête d’une vipère qu’il va devoir se réchauffer dans ses relations. Essayer de rendre un lion végétarien pour voir ce que ça donne : Delilah essayant de se faire des copains. Riez, riez. La populaire soupira et se leva du lit, pour s’approcher de la fenêtre. Elle l’ouvrit et inspira une bouffée d’air humide. La pluie battait son plein. Une légère bruine couvre lentement le visage de la jeune femme. Elle ferme les yeux, écoutant le léger brouhaha que l’eau exerce sur les feuilles des arbres. Pour que son acolyte ne pose pas de question sur son état, il faut qu’elle parle. Il faudrait qu’elle annonce, qu’elle propose quelque chose de sérieux. En fait, elle a déjà cette idée en tête depuis qu’elle l’a entendu dire qu’il ne voulait pas de problèmes pour son amant. Elle prend une longue et lente inspiration, avant d’expirer tout en lâchant le morceau :


Temps de pause. Ce n’était pas bien formulé. Elle reprit bien vite :

"Tu sais, si tu rejettes toutes tes admiratrices pour rester célibataire, il va y avoir des rumeurs. Et si tu passes beaucoup de temps avec celui que tu sembles aimer, lesdites rumeurs vont se tourner vers lui."

Nouveau temps de pause. Histoire de laisser un blanc. Ou espoir qu’il comprenne la suite.

"Enfin, où je veux en venir, c’est que… On peut simuler un couple. Ça à l’air fichtrement bien parti. Alors pourquoi pas…"

Ce pouvait être une bonne idée. En fait, pour Tetsushi, c’était même tout bénef’. Les filles allaient arrêter de lui tourner autant autour si elles voient à quel point « leur couple » tient la route. Elles vont lâcher un peu la bride. Ensuite, le fait qu’il refuse toute invitation sera par respect pour Delilah, et non parce qu’il aime le célibat. Et même s’il traine beaucoup avec son amant, on pourra simplement penser qu’ils sont très bons amis. Elle et lui n’auront pas besoin de s’embrasser, puisque le monde japonais est pudique et que la jeune femme est issue d’une bonne famille : on pourra penser que, côté cœur, elle respecte les mœurs. Et il y aura juste besoin d’entretenir de petites intentions, comme manger ensemble parfois, se voir en dehors des cours. Ce qui conviendrait très bien pour leur… Amitié. Seul défaut : les prétendants de la demoiselle l’ennuieront. Mais ce ne sera qu’au début. De la même façon que pour les groupies du brun, quand ils verront que « leur couple » tient, ils finiront bien par capituler. Tout au contraire, pour la peste, ça n’avait pas vraiment que des avantages. Certes, ses admirateurs allaient lui laisser un peu de mou. Mais les groupies allaient lui mener la vie dure. Et les filles, c’est bien connu, sont bien plus vicieuses que les garçons dans ces cas-là. Dans tous les cas, même. Et puis, elle, elle n’avait pas de petit-ami à protéger là-dedans, alors elle resterait célibataire, en réalité. Enfin, ça ne changeait pas tellement. Depuis le temps qu’elle n’avait pas eu de relation un tant soit peu sérieuse. Jamais en fait. Mais, elle ne pourrait pas non plus entretenir de petites aventures. Il fallait aussi qu’elle sacrifie un peu son caractère peste. Elle n’allait pas passer son temps à faire des crasses à Tetsushi pour l’entretenir et il allait bien falloir qu’elle s’adoucisse un peu pour que les gens comprennent que le garçon pourrait en être amoureux. Enfin, tout un monde à refaire de son côté. Mais, étrangement, son petit confort, pour la première fois de sa vie, elle était prête à la sacrifier pour les beaux yeux de ce jeune homme.

Delilah rouvrit les yeux et se recula légèrement de la fenêtre. Après tout, ce serait peut-être beau de se donner à quelqu’un, non ?

Le temps qu’il mit à répondre lui parut une éternité. Elle était là, près de la fenêtre, à attendre sagement que son bourreau décide de son sort. Elle rouvrit les yeux quand elle entendit sa voix s’élever dans les airs. C’était comme une libération pour elle. Sans pouvoir s’en empêcher, elle sourit pour elle-même. Ce que cela pouvait être bon. A sa première question, elle se contenta d’hausser les épaules. Oui, elle allait avoir des ennuis. Mais rien de plus que les groupies de Tetsushi qui lui menait déjà la vie dure. Alors, qu’avait-il à craindre pour elle ? En le voyant s’approcher, elle sentit son cœur se contracter dans sa poitrine. Pas amoureuse, pas amoureuse. Non, disons que ce coup-ci, ce devait être le fait qu’il s’inquiète pour elle qui lui procurait une sensation étrange. Le fait qu’elle quitte son nombril pour lui était loin d’être une erreur dans le fond. Et se sentir apprécier à sa juste valeur faisait un bien fou. Quand elle sentit enfin ses mains sur les siennes, elle enserra ses doigts doucement et baissa les yeux sur leurs paumes jointes. Le fait qu’il hésite à accepter ou pas la rassurait elle-même. Après tout, refuser sa proposition aurait été une erreur et peut-être une source de conflits pour eux deux. Mais s’il avait accepté d’emblée, Marleen s’en serait sentit blessée. Puisqu’après tout, elle n’aurait été rien d’autre d’un outil pour lui et son amant. En parlant de ce dernier, est-ce qu’il allait bien prendre leur petit arrangement ? Ce n’était que maintenant qu’elle y pensait. Il faut bien avouer qu’elle aurait préféré que ce garçon n’existe pas… Elle aurait eu plus de chances d’avoir son Tetsu pour elle. Cette petite crise de jalousie la rendit honteuse et ses joues s’empourprèrent légèrement. Heureusement, elle avait rougit au moment où son beau prince charmant était distrait par des demoiselles dans la cour. Elle eut juste le temps de se ressaisir, mais, de toute façon, le populaire semblait vouloir cacher sa gêne. Elle s’éloigna du mur et s’appuya sur la table, en face de lui, l’écoutant parler. Elle ne put s’empêcher de penser à quel point il était beau et, du peu qu’elle le connaissait, vraiment... A conserver près de soi, dirons-nous. Elle enviait son amant. Elle enviait pour la première fois de sa vie…

Tetsushi la tira définitivement de son égarement quand il lui promit de la protéger. Honnêtement, elle ne chercha absolument pas à retenir ses émotions. Elle resta bouché bée un instant, les yeux grands ouverts… Elle devait avoir l’air sot. Mais écouter quelqu’un lui dévoué un peu de son corps et de son âme, alors qu’il n’avait aucune raison de faire cela surtout, c’était un peu beaucoup d’un coup là. Un silence s’installa. Elle finit par cligner des yeux plusieurs fois, avant de baisser la tête et de regarder ses pieds. C’est fou ce que le sol pouvait être intéressant dans des cas semblables.

"Tes groupies m’ennuient déjà. Si elles peuvent faire pire que moi, je les défie de se lancer dans ce petit jeu…"

Lentement, elle releva le visage, mais elle garda les yeux baissés un instant de plus.

"Je sais me défendre. Contente-toi d’aimer ce garçon… Ne me fais pas faire tout ça pour rien."

Elle releva les yeux et les noya dans les siens.

"Tu n’as que ça à m’apporter en retour. Puisque je ne peux pas avoir ton amour, laisse-moi me complaire dans l’idée qu’on pourrait être ensemble."

Elle sourit. Un sourire trop forcé pour être sincère, mais elle savait qu’il devrait passer. Puis, il se changea en un beaucoup plus provocateur et, du coup, plus sincère.

"Méfie-toi que ce ne soit pas moi qui vous fasse du mal."

Simple provocation. Elle eut un rire bref. Bien sûr qu’elle ne le ferait pas. Enfin, peut-être plus tard, à force de jouer la comédie pour les sauver, peut-être qu’elle souhaitera les détruire. Mais pas pour l’instant. Elle haussa les épaules et prit un deuxième cachet pour son mal de tête, avec le fond d’eau qu’il lui restait dans son verre. Peut-être bien qu’elle était amoureuse dans le fond. Allez savoir. Mais elle se connaissait : elle aurait le force de vivre avec, de trainer son amour à sens unique et d’aller de l’avant. Elle n’avait pas besoin de sa pitié, elle avait toujours réussi à avancer sans que personne ne se mêle de sa vie.

Le cachet avalé, elle ferma les yeux quand Tetsushi la pris dans ses bras. Elle se lova contre lui, restant silencieuse. Elle l’écoutait parler, un sourire kidnappant lentement ses lèvres. Bon, la petite menace de se méfier d’elle, il ne semblait même pas y croire l’espace de quelques secondes. Elle recule en même temps que lui, soutenant son regard. Elle frissonna sous son baiser caressant sa joue, ne perdant pas son sourire. Puis, finalement, elle fit un pas en arrière et chercha un papier. Elle y griffonna une série de chiffres.

"Je te donne mon numéro de portable."

Elle marqua un temps de pause en déchirant le papier, pour lui tendre le bout où elle avait écrit.

"Comme ça, si tu n’es pas avec ton copain, ou même si tu veux juste parler, tu m’appelles."

Elle inclina la tête sur le côté. Elle le détailla une petite minute. Il était beau. Vraiment. Mais, en plus, il y avait en lui quelque chose qui l’attirait vraiment. Dans son physique ? Ou dans sa personnalité ? Elle ne saurait le dire. Juste un petit déclic qui faisait que Marleen avait craqué pour lui, alors qu’une foule de prétendants lui couraient après chaque jour. Elle haussa les épaules, redescendant sur terre. Elle le regarde, un sourire malicieux aux lèvres.

"Alors, tu me dis qui c’est ?"

Leur "contrat" étant clos, puisque le populaire avait accepté sa proposition, il fallait bien qu’elle sache pour qui d’autre, pour quel inconnu, elle allait pourrir un peu sa vie de couple. Enfin, même si tout ce micmac lui en offrait une artificielle. Il était clair qu’elle ne trouverait personne, tant que les tourtereaux ne se dévoileraient pas au grand jour ou qu’ils ne quittaient pas tous l’académie. Etre étudiant était vraiment un fardeau parfois. Elle soupira à ces pensées, attendant patiemment la réponse de son acolyte. Elle jeta un autre coup d’œil à la fenêtre. Les commères étaient parties. Ce n’était pas tellement un soulagement : elles étaient certainement parties crier sur tous les toits qu’il y avait un nouveau couple. Et surtout qu’il s’agissait du sublime Tetsushi et de l’irascible Marleen. Les ennuis allaient commencés dès qu’ils quitteraient cette chambre. Génial ! Pensez ça sur un ton ironique, bien entendu.

La peste eut soudain une idée.

"Et pourquoi, est-ce qu’on ne sortirait pas ce soir ? On passe la soirée tous les trois…"

Temps de pause, sourire malicieux.

"Toi, ton amant et moi. Je ferai sa connaissance. On lui expliquerait tout ça, pour savoir s’il est d’accord…"

Tout de même, il était un des principaux concernés, il ne fallait pas le mettre de côté.

"Et vous finissez votre soirée comme vous voulez, quand je rentre discrètement à l’université."

Tant discrètement parlant pour les étudiants, mais aussi pour le règlement, qui interdit toute sortir de l’établissement et tout. Et même si elle venait à se faire pincer par des élèves, cette mascarade pourrait toujours passer pour un rendez-vous secret et romantique entre Tetsushi et elle, ce qui ne ferait que confirmer la rumeur sur leur couple et les cancans qui vont avec.

Un sourire amusé ourla ses lèvres, alors qu’elle se remémorait la rencontre de Tetsushi avec son amant. Ce devait effectivement être un souvenir vraiment unique et elle ne doutait plus du pourquoi il était tombé amoureux de Yuki. Il est vrai que ce nom ne lui disait pas grand chose. Mais l’image floue d’un visage d’étudiant passa rapidement dans son esprit. Elle avait certainement déjà du en entendre parler… Ou alors, elle avait eu affaire à lui. Mais cette dernière option la laissait perplexe : elle se souvenait le plus souvent des personnes avec qui elle avait un face à face direct, que ce soit « amical » ou non. Elle haussa les épaules, pour elle-même, se disant qu’elle le verrait quand son ami voudrait bien le lui présenter. Mais d’ici-là, elle savait qu’elle ne tiendrait pas et qu’elle mènerait ses propres investigations sur le terrain ou devant un ordinateur. Tout cela ne lui posait aucun problème. En attendant, celui qu’elle se devait de protéger n’avait pas tord… Il valait mieux qu’il annonce la situation d’abord à son petit-ami. On ne sait jamais que ce dernier se rebute complètement, Marleen ne saurait vraiment pas comment réagir. Elle ne le connaissait pas, après tout.

Son regard erra un peu dans la pièce, jusqu’à ce qu’elle finisse par poser les yeux sur Tetsushi, qui regardait par la fenêtre. Il semblait perdu dans ses pensées et Marleen décida de garder le silence, pour lui laisser un peu de répit. C’était à lui de parler le premier, signe qu’il serait redescendu sur terre et non plus isolé dans son monde. Elle sourit quand il la regarda par-dessus son épaule. C’est bon, il était de nouveau avec elle. Son sourire ne fit que grandir à sa proposition. Pourtant, elle pensait que ce n’était pas une si bonne idée.

"Ne penses-tu pas que tu as déjà passé un peu trop de temps avec moi ?"

Elle s’approcha de lui, pour regarder, elle aussi, au-dehors.

"Il vaudrait mieux que tu passes la soirée seul ou avec Yuki. Sinon, il va vraiment avoir des raisons de douter de tout ce micmac… Tu ne crois pas ?"

Elle reporta son attention sur lui, souriant toujours.

"Mais je serai ravie de passer une soirée avec toi, un prochain soir. Tu as mon numéro de toute façon, on peut se voir quand tu veux…"

Elle se recula, puis finit par aller vers la porte. Elle l’ouvrit et pointa le couloir du doigt. Elle fit un signe de tête à Tetsu’ de venir.

"Allez, sauve-toi. Va le retrouver."

Les couloirs étaient déserts. C’était sûr que personne n’allait l’entendre dire ses mots.

"Tu as une victoire à fêter, ce sera une parfaite excuse pour sortir avec un copain !"

Elle ouvrit la porte un peu plus grand et se détacha, pour aller s’asseoir sur le lit, en silence.

Tetsushi s’était finalement décidé à avouer à Marleen l’identité de son amant. Il n’avait pas trop voulu au début, mais elle avait eu raison en lui disant qu’il était normal qu’elle connaisse l’identité de celui qu’elle allait aider à protéger en jouant la comédie. De toute façon, le populaire se doutait bien que la demoiselle ne saurait pas vraiment qui Yuki pouvait être juste en lui donnant son prénom et son nom de famille. C’était quelqu’un d’assez discret malgré tout. Marleen avait ensuite proposé au populaire de sortir au restaurant dans la soirée, en compagnie de son amant, histoire qu’ils fassent connaissance mais qu’aussi, ils lui expliquent ce qu’ils avaient prévu de faire. Tetsushi pensait que c’était sans doute une assez mauvaise idée de mettre Yuki devant le fait accompli. Il fallait qu’il avance le sujet en douceur, qu’il lui explique bien que c’était pour le protéger et que de toute façon, avec Marleen, ça ne serait qu’une façade et qu’il n’aimerait personne d’autre que lui. Le populaire se doutait déjà que Yuki ne le prendrait pas bien et qu’il n’approuverait pas du tout ce genre de méthode. Ca allait prendre un peu de temps pour le convaincre que c’était la meilleure des solutions.

Mais ça embêtait beaucoup Tetsushi de refuser la proposition que lui avait gentiment faite Marleen et donc il lui proposa de diner avec lui ce soir ou un autre soir, rien que tous les deux. La demoiselle sourit de plus belle, illuminant son beau visage avant de ne demander à son vis-à-vis s’il ne trouvait pas qu’il avait déjà passé trop de temps avec elle. Le populaire arqua un sourcil : c’est vrai qu’il avait passé du temps avec elle, mais ça ne le dérangeait pas de continuer à rester à ses côtés. Marleen s’approcha de lui en lui disant qu’il vaudrait mieux pour Tetsushi qu’il passe la soirée seul ou avec Yuki sinon ce dernier pourrait vraiment avoir des raisons de douter sur toute cette affaire de faux couple pour sa protection. Le populaire fit une petite moue et posa son regard doux sur la demoiselle.

« Tu as raison… Je vais aller le voir ce soir et je commencerai à amorcer la discussion sur notre plan. »

Tetsushi répondit au sourire de Marleen quand elle lui annonça qu’elle serait ravie de passer une soirée avec lui une prochaine fois et que de toute façon, il avait son numéro s’il voulait la voir. Il acquiesça par un petit signe de la tête et il regarda la demoiselle s’éloigner vers la porte de la chambre. Marleen l’ouvrit avant de pointer le couloir du doigt en regardant le populaire, lui faisant un signe de la tête pour qu’il vienne. Les mains dans les poches, il s’avança dans la pièce de son air nonchalant et se posta tout près de Marleen qui lui dit de se sauver pour aller le retrouver. Elle continua en disant qu’il avait une victoire à fêter et que ce serait une parfaite excuse pour sortir avec un copain. Tetsushi se mit à sourire de nouveau, ses yeux se posant sur Marleen, puis sur le couloir qui était désert. Elle avait raison, il fallait qu’il se dépêche à aller retrouver Yuki. Il passa une main derrière le dos de la demoiselle pour la rapprocher de lui, puis il déposa un doux baiser sur son front avant de se reculer.

« Encore merci Marleen… Bonne soirée et puis… Tu as mon numéro si toi aussi tu as envie de me voir. De toute façon, on sera bien obligés de se revoir de temps en temps. »

Il prit sa main dans la sienne avant de la laisser glisser alors que la demoiselle repartait s’assoir sur son lit en silence. Sans rien dire de plus, Tetsushi s’enfonça dans le couloir et referma délicatement la porte de la chambre de la jeune femme derrière lui. Il resta un instant derrière la porte, silencieux, puis il commença à s’en éloigner, marchant d’un pas décidé vers la chambre de son amant. Il fallait qu’il lui explique la situation, mais il fallait qu’il trouve aussi les mots justes… Ca n’allait pas être simple… En même temps, il se mettait à la place de Yuki : si c’était lui qui lui avait annoncé ça, il n’aurait sans doute pas accepté et il aurait sûrement été très en colère. Comment pourrait-il bien lui faire comprendre que sa popularité faisait qu’il avait énormément de groupies et que ces dernières n’étaient toutes pas très commodes ? Comment pourrait-il lui dire qu’il voulait le protéger du mal que ces dernières pourraient lui faire si elles apprenaient leur relation ? Mais en plus de ça, Tetsushi n’avait pas plus que ça envie d’avouer son penchant pour les hommes à ses groupies. Peut-être qu’elles ne l’admireraient plus après et il devait avouer que cette admiration qu’elles lui vouaient le rassurait. Le populaire soupira alors qu’il marchait dans le couloir. En tout cas, il devait vraiment une fière chandelle à Marleen qui acceptait de faire autant de sacrifices pour lui. La prochaine fois qu’ils se verront, il lui dira qu’il acceptera de faire tout ce qu’elle veut pour la remercier.

[Voilà je pense que ce sujet est clos =) On pourra refaire un topic ensemble après si tu veux! ^^]