Où est passé mon slip??? +____+ [Andy]

Le soleil commençait doucement à décliner, tandis que les élèves regagnaient peu à peu leurs dortoirs pour certains, les salles des clubs pour les autres. Seuls quelques uns faisaient exception ; c'est de cette troisième catégorie qu'Andrea faisait partie. Un sac informe à la main, il se dirigeait d'un pas décidé vers l'un des endroit les moins appréciés des élèves : la laverie. Et oui, quoiqu'on puisse penser, Andrea n'était pas du genre à laisser du linge sale traîner partout. On peut porter des vêtements déchirés de partout mais propres, n'est-ce pas ?

Ainsi, bien que peu enthousiaste à l'idée de cette corvée, le jeune homme pénétra dans la laverie. C'était une salle aux proportions raisonnables, tout en longueur ; en son centre s'alignait une rangée interminable de machines à laver - dans une laverie, ça coule de source - ainsi que le long des murs de gauche et de droite. Le mur du fond, quant à lui, était bordé de chaises en métal, afin que les élèves n'aient pas à attendre leur linge debout. Mais, poussé par un brusque élan de flemme, Andrea entreprit plutôt de s'installer directement sur une machine à laver mitoyenne de celle qu'il s'était approprié. Pas de chance, il découvrit en remplissant ladite machine qu'il allait devoir faire ça en deux fois - il fallait croire qu'il ne lavait pas son linge si souvent que ça, finalement.

N'ayant jamais pris le temps de chronométrer une machine dans un lavomatique, je ne saurais vous dire combien de temps Andrea avait passé assis sur sa machine à écouter de la musique. Quoi qu'il en soit, il avait à présent entreprit d'extirper son linge de l'engin qui - oh, joie ! - faisait aussi office de sèche-linge. Certes, ses vêtements n'auraient pas volé un coup de fer à repassé, mais au moins, ils étaient propres, et c'était le but de l'opération, donc Andy songea qu'il était inutile de se plaindre. Méticuleux, il entreprit ensuite de plier le tout - en réalité, c'était davantage pour s'occuper que par soucis d'ordre. C'est là qu'il tomba sur quelque chose qui l'intrigua. Un slip. Logique, dans un tas de linge, me direz-vous, mais il se trouve que ce slip-là n'était pas à lui. Or, il n'avait pas de camarade de chambre. Conclusion, il ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Non, pas Ichiro, malheureusement, ils n'en étaient pas encore là. Il se trouve que, faute de camarade de chambre, Andrea avait... un camarade de laverie. Enzo. Oui, bon, il faut avouer que la laverie ne paraît pas être l'endroit rêvé pour nouer des amitiés, mais voilà, celle entre Enzo et lui avait commencé ici. Et depuis, il n'était pas rare que l'un d'eux retrouve un vêtement appartenant à l'autre dans ses affaires. Bah oui, à force de discuter, on est distrait, et on fini par poser un slip sur le mauvais tas. Et c'était manifestement ce qu'il s'était passé. En même temps, il commençait à avoir l'habitude. Bref. Laissant de côté les souvenirs émouvants d'échange de chaussettes en tous genres, il mit ledit slip de côté, avant de retourner à son pliage de linge. Activité hautement intellectuelle, ça va de soi.

Son rangement terminé, il s'installa à nouveau sur la machine voisine, à présent presque entièrement dissimulé pas la pile de linge. Assis en tailleur, un livre dans les mains - Le portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde -, il laissait la musique lui envahir l'esprit, le rugissement des guitares couvrant le bruit infernal de l'engin qui tournait à côté de lui, faisant trembler les machines alentours, ainsi que, bien entendu, celle ou Andrea avait élu domicile.

Soudain, la porte s'ouvrit. Et zut. Et lui qui espérait être seul, c'était raté. S'il avait pensé ça un court instant, son moral remonta instantanément lorsqu'il reconnu le nouveau venu. Des cheveux en bataille à mi chemin entre le châtain et le bruns, encadrant un visage fin, agréable, Enzo Tilson venait d'entrer. Oh joie ! Juste de quoi égayer une soirée laverie passablement ennuyeuse. Son ami s'installa quelques machines plus loin, de l'autre côté de l'allée ; il ne semblait pas l'avoir vu. Lucky ! C'était la situation rêvée pour une apparition soudaine de la part d'Andrea. S'emparant du slip précédemment découvert, il s'approcha discrètement d'Enzo qui était à présent en pleine bataille contre la machine à laver. Mouahaha. S'appuyant sur la machine jouxtant celle de son ami, il brandit le slip d'un air triomphant. Exactement au même moment - et vive les hasard bidons - Enzo releva la tête. Andrea lui adressa un sourire en tranche de pastèque.

" Hello, Enzo ! " s'exclama-t-il. " Don't you think you lost something ? "

Nouveau sourire, tandis que la pièce à conviction de balançait mollement au dessus de la machine à laver dudit Enzo.

" Hum... Il semblerait que tu aies quelques soucis avec ton linge ? Moi, je ne me pose pas la question, je mets tout dans la même machine ! " rigola-t-il.

Il fit mine de réfléchir un court instant.

" Tu me diras, je mets essentiellement du noir et du blanc, ça facilite la tache ! Et puis... "

Il désigna son tee-shirt, un vêtement blanc, déchiré par endroit et qui abordait par endroit de formidables tâches noires.

" C'est aussi sympa, quand ça déteint ! "

Lui, se moquer de son ami ? Jamais ! Il le taquinait, c'est tout... !

" Hey merci, je me disais bien qu'il manquait un slip à l'appel ! Je me demande bien comment il a pu atterrir dans tes affaires quand même… "

Andrea étouffa un rire, regrettant de ne pas avoir d'appareil photo sur lui à ce moment précis. Parce que, il fallait l'avouer, la tête d'Enzo lorsqu'il avait levé la tête pour se retrouver nez à nez avec un slip valait le détour. Presque autant que la conversation que s'en suivit, sur l'art et la manière de laver son linge.

Tandis que Enzo reprenait son tri, Andy entreprit d'éteindre son baladeur, avant de la glisser dans une poche de son pantalon. Et, forcément, devinez ce qu'il vit lorsqu'il releva la tête... Bingo ! Son tee-shirt. Qui a dit "comique de répétition" ?

" C’est à toi j’imagine ? "

Sans se départir de son sourire, Andrea récupéra son dû d'un geste.

" Bingo ! " répondit-il. " Décidément, on devrait faire gaffe à nos fringues, ils ont tendance à se faire la malle, on dirait ! "

Sur ce, il entreprit d'ébouriffer consciencieusement les cheveux de son ami (quoique ça ne changeait pas grand chose) avant de sauter souplement de la machine sur laquelle il s'était perché, et de rejoindre la sienne. Après un bref coup d'oeil à l'intérieur, histoire de vérifier qu'il n'y avait pas de catastrophe vestimentaire à l'horizon, il interpella Enzo.

" Hey, et si on allait faire un tour ? J'ai pas spécialement envie de rester ici le temps d'une autre machine " - il désigna le tas de linge propre à côté de lui - " Tu m'accompagne ? "

Oui, bon, Andrea n'était pas du genre à rester en place. Pas qu'il soit hyper-actif, mais bon, comprenez, c'est les instinct de rebelle qui ressortent. ...Non ? Bon, okay.

Quoiqu'il en soit, c'est à ce moment précis que la porte de service s'ouvrit. Oui, il y a une porte de service dans la laverie, tout au fond - mais on a tendance à ne pas la voir. Et pourtant, elle recèle des trésors. Là, par exemple, la chose qui en surgit était très intéressante. Un chariot, surchargé de draps propres et bien repassé. Poussé par une femme en blouse bleue claire, aussi, mais Andy a légèrement tendance à ne voir que ce qui l'arrange. Or, là, son opposition à l'autorité venait de se réveiller, grâce à ce chariot très prometteur. On n'imagine pas le nombre de chose qu'on peut faire avec un chariot, quand il s'agit de mettre le bordel quelque part. Ça y est, vous commencez à entrevoir ce à quoi pense Andrea ?

Ledit Andrea se tourna vers Enzo, les yeux brillant et un sourire de conspirateur accroché à ses lèvres. Il le rejoignit rapidement, tandis que la femme au chariot traversait la pièce. Mouahaha.

" Hey ! " commença-t-il à mi-voix. " Est-ce que tu penses à ce que je pense ? " demanda-t-il avec une geste du menton en direction du chariot.

C'est à ce moment précis que la femme fit la pire erreur de la journée. Voire même de l'année. Elle abandonna le chariot dans le couloir, après avoir quitté la laverie. Probablement pour que quelqu'un d'autre vienne le chercher, mais ça, ça appartenait maintenant au domaine des possibilités qui ne se réaliseront jamais.

Andrea se tourna vers Enzo.

" Let's go ! "

Edit : Sujet fermé par Lun Marv (cause : pas de réponse). N'hésitez pas à me contacter pour l'ouvrir à nouveau.