L'envers du décor [Kaede&Jun]

May your Wish come true
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L'envers du décor

Coup d’œil sur la montre, et petite montée de tension.
Quelle surprise… le temps passe parfois un peu vite. Trop vite.

*Merde. J’ai pas vu l’heure tourner…* -Attends Kana, ‘faut que j’y aille. On s’retrouvera demain ok ? Euh… où est-ce que j’vais ? …J’dois voir Jun.
*’fin… j’suis censé déjà être là dpuis longtemps en fait. Merde.*

Hâtant le pas, Kaede secoua imperceptiblement la tête. Jetant un énième coup d’œil sur son portable –plus de nervosité qu’autre chose-, le gothique se mordilla l’intérieur de la joue ; connaissant Jun… se pouvait-il que ce dernier se trouve encore au lieu convenu depuis quelque jours déjà ? Populaire frivole et pas du tout le genre à se taper quelques heures -ou plutôt des minutes- d’attente… D’un autre côté, ce garçon -dont la majorité à Keimoo rêvait d’attirer l’attention-, oui, ce fameux Jun Masato dont il entendait le nom au moins une dizaine de fois par jour dans les couloirs… n’était autre que son meilleur ami. Et pire –ou mieux- encore ; son amant en même temps. Véritable casse-tête quant il s’agissait de l’expliquer, mais aussi clairvoyante qu’une eau transparente, c’était une relation qui avait fini par se tisser, de fil en aiguille. Alors bien sûr, tout le monde ne le voyait pas du même œil ; mais comme à l’ordinaire, les deux amants n’en n’avaient cure, et pour l’instant, les rumeurs n’avaient pas encore explosé. Autant en profiter.

A la seule pensée de Jun, un sourire traversa instantanément le visage narquois du jeune homme. Par contre, l’idée d’une place vide là où leur rendez-vous était fixé acheva ce court instant de bonheur pour ramener une mine plus revêche. Le truc de se dire qu’il allait arriver en retard, –ou plus exactement qu’il l’était déjà depuis presque deux heures- avait un aspect quelque peu… stressant. Quant avait-il manqué à un rendez-vous de ce genre la dernière fois ? Avec Jun, jamais en fait. Bon sang ; il fallait croire qu’il y avait un début à tout. Jun, tu seras là… hein ? J’arrive.

Mais comment avait-il pu oublier la notion du temps ? Dire qu’il l’avait vu avant-hier à peine. Il fallait avouer que depuis la rentrée des vacances, il avait fait une rencontre plus que surprenante, et que cette rencontre-là l’avait un peu préoccupé. Pour ne pas dire complètement… Quel idiot. En même temps, comment faire la part des choses ? C’est qu’elle n’était pas n’importe qui en fait, Kana. Ou peut être qu’il se trompait du tout au tout. Repoussant la porte, Kaede se dit qu’il avait le don de cumuler des rencontres aussi hasardeuses. Pensée qui se dissipa aussi vite, alors que son regard tentait de voir si…

Il était là.

Bon sang, toujours aussi classe, toujours aussi… Jun. Sans s’en rendre compte, le jeune homme aux cheveux de bataille s’immobilisa pendant quelques secondes, le temps que son cœur reprenne un rythme à peu près normal. Son blondinet lui laissait encore le même effet, avec cette même puissance, cette même passion déroutante. Peut être parce qu’il avait un peu accéléré le pas… peut être parce qu’il avait couru sur ses derniers pas ?

Combien de temps Jun était-il resté là. Avait-il eu l’audace d’arriver en avance aussi ? Bouge Kaede. Est-il en colère ? Derrière ce regard bleu… Pendant une fraction de seconde, la musique semblait s’être arrêtée ; il l’effleure, ils s’effleurent. C’était peut-être qu’il n’a envie d’entendre que le son de sa voix. Pour lui tout seul. Il l’enlace, et tant pis s’il songe à le repousser.

-Je… Tu t’mets à boire sans moi maintenant ? fit le retardataire, tout près de l’oreille du blondinet. Si ce début avait sonné comme un ton de reproche Kaede eut un soupir intérieur, de soulagement. En fait, il avait cherché à s’excuser ; mais le mal avait déjà été fait alors à quoi bon ? Resserrant davantage son étreinte, le gothique laissa traîner le bout de ses lèvres sur la peau douce du cou de son partenaire. Avant de se redresser et de croiser son regard.

-J’voulais vraiment pas arriver en retard… j’aime pas t’faire attendre, tu sais… *Mais je l’ai fais quand même. Quel crétin.*

Commandant un verre au barman d’un air distrait, Kaede se passa rapidement les mains dans les cheveux ; signe d’embarras. Comment présenter des excuses… au mieux ? Tu m’en veux ?

*Bah oui bien sûr, qu’il en a après moi.* –Erf… J’ai été un peu retenu par… ‘fin bon désolé… marmonna-t-il entre les dents.

-Ahem… ça va aller ? T’as les joues rouges… *Bon sang, il s’en est enfilé combien ?*

La sensation de sentir le regard de Jun sur lui commença à faire planer un certain doute. A moins que ce ne fusse qu’une impression.

Oui il était là... Comme un idiot, se disait-il, à attendre quelqu'un qui avait maintenant deux heures de retard. Il devrait partir, rentrer à l'école, pour faire passer à Kaede l'envie de se pointer à un rendez vous en retard, vraiment très en retard. Il avait finalement attendu plus d'une demi-heure, accroché à une infime espoir qu'il insultait à chaque moment où la porte s'ouvrait sur quelqu'un d'insignifiant et non sur son amant. Plusieurs fois, Jun sentit sa main trembler et il dût la resserrer sur autre chose que son verre pour éviter de le voir exploser. Nerveusement, ou plutôt furieusement en réalité, Jun tripota le bas de son t-shirt, s'observant lui même avec un intérêt non feint. La simplicité ne faisait pas partie de sa tenue ce soir, et en réalité, il s'était habillé de cette façon pour son amant, enfin d'abord pour lui puisqu'il s'habiller toujours pour lui, mais aussi pour voir la tête de Kaede, ce qui expliquait pourquoi il était, au goût de certain, moins vêtu que de raison. En effet, il arborait un éternel jeans noir, bien noir et assez serré, reposant un peu au dessous des hanches, orné d'une ceinture à pointes, pour une fois simple dirons nous. Les menottes éternellement accrochées aux passants de sa ceinture et ses chaussures remontant à mi-mollet recouvrait le bas du pantalon serré autour de la cheville. Tout un attirail pour souligné la silhouette filiforme du jeune homme. En haut, craignant d'avoir trop chaud surement, Jun avait opté pour un t-shirt rouge qui arborait fièrement sur le devant, le dessin d'une poupée de chiffon aux yeux et à la bouche cousue arborant un beau sourire pour le moins inquiétant avec un très joli message surement engageant « Come on, I'll be gentle. ». Bref tout pour faire rire, d'ailleurs l'ambiance de son t-shirt, qui avait au départ si bien fait le contraste entre sa luminosité et sa bonne humeur, devait, maintenant, de plus en plus refléter le fond de sa pensée. Le haut s'arrêtait au dessus du nombril, laissant voir une belle et large bande de peau du bas des côtés jusqu'en dessous des hanches, ainsi que les deux petites boules en argent qui ornés le nombril du populaire. Il avait remis sa veste un peu plus longue que le t-shirt, pensant finalement partir, noire, coupée dans un beau cuir, un grand col relevé jusqu'au dessous des yeux et fermer seulement en bas, juste au dessous du percing. Finalement elle n'avait servit à rien car il ne se levait toujours pas en pensant avec avec cette foutue confiance que Kaede allait passer la porte.

Et finalement, ô miracle ! Le gothique apparut à l'entrée de la salle qui commençait à se remplir correctement. Jun le fixa un moment, ils s'étaient vu, le cœur du blondinet rata un battement puis rattrapa son retard à une allure folle alors que le jeune homme se crispait sur son fauteuil et reportait son attention sur son verre comme s'il n'avait rien vu, le laissant s'approcher sans faire un mouvement hormis celui d'aller tripoter la chaine accrochée à plusieurs anneaux à son oreille. Du coin de son œil droit, à la lueur sombre dût à sa mauvaise humeur, Jun observa son meilleur ami et amant s'approcher, le visage à moitié caché par le col en cuir. Il relève le menton lentement, le laissant s'approcher et le toucher, l'effleurant à son tour. Il est heureux de le voir, trop heureux, d'ailleurs pendant un instant, Jun se mit à craindre pour la crédibilité de sa colère car son cœur semblait vouloir le pousser à lui sauter au cou, ce qu'il aurait fait si monsieur ne s'était pas autant fait attendre. En sentant ses bras se refermer autour de lui cependant, Jun sentit ses muscles se décontractés et il se serra légèrement contre lui en attrapant d'une main le bas du t-shirt de Kaede.

« Je… Tu t’mets à boire sans moi maintenant ? »
- Disons qu'il faut bien s'occuper... Je me serais desséché si je t'avais attendu pour commencer...

Il regardait un point quelconque quand sa voix claqua un peu froidement tout près, à son tour, de l'oreille du gothique alors que celui ci resserrait son étreinte et que Jun aussi raffermissait sa prise pour qu'il ne lui prenne pas l'envie de reculer. Tout en ayant envie qu'il reste près de lui, Jun n'avait pas envie de lui pardonner son retard et pourtant, il savait pertinemment que ce n'était qu'un retard et que ce n'était pas grave et que maintenant qu'il était là, il devait juste profiter de sa présence, de ses lèvres dans son cou qu'il le firent frémir.

« J’voulais vraiment pas arriver en retard… j’aime pas t’faire attendre, tu sais… »
- En retard ? Non... disons que tu as pris ton temps., répliqua le blondinet, les lèvres pincées pour accompagner sa moue de reproche.

Il fit un geste à son tour pour indiquer au serveur qu'il voulait lui aussi un verre, la même chose que depuis le début, il ne s'en souciait pas, il trouvait juste sa gorge un peu sèche et irrémédiablement nouée, tout comme son estomac. Il y avait tout de même un progrès dans cette discution, c'était le fait Jun ne reste pas totalement muée comme une tombe à fixer d'un œil furieux son Kaede, comme il avait l'habitude de le faire avant. Aujourd'hui il exprimait sa colère avec des mots, c'était tout de même plus pratique, quoique par forcément plus agréable pour le gothique. Jun songea avec un temps de retard que c'était probablement l'alcool qui le poussait à dire ce qu'il avait sur le cœur mais comment en être vraiment sûr. D'ailleurs pour le coup, Jun aurait préféré reprendre cette habitude de ne rien dire, attendre un peu en silence puis sourire et dire quelque chose comme « C'est pas grave, t'es là maintenant. ». Mais visiblement, il ne pouvait pas.

« Erf… J’ai été un peu retenu par… ‘fin bon désolé… »

Jun passa son regard inquisiteur sur son amant, le voyant gêné et regrettant un peu sa colère durant quelques secondes, pourtant en entendant cette phrase d'explication trop tôt inachevée, le blondinet fit l'impasse sur la dernière question de Kaede et attrapa le verre qu'on lui avait posé sous le nez pour le porter à ses lèvres avant de le reposer le plus doucement possible. Il attendit un peu puis au bout d'un moment, il prit la main de Kaede dans la sienne, prenant son verre dont il bu la moitié d'une traite et se leva pour entrainer son amant dans un coin de la salle plus ombre et tranquille, s'installant sur un petit canapé rouge et arrondit autour d'une petite table basse où il posa le verre et prit des mains celui de Kaede pour le poser à son tour. Puis il reprit, loin d'avoir oublier la discution.

- Tu as été retenu par ? Qui ?... Par quoi ?... Qu'est ce qui s'est passé pour que j'ai attendu 2heures sans même que tu me préviennes ?

Sa tentative pour rester calme échoua, visiblement et sa voix se teinta d'un ton de reproche alors qu'il attrapait la main de Kaede, désirant surement l'engueuler tout en le touchant, parce qu'il avait besoin de le sentir tout près de lui. D'ailleurs, tout lui reprochant son retard, il se pencha doucement pour venir parcourir sa joue de ses lèvres, glissant discrètement le bout de sa langue lorsqu'il atteignit la commissure alors qu'il entremêlait leurs doigts. Puis il reprit, le visage diablement près de celui de Kaede, son œil visible détaillant son cou dans lequel il avait envie de mordre, ses lèvres qu'il voulait dévorer, ses bras où il désirait si violemment se blottir, ce visage qui était enfin devant lui. Il soupira puis recula un peu et s'appuya contre le dossier de son siège, basculant sa tête en arrière en fermant les yeux, il murmura.

- Tu étais encore avec cette fille ?

De nouveau il croisa le regard de son amant, une lueur malicieuse brillant dans son regard bleuté. Oui il savait que Kaede passait beaucoup de temps avec une jeune fille. Il ne les avaient aperçut qu'une seule fois mais quelques glousseuses- ou groupies- s'étaient fait la réflexion en les voyant plusieurs fois ensembles et une groupie est souvent assez bien informée malheureusement. Jun étant au milieu de la discution, il avait écouté sans y prendre part. Bref, il savait peut de choses là dessus mais il savait.

- Les filles sont très observatrices... Hiroyuki et..., comment ont-elles dit déjà... A...Arima... Arika..., Ariquelquechose quoi, sortent ensembles. On entend des choses quand on est populaire... J'ai bien rigolé.

Il souriait mais ce qu'il racontait n'avait pas l'air de beaucoup l'amuser. Le simple fait de savoir que Kaede pouvait être absorbé par une autre personne que lui, lui était intolérable. Oh il ne parlait aucunement de tromperie... Juste qu'il ne supportait pas, lui, l'amant, de passer après les amis, au point que Kaede ait des siècles de retard. C'était intolérable.

- J'ai rien contre tes amis Kaede... Mais si tu commences à les faire passer avant moi, je vais vite les trouver désagréable tu vois ?, reprit le garçon avec un sourire tendre même si la colère était toujours un peu présente et que les vapeurs brumeuses de l'alcool se faisaient ressentir.

Puis il attendit, se mordillant la lèvre. Il désirait ardemment une chose, que son amant le prenne dans ses bras et l'embrasse, lui prouvant ainsi, ou tentant de lui démontrer du moins, qu'il était encore important. D'ailleurs à peine son amant se fut assis qu'il vint immédiatement se rapprocher de lui.

« Disons qu'il faut bien s'occuper... Je me serais desséché si je t'avais attendu pour commencer... »
*Certes…*
« En retard ? Non... disons que tu as pris ton temps. »

Confus.
La remarque -un brin piquante- de ce dernier lui fit détourner le regard. Il l’avait senti, ce regard empreint de reproches. Et d’autres sentiments mêlés. Puis le populaire s’était concentré sur son verre, refusant pendant quelques instants, de faire face au visage de son amant. Kaede était arrivé en retard… et pas qu’un peu. Tous deux le savaient, et, si l’un tentait tant bien que mal de garder un calme des plus parfaits, l’autre, confus, ne savait par où et quoi commencer. S’assenant des insultes agacées à lui-même, le gothique finit par soupirer, intérieurement. A quoi bon de s’excuser ? Le mal avait déjà été fait. Le pire dans cette histoire, c’était peut-être bien que Jun l’avait attendu. Des heures durant. Quoique… peut-être que l’horreur aurait été que le blondinet quitte ce lieu de rendez-vous avant l’heure, et que le retardataire en question se retrouve confronté le lendemain, à un mur indéchiffrable et silencieux de son amant. Amant qui, par ailleurs, n’en n’était visiblement pas à son premier verre, au vue des plusieurs, déjà vidés. Kaede l’observa du coin de l’œil et haussa imperceptiblement des épaules lorsque le populaire lui prit son propre verre. Quelque chose lui dit que l’empêcher de se resservir ne serait pas forcément bienvenue. Ils étaient au bar pour boire… non ? Enfin, à quelques détails près. Il le surveillerait. Laissant Jun boire à son gré, Kaede venait de laisser échapper une bourde, -qu’il ne remarqua pas de suite-, se laissant entraîner dans un coin plus isolé. S’il était resté évasif sur le sujet, Jun semblait vouloir s’y pencher dessus, et, au contact de sa main s’agrippant à la sienne, la sensation d’une mini décharge électrique le surprit. La question qui s’ensuivit par la suite, le fit tressaillir.

« Tu as été retenu par ? Qui ?... Par quoi ?... Qu'est ce qui s'est passé pour que j'ai attendu 2 heures sans même que tu me préviennes ?

- Tu étais encore avec cette fille ?

- Les filles sont très observatrices... Hiroyuki et..., comment ont-elles dit déjà... A...Arima... Arika..., Ariquelquechose quoi, sortent ensembles. On entend des choses quand on est populaire... J'ai bien rigolé.

- J'ai rien contre tes amis Kaede... Mais si tu commences à les faire passer avant moi, je vais vite les trouver désagréable tu vois ? »

Les lèvres du blondinet tout près de sa joue. Un murmure, un reproche, un soupir. Jun souriait, mais ce n’était pas son habituel air malicieux qui transparaissait. Tenté de se laisser emporter par un début de frisson, Kaede s’était assis non loin de son amant, qui aussitôt, vint se rapprocher de lui. Le jeune homme aux cheveux de couleur neige s’était laissé faire, sans chercher à répliquer quoi que ce soit. Ce fut finalement la dernière phrase de Jun qui le fit réagir. Son retard avait l’air de l’inquiéter moins que la personne avait qui il était resté. Ainsi donc ses « quelques » moments avec la jeune intello n’étaient pas passés inaperçus. Etrangement Kaede s’en sentit contrarié. Non pas qu’il cherchait à cacher ce fait aux autres, mais d’infimes raisons rassemblées les unes les autres, l’amenait à ne pas ébruiter ses affaires. Du moins ce qu’il considérait comme étant « ses affaires »… De fil en aiguille, il s’était mis dans la tête qu’il ne dirait rien du tout, avant d’avoir une certitude sur son histoire. Et comment expliquer cet espèce de casse-tête à quelqu’un ? Lui-même avait encore du mal à se dépatouiller de tous les fils. Mais pour l’heure, Jun se méprenait du tout au tout ; et c’est décidément aujourd’hui que son meilleur ami avait décidé de se montrer sous son jour les plus bavards et curieux… Un brin trop peut-être ? L’idée des effets de l’alcool n’effleura pas encore le gothique.

-Mais j’fais passer personne avant toi ! s’exclama-t-il d’emblée, presque agacé et surpris par cette absurdité. -… D’toute façon, les populaires, ils entendent des potins de tout l’monde tout l’temps, non ? Et si les filles en question avaient été si observatrices que ça, elles auraient pas pensé à faire circuler ce genre de conner… d’idioties. *Jun… tu m’ferais pas espionner quand même ?*

Haussant ensuite des épaules avec désintérêt, Kaede secoua imperceptiblement la tête avant d’attirer son amant à lui. D’un index il releva légèrement le menton de Jun, pour capter son regard.

-… Même moi j’en entends tous les jours… fit-il d’un air amusé, effleurant lentement du bout des lèvres, celles de son amant. -…Est-ce que, franchement, j’ai l’air de sortir avec une certaine Ariquelquechose ? Tu vois, toi non plus t’y crois pas. *Manquerait plus que ça, tiens…*

Se redressant quelque peu du petit fauteuil où il était affalé, Kaede vida le fond du verre posé sur la table basse. Le bon point que le gothique parvint à extirper, c’était que son meilleur ami semblait se soucier de ses activités en dehors des moments où tous deux ne pouvaient se voir. Au point de s’en inquiéter. Ou d’en douter. Etait-ce là une pointe de jalousie ? Non… c’était trop improbable. Dans leur relation, c’était lui le jaloux possessif, ça, il le savait. Ils le savaient. Et, dans ce sens là, Kaede ne s’était jamais dis que Jun pouvait l’être aussi. Ne serait-ce qu’un peu… un tout petit peu. A peine. Du moins, sans le montrer. D’un geste presque instinctif, il attira son populaire contre lui, après avoir reposé le verre désormais vide.

-Bon ok, ça explique pas mon retard, c’est vrai. Il s’trouve que… commença-t-il en passant le bout de ses lèvres sur la peau dorée du coup de Jun.
-Il s’trouve que… j’ai été intercepté par le psy de l’école. *Hein… ? Quoi ?*

Cette phrase venait de sortir toute seule, d’un naturel surprenant.
Kaede se figea pendant une fraction de seconde, prenant conscience de son propos. Ce n’était pas ça qu’il voulait dire ; vraiment pas. Son cœur rata plusieurs battements et il mordilla peau douce de son amant pour tenter de déglutir ses propres paroles.

*Bordel mais quel… Kaede t’es vraiment un crétin. J’fais quoi là !*-Et l’heure a tourné plus vite que j’ai pensé... marmonna-t-il en reculant doucement sur le sofa. *… ça au moins c’est vrai. M’enfin Kaede tu t’rends compte de c’que t’as fais ? Bon sang !*

Mensonge… venait-il de mentir, juste à l’instant ? Il frissonna à cette idée. Pas à lui… pas à Jun.
En voulant passer au travers d’un sujet, il venait de s’embourber dans le mensonge à corps perdu. Pourquoi venait-il de faire la dernière des choses qu’il ne se permettait pas de faire avec son blondinet ? Sur le moment, Kaede se haït sincèrement d’avoir répondu. Tellement qu’il eu l’impression d’avoir un léger mal de tête. Et d’abord, va savoir pourquoi il avait choisi le psy pour prétexte… maintenant qu’il avait commencé, devait-il s’enfoncer davantage dans son mensonge ? Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité. Pourtant, c’était venu si spontanément… de manière irréfléchie. Qu’allait-il lui dire ? Pendant un moment, Kaede fit mine de regarder ailleurs. Il était juste incapable de soutenir le regard de Jun. Sa main, quant à elle, se crispa sur celle du populaire.

-…c’est tout. M'enfin… te fait pas trop d'bile... pour Arissa, j'veux dire. C'est qu'une première année capricieuse. bougonna-t-il, mécontent de lui-même.

Lorsqu'il eu terminé de déballer un flot de reproches, mêlé à des questions, des déclarations, il avala d'une traite la moitié de son verre. Il tenait beaucoup mieux l'alcool depuis les soirées bien arrosées dans lesquelles il perdait pas mal de souvenirs en se levant le lendemain matin. L'art d'être avec des amis qui ont la descente facile. Mais là, il avait commencé à boire après la première demi-heure d'attente et si sa tête lui disait d'arrêter, sa mauvaise humeur le poussait à continuer. Et puis de toute façon, il faisait confiance à Kaede. S'il lui prenait soudainement l'envie de se transformer en stripteaseur sur bar, il savait le gothique, au vue de sa possessivité maladive, le ferait descendre illico presto. Peut être même qu'il ne le laisserait pas quitter son siège.

Alors, sous l'effet de la boisson surement, il s'était inquiété de savoir avec qui Kaede avait passé du temps. Craindre une quelconque tromperie ? Il aurait pu mais ce n'était pas son genre, du moins c'était enfouit trop profondément en lui pour qu'il le laisse transparaitre maintenant. Non, il voulait juste voir l'excuse qu'allait lui servir son amant pour qu'il consente à pardonner son retard, même si au fond, celui ci était pardonner dans un sens, car Jun estimait la faute bien moins grave que la sienne. La colère ferait place à l'agacement et ce serait tout. Pas de scène, du moins s'il Kaede arrivait à trouver quelque chose de valable pour sa défense, sinon Jun lui ferait regretter de l'avoir fait attendre. Alors il attendit que les explications viennent.
Il ne s'attachait pas aux rumeurs et ne les écoutait que d'une oreille, pour les oublier tout de suite après, que ça le concerne lui ou quelqu'un d'autre, il ne trouvait en elles que peut d'utilité. D'ailleurs il savait de source sûre que bientôt, on parlerait d'un amant de Masato Jun. Mais là encore il ne s'en souciait pas, il aviserait en temps voulu, pour le moment il ne s'occupait que de celle qui concerné son amant, et encore... avec un intérêt réduit. Si finalement, il avait porté plus d'intérêt que prévu à cette fameuse Arissa, c'était parce que voir le gothique, habituellement si renfermé, passer énormément de temps avec une jeunette l'avait beaucoup intrigué pour qu'il finisse par se dire qu'il y avait baleine sous gravillons. Pas dans le mauvais sens du terme, d'ailleurs Kaede avait totalement le droit d'avoir des amies, plus jeunes, là n'était pas le problème. Seulement au fond de lui et plusieurs fois dans les semaines qui avaient suivit les vacances, Jun c'était demandé si Kaede assumait entière, dans sa tête, le fait d'être amoureux d'un garçon, chose qui pouvait ne pas forcément être évident pour tout le monde. Pour Jun oui, pour les autres, pas forcément. Quoi que d'un côté, Kaede n'avait pas à se plaindre, sa position de ''dominant'' n'avait pas vraiment été remise en cause ^^°. Alors partant de là, il s'était interrogé sur la nature de la relation entre son amant et cette jeune fille dont il avait entendu parlé, notamment en ayant jeté un coup d'œil sur les noms des fouineurs de Keimoo, les membres du journal de l'académie. Seulement impossible de se rappeler de son nom sur le moment.

« Mais j’fais passer personne avant toi ! … D’toute façon, les populaires, ils entendent des potins de tout l’monde tout l’temps, non ? Et si les filles en question avaient été si observatrices que ça, elles auraient pas pensé à faire circuler ce genre de conner… d’idioties. »
- C'est vrai on entend des tas de choses... Et honnêtement d'habitude je ne m'en occupe pas.

Devant l'attitude désinvolte de Kaede, Jun dût bien s'avouer que ces remarques étaient idiotes et qu'il n'aurait pas dût s'en occuper. Faire comme d'habitude et continuer à songer que rumeurs et ragots n'étaient que foutaises qui ne devait pas atteindre une personne comme lui, une personne spéciale, qui avait d'autres problèmes à régler que « X a couché avec Y pourtant j'étais sûre qu'il était hétéro. ». Et pour ce qui concernait Kaede à l'instant, il désirait juste savoir pourquoi il venait de passer pour un idiot, tout seul, et pourquoi il n'avait pas pu le prendre dans ses bras à l'heure prévue. Laissant Kaede relever son menton pour plonger son unique oeil visible dans son regard, Jun laissa échapper un soupire résigné et à la remarque de Kaede, il rougit devant son inquiétude idiote alors que les lèvres de son amant venaient effleurer les siennes. Il tenta de les happer fermement mais déjà, Kaede reprenait, laissant le blondinet sur sa faim. Heureusement, le garçon se rattrapa bien vite en revenant chercher le populaire, qui passa un bras autour de sa taille pour se caler contre lui. Jun frissonna, les yeux rivés sur son verre.

« Il s’trouve que… j’ai été intercepté par le psy de l’école. »

Le blondinet n'avait pas réagit. Enfin si, en réalité il éclata de rire et se calma bien vite lorsque Kaede vint taquiner sa peau dorée de ses dents, fermant les yeux un instant en griffant légèrement la hanche du gothique à travers le tissu de ses vêtements et continuant de gratouiller gentiment.

- Le psy hein ?, marmonna le blondinet avec une moue d'enfant gâté à qui on a refusé d'acheter un nouveau jouet. J'les aime pas. (^o^)

« Et l’heure a tourné plus vite que j’ai pensé... »
- Certes... J'avais remarqué aussi., murmura le garçon en haussant les épaules, le reproche tintant encore dans sa voix.

Jun n'aurait pas bouger si son amant ne s'était pas crispé si soudainement. Il serra à son tour ses doigts sur la main de Kaede en relevant la tête, ayant effacé la moue qu'il avait affiché précédemment et fronça un instant les sourcils, décidé à chercher le regard.... fuyant ? du jeune homme. Sa voix, son attitude, attira le regard, trop investigateur, du blondinet qui posa s'empara de son menton pour lui faire tourner la tête vers lui.

« …c’est tout. M'enfin… te fait pas trop d'bile... pour Arissa, j'veux dire. C'est qu'une première année capricieuse. »

Jun haussa les épaules en l'entendant et relâcha son menton pour commander un autre verre sans pour autant s'éloigner des bras protecteurs de son amant.

- Je ne m'inquiètes pas. Penserais tu que je suis jaloux d'une gamine ?

Un sourire malicieux revint tinter et illuminer ses lèvres avec la plus grande facilité, comme si rien de tout cela ne s'était produit et que Jun avait tout oublier. Le garçon se pencha d'ailleurs pour happer plutôt goulûment les lèvres de Kaede afin de lui offrir un baiser digne de ce nom, se pressant contre lui avec un soupire d'aise et glissant le bout de sa langue sur ses lèvres pour demander au jeune homme de les entrouvrir. Jun fit durer le baiser longuement sans laisser le temps, à Kaede ou à lui même, de reprendre son souffle. Quand il se jugea rassasié du baiser qu'ils venaient d'échanger, le garçon recula et planta un oeil joueur dans ceux de son amant avant de se tourner vers son verre de nouveau plein et de le siroter du bout des lèvres, le regard brillant.

- Tu sais... mon père compte m'envoyer voir un de ces fameux psy... C'est devenu une obsession depuis qu'il nous a vu nous embrasser. Je crois que ça l'ennuie que j'aime les garçons.

Son attitude désinvolte en parlant de son père, accentuée par les effets de l'alcool, s'accompagna d'une moue méprisante alors qu'il fixait un point invisible en imaginant probablement y voir son père. Avalant la moitié du verre à une allure folle, il s'humecta les lèvres lentement en tournant la tête vers Kaede et lui offrir un divin sourire enjôleur.

- Ce qu'il peut être chiant pas vrai ?

Il pouffa et revint se loger dans les bras de Kaede.

- Et toi... qu'est ce qu'il te voulait ?

- Le psy...

« - C'est vrai on entend des tas de choses... Et honnêtement d'habitude je ne m'en occupe pas. »
*Mouais… il vaudrait mieux…*

C’est vrai.
Jun ne s’intéressait guère aux rumeurs, Kaede le savait. Lui-même avait droit à son quotidien de potins traînant par-ci et par là, et ça faisait longtemps qu’il n’y faisait plus attention. Des rumeurs sur Masato-kun existaient avant même que les deux amis d’enfance se retrouvent, et existait encore. Certainement même qu’elles continueraient à exister pour de longs moments. Le gothique ne pouvait pas nier que certaines fois, plusieurs bruits-qui-courent l’avaient fait rire silencieusement, et d’autres s’avéraient quelques fois plutôt folkloriques sur les bords. « Hier, il paraît qu’on a vu Masato-kun et Trucmuche très proche. Tiens, ce matin, c’était avec une autre. Et depuis quelque temps, il paraît que… etc etc etc. » Au final, Jun semblait être avec tout le monde en même temps ; …pourquoi pas ? Ainsi donc, c’était très folklorique. Depuis le temps, le jeune homme avait cessé de faire le tri de ce qui pouvait être vrai ou non. Jun était un populaire, et avec tout le boucan que faisaient ses groupies, il fallait bien se rendre à l’évidence : ce n’était pas Kaede qui pourrait les arrêter. A force, il ne se sentait plus concernait par les on-dit-que. Alors il avait misé sur le parti de ne pas se prendre la tête avant l’heure, comme toujours. Il y avait aussi confiance en son amant ; alors pourquoi avait-il fallu qu’il lui serve l’excuse du psy ? Tout aurait été plus simple s’il lui avait expliqué qu’il côtoyait cette fille, sans la moindre gêne du monde. Sans aucun embarras, puisque, c’était une histoire un peu ambigu mais pas vraiment ce qu’elle donnait l’air d’être. Complexe, en fin de compte. Trop complexe pour l’instant pour pouvoir être clairement comprise. C’était à se demander si lui-même s’y retrouvait dans l’histoire.

« Le psy hein ? J'les aime pas.»
-Mouais. Moi non plus. xD

Jun tira une moue enfantine et Kaede n’eut pas le temps d’appréhender la suite qu’il sentit des doigts s’agripper à sa hanche, pour s’y attarder dessus. Il se tendit très légèrement, un début de frisson se propageant agréablement au travers de son corps. Bon sang et cette histoire de psy… Une légère pression sur sa main et l’expression furtive qu’il surprit sur le visage de Jun lui indiquèrent clairement que le populaire avait eu un instant de doute.

« Certes... J'avais remarqué aussi.»

Face au ton qui n’avait pas entièrement effacé le semblant de reproche, Kaede s’enferma dans un mutisme pour faire passer la mauvaise minute. Comment expliquer maintenant qu’il avait passé autant de temps avec ce fameux psy. En plus, cette histoire n’était que partiellement vraie ; il l’avait bel et bien croisé, -certes pas ce jour-là, mais la dernière fois, l’étrange psychologue l’avait intercepté au tournant d’un escalier, insistant pour qu’il vienne passer un petit moment en sa compagnie. Evidemment, il y avait fait sourde oreille et s’était défilé à la première occasion mais bon. Jun commanda un verre, que Kaede suivit du regard, se demandant combien il avait bien pu s’en enfiler. De manière instinctive, le gothique chatouilla du bout des doigts le cou de son amant.

« Je ne m’inquiète pas. Penserais tu que je suis jaloux d'une gamine ? »
-Hein ? De quoi tu… commença-t-il. -Toi ? D’une gamine ? Non, évidemment. Le jour où tu seras jaloux de quelque chose… faudra m’sonner.

Le sourire espiègle de son amant revint et l’instant d’après, ils se retrouvèrent l’un contre l’autre, dans un baiser presque enfiévré. Kaede s’y laissa emporter en y délaissant son souffle. Il en resta presque pantois, que déjà, Jun lui jetait un de ses regards brillant, avec une idée à dire ; un autre verre entre les mains. Voir Jun dans une panoplie d’humeur n’était pas forcément désagréable mais Kaede se demanda si son amant ne s’était pas lancé dans le pari étrange de vider le bar. Il trouva bizarre de le voir s’acharner à boire sans relâche…

-Jun tu comptes vi…
« Tu sais... mon père compte m'envoyer voir un de ces fameux psy... C'est devenu une obsession depuis qu'il nous a vu nous embrasser. Je crois que ça l'ennuie que j'aime les garçons. »
-Ah oui ton père… ça m’étonne pas de lui en fait. J’imagine qu’il est pas prêt d’oublier ça de sitôt … soupira-t-il résigné. -… si t’as le choix, va pas voir le psy de l’école. * L’est fou, ce gars.*

Le souvenir du patin magistral sous le nez du père, lui arracha un petit sourire amusé. Mais la perspective que Jun se faisait désormais harceler par ce dernier pour aller consulter un psy ne l’amusait pas. Il héla un verre et en contempla le fond, pensif. Le gothique savait pertinemment que les relations entre Jun et son père n’était pas des meilleurs ; en allant s’afficher sans faire attention dans son palace n’avait dû faire qu’augmenter les tensions. Sans oublier le fait que le Masato senior était quand même un cas particulier en son genre. Un homme d’affaires, stricte et rigide comme il n’en n’avait jamais rencontré auparavant. Kaede se souvint des plusieurs avertissements que ce dragon lui avait lancé, en conversation à part. Il but une gorgée, qui lui parut plus amer que ce qu’elle ne l’était en réalité. A côté de lui, Jun fit de même, à une allure beaucoup moins modérée. Il le laissa faire.

« Ce qu'il peut être chiant pas vrai ? »
-N’empêche que ça a dû lui faire un choc à ton père. Y en a plein qui acceptent pas. Au final, c’est ptètre lui qui devrait aller consulter… Au moins, il le sait maintenant ; même s’il refuse de l’admettre pour le moment. *Et pour encore un certain temps j’crois…* Riff a au moins le mérite d’avoir su jouer la discrétion, et j’suppose que cette situation doit l’enchanter. maugréa Kaede, un brin agacé. –Bon sang, j’te…

Le gothique s’interrompit, interceptant le sourire aguicheur de son blondinet. Le populaire pouffa et vint se blottir dans ses bras.

« Et toi... qu'est ce qu'il te voulait ? Le psy... »

Bon sang. Et toi t’as une manière de présenter les choses de manière radicale.
Kaede s’efforça de lui en rendre un demi-sourire, et posa son verre sur le bord de table.

-Jun, tu glousses. T’as l’alcool qui t’monte au crâne… prétendit-t-il pour lui enlever doucement le verre de ses mains. Le gothique taquina ensuite le lobe de son oreille de ses lèvres. –Combien de temps est ce qu’on va rester tranquille encore si tu m’lances déjà tes sourires provocateur …?

-J’tai à l’œil…

S’appuyant plus confortablement sur le dossier de son fauteuil, Kaede haussa des épaules. Il fallait qu’il donne une réponse. Plus tard, il lui dirait la vérité, plus tard… quand tout serait tiré au clair. Pas besoin de l’inquiéter davantage, Jun avait déjà pas mal à faire entre son père et tout son monde gravitant autour. Oui, ce n’était surement pas le bon moment pour attiser des soupçons infondés. Tout à l’heure, sûrement... Ou demain, peut-être.

-Bah le psy, j’ai pas trop compris c’qu’il voulait. C’est un type pas net, et carrément tordu dans son genre. L’a commencé à m’accoster comme si on s’connaissait depuis toujours… dit-t-il, en se souvenant de cette brève rencontre étrange. - ‘fin bref, j’ai jamais vu de type aussi déglingué. J’espère que tu tomberas pas dessus… Mais à mon avis, ça doit être un truc en rapport avec mes absences de c’te année. J’ai dû oublier d’en justifier plusieurs… tu sais ce que c’est avec l’administration et tout ça. Rien d’grave quoi.

Le problème étant qu’une fois qu’on ment, il fallait soit savoir où s’arrêter, soit le faire jusqu’au bout. Kaede le savait et ne le niait pas… jusqu’à où irait-il ainsi ? Et Jun qui commençait à se montrer quelque peu joyeux… ça ne lui facilitait pas la sauce. Sur le moment le jeune homme aux cheveux blancs eut une mine renfrognée. Moins il en dirait, moins il s’emmêlerait les pieds. Pour le coup, Kaede se dit qu’il ferait mieux de boire pour ne pas réfléchir à cette situation, avant de se raviser. Rien que de penser à tout ce qu’il pourrait déblatérer par mégarde le fit réfléchir par deux fois. Pour compléter le tout, la voix du Masato senior lui revint soudain en tête. « Je serais clair là-dessus, avec vous, Kaede Hiroyuki. Il n’y a pas de place à la compassion dans le monde des affaires, vous vous en rendrez compte d’ici là. Mon fils ira sur le droit chemin. Ne l’oubliez pas. » avait-il dit. A ses yeux, Kaede ne devait être qu’un piètre obstacle à écarter du chemin au plus vite. Ce jour-là, le gothique l’avait clairement compris. Monsieur Masato était-il prêt à recourir aux moyens les plus vils –comme importuner son propre fils- pour le rallier à sa cause ? Oui, sans aucun doute. Kaede aurait préféré subir les rouages du père de son amant.

-J’aime pas l’idée que ton père te cause des ennuis à cause de moi. laissa-t-il échapper d’un ton grave, en glissant les doigts derrière la nuque du blondinet. -Si y a quelque chose que j’puisse faire… Fin bon, c’est pas forcément le meilleur des sujets à aborder maintenant.

Le gothique finit par afficher un sourire narquois à l’adresse de Jun. Il vida le reste du verre qu’il avait pris à son amant et l’embrassa. Un nouvel air passa, et Kaede ne prêta qu’un oreille inattentive à l’ambiance autour d’eux. Si Jun était passé d’un sujet à un autre avec autant d’aisance, Kaede venait de faire la même chose. L’un par un début de joyeuse ébriété, l’autre, par trait de caractère et sa façon de passer du coq à l’âne. Au final, les sujets principaux revenaient d’eux même comme une balle de ping-pong. Un couple très joyeux passèrent devant eux, un verre chacun à la main, pour se diriger sous les quelques stroboscopes un peu plus loin. La fille titubait déjà à moitié et Kaede en sourit, amusé. Il jeta un coup d’œil enjoué à Jun.

-Dis moi Jun. Tu ferais quoi si du jour au lendemain, quelqu’un te demande de jouer les grands frères ?

Peut être que le populaire répondrait avec son enthousiasme grandissante.
Peut être que ce serait carrément l’inverse.
Il fallait bien voir…

Malgré toute la jalousie et la possessivité dont Kaede pouvait faire preuve, Jun devait quand même s'estimer heureux que son amant ne s'occupe pas des rumeurs le concernant. Ils savaient tout les deux qu'ils ne pourraient pas les arrêter et qu'elles étaient stupides, même si certaines étaient entièrement fondées sur les faits et gestes de Jun, qui ne se privait pas par exemple de jouer avec un certain Tadashii Tsumi... ou de faire semblant d'être en couple avec Hime Nakamura par exemple. Disons que le jeune homme donnait de quoi alimenter les rumeurs et les laissait planer à leur aise au dessus des têtes curieuses de l'école. D'une certaine façon, ces rumeurs permettaient aussi de protéger sa relation avec Kaede et ainsi, peut de monde pouvait soupçonner leur liaison plus intime que celle qu'entretiendraient deux meilleurs amis d'enfance. Le blondinet était d'ailleurs rassuré que le gothique ne tienne pas compte de ces rumeurs, sinon il s'en rendrait malade. Mais le garçons aux cheveux de neige était intelligent et savait que piquer des crises contre les rumeurs qui entouraient le populaire n'était pas une bonne solution, un échec avant même d'avoir essayé, bref... Il fallait vivre avec, et si Kaede venait à reprocher Jun de les provoquer parfois, ce qui n'était pas tout à fait faux à certains moment, il avait son excuse, il voulait juste le protéger.
Alors bon, bien sûr il savait que Hiroyuki Kaede ne sortait pas avec Arissa, mais il savait que c'était avec elle qu'il passé beaucoup de temps et donc que c'était probablement à cause d'elle qu'il avait attendu comme un idiot et avait bu vraiment comme un trou, à une allure affolante et en grignotant à peine. Voilà, Kaede n'avait qu'à pas arriver en retard.

Enfin ça c'est ce qu'il avait pensé, mais finalement, il dût bien croire qu'il s'était fait de fausses idées. En effet, Kaede lui avait parlé du psychologue. Non seulement Jun n'aimait pas ça, trop fouineurs, mais en plus il avait parlé à son Kaede pour ne rien dire et le faire arriver en retard. C'était bien leur vaine... Le destin probablement, tout les deux condamnés à aller voir un psychologue à la gomme pour rien. Jun frissonna en sentant le bout des doigts de son amant dans son cou, il se mit à sourire, penchant un peu la tête sur le côté pour mettre fin aux caresses devenu chatouilles avec une moue amusée.

« Hein ? De quoi tu… Toi ? D’une gamine ? Non, évidemment. Le jour où tu seras jaloux de quelque chose… faudra m’sonner. »
- On est d'accord. Surtout qu'en plus elle est pas mal la petite là mais... trop jeune pour toi >.> Et elle n'a rien à voir avec moi, hormis que ce soit une fille j'veux dire. Elle n'a rien d'une rivale.

Il se mit à rire et se perdit dans un baiser langoureux, passionné et alcoolisé, ne se souciant pas du monde autour d'eux, personne ne les voyait et même si c'était le cas, rien ne pouvait être plus beau que de voir le blondinet embrasser quelqu'un avec amour non ? Hum... Un peu plus et si Jun avait encore eu de l'air, il serait volontiers monté sur les genoux de Kaede pour se vautrer dans ses bras, virer son haut et le couvrir de baisers. L'ennuie c'est que ce n'était pas vraiment l'endroit pour faire une telle chose, et Jun gronda de frustration quand il fut contraint de rompre leur échange. Et sagement, d'un certain point de vue, il se remit à boire, noyant une nouvelle fois dans son verre la gêne qui tentait de sortir et de venir mettre son grain de sel dans leur rendez-vous. Mais non, Jun ne la laisserait pas sortir, il en était hors de question, même s'il entendait une autre voix familière lui dire de ne pas boire autant, une voix qu'il n'écouterait pas car elle n'avait rien à faire dans sa tête à cet instant. Finalement il reprit la parole, coupant, sans s'en rendre compte, la parole à Kaede.

« Ah oui ton père… ça m’étonne pas de lui en fait. J’imagine qu’il est pas prêt d’oublier ça de sitôt … »
- Il devra s'y faire, je ne compte pas vraiment me forcer à coucher avec une fille pour lui faire plaisir..., marmonna le blondinet avec fermeté et agacement.
« … si t’as le choix, va pas voir le psy de l’école. »
- J'y penserais mon ange... de toute façon mon choix est déjà fait, je n'irais pas.

Toujours à contre courant face à son père. Pour Jun, à ce moment même, il était inconcevable qu'il puisse suivre son chemin et faire ce que cet homme sans coeur et froid désirait qu'il face. Il n'en parlait pas à Lun car il ignorait beaucoup de chose sur son passé et ne voulait pas le blesser, il n'en parlait pas non plus à Kaede qui était un enfant adopté, mais dans sa tête il gardait cette unique pensée brûlante : Il n'avait pas de père et Itashi Masato était pour lui un étranger. Leur dernière étreinte remontait à l'âge de ... 6ans peut être et le dernier contact que le père et le fils avaient eu était une gifle mémorable sous les yeux de Kaede et de Riff. Il était vrai qu'il avait fait bon nombre de bêtises pour attirer l'attention de son père et il continuerait jusqu'à ce qu'il s'épuise lui même où qu'il face quelque chose de totalement irréparable. Seulement son attirance pour les hommes étaient une des rares choses qu'il ne faisait pas par pure provocation. D'ailleurs il s'en voulait de plus en plus cruellement pour avoir fait venir Kaede, angoissant à l'idée que son père rejette la faute sur lui et le prenne en grippe méchamment. Il s'en voudrait à jamais si son abruti de père allait trop loin et il arrêterait probablement tout lien avec Kaede par simple désir de le protéger.
Mais pour l'instant son père n'avait rien laissé échappé une quelconque idée du genre au sujet de Kaede, hormis les allusions faites sur son âge. Apparemment, le fait de le gothique soit plus âgée que Jun laissait penser au père qu'il aurait pu avoir une quelconque autorité sur le blond. Et c'était là encore mal connaître son fils que de croire que quiconque avait de l'autorité sur lui. Kaede avait de l'emprise sur lui, l'emprise sur son coeur, mais rien de plus. Et la façon que son père avait d'insinuer que le jeune homme aurait put forcer le populaire à quoi que ce soit pour l'attirer sur l'autre bord n'était pas au goût du jeune homme. Jun répétait d'ailleurs sans cesse à son père que c'était lui qui avait fait viré son ami de bord, mais rien à faire... C'était bien d'Itashi que Jun avait hérité sa tête de mule.

« N’empêche que ça a dû lui faire un choc à ton père. Y en a plein qui acceptent pas. Au final, c’est ptètre lui qui devrait aller consulter… Au moins, il le sait maintenant ; même s’il refuse de l’admettre pour le moment. »
- Oh j't'en prie ne dit pas de bêtise il devait bien s'en douter... Et puis c'est pas comme si j'existais pour lui alors il a qu'à faire comme d'habitude : Fermer les yeux. Comme ça il ne verra pas son fils s'envoyer en l'air avec des mecs., marmonna le jeune homme avec un grand sérieux.
« Riff a au moins le mérite d’avoir su jouer la discrétion, et j’suppose que cette situation doit l’enchanter. »
Surprit, le jeune homme fronça les sourcils et fixe son amant longuement.
- Hum... Pourquoi tu parles de Riff maintenant toi ?, marmonna-t-il, éludant la remarque pour éviter de s'étaler sur « l'aventure Riff ». Le jeune homme reprit d'un ton désinvolte en haussant de nouveau les épaules. Je ne vois pas pourquoi ça l'enchanterait.

Clair, net et précis ? Pas vraiment. Mais le sujet Riff avait fait tellement de vague en une simple petite heure que Jun ne désirait pas s'y attardait plus que de raison, surtout avec l'alcool qui lui montait lentement mais sûrement au cerveau. Kaede avait raison, l'état de Jun n'était pas au plus normal de sa forme et le jeune homme pouffa de nouveau en l'entendant le lui faire remarquer, allant frotter en même temps, le bout de son nez dans son cou. Mais lorsque son verre lui échappa des mains, le retour de bouille d'enfant boudeur revint immédiatement, malgré les lèvres taquines qui le firent sourire et frémir.

« Combien de temps est ce qu’on va rester tranquille encore si tu m’lances déjà tes sourires provocateur …? »
- Pas longtemps[/oclor], gloussa-t-il encore à son oreille en tâtonnant pour récupérer innocemment son verre sans y parvenir, beaucoup trop loin.

« [color=Deepskyblue]J’tai à l’œil... »
- Alors j'vais pouvoir faire pleins de bêtises ..., chuchota le garçon en lui lançant un regard brûlant et provocateur à souhait, laissant bien voir le manque cruel de sagesse dans ses paroles.

L'alcool lui embrumant doucement le cerveau, Jun en avait presque oublié sa question sur le psychologue et pourtant elle lui revint vaguement quand Kaede commença à y répondre. Avec une difficulté de concentration certaine, il tenta d'écouter l'explication de Kaede comme s'il avait été sobre mais en réalité il ne capta de quelques mots qu'il trouva amusant, comme déglingué. Lui aussi l'était parfois... Bref en fait il avait quand même comprit l'essentiel et une fois qu'il eu tout mit dans l'ordre, il marmonna en fixant leurs genoux avec un intérêt soudain. L'essentiel c'est que ça ne soit pas grave. C'est vrai quoi, le jeune homme avait aussi finit par devenir paranoïaque, imaginant son père enquêter sur le pauvre Kaede et le prendre au piège dans les filets d'un psychologue qui serait en fait un investigateur psychologique et... STOP, c'était ridicule.

- Pendant deux heures... et ben.... Hors de question que j'aille le voir si c'est pour perdre mon temps de cette façon !



« J’aime pas l’idée que ton père te cause des ennuis à cause de moi. »
- Idiot... Ce n'est pas à cause de toi d'accord ? Tu ne pouvais pas savoir qu'il allait entrer et... C'est plutôt à moi de m'excuser. T'avoir emmené avec moi n'était pas une bonne idée. Mais j'avais espéré que pour les quelques jours où il serait là, il ne me chercherait pas. Ça a dût te gêner et je suis désolé., il avait murmuré tout ça dans un souffle, plutôt sérieux pour quelqu'un qui venait de s'enfiler tout ces verres. Pourtant il avait câliné tendrement la joue de son amant et son sourire était tendre et sincère. Il ne lui était jamais venu à l'idée que si son père les avait surprit, Kaede pouvait être à blâmer. Pour lui c'était un hasard et Kaede était très loin d'être fautif.
« Si y a quelque chose que j’puisse faire… Fin bon, c’est pas forcément le meilleur des sujets à aborder maintenant. »
- C'est vrai ce n'est pas le moment... Qu'avez vous tous à en parler, c'est une obsession. A croire que vous vous intéressez plus à mon père qu'à moi., souffla le garçon avec une moue indignée. Qu'avaient-ils ces deux là à le bassiner avec son père. Bon d'accord ici c'était Jun qui avait amené le sujet mais ce n'était pas une raison pour continuer. Et si tu veux faire quelque chose d'utile mon ange... n'en parle plus. Je te tiendrais au courant. Mais arrêtez... arrêtes de t'inquiéter.

L'alcool lui faisait se mélanger les pinceaux mais enfin. Le message était le même non. Qu'ils arrêtent tous autant qu'ils sont de s'inquiéter, parce qu'avec Jun ils n'auront jamais finit. Le jeune homme soupira et regarda son amant finir son verre, une mine frustrée sur le visage. Par chance, celui ci vint l'embrasser et Jun léchouilla tendrement ses lèvres pour récupérer le peu d'alcool qu'il y avait encore dessus avant de l'embrasser vraiment, d'un vrai baiser passionné. Ensuite, il se cala de nouveau contre son torse, grimaçant devant le couple qui lui cachait la vue de la piste de danse pendant une fraction de seconde et appela une jolie serveuse pour commencer un autre verre avec une bouille d'ange terriblement craquante et de plus en plus à l'ouest. La musique débuta, il se tortilla un peu en rythme avant de soupirer d'aise, venant mordre le cou de son amant mais il dut interrompre son geste. Étonné, il redressa la tête.

«  Dis moi Jun. Tu ferais quoi si du jour au lendemain, quelqu’un te demande de jouer les grands frères ? »
- Tu as de drôles de questions toi ce soir... tu devrais arrêter de boire., susurra le jeune homme avec un petit rire adorable mais idiot et mal approprié à la situation, puis il laissa le silence s'installer entre eux en réfléchissant, les yeux rivés sur le plafond.
- Je ne sais pas... ça dépend de la personne. Je suppose... C'est un truc qui se sent, pas un truc qui se décide...

Le jeune homme scruta son amant mais changea de cible de nouveau quand la jeune femme vint lui apporter son verre. Il la remercia avec un sourire divin et s'empara du verre, comme du saint Graal et avala son contenue comme s'il n'avait pas bu depuis 2jours. Ensuite il s'étira en enleva sa veste dans un geste gracieux pour la poser non loin d'eux. Donnant un petit coup sur le verre, il soupirant, râlant à haute voix sur le faite que ces choses là se vidaient décidément trop vite, pas comme un amant qu'il fallait faire venir lentement. Oui oui, il déballait sa théorie à Kaede en faisant marcher ses doigts sur son torse. En fait son monologue dura à peine quelques secondes puisqu'il reprit en levant les yeux vers son amant comme si de rien était.

- Pour en revenir à ton histoire de grand frère... Tu sais c'est pas de tout repos hein ? Faut déjà savoir s'occuper de soit même... Et surtout si la personne est toujours dans l'excès et ingérable... *Comme Noa qui boit trop... Lun qui baise trop... Setsumi qui a trop d'amants... Elyott qui est trop... trop... Minute, je suis pas le grand frère de tout ces gens O_o... *.

Poussant un soupire de soulagement à sa conclusion intérieur, il vint coller un baiser alcooliser sur la joue de son amant, puis un coup de langue dans son cou avant de s'appliquer à lui laisser une belle marque d'un rouge bien foncé à sa base, légèrement caché par son col lorsqu'il relâcha le tissu.

- Qu'est que tu dirais toi ? On t'as posé la question ? Le grand frère Kaede ? C'est mignon. Mais je refuse que ton petit frère ou ta petite soeur t'accapare hein ! , sur le coup, son ton s'était tinté de fermeté et d'un brin de colère. J'veux rester le premier comprit ?

Puis il se radoucit et posa sa tête sur son épaule.

- J'suis content que tu sois là...

Fixant la piste il murmura.

- J'ai envie de danser.

En y repensant, Kaede se rappela quelques mois auparavant, à la grande époque où lui et Jun se voyaient en toute camaraderie. Le souvenir du bar où ces deux amis avaient fini par admettre la réalité fit apparaître un demi-sourire sur le visage clair du gothique. C’était ce soir-là qu’il avait apprit le penchant de Jun pour les garçons. D’une scène de jalousie –comique maintenant qu’il y repensait, mais sans douceur à cet instant-là- à cette nuit imprévue à l’hôtel, il se retrouvait dans un bar en compagnie de ce même ami, devenu son amant. Décidé à ne pas avoir à céder à la violence pour n’importe quoi, Kaede se retint aussi de ne pas céder n’importe où, enfin, principalement avec Jun, à ses envies, à ses désirs, -aux leurs. Du moins, pas au spectacle du grand public. C’était frustrant mais ça incitait à poursuivre baisers, suçons et caresses furtives pour garder sur ce qui-vive des plus agréables. Surtout avec le petit brin joyeux dont commençait à faire preuve Jun, par à-coup. Ah les joies de l’alcool…

« On est d'accord. Surtout qu'en plus elle est pas mal la petite là mais... trop jeune pour toi >.> Et elle n'a rien à voir avec moi, hormis que ce soit une fille j'veux dire. Elle n'a rien d'une rivale. »
- Ah parce que tu la trouves pas mal toi aussi ? On dit souvent que l’âge importe peu… fit Kaede un brin amusé. –Tiens d’ailleurs, j’me suis toujours demandé quel genre de fille tu pouvais bien apprécier sans compter ton penchant pour les gars… M’enfin t’as raison, on est d’accord, on est d’accord… Arissa a absolument rien à voir. XD

Il y avait tellement de filles qui tournaient autour de Jun que Kaede s’était souvent posé la question. Certains prénoms revenaient souvent, -du genre une certaine Setsu, ou une autre Ashley –et puis qu’en sait-il encore-, mais comment s’en faire une image parmi cette horde où toutes finissaient par se ressembler, avec leur gloussement suraigus à crever les tympans. Quoi qu’il en soit, l’idée qu’on ait pu faire un rapprochement douteux entre Arissa et Hiroyuki lui semblait plus que folklorique, vu que lui-même ne l’avait imaginé sous cet angle là. L’inquiétude que Jun tentait de faire passer d’un air plus désintéressé qu’autre chose- lui donna matière à se garder un sourire. Il fallait dire que c’était toujours agréable de sentir son petit ami zyeuter de temps à autre sur son entourage, histoire de rester au centre de toutes les attentions. Kaede lui-même le faisait, lui et sa légendaire possessivité. Bien qu’il y travaillait… un tout petit peu... Et de fil en aiguille, le père de Jun repassa sur le tapis et c’est avec une moue que Jun rétorqua à son verre avant de le vider.

« Il devra s'y faire, je ne compte pas vraiment me forcer à coucher avec une fille pour lui faire plaisir... »
-N’y pense même pas… approuva le gothique sèchement. *Manquerait plus que ça tiens.* -Et puis ça ferait trop mauvaise image pour ses affaires si tu couches avec une fille pour après la changer avec une autre, tous les jours. Parce qu’évidemment, il y en aurait toute une série qui rêverait de briller aux côté d’un Masato.* -De toute façon c’est même pas une hypothèse envisageable.

Et même pas à envisager, d’ailleurs.
Le gothique revoyait déjà cette discussion à table où il n’avait pu s’empêcher de sentir ses oreilles s’échauffer en entendant le père de Jun déclarer avec assurance, que son fils se marierait avec une fille de bonne famille. Après l’avoir vu vautré dans les bras d’un gothique, Kaede se demanda si Masato senior était parvenu à associer deux garçons côtes à côtes, avec l’un d’eux ayant le visage de Jun, et l’autre… qui sait encore. Pas étonnant qu’il ait projeté d’envoyer son fils consulter un psy.

« J'y penserais mon ange... de toute façon mon choix est déjà fait, je n'irai pas. »
–De toute façon, j’ai du mal à croire qu’un psy parvienne à te faire changer d’avis. *Heureusement.* Ton père doit le savoir au fond ; c’est que de l’entêtement tout ça.
« Oh j't'en prie ne dit pas de bêtise il devait bien s'en douter... Et puis c'est pas comme si j'existais pour lui alors il a qu'à faire comme d'habitude : Fermer les yeux. Comme ça il ne verra pas son fils s'envoyer en l'air avec des mecs.»
*Des ??* faillit s’étouffer Kaede en s’efforçant de faire passer la gorgée qu’il venait de boire. *Parce qu’y en a plusieurs peut-être ?*
« Hum... Pourquoi tu parles de Riff maintenant toi ? »
–J’en sais rien, y a que lui qui m’vient à l’esprit quand tu parles des mecs.
« Je ne vois pas pourquoi ça l'enchanterait. »
–Tu parles… c’est qu’un vieux sournois. Je l’ai encore au travers de la gorge, c’est tout.

Le sujet était clos, Kaede non plus ne voulait pas en entendre parler même si c’était lui qui venait de le mentionner. Haussant des épaules, il n’eut pas trop d’effort à fournir pour tenir le verre de Jun à l’écart, alors que ce dernier tâtonnait de ses doigts pour le récupérer. Contrarié sans vraiment l’être, Jun venait de retrouver sa mine d’enfant boudeur, adorable comme jamais ; Kaede se demanda un instant si le blondinet saisissait encore ce qu’il lui disait. Jun pouffa de nouveau, laissant un sourire attendri chez son amant.

« Alors j'vais pouvoir faire pleins de bêtises ...
–J’te regarde vas-y… répondit-il en happant ses lèvres, sans résister à ce regard provocateur.

« Pendant deux heures... et ben.... Hors de question que j'aille le voir si c'est pour perdre mon temps de cette façon ! »
-…

Kaede allait approuver un « excellente idée » mais se ravisa au dernier moment. Autant ne pas s’étaler sur les motifs de son retard… mais déjà, Jun passait à autre chose.

« Idiot... Ce n'est pas à cause de toi d'accord ? Tu ne pouvais pas savoir qu'il allait entrer et... C'est plutôt à moi de m'excuser. T'avoir emmené avec moi n'était pas une bonne idée. Mais j'avais espéré que pour les quelques jours où il serait là, il ne me chercherait pas. Ça a dût te gêner et je suis désolé. »
-Bah laissons tomber les excuses… au moins il a essayé de faire attention à toi. Bon pas forcément de la meilleure manière qui soit, c’est vrai.
« C'est vrai ce n'est pas le moment... Qu’avez-vous tous à en parler, c'est une obsession. A croire que vous vous intéressez plus à mon père qu'à moi. Et si tu veux faire quelque chose d'utile mon ange... n'en parle plus. Je te tiendrais au courant. Mais arrêtez... arrêtes de t'inquiéter.»
*Vous ?* -Mon pauvre Junjun, plus personne fait attention à toi… c’est vrai que ton père est tellement intéressant, nasilla Kaede ironiquement, en secouant la tête. C’est parce qu’on tient à toi, tu l’sais. Bon d’accord j’arrête là aujourd’hui. Mais qui d’autres que moi se retrouve dans cette histoire ?

A moins que Jun commence à y voir double pour se mettre à le vouvoyer… Kaede se demanda lui-même s’il ne devenait pas parano ; les effets divers de l’alcool ne lui étaient pas étranger, et il pouvait comprendre que son amant soit en train de se débattre avec les mots pour se faire comprendre… mais alors ce sérieux qu’il lui avait vu ? Laissons tomber et concentrons-nous plutôt ce baiser aromatisé… Tous deux se détendirent à l’ambiance qui les entourait, Jun confortablement calé contre lui, qu’il sentait suivre le rythme de la musique. Le gothique reporta son momentanément attention sur la charmante serveuse venue apporter le verre commandé. Il en prit un, mais sans intention particulière de le vider quand il sentit des dents happer la peau du cou. Se crispant un instant, il pencha la tête sur le côté pour le laisser jouer, regrettant aussitôt d’avoir laissé échapper sa question.

« Tu as de drôles de questions toi ce soir... tu devrais arrêter de boire.
–Mouais c’est l’âge qui doit m’empêcher de tenir l’alcool aussi bien qu’avant… ironisa Kaede, avant de rire face au conseil de son amant qui partait joyeusement à la dérive.
« Je ne sais pas... ça dépend de la personne. Je suppose... C'est un truc qui se sent, pas un truc qui se décide... »
-Mouais… *Un truc complètement métaphysique quoi.*

Comment Jun arrivait encore à devenir lucide pour lui répondre, Kaede l’ignorait et encore dubitatif sur la question, il l’observa lever son verre comme un mercenaire qui vient de tomber sur un lingot d’or, avant de l’engloutir comme un assoiffé de plusieurs jours. Epiant chacun de ses gestes, le gothique le laissa prendre ses aises, en tentant de suivre son petit monologue. Bien qu’il se désolait plus ou moins du retard de Kaede, Jun semblait ne plus s’acharner à y mettre un ton de reproche, et toute son attitude finit par faire rire le jeune homme aux cheveux en bataille.

« Pour en revenir à ton histoire de grand frère...»
*Il s’en souvient encore Oo*
«Tu sais c'est pas de tout repos hein ? Faut déjà savoir s'occuper de soi même... Et surtout si la personne est toujours dans l'excès et ingérable... »
-Tiens donc, comme qui par exemple ?…demanda Kaede, un sourire intrigué aux lèvres.

Un peu comme Jun lui-même et ses frères aînés peut-être ? Kaede n’eut pas le temps de s’y attarder dessus que le blondinet à la frimousse enjouée vint lui suçoter une parcelle de peau ; le gothique en frissonna.

« Qu'est que tu dirais toi ? On t'as posé la question ? Le grand frère Kaede ? C'est mignon. Mais je refuse que ton petit frère ou ta petite soeur t'accapare hein ! »
–J’en dirai que rien du tout. Bwah… j’en sais trop rien en fait, c’est pas le genre de truc auquel on réfléchit tous les jours. M’enfin j’sais pas ce que t’appelle mignon toi, mais en tout cas, ça s’passera pas, t’en fais pas. Et puis tu m’accapares plutôt beaucoup, c’est déjà bien suffisant. rajouta Kaede, amusé.
«J'veux rester le premier comprit ? »
-Ouuui mon ptit Jun.

Le ton ferme –un brin colérique disparut aussitôt.

« J'suis content que tu sois là... »
*Dire que j’pensais pas te retrouver ici.*

Face à cette pensée silencieuse, Kaede effleura la joue du blondinet du bout des lèvres en guise de réponse. Les yeux rivés sur la piste de danse, Jun murmura inaudiblement quelque chose que le gothique ne put percevoir.

-T’as envie d’y aller ? demanda Kaede en désignant d’un mouvement de tête, remuant lentement le fond de son verre. Se redressant légèrement, il incita Jun à s’y rendre, sans pour autant se lever du fauteuil. A ce moment là, la musique prit un rythme plus endiablé. Il fit mine de se lever mais ne fit que poser son verre sur la table basse. –Vas-y, d’abord Jun, et jte rejoindrai… que si tu t’montres convainquant là bas.

Un éclair provocateur éclaira le regard du gothique, qui venait de susurrer à l’oreille du populaire, avant de la lui mordiller furtivement, et se caler tranquillement contre le dossier du fauteuil. La perspective de se retrouver dans un corps à corps contre son blondinet était plus qu’alléchante mais tant qu’à faire durer ce petit plaisir…

–Donne-moi une bonne raison d’y aller… et jsuis à toi. En attendant, j’te laisse faire.

Fais jouer ton champ magnétique Junjun.

« Ah parce que tu la trouves pas mal toi aussi ? On dit souvent que l’âge importe peu… »
- Oui enfin... Pas mal... Tout est relatif, ça reste une fille, et une gamine en plus. Et l'âge ça compte... Enfin non mais... Seulement quand on aime tu vois ? Ou... par exemple... on pense pas à la même chose quand on a... quel âge elle doit avoir elle... 14ans ? 15Ans peut être... Et 19, 20, 21... 15ans c'est un peu...

Il se tût. Voyons Jun rappelle toi... rappelle toi de son âge à lui. Lui, oui. Blond, des yeux de jade. 15ans est ce que c'est réellement trop jeune ? Es tu encore d'accord avec toi même en pensant à lui ? Ça serait mentir de dire qu'il pensait que l'âge comptait et il le savait très bien. Il en était même un exemple vivant si l'on considérait sa relation avec son majordome. Ah ben tiens ! 13Ans d'écarts c'est pas rien n'est ce pas ? Non décidément il ne pouvait pas dire que l'âge était important, puisque depuis le début, il n'en avait jamais tenu compte. S'apercevant de sa bêtise, le jeune homme poussa un grognement témoignant de toute son insatisfaction et soupira. Si c'était beaucoup trop jeune... Pour tout un tas de choses, pour tout les excès que faisait ce gosse c'était trop jeune. Mais il ne pouvait pas vraiment le prendre en exemple, c'était beaucoup trop compliqué. Il ne pouvait pas non plus prendre son exemple, ce serait assez mal venu devant son amant, de parler de Riff après ce qui s'était passé, d'ailleurs il ne lui avait toujours pas parlé réellement du détail de la relation qu'entretenaient le majordome et son jeune maître, bref... Il soupira, contrarié puis reprit à voix haute comme s'il avait fait part de toute sa réflexion à son amant, concluant comme si il avait tout énoncé de vive voix.

- Bref... l'âge ça compte pas dans une relation entièrement consentante avec un minimum de sentiment. Voilà !, termina-t-il comme s'il venait de prendre LA décision qui sauverait la planète de la crise financière, de la peste ou de la tecktonik.

« Tiens d’ailleurs, j’me suis toujours demandé quel genre de fille tu pouvais bien apprécier sans compter ton penchant pour les gars… M’enfin t’as raison, on est d’accord, on est d’accord… Arissa a absolument rien à voir. »

Jun esquissa un sourire en l'entendant. Son genre de fille... Voyons. Il était sortit avec des filles avant ses quatorze ans et il en fréquentait encore maintenant, dont certaines avec qui il jouait le couple populaire, cool et branché devant les yeux émerveillés de leur école. C'était le cas avec Hime Nakamura, qu'il ne connaissait pas plus que ça mais dont il aimait l'intelligence et le petit jeu qu'ils avaient installé entre eux et les curieux de l'école. Ensuite il y avait Setsumi, sa belle Setsumi, une amie précieuse. Oui mais il n'arrivait pas à s'imaginer en désirer l'une d'elle. C'était inconcevable dans sa tête, une fille ne serait jamais plus qu'une amie, une fascination, mais rien de plus. Et pour ne rien arranger, ce simple désir d'amitié avait fait de Jun quelqu'un... d'extrêmement difficile dans le choix de ses relations féminines. Prenons ses groupies par exemple... Celles qui avaient le droit d'être constamment avec lui devait être belles, rayonnantes, pour ne pas salir son image et puis bien sûr, il prenait près de lui les moins tartes, pour avoir quelque chose à l'heure dire. En ce qui concernait ses amies, ce n'était pas définit. Tant que la jeune fille était intéressante, quelle avait quelque chose de particulier que le populaire aimait, alors il s'en faisait une amie. Et si dans tout ça il devait choisir un style pour donner à Kaede une idée de la fille qu'il y aurait pu avoir avec lui...

- Le genre de fille ? J'sais pas... je me vois très mal avec une fille tu sais, murmura le populaire, amusé. Bon mais euh... Tu vois Nakamura ? Hiujirô ? Non et puis même... Disons que si une fille m'attire c'est juste parce qu'elle a un truc... une petite chose particulière en elle et ça me plaît. Enfin de toute façon la question se pose pas parce que pour un ''penchant''... j'suis sacrément penché là.

Et oui, au plus grand damne d'Itashi Masato, Jun préféré irrémédiablement les hommes, leurs bras protecteurs, leurs torses plats sous ses doigts, leurs réactions, toutes leurs réactions. De plus, mais ça il ne se l'ai avoué qu'à lui même, le corps d'une femme lui fait peur, ou du moins, si ce n'est pas de la peur, c'est de l'appréhension, quelque chose qu'il apprécie sans vouloir toucher. Enfin... il les admire et ne les rejette pas, il méprise les hommes qui les rabaissent. Non vraiment, il ne fera que les observer, les consoler, les faire rire et sourire. Un ami. Et il venait d'en oublier Arissa, la gamine qui ne l'attirait pas, physiquement parlant, mais intellectuellement. D'après des rumeurs elle était très intelligente. Tant mieux, Jun aime les gens intelligents, sauf s'ils empiètement sur le temps qu'il passe avec son amant. Mais ça c'était... presque oublié.

« N’y pense même pas… »
Et il n'y avait pas pensé. Le ton sec du gothique le fit sourire et il n'écouta la suite que d'une oreille. C'est vrai, elles gloussaient toutes dans l'attente d'être remarquait par leur idole, pour chaque populaire c'était ainsi. Garçons ou filles, les populaires avaient bien souvent toutes une horde de fans plus ou moins discret qui papillonnait autour d'eux, de plus ou moins loin, avec des sourires, des cadeaux. Jun s'amusait de cette fascination, mais s'en moquait beaucoup aussi. Il les trouvaient tout simplement ridicules, à attendre, alors que lui savait qu'il ne leur donnerait rien de plus d'un sourire, un bonjour. C'était pathétique, triste à en pleurer. Et pourtant il continuait d'absorber les regards avec ce même sourire taquin et charmeur.
Jun se mit à sourire tendrement en entendant son amant. Il avait raison, c'était, de la part de son père, pur entêtement. Et puis quoi ? S'il cédait, s'il se mariait... Le mari, frustré, insatisfait, irait tromper sa femme avec des amants passionnés qu'il blesserait, ne pouvant pas continuer sa vie avec eux. La femme, pour peut qu'elle est un peu de caractère et de jugeote, comprendrait qu'elle ne serait jamais satisfaite non plus et tromperait son mari de son côté. Et pour le nom, pour l'argent, ils resteraient ensembles ? Impensable. C'était écoeurant à souhait et jamais Jun ne céderait à une vie aussi pathétique. Ça serait cruel pour cette femme et pour lui, pour leurs amants, pour la famille. C'était ridicule.

Jun revint sur terre en constatant que la gorgée de Kaede avait du mal à passer, sans faire le lien bien évidement avec sa mise au pluriel totalement involontaire et naturelle. Et en entendant le prénom, enfin l'appellation, de son majordome dans la conversation, il hoqueta à son tour, tentant de retrouver contenance en haussant les épaules. Devant l'insistance de Kaede, Jun comprit qu'il avait gaffé quelque part... Non il aurait pu comprendre mais ce n'était pas le cas, et lorsqu'il l'entendit, il se retint de lui prouver qu'il n'y avait pas que Riff.

« J’en sais rien, y a que lui qui m’vient à l’esprit quand tu parles des mecs. »
- Bah c'est une façon de parler... D'ailleurs le premier qui aurait du venir c'était toi Kaede ... Et pas mon majordome., marmonna le jeune homme comme un enfant contrarié en triturant le t-shirt de son amant. Si Riff l'entendait, il serait probablement malade d'entendre Jun ne parler de lui que comme un simple majordome et non comme un ex-amant, mais c'était volontaire, de la part de Jun, pour ne le voir que comme un homme qui était payé à le servir et à jouer le rôle de père.
« Tu parles… c’est qu’un vieux sournois. Je l’ai encore au travers de la gorge, c’est tout. »
- Hm... oui... bon c'est du passé, n'en parlons plus...

Le jeune homme avait déglutit, un peu gêné d'avoir dût réabordé le sujet de ce soir là avec son amant, surtout lorsqu'il se souvenait de la crise de panique qui avait suivit et de la froideur dont il avait fait preuve envers Riff tout le reste des vacances qu'il avait passé avec Kaede dans la maison familiale. Bref, ils venaient de clôturer le sujet d'un commun accord et Jun enchaîna, pensivement, sur les bêtises qu'il pouvait bien faire. Il en avait une ribambelle en tête mais resta pour le moment sagement dans ses bras, profitant de son corps contre le sien, de sa voix tout près de lui. Voix qui malheureusement n'enchaîna pas sur des mots doux mais encore sur ce père. Tous obsédé par ce père ! Ah comme il détestait Itashi Masato pour être présent même dans la bouche des gens qu'il aimait ! C'était écoeurant ça aussi !

« Bah laissons tomber les excuses… au moins il a essayé de faire attention à toi. Bon pas forcément de la meilleure manière qui soit, c’est vrai. »
- Sujet clos aussi... Si tu commences à prendre la défense de mon père on est pas arrivé hein ..., marmonna le garçon sur un ton léger de reproches, il n'allait pas commencer lui non plus.
« Mon pauvre Junjun, plus personne fait attention à toi… c’est vrai que ton père est tellement intéressant. C’est parce qu’on tient à toi, tu l’sais. Bon d’accord j’arrête là aujourd’hui. Mais qui d’autres que moi se retrouve dans cette histoire ? »

Jun ne prit même pas la peine de relever la première remarque sur son père, considérant que le sujet ne valait plus la peine d'être abordé à cette heure. Tellement intéressant, tu parles. Le père et le fils n'avait rien en commun sauf peut être le réflexe de coller des gifles quand une personne les décevait ou les agaçait... Ou encore cette superbe capacité d'ignorer les gens, les remarques et celle aussi de se murer dans un silence de mort glacial et troublant, gênant aussi la plus part du temps. Aucune qualité en fait, du moins, Jun ne les voyait pas, alors qu'il y en avait une bonne tripotée. On lui parlerait de sa mère qu'il serait déjà nettement moins froid, même si celle ci était aussi présente dans sa vie que le 29 Février dans toute une vie. A la suite de la question, Jun s'arrêta, l'alcool transportant le message au cerveau puis il se mit à déblatérer en râlant.

- Qui ? L... là mais... Non mais personne... quelqu'un, des gens... c'est pas important... saoulant juste...

Son inconscient l'avait il retenu de déballer l'obsession de Lun pour son père et son passé ? Probablement. Et puis Jun avait aussi perdu très rapidement le fil en voyant la multitude de choses à dire pour expliquer l'histoire à son amant, histoire qu'il ne devait par ailleurs pas expliquer. Enfin bref, découragé, le jeune homme avait préféré faire court et simple, et ça avait déjà été très compliqué à faire donc, Kaede devrait se contenter de cette explication très précise et du baiser alcoolisé. Et oui on ne peut pas tout avoir avec un Jun en voie d'ivresse. Mais on peu avoir des petites attentions dans le genre... de dents qui viennent titiller la peau du cou, une langue qui se promène aussi. Que des bonnes choses à conditions qu'on le laisse prendre un autre verre qui ne se fit pas attendre. Gentille et jolie serveuse, toujours là pour servir, le petit prince accessoirement.
Pas encore assez ivre, Jun observa son amant, songeant longuement à cette histoire de grand frère. C'est un rôle très important que les siens n'avaient bien remplit qu'avant leur 17ans et encore, c'était être gentil que de leur donner cette limite. Éclair de lucidité ? Probablement. Il n'avait pas encore à faire un effort monstre pour se concentré, c'était plutôt rassurant. Bon il faut dire qu'il n'avait pas prit d'alcool excessivement fort et d'ailleurs il ronchonna. Ça manquait d'alcool distingué tout ça. Des exemples, il en avait des tonnes. Alors il reprit.

« Tiens donc, comme qui par exemple ?… »
- Bah... Noa quoi... Et puis Lun ! Ce gosse me tuera... Bon mais j'suis pas leur grand frère alors ça marche pas. Prend les miens, de frères... Non pas sexuellement parlant hein ? Les prendre comme exemple, polisson..., gloussa Jun à son oreille, lui seul avait dût voir l'allusion qui le fit rire mais il reprit sérieusement et rapidement. Ben mais frères ils étaient nuls ! Enfin surtout maintenant. Kotaro m'a dit qu'il m'achèterait une BMW pour les 18ans... J'en ai rien à faire moi de sa voiture...

Il commençait pas sauter trop rapidement d'une idée à l'autre pour être suivit et se suivre lui même alors il l'a boucla un moment pour écouter Kaede en pleins milieu de sa transformation en léger possessif, parce que bon par fierté il voulait rester le premier. Rien à faire que Kaede ait des liens de sang ou pas, avec quelqu'un. Lui Jun resterait le premier. Non mais ho...

« Ouuui mon ptit Jun. »

Satisfait, le jeune homme soupira d'aise dans ses bras et sourit en sentant ses douces lèvres délicieuses lui effleurer la joue alors que son oeil visible brillait devant les corps brûlants de la piste.
Puis il l'entendit. Songeant que Kaede avait entendu sa déclaration, le blondinet se releva doucement en l'observant, un grand sourire ravit sur les lèvres. Un peu qu'il en avait envie, on ne voit pas une piste de danse sous les yeux pour ne pas y poser un pied au moins une fois. Faisant de prudents mouvements pour se lever, le jeune homme attrapa la manche de son meilleur ami et amant pour l'entraîner avec lui, se mettant debout, laissant voir son haut très léger alors qu'il laissa sa veste à la place qu'il avait occupé quelques secondes avant. Les deux petites boules d'argent à son nombril brillèrent furtivement alors qu'il se tournait vers son amant, ne le voyant toujours pas se lever. Il fronça les sourcils.

« Vas-y, d’abord Jun, et jte rejoindrai… que si tu t’montres convainquant là bas. »
« Donne-moi une bonne raison d’y aller… et jsuis à toi. En attendant, j’te laisse faire. »

Étonné, le jeune écarquilla un instant les yeux. Oh il était loin d'être gêné bien au contraire. Ce qui le surprenait, c'était que Kaede le laisse aller s'enfoncer dans la masse de corps mouvants et si délicieusement chauds, seul. Kaede devait bien se douter que le garçon n'allait pas danser seul... Et que pour l'attirer au mieux, il n'allait pas se gêner pour prendre appui sur un corps échauffé par les longues minutes de danse. Le corps de Jun se mit à frémir et il lui offrit un sourire délicieusement provoquant alors qu'il se penchait sensuellement vers lui, se cambrant délicieusement pour toute personne les regardant à ce moment là.

[Musique - I'm No Romeo]
- Tu as encore besoin d'une bonne raison ? ... Mais c'est d'accord. Accroches toi.

Très bien Kaede, Jun allait jouer avec toi. Avec un petit sourire amusé et provocateur, Jun se détourna. Inconsciemment, Kaede allait découvrir comment Jun avait occupé ses nuits dès l'âge de 14ans, dès qu'il mettait le pied dans un endroit où l'on pouvait danser. Léger, la démarche féline, comme un prédateur aux allures d'ange, le jeune homme se dirigea sans complexes sur la piste et s'enfonça dans la piste, disparaissant un instant du regard possessif de son amant. Où allait-il ? Avait-il bien comprit ? Évidemment ! Pour qui le prenez vous ? Cependant, la salle manquant cruellement de chose comme une jolie barre en fer pour faire son show, l'esprit taquin du jeune homme avait donc envie de jouer avec un être humain. Plusieurs corps vinrent se serrer contre lui, parfois trop ivre pour comprendre, mais Jun ne leur accorda même pas quelques petits déhanchés. Son oeil fit le reste alors qu'il était au milieu de la piste, brillant et flottant dans cette foule. Il s'y mêla un peu, visible parfois, mais son oeil cherchant toujours.

Un coup d'oeil brillant et alcoolisé, un sourire invitant. On trouve toujours en cherchant bien. Jun laissa le jeune homme sûrement plus âgé que lui s'approcher, ses lèvres au rictus provoquant amusèrent l'inconnu, qui vint se presser contre lui. Jun se mordit la lèvre à la sensation de son corps brûlant. Il avait l'air plus lucide que ses camarades alors après quelques petits mots, Jun lui proposa à l'inconnu de lui rendre un service. La musique changea de nouveau et ravit que le beau blond accepte, les deux se mirent à rire, Jun bu dans son verre et l'entraîna lentement mais sûrement, un peu à l'extérieur de la piste pour que Kaede puisse les voir sans difficulté et que lui même puisse voir les réactions de son amant. Les deux garçons encore tout près de la foule, se fondait encore à l'intérieur, un peu, sauf Jun, lui il ne fondait pas... Jamais. Et pourtant on pourrait croire...

Les bras autour de son joli partenaire, le laissant poser ses mains sur ses hanches, Jun jeta un oeil à Kaede en lui adressant un petit sourire. Rappelle toi chéri, que tu voulais jouer. Et une fois le rythme de la musique en tête, son bassin collé contre celui de l'inconnu au doux non de Seth, Jun s'enivra et se laissa emporté dans des déhanchés sensuelles et sulfureux contre le corps de cet autre. Le coeur porté par les basses, l'esprit embrumé par la chaleur, il glissa sinueusement contre l'autre garçon, descendant puis remontant lentement, avant de venir coller son dos contre son torse, ondulant des hanches avec habileté, le regard longuement rivé sur son Kaede.

Est ce que tu aimes ce que tu vois ?

-Donne-moi une bonne raison d’y aller… et jsuis à toi. En attendant, j’te laisse faire.
« Tu as encore besoin d'une bonne raison ? ... Mais c'est d'accord. Accroche-toi. »

De la surprise, le blondinet passa à une expression provocatrice qui fit sourire le gothique.
En fait, lui-même se surprenait à lui avoir proposé cette idée, se doutant bien que Jun ne se gênerait pas pour attirer son attention par n’importe quel moyen. Malgré sa possessivité maladive, il fallait croire que ses humeurs de joueur reprenaient parfois le dessus. Tant mieux, ce soir, il passerait probablement un pure moment de folie avec son populaire. Alors non, il n’avait pas vraiment besoin d’une meilleure raison que d’un Jun agréablement penché sur lui, un sourire aguicheur aux lèvres, mais tout n’était que prétexte, de toute évidence. Le blondinet ne se fit pas prier par deux fois que déjà, il s’enfonçait dans la masse se mouvant au rythme de la musique. Bientôt, Kaede le perdit de vue à contrecœur. Il termina un fond verre tranquillement, mais sans cesser de scruter discrètement là où Jun avait disparu. Des gens passèrent sans qu’il y fasse vraiment attention.

« Qui ? L... là mais... Non mais personne... quelqu'un, des gens... c'est pas important... saoulant juste…. » « Bah... Noa quoi... Et puis Lun ! Ce gosse me tuera... Bon mais j'suis pas leur grand frère alors ça marche pas. Prend les miens, de frères... Non pas sexuellement parlant hein ? Les prendre comme exemple, polisson... » Un sourire amusé pointa sur les lèvres du gothique. Les prendre… comme exemple, hein ? C’est toi le polisson, Jun. A y songer, Kaede n’y avait pas donné suite, tout à l’heure. Maintenant qu’il y pensait… et au fait c’était qui tous ces gens que Jun avait mentionné ? De tous ceux qu’il avait réussi à citer, il n’en connaissait aucun, quoi que Lun, peut-être que c’était un de ces populaires, et Noa… bwarf, impossible à retenir tout ce monde.

L’ambiance festive se poursuivait lorsque qu’un homme décida de prendre place à côté du gothique. Ce dernier, trop occupé, y resta impassible, un peu du genre « t’existes pas », à la je-m’en-foutiste. Effectivement, ce qui lui importait à cet instant, c’était de savoir où se trouvait Jun. Un voisin –tsss même pas une voisine-, qui cherchait visiblement à établir un semblant de conversation. Kaede soupira. Avait-il vraiment une tête à avoir envie de papoter avec l’autre ? Quoiqu’il en soit, le gothique entraperçut enfin son amant, quelque part, là bas, dans la foule dansante. Ignorant les paroles de son voisin, finit par lui répondre évasivement, tout en fixant Jun, là bas. Sur piste. Déjà que Jun immobile, c’était une chose, le voir à l’œuvre en était une autre. Kaede savait que Jun regardait dans sa direction, et que lui aussi le lorgnait sans retenue. Dans des déhanchés sensuels, le blondinet avait vite fait de s’approprier la musique et peut être même de la foule autour de lui. Du moins, son partenaire, lui, était déjà sous l’emprise. A cette vue, de son Jun contre un autre, Kaede se mordilla l’intérieur de la joue. Tiendrait-il encore très longtemps ? Pas vraiment ; mais ça, tous deux le savaient.

-…Qui est-ce que j’matte comme ça ? répéta vaguement Kaede d’un air amusé, sans cesser de regarder dans la même direction. Et ce n’était pas dans celle de son voisin. -Tu vois… là. fit-il en tirant le jeune homme plus près de lui, pour lui montrer la cible de ses attentions. Dommage qu’il ait à partager cette vue ; il l’aurait bien gardé rien que pour lui. Il eut un sourire narquois.

-T’arrives à ses chevilles et jte verrai ptètre sous un autre angle… lança Kaede d’un ton narquois avant de se lever pour aller chiper le blondinet dans ses griffes. Le gothique estima, le temps d’un nouvel air, que l’inconnu contre Jun en avait largement assez eu. Non mais. Sans se soucier des autres, le jeune homme s’avança vers la piste de danse, un air espiègle sur le visage, et quand il arriva près de Jun ondulant sur un plus âgé que lui, Kaede se calla sur la musique pour s’interposer entre eux deux, en douceur. Pas la peine de jouer les brutes puisque lui-même avait lancé ces jeux à tout hasard. Le temps d’une musique, corps enflammés, et rythme oscillant, le gothique attira Jun à lui, tout à lui, rien qu’à lui. *... D'ailleurs le premier qui aurait du venir c'était toi Kaede ... Et pas mon majordome.* résonna sa voix dans sa tête. Il en eu un sourire amusé.

-J’voudrais pas que tu m’accuses de pas être venu en premier Jun... lui souffla-t-il tout près de l’oreille, tout en jetant un coup d’œil sur l’autre homme resté à l’arrière, sans perdre le rythme. Et qu’il soit outré de se faire voler son partenaire ou non, Kaede n’en n’avait cure. Du moment qu'il avait Jun à lui...

Mine.
Just Mine.

De loin, la vue d'un Jun balançant au gré de la musique était plus qu'agréable. Mais pourquoi donc se contenter de seulement voir quand la cible de toutes envies se trouve, là, juste à portée des doigts?

Ignorant que Kaede venait de faire une « charmante » rencontre, Jun avait entraîné son partenaire avec lui au rythme de la musique, cherchant évidement à se rapprocher d'un endroit où son petit ami pourrait correctement le voir jouer les aguicheurs rien que pour ses beaux yeux.... Et ceux de sa « pauvre victime » qui était sûrement loin d'imaginer être le caprice d'un couple qui avait décidé de s'amuser un peu. Honnêtement, Jun n'aurait jamais imaginé que son Kaede si possessif le laisse s'enfoncer seul dans cette masse brûlante en mouvement, possédée par la musique du moment. La tête du blondinet se mit à tourner lentement, l'alcool montant bien plus vite, où peut être était ce le fait de danser contre un corps plus grand, plus chaud et sensuel. Durant un instant, Jun leva la tête pour observer le jeune homme qu'il s'était accaparé. Brun ? Décidément, c'était le deuxième. Il n'était pas mal du tout, il fallait d'ailleurs l'avouer. Préférait-il les hommes ? Ou bien était-il simplement trop ivre pour réaliser qu'il serrait Jun de plus en plus fort contre lui ? En croisant le regard du danseur, il cru y voir un soupçon de réprimande, à cause de leur couleur probablement, se rapprochant du regard d'une certaine personne, mais il n'arrivait pas à faire le tris entre tout les regards qu'il connaissait.

Il vacilla et se rattrapa dans les bras du grand brun qui se pencha à son oreille pour lui demander son prénom, un doux sourire charmeur et alcoolisé sur les lèvres, alors que le blondinet relevait un regard brillant de malice en riant. « Jun. », murmura le garçon. Si son attention ne cherchait pas inlassablement la silhouette de Kaede, il aurait probablement entendu la réponse de son partenaire. Seulement cette fois, il ne finirait pas dans les bras du danseur, celui ci n'étant qu'un moyen pour attirer son amant et jouer un peu avec le désir de celui ci, autrement dit, l'autre ne servait que de poupée, de préliminaires particulières. Il sourit. Une vague de chaleur l'envahit, il laissa glisser sur ses hanches et colla plus fortement son bassin contre celui du brun au regard brumeux.
« Qui tu cherches comme ça ? », chuchota le danseur d'une voix qui se voulait sensuelle, qui avait finalement remarqué que le regard brûlant et les déhanchés sulfureux du petit prince ne lui était pas entièrement destiné, pour ne pas dire 'pas du tout'. Jun et son esprit un peu plus vaseux, gloussa légèrement en s'humectant les lèvres. Il répondit en riant, l'oeil brillant, se saoulant à la vue de son amant.

- Mon petit ami... , susurra Jun en observant le garçon que Kaede avait tiré vers lui, du moins c'est ce qu'il lui sembla, même s'il n'eut pas le temps de vérifier puisque son narquois petit gothique se lever. Le brun, lui, n'avait pas semblé s'inquiéter de la réponse de Jun. Il ne l'avait sûrement pas entendu ou bien avait-il prit ça pour une blague, une provocation. Mais il aurait bien pu partir vexé, Jun n'en avait pour ainsi dire, rien à faire car l'objet de son attention, de son caprice, sa rose, s'approchait de lui, plus prêt, pour le séparer de son jouet.
Il l'observa de sa vision un peu floue mais encore fiable pour lui rendre son sourire espiègle mais il ne fit rien pour l'aider à s'interposer entre le brun et lui, se contentant d'onduler plus calmement alors que le rythme changeait et sans jeter un regard au bel inconnu dont il n'avait finalement pas sut le nom, il vint passer ses bras autour du cou de son amant. La chaleur contre lui était différente, largement plus enivrante et il posa un instant sa tête sur son épaule comme pour se calmer et reprendre son souffle, fermant les yeux doucement, ne s'occupant plus ni du danseur, ni du voisin de Kaede, ni de la foule autour d'eux. Il se mit à sourire en l'entendant, ses lèvres se promenant dans son cou, son souffle alcoolisé venant glisser sur la peau du gothique.

- Tu es là maintenant... Je ne t'accuserais de plus rien je crois. Hey Kaede, tu as tenu plus longtemps que ce que j'avais parié avec moi même..., chuchota le garçon avec un petit sourire amusé.

La musique sembla l'électriser de nouveau et le petit prince vint doucement se presser contre Kaede, glissant une jambe entre les siennes pour coller correctement son bassin contre le sien et reprendre ses déhanchés. Ondulant, il descendit en rythme le long du corps du gothique, remontant doucement avec un petit sourire provocateur, renouvelant l'expérience, tournant le dos à Kaede sans rompre le contact entre leurs deux corps brûlants. Il ne pensait plus depuis longtemps et lorsque la musique changea de nouveau, Jun vint voler un baiser à son amant sans se soucier des alentours, pour l'attirer ensuite à la place qu'ils avaient quittés, voisin ou non et dans le flou artistique qui régnait dans son cerveau, Jun poussa Kaede sur le fauteuil et s'installa sur ses genoux en riant, pressé contre son torse et ronronnant presque contre sa joue.

- Si on nous voit, il va y avoir des rumeurs... Pour pas changer... ça sera plutôt drôle et pour une fois elles seront vraies. Ah..., le populaire poussa un soupire théâtrale. Personne n'aime les populaires mais au fond, ils sont tous attentifs à ce qu'on fait... C'est pitoyable.

Et toujours accroché à Kaede comme un coquillage à son rocher, Jun vint lui murmurer de doux mots d'amour déliés par l'alcool et sûrement stupides par moment, niais et rêveurs, chuchotant un « J... t'aime » sage dans le creux de son oreille. Puis doucement il releva la tête vers son aîné pour murmurer avec une petite moue taquine. Il sourit et posa son doit sur sa joue.

- Dis Ka-chan... On passe la nuit ensemble hein ? Il faut que tu te fasses pardonner ton retard.

Non il n'avait pas perdu le nord, pas totalement, même s'il avait éloigné Ari.... quelque chose, Lun et Noa, ses frères, son père, son majordome et le psy de Kaede aussi. Imprudence ? Peut être mais en cet instant il ne se rendait pas bien compte. Et puis quoi, il était Jun, il faisait ce qu'il désirait.
Le garçon fronça les sourcils et se reprit très rapidement.

- En fait... , et son regard s'éclaira. C'était pas une question.

Des mots doux au parfum de l’alcool...
L’attention rivée sur son cadet, Kaede oublia un instant son entourage, aussi proche que lointain. Les rumeurs pourraient courir sur leur compte, tous deux ne sauraient se priver pour si peu. Alors qu’elles soient véridiques ou pas, tant que Jun serait populaire, les bruits courraient toujours. En attendant, la chaleur de la boîte mêlée à celle de son amant eut bien vite raison sur le gothique. Il enlaça sans gêne le populaire, décidé à rester agrippé sur lui. Malgré les verres que son blondinet avait pu s’enchaîner, malgré les quelques verres que lui-même avait vidé, les murmures désordonnés mais chaleureux de Jun ne le laissèrent pas indifférent. Petite chaleur quelque part dans la poitrine et frisson agréable.



Tout en effleurant rapidement les lèvres de son populaire, Kaede se dégagea doucement mais fermement. Se débrouillant pour que Jun reste assis sur le fauteuil, inversant momentanément leur place. Pour autant, le gothique n’opta pas pour la position du petit moule collé à son rocher, s’appuyant sur ses bras, de part en part autour du blondinet.



Il avait parlé lentement, le regard amusé rivé dans celui du populaire, tout en l’attirant à lui. Vu ainsi, il aurait pu passer pour quelqu’un étant en train de profiter de quelqu’un embrumé d’alcool ; mais peu importe. Les rumeurs pourraient courir, pour une fois qu’elles seraient vraies.







En y réfléchissant, peut-être qu’il aurait dû lui en parler un peu plus tôt, de cette proposition soudaine. Mais comment prévoir l’imprévisible ? Il y a quelques jours, le gothique avait clairement refusé de voir ses parents de passage dans le pays, près de la côte, à une heure d’ici. Pas plus tard qu’hier, il apprenait que ce fameux rendez-vous était finalement annulé, après empêchement urgent de ses parents, qui devraient faire une escale à l’autre bout du monde. Dans ces conditions là, l’optique devenait plus alléchante… or, les réservations dans l’hôtel étant toujours valables, sur le moment, Kaede s’était penché sur la question à savoir s’il allait ou non s’y rendre, et si oui, évidemment avait-il pensé à son blondinet. Un petit weekend organisé en plein milieu de la semaine, quoi de mieux. Le jeune homme s’était dit qu’il allait en parler à son prétendu meilleur ami, mais au vu des circonstances, Jun saisirait-il tout ce qu’il tenterait de lui expliquer ? Pas de choix en perspective, donc. Solution : kidnapping.

Inciter Jun à le suivre jusqu’au parking n’avait pas été bien difficile à faire, mais le plus dur avait été de se détacher de lui après lui avoir obligé à mettre la ceinture. Encore en mode Moule, le populaire semblait bien décidé à n’en faire qu’à sa tête. Kaede dut se faire violence pour y résister et revenir à sa place… sans quoi ils ne partiraient jamais. Enfin, ils purent enfin démarrer après que le gothique s’oblige à se concentrer sur les commandes et non sur son voisin, certes bien plus intéressant. Jetant un coup d’œil amusé sur le côté, Kaede eut un sourire en voyant la mine de Jun.



Appuyant du pied sur le frein, il profita du feu rouge pour taquiner son voisin encore sous l’effet de l’alcool. Le tirant par la manche, il l’embrassa sans retenue, jusqu’à ce qu’il entende un klaxon mécontent de la voiture de derrière. D’ailleurs, cette voiture là, paraissait affreusement petite par rapport à celle où il avait été entraîné de force pour aller chez Jun, les vacances dernières. Pourtant, le gothique avait préféré un véhicule plus modeste malgré ce que son père lui avait proposé pour son dernier anniversaire. Rétorquant qu’il n’avait que faire d’une voiture luxueuse trop encombrante, le gothique avait opté pour la plus petite parmi la liste que son tuteur lui avait choisie. Afficher la richesse et attirer le regard ne faisaient pas tellement partie des aspirations du gothique. Sans compter qu’en plus, c’était lui qui devait la conduire, en l’absence d’un « riff personnel ». Pour une fois que cette caisse lui servait à quelque chose…


Et que s’ils n’arrivaient pas plus vite, Jun allait finir par avoir raison sur lui.
Encore combien de feux permettraient-ils leurs échanges tantôt furtifs, tantôt plus marqués, le tout dans un court laps de temps ? A chaque feu rouge, c’était presque à déplorer qu’il change aussi vite en vert. Vouloir conduire tout en ignorant les avances de Jun devait en fait être une très mauvaise idée, au final. Sous l’emprise de l’alcool, ce dernier semblait mal accepter que le gothique daigne faire autre chose que lui porter toute son attention. Heureusement que lui, n’avait bu que très peu. Sans quoi… la signalisation routière aurait été le dernier de ses soucis. Glissant une main derrière le cou de son amant, ce fut Kaede cette fois qui l’attira à lui.

[…]

Etaient-ils sur la route ? Un petit peu sur le bord ou en plein milieu ? Ou encore carrément dans un fossé ? Va savoir. Il avait chaud, ça c’était certain. Près de lui, Jun était là, peut être encore un peu bourré sur les bords, mais plutôt calme. Enfin… tout dépend du contexte. Se redressant quelque peu sur lui-même, le gothique se rappelait d’avoir à moitié enlevé le haut du populaire, mais dans quelle circonstance, ça, ça restait assez vague. Peut être qu’il avait bu, ne serait-ce qu’un peu ? Accumulé à une certaine fatigue et à la tension du moment…



De la buée matinale –ou nocturne- recouvrait les fenêtres autour d’eux. Il faisait sombre, hormis quelques faibles lumières lointaines et floues. Le jeune homme aux cheveux encore plus décoiffés que ce qu’ils étaient à l’ordinaire, passa un coup sur la fenêtre pour y voir à travers. Ah oui. C’est vrai. Ils étaient bel et bien arrivés. Plus ou moins assis l’arrière de la banquette, Kaede effleura les lèvres de Jun, rassuré. Juste avant de s’accorder cet instant de folie il s’était arrêté, un peu plus en retrait du parking de l’hôtel réservé. A quelques paquets de mètres plus loin, plutôt à l’abri des regards. Derrière cet hôtel, la plage. L’océan. Bien que de là où ils étaient, ils ne pouvaient pas le voir encore. Connaissant ses parents, ils ne devaient pas avoir choisi n’importe quel hôtel. Pour une fois leur penchant pour le luxe amusa Kaede. Parti quelques instant en vadrouille, son attention revint sur Jun.



Tiendraient-ils? Jusqu'à là bas. L’arrière de la voiture pouvait paraître spacieux sans pour autant être comparable au luxe que pouvait être une chambre. Ni l’arrière de la limousine de chez les Masato. Pour autant, tous deux savaient qu'ils passeraient cette nuit ensemble.

Des attentions, des baisers, des mots et un esprit de plus en plus embrumé. Toutes personnes étrangères à cette histoire furent chasser de l'esprit du blondinet. Mais est ce que les mots du gothique parvenaient vraiment à ses oreilles ? Très peu venaient frapper son esprit même si ils provenaient des lèvres de son amant. Jun flottait, et l'observait, silencieux en l'écoutant. Il ne s'était même pas aperçut du changement de position que Kaede avait opéré entre eux, comme si son esprit c'était détaché de son corps. Et au fond, Kaede aurait pu faire ce qu'il voulait à cet instant, il n'était pas dit que le populaire soit en état de l'arrêter, peut être simplement parce qu'il n'avait pas conscience de là où il était ? Qui sait.

« Parce que cette fois, c’est moi qui te kidnappe pour quelques jours. »
- Ah...

Ce fut la seule réponse qu'il avait trouvé à dire, puis avait pouffé de rire comme un enfant en nichant son visage contre son torse. Ça n'avait rien de drôle, et il avait vaguement comprit le sens de sa phrase. Pourtant ils étaient au milieu de la semaine... Ils n'auraient pas dût sortir d'ailleurs, mais trop tard ils étaient dehors... Demain ils avaient cours... Voyons lesquels ? Jun aurait été incapable de dire quel cour il allait manquer demain et après demain. Il allait disparaître et réapparaître dans les dortoirs dans quelques jours. Il y aurait d'autres rumeurs, ceux qui l'auront vu quitter le bar diront probablement que Jun a été enlevé par Kaede qui travaillait en fait pour ma fia russe ou chinoise... Ou bien que c'était un extra terrestre ! Et qu'il ramenait Jun chez les siens pour lui faire subir toutes sortes d'expériences et le rendre ensuite à la terre comme une simple enveloppe vide de toute substance qui fait de lui un être vivant. Beurk... Jun en eu la nausée, mais c'était aussi probablement parce qu'en marchant, la pièce tournait plus que la normale. Tiens d'ailleurs, depuis quand c'était-il mit en mouvement ? Il n'en avait aucune idée... Ah si Lun le voyait, il ferait évidemment une remarque sur le fait qu'il ai trop bu... et sur ce mauvais alcool. Écoutes moi bien Lun, je bois ce que je veux, et autant que je veux ! Oups... un peu plus et il l'aurait dit tout fort, chose inutile puisque le gamin n'était pas là. Il était loin, à des kilomètres de lui dans les bras d'un amant, forcément, ou d'une amante. Peut importe, l'esprit de Jun flottait déjà ailleurs. Il regardait avec dépit la jupe bien courte d'une jeune japonaise qui passait par là... il devrait en ramener une comme ça devant son père et lui tourner autour en chantonnant « Regarde, c'est une fille... Elle est belle ma fiancée hmmm ? ».


Le vent frais le saisit au corps et Jun se resserra contre son amant alors que celui ci l'avait entraîné sur le parking. Et il fut hors de question que Kaede lâche monseigneur Masato pour aller conduire ! Non, non, non Kaede, tu te débrouilles, tu démarres par la force de la pensée et tu conduits avec les pieds mais tu restes avec moi avant tout, et tu me prends dans tes bras parce que mine de rien mon t-shirt est un peu court et j'ai un peu froid. Faute de force, et non de volonté, le blondinet se retrouva sur le siège de la voiture avec la ceinture de celle ci qui lui donnait l'impression d'être saucissonné. Redevenu petit garçon, Jun se mit à bouder, en fixant tantôt la route ou bien le visage de son aîné qui ne semblait pas décider à mettre les mains ailleurs que sur le volant. Pour toute réponse à sa remarque, le garçon le grogna comme un chat agacé et poussa un soupire las. Il se fichait de savoir combien il avait bu de verres... Beaucoup ? Il voulait juste qu'il le câline, qu'il le cajole et qu'il l'embrasse. Honnêtement Kaede, la peau de Jun est tellement plus plaisante que le cuir froid du volant. Non ?
Et loin de s'inquiéter de la taille de la voiture, le jeune homme tira sur sa ceinture en chouinant littéralement. Autant dire qu'il ne chouinait pas devant n'importe qui... Juste devant Kaede parce que Kaede était le seul à pouvoir voir l'enfant qu'il était avant... Le seul à comprendre et à s'en amuser. Les autres trouveraient ça ridicule. Pour la première, Jun regretta que la ville ne soit pas fait de façon à trouver des feux rouges tout les 50mètres. Et les taquineries plus ou moins sages de Kaede lui donnait plus envie de venir se loger dans ses bras plutôt que de rester sagement sur son siège.

- Kaedeeeeee... J'en ai maaaarre... cette ceinture elle m'étouffe je l'enlève ! ... Kaedeee... Je t'aime... Alors lâche ce volant et embrasse moi ! Kaede ça suffit lâche cette route ! Gare toi... alleeez !

Non monsieur n'est pas exigeant, ni inconscient. Il n'exagère pas du tout d'ailleurs, il quémande, en se tortillant sur son siège, ses doigts parcourant la cuisse, le bras, le poignet, la joue et le cou de Kaede, taquin, envieux, se penchant vers lui pour effleurer sa joue de ses lèvres alors qu'il conduit. Impatient, il meurt de chaud maintenant.
Un sourire ravit se dessina sur les lèvres de Jun. Et satisfait par le baiser qu'il reçu de son amant, le garçon se réinstalla sagement sur son siège, se contentant de râler encore un peu, de temps en temps.


Le temps avait filé à une allure folle. Que c'était-t-il passé entre le moment où ils s'étaient arrêtés et celui ou Jun sentit Kaede bouger près de lui ? Il n'en savait pas grand chose. D'ailleurs il n'avait même pas le souvenir qu'ils se soient arrêtés quelque part. Il avait beaucoup bu mais sa tête ne le lançait pas trop. Le blondinet gigota mais la voix de Kaede le fit soupirer et il resta immobile et silencieux. Attendant. Il frissonna légèrement et en agitant un bras, il remarqua que son t-shirt déjà court avait presque disparut de la surface de son corps. Il avait le plus grand mal à ouvrir les yeux. Hm il se souvenait des baisers plus fiévreux de son amant et puis soudain plus rien. Il avait dût céder à l'alcool et s'endormir dans ses bras de Kaede... Sous ses attentions ? La honte... Mais il savait que son meilleur ami n'en tiendrait pas compte. Après tout la fatigue, le stress, l'alcool, tout l'excusait... et sa bouille d'ange bien plus encore.

En entendant de nouveau la voix de Kaede, Jun se tourna sur le fauteuil qu'il avait dût allonger hier soir et poussa un soupire d'aise en s'étirant... avant de se rendre compte que sa position pour dormir avait été mauvaise au point de lui donner un mal de bras atroce. Il poussa un gémissement et ouvrit prudemment les yeux. Tout était flou et il les referma, agressé par la simple petite lumière dehors en grognant. A tatons, du bout du pied, et les yeux mi clos, il chercha le bouton pour allumer le chauffage dans la voiture. Il ne trouvait pas et finit par abandonner, le corps lourd et sourit en se tournant vers Kaede.

- J'ai la flemme de bouger... Trésor... allumes le chauffage s'il te plaît.

Il tendit les bras cependant pour l'attirer contre lui sans vraiment voir où il allait et profita de ses baisers avec un sourire un peu idiot sur les lèvres. Sur la vitre, il dessina un petit bonhomme qui souriait, puis un autre qui fait la tête. Une fleur, un papillon, tout ça sans répondre, l'autre bras toujours autour de la nuque de son amant. Il caressa son épaule du bout des doigts, les yeux rivés sur la buée qui lui cachait une bonne partie du paysage. Il dessina une lune puis un soleil, barra la lune et dessina une étoile à la place, juste à côté.

- C'est nul la buée... une fois qu'on efface, on peu plus redessiner...

Parce que mine de rien, il aurait bien remit cette lune sur la vitre, mais maintenant il n'y avait plus la place et il devait se déplacer pour la dessiner sur une autre vitre. Et bouger lui était trop difficile pour l'instant. Il avait parlé de chambre, sûrement étaient ils près d'un hôtel. Mais Jun se sentait trop lourd pour avoir l'envie et la force de bouger. Quand la température de la voiture se réchauffa, il consentit enfin à bouger pour se redresser un peu et s'installer plus à l'arrière de la voiture en regardant à travers ses dessins. Il ne voyait pas la mer, il ne l'entendait pas non plus, et la vue encore trouble ne reconnaissait pas encore le décor. Ils étaient dans l'ombre, bien caché et il faisait encore sombre dehors. La voiture étant arrêté, le contact coupé, il ne pouvait pas voir l'heure qu'il était et son téléphone dans sa poche l'obligeait à bouger les jambes s'il voulait voir l'heure sur celui ci. Non il ne bougerait pas, il était très bien à sa place. Tendant une main fébrile vers les lèvres de Kaede, il les caressa avant de l'attirer contre lui et de le serrer dans ses bras. Doucement, il murmura qu'il n'était pas sage, que demain ils seraient absents en cours et que ce n'était pas le bon exemple à montrer en tant qu'aîné, mais il se mit de nouveau à rire et l'embrasse du bout des lèvres. Les autres vont s'inquiéter murmura-t-il... sans pourtant s'en préoccuper vraiment. Les autres ? Quels autres ? Pour trois jours ils n'allaient pas chipoter... Le blondinet chantonna en s'approchant du cou de son amant. Sa marque de la dernière fois y était elle toujours ? Et son corps à lui, était il encore marqué ? Il ne se souvenait plus.

- Mais 3 nuits par semaine,
C'est son corps contre mon corps
C'est nos corps qui s'enchaînent ... ♫

Son souffle chaud se perdit sur la peau de son amant, tout doux. Douceur exquise. Erreur incomprise... Il en a fait des bêtises, mais celle là reste la plus surprenante. Ou pas, après tout Riff le leur avait dit... Jun ne sait pas aimer, pas vraiment, pas bien.

- Excuse moi... , chuchota-t-il contre lui puis lentement il reprit. De l'extérieur la phrase suivait son court, de l'intérieur elle était cruellement scindé en deux. Je préfère qu'on reste là encore un peu.

- Et... qu'est qu'on fait ici ?

-

Douceurs Exquises,
...Innocentes Bétises

L’un contre l’autre, les deux garçons laissèrent le chauffage faire effet pour rester encore ainsi un moment. Ce n’était pas le plus confortable des lieux, mais cet instant d’intimité valait mieux que tout. Kaede ne put qu’émettre un petit rire en entendant Jun lui rappeler ô combien il n’était pas sage. Ils n’étaient pas sages ni l’un, ni l’autre, c’est vrai. Le gothique lui répondit dans un murmure que, à défaut d’être un bon modèle, Jun n’avait qu’à lui montrer le bon exemple. Et le bon exemple fut illustré par un nouveau baiser accompagné d’un rire. Le souffle de son cadet le fit frissonner. Ce frisson agréable qui donne l’impression de traverser des températures extrêmes d’un bout à l’autre… et puis cet Exuse-moi. Le gothique sentit son cœur se resserrer brutalement, comme si on le forçait à revenir vers une réalité proche. Ces mots là, c’était lui qui devait les dire. Son retard, son mensonge... Ses mensonges. Il se tut, une fois de plus. Parce que Kaede a toujours été comme ça, préférant le silence plutôt que d’éparpiller des bruits pour rien. Mais cette fois… le « rien » prenait une envergure qu’il n’aurait jamais imaginée. Il n’aurait pas pu le prévoir. Même s’il avait pu, il n’aurait rien pu faire. Et parfois, en parler fait tellement plus mal que de se taire. Lui non plus n’est pas si innocent qu’il puisse laisser paraître. Et mince. A vouloir ne jamais se prendre la tête, la vie est parfois vraiment compliquée quand même.

Près d’eux, les petits bonhommes sur la vitre commencent à s’estomper. Mais le sourire de l’un et la moue de l’autre restent encore dans la tête du gothique, pendant que la lune et l’étoile semblent les observer tranquillement. Kaede finit par sourire et l’instant d’angoisse s’efface de nouveau de sa mémoire.