Trop besoin de lui, pour le perdre idiotement [PV Lun]

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Dépitée, Setsumi entra dans le grand centre commercial. Elle avait passé de longues minutes devant sa penderie. Elle était sûre qu'elle trouverait dans sa collection de chaussures, une paire pour aller avec sa nouvelle robe. Mais malgré plusieurs essayages, il fut évident que le bleu pâle de la tenue qu'elle avait choisie allait lui poser problème. Plus qu'une réputation à tenir, elle avait réellement envie d'être parfaite pour sa future soirée.
On allait fêter le vingt-cinquième anniversaire de Kotebe, acteur et ancien mannequin. Il avait partagé la même agence que Set'. Ces deux-là avaient pu s'entendre car à cette époque, Kotebe n'était intéressé par aucun genre de relation. Il trouvait que c'était plus une prise de tête qu'autre chose. Puis il avait rencontré une jeune fille sur un de ses tournages et avait construit une histoire sérieuse. Cette fidélité à toute épreuve avait le don d'étonner Setsumi au plus au point. Et elle la regardait avec un air amusé à chaque fois qu'elle était en compagnie du couple.

Plantée devant la même vitrine durant sa réflexion, elle réalisa que ses pas l'avaient mené automatiquement vers son magasin de lingerie favori. Elle avait accepté un an plus tôt de participer au défilé de cette marque de sous-vêtements. Sa frénésie habituelle du shopping n'était pas au rendez-vous ce jour là. Aujourd'hui elle ne passerai pas toute son après-midi à rechercher la pièce unique de tissu pour ses patrons ou la dernière tenue exclusive d'un grand créateur. Elle ne claquerait pas une somme astronomique à en faire pâlir d'envie et de jalousie la plupart des jeunes filles de l'académie. Elle n'avait même pas la force de critiquer et de regarder d'un air dédaigneux les vêtements qu'elle jugeaient hideux. Encore mieux la motivation pour crier sur les vendeuses et les rendre folle, ce qui était pourtant une de ses activités favorites. Prise d'une envie soudaine, Setsumi entra dans la boutique et commença à flâner au milieu des portants. Elle voulait seulement se vider la tête, oublier la fatigue, les ennuis et le stress que la création de sa propre ligne lui causait. Depuis plusieurs jours, elle était éreintée mais elle restait éveillée, tard dans la nuit, pour être de finir à temps sa collection.
Décrochant de temps à autre un cintre des portants, Set’ suivait du coin de l’oeil l’écran accroché au mur du magasin. On y passait les différentes pubs de la marque. Elle jeta un coup d’oeil aux articles qu’elle avaient dans la main et se dirigea vers les cabines. Se regardant dans un ensemble en dentelle, elle ne pu s’empêcher de constater que cette marque faisant vraiment de la lingerie magnifique. Après avoir poser les articles sur le comptoir et fait un léger signe de tête à la vendeuse en guise de bonjour, Setsumi leva à nouveau la tête vers l’écran sur le mur. Il passait désormais des morceaux des différents défilés des années précédentes. Alors qu’elle tendait sa carte de crédit, elle eut un sourire en coin en voyant les extraits de celui de Tokyo. La vendeuse suivit son regard et fit plusieurs allers-retours entre la télé et Setsumi. Un O parfait se dessina sur sa bouche et ses yeux s'écarquillèrent. Set' lui répondit par un sourire du genre : "et bah oui". La caissière mit le ticket dans les sacs et les tendit à la jeune fille :

- "Ce fut un plaisir mademoiselle."

Setsumi lui répondit par un autre signe de tête. A peine sortie du magasin, elle prit son portable et composa le numéro de son manager. Elle tomba sur sa secrétaire et poussa un soupir. Les deux jeunes femmes ne pouvaient pas se sentir depuis leur première rencontre. Et leurs rapports s'étaient encore plus dégradés le jour où Tomiki avait eu le malheur de désigner une photo de Lun en disant qu'elle en ferait bien son quatre heure. Depuis ce moment, Setsumi éprouvait une haine profonde envers l'employée de son manager, et cette dernière, jalouse de la vie de Set', le lui rendait bien.

- "Dîtes-lui que je veux absolument recommencer l'expérience du défilé Desira cette année et que je veux être mise en contact avec les responsables marketing pour savoir si il est possible d'établir un contrat publicitaire avec eux."

Sans un remerciement, elle raccrocha et balança son téléphone au fond de son sac. Elle n’avait pas envie de rester des heures dans cette foule de gens et des regards indécents des garçons qu’elle croisaient. Elle marcha d’un pas vif vers la boutique de chaussures et dès son entrée, commença sa quête de la paire parfaite. Son appel à Tomiki avait dirigé ses pensée une fois de plus vers Lun. Tout en tournant les modèles d’exposition entre ses doigts, Setsumi se dit que les talons l’avaient bien aidée avec sa différence de taille non négligeable avec Lun. Quoiqu’elle aimait beaucoup se réveiller le matin, enfiler une des chemises du jeune homme et se hisser sur la pointe des pieds pour lui dire bonjour.
Elle secoua la tête pour chasser cette pensée complètement futile et se remit plus sérieusement à sa recherche. Mais après de longues minutes à fouiner dans chaque recoins du magasin, il fallut se rendre à l’évidence qu’elle ne trouverait rien.

L’exaspération et un début de colère prirent le pas sur sa fatigue. Elle n’avait pas le temps de passer des coups de fil à ses amis designers du coin et de courir essayer des modèles dont la couleur serait sûrement mauvaise. Tournant la tête désespérément pour trouver une aide salutaire. D’un seul coup, une tête blonde apparut dans son champ de vision. Sous l’effet de surprise, elle recula légèrement. Un garçon avec une tignasse bouclée lui souriait calmement.

- "Excusez-moi de vous déranger, mais voilà... Mon amie là-bas, aimerait beaucoup avoir un autographe si c’est possible.

- Heu oui bien sûr. Attendez."

Avoir des bouts de papier et des stylos était devenu une obligation, bien que des fois, elle n’avait aucun regret à raconter qu’elle n’avait rien sur elle. Elle tendit la feuille au jeune homme et le regarda rejoindre sa copine qui lui adressa un timide signe de la main. Les nerfs à fleur de peau, Setsumi se laissa tomber sur un des bancs en fer et se prit la tête entre les mains pour essayer de se calmer.

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Jamais Lun n'avait imaginé qu'il pourrait un jour être autant fatigué par Setsumi. Pourtant la jeune fille n'y était pour rien. Aussi loin que remontait les souvenirs de Lun dans l'académie Keimoo, Setsumi n'était pas loin. Elle était devenue son amie. Pas une amie comme Miu ou comme Luc. C'était d'autres sentiments un peu plus compliqués, bien plus ambigu à comprendre. Lun se souvenait de la tenue qu'elle portait la première fois qu'il l'avait vu. Un observateur crétin aurait sans doute vu qu'une simple robe blanche avec une veste cintrée à la taille. Ce n'était pas le cas. C'était une robe haute couture d'une collection qui n'était pas encore en vente. Lun ne se doutait pas que la couleur blanche de cette robe deviendrait un linceul pour son cœur d'idiot.

Ce jour-là, le portable trop high-teck de l'adolescent affichait vingt-trois heures et douze minutes . La jeune fille était adossée contre la porte d'un salon de haute couture dont Lun ignorait tout mais où une photographie d'un homme célèbre était affiché. Un dénommé Kotebe …, à son souvenir.
La jeune fille était en train de fumer une clope d'une marque que le jeune homme n'avait pas identifié. Il s'était rapproché de la belle inconnue, rapprochant son visage d'elle. Le temps d'allumer sa clope avec la sienne.
Un mot, son prénom. Un autre, le sien. Une nuit. Des baisers, des hanches nues qu'on soulève, un corps qu'on sert contre soit. Une poitrine qu'on embrasse, une peau qu'on découvre. Des hanches indéfinissables et des jambes sans fins.
Un mot, puis deux. Puis trois. Autant de nuits d'amours. Puis les jours deviennent des semaines. Les Les semaines deviennent un mois, le mois en devient deux.

Lun était peut-être tombé amoureux à l'instant où leurs lèvres s'étaient touchées. Tellement de bars, de soirées, ensuite. Pour ensuite devenir fou de jalousie. D'autant qu'il était incapable d'être fidèle, trop occupé à penser à Cassandra et les bébés. Incapable de ne pas jalouser ses amants que Set aime tant avoir en compétition et rafler la mise.
Il l'avait quitté pour ne pas la perdre. Il l'avait perdu. Set' n'était plus disponible pour lui. Lun avait bien conscience qu'il devenait paranoïaque et que sa jeune amie n'était certainement pas en train de le boycotter. Comment en être certain ? Peut-être qu'il n'était plus assez bien pour elle.
Peut-être qu'un populaire de lycée ne valait pas un mannequin de renommé mondiale. Tellement de célébrités qui pourrissent son entourages. Tellement de frivolité.

Regardant l'écran de télévision dans la boutique de lingerie où il se trouvait, Lun ne fut qu'à moitié surprit d'y voir Setsumi. Quelques part comme Lanaru, il la perdrait. Il la perdrait quand le strass et les paillettes l'auraient avalé.

Lun n'était pas allé à la boutique de lingerie pour voir son amie. Ce n'était pas par hasard, qu'elle y rentra quelques minutes plus tard. Le garçon ne savait pas même qu'elle était là. Il accompagnait une amie, un peu gonflante. Sa camarade ne cessait de lui demander des avis sur des tenues auquel Lun n'avait que des avis mi-figue, mi-raison. Pas parce qu'il était comme certains hommes, incapable de donner son opinion mais parce que la femme avait des goût franchement très étrange.
Qui voudrait porter des sous-vêtements totalement transparent ? Ou des sous-vêtements avec des têtes de singes ? Lun ne voyait pas l'intérêt d'avoir une image de banane sur son string. Et surtout, il n'affectionnait pas plus que ça les string.
Effectivement, Lun était plus du genre tenue simple. Évidemment, il ne voyait rien de sexy dans la culotte en coton, il ne fallait pas exagerer : mais c'était toujours plus adorable à ses yeux qu'un strin mal ficelé. Sans mauvais jeux de mot.
Azuka était une belle femme d'une trentaine d'années. C'était la sœur du tuteur à Lun, et elle avait l'habitude de passer du temps en compagnie du jeune Marv.
Elle appréciait ses points de vue, mais surtout : elle aimait s'afficher avec un joli garçon. C'était très appréciable.

« Lun, et celle-là ? » Questionna joyeusement la femme.

Cependant Lun ne lui répondit pas. Son regard grandissant en voyant Set' rentrer dans la boutique. C'était bien sa veine. Contrairement à d'autres garçons qui auraient été ravi de la voir tirer une tête jalouse, Lun n'aimait absolument pas ça. Son but n'était en aucun cas de provoquer sa camarade, d'autant qu'il avait besoin de lui parler.
Il n'était pas question de lui donner des cartes.

Le jeune homme qui était bien habillé pour une fois avec un pantalon luxueux, une chemise et une veste, ayant même poussé le vice pour faire plaisir à son amie à porter une cravate évidemment qu'à moitié mise qui lui donnait un air de faux mannequin.
Sans aucun doute, Set l'aurait remarqué tout de suite, si Lun ne s'était pas dissimulé dès son arrivé.

Aussi prit-il le soin de rabattre légèrement son béret français au motif anglais sur sa tête et de se dissimuler derrière un présentoir en posant un doigt sur ses lèvres. Ce qui attira un sourire de la part d'Azuka, qui se rapprocha de lui tout en surveillant légèrement du regard la jeune mannequin. Le jeune homme avait ramené depuis le matin tous ses cheveux dans son béret, il fut soulagé de ce fait. Une fois bien habillé avec les cheveux court, et de dos, il était un peu moins reconnaissable.

Il n'irait tout de même pas tenter le diable en se montrant maintenant qu'il était caché.

« Tu la connais pas. »
« … Pose pas de question. » Marmonna l'anglais.

Setsumi passa dans le magasin prenant quelques marques avant de disparaître, sans nul doute pour essayer ses achats Lun soupira de soulagement. Prenant la main d'Azuka dans la sienne, il l'attira en dehors du magasin malgré ses protestations pour acheter au moins sa tenue. Elle rit en disant qu'il payerait cette audace mais Lun s'excusait déjà tout en lui demandant de partir.

« Je te téléphone plus tard. »
« Tu veux attendre ton amie ? »
« On peut dire ça comme ça. »

Laissant partir la sœur de son tuteur, Lun alla tranquillement jusqu'à un fleuriste. Tout en parlant à ce dernier, il attendit que Set sorte du magasin pour la filer. Il n'était pas dans le club de photographie pour rien.

Après avoir passé un coup de téléphone, elle rentra dans une boutique de chaussures. Lun la suivit du regard en train de s'énerver à en trouver aucune paire qui lui allait. Il connaissait cet aspect de Set quand rien n'allait comme elle voulait.
Et pourtant, tout cela n'avait aucune importance. Elle était divine, que ce soit nu ou en talon. D'autant que Lun aimait lorsqu'elle était en tenue d'Eve ne portant qu'une de ses chemises et qu'elle était obligée de s'accrocher à lui pour l'embrasser.
Il aimait alors passer ses bras autour de ses hanches, et contrairement à un pervers qui en aurait profiter pour passer sur son fessier vulgairement, lui effleurer le dos afin de la faire frissonner contre lui. Avant de lui demander taquin si elle était en train d'attraper froid.

Un jeune homme aux cheveux bouclés se rapprocha de Set. Il lui demanda un autographe. Cette dernière le fit rapidement, sous les remerciements agaçants du blondinet frisés.

Lun en profita pour s'approcher doucement de Set, passant le bout de son doigt sur la nuque de son ancienne amant, il demanda doucement, tout en offrant un lys blanc à la jeune femme :

« Pourrais-je également avoir un autographe ? »

Lun embrassa doucement Set essayant de ne pas être contrarié. Il l'était. Il avait téléphoné une bonne centaine de fois à l'agence depuis son départ à Londres et une bonne centaine d'autres fois depuis son retour.
La secrétaire de Set avait toujours une très bonne excuse.

Elle est occupée. Elle ne souhaite pas être dérangée. Elle n'est pas là pour l'instant. Oui, je lui ai transmit votre message, elle a essayé de vous téléphoné mais ça ne répondais pas. Navré, mais elle ne peut être jointe. Désolé, mais elle est sorti avec un amant. Un ami. Le manageur. Des amants. Un flic. Un camarade.

Elle est fatiguée. Elle dort. Elle …

Lun avait finit par croire que Set ne voulait pas lui parler. Il ne pouvait pas se douter qu'il y avait un conflit entre la secrétaire de l'agence et Set. D'autant qu'il avait perdu le numéro de Set et qu'il l'avait redemandé à l'agence. La secrétaire lui avait alors dit que Set n'avait plus de portable.

En y pensant, Lun l'avait bien vu avec un portable tantôt ?

Tentant de ne pas avoir l'air trop contrarié, l'anglais se recula. Le visage un peu plus froid à ses mauvais souvenirs.

« Je te dérange peut-être cela dit. » Déclara sèchement l'adolescent, en s'asseyant sur le banc dans la boutique.

Au final, il avait peut-être fait une erreur en allant l'aborder. Elle devait avoir des tonnes d'autographes à signer et de mannequin à voir.

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Setsumi pestait intérieurement. Elle n'arrivait pas à croire que sa tenue ne serait pas parfaite parce qu'elle était trop têtue pour prendre une des sublimes robes qui attendaient dans sa penderie au lieu de se stresser à trouver une paire de chaussures de la même couleur. Mais bizarrement, pour ces soirées avec Kotebe, elle avait toujours porté des tenues softs, de très grandes classes et aux couleurs simples. C'était lors d'une de ces fêtes qu'elle avait croisé pour la première fois le chemin de Lun. Il l'avait abordé d'une manière si séduisante qu'elle n'avait pas pu résister. D'ailleurs, elle n'avait pas eu non plus le courage de lui dire non pour la suite du programme qu'il lui réserva pendant le reste de la soirée. Quand elle s'était levée ce matin là, elle avait regardé sa robe blanche qu'elle avait portée la veille d'un air absent. Le peu qu'elle avait pu connaître de ce garçon lui plaisait déjà. Cette passion, cette douceur, ce nouveau dans sa vie l'avait emballé. Depuis, par superstition et par espoir, elle portait le même genre de tenues aux soirées de Kotebe. Ce genre de tenue qui avait charmé Lun. Setsumi en avait connut des hommes avant ce garçon, elle avait brûlé la vie par les deux bouts, enchaîné les fêtes, goûté à tous les vices. Elle n’avait qu’à claquer des doigts et une vingtaine de briquets apparaissait pour lui allumer sa cigarette. Si elle avait repéré un garçon lors d’une soirée, il lui suffisait de jouer avec la cravate de ce dernier pour se retrouver à faire l’amour, appuyée contre le lavabo des toilettes. Les hommes aiment son côté libéré, voire chienne. Mais ils la consomment aussi vite que l’attirance qu’elle a eu pour eux part. C’est maintenant, tout de suite. Contre le capot de la voiture, à quatre pattes sur le siège arrière. Ce serait mentir de dire que qu’elle n’y prend aucun plaisir, elle aime ça, ça se voit, ça se sent. Mais avec Lun, elle avait le temps, les mots, la complicité. Et même si ils se séparaient le matin, c’était au moins ça.

La tête entre les mains, Setsumi inspira lentement comme pour essayer d'attraper une odeur appartenant au passé. Mais se fut une senteur à laquelle elle ne s'attendait pas qui lui chatouilla les narines. Avant même qu'elle puisse chercher d'où cela venait, qu'une personne lui caressa le cou et fit apparaître un lys devant ses yeux.

"Pourrais-je également avoir un autographe ?"

"Lun ?!"

Set' regarda, étonnée, le garçon devant elle et le laisser l'embrasser. Elle ne put s'empêcher de le contempler plusieurs fois de la tête aux pieds. Lun avait une classe naturelle et un charme fou, c'était indéniable. Mais Set' s'était souvent battue avec lui pour essayer de le rendre un peu plus chic et plus regardant sur l'image qu'il pouvait donner. Elle ne comptait plus le nombre de fois où Lun avait claqué la porte de sa chambre ou s'était vautré sur son lit en prenant un magazine quand elle s'agitait dans tous les sens pour lui faire essayer une veste ou une chemise. Elle l'entendait encore crier énervé : "Bon sang Set', arrête un peu ces conneries ! C'est ridicule !"
Et là, se trouvait devant elle un Lun, habillé exactement comme elle l’avait toujours rêvé. Pour une surprise, les choses n'étaient pas faites à moitié. Cela faisait un moment qu'elle voulait revoir son ami mais son téléphone semblait refuser d'afficher un appel ou un message avec le nom de Lun. Après les séances photos ou un rendez-vous, elle demandait régulièrement à Tomiki si Lun n'était pas venu la chercher à l'agence. Des réponses toujours négatives. A croire que c'était ce qu'allait devenir leur relation ; négative. Peut-être l'était-elle déjà par certains aspects. Même si ils se complaisaient à l'intérieure de celle-ci, il fallait avouer qu'elle était loin d'être saine. Ils étaient trop attachés à l'un à l'autre, trop possessifs, pour que leurs conquêtes respectives et leurs quelques nuits d'amour ne les détruisent pas et créent des disputes entre eux. Avec les années d'expérience, Set' savait reconnaître quand quelque chose était mauvais pour elle ou sa santé mentale, mais comme avec bien d'autres addictions, elle n'était pas prête à laisser Lun partir. C'était un choix purement égoïste, comme pratiquement tout ce que faisait Setsumi. Elle ne lui rendait pas sa liberté uniquement pour elle. Pour ne pas se sentir seule, ne en manque de cette complicité, de cette facilité à être en compagnie d'une personne. Avec les autres, du moins beaucoup d'autres, tout était compliqué. Elle n'arrivait pas à expliquer pourquoi. Sa rencontre avec Lun et le chemin qu'avait pris leur relation lui étaient tombés sur la gueule sans qu'elle n'y comprenne rien. Et elle n'avait pas cherché plus loin.

"Je te dérange peut-être cela dit."

Elle le regarda s'asseoir à ses côtés, un sourcil haussé face au ton qui était sorti de la bouche de Lun.

"Ne sois stupide."

Elle n'aimait pas du tout sa façon de se comporter. Si il avait des soucis, elle n'allait pas accepter d'être son exutoire. Ils se voyaient si peu ces derniers temps qu’elle n’allait pas le laisser plomber leurs moments ensemble. Mais piquée dans sa curiosité, comme Lun savait le faire, Setsumi se demanda ce qui pouvait mettre d’aussi mauvaise humeur le jeune homme. Elle observa attentivement Lun et fut encore une fois frappée par la tenue qu’il portait. Set’ l’aurait volontiers dévoré des yeux si une idée ne venait pas de germer dans son esprit. Ils n’avaient pas prévu de se voir, ce n’était donc pas en son honneur qu’il avait fait un effort pour s’habiller ainsi. Il n’avait pas de pochette qui aurait pu indiquer qu’il sortait d’un entretien professionnel. Il ne se rendait pas non plus à un de ces rendez-vous sinon il n’aurait pas pris le risque d’arriver en retard en discutant avec elle. Restait la dernière hypothèse, qui mettait les nerfs de Set’ à vif. Élégant, récemment avec des fleurs à la main et apparemment contrarié. Elle était prête à parier qu’il attendait quelqu’un.

"Mais c’est peut-être moi qui dérange", dit-elle sèchement.

Il était capable de trouver du temps pour une de ses conquêtes mais elle, Milady, devait attendre bien sagement ses appels et de tomber par hasard sur lui dans un centre commercial. Il n’en valait pas plus pour faire bouillir le sang de Set’.